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Prudence A. Wilk
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Don : Spirite — quatre âmes se sont attachées à moi et disposent de mon corps à volonté. Ils rentrent et partent, me volent ma vie. Les autres, je sens leur parfum ou entend leur voix lointaine.

Tes sujets RP : Aaron 2 + Angus + Lúca + Mairead + Saul 4

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Mes fantômes

Kimi
Enfant, genre et âge inconnus. Il est accroché à moi depuis mon enfance. Joueur et curieux.

L'étudiant
Victor. Etudiant français, né en 1944 et décédé au début des années 70. Il est raisonnable et cultivé. Il vit avec moi depuis la fin de mon adolescence.

La danseuse
Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

Le Marin
Rory. Un vieux pêcheur écossais. Il ne peut me posséder que depuis très peu de temps. Il est vulgaire et bruyant, mais étonnamment attachant.

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Ven 2 Juin - 19:49
Feasgar Math
mieux vaut un mauvais gaélique
que pas de gaélique du tout
Depuis ce matin, je découvre un Rory loin du marin taciturne que j'ai jusque-là connu. Alors que je me prépare, il me parle de sa nièce pour qui il a beaucoup d'affection. Je l'entends dans sa voix, dans sa façon de parler. Alors qu'il me la décrit, s'il a le malheur d'évoquer un trait de caractère qui pourrait s'apparenter à un défaut, il l'excuse par l'éducation. Rory a une relation compliquée à sa famille étendue, je l'ai deviné ces derniers mois. Il ne s'est jamais senti à sa place mais préférait essayer d'obtenir leur validation quitte à être déçu, plutôt qu'abandonner purement et simplement, et rester l'incompris. Son amour pour la mer et son besoin de faire des choses de ses mains ne devait pas coller avec les attentes familiales. Il m'a confié que jusqu'à la fin de sa vie, ses proches lui disaient que s'il voulait à ce point piloter des bateaux, il aurait pu au moins postuler chez les compagnies de croisière. Une idée que Rory trouve ridicule, si ridicule qu'il n'a pas pris la peine de m'expliquer en quoi elle l'était.

— Puis vous êtes toutes les deux un peu... ... ... Vous êtes un peu fermées et bourgeoises, je sais pas comment le dire autrement !

Il est agacé par son propre manque de tact, alors il prend la même voix que lorsqu'il râle parce que le météorologue annonce n'importe quoi. Moi, je ne réponds pas. Je serre les dents et regarde mon reflet alors que je termine de me maquiller. Rory est trop vieux pour être sermonné comme un enfant qui a mal choisi ses mots. Le silence suit donc ses paroles. Il doit en sentir le poids parce qu'il se reprend avec un ton presque intimidé.

— Mais vous êtes des chouettes petits bouts de femme, lorsqu'on vous connait.

Je jette un regard dans sa direction et lui adresse un sourire satisfait et indulgent. Cet exercice le met plus mal à l'aise que moi, la preuve étant qu'il a insisté pour que j'y aille, plutôt que pour avoir accès au corps lui-même. Il veut que je lui dise que sa nièce va bien et est une personne très agréable, c'est mon opinion sur elle qui lui importe car je suis à la fois une inconnue et un pair pour Mairead. Deux jeunes femmes d'une même génération et d'un même milieu.

Je rebouche mon mascara et ajuste mon collier, ma petite médaille qui représente une colombe. Je lisse une dernière fois ma jupe qui tombe juste en dessous de mes genoux. J'aime ce que je vois dans la glace. Le retour du soleil me permet de retrouver des couleurs. J'ai l'air moins maigre et maladive que sous le soleil peu flatteur de l'hiver. Je range dans mon sac un carnet et une petite trousse, embrasse ma tante et descend les marches quatre par quatre. Je présente cela comme un service que je rends à Rory, pourtant l'idée de m'initier au gaélique me plaît. Tous mes fantômes ont leur passion, mes amis aussi. La mienne consiste à m'enfermer dans une bibliothèque et lire encore et encore les mêmes poèmes et livres classiques. Ce cours me forcera à sortir, à voir une nouvelle personne avec laquelle je suis censé sympathiser et à me lier un petit peu plus avec cette terre. Je ne sais pas encore si mon emménagement ici est définitif ou temporaire, mais une chose est sûre : tant que je n'ai pas de projets, je serais ici alors autant en profiter.

Je pousse la porte du café où nous nous sommes donné rendez-vous. Il n'y a qu'une poignée de tables, suffisamment séparées les unes des autres pour que les conversations ne se mélangent pas. Des fleurs pressées et encadrées décorent joliment les murs peints dans des tons pastel. Je ne serais pas étonnée de découvrir une carte de pâtisseries végétaliennes. C'est ce type d'ambiance. J'observe les visages des rares clients présents, Rory fait la même chose avant de conclure que sa nièce n'est pas là, ce qui n'est pas une surprise. La peur d'être en retard m'a fait arriver avec dix minutes d'avance. Je prends place sur le banc qui longe les grandes fenêtres, garde mon téléphone à portée de main pour ne louper aucun message de ma professeure particulière et me plonge dans le recueil de nouvelles de Sheena Blackhall que je lis en ce moment. Une autre façon de me connecter à l'Écosse.


Prudence/le corps + Rory




nevermore
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. « Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant.
Mairead MacNiven
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Don : Lorsqu'elle ressent un lien envers une personne, Mairead prononce une phrase qu'un mourant aurait aimé adresser à cette personne dans ses derniers instants

Feasgar Math + Mairead Empty Re: Feasgar Math + Mairead

Lun 5 Juin - 19:33
Je suis régulièrement étonnée de voir qu’aussi peu d’Écossais parlent le gaélique. À commencer par ma propre famille. Pour elle, je mets ça sur le compte de leur vanité : elle semble tellement ancrée dans le sang MacNiven que nos ancêtres ont très probablement préféré parler la langue de l’envahisseur anglais dès que c’était plus rentable de s’en faire bien voir que de garder le contact avec les locaux. Et moi-même, je ne m’y suis intéressée qu’à près de vingt ans, à l’âge où on se rend compte que le passé n’est pas qu’un fardeau qu’on nous demande de tirer mais bien des archives entières de leçons que d’autres ont apprises. Alors je m’étonne, mais je ne juge pas.

