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Just a kind of Matriochka

Sinking Past :: Passport, please :: Le Purgatoire :: On the living side

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Youlia Kourotchkine

Don't ever call me "Little Flower"

Pseudo : Nagel / Thibonosaure.
Avatar et crédit : Emily Browning - Nuit.
CW : Harcèlement sexuel - langage vulgaire - sexe - anorexie - consommation de médicaments - trafic d'êtres-humains.
Messages : 71
Just a kind of Matriochka Walking-emily-browning

Occupation : Professeure vacataire, chargée de TD à l'université en relations internationales - doctorante en sciences politiques.
Âge : 34 Quartier : Chambre étudiante dans une résidence située non loin de l'université d'Edimbourg.
Situation familiale : Célibataire ; se considère comme orpheline et fille unique. Elle a en réalité un frère aîné.
Date d'arrivée à Edimbourg : Une première fois en 2015 ; puis revient en 2021.
Don : Aucun. Est encore soumise au don de son ancienne meilleure amie, Adalynn Grey, qui fait que celle-ci peut connaître toutes les émotions de Youlia à toute heure du jour comme de la nuit.

Couleur : #9900ff

Just a kind of Matriochka

Jeu 17 Aoû - 0:08

YOULIA KOUROTCHKINE

[…], Resté[e] seul[e], [elle] fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine où commençaient à briller les lumières. […] [Elle] lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses: "A nous deux maintenant!"

Prénoms : Youlia Inna Kourotchkine ; appelée ainsi pour rendre hommage à sa grand-mère, décédée l’année de sa naissance et qui portait le nom de Youlia Svetlana Kourotchkine. Le « Inna », deuxième prénom de la demoiselle, lui vient en réalité de sa mère qui avait voulu la baptiser ainsi avant le décès de sa tante.
Surnoms : Petite fleur, par son frère. ‘Lia, parfois. Du reste, elle n’en a pas un particulier. Les gens y vont de leur petite fantaisie pour l’interpeler bien qu’elle ne réponde en général qu’à son prénom.
Lieu et date de naissance : 5 Novembre 1989.
Âge : 33 ans.
Nationalité : Russe.
Origines : Russe principalement ; hongroise du côté de sa mère qui avait un père bulgare qui a fui, en 1956, Budapest suite à l’insurrection qui a eu lieu d’octobre à novembre.
Situation familiale : Célibataire ; se considère comme orpheline et sans famille mais a encore, en réalité, un père qui rôde dans la nature et un frère bien décidé à lui remettre la main dessus.
Occupation : Doctorante et professeure vacataire (chargée de TD) en relations internationales à l’université d’Edimbourg pour les premières années de licences de Sciences-Politiques. Elle écrit parfois quelques articles journalistiques et / ou universitaires.
Date d'arrivée à Edimbourg : Une première fois durant l’année scolaire 2015 avant de revenir « définitivement » (pour l’instant, en tout cas) en 2021, une fois les frontières rouvertes.
Groupe : Epargnée.
Avatar : Emily Browning.
Crédits : Nuit d'Orage.

Don

La russe ne détient aucun don et, du fait de son esprit purement pragmatique, cela est sans nul doute pour le mieux. Au contact du surnaturel, elle serait assurément décontenancée et peinerait à retrouver pieds ; à moins qu’elle ne congédie toute personne lui parlant ouvertement de fantômes ou autres voyages temporels tant son esprit est étriqué au niveau de ces questions qui lui rappelleraient certaines croyances de sa mère qu’elle avait en horreur.

Cependant, elle a, dans ses connaissances, des personnes dotées de dons dont elle est souvent victime. Carson West, par exemple, un de ses « amis » qu’elle fréquente principalement pour les relations de ses parents, est capable de sonder l’âme de ceux qu’il touche afin de voir leur avancée vers leur mort ; il s’est confié à ‘Lia à propos de cela en l’avertissant qu’il sentait la sienne brûler des deux bouts mais, trouvant Carson assez « allumé », elle n’en tient pas particulièrement compte. Une autre de ses « amies », Adalynn Grey, qui se pensait autrefois sa meilleure amie avant qu’elle ne l’évince, a utilisé son don d’empathe sur Youlia pour qu’elles soient toutes les deux reliées par un « lien » invisible lui permettant de ressentir constamment les émotions de son ex-meilleure amie ; qu’importe la distance qui les sépare ou le ressentiment qu’elle lui porte désormais, de telle sorte que Youlia ne peut jamais lui cacher ses émotions.

Regrets

’Lia n’a jamais eu une vie facile. Longtemps, elle a pu regretter les derniers mots qu’elle a adressé à sa mère, et dont elle ne se souvient plus. Elle aurait aimé, sans doute, lui dire « je t’aime », « ne pars pas », « ne nous laisse pas » mais en vérité, ils devaient plutôt ressembler à : « laisse-moi », « où est-ce que tu as mis mon t-shirt ? » ou « tu m’énerves ». En vérité, en grandissant, elle s’est dit qu’elle n’était qu’une enfant et que, peu importe ce qu’elle aurait dit, elle aurait tout de même perdu sa mère puisque celle-ci n’est jamais revenue. Peut-être même est-elle morte depuis. Toujours est-il que depuis qu’elle a quitté la Russie, elle se met à y repenser fréquemment.

Elle regrette aussi bien souvent ses actes plus récents. Ses mots, durs, adressés à ce frère criminel qui a tout fait pour elle et qu’elle cherche désormais à fuir. Sa trahison auprès de celle qui se pensait sa meilleure amie, Adalynn Grey ; ses mensonges, ses manipulations ; le flou autour de ses motivations conservé volontairement lors de ses conversations avec M. Dominic Walton qui l’ont laissé penser qu’il avait ses chances avec elle. Parfois aussi, elle repense à sa rupture avec son petit-ami, le seul pour qui elle avait un minimum de tendresse à une époque et ce, même si elle ne l’aimait pas, Troy Puckett.

Dévorée peu