Famille

C’est le grand-père d’Aedan qui s’est installé à Edimbourg lorsqu’il était jeune, avant la naissance de ses enfants. Il était accompagné par sa femme et l’Histoire veut que ce soit elle qui ait décidé que la capitale Ecossaise serait un bon lieu pour leur installation. Les Loebhan sont arrivés avec leur savoir faire journalistique et se sont lancés dans la presse, comme une autre branche de la famille le faisait déjà en France. Nouvellement arrivée, la famille a mis le paquet pour réussir et pour impressionner tout Edimbourg ! C’est ainsi que le père d’Aedan et son oncle ont, des années durant, développé leur journal, faisant briller la famille par la même occasion.

Sont installés à Edimbourg aujourd’hui :
les grands parents, Elise et Mathieu Loebhan. Ils ont cessé d’exercer aujourd’hui mais gardent un œil plus qu’attentif sur le travail des enfants et petits enfants ! On ne rigole pas avec le travail. Ils sont tous deux très rigides.

les parents, Anthony et Lucy. Anthony a tout pris de la rigidité de ses parents ! Il attend de son fils l’exemplarité, ni plus ni moins. Il travaille au développement économique du journal. Lucy est plus observatrice que son époux et si elle perçoit aujourd’hui la tristesse de son fils, elle ne lui permet pas de la montrer.

la sœur, Luna ainsi que son époux et leur fils, Pavel et Yuri. Luna et Aedan s'entendent à la perfection ! Le frère et la sœur passent beaucoup de temps ensemble. Luna, Pavel et Yuri comptent finalement parmi les rares membres de la famille qu'Aedan apprécie beaucoup et sur qui il sait pouvoir compter. Il est notamment très proche de son neveux, Yuri, qu'il prend un malin plaisir à bousculer légèrement - c'est que le gamin est si timide !

l’oncle et la tante. Aedan ne les aime guère et il ne se préoccupe pas d'eux.
les cousins et cousines, dont Priam Ce dernier est aujourd’hui rédacteur en chef du journal où écrit Aedan. Une saine (non) compétition anime les deux cousins. Priam étant marié et père de famille, il s’en sort pour l’heure mieux qu’Aedan, qui a beaucoup de mal à supporter cet état de fait.

Enfance
Aedan a grandi dans cette ambiance guindée et stricte. Si les affaires marchent bien, il n’a jamais été question de relâcher la garde et les Loebhan perpétuent la tradition d’en attendre toujours plus de leurs enfants. Aedan a donc reçu une éducation au poil : bonnes manières, histoire familiale, histoire du journalisme, politesse et convenance … À cela, ses parents ont ajouté quelques menues surprises de leur cru, pour faire de ce gosse de quelques années un bon parti quand il serait en âge de se marier : danse de salon et piano. Ces attentes ont vite pesé sur les épaules de l’enfant qui n’a montré pour les activités mondaines qu'un intérêt limité. À côté de cela, Aedan est devenu le parfait petit Loebhan qu’on attendait : un gamin bien élevé, poli, doté d’un intérêt certain pour la lecture et l’écriture, curieux comme pas deux. Tout ce qu’il fallait pour faire de lui un bon journaliste !

À ses qualités s’ajoute une prédisposition que le gamin se découvre lorsqu’il a une dizaine d’années. Si les journaux ont toujours fait parti de sa vie - comment pourrait-il en être autrement pour un Loebhan ?! - il remarque un jour des impressions, des flashs, des visions - comment peut-il les nommer, il n’en sait rien et le gosse ne s’en soucie alors pas un seul instant ! La seule chose qui lui est évidente, c’est qu’il devine ce dont vont parler les journaux … et que bien souvent, il tape juste. Ce n’est pas toujours le scoop du siècle que devine le gosse, et son père se moque pas mal de lui le jour où, face à sa soupe du soir, le gamin lui affirme mordicus que “mais je te dis que SI !!! Les poules de la ferme voisine sont toutes malades !” Toujours est-il que le lendemain matin, Anthony rigole drôlement moins quand les journaux titrent tous qu’une étrange maladie touche les poules d’une des fermes au sud d’Edimbourg et que les œufs sont tous impropres à la consommation …