À l’inverse, je m’étonne aussi de voir que des non-Écossais se penchent sur cette langue à l’intérêt avant tout culturel. Il doit falloir vraiment aller au fin, fin fond des Hébrides pour tomber par malchance sur des anciens qui ne maîtrisent que leur parler ancestrale et pas l’anglais, donc il n’y a pas cette excuse du voyage ou de l’expatriation. Juste le plaisir de la découverte et d’étendre son horizon. C’est une raison parfaitement valable.

Je ne t’ai pas demandé quelle est la tienne. Ça ne me regarde pas, et comme bien souvent, je préfère ne pas le savoir. De toute façon, ça viendra probablement au cours de la conversation, je suppose. Tu m’as contactée pour demander des cours, tu as fait cette démarche, c’est suffisant pour moi. Peut-être que ça ne durera pas : qu’au bout de quelques leçons, ta curiosité se sera épuisée ou aura été douchée par la difficulté de ce langage, mais je ne m’en préoccupe pas. Pour être cynique, je suis payée à la leçon. Pour être plus honnête, je considère que tout début de curiosité est bon à prendre. Tu auras au moins eu un aperçu de la singularité et de la beauté des langues celtes, et je veux croire que si la peur de leur difficulté devient à un moment plus prégnante, ces qualités finiront par décanter, se concentrer pour reprendre le dessus.

Mais nous n’en sommes pas là. Pour le moment, nous avons rendez-vous pour ta toute première leçon. Comme tu es aussi l’une de mes toutes premières élèves, je n’ai pas encore pris le temps de préparer mon appartement à recevoir des inconnus, d’où cette rencontre dans un café que je connais bien. Il n’est pas très loin de chez moi, il offre un cadre accueillant et, en journée du moins, assez studieux pour que nous y soyons tranquilles.

J’y arrive avec plusieurs minutes d’avance, je pensais que ça suffirait, mais je t’aperçois, penchée sur un livre près de la vitrine. Enfin, je ne suis pas encore sûre que c’est toi, en réalité, ce n’est qu’une impression. Tu n’es peut-être qu’une étudiante venue faire une pause dans ses révisions , mais les deux autres tables occupées le sont par des hommes plus âgés ressemblant à des salarymen en télétravail venus se réfugier ici en prévision du retour des enfants à la maison. Alors c’est toi ou personne pour le moment – au pire, si jamais c’est personne, je ne me serais pas trop ridiculisée.

- Prudence ? lancé-je en m’approchant de toi.

Quand j’ai la confirmation que mon impression était bonne, je m’assois en face de toi.

- Feasgar math, Prudence. Tha mi toilichte do choinneachadh. Is mise Mairead. Ciamar a tha thu?

J’ai bien conscience que je te submerge de bien trop d’informations d’un coup, de bien trop de sons bizarres. Alors j’adoucis tout cela d’un sourire, tout en sortant un petit livre de leçons, un carnet et un stylo, et m’empresse de disséquer tout cela.

- Feasgar math, répété-je lentement : bon après-midi. Tha mi toilichte do choinneachadh. – je lui tends la main pour qu’elle la serre, afin de lui faire deviner le sens, avant de poser ma paume sur le haut de ma poitrine : – Is mise Mairead. Ciamar a tha thu? Comment vas-tu ?

En chemin, je me suis demandé si je devais utiliser des formulations plus formelles ou plus familières, avant d’opter pour la seconde option. Je préfère généralement la première, pour garder une certaine distance, mais nos échanges, pour convenir de ce rendez-vous, se sont assez rapidement détendus. C’est venu comme ça, très naturellement, et sans que je le regrette jusqu’à maintenant. À présent qu’on est en face à face, je dois faire attention à ne pas aller trop loin. L’avantage de l’anglais est qu’on a rarement à choisir, donc je peux mentalement prendre un peu de recul sans que ça ne se ressente.

- Je te propose qu’on commande quelque chose à boire, si tu le veux, et qu’on travaille sur un petit dialogue de rencontre, pour commencer : « Bonjour, comment aller vous ? Je vais bien merci, » ce genre de politesses. À moins que tu aies des questions ?

Moi, je ne dirais pas non à un thé, voire à une part de cobbler mais seulement si tu prends aussi une pâtisserie.
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Mes fantômes

Kimi
Enfant, genre et âge inconnus. Il est accroché à moi depuis mon enfance. Joueur et curieux.

L'étudiant
Victor. Etudiant français, né en 1944 et décédé au début des années 70. Il est raisonnable et cultivé. Il vit avec moi depuis la fin de mon adolescence.

La danseuse
Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

Le Marin
Rory. Un vieux pêcheur écossais. Il ne peut me posséder que depuis très peu de temps. Il est vulgaire et bruyant, mais étonnamment attachant.

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Jeu 22 Juin - 16:12
Feasgar Math
mieux vaut un mauvais gaélique
que pas de gaélique du tout
Je me laisse happée par les lignes de mon livre. J'ai pris du temps avant d'apprécier lire dans une langue qui n'est pas celle avec laquelle j'ai grandi. J'étais effrayée de perdre les nuances qui séparent les bons textes des mauvais ou de me perdre dans une phrase trop longue qui aurait frôlé les limites de mes connaissances linguistiques. Après m'être cantonnée à la lecture d'ouvrages que je connaissais par coeur en français (Jane Eyre en premier), j'ai été plus aventureuse et j'ai réalisé que je sous-estimais mes compétences. C'est forte de cette confiance en moi que je me lance ou m'apprête à me lancer dans le gaélique. Je compte y mettre du cœur pour ne pas donner l'impression à ma professeur qu'elle perd son temps avec moi. De plus, j'imagine que plus je serais volontaire et assidue, plus il sera facile de discuter avec elle après les leçons. Elle sera de meilleure humeur que si je venais en traînant les pieds, en ayant tout oublié d'une leçon à l'autre.

Je suis coupée dans ma lecture par mon prénom. Je lève mon regard vers la jeune femme. Je n'avais pas d'attente particulière mais je suis tout de même surprise. Instinctivement, je l'associais à Rory, à ses grognements de muffle et à son attitude bourrue mais la Mairead qui se tient devant moi n'a rien à voir. Elle est élancée, dégage une grâce que j'associe effectivement aux classes supérieures. À elle seule, elle me permet de comprendre la distance entre mon ami et sa famille. Je lui souris et l'invite à s'installer sur la chaise qui me fait face, le temps que je troque pour livre pour mon carnet et ma trousse.

— Je vous demande pardon ?

