Sinking Past
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Aaron Mahoney
Aaron Mahoney
Rehab
Pseudo : Elo
Avatar et crédit : Oliver Jackson Cohen / atlantis (avatar) / crackintime (signa)
CW : Alcool, jeux, drogues
Messages : 2121
Occupation : Garagiste
Âge : 33 Quartier : Un studio au dessus d'un garage dans Leith
Situation familiale : Célibataire, père de substitution de la fille de sa meilleure amie, Aaliyah. Demi frère d'Eliott.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours
Don : Il voit la mort, littéralement parlant. Plus l'heure du décès approche, plus les couleurs s'évaporent. Son monde n'est qu'un dégradé de couleurs délavées, de noir et de gris. Les personnes proches du trépas lui apparaissent en noir et blanc, sans qu'il ne sache pour autant quand exactement, ni où, ni comment. Ce don le perturbe autant qu'il le fatigue. Il a régulièrement besoin de calme et de s'isoler dans une pièce sombre pour reposer ses yeux.

Blowing up - Aadence 67iq
Blowing up - Aadence 8d5s

Blowing up - Aadence Empty Blowing up - Aadence

Lun 15 Jan - 15:20
Blowing up
En général, quand un message commence par « ne t’inquiète pas » c’est qu’il y a toute matière à s’inquiéter. Et moi, je suis le genre de gars qui s’inquiète beaucoup trop, surtout pour les personnes auxquelles je tiens. Je relis le SMS que je viens de recevoir de ma petite amie. Je ne sais pas quelle information assimiler en premier. Le fait qu’elle ait eu un accident, que ce soit avec Gabriel ou bien le fait qu’elle veuille sortir contre l’avis médical. Nous nous sommes disputés déjà à ce sujet, lors des évènements étranges du début de l’été. Je sais qu’elle avait raison, dans le fond, et que je n’ai aucun droit de la forcer à rester hospitalisée contre son gré. Tandis que je pianote une réponse d’une seule main, l’autre est occupée à fouiller dans ma poche à la recherche de mes clés de voiture. Elles n’y sont pas, manifestement. Pourquoi ces putains de clés ne sont pas dans ma putain de poche ?! Faut que j’arrête d’être vulgaire comme ça, Sydney commence à tout répéter. Je finis par les retrouver dans la petite coupelle prévue justement pour les clés sur le meuble prêt de la porte. Je laisse un mot à l’attention d’Aaliyah et je fonce en direction de l’hôpital.

Mes doigts pianotent nerveusement sur le volant. J’en sais trop peu sur ce qu’il s’est passé et cela alimente mon inquiétude naturelle. Sourcils froncés, je m’imagine mille et une choses toutes plus rocambolesques et macabres les unes que les autres. Il faut vraiment que j’arrête de me monter le bourrichon comme ça, ça empire la situation et je suis de moins en moins concentré sur la route. Je frôle un bus de justesse et quand mon pied droit s’écrase sur la pédale de frein, je me rends compte qu’il faut vraiment que je reprenne mes esprits. Prudence m’a envoyé un SMS, c’est que cela ne vas pas si mal que cela. J’aimerais vraiment avoir la capacité de ne pas me faire du souci continuellement. Je pense que cela vient de la peur de l’abandon avec laquelle je cohabite depuis trente trois ans maintenant.

Je me gare sur le parking de l’hôpital et je m’éjecte presque de l’habitacle. La dernière fois que je me suis retrouvé aux urgences, c’est quand Syd a avalé une pièce de monnaie. Et la dame de l’accueil n’a pas été super sympa avec moi et je n’ai pas non plus été sympa avec elle. Je m’avance à grandes enjambées et je penche mon buste par dessus le comptoir. Je suis grand et, pour l’employé assis je peux paraître assez impressionnant, alors je me redresse. « Bonjour. Je viens chercher Mme Wilk. Elle m’a envoyé un SMS. Je suis Aaron Mahoney, son petit ami. » Il fronce les sourcils. Peut être que j’aurais du dire fiancé ou encore compagnon. Cela aurait fait plus adulte que simplement petit ami. « Madame Wi… ? Ah, Prudence ! Elle est dans le box 5, veuillez patienter quelques instants, un médecin va vous y conduire. » A mon tour d’arquer un sourcil. Ce type vient de l’appeler par son prénom. Pire, il ne la connaît que par son prénom. Je ne suis pas jaloux, cela dit. Je suis interloqué. Mais c’est une question que je vais devoir poser à la principale intéressée. « Heu… Oui, très bien. » Je recule pour aller m’asseoir sur une chaise en plastique, à l’autre bout du hall.

Je n’aime pas me retrouver ici. Déjà, je vois tout dans des nuances de gris ciment et c’est déprimant. Rien n’est éclatant de couleur dans les couloirs d’un hôpital. La mort est malheureusement partout. Alors, je garde la tête baissée. Je fixe le bout de mes baskets, mes doigts joints et les pouces tournant l’un autour de l’autre. Je dois résister à l’envie de m’en griller une qui commence à naître dans mon esprit, je ne veux pas louper le médecin. Je ne sais pas exactement combien de temps j’attends. Probablement une petite dizaine de minutes avant de voir des pieds apparaître dans mon champ de vision. « Monsieur Mahoney ? Veuillez me suivre, s’il vous plait. » Je lève les yeux vers le médecin qui ne sourit pas. Je me déplie et, les mains soigneusement enfoncées dans mes poches, je le suis. « Je ne vais pas vous cachez que Mademoiselle Prudence sort contre l’avis des médecins et des infirmiers qui l’ont auscultée. Et... » Je soupire bruyamment, lui coupant presque la parole. « Je m’en doute. Cependant, vous ne pouvez pas retenir quelqu’un contre son gré. Non ? Elle m’a demandé de venir la chercher donc je suis venu la chercher. » J’essaie un sourire et il essaie de me convaincre de changer d’avis moi aussi. Je le remercie et quand je rentre dans le box, j’ai une seconde d’arrêt.

Prudence est allongée sur le lit et les ecchymoses naissantes sur son nez et ses pommettes témoignent de la violence du choc. Je papillonne un instant des paupières pour être sûr que cela ne soit pas encore un coup de ma vision défaillante mais non, les traces sont toujours là. « Wow… C’est pas ce que j’attends à trouver quand on me dit de ne pas m’inquiéter. » J’approche et je fini par m’asseoir précautionneusement sur le rebord du lit. Je porte sa main à mes lèvres et j’y dépose un baiser. A vrai dire, j’ai bien trop peur de lui faire mal. Je sais que j’ai promis de ne pas la contraindre à rester mais je comprend ce que le médecin veut dire quand il m’annonce qu’elle sort contre son avis. « Comment tu te sens ? » Je demande, doucement. Mon regard se balade sur son visage, toujours aussi joli au demeurant, et trahi un peu le dilemme qui s’impose à moi à cet instant.



