Cam était un enfant timide. Papa et Maman sont des personnages intenses qui prennent de la place, et il était difficile de s'en faire une. Sa grand-mère l'a accueilli avec bien plus d'écoute et il lui doit beaucoup. C'est elle, la voisine de granny, et c'est là qu'il a rencontré @Will O. Gray pour la première fois quand ils étaient gamins. Il a une cicatrice sur le mollet droit, souvenir d'un accident de vélo partagé avec Will.

Studieux, brillant, il avait entamé des études de droit auxquelles il n'aspirait pas. Il se souvient autant des cours que des soirées bien trop alcoolisées.
Quelques années de jobs alimentaires dont l'essentiel des salaires est parti en encre sous la peau. Alors qu'aucun chemin ne semblait enviable, une opportunité s'est dessinée. Mamie avait un ami antiquaire dans la vieille ville, un monsieur moins vieux mais que l'âge érode peu à peu. D'une négociation à l'autre, Cam s'est retrouvé à vendre des babioles plus ou moins jolies, plus ou moins précieuses, gorgées d'histoires ou d'oubli. C'est un cocon étrange où il dessine et écrit, mais la chasse aux trésors est aussi devenue un passe temps intéressant. Quelque-part aussi, sans doute, aider le vieux Jim le persuade qu'il fait quelque-chose de bien. Il complète les mois en vendant des dessins et des petits textes pour des recueils, des fanzines obscurs, des groupes underground, des soirées sous les radars. Ce n'est pas la ruée vers l'or, mais c'est satisfaisant.

Maman est retournée vivre en France. Papa est un homme très occupé. Tant mieux.

Cam a du mal à se séparer des traces des histoires passées. Il garde les bracelets, les places de ciné, les cailloux de bord de mer, les briquets qui ne fonctionnent plus, les mots glissés dans les poches, ce tube de rouge à lèvres même s'il n'est plus sûr de qui est sa propriétaire. Il a aimé beaucoup de femmes, quelques hommes aussi.
Beaucoup de ses relations, amicales comme romantiques, ont été conflictuelles. La confiance est toujours tremblante, quand le moindre non-dit vous chatouille le ventre. On pourrait croire que c'est un avantage; ce n'en est pas un. La névrose née de la peur, du doute, empoisonne presque systématiquement ses liens. Alors il tisse avec la précaution d'un équilibriste.

Il vit avec son ami d'enfance, en colocation. Il aime bien l'entendre faire tourner ses disques. Sa compagnie, avec le temps, est devenue une rengaine connue: familière, donc, sécurisante, somehow.