Je cligne des yeux, avant de comprendre qu'elle vient d'utiliser le gaélique. Une pointe de honte monte en moi. Il était évidemment que nous allions changer de langue à un moment ou un autre. Je répète à voix faible les bouts de phrase qu'elle tente de m'apprendre. La confiance en moi mentionnée plus tôt n'aura pas tenue longtemps. J'ai maintenant peur de la blesser en massacrant les prononciations. Je ne monte la voix que pour la dernière partie.

— Is mise... Prudence ?

J'attends sa validation comme s'il y avait une chance que j'aie mal compris où je devais placer mon prénom dans cette phrase de trois mots. Je respire quand elle reprend l'anglais et acquiesce d'un signe de tête. A côté de moi, Rory me conseille gentiment de ne pas prendre un verre de vin, comme si cette idée aurait pu me traverser la tête. J'attendrais que le cours soit fini pour partager une bouteille avec ma tante et lui raconter le déroulé de cette première heure. Mairead me demande si j'ai une question et j'enchaîne sans transition sur les premières qui me viennent. Je feins l'ignorance et la curiosité.

— Est-ce que le gaélique est ta langue maternelle ? Ta famille l'utilise-t-elle encore ?

Au milieu de mes questions, un serveur s'est approché mais a poliment attendu que j'aie terminé pour prendre notre commande. Cela sera un thé et une part de tarte à la rhubarbe, parce que les parfums de l'établissement me rappellent que j'ai sauté le petit-déjeuner. Alors que l'employé s'éloigne préparer ça, Rory répond à la place de sa nièce, ignorant que je n'aie utilisée cette question que pour ouvrir le dialogue sur son environnement. Je me doute que ce n'est pas en dix minutes ni même en une heure qui s'ouvrira à moi sur son oncle décédé, mais je saurais me montrer patiente.

— Je n'en avais jamais entendu avant aujourd'hui. Ce qui est peut-être une démarche étrange, de vouloir apprendre une langue dont on ne connait absolument rien.

Mais ce n'est pas comme si je le faisais de ma propre initiative, après tout.


Prudence/le corps + Rory




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Sam 22 Juil - 14:14
Cobbler it is. Merci Prudence, parce que les pâtisseries de ce café sont légendaires, ou mériteraient de l’être. Tu ne regretteras pas ta part de tarte. Au moins un souvenir agréable que tu devrais garder de cette leçon, mais j’espère t’en fournir quelques autres.

Ton empressement à former ta première phrase en gaélique m’a déjà tiré un sourire. Tu percutes vite et n’a pas peur de te jeter à l’eau, j’aime ça. Cela devrait aussi me faciliter la tâche, à moi qui craignais plus que tout de finir par faire la conversation toute seule. J’espère que mon approbation tout aussi enthousiaste et mon encouragement te pousseront à poursuivre dans cette voie.

Aussi, je suis un peu surprise que tes premières questions soient aussi personnelles. Oh, elles ne sont pas non plus inquisitrices et je ne t’en veux pas de les avoir posées ; simplement, en t’encourageant à m’interroger, je pensais plutôt à des doutes quant à l’organisation pratique de notre leçon. Je pars alors du principe que cet aspect est assez clair – ce n’est pas comme s’il y avait quoi que ce soit de recherché ou de compliqué, de toute façon – pour que tu préfères un autre sujet. Et je réponds sans me faire prier :

- Non, pas du tout. Le gaélique est plutôt parlé dans le Nord-Ouest – et ma famille est installée à Édimbourg depuis plusieurs générations, ajouté-je quand je me rends compte que sans cette information, mon explication n’éclaire pas grand-chose. Mais chez moi, de toute façon, on n’a jamais parlé qu’anglais.

C’est donc drôle, en un sens, que je me sois tournée vers le gaélique plutôt que le scots. Enfin, ce n’est pas comme si j’entendais beaucoup de l’un ou de l’autre, en plein centre-ville d’Édimbourg et dans mon milieu. Peut-être mon choix était-il une tentative plus ou moins consciente de me raccrocher à mes vagues racines irlandaises que mon grand-père semble vouloir garder dans les mémoires – j’en veux pour preuve les prénoms de ma tante et de mon oncle – tout en les minimisant si on l’y confronte directement. Je me suis parfois posé la question et si la réponse à laquelle je me raccroche est simplement que le gaélique était un défi bien plus intéressant que le scots, car plus éloigné de l’anglais, un psy ne serait sans doute pas de cet avis.

Cette brève réflexion passée, je réalise que j’aurais peut-être dû commencer par ça : un peu de contexte. Mieux vaut tard que jamais, et je me fends d’une petite explication sur l’origine celtique du gaélique versus les racines allemandes du scots, et leurs aires de répartition actuelles. Juste du basique, en deux ou trois phrases, et toujours en m’assurant du regard que je ne suis pas en train de te barber.

- Sheena Blackhall, par exemple, écrit en anglais et en scots.

Une petite tentative de raccrocher ce que je viens de raconter à quelque chose qui, semble-t-il, t’intéresse, au vu de combien ce livre t’absorbait avant mon arrivée. Mais après ça, je m’interromps. Dois-je enchaîner directement sur ma leçon ? C’est ce que je préférerais, reprendre le cours des choses que j’avais imaginées. J’ai plutôt l’impression d’être à un entretien d’embauche plutôt que celle qui est censée mener la danse, mais peut-être est-ce le déroulement logique d’une première leçon… Je n’en sais rien, puisque contrairement à quelques amis boursiers ou juste moins bien lotis, je n’ai jamais eu besoin de me plier à cet exercice. Mais il n’empêche que, normal ou pas, ne pas aller à mon tempo alors que je pensais être la professeure est un peu perturbant.

D’un autre côté, une simple conversation m’évite de me poser des questions. Toutes mes inquiétudes, quant à la clarté et l’intérêt de ce que je pourrais tenter de te transmettre, n’ont pas lieu d’être tant que nous restons dans un simple échange. Je sens mes épaules se détendre et s’abaisser de quelques centimètres.  

- Je n’en savais pas grand-chose non plus, tu sais. Parfois, c'est aussi ce côté inconnu et mystérieux qui est attirant. Qu’est-ce qui t’a donné envie de tenter le coup, alors ?

Je m’aventure sur un terrain dangereux, je le sais bien. Mais… tant pis. Ça ne se passe pas toujours mal, après tout.
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Ven 1 Sep - 1:35
Feasgar Math
mieux vaut un mauvais gaélique
que pas de gaélique du tout
Les premiers mots de gaélique sortent abîmés de ma bouche. Les sonorités ne sont pas incroyablement différentes de tout ce que j'ai pu entendre dans ma vie, mais mon oreille peine à distinguer où couper les syllabes et les mots. Je ne sais pas comment placer ma langue ou s'il y a des accents toniques à respecter. Je fais de mon mieux pour copier ce que j'ai entendu. La réaction de ma jeune professeur m'encourage et c'est à mon tour de sourire, rassurée. Rory aussi est là, à applaudir mon effort comme le ferait un papa à la première kermesse de son enfant. Son commentaire sur l'alcool casse légèrement l'illusion.

J'espère que ma façon de chercher à lancer le dialogue n'est pas étrange. Mes anciens cours particuliers, ceux que mes parents nous payaient à ma sœur et moi pour s'assurer que nos connaissances s'étendent au-delà du programme scolaire, étaient donnés par des personnes plus âgées que moi et peu disposée à bavarder. Mairead a la patience de m'expliquer ce que j'aurais pu lire sur Internet avant le premier cours. Je suis attentive, sincèrement intéressée. J'aimerais être une de ces personnes capables d'improviser un mini exposée sur un sujet. Moi, je suis plutôt de ceux qui s'installent au premier rang pour écouter.

— Oh.

Je n'ose pas avouer à voix haute que j'ai toujours cru que scots n'était que le diminutif de gaélique écossais, avec des possibles variations régionales comme dans toutes les autres langues encore plus les langues minoritaires, qui échappent à l'effet lissant de leur usage par l'administration et l'école. L'humiliation ou douter de ma propre intelligence est un sentiment que je déteste. C'est encore pire quand elle désigne le recueil de poésie que je lisais en attendant son arrivée. Moi qui pensais m'intéresser à la culture dont j'allais apprendre la langue, c'est un échec. Disons une bourde, pour ne pas me flageller davantage. Je préfère enchaîner sur la suite, après l'avoir remercié pour cette introduction pertinente.

— Et bien... pour tout vous dire, c'est ton annonce qui m'a donné envie.

Je n'aurais jamais pensé à me lancer dans cette aventure si Rory ne m'avait pas parlé d'elle, il est vrai. J'ai maintenant ce double but : apprendre cette langue et apprendre qui est la jeune femme en face de moi. Nous réceptionnons notre commande et je trouve du réconfort dans la chaleur de la tasse que j'entoure de mes mains. Mes yeux se lèvent en direction des fenêtres pendant que je parle.

— J'habite à Edimbourg depuis plus de deux ans, j'avais envie de trouver une activité pour... m'ancrer ? dans la région. Je ne sais pas si ancrer est le bon terme... Disons que je voulais arrêter de me sentir comme une étrangère et j'ai toujours aimé l'apprentissage des langues.

C'est une réponse plus intime que ce qu'elle n'y paraît. J'évite de parler de mon sentiment de non-appartenance à ma tante qui fait tout pour que je me sente aussi bien que possible chez elle. Je me sens ingrate, à ne pas vivre dignement la vie que l'on nous a offerte en nous faisant venir ici, mes amis et moi.

— Rajoute quelque chose, que tu veux apprendre à la connaître ou je ne sais pas !

Rory me presse. Je pourrais l'ignorer, rester fidèle à mon plan et à mon caractère, mais le côté serviable de ma personnalité me joue des tours et j'ouvre la bouche pour rajouter quelque chose, improvisé trop rapidement. Mon sourire se crispe et mon expression manque de naturel.

— ...Et je n'ai pas tissé beaucoup de relations, non plus. Du moins, pas avec des personnes de mon âge.

J'ai rajouté ça avec une petite hâte. Comme on file dans les rayons au moment de passer en caisse, parce qu'on se souvient qu'il n'y a plus de beurre dans le frigo. Maintenant que cela est dit, je passe pour une femme désespérée prête à payer pour avoir quelqu'un à qui parler. Très bien. Je me recentre et bois une gorgée de mon thé pour cacher mon manque d'aise derrière ma tasse. Si on pouvait commencer la leçon, ça serait parfait.


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Feasgar Math + Mairead Empty Re: Feasgar Math + Mairead

Mer 4 Oct - 22:10
Heureusement que je m’étais bien dit, en venant, que je ne m’intéresserais pas à tes raisons d’être là… Que ta motivation suffit, tout ça : de bien beaux principes. Mais qui ne pèsent pas lourd face à ma curiosité, à un peu d’empathie et au flot tranquille de cette conversation. Parce que si je n’avais pas posé la question maintenant, tu y serais sans doute venue très vite. Je ne suis pas fière de cette excuse mais elle sonne un peu mieux que « j’ai juste changé d’avis. »

Ceci dit, je ne m’attendais pas forcément à une réponse très étayée, ou même élaborée. Après tout, mes tarifs me paraissent assez raisonnables pour qu’on fasse appel à moi sur un coup de tête. Par exemple, j’ai déjà eu un appel d’un Londonien qui avait fait connaissance avec une fille via Internet. Comme elle était écossaise et que son orthographe était, apparemment, très approximative, il s’était persuadé que l’anglais n’était pas sa langue maternelle et s’était mis en tête d’apprendre le gaélique écossais pour parler avec elle « dans sa langue ». Avec beaucoup de tact, j’espère, je me suis permis d’exprimer un doute quant à cette hypothèse… Et effectivement, renseignement pris, il semblerait que toutes ces confusions entre « they’re », « their » et « there », entre « it’s » et « its », ou encore entre « then » et « than » ne puissent bénéficier de l’indulgence due à ceux qui font l’effort d’apprendre une langue étrangère. Un tue-l’amour insurmontable aux yeux de mon ex-futur-client. Si quelqu’un a déjà pensé à m’appeler Cupidon, qu’il revoie son jugement.

Cet exemple d’une raison louable mais bien naïve de faire appel à moi m’a fait m’interdire de m’étonner des motivations de qui que ce soit. Mais l’absence de véritable explication que tu m’annonces d’abord me tire un regard interrogateur. Mon annonce ? Je la considère comme plutôt banale. J’ai essayé de lui donner un ton enthousiaste sans en faire trop, n’étant pas douée pour les extravagances. De là à ce qu’elle fasse naître des envies à partir de rien…

Non, pas à partir de « rien », je savais que c’était impossible. Quelque chose que tu avoues presque distraitement, le regard perdu. Mes yeux passent d’écarquillés à un plissement dubitatif. Je ne suis pas sûre de comprendre comment parler une langue à peu près locale pourrait t’aider à te sentir plus intégrée, mais soit. Tu as bien compris qu’elle ne t’apportera rien au quotidien, n’est-ce pas ? qu’il y a très peu de chances, sinon aucune, que tu rencontres un jour quelqu’un qui sera plus à l’aise en gaélique qu’en anglais ? Ce n’était peut-être pas le cas au début de notre rencontre mais j’espère que oui, maintenant. Je ne t’en voudrai pas si au moment de nous séparer, tu m’annonces que ce sera déjà notre dernière leçon. Même si je n’en ai pas vraiment envie. Attristée par cette idée, je cherche un peu de réconfort dans mon gâteau à la pêche. Sa texture moelleuse et le sucre des fruits me permettent de passer quelques secondes dans une antichambre du paradis.

Le temps que je me dise que l’arrivée de notre goûter serait une bonne occasion de passer à la suite, tu as enchaîné. Et ce que tu confies du bout des lèvres me laisse une nouvelle fois surprise et confuse. Je me demande si tu es encore en train de répondre à ma question ou si tu as disgressé, suivant l’idée de ton sentiment de manque d’ancrage. Je me rends vite compte que ce ne peut être que la seconde hypothèse : la première n’aurait pas de sens. Il a toujours été clair que ce cours serait individuel, et non en groupe.

- Je pourrais te conseiller quelques adresses de bars ou de boîtes où tu devrais rencontrer d’autres jeunes sans problèmes.

Attends-tu une autre réponse ? J’essaie de le comprendre en observant ton regard mais je n’arrive pas à l’interpréter.

- Mais on verra ça à la fin de la leçon, plutôt, tu ne crois pas ? Sinon, j’ai peur qu’on ne s’y mette jamais.

Ce n’est pas un reproche, j’espère que mon sourire t’en convaincra ; juste le constat que nous sommes loin d’avoir vu tout ce dont je pensais parler aujourd’hui. Notre discussion n’est certes pas désagréable mais tu ne veux sans doute pas me payer juste pour trois phrases sur l’histoire linguistique de l’Écosse.

- Je ne veux pas t’assommer de grammais dès le début, alors comme je te disais, on va commencer avec quelques phrases bateau. Pour se mettre dans le bain. On va s’abord se contenter de l’oral et on ajoutera éventuellement l’écrit dans un second temps, selon tes objectifs. On pourra…

Mais je me souviens de ta réponse d’un peu plus tôt, et ça me coupe dans ma lancée.

- Pardon, c’est un peu déstabilisant d’être face à quelqu’un qui n’a pas de but en tête, je ne m’y attendais pas vraiment. C’est… admirable… mais j’ai l’habitude d’adapter le poids entre l’oral et l’écrit selon les envies de chacun.

Oui, je te mens : je ne me suis pas assez prêtée à cet exercice pour avoir des habitudes. Mais c’est venu tout seul. Je ne suis pas prête à avouer mon inexpérience, aussi forte que soit cette impression sortie de nulle part que tu serais indulgente avec moi. Après tout, je suis le professeur, ici. Et en tant que telle, c’est à moi de prendre une décision.

- On va commencer par l’oral. Quand tu verras l’orthographe gaélique, tu m’en remercieras sans doute.

Savoir saluer, se présenter et demander le nom de quelqu’un, c’est déjà un bon début, me semble-t-il. Et puisqu’il faudra sans doute passer un peu de temps sur la prononciation étrangère de certaines syllabes, cela devrait pouvoir nous occuper un petit moment.
Prudence A. Wilk
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Victor. Etudiant français, né en 1944 et décédé au début des années 70. Il est raisonnable et cultivé. Il vit avec moi depuis la fin de mon adolescence.

La danseuse
Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

Le Marin
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Mer 25 Oct - 15:45
Feasgar Math
mieux vaut un mauvais gaélique
que pas de gaélique du tout
Les doutes commencent à me prendre. Ai-je bien fait d'accepter cette rencontre pour faire plaisir à mon fantôme ? Suis-je capable de lui apporter les réponses et la réassurance qu'il cherche ? Est-ce moral d'approcher cette jeune femme sous un faux prétexte ? Je l'ignore. Rory est le seul de mes amis à avoir encore des proches vivants. Victor a bien ses parents, quelque part en France, mais il était déjà en froid avec eux de son vivant et il n'a jamais cherché à les recontacter dans sa mort. Je n'en sais pas plus. Je n'avais jamais envisagé de redevenir — cette fois de mon plein gré — l'intermédiaire entre les morts et les vivants, depuis que je suis partie de Normandie.

Je peux prendre entendre le soupir de Rory alors que la porte que j'ai tentée d'ouvrir se referme. J'essaie de faire en sorte que la déception ne se lise pas trop sur mon visage. Rencontrer d'autres jeunes en bar ou en boîte n'est pas dans mes projets. Je la remercie d'un sourire, me reprennant pour indiquer que je suis prête à débuter la leçon. Une pointe de honte me prend pour avoir échoué à me connecter à elle. Je bois mon thé alors qu'elle reprend la parole et je ne peux m'empêcher de ressentir une légère admiration pour elle. Malgré son âge, elle apparaît comme une femme contenue et disciplinée. Elle communique avec moi sur les difficultés que je lui impose sans le vouloir, d'une façon qui n'a rien d'insultante.

— Lorsque l'on connait la grammaire française, plus rien ne nous fait peur.

Je tente de dédramatiser ou de la rassurer quant à mes capacités. Je mettrais toutes les chances de mon côté de sorte que lorsque la leçon commence, je m'appliques, n'hésitant pas à proposer plusieurs prononciation d'une phrase pour que ma professeur du jour m'indique laquelle est la plus correcte. Je n'ai pas la meilleure oreille, je suis persuadée que je confonds plusieurs sons même après la dixième écoute, mais j'ai la patience nécessaire à ce mode d'apprentissage. J'ai l'impression que la leçon se déroule bien. J'espère ne pas agacer Mairead et c'est la principale raison derrière ma concentration et mes efforts. Je ne veux pas la déranger ou qu'elle remette en question sa pédagogie. Je m'auto-corrige, observe comment elle semble placer sa langue lorsqu'elle parle et l'immite, quitte à avoir l'air stupide. L'humilité est le premier pas de tout apprentissage, me répétait mes parents. Rory m'encourage à sa manière et il me semble entendre un sourire dans sa voix. De temps en temps, il s'éloigne observer les environs mais revient après une minute, trop pressé de savoir si je vais réussir à approcher sa nièce.

Après une phase d'amélioration, je m'entends plusieurs fois bredouiller ou mélanger deux mots de mon très maigre vocabulaire. Les mêches qui encadrent mon visages sont torturés par mes doigts alors que je contiens ma frustration de me sentir heurter un mur. J'ai beau expirer pour me reprendre, ça ne veut plus. Je réalise que je n'ai aucune idée du nombre de minutes qui se sont écoulées depuis le début des exercices, mais il doit être évident que nous avons besoin d'une pause. Je pose le crayon qui me servait à m'occuper la main plutôt qu'à prendre des notes pour récupérer ma fourchette et manger un petit bout de tarte. J'étais trop occupée pour la manger.

— Excuse-moi. Une petite dose de sucre me remettra le cerveau en état de marche. Souhaite-tu reprendres quelque chose ?

Je lui offre un sourire poli. Quant le serveur passe dans le coin de mon champs de vision, j'en profite pour demander une seconde tasse de thé. J'ai la gorge sèche à force de répéter les mêmes phrases et je ne dis jamais non à une boisson chaude.

— J'espère ne pas être la pire de tes élèves. Est-ce que tu n'enseignes qu'à des adultes ?

J'imagine qu'il doit y avoir des micro-crèches bilingues, par exemple, ou d'autres cours destinés aux enfants pour donner l'illusion à leurs parents qu'ils renouent avec leurs ancêtres. Mais sans vouloir être insultante, j'imagine mal cette jeune femme entourée d'enfants en bas âge, à agiter des marionnettes tout en chantant une comptine en gaëlique. Trop *fermée et bourgeoise*, comme la décrivait son oncle. Ce dernier est étonnament silencieux ; j'imagine qu'il a accepté l'idée que je ne pourrais pas piéger Mairead dans un long interrogatoire et dans une amitée forcée en une demi-heure. Je m'efforce tout de même de glisser quelques questions quand je le peux.


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Dim 19 Nov - 16:52
J’ai souri à ton commentaire sur la grammaire française : il est vrai que j’ai des souvenirs assez cauchemardesques de mes leçons de cette langue, au collège, notamment quand il fallait jongler avec les genres et les accords qui vont avec. Sans faciliter réellement l’apprentissage du gaélique, cette première confrontation avec une langue étrangère m’a fait par la suite relativiser la complexité de ce parler. L’ordre des mots est bizarre mais au moins, on n’a pas à intégrer qu’une chaise est féminine alors qu’un tabouret est masculin. Ton argument est imparable, à première vue, mais il sera challengé, je te préviens ! Je pourrais te l’annoncer tout de suite, si je n’avais pas peur de t’effrayer ou de te donner l’impression de te rabaisser. À la place, j’agrémente mon sourire d’un signe de tête entendu.

Tu prouves assez vite tes propos. Oh, certes, nous n’avons pas vraiment attaqué l’épineuse question de la grammaire à proprement parler, mais tu saisis bien les motifs qui se répètent et t’en sers pour former de nouvelles phrases, je trouve cela assez impressionnant. Il n’y a que ta prononciation qui est parfois laborieuse : sur ce point, le français ne peut pas grand-chose pour toi, bien au contraire – avec tout mon respect pour ta langue maternelle. Mais je répète, j’articule, je simplifie un peu, parfois, pour y aller en douceur. Les locuteurs seront de toute façon si heureux de voir un étranger s’essayer à leur langue qu’ils ne feront pas la fine bouche quant à ton accent, tant que tu es compréhensible.

Mais chacun a ses limites. Les tiennes arrivent, et je peux le comprendre. Tu n’as pas tort : ton cerveau a dû brûler son stock de calories pour le reste de la journée. Tu as bien mérité cette tarte pour te remettre les idées en place. Je me penche d’ailleurs aussi sur ma propre pâtisserie, ne lui ayant pas accordé bien plus d’attention que toi à la tienne.

- Non, merci, cette part me suffira, réponds-je à ta question.

Par contre, nous avons la même idée et le même besoin de liquide. Je souris en te voyant faire le geste que je m’apprêtais à esquisser, pour attirer l’attention du serveur, et j’appuie ta demande. L’attente qui s’en suit est une pause sans doute bien méritée que je laisse revenir à une conversation plus personnelle, puisque c’est ce que tu sembles vouloir aborder.

- Oh non, rassures-toi, tu n’as pas à avoir honte, tu es plutôt dans le top ! Et oui, pour le moment au moins, je n’enseigne qu’à des adultes. Non pas que je refuse les enfants, mais je suppose que ceux dont les parents veulent vraiment qu’ils apprennent le gaélique sont carrément dans des écoles bilingues.

Je serais certainement plus à l’aise avec des enfants, et plus déstabilisée aussi. J’ai tendance à trop souvent me voir en ces boules de potentiel, déjà orientées par leurs origines et leur milieu mais devant lesquels s’ouvrent encore tant de chemins. Parce que cette question stagne toujours dans mon esprit : et si je n’avais jamais prononcé aucune Phrase ? En me venant souvent dans les pires moments, combien de chemins m’ont-elles fermé ? Les « Et si » sont d’autant plus prégnants face aux enfants parce qu’ils en renferment plusieurs chacun.

Ton côté hésitant, papillonnant, à toi qui se lance dans un apprentissage au long cours pour le simple plaisir de la découverte, m’évoque un peu cette liberté ; c’est peut-être pour ça que je ne peux pas quitter ce petit sourire. Et que je tiens à prolonger la discussion. Ma part de cobbler à peine entamée et est encore une excellente excuse pour ne pas se remettre tout de suite aux choses sérieuses mais pour une fois, un simple silence contemplatif ne me suffit pas.

- En fait, ces leçons ne sont pas mon activité principale. Je suis traductrice, normalement. Mais j’avais envisagé d’être enseignante, avant de changer de voie, alors j’ai eu envie de diversifier mon activité.

Je peux me persuader que je suis en train de te mentir car je suis là avant tout à cause de la maigreur des contrats que j’ai réussi à obtenir jusqu’à présent ; mais un jour, je devrais reconnaître que c’est aussi parce que je n’ai jamais pu vraiment abandonner mon envie d’enseigner. Ce serait trop dangereux de le reconnaître – à moins que ce ne doit encore plus dangereux de me voiler la face ? Une partie de mon inconscient est sans doute en train d’en débattre.

- Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que mon métier était plutôt solitaire, en fait. Je prends des commandes, je discute éventuellement de certains détails avec le client mais finalement, je suis souvent très seule face à mon écran. J’ai ressenti le besoin de sortir, revoir du monde.