You
no one could ever know me, no one could ever see me, seems you're the only one who knows
(c)crackintime
Prudence A. Wilk
Prudence A. Wilk
One body, five souls
https://sinking-past.forumactif.com/t627-il-y-en-a-parmi-eux-qui-m-oublient-peut-etre-prudencehttps://sinking-past.forumactif.com/t635-tout-me-fait-mal-dedans-prudence#33419https://sinking-past.forumactif.com/t656-la-galerie-aux-portraits-prudence#34316
Pseudo : nuit d'orage
Avatar et crédit : Nikola Selezinko + me / signa par Awonaa
CW : Décès et opinions conservatrices
Messages : 3364
Blowing up - Aadence 13mb
Occupation : Guide au musée
Âge : 30 Quartier : New town (Stockbridge)
Situation familiale : Célibataire, séparée d'Aaron en janvier 2024
Date d'arrivée à Edimbourg : 27 mai 2021
Don : Spirite — quatre âmes se sont attachées à moi et disposent de mon corps à volonté. Ils rentrent et partent, me volent ma vie. Les autres, je sens leur parfum ou entend leur voix lointaine.

Tes sujets RP : Aaron 2 + Angus + Lúca + Mairead + Saul 4

Blowing up - Aadence Tsuc


Mes fantômes

Kimi
Enfant, genre et âge inconnus. Il est accroché à moi depuis mon enfance. Joueur et curieux.

L'étudiant
Victor. Etudiant français, né en 1944 et décédé au début des années 70. Il est raisonnable et cultivé. Il vit avec moi depuis la fin de mon adolescence.

La danseuse
Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

Le Marin
Rory. Un vieux pêcheur écossais. Il ne peut me posséder que depuis très peu de temps. Il est vulgaire et bruyant, mais étonnamment attachant.

Blowing up - Aadence Empty Re: Blowing up - Aadence

Ven 26 Jan - 20:59
Blowing up
Bruises are just leftover nightmares
Je me suis réveillée une première fois dans l'ambulance. Le personnel de santé qui m'entourait n'était pas très alarmé. Ils vérifiaient mes constantes et cherchaient à comprendre ce qui avait pu m'arriver, mais savaient que ma vie n'était pas menacée. J'entendais surtout Victor appeler mon nom. Il essayait de m'expliquer la situation mais je n'arrivais pas à me concentrer sur sa voix, alors qu'il y avait autant de sons autour. Il me parlait de Gabriel avec une hâte que je ne lui connaissais pas, trébuchant sur ses mots qu'il débitait pour que je les entende avant de refermer les yeux.

Je me sentais épuisée. J'ai repris conscience dans un lit d'hôpital, branchée à une machine. Je n'avais pas l'énergie de soulever mes paupières, mais j'entendais les conversations autour. Le musée réclamait d'être tenu au courant de notre état, inquiet pour la sécurité de ses employés s'il s'avérait que nous avions été agressés. L'un des infirmiers a grommelé qu'il faudrait plutôt vérifier si le type arrivé en même temps que moi n'avais pas des blessures sur les phalanges, avant de lancer une chasse à l'homme. J'avais envie de hurler.

J'ai fini par rouvrir les yeux. C'est là que la céphalée a commencé. Les néons blancs et clignotants sont une vraie douleur qui se répandait dans ma tête et dans ma nuque. Leur lumière passe à travers mes paupières et si je n'avais pas le visage abîmé, je le presserais dans un cousin pour retrouver de la vraie obscurité. Les gémissements des boxes voisins me faisaient et me font encore grimacer. On m'a demandé une première fois ce qu'il s'était passé. Je n'ai rien pu dire, si ce n'est leur donner le numéro de Judith pour qu'ils contactent les proches de Gabriel. J'étais dans un état second, je bredouillais des questions sur l'état de santé de mon ami. Ils ne répondaient pas, c'est Victor qui a dû les espionner pour moi. Il n'a rien, il m'a dit. Il dort juste. Aucune plaie visible, contrairement à moi. Mais ils l'ont envoyé faire un IRM et d'autres imageries avant que je puisse espérer avoir l'autorisation d'aller le voir. On m'a dit demain, aux heures de visite, mais il y avait ce regard entre eux, comme pour se demander l'un à l'autre si c'était une bonne idée.

— Gabriel ne s'en ait pas pris à moi.

Encore ce regard, comme si je n'existais pas. Ils m'ont dit que j'étais encore confuse et que je devais me reposer, qu'un docteur serait là sous peu. Pour m'empêcher de faire scandale, je me suis mordu l'intérieur de la bouche.

Le médecin n'a pas été d'un grand secours. À part me demander ce dont je me souvenais et me parler de rester en observation (ce que je refuse), il n'a rien dit. Depuis, je fixe le plafond. Gabriel a un fantôme accroché à lui. Je le connais depuis plus de dix ans, personne ne l'avait vu avant aujourd'hui, je ne l'avais pas entendu, avant que pour la première fois de ma vie, un fantôme se heurte à mon corps. Je n'arrive pas à comprendre comment c'est possible. Je comprends que la tentative de prise de contrôle de mon enveloppe s'est mal passée, cette partie est claire, mais avant. Gabriel et moi nous fréquentions sans savoir que nous partagions un secret similaire.

Je frissonne sous les draps fins. Ce décor m'oppresse. Le sang cogne contre mes tempes. Je ferme les yeux et je réfléchis où je voudrais me trouver. La réponse est évidente. J'imagine les bras protecteurs d'Aaron pendant que je repose contre son torse. Un endroit où je pourrais abaisser mes barrières en me sentant en sécurité. Je manque de tomber du lit alors que je me penche pour attraper mon téléphone. Victor me sermonne, mais je lui annonce que je compte sortir d'ici.

J'ai l'impression d'en faire trop, dans le message que j'adresse à Aaron, d'être une enfant capricieuse qui réclame ses parents après un cauchemar. Peut-être parce que je suis dans cette même panique et sidération. J'ai besoin d'être dans un cocon familier, j'ai besoin de mon petit ami et je décide que personne ne me convaincra du contraire. Je soupire de soulagement en voyant qu'il accepte de venir sans poser de question, sans négocier avec moi sur mes décisions. J'imagine me reposer en attendant, c'était sans compter sur l'appel de ma responsable, paniquée, me parlant déjà de dépôt de plainte de la part du musée contre celui qui aurait osé lever la main sur nous. J'utilise pour la quinzième fois la carte amnésie pour me libérer de ses questionnements.

Je ferme les yeux et m'imagine blottie dans ses bras, dans l'obscurité totale de sa chambre. Je n'ai pas envie d'être dans la mienne et de croiser ma tante pour le petit-déjeuner. Rien que l'idée de devoir croiser quelqu'un d'autres que mon petit ami me fatigue au point de me donner envie de pleurer. J'ai tellement peur pour Gabriel et je ne peux expliquer ce sentiment à personne. Enfin, Aaron arrive. Je vois sa silhouette remplir l'encadrement de la porte, j'esquisse un sourire qui tire sur mes bleus.

— Ce ne sont que quelques ecchymoses.

Je tente de me redresser, mais chaque mouvement m'est douloureux. La sensation est à mi-chemin entre le coup de soleil sur l'intégralité du corps et le passage sous les roues d'un 3 tonnes, pas que j'ai déjà expérimenté l'un ou l'autre de ces traumatismes, mais c'est ce que mon imagination me chuchote. Je prends sur moi pour aider Aaron à tenir sa promesse, celle de ne pas s'opposer à ma sortie.

— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. J'allais rejoindre Gabriel à son atelier quand...

J'essaie de répondre à mon petit ami, soulagée par sa présence, alors qu'une infirmière que je connais rentre dans la pièce. À elle aussi, je souris, pour qu'ils arrêtent de s'inquiéter pour moi. J'ai l'habitude de lui mentir à chacun de mes passages, prétextant que je ne sais pas comment je me suis blessée. Je n'ai aucun souci à lui cacher les causes de cet accident-là, mais Aaron, c'est un sentiment plus amer.

— Ils ont l'air de croire que nous avons été agressés, mais nous avons toutes nos affaires, c'est ridicule.
— Que tu as été agressée, Prudence...

Elle me fait ce regard compatissant, celui qu'on adresse à une victime pour l'encourager à enfin parler et rompre le cycle de violence. Je serre les dents et lève les yeux au ciel. Ma main dans celle de mon petit ami s'accroche à lui. J'ai compris que les rumeurs s'étaient propagées à cet étage de l'hôpital. Ils ont collectivement décidé de ce qu'il s'était passé, puisque je refusais de répondre à leur question. Ils ont inventé un fantasme où je suis une jeune femme à sauver.

— Sors-moi d'ici, s'il-te-plaît.

Avant que je ne morde quelqu'un. Je lance un regard aussi suppliant qu'exaspéré par le comportement de l'équipe médicale à Aaron. Je n'ai même pas encore pris le temps de le remercier d'être venu aussi rapidement.


La danseuse/Leonie + L'étudiant/Victor + Prudence/le corps




nevermore
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. « Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant.
Aaron Mahoney
Aaron Mahoney
Rehab
Pseudo : Elo
Avatar et crédit : Oliver Jackson Cohen / atlantis (avatar) / crackintime (signa)
CW : Alcool, jeux, drogues
Messages : 2121
Occupation : Garagiste
Âge : 33 Quartier : Un studio au dessus d'un garage dans Leith
Situation familiale : Célibataire, père de substitution de la fille de sa meilleure amie, Aaliyah. Demi frère d'Eliott.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours
Don : Il voit la mort, littéralement parlant. Plus l'heure du décès approche, plus les couleurs s'évaporent. Son monde n'est qu'un dégradé de couleurs délavées, de noir et de gris. Les personnes proches du trépas lui apparaissent en noir et blanc, sans qu'il ne sache pour autant quand exactement, ni où, ni comment. Ce don le perturbe autant qu'il le fatigue. Il a régulièrement besoin de calme et de s'isoler dans une pièce sombre pour reposer ses yeux.

Blowing up - Aadence 67iq
Blowing up - Aadence 8d5s

Blowing up - Aadence Empty Re: Blowing up - Aadence

Mer 14 Fév - 15:35
Blowing up
Je n’aime pas les hôpitaux. Je n’aime pas l’odeur qui y est attachée, ce mélange d’antiseptique et de détergeant industriel. L’odeur de la mort, presque. Et en ce moment, je trouve que j’y suis bien trop souvent. D’abord mon overdose, même si cela commence à remonter. Mes séances régulières avec l’addictologue qui me suit. Puis Sydney et la pièce avalée. La mort d’Yzeult. Celles de mes parents, il y a presque dix ans maintenant mais dont je n’arrive pas à me défaire du souvenir. Il est accroché à moi comme un champignon sur une souche d’arbre. Et maintenant, Prudence. Son message est vague et n’est absolument pas fait pour me rassurer. J’ai lâché tout ce que je faisais pour courir à son chevet. Elle m’a fait promettre de la ramener à la maison et c’est ce que je compte faire, même si je ne suis pas d’accord. Nous nous sommes déjà disputés à ce sujet, il y a quelques mois, parce que je voulais qu’elle aille aux urgences et qu’elle a violemment refusé. Je n’ai pas envie que cela recommence. Je dois lui faire confiance, elle connaît ses limites et si elle dit qu’elle peut rentrer, c’est qu’elle peut. De toute façon, ils ne peuvent pas retenir quelqu’un contre son gré.

Après une discussion à l’accueil, où le fait que l’employé désigne ma petite amie par son prénom m’intrigue un peu, je me présente à l’entrée de sa chambre. Il y a une grosse machine éteinte sur le côté du lit et elle s’y tient assise. Elle a le teint pâle, presque assorti au blanc du drap. Les ecchymoses tranchent sur son épiderme, elles y laissent des auréoles bleues et rouges qui vireront au jaune et au vert pendant la guérison. Je m’approche doucement et je me dis qu’il me sera compliqué de tenir ma promesse. Je ne suis pas certain que les médecins aient autorisé une sortie. Je pourrais essayer de lui dire que je m’inquiète, dire que je suis prêt à rester ici avec elle toute la nuit s’il le faut, même deux nuits. Tant pis si je dois dormir dans le fauteuil qui me pliera en quatre et qui me donnera un mal de dos affreux. Tant pis si je dois subir les repas insipides. J’ai l’habitude, tristement.

Elle minimise un peu son état. Je grimace quand elle réduit cela à « quelques ecchymoses ». On dirait qu’elle est passée sous un rouleau compresseur. Et encore, je suis sûr qu’elle ressortirait en meilleur état d’une telle expérience. Ce qui me rassure, c’est qu’elle ne m’apparaît pas fanée. Prudence est certes blanche mais les couleurs sont vives. Il n’y a ni gris, ni tons pastels. Elle ne risque pas de s’effondrer une fois assise dans ma voiture et c’est une bonne chose. Quoi que… Cela peut aller vite. Elle peut se vider de ses couleurs d’un seul coup et finir par mourir d’une hémorragie interne fulgurante et indétectable. Cela dit, je ne pense pas que cela soit possible. J’en sais rien, en fait. Je ne suis pas médecin, je ne suis pas ma petite amie. Je me base sur ce que j’ai sous les yeux et cela est loin d’être « quelques ecchymoses ». Je fronce un peu plus les sourcils quand elle me dit ignorer ce qu’il s’est passé. « Et tu n’as vu personne dans les couloirs ? Tu n’as pas souvenir d’être tombée ou d’avoir trébucher ? Et Gabriel, il n’a rien vu non plus ? » Son message disait qu’elle et Gabriel avaient eu un accident, peut être qu’il en saura plus que Prudence sur le sujet.

Une infirmière rentre. Je crois que je ne la connais pas, ou alors de vue. Je vois dans son regard qu’elle s’inquiète presque autant que moi et cela n’est pas pour me rassurer. A ce stade, je crois que je ne le serai que lorsque j’aurai eu le fin mot à toute cette histoire. « Comment ça, ils ont l’air de croire que tu as été agressée ? » Mes yeux oscillent entre l’infirmière et Prudence, qui semble souffrir le martyre au moindre mouvement. Plus les minutes passent, moins je comprend ce qu’il se passe ici. C’est comme regarder un film dont on ne saisit pas les paroles. « Vous m’avez l’air bien catégorique… C’est vrai, ses affaires sont encore là. Elle a son téléphone et son sac à main. » J’essaie, du mieux que je peux, d’abonder dans le sens de Prudence bien que je ne crois pas moi-même en la véracité de mes propos. Les gens se font agresser pour de multiples raisons, toutes plus sordides et futiles les unes que les autres. Le fait que ses affaires soient encore en sa possession ne prouve absolument rien.

Après quelques vérifications, l’infirmière finit par partir, nous laissant en tête à tête. Gabriel n’est pas là et les personnes arrivées en premier sur les lieux de l’incident pensent que Prudence a été attaquée. Mon esprit carbure et fait un lien improbable : Gabriel aurait agressé Prudence. Cela n’a aucun putain de sens. Pourquoi ? Dans quel but ? Je sais bien que les actions de mes congénères ne sont pas toutes motivées d’un but précis mais quand même. Cette hypothèse me semble fantasque et ubuesque, Gabriel désigné comme le coupable, jugé par contumace par un tribunal populaire. Je ne le porte pas dans mon cœur mais ce n’est pas pour autant que je le crois capable d’une telle chose. Je tais mes interrogations à Prudence, cela dit. Je souris quand sa main accroche la mienne et je pose sur elle un regard bienveillant. « Oui, on va rentrer. Où sont tes affaires ? » Même moi, j’entends que ça sonne faux. Si je suis heureux qu’elle aille bien, enfin aussi bien qu’elle puisse aller dans sa situation, je ne suis absolument pas rassuré quant au fait qu’elle sorte d’ici. Je m’emploie à rassembler ce qui appartient à ma petite amie quand je ne peux m’empêcher de poser une question qui me taraude l’esprit. « Pourquoi est-ce qu’ils pensent tous que quelqu’un s’en est pris à toi ? » Si c’était le cas, j’espère qu’elle me le dirait. J’ai changé et je ne me jette presque plus tête baissée dans la bagarre.



You
no one could ever know me, no one could ever see me, seems you're the only one who knows
(c)crackintime
Prudence A. Wilk
Prudence A. Wilk
One body, five souls
https://sinking-past.forumactif.com/t627-il-y-en-a-parmi-eux-qui-m-oublient-peut-etre-prudencehttps://sinking-past.forumactif.com/t635-tout-me-fait-mal-dedans-prudence#33419https://sinking-past.forumactif.com/t656-la-galerie-aux-portraits-prudence#34316
Pseudo : nuit d'orage
Avatar et crédit : Nikola Selezinko + me / signa par Awonaa
CW : Décès et opinions conservatrices
Messages : 3364
Blowing up - Aadence 13mb
Occupation : Guide au musée
Âge : 30 Quartier : New town (Stockbridge)
Situation familiale : Célibataire, séparée d'Aaron en janvier 2024
Date d'arrivée à Edimbourg : 27 mai 2021
Don : Spirite — quatre âmes se sont attachées à moi et disposent de mon corps à volonté. Ils rentrent et partent, me volent ma vie. Les autres, je sens leur parfum ou entend leur voix lointaine.

Tes sujets RP : Aaron 2 + Angus + Lúca + Mairead + Saul 4

Blowing up - Aadence Tsuc


Mes fantômes

Kimi
Enfant, genre et âge inconnus. Il est accroché à moi depuis mon enfance. Joueur et curieux.

L'étudiant
Victor. Etudiant français, né en 1944 et décédé au début des années 70. Il est raisonnable et cultivé. Il vit avec moi depuis la fin de mon adolescence.

La danseuse
Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

Le Marin
Rory. Un vieux pêcheur écossais. Il ne peut me posséder que depuis très peu de temps. Il est vulgaire et bruyant, mais étonnamment attachant.

Blowing up - Aadence Empty Re: Blowing up - Aadence

Mer 21 Fév - 18:33
Blowing up
Bruises are just leftover nightmares
J'ai l'impression de me faire avaler par ce matelas. Je n'ai pas la force de m'en extirper. Même quand Aaron s'approche du lit, je me sens emprisonnée par les draps de l'hôpital. Chaque mouvement me coûte. Je vois l'inquiétude dans les yeux de mon petit ami, ignore comment y répondre. J'aimerais lui dire que tout ira bien, mais le mouvement du personnel de santé m'agace. Ils ont tous un avis sur les événements que j'ai traversés et me pensent visiblement trop sotte pour respecter le mien. Aaron est le seul qui me parle comme à une adulte. Je fais non de la tête.

— Gabriel n'est pas encore réveillé.

Parler me fait mal. J'ai l'impression que mon système respiratiore est aplati et que le passage de l'air est limité, mais je refuse d'avoir l'air abattue. Je tiens à ce qu'on me laisse sortir sans avoir à me battre. Une infirmière rentre et en rajoute une couche, entrainant Aaron dans ses angoisses. Ce dernier prend encore la peine de m'écouter et de rester de mon côté, ce qui m'arrache un réel sourire amoureux. J'avais besoin de lui et j'avais besoin qu'il soit exactement comme il est à ce moment précis. Je me sentais seule avant son arrivée. Victor fouinait pour récolter les informations dont on me privait. Léonie et Rory sont rentrés à l'appartement avec Kimi. Il était terrifié par la dispute entre Gabriel et son fantôme au point que j'ai laissé sa panique me contaminer. Je n'ai plus su bouger. J'ai même essayé de convaincre Victor de prendre le relais. En me voyant tomber au sol, Kimi s'est mis à hurler. C'est ainsi que Victor me l'a raconté. Je préfère attendre qu'il ait oublié et que mon visage ne soit plus autant coloré avant de le retrouver et de lui montrer que je me sens mieux. En comparaison, Aaron est l'élément stable dont j'avais besoin. Je lui indique mes affaires d'un geste de ma main libre, celle qui ne s'accroche pas à lui pour le supplier de ne pas m'abandonner. Sur le dossier d'un fauteuil se trouvent mon manteau, mon écharpe et mon sac.

— Je ne sais pas, Aaron. Ils refusent de réfléchir à une autre théorie, c'est plus facile de se dire que Gabriel est fautif ou fou à lier. Il n'est pas là pour se défendre. Mais je suis juste tombée face contre terre en m'évanouissant et je marque vite. Personne ne s'en est pris à moi, je te promets.

Je n'aime pas cette question et je n'aime pas lui mentir, mais je ne peux pas légitimement lui reprocher de me la poser. J'espère le rassurer. Je n'ai pas envie qu'il me pense victime d'une personne dérangée et qu'il ait peur pour ma sécurité pour les semaines à venir. Il ne mérite pas d'être dans ce sentiment désagréable sans réelle raison.

— Ce n'est sûrement qu'une histoire de produit toxique. Gabriel en manipule toute la journée, sa ventilation a pu avoir un problème.

Je lui fais un sourire pâle. C'est une explication plus rationnelle que la théorie des responsables du musée, à savoir que quelqu'un se serait introduit dans l'institution, nous aurait croisés dans les couloirs, m'aurait frappée et aurait plongé Gabriel dans le coma sans le toucher. Le seul problème est que les analyses toxicologiques ne vont rien révéler et ma petite histoire partira en fumée. Je compte sur le fait qu'Aaron ne sera jamais informé des résultats. L'enquête patinera. On fermera le dossier.

Au même moment, le médecin arrive avec les papiers à signer. Il me fait le regard pour me demander silencieusement si je suis certaine de mon choix, mais il n'insiste plus à voix haute depuis longtemps. Il me trouve borné, aime dire aux infirmiers et aux infirmières que je suis sa patiente la plus têtue. Je suis étonnée qu'il ne tente pas de passer par Aaron pour me convaincre. J'aurais détesté qu'il le fasse. Tout en apposant ma signature en bas des différentes feuilles, je poursuis ma conversation avec mon petit ami.

— C'est un non-incident. Gabriel va bientôt se réveiller, mes bleus vont disparaître et nous n'aurons plus besoin d'y penser.

Oh, je vois la grimace du médecin. Si je l'ignore, c'est volontairement car je ne suis pas d'humeur à me battre pour imposer mon point de vue.  Il récupère le dossier et part en me saluant. Je suis la seule dans ce bâtiment à savoir exactement ce qu'il s'est passé et je le resterais jusqu'au réveil de mon ami. Je me tourne vers Aaron, encore ce sourire fatigué sur mon visage. C'est le mieux que je puisse faire avec cette fatigue et ces muscles épuisés. Je réussis à descendre du lit. Mes jambes tremblent sous mon poids, mais tiennent. Je cherche à me tenir à lui. Le moindre mouvement appuie sur mes ecchymoses.

— Peut-on rentrer, maintenant ? S'il te plaît. Ça ne te dérange pas qu'on reste chez toi ? Je ne veux pas inquiéter ma tante.

J'ai une voix plus douce, un regard suppliant. Je ne me sentirais pas en sécurité tant que nous serons dans ce bâtiment et que je devrais me tenir prête à répondre à des questions à n'importe quel moment. Mon envie est restée la même : me réfugier dans les bras d'Aaron, au fond de sa chambre aux lumières éteintes, et y attendre que le choc initial se dissipe pour mieux réaliser ce qu'il s'est passé aujourd'hui. 


La danseuse/Leonie + L'étudiant/Victor + Prudence/le corps




nevermore
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. « Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant.
Aaron Mahoney
Aaron Mahoney
Rehab
Pseudo : Elo
Avatar et crédit : Oliver Jackson Cohen / atlantis (avatar) / crackintime (signa)
CW : Alcool, jeux, drogues
Messages : 2121
Occupation : Garagiste
Âge : 33 Quartier : Un studio au dessus d'un garage dans Leith
Situation familiale : Célibataire, père de substitution de la fille de sa meilleure amie, Aaliyah. Demi frère d'Eliott.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours
Don : Il voit la mort, littéralement parlant. Plus l'heure du décès approche, plus les couleurs s'évaporent. Son monde n'est qu'un dégradé de couleurs délavées, de noir et de gris. Les personnes proches du trépas lui apparaissent en noir et blanc, sans qu'il ne sache pour autant quand exactement, ni où, ni comment. Ce don le perturbe autant qu'il le fatigue. Il a régulièrement besoin de calme et de s'isoler dans une pièce sombre pour reposer ses yeux.

Blowing up - Aadence 67iq
Blowing up - Aadence 8d5s

Blowing up - Aadence Empty Re: Blowing up - Aadence

Lun 11 Mar - 16:03
Blowing up
Je me rappelle encore de la dispute que j’ai eue avec Prudence, quand j’ai absolument tenu à ce qu’elle voit un médecin il y a quelques mois. C’était juste après l’attaque à la bombe et j’ai, je pense, mal transmis mon inquiétude à son sujet. Elle s’est sentie agressée, je n’ai pas envie que cela recommence. Pourtant, quand je la regarde, je me range intérieurement du côté du personnel soignant. Prudence fait toute petite sur le grand matelas blanc, la peau marbrée des ecchymoses qu’elle a récoltée lors de son accident. Ou de son agression, si j’en crois tout ce que j’entends ici. J’essaye d’avoir la version de ma petite amie, sa version à elle et pas celle qui m’est colportée de droite et de gauche. Alors, je pose des questions, doucement. Je prends le ton le plus doux et bienveillant que la nature m’a permis d’avoir. Je sais que d’ordinaire, je peux paraître bourru. Je fronce les sourcils quand elle m’annonce que Gabriel n’est pas encore réveillé. Comment ça, pas encore réveillé ? Pas que son sort m’inquiète énormément, bien que je ne souhaite de mal à personne, mais cela indique que l’agression (ou l’accident, appelez ça comme vous voulez) a été plutôt violente.

Moi, honnêtement, je ne sais pas tellement quoi penser de tout ça. Je n’ai pas envie de verbaliser mes doutes et, de toute façon, c’est plausible qu’elle ne se souvienne de rien. Je ne me souviens pas non plus de ce qu’il s’est passé entre le moment où mon corps est tombé et celui où je me suis réveillé lors de ma dernière overdose. Elle a pu simplement trébucher, heurter quelqu’un qui arrivait à pleine vitesse ou faire un malaise. Je n’aime pas plus la manière dont elle se sent obligée de se justifier devant l’infirmière qui est encore là. « Je te crois, Pru. » Je l’embrasse sur le sommet du crâne avant de me tourner vers le personnel de l’hôpital, le regard un peu plus dur. « Je ne pense pas qu’elle ait besoin de vos insinuations en ce moment. Si elle vous dit qu’elle n’a pas été agressée, alors elle ne l’a pas été. » A vrai dire, leur acharnement m’énerve même si je ne suis pas convaincu à cent pour cent de ce que, moi même, j’avance. Il sera grand temps de démêler cela plus tard, quand nous serons rentrés au calme et dans un endroit qui n’empeste pas le désinfectant. Je tourne le regard vers ses affaires, posées sagement sur le siège. Si je ne crois pas au simple accident, je ne crois pas non plus à l’agression. C’est étrange de s’en prendre à quelqu’un dans les allées d’un musée. Et puis, elle a tout ses effets personnels. C’est autre chose.

Après un hochement de tête désapprobateur, l’infirmière s’éloigne, annonçant que le médecin va bientôt arriver avec les papiers à signer pour la sortie. Parfait, nous n’avons plus qu’à patienter bien sagement. Je pourrais commencer à rassembler les affaires de Prudence mais celle ci me tient fermement la main et je n’ai pas envie de lui demander de la lâcher si cela la rassure. Je me contente donc de rester assis à ses côtés, lui offrant tout le support que je peux. Tout ceci est assez inhabituel pour moi, ma relation la plus longue avant celle ci fut avec Cléopâtre et à l’époque, nous étions deux junkies tout aussi drogué l’un que l’autre. Nous n’avions pas pour habitude de se soutenir comme cela. Pour elle, je n’aurais probablement jamais accouru. Et sûrement que j’en aurais pas été capable. Quand Prudence ouvre la bouche, c’est pour tenter de m’expliquer le malaise qui les a frappés, Gabriel et elle même. Je veux bien réfuter l’hypothèse de l’agression mais son histoire de solvants, je n’y crois pas une seule seconde. Moi aussi, je travaille avec des produits toxiques. Le garage empeste l’huile de moteur et le cambouis, sans parler des peintures et autres dissolvants utilisés en carrosserie. Mon père et mon grand-père avant lui travaillaient également dans des petits locaux pas très bien ventilés et cela n’est jamais arrivé. « Peut-être… De toute façon, ils ont bien du vous faire une prise de sang ? Les médecins le verront rapidement si cela vient de ça. » J’annonce pensivement, en haussant les épaules. Je ne me sens pas de la contredire frontalement. Et puis de toute façon, je ne compte pas réclamer de voir les analyses.

Le médecin pénètre dans la chambre et semble encore plus antipathique que l’infirmière. Il tend les papiers à signer à ma petite amie et j’ai l’impression que le simple fait de tenir un stylo est une grande souffrance. Je détourne le regard, extirpe ma main de l’emprise de la jeune femme pour commencer à ranger un peu tout ce qui est à elle. Je ne sais pas ce que je dois penser de tout ça. Je ne sais pas ce qui est vrai et ce qu’il ne l’est pas. Je ne crois pas à la théorie de l’agression mais j’ai l’étrange pressentiment que Prudence ne me dit pas tout. Je ne laisse pas au médecin le loisir d’essayer d’être son vecteur de persuasion et ne me retourne que lorsqu’il s’en va. « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un non-incident quand on se retrouve à l’hôpital. Je pense qu’ils dramatisent ce qu’il t’est arrivé mais toi, j’ai le sentiment que tu le minimise. » J’ai un sourire et c’est là simplement mon avis, sans jugement sur le sien. Je m’inquiète, c’est tout. Je tend les bras vers elle quand elle se lève et je la laisse se servir de moi comme d’une béquille. Je la soutiens par la taille, portant son sac de ma main libre. « Oui, on peut rester chez moi. Cela ne me dérange pas. Je te ramènerai chez ta tante quand tu le souhaiteras. » Cela ira si nous restons dans ma chambre, celle que j’ai aménagée au sous sol, uniquement pour que nous ayons tous un minimum d’intimité.

Nous traversons l’hôpital au rythme des pas de Prudence, je calque mon allure à la sienne. Heureusement que j’ai eu la bonne idée de ne pas me garer trop loin de la porte d’entrée. Je déverrouille la voiture et je l’aide à s’installer sur le siège côté passager avant de contourner la voiture pour me mettre du côté conducteur. « Est-ce que tu veux manger quelque chose de spécial ? » Je demande, alors que j’engage la voiture dans le trafic en prenant la direction de mon appartement.



You
no one could ever know me, no one could ever see me, seems you're the only one who knows
(c)crackintime
Prudence A. Wilk
Prudence A. Wilk
One body, five souls
https://sinking-past.forumactif.com/t627-il-y-en-a-parmi-eux-qui-m-oublient-peut-etre-prudencehttps://sinking-past.forumactif.com/t635-tout-me-fait-mal-dedans-prudence#33419https://sinking-past.forumactif.com/t656-la-galerie-aux-portraits-prudence#34316
Pseudo : nuit d'orage
Avatar et crédit : Nikola Selezinko + me / signa par Awonaa
CW : Décès et opinions conservatrices
Messages : 3364
Blowing up - Aadence 13mb
Occupation : Guide au musée
Âge : 30 Quartier : New town (Stockbridge)
Situation familiale : Célibataire, séparée d'Aaron en janvier 2024
Date d'arrivée à Edimbourg : 27 mai 2021
Don : Spirite — quatre âmes se sont attachées à moi et disposent de mon corps à volonté. Ils rentrent et partent, me volent ma vie. Les autres, je sens leur parfum ou entend leur voix lointaine.

Tes sujets RP : Aaron 2 + Angus + Lúca + Mairead + Saul 4

Blowing up - Aadence Tsuc


Mes fantômes

Kimi
Enfant, genre et âge inconnus. Il est accroché à moi depuis mon enfance. Joueur et curieux.

L'étudiant
Victor. Etudiant français, né en 1944 et décédé au début des années 70. Il est raisonnable et cultivé. Il vit avec moi depuis la fin de mon adolescence.

La danseuse
Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

Le Marin
Rory. Un vieux pêcheur écossais. Il ne peut me posséder que depuis très peu de temps. Il est vulgaire et bruyant, mais étonnamment attachant.

Blowing up - Aadence Empty Re: Blowing up - Aadence

Sam 23 Mar - 0:42
Blowing up
Bruises are just leftover nightmares
Je n'aurais jamais dû me lever ce matin. C'est ce que je me dis en signant ces fichus papiers plein de phrases imprimées en gras pour bien me prévenir que le personnel médical n'est pas responsable de ce qui m'arrivera après être sortie contre leur accord. Je n'ai qu'Aaron de mon côté. Je déteste lui mentir, je déteste ça. J'arrive à sourire et faire semblant que j'ai hâte que les résultats d'analyse arrivent. Comme d'habitude, ils souligneront mon manque alarmant de calcium et de fer. Rien du côté de la drogue ou d'autres produits toxiques.

Je m'attendais à ce que mon petit ami revienne à la charge, bien qu'il enrobe son inquiétude de douceur. Je retiens une remarque blessante pour balayer la remarque d'Aaron. À la place, je ferme les yeux et inspire profondément. Il fait de son mieux dans une situation qui doit lui apparaître comme très étrange.

— Je ne minimise rien. Il ne m'est rien arrivé.

J'entends, en les prononçant, que ces deux phrases se contredisent mais je ne me reprends pas. C'est une façon de dire que je ne veux pas en parler et encore moins ce soir. Je n'ai pas le calme nécessaire pour élaborer un mensonge parfait, qui permettrait à Aaron d'oublier son inquiétude. Il mérite ça, pas de perdre du sommeil sur cette histoire. Je glisse hors du lit, grimace en sentant la douleur de devoir soutenir mon propre poids.

— Merci.

Le plus difficile est de quitter l'hôpital. Je dois faire des petits pas, pas trop rapides, en faisant attention à ma respiration car cette dernière semble plus courte que la normale. Je suis cramponnée à Aaron. J'ai un soupir de soulagement en reconnaissant sa voiture. Je compte mes pas, pour penser à autre chose qu'à la douleur, je souris à mon petit ami lorsque mes yeux se posent sur lui. J'aimerais lui dire à quel point je suis heureuse qu'il soit là, peu importe ses doutes sur ma version de l'histoire. Il est là, à me maintenir alors que je m'installe sur mon siège.

— Je n'ai pas faim, je suis désolée.

J'ai une boule qui se forme dans ma gorge. Je sens que je vais gâcher la soirée de tout le monde. Aaron n'osera jamais me le reprocher, j'en suis certaine, combien même je le force à changer les plans pour sa soirée, combien même je le force à veiller sur moi alors que je ne vais pas être d'une compagnie agréable. J'ai mal dès que je bouge un muscle, peu importe lequel. Les lumières renforcent mon mal de crâne et je ferme les yeux pour me préserver. Je pense à Gabriel qui ne s'est toujours pas réveillé. Si c'est à cause d'une tentative de prise de contrôle de son corps, il aurait dû remonter à la surface à l'heure actuelle. Je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà été prisonnière de ma chair aussi longtemps, d'être dans les limbes plutôt qu'en contrôle. Je ne comprends pas ce qui se passe. Peut-être aurais-je dû rester pour veiller sur lui ou l'aider, mais je n'en ai pas eu la force. Je voulais être en sécurité, avec mon petit-ami. Sans que je m'en aperçoive, je commence à pleurer.

— Excuse-moi. Excuse-moi.

Je répète, paniquée, en essayant d'essuyer les larmes. Je ne veux pas inquiéter Aaron. Je commence à me pencher pour chercher un mouchoir dans mon sac, mais les bleus au niveau de mes côtes me retiennent. Je pousse un grognement frustré, je tape des pieds et l'espace d'une poignée de secondes, je me moque de ressembler à un enfant qui fait un caprice. Je voudrais m'arracher les cheveux, je donne un coup du côté du poing dans la vitre de ma portière. Le mouvement était mou, il n'y avait aucun risque que je fasse du dégât. Je n'aurais jamais osé, sinon. C'est que cette journée n'en finit pas. Je pense à la police qui ne va rien lâcher si le musée porte plainte, aux mensonges que j'ai dû débiter à mon petit ami et que je devrais répéter à d'autres, pour protéger Gabriel. Un immense sentiment de solitude s'abat sur moi. Je ne peux demander de l'aide à personne, pas même à l'homme que j'aime. J'enfouis mon visage dans mes mains pour sangloter, une fois la colère et la frustration passée, que je me suis suffisamment débattu contre le vent. Je suis essoufflée, j'ai mal partout. Mon corps m'en veut terriblement.

— Excuse-moi. Je suis si fatiguée, je ne me reconnais pas.

Ma voix peine à s'échapper de la prison de mes doigts. Je n'ose plus regarder Aaron dans les yeux. Toutes mes émotions me dépassent, j'ai terriblement honte de mon état. Ressembler à une victime d'agression ne suffisait pas, je dois également agir comme une adolescente déséquilibrée, à pleurer et m'agiter sur mon siège. Je préfère ne pas savoir ce que mon petit ami pense de moi, à cet instant précis.


La danseuse/Leonie + L'étudiant/Victor + Prudence/le corps




nevermore
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. « Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant.
Aaron Mahoney
Aaron Mahoney
Rehab
Pseudo : Elo
Avatar et crédit : Oliver Jackson Cohen / atlantis (avatar) / crackintime (signa)
CW : Alcool, jeux, drogues
Messages : 2121
Occupation : Garagiste
Âge : 33 Quartier : Un studio au dessus d'un garage dans Leith
Situation familiale : Célibataire, père de substitution de la fille de sa meilleure amie, Aaliyah. Demi frère d'Eliott.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours
Don : Il voit la mort, littéralement parlant. Plus l'heure du décès approche, plus les couleurs s'évaporent. Son monde n'est qu'un dégradé de couleurs délavées, de noir et de gris. Les personnes proches du trépas lui apparaissent en noir et blanc, sans qu'il ne sache pour autant quand exactement, ni où, ni comment. Ce don le perturbe autant qu'il le fatigue. Il a régulièrement besoin de calme et de s'isoler dans une pièce sombre pour reposer ses yeux.

Blowing up - Aadence 67iq
Blowing up - Aadence 8d5s

Blowing up - Aadence Empty Re: Blowing up - Aadence

Mar 16 Avr - 11:40
Blowing up
Une double négation est une affirmation. Prudence se contredit elle-même ce qui me conforte dans mon idée de départ. Les médecins pensent à une agression parce que c’est ce qu’il y a de plus évident mais ils se trompent. Les gens ne se font pas agresser dans les allées d’un musée, cela me paraît complètement fou et je tomberais vraiment des nues si on venait à me dire que c’est ce qui est réellement arrivé à ma petite-amie. Et puis, je ne comprendrais pas pourquoi elle cacherait une telle chose. Les agressions ne sont pas du fait des agressés mais des agresseurs. C’est quelque chose d’autre, qui s’apparente plus à l’accident sans que cela n’en soit réellement une non plus. Des millions de questions arrivent dans mon esprit au même moment et me brûlent la langue. Je prends sur moi et je me tais. Rien que signer des papiers semble hors de ses capacités alors je n’ai pas envie de l’assaillir avec mes interrogations plus ou moins intrusives. Je ne veux pas être ce genre de mec qui demande à sa copine de lui détailler sa journée. Je sais que Prudence aime son travail au musée et il ne m’appartient pas de remettre tout cela en doute, malgré mon inquiétude. Et donc, je n’en rajoute pas.

Je l’aide avec ses affaires, je l’aide à traverser le couloir jusqu’à ma voiture. J’essaie de me montrer le plus prévenant possible. Ce n’est pas la chose la plus compliquée, j’ai juste à la laisser s’appuyer sur moi et gainer pour ne pas que nous basculions sous l’effet de nos deux poids. Son excuse sur les solvants me revient en mémoire. Il faudrait vraiment que l’atelier de Gabriel ne soit pas ventilé du tout pour que les vapeurs parviennent jusqu’à dans le couloir. Mon garage n’est pas hyper au point de ce côté là pourtant, une fois à l’étage, les odeurs ont disparues. Je baisse la tête quand je sens qu’elle me regarde et je lui souris en retour. Je suis vraiment heureux qu’elle se sente suffisamment bien pour marcher et décider de rentrer à la maison. Elle ne souhaite pas rester et je crois que je comprends. Les hospitalisations, bien que nécessaires parfois, ne sont pas une partie de plaisir. Je serais resté avec elle toute la nuit si elle me l’avait demandé. Quitte à dormir sur une chaise en bois, j’ai dormi dans des endroits bien pires que cela dans une époque sombre de ma vie. Nous arrivons enfin au niveau de ma voiture et je l’aide à prendre place du côté passager avant de mettre ses affaires sur la banquette arrière, à côté du petit siège auto de Syd. Je manœuvre et je nous sors du parking.

Elle n’a pas l’air décidée de me parler de ce qu’il s’est passé. De ce qu’il s’est réellement passé alors je pose une question un peu bateau. On pourrait marquer un arrêt chez un traiteur qu’elle adore, si elle le souhaite, et manger des plats à emporter au lit bien que je n’aime pas spécialement ça. Cela met des miettes un peu partout et si un peu de nourriture tombe, cela risque de tacher la couette. Je ne suis pas maniaque, loin s’en faut, mais je ne suis pas fan des repas au lit. Cependant, si Prudence le souhaite, je suis prêt à le faire. Mais elle refuse poliment et j’opine du chef. « Pas de problème, ne t’excuses pas voyons. » Prudence a une fâcheuse tendance à s’excuser depuis que je suis arrivée dans la chambre. Elle s’est même excusée de peur de me déranger. Du coin de l’oeil, je vois les larmes qui commencent à rouler sur les joues de la jeune femme. Je n’en dis rien les premiers moments, je fais semblant de me concentrer sur ma route. En réalité, heureusement que nous sommes arrêtés dans les embouteillages de fin de journée parce que je ne suis pas du tout à ce que je fais. Il ne manquerait plus que nous soyons victimes d’un accident de la route.

Puis c’est la panique qui semble s’emparer d’elle. J’aimerais pouvoir la prendre dans mes bras pour la calmer mais je ne peux pas, je suis coincé derrière ce volant à la con. Je quitte complètement la route des yeux, profitant que nous soyons à l’arrêt en raison d’un feu tricolore. « Calme-toi, Prudence. Ce n’est pas de ta faute. De quoi donc es-tu désolée ? » Si c’est de m’avoir tiré de mon garage et d’avoir un peu chamboulé ma soirée, ce n’est vraiment pas grave. Cela dit, je doute que cela vienne de ça. Je ne suis pas égocentrique au point là, je ne dois pas être le sujet de préoccupation de Prudence à cet instant. Peut être est-ce Gabriel qui ne s’était toujours pas réveillé au moment de notre départ de l’hôpital ? Mais dans ce cas, pourquoi me dire à moi qu’elle est désolée ? Là encore, il y a des détails qui m’échappent. Il me manque un certain nombre de pièces pour que le puzzle soit complet. Le feu passe vert et je suis obligé de détourner mon attention de Prudence pour me focaliser sur la route et ses obstacles.

Je profite d’un nouveau croisement, nous avançons à la vitesse d’un escargot asthmatique, pour me tourner pleinement vers elle. C’est la dernière intersection avant mon appartement et je sais combien elle est encombrée à cette heure de la journée. Nous allons mettre autant de temps à la traverser que nous en avons mis depuis l’hôpital pour en arriver là. « Tu peux m’en parler, Pru. Pourquoi tu ne te reconnais plus ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Je pose cette fois frontalement la question, d’un ton doux. Je n’ai pas insisté pour qu’elle reste à l’hôpital, j’ai même pas laissé au médecin le loisir de se servir de moi pour essayer de la convaincre. Je veux bien me plier en quatre pour que la soirée lui soit plus agréable, cacher son état à sa tante mais j’aimerais, en retour, comprendre un minimum ce qu’il vient de lui arriver.



You
no one could ever know me, no one could ever see me, seems you're the only one who knows
(c)crackintime
Prudence A. Wilk
Prudence A. Wilk
One body, five souls
https://sinking-past.forumactif.com/t627-il-y-en-a-parmi-eux-qui-m-oublient-peut-etre-prudencehttps://sinking-past.forumactif.com/t635-tout-me-fait-mal-dedans-prudence#33419https://sinking-past.forumactif.com/t656-la-galerie-aux-portraits-prudence#34316
Pseudo : nuit d'orage
Avatar et crédit : Nikola Selezinko + me / signa par Awonaa
CW : Décès et opinions conservatrices
Messages : 3364
Blowing up - Aadence 13mb
Occupation : Guide au musée
Âge : 30 Quartier : New town (Stockbridge)
Situation familiale : Célibataire, séparée d'Aaron en janvier 2024
Date d'arrivée à Edimbourg : 27 mai 2021
Don : Spirite — quatre âmes se sont attachées à moi et disposent de mon corps à volonté. Ils rentrent et partent, me volent ma vie. Les autres, je sens leur parfum ou entend leur voix lointaine.

Tes sujets RP : Aaron 2 + Angus + Lúca + Mairead + Saul 4

Blowing up - Aadence Tsuc


Mes fantômes

Kimi
Enfant, genre et âge inconnus. Il est accroché à moi depuis mon enfance. Joueur et curieux.

L'étudiant
Victor. Etudiant français, né en 1944 et décédé au début des années 70. Il est raisonnable et cultivé. Il vit avec moi depuis la fin de mon adolescence.

La danseuse
Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

Le Marin
Rory. Un vieux pêcheur écossais. Il ne peut me posséder que depuis très peu de temps. Il est vulgaire et bruyant, mais étonnamment attachant.

Blowing up - Aadence Empty Re: Blowing up - Aadence

Dim 21 Avr - 18:40
Blowing up
Bruises are just leftover nightmares
Je sens chaque mouvement de la voiture. Les virages appuient la ceinture contre ma peau bleuie, m'interdisant de me détendre. Je ferme les yeux en espérant que me concentrer sur ma respiration pourrait aider, mais à la place ce sont les questions sans réponses que je voudrais repousser jusqu'à demain qui prennent toute la place. Je voudrais du silence, la paix, pouvoir me satisfaire de la présence de mon petit ami qui a arrêté tout ce qu'il faisait pour venir me chercher dans l'un de mes pires moments. Je craque. Je me débats contre le vide, pleure, m'en prends à l'habitacle qui m'enferme.

Je ne sais pas comment Aaron fait pour ne pas en avoir marre de ma fragilité et de mes sautes d'humeur. Plus je m'enfonce dans la spirale, plus je suis instable. Même sa voix me paraît distante. Je pense à la suite. J'ai peur du regard de mes collègues, la prochaine fois que je mettrais le pied au musée. J'ai un arrêt de travail jusqu'à la fin de la semaine prochaine. Ils auraient été moins généreux si mon poste ne consistait pas à me faire tenir debout plusieurs heures de suite. Je ne sais pas ce que je vais faire, seule durant mes journées. Je ne peux pas demander à Aaron d'arrêter sa vie pour prendre soin de la mienne jour et nuit jusqu'à ce que j'arrive à me relever.

— Je ne suis qu'un fardeau.

Je dois être sauvée à la moindre occasion, que ce soit par ma tante ou par mon petit ami. Je ne suis pas capable de prendre les rênes de ma vie, alors que j'ai eu trente ans il y a quelques semaines. Je suis pitoyable, pathétique, immature, dépendante. Je déteste ce que je suis, aujourd'hui. Je suis impuissante. Mon meilleur ami est dans le coma et j'ai fui. Je n'en veux pas à Aaron de s'inquiéter pour moi, je m'en veux à moi-même de le mêler à une histoire dont je ne peux rien lui dire.

— S'il te plaît, arrête de poser cette question.

Je plaque mes mains sur ma bouche pour retenir les hoquets qui accompagnent mes sanglots. Je me sens mal. À force d'être secouée par les pleurs, je commence à ressentir une nausée puissante. Plus je bouge, plus mes muscles m'en veulent. J'aimerais être arrivée à l'appartement d'Aaron, plutôt que sur ce siège inconfortable, avec la ceinture qui appuie sur mes côtes abîmées.

— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé.

Je couine. Ma voix peine à se faire entendre et sort aigüe. Je passe les mains dans mes cheveux sans savoir pourquoi. Je me sens folle. Je bouge pour bouger, sans réfléchir. Je me sens claustrophobe, enfermée dans cet habitacle, entourée d'autres voitures dans cet embouteillage. L'immobilité du trafic renforce mon sentiment d'être prise au piège. J'inspire bruyamment et force un maximum d'air dans mes poumons. Tout me fait mal.

— Gabriel avait oublié que nous devions nous voir. Je suis descendue aux ateliers, j'ai toqué à sa porte. Après ça, je ne me souviens de rien. J'ai repris conscience dans l'ambulance.

J'espère que cela suffira à assouvir sa curiosité. En-dehors de mon amnésie, c'est ce qui s'est réellement passé. Je ne mentionne pas la dispute et les cris de Gabriel, pour ne pas donner une mauvaise image de lui. Cela aiderait la thèse de l'agression, bien qu'Aaron n'ait pas l'air d'y adhérer. Il est trop lucide pour blâmer la première personne qui passe, malgré son différend stupide avec Gabriel. La vérité est qu'un esprit a voulu prendre le contrôle de mon corps, puis prendre le contrôle de mon ami. Mon enveloppe a l'habitude, mais la sienne ? J'imagine son âme perdue dans les tréfonds de son corps, là où se trouve la mienne quand un de mes amis occupe ma chair. Je n'y ai jamais été bloquée. Je remonte à la surface systématiquement lorsque l'esprit en sort.

— Je ne comprends pas pourquoi il ne se réveille pas.

Je pleure de nouveau, les mains plaquées sur ma bouche pour retenir mes sanglots et mes nausées. Les médecins ne pourront pas l'aider. Peut-être aurais-je dû rester à ses côtés pour lui parler et l'aider à remonter à la surface. J'ai été égoïste. J'avais besoin d'Aaron et de quitter l'hôpital, alors que je savais que mon ami avait besoin de moi. Une de mes mains quitte finalement mon visage pour trouver du réconfort dans celle de mon petit ami. Je suis désolée de l'utiliser comme bouée plutôt qu'être capable de garder la tête hors de l'eau par mes propres moyens.


La danseuse/Leonie + L'étudiant/Victor + Prudence/le corps




nevermore
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. « Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant.
Contenu sponsorisé

Blowing up - Aadence Empty Re: Blowing up - Aadence

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum