Son enfance, de la lumière au chaos

D’un coté il y avait  la sœur aînée, Georgia plus effacée, plus discrète, mais aussi plus studieuse. De l’autre il y avait Linda, la sœur cadette, aussi blonde qu’elle était lumineuse. Dès qu’elle entrait dans une pièce elle parvenait à capter tous les regards. Elle avait quelque chose en elle de magnétique, elle était belle et elle le savait. Linda n’a que 16 ans quand elle se fait remarquer par un chasseur de tête de l’agence Elite. Aussitôt repéré, et avec l'accord de ses parents, il l'emmène avec lui à New-york où elle devient Mannequin. Elle à tout juste 18 ans lorsqu’elle tombe enceinte du fils unique d'un homme d’affaire puissant, avec lequel elle a vécu 10 mois de passion. S’autorisant une pause pour mener tranquillement sa grossesse, elle accouche d’un petit garçon, son seul enfant, qu’elle décide d’appeler Sawyer, John, Christopher McLeod et qu’elle choisi d’élever seule, sans informer le père de sa responsabilité puisque lui-même était déjà marié et déjà père d'un enfant de 5 ans.
Cependant, pouponner un nouveau né qui pleure et qui constamment besoin de vous ne l'amuse qu'un temps et Linda a besoin de retrouver les podiums des défilés, les studios des photographes et les grandes maisons de coutures. Or, la vie de jeune maman s’accorde très difficilement avec la vie trépidante que Linda entend mener. Aussi n’est-il pas rare de la voir laisser sa sœur et sa mère se débrouiller avec son nourrisson pendant qu’elle menait la grande vie entre New-York, Paris, Londres, et l’Italie.
Sa notoriété éclate au début des années 90 où elle devient l’un des top-models les plus en vogue du moment aux cotés de Cindy Crawford, Claudia Schaeffer, Kate Moss ou encre Eva Herzegova. Faisant la une de nombreux magazines prestigieux tels que Vogue, Elle,… défilant pour les maisons les plus prestigieuses tels que Dior, Chanel, ou encore Gucci.
Armée d’une nounou, Linda récupère définitivement son fils quand il est âgé de 10 mois et se plaît à l’emmener partout avec elle au cours de ses voyages, le faisant même poser avec elle pour quelques shooting. Un défilé à Milan, une soirée à Paris, une Séance photo à Singapour,…  Peu importait les heures, les décalages horaires, son enfant la suivait. C'était à lui de s’adapter à sa vie à elle et non l’inverse. Ce fut au cours d’une de ses innombrables interview qu’elle révéla l’identité du père de son fils et que ce dernier découvrit qu’il avait un second fils entrainant dans la foulée, son premier divorce. Un fils qu'il était bien décidé à connaitre et dont il désirait s’occuper également, bien que Linda conservait jalousement la garde exclusive de ce dernier.

Cette vie de privilégiée qu’à vécu Linda, la jeune femme en a profité à 200 à l’heure jusqu’au jour, ou, une décennie passée, elle commença à être moins sollicitée. Reine d’un jour, et bien que sa beauté était encore loin d’être flétrie, les contrats se firent de plus en plus rares, et comme la plupart des top-models, Linda de parvint pas à réussir sa reconversion malgré plusieurs essais (et tout autant d'échecs retentissants) dans le monde du cinéma ou des affaires.
L’euphorie des premières années d’insouciance, de gloire et de succès avait laissé la place à la décadence et la solitude. Sawyer vit sa mère noyer ses journées au fond d’un verre, dédaignant se soucier de lui, elle qui avait déjà du mal à s’occuper d’elle-même. Pourtant les choses commencèrent à s’arranger lorsqu’elle se mit à fréquenter un homme qui rêvait d’être le nouveau Paul Newman, mais qui restait cantonné à ne faire que de la figuration dans des films de secondes zones : Peter O’Brian. Sans savoir pourquoi, Sawyer, qui aurait pourtant dû se réjouir de voir sa mère à nouveau heureuse et pleine de projets, éprouvait beaucoup de réserve à l’égard de cet homme. Des hommes, dans la vie de sa mère, Sawyer en avait vu défiler un paquet mais cet homme là, bien qu’il se montrait sous son meilleur jour avec lui, pour une raison inexplicable, il lui faisait peur.
Malgré ses appréhensions, sa mère fini par l’épouser en grande pompe et à partir de ce jour, tout changea. Peter dilapidait sans vergogne l’argent de son épouse et se mettait à la frapper quand il n’était pas satisfait. Dès lors, l’ancienne star des podiums s’enfermait dans sa chambre lorsqu’elle ne dissimulait pas ses marques sous une tonne de maquillage.