À mes risques et périls.

- Et toi, que fais-tu, dans la vie ? Si ce n’est indiscret ?
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Ven 8 Déc - 18:22
Feasgar Math
mieux vaut un mauvais gaélique
que pas de gaélique du tout
Je suis soulagée que nous puissions prendre une pause. Cette langue est plus différente que ce que je l'aurais cru et je sens que mes neurones se déconnectent les uns des autres le temps de se reposer. Je me suis laissée prendre au jeu, j'ai oublié la raison de ma présence et je me suis réellement intéressée à cette langue. J'aime apprendre, j'aime la fierté qui en découle, j'aime le sentiment de grandir. Cela vaut toutes les frustrations du monde. J'ai déjà hâte de notre prochaine leçon. D'ici là, je me renseignerai pour arriver moins ignare que je ne l'étais aujourd'hui, en me trompant au point de confondre la langue que je pensais apprendre et sa voisine.

Une seconde tasse devrait me requinquer. Je suis accompagnée par ma professeur du jour et à défaut d'avoir trouvé d'autres points communs, nous partageons au moins notre amour pour le thé. C'est un début, je pourrais lui en offrir un bon à notre prochaine rencontre, pour la remercier du temps qu'elle me consacre. J'essaie de garder cette idée dans un coin de ma tête trop remplie. Elle est bienveillante et tente de me rassurer, ce qui m'arrache un sourire. Je ne sais pas comment sont ses autres élèves, possiblement des retraités qui ont oublié comment apprendre.

— Oh, je vois.

Dis-je, un peu par défaut. Je suppose qu'elle a raison. Je trouve cela bien, d'avoir la possibilité d'envoyer ses enfants dans une école où ils baigneront dans une seconde langue. Et puis, j'imagine qu'enseigner à des enfants ne doit rien avoir en commun avec les cours pour adulte. Je deviens attentive à l'histoire de Mairead, j'apprends plus de choses que ce que son oncle a pu me chuchoter. Mon mouvement est suspendu. À nouveau, j'oublie ma pâtisserie. Je crois que je n'avais pas tant faim que ça, finalement. Mon visage s'illumine en découvrant que la jeune femme n'est pas si différente de moi sur plusieurs aspects. Quand la question m'est retournée, j'y réponds avec un plaisir non dissimulé.

— Je fais de la traduction également ! Ce n'est pas une activité à temps plein, loin de là et mes clients sont généralement des amis de la famille, mais c'est un exercice qui me plaît. Je fais d'autres petites missions, notamment en couture. Deux activités qui n'ont rien en commun.

Je cache mon petit rire derrière la main qui tient ma fourchette. Le bout de tarte qui y était empalé tombe misérablement dans mon assiette comme pour me rappeler son existence. Je me demande quelle image je lui renvoie, à travailler comme traductrice le jour et faiseuse d'ourlet la nuit. J'espère que ce n'est pas celle d'une personne perdue qui ne sait pas ce qu'elle aime. Je me redresse, essuie le coin de ma bouche en essayant de préserver mon maquillage et reviens pêcher mon dessert. Je m'observe mener à bien cette tâche tout en parlant.

— Je me reconnais dans ce que tu dis, sur la solitude. Il m'a fallu plus d'un an ici pour tisser quelques liens, j'imagine qu'un poste dans un bureau m'aurait simplifié la tâche.

J'atténue mon soupir en l'accompagnant d'un sourire. Avant de déménager, je n'avais plus beaucoup de relations. J'avais perdu contact avec mes amis d'enfance en partant étudier à Paris, j'ai perdu ceux de Paris en retournant vivre chez mes parents. Ma chance a été de croiser Gabriel, un ancien ami de la fac, dans le vol pour Paris la veille de Noël. Des retrouvailles improbables qui me permettent d'affirmer que j'ai un ami dans cette ville. Depuis, la situation s'est débloquée.

— A la place, je prends des cours. De piano, de Gaélique. Je verrais dans quelques mois pour ajouter une troisième corde à mon arc, si je me sens encore seule.

Des cours de comédie ne seraient pas du luxe. Je me sens manquer de discrétion, alors que je pose un regard plein d'espoir sur elle. Je me demande si j'ai réussi à créer une brèche dans sa carapace ou si je me ridiculise avec une approche trop frontale. Elle va raconter à ses proches que son élève du jour était une jeune femme désespérée de la transformer en amie, quitte à la payer pour son temps en prétextant être intéressée par les langues. À côté de moi, mon fantôme est silencieux, très certainement dévoré par le suspens.



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Jeu 1 Fév - 20:46
« Également » ou « moi aussi » sont des mots que je déteste entendre. À l’inverse, il y a des personnes qui les cherche avidement, posant des questions toujours plus personnelles, s’engageant dans la première piste qui pourrait mener à un semblant de point commun ; ces gens-là, j’ai appris à les fuir comme la peste. Pour me préserver et parce que je trouve cette curiosité bien trop intrusive, à la limite de la décence. Mais parfois, ces mots redoutés me prennent par surprise, surgissent sans prévenir d’une personne que par ailleurs j’apprécie et c’est là qu’ils sont les pires : quand je n’ai pas le début de la phrase pour me dire « Je ne vais pas aimer ce que je vais entendre » et prendre mes distances.

Venant de toi, pour qui je ne peux que ressentir une certaine sympathie, ils ne manquent pas de provoquer leur malheureux effet. J’ai baissé ma garde : je m’intéresse à ce point commun et à ce qui nous différencie, me souviens de cette brève époque de ma vie où je me suis essayée, moi aussi, à ce genre de vie papillonnant puis que j’ai fini par rentrer dans le rang, et je me demande si je t’envie…

- Désolé qu'il t'ait fait endurer ça par ma faute.

Ma voix a un peu craqué, comme si une partie de moi voulant susurrer ces mots mais que ma gorge était trop serrée pour les laisser sortir – de honte, de douleur, je ne le saurai jamais. Et les mots ont glissé bizarrement sur ma langue. Il me faut un instant pour réaliser que j’ai parlé français – dont mes souvenirs pour le moins parcellaires n’auraient pas dû me permettre de comprendre plus que le tout premier mot de la phrase, au mieux. Voilà un aspect de cette malédiction que je n’avais eu l’occasion de découvrir, et ça ne me manquait pas. Si j’étais curieuse de l’étendue de mes capacités, je pourrais en être excitée mais qui a envie de découvrir qu’il est capable de bizarreries pareilles ? Pas moi.

Cette réalisation ne fait que me rendre plus consciente encore de ce qui vient de se passer, et du fait que je viens de me griller. La dernière fois que j’ai lâché une Phrase aussi frontalement, face à Lúca, j’avais réussi à m’en sortir, mais je ne compte pas sur de tels miracles à chaque fois. Je ne vois pas comment une excuse aussi hors-sujet pourrait se fondre au milieu de la conversation, pas en l’état.

- Je veux dire… Ça ne doit pas être simple de… d’arriver dans un nouveau pays…

Je m’enfonce. Lamentablement. Comment ton sentiment de solitude, ou quoi que ce soit avec lequel je pourrais compatir, pourrait être de ma faute ? Et quoi ?, j’aurais parlé dans ta langue maternelle par pure compassion ? Bien sûr.

Ce sentiment de gâchis me tire les larmes. Je dois me mordre l’intérieur de la lèvre pour les contenir. Je baisse les yeux vers mon assiette encore à moitié pleine mais la simple vue du morceau de cobbler planté sur ma fourchette à dessert, prêt à être englouti, me serre la gorge presque jusqu’à la nausée. Du gâchis jusqu’à la fin.

- Je ferais mieux d’y aller.

C’est une affirmation. Pas une perche que je tends pour qu’on me retienne, pas de la fausse modestie ou que-sais-je lancée cherchant une flatterie d’égo. Je rassemble mes affaires et me lève un peu brusquement, faisant crisser la chaise sur le sol, juste histoire de rajouter un peu d’inconfort sensoriel à la situation. Histoire d’être sûre, vraiment sûre, que tu ne seras pas désolée de me voir partir. Je fais un crochet par le comptoir, où je paie aussi tes consommations, sans doute pour m’alléger un peu la conscience, et me dirige vers la sortie, la tête baissée. Au moment de repasser près de toi, je ne réussis à t’adresser qu’un timide regard en coin et un salut tremblant.

- À une prochaine fois…

Peut-être. Ça ne tient qu’à toi. Et quelle que soit ta décision, je ne t’en voudrais pas. En attendant, je vais sans doute retirer ces annonces de cours particuliers. J’aurais dû savoir que c’était une mauvaise idée. Tu viens de démonter l’argument comme quoi des leçons sporadiques n’entraînent pas une telle proximité qu’un suivi quotidien. Je pourrais me dire que tu es une exception, que tu as quelque chose de spécial qu’une grand-mère de soixante ans s’ennuyant dans sa retraite ne possédera pas, mais combien de temps vais-je me voiler la face ? Je gâche ceux que je côtoie.

J’espère que ta tarte était bonne.
Prudence A. Wilk
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Sam 17 Fév - 19:00
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mieux vaut un mauvais gaélique
que pas de gaélique du tout
Je pensais que notre rencontre se déroulait aussi bien que possible. Je me suis découvert une sincère curiosité pour cette langue au point qu'avant la pause, j'avais perdu de vue la vraie raison de ma présence dans ce café. J'ai tenté une approche discrète et nous sommes encore loin des conversations intimes réservées aux amies proches, mais il y a un début. Je la sens légèrement baisser sa garde. J'allais lui demander si elle pratiquait des activités particulières avant qu'elle parle. Elle a l'air aussi surprise que moi par ce qu'elle raconte. Son français est correct, je dirais même parfaitement intelligible, mais le changement soudain de langue m'empêche d'en saisir le sens immédiatement. 

— Plait-il ?

Ma voix est tremblante. Mon cerveau commence à réaliser ce que ma professeur vient de dire. Ça n'a aucun sens dans ce contexte et dans cette bouche. Nous venons de nous rencontrer, nous buvons une tasse de thé et avalons une part de tarte. Nous sommes en train d'apprendre le gaélique. Mairead ne m'avait pas dit qu'elle parlait français. Mon esprit me balance ces faits comme pour renforcer ma confusion. Je ne sais pas si l'état de ma professeur est une consolation. Je me reconnais en elle, dans son réflexe qui consiste à sauver les apparences. Je pense que notre éducation n'est pas fondamentalement différente.

— Non, effectivement.

Je force un sourire poli mais pâle sur mes lèvres. Si elle préfère faire comme si de rien était, je peux préserver sa pudeur, mais ce n'est pas pour autant que je peux mettre cette phrase sous le tapis. Elle non plus, elle n'arrive pas à se convaincre de passer à la suite. Je baisse les yeux sur mes notes, espérant l'aider. Si des larmes coulent, elle préfère certainement que je ne les vois pas. J'étais prête à attendre que ça passe, revenir à la leçon comme si de rien était, mais visiblement, l'incident a pris trop de place dans l'esprit de Mairead qui quitte son siège sous mon regard surpris.

— A une prochaine fois.

La confusion se lit sur mon visage, s'entend dans ma voix, se devine à la raideur de mon corps. Je ne saurais pas quoi dire pour la retenir alors je me contente de cet au revoir expédié puis la laisse partir, un peu abasourdie. Son cobbler et mes notes sont tout ce qui reste de son passage dans ce café.

— Elle fait ça, parfois.

Je tourne les yeux en direction de Rory, en espérant obtenir plus d'informations, mais je sens qu'il n'a pas beaucoup de réponses à m'apporter. Mon regard s'accroche à cette silhouette qui remonte la rue et les mots qu'elle vient de prononcer me reste en tête. Je ne sais pas ce qu'elle a pu me faire subir de si dramatique, qui nécessiterait qu'elle me présente ses excuses. Je laisse mes affaires, n'attrape que mon sac à la volée et me lance finalement à sa suite, sur une impulsion. 

— Mairead !

Je n'ai jamais été très athlétique, encore moins en talons. J'arrive cependant à la rattraper assez pour qu'elle soit à portée de voix. Je tente une seconde fois de la retenir en prononçant son prénom, puis arrive enfin à son niveau. Le courant d'air glacé de la ville me fait frissonner et j'ai soudainement honte de lui avoir couru après de la sorte. Je dois déglutir pour retrouver mon courage.

— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu voulais dire, par "ce que tu m'as fait endurer" ?

J'ai le cœur qui frappe contre mes côtes et le souffle court. Je ne sais plus si c'est l'appréhension ou le sport qui me fait cet effet-là. De telles excuses, ce n'est jamais anodin. J'ai besoin de comprendre. J'espère qu'elle pardonnera mon insistance.



Prudence/le corps + Rory




nevermore
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. « Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant.
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