Les visions sont souvent anodines, parfois capitales : en période électorale, Aedan devient vite un précieux allié dans la famille ! Ses parents prennent vite conscience du plus qu’offre ce don pour le journalisme. Dès lors, il devient évident que leur fils sera lui aussi journaliste, qu’il le veuille ou non.

Études et journalisme
Coup de bol, Aedan aime le journalisme. Lui qui ne se retrouve pas toujours (pour ne pas dire rarement) dans sa famille, il apprécie plus que tout ce monde où tout semble aller à mille à l’heure, où il ne peut pas rater la moindre information et où il faut être meilleur que ses concurrents. Il se prête vite au jeu et commence, ado, par aider au journal pendant ses vacances ! Quand le temps est venu de commencer ses études, il opte très vite pour une fac de journalisme, et plutôt deux fois qu’une ! L’homme n’hésite pas un seul instant à utiliser son précieux don pour briller, pour toucher juste, pour pondre un article pertinent à partir de la moindre information qu’il pourra avoir sur l’actualité - qu’elle soit brûlante ou pas. Il profite aussi de ses études et de ces années durant lesquelles il se sent plus loin du cadre rigide de ses parents pour profiter de la vie, s'amuser, rencontrer du monde - et des hommes ! Aedan s'essaye aux jeux de la séduction avec un certain succès ! Côté études et sans surprise, il s’en sort haut la main et est diplômé sans mal. Si ses parents auraient aimé qu’il reste dans le journal familial, Aedan a d’autres ambitions et lorsqu’on lui propose un poste dans le très prestigieux Scotsman, il l’accepte sans une once d’hésitation. Tout plutôt que de travailler sous les ordres de son cousin !

S’il affectionne particulièrement les sujets politiques, Aedan met un point d’honneur à toujours faire son travail correctement. Il traitera avec le même sérieux la nomination d’un nouveau premier ministre que l'inondation des abords du port d’Edimbourg ou le dernier scandale sanitaire. Il se passionne également pour les informations d’ordres culturelles et ne rechigne jamais à enfiler son plus beau costume pour couvrir la soirée de remise de prix littéraires.

C’est à l’occasion de l’une de ces soirées qu’il rencontre Jasper. L’homme est à peine plus jeune que lui, terriblement timide, beau comme un dieu. Le courant passe aussitôt, si vite et si bien qu’Aedan en oublie un temps le papier qu’il doit rédiger, le prix littéraire, l’auteur à interviewer. Ne comptent plus que les beaux yeux de Jasper, la qualité de sa conversation et, bien vite, la douceur de ses baisers. Très vite, les deux hommes deviennent inséparables.

Premier amour
Il lui faut bien peu de temps pour vivre avec Jasper à ses côtés, plus heureux qu’il ne saurait le dire. Leur amour lui semble être comme une évidence, belle et lumineuse, qu’il ne peut pas imaginer s’éteindre un jour. Loin des arrangements de sa famille et de celle de Jasper, Aedan se contente de plonger tête la première dans le bonheur du quotidien qu’il partage avec cet homme qu’il aime tant. Les étreintes tendres, les déjeuners en amoureux, les doigts frais de Jasper sur sa tempe lorsque les migraines commencent à s’installer, les poèmes qu’il lui écrit de temps à autre et sa présence, tout simplement, à ses côtés. Lorsque la question du mariage fait son entrée, Aedan plonge tête la première dans les préparatifs, dans cette sensation sourde et étourdissante de savoir que bientôt, Jasper sera son époux. Cette idée est vertigineuse et magnifique à la fois.

Le changement s’installe lentement, si doucement qu’il ne le remarque pas tout de suite. Pourtant, la distance est là : les mots sont plus rares et les étreintes également. Le temps passe et la flamme dans les yeux de Jasper vacille, suffisant parfois à serrer le cœur d’Aedan qui se rattrape à la réalité. Mais non, voyons. C’est passager. C’est la peur, c’est ce mariage qui arrive qui leur fait perdre les pédales. Il sait que cela arrive - il en fréquente, des amis mariés, heureux mais qui sont passés par cette phase étrange et vacillante … Pourtant, quelque chose s’insinue dans son quotidien, pernicieux, lui laissant songer avec plus de force alors que le mariage approche, que ce qui se trame n’a rien à voir avec les moments de malaise que ses adelphes lui ont narré.

Le soir où il trouve la lettre laissée par Jasper reste gravée dans son esprit. Il a gardé la lettre qui le ramène bien trop souvent à cette soirée de février où, les mains tremblantes et des larmes plein les yeux, il constatait avec un goût amer au fond de la gorge le départ de son amoureux. Aujourd’hui encore, Aedan ne sait rien des raisons du départ de Jasper.

« Je ne mérite pas quelqu’un comme toi.
Tu es ce qu’il m’est arrivé de mieux dans cette vie-là.
Je t’aime. »

Et maintenant
Le départ de Jasper est suivi d’un brouillard épais au travers duquel Aedan ne distingue que du flou. L’incompréhension pèse plus lourd qu’il ne l’aurait cru et la tristesse ne semble pas assez forte pour décrire ce qu’il ressent. Les premiers jours, Aedan a attendu. Après tout, ça ne peut pas être vrai. Jasper va revenir, c’est évident. Mais l’évidence s’efface rapidement et il faut après cela faire face.

Aedan s’avère être plus fort pour l’amour que pour faire face. Il peine à retrouver son masque, peine à garder la tête haute, peine à tout, lui semble-t-il. Il n’a pourtant passé que deux ans aux côtés de Jasper - on devrait se remettre, songe-t-il bien souvent. Mais ce n’est pas si facile que cela. La lettre tournet re etourne dans son esprit et bien trop fréquemment, il se dit qu’il aurait préféré que Jasper lui en parle de vive voix - leur relation méritait mieux que cela, estime-t-il, et après des jours à broyer du noir, la colère prend le dessus - sans chasser la peine et la douleur.

L’homme préfère se concentrer sur les choix qui s’offrent à lui et qui sont plus nombreux que le “fait avec” de son père et le “il te faudra avancer” de sa mère. Leur réaction est une douche froide qui ne fait qu'accroître sa colère et qui, parfois, souvent, lui donne envie de quitter Edimbourg. Tout à sa tristesse, Aedan trouve le temps d’écrire à nouveau des articles, mais aussi un recueil de poèmes qu’il garde précieusement pour lui. Il se rapproche plus de sa sœur et de son neveu, se plonge dans le travail avec acharnement. Après une petite année de passage à vide, Aedan s’essaye à nouveau à l’amour - avec difficulté et hésitation. Il n’est pas certain de se sentir prêt, pas sûr qu’un autre homme puisse remplacer la place qu’avait Jasper dans son cœur. Depuis peu, Yuri a installé Tinder sur son portable, en douce. Aedan n’est pas sûr d’apprécier ces échanges bien peu naturels avec des hommes qui, pour la plupart il en a l’impression, ne cherchent qu’un peu de chaleur pour une nuit ou deux. Cela ne l’empêche pas de swiper régulièrement un coup à gauche, un coup à droite (plus souvent à gauche qu’à droite, d’ailleurs !) pour voir si, peut-être, l’homme de sa vie l'attend quelque part …

Et le reste du temps, naturellement, il se penche discrètement mais efficacement (du moins l’espère-t-il !) sur cette affaire de piratage. Un scoop pareil, Aedan ne peut pas passer à côté !!