Un nuage de fumé s’échappa de ses lèvres alors que son regard fixait l’horizon, sur lequel le soleil se levait tranquillement. Assis sur une chaise, Ryan observait la mer depuis la chambre d’hôtel qu’il avait loué pour la nuit. Les déménageurs devaient arriver aujourd’hui avec ses affaires et il pourrait enfin s’installer dans son nouvel appartement. Pour l’heure, il profitait du spectacle. La vue sur la mer lui faisait immanquablement penser à son père, un pêcheur qui n’hésitait jamais à embarquer ses deux fils sur son chalutier pour leur plus grand bonheur. Les souvenirs qu’il possède de sa vie dans la capitale irlandaise, ou même de son père, sont peu nombreux, à sa décharge, il était très jeune lorsque sa mère à fuit Belfast avec ses deux garçons sous le bras, mais il n’oublierait jamais ses journées à arpenter le pont et à aider son père avec son frère. Ses souvenirs n’étaient pas précis, peut-être même que sa mémoire lui jouait des tours et qu’il avait un peu idéalisé cette époque mais quand il y pensait, il en ressortait toujours un sentiment de paix et de bonheur, aussi fugace eut-il été. Il n’avait que 5 ans lorsque des hommes cagoulés et armés sont entrés chez eux pour abattre son père sous leurs yeux. Il ne l’apprit que bien plus tard mais son père était un sympathisant de l’IRA et son bateau n’avait pas eut pour seul chargement du poisson…

Après avoir vendu le bateau de son mari, sa mère avait choisi de quitter l’Irlande définitivement, espérant ainsi épargner ses deux fils de cette guerre qui l’avait déjà privé de son époux. Ne sachant trop où aller, elle avait décidé de laisser faire le hasard et avait prix un billet pour le premier bateau, c’est ainsi que la famille Bridges s’installa dans le petit village de Cairnryan pendant quelques semaines avant de déménager un peu plus tard à Glasgow où sa mère trouva du travail comme secrétaire. Avec une mère qui se serrait la ceinture et cumulait les heures de boulot, les deux garçons étaient souvent livrés à eux-mêmes. L’école, les frères Bridges détestaient ça. Parce qu’ils étaient nouveaux, parce qu’ils avaient beaucoup de mal à s’intégrer auprès de leurs camarades de classe, parce qu'ils ne portaient pas les bons vêtements, qu'ils n'avaient pas d'argent, qu'ils n’avaient pas de père…  
Son frère avait coutume de dire que plus une personne paraissait faible, plus on avait envie de la martyriser... Pour se faire respecter, il fallait savoir se montrer fort, inspirer la peur, et être capable de se venger lorsqu'on vous faisait du mal. C'était là les judicieux conseils de Wayne que Ryan avait eut tôt fait d’adopter. D'un côté, il y avait les faibles et de l'autre les forts qui écrasaient les faibles. Alors les frères Bridges avaient décidé de ne jamais se retrouver dans la catégorie des faibles. Ils avaient ainsi fini par s’imposer en répliquant physiquement à la moindre moquerie ou agression verbale. Sentant le pouvoir que cela procurait que de se sentir enfin supérieur aux autres, Ryan tout comme son frère, avait commencé à y prendre goût, et à se faire une réputation de petite frappe, ce qui n'arrangeait en rien sa relation auprès du corps professorale, qui, loin de lui donner sa chance lui avait immédiatement collé l'étiquette d'un gamin turbulent, bagarreur, dissipé, insolent, effronté, qui battait des records d’absentéisme, sans oublier la réputation de son frère aîné déjà « difficile » qui le précédait et qui n’avait en rien arrangé la sienne. Lorsque sa mère rencontra Edward Maxwell, son frère âgé de 13 ans et lui de 8 ans à peine s’étaient fait prendre entrain de voler des bonbons et des comics dans une épicerie. L’homme avait tout de suite été séduit par cette mère célibataire, et se prit d’affection pour ces deux garnements dans lesquels il se retrouvait. Avec lui aussi, la vie n’avait pas été facile quand il était gosse.
Malgré les trésors d’attention qu’il déployait, son frère rejeta avec violence la présence de ce flic aux côtés de leur mère. Il était très difficile pour Wayne d’accepter qu’un autre homme puisse remplacer son père, même après toutes ses années. Ryan lui, aime bien cet homme, et puis son insigne l’impressionne, personne n’ose plus les embêter depuis qu’il est entré dans leur vie. Contrairement à son frère, Ryan trouvait ça très agréable d’avoir enfin une figure paternelle à la maison sur qui prendre modèle, mais de cela bien sur, Ryan n’en soufflera mot. Si son frère détestait cet homme, alors lui aussi. Heureusement, Molly n’était pas le genre de femme à se laisser dicter sa conduite par ses fils et peu à peu elle fini par imposer Edward dans leurs vies. Un homme qu’elle épousa embrassant avec lui quelques nouvelles règles de vie. Edward pouvait se montrer sévère et ne laissait passer aucune impolitesse, mais c’était aussi un homme qui savait se montrer juste et aimant avec eux, comme s’ils étaient ses propres fils.
Wayne avait commencé par suivre un apprentissage dans un petit garage de quartier, tenu par le « vieux» un type qui prenait doucement la direction de la retraite. C’était un mec encore plus autoritaire que leur beau-père, un vieux singe à qui on ne la racontait pas, mais lui aussi était droit dans ses bottes, et ne se gênait jamais pour recadrer les deux frangins pour qui il s’était pris d’affection, lorsque c’était nécessaire. Ryan venait rejoindre son frère dès qu’il le pouvait et il avait hâte de travailler avec lui et le vieux dans ce garage. S’occuper des motos et des voitures toute la journée c’était le métier de ses rêves et c’est à cette époque que les deux frères ont commencé à s’intéresser aux motos.

Les filles par contre, c’était une autre histoire. Contrairement à son frangin, son expérience en la matière était très limitée. Il était loin d'être de ces garçons populaire à avoir la côte. De plus, faire entrer une personne dans sa vie, s'était se dévoiler, se montrer vulnérable, alors à supposer qu'une fille puisse s'intéresser à lui, c'était courir le risque de se ridiculiser. Il préférait autant les éviter et rester seul, mais ça s'était avant qu’il ne pose son regard sur Amy Rutherford, la fille du dentiste.
Ils ont 17 ans tous les deux quand la jolie brune et lui commencent à se fréquenter pour ne plus se quitter. Il en était sur, avec cette fille-là, c’était pour la vie. Ils ont tout juste 20 ans lorsqu’elle tombe enceinte accidentellement. Peu importe, ils sont jeunes, ils sont amoureux et ils y arriveront. Ils se marient sans attendre et s’installent ensemble, des projets et des rêves plein la tête. Très vite cependant, la deux jeunes gens déchantèrent et découvrirent les galères de la vie commune où vivre d'amour et d'eau fraîche n’était pas suffisant. Pendant qu’Amy, enceinte jusqu’au cou s’occupait de maison tout en étudiant pour devenir professeur des écoles, Ryan lui s’engagea dans l’armée, le special Air Service dans lequel il restera pendant 8 ans avant de suivre la voie de son beau-père et d’entrer à son tour dans la police. Renoncer à ce travail dans lequel il avait tout donné ne lui posa aucun problème car entre sa vie de famille et son boulot, il n’y avait aucun choix à faire, il s’imposait de lui-même. De plus, il n’y avait pas que Amy qui souffrait de ses absences répétées, il y avait leur fille aussi. Leur fille qu’il aimait plus que tout et qu’il désirait voir grandir sans avoir à rater des anniversaires ou des fêtes de familles. Des moments précieux qu’il ne pourrait jamais rattraper. Lorsqu’il intègre la police, le couple s’imagine que ce travail allait enfin leur donner la stabilité qui leur manquait et effectivement ce fut le cas pendant un temps. Prêt à tout reprendre de zéro, ils décident de faire un second enfant, s’imaginant que le pire est derrière eux et que l’avenir leur tend les bras avec le sourire. Mais peu à peu, au fil du temps, Ryan se laisse totalement happé par son travail. Cinq ans après la naissance de leur fils, Amy n’en peut plus et finit par le quitter pour un collègue de travail. Un homme qui est là, lui et qui ne passe pas ses soirées ou ses week-ends à travailler sur des affaires toutes plus terribles les unes que les autres et qui n’en finissent plus. La pilule passe difficilement, particulièrement du côté de Ryan et le divorce est un peu pénible pour chacun des partis, notamment pour leurs enfants qui se retrouvent déchirés entre leurs parents. Bien qu’il obtienne la garde partagé, Ryan voit très peu ses enfants à cause de son travail dont les horaires ne sont pas réellement adaptés à un père de famille célibataire. Et si sa relation avec son ex-femme est toujours aussi froide et tendue, il arrive à taire ses rancoeurs en présence de ses enfants, pour leur bien.

Depuis 3 ans, il a recueillit un chat errant noir, qu’il a baptisé Shadow et qui lui tient compagnie. Indépendant et sauvage, l’animal c’est pourtant laissé apprivoiser par Ryan qui se demande ce que son compagnon à quatre pattes pourrait bien lui raconter s’il en avait la possibilité. A lui aussi la vie paraissait ne pas lui avoir fait beaucoup de cadeau.
Côté coeur, après avoir eut une aventure avec une collègue et les complications que cela a engendré au fil du temps, il s’est fait la promesse de ne plus jamais mélanger travail et plaisir. Et si l’homme a fini par apprécier la solitude, il ne rechigne jamais à avoir de temps à autre la compagnie d’une femme à ses côtés. Une compagnie qu’il veille toujours désormais à ce qu’elle soit sans lendemain…
Côté travail, Ryan s’investit énormément dans ses enquêtes, tant que l’affaire en cours n’est pas résolue, ça l’obsède nuit et jour. Dans le milieu sa réputation n’est plus à faire, il a résolu nombre d’affaires compliqué, parfois même sordide, mais sa franchise et son caractère emporté lui joue souvent des tours. Le dernier en date lui a voulu une mutation dans la capitale écossaise après avoir frappé le fils d’une politicienne dont les magouilles avaient bien faillit leur coûté la vie à lui et sa coéquipière. Cette mutation était sans conséquence pour sa carrière et ça valait bien le portrait qu’il avait refait à ce sale morveux. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres lorsqu’il y repensait. Aujourd’hui était un nouveau jour, un nouveau départ dans cette ville touristique où tout n’était qu’apparence mais où le crime n’en n'était pas moins présent...

Petits + :
Il garde précieusement dans une boite à chaussure tous les souvenirs qui le relie à ses enfants : photos, lettres, dessins, les créations enfantine pour la fête des pères etc...

Il possède plusieurs tics, ainsi quand il réfléchit, il pince souvent ses lèvres et quand il est nerveux, il triture ses mains.