Sawyer se souvenait très bien de la première fois que son don se manifesta… c’était un après-midi, en pleine semaine, tout était terriblement calme dans la demeure et Sawyer s’était dirigé vers la cuisine pour se préparer son petit-déjeuner en espérant que sa mère aurait songé à faire les courses et que les placards ne soient pas vides une fois de plus. En passant par le grand salon, son regard avait été attiré par le ceinturon de Peter, un ceinturon que l'homme ne quittait jamais. Poussé par une force invisible, Sawyer avait ressenti le besoin de le toucher. A peine ses doigts frôlèrent-ils la ceinture que des images et des sensations s’imposèrent à son esprit. Peter, dans ce salon, se perdant dans les paradis artificielles et sniffant de la cocaïne avec sa mère. Puis Peter entouré de deux femmes légèrement vêtues qu’il embrassait allégrement. Peter giflant sa mère qui s’écroulait sur leur lit conjugal. Retirant sa main de la ceinture comme s'il venait de se brûler, les images cessèrent aussitôt d'affluer dans son esprit. Que se passait-il ? Que lui arrivait-il ? D’où venait ses images ? Sawyer aurait été bien incapable de le dire mais ce fut si violent que le jeune garçon eut l'impression que sa tête allait exploser et qu'il s'effondra sur le tapis du salon. N’osant parler à personne de ce qui venait de se passer et pensant un instant avoir tout imaginé, il garda ce secret pour lui, tout en se montrant désormais plus soupçonneux à l'égard de son beau-père. Une semaine plus tard, alors qu’il revenait de l’école, il vit sa mère en compagnie d’une amie à elle au bord de la piscine. Passant d’abord sans leur prêter réellement attention, il fut interpeller par l'ancien mannequin pour qu’il vienne les saluer et qu’elle puisse lui présenter Janine, son esthéticienne et amie. Avant aujourd’hui, Sawyer ne connaissait pas cette femme pourtant son visage lui était familier, il l'avait déjà vu, et bien vite il se rappela où. Cette femme aux long cheveux bruns et au sourire ravageur était dans la vision qu’il avait eut en touchant la ceinture de son beau-père. Elle était l’une des deux femmes avec lesquels il trompait sa mère. Alors qu’il n’avait plus eu de vision depuis ce jour-là, en serrant la main parfaitement manucurée de Janine, ces dernières recommencèrent. Des images s’imposèrent dans son esprit ainsi que des bribes de conversations décousus,… Oubliant la migraine que cela lui provoquait, il accusa l’amie de sa mère de la trahir en ayant une relation intime avec son mari. Une information qu'elle ne pu nier tant la stupeur et la culpabilité déformèrent les traits de son visage et la trahissait
Le soir même, une scène de ménage éclata dans la grande demeure. Il y eu des cris, des objets brisés, des hurlements puis les sanglots de sa mère. Lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit, Peter apparut, le regard mauvais. Il s’avança lentement tout en faisant glisser sa ceinture de cuire le long des passants de son pantalon avant de l’entourer autour de sa main. Ce jour-là, fut la première fois ou son beau-père lui fit goutter la morsure du cuir de sa ceinture sur sa peau, il avait 13 ans. La première qui fut loin d'être la dernière...


Le nouveau départ d'un jeune adulte

Incapable de gérer ses visions, endurant les violences de son beau-père et l’apathie de sa mère, Sawyer devint à son tour un adolescent à problèmes qui ne parvenait à exulter toute cette pression qu’en se battant à longueur de journée.
Un jour particulièrement éprouvant, au cour duquel il avait bien cru que son beau-père allait les tuer tous les deux, il fit ce qu’il n’avait pas fait depuis quelques années : il téléphona à son père en le suppliant de venir le chercher. Avec Thomas Davis les choses ne traînèrent pas, et après avoir personnellement fait regretter à cet avorton d’avoir osé lever la main sur son fils, l’homme d’affaire récupéra la garde de Sawyer, à la demande de ce dernier. Aux côtés de son père, dont Sawyer prit définitivement le nom, le jeune garçon découvrit une vie stable mais aussi pleine de règles. Alors qu’il était habitué à vivre sa vie, sans contrainte, si ce n’était celle de vivre avec un beau-père violent, Sawyer découvrit ce qu’était la vie de famille avec les dîner de famille, un suivi scolaire rigoureux et des règles de savoir vivre. Autant dire que la première année fut particulièrement conflictuelle entre le père autoritaire et le fils rebelle. Pourtant ce fut grâce à l’aide et au soutient de son frère ainé, Christian, que Sawyer parvint à s’acclimater et à trouver ses repères. Christian, de 5 ans son aîné, avait sur lui une influence apaisante et saine. Mais Christian n'était pas le seul à avoir une bonne influence sur lui. Quelqu'un d'autre l’incitait à se dévoiler sous son meilleure jours, sa jeune cousine, Rachel, qu’il voyait de temps en temps quand il venait rendre visite à sa famille maternelle. Peut-être était-ce parce qu’elle souffrait de narcolepsie ou parce qu’elle se réfugiait dans un monde imaginaire pour tenter d'échapper à la réalité, mais il se sentait proche d’elle. Elle lui donnait envie de la protéger…

