Quelques Phrases (oui, dans sa tête, elle les appelle comme ça, avec une majuscule) qui ont marqué sa vie :

« S’il te plait, prends soin de mon Lúca. » (à sa grand-mère, 2005)
Ou comment tout a commencé – ou du moins, beaucoup de choses. Tout ce que son père a voulu lui expliquer, après cela, est que la maman de ce Lúca était morte mais que ce petit garçon ne pouvait pas venir vivre avec eux. Ce n’est que plus tard que Mairead a découvert plus de détails sur cette tante et de ce cousin exclus de leur propre famille, et qu’elle a compris que « il ne peut pas » signifiait en réalité « nous ne voulons pas ».

« Laissez-moi mourir tranquille ! » (crié à sa prof de littérature, 2013)
Cette exclamation en plein cours lui a valu quelques séances chez le psy et une réputation d’émo pour tout le reste de ses années lycée. Elle était plutôt populaire, n’ayant laissé échapper que quelques Phrases sans grandes conséquences, mais après ça, elle a pu compter ses vrais amis.

« Et dire que je ne te verrai pas grandir… » (à un garçon de 6 ans, 2017)
À l’époque, elle hésitait entre devenir institutrice et professeure de littérature, alors elle s’était lancée dans des études de lettres modernes et avait fait un stage auprès de la tante d’une amie, maîtresse en CP. L’idée de transmettre lui plaisait.

« Promets-moi de ne pas ressembler à ton père » (au même garçon, quelques jours plus tard)
Après ça, Mairead a réalisé qu’un métier d’enseignement la forcerait à être proche de ses étudiants, alors elle a changé de vocation. Elle a préféré se lancer dans un cursus en « Culture, Heritage with Gaelic Studies» à Inverness. L’idée était de pouvoir faire un métier autour de la compréhension des autres et des autres cultures, tout en n’ayant pas forcément à être au contact des gens. C'est au cours de ses études que la traduction lui est apparue comme une carrière intéressante.

« Tu n’aurais pas dû laisser partir Katie. » (à son petit ami d’alors, 2020)
Le don de Mairead ne s’était jamais manifesté en dehors d’Édimbourg, d’où ce choix d’étudier dans une autre ville. Elle a pu connaître une vie sociale normale, sans craindre d’avoir un mot de trop au pire moment et de réduire à néant des mois de relation. Sauf que c’est exactement ce qui s’est passé, et sans doute au pire moment possible. Pendant que son petit ami depuis près de 2 ans essayait laborieusement de lui faire comprendre qu’il voulait se projeter beaucoup plus loin avec elle, cette référence à son ex a quelque peu brisé l’ambiance… Les derniers mois d’étude ont été très durs, et alors qu’elle envisageait sérieusement de ne plus remettre les pieds à Édimbourg, Mairead s’est finalement décidée à y retourner, au plus près de sa famille.

« Je suis fier/fière de toi, tu sais. » (à plusieurs personnes, à plusieurs reprises)
Mairead ne transmet pas toujours des phrases négatives, mais celles-ci sont bien plus marquantes. Alors régulièrement, elle s’efforce de se souvenir que les relations humaines ne sont pas uniquement faites de reproches et de regrets. Mais ça lui rappelle aussi qu'il est nécessaire d'agir pour éviter des regrets. Ou les exorciser.

« Tu ignorais vraiment que je n’habitais qu’à quelques miles de toi, ou même le fait que je sois ta sœur ne pouvait te décider à mettre les pieds à Niddrie ? » (à son père, début 2023)
Niddrie… C’est grand, et l’histoire de Saoirse remonte à loin, mais c’est un point de départ pour retrouver ce pauvre cousin qui mérite de connaître sa famille.