Cela faisait deux ans qu'il vivait chez son père et avait coupé les ponts avec sa mère, que cette dernière décéda après avoir avalé trop de somnifères qu’elle avait mélangé avec de l’alcool. A l’annonce de sa mort, Sawyer qui était âgé de 17 ans, avait fait comme si ça ne l’affectait pas alors qu'en réalité, il était paumé et ignorait ce qu’il ressentait réellement. C’est à son enterrement qu’il compris que sa mère était simplement aussi paumée que lui et que malgré tout ses défauts, elle l’aimait à sa manière. Peut-être que s’il était resté avec elle..., peut-être que s’il avait prit sur lui..., peut-être que s’il s’avait trouvé le courage de se dresser contre Peter..., contre sa dépendance à l’alcool et aux médicaments,… peut-être que s'il avait fait tout ça, elle serait toujours là aujourd’hui… Alors pour la première fois depuis des années, Sawyer pleura, laissant libre cours à ses regrets. Heureusement, dans cette épreuve il n’était pas seul, il pouvait compter sur son père, la seconde femme de ce dernier, son frère, sa tante et sa petite cousine

Prêt à suivre l’exemple de son frère et à travailler aux côtés de leur père dans le but de diriger un jours aux côtés de Christian dans l’entreprise familiale, Sawyer entama brillamment des études de droits et lorsque vint le moment de rejoindre son frère pour travailler aux cotés de leur père, Sawyer n'aurait pu être plus heureux. Il exultait littéralement.
Cela se passa relativement bien pendant 3 ans, et Sawyer mit a profit son don pour découvrir si une affaire était réellement bonne ou si on tentait de les arnaquer. Au yeux de son père, qui ignorait tout de sa particularité, Sawyer avait un don inné pour les affaires. Mais voilà, le caractère exécrable de son père a finit par mettre sa patience à bout. Autant Thomas Davis était un père de famille entièrement dévoué à ses 3 fils (il eut entre temps avec sa troisième épouse, un troisième garçon Nathan, qui a 25 ans de différence avec Sawyer) autant il était un homme d’affaire absolument impitoyable, aux méthodes peu scrupuleuses, qui n'hésitait pas à écraser ses concurrents pour obtenir ce qu'il désirait. Le monde des affaires était peuplé de requin mais à ce petit jeu, Thomas Davis était littéralement un Mosasaurus qui ne laissait rien sur son passage. Suite à une énième dispute entre le père et le fils, Sawyer claqua la porte, bien décidé à prouver à son père qu’il pouvait parfaitement vivre sans son argent. Il s’envola alors pour l’écosse pour y commencer un nouveau départ loin des Etats-Unis et de l’influence de son père, dans l’anonymat le plus complet, auprès de son autre famille et plus particulièrement sa cousine dont il n'avait plus vraiment de nouvelle si ce n'était qu'elle aussi avait étudier le droit. Pour la toute première fois, il s'installa dans le loft qu'il avait hérité de sa mère en plein centre ville de Edimbourg. Peut-être  que ce voyage était également l’occasion de se rapprocher de cette jeune fille un peu naïve que fut sa mère autrefois aux rêves plein la tête et qui avait fini par s'y brûler les ailes…

Cela fait un an aujourd’hui qu’il s’est établit à Edimbourg et bien qu’il se soit réconcilié avec son père et que son jeune frère vienne régulièrement passer quelques jours de vacances en sa compagnie, sa vie ici lui plait, et il n’est pas décidé à rentrer pour le moment. Quand à son don, il a désormais appris à vivre avec et à l’accepter, du moins, s’y emploie-t-il même si ce n’est pas tous les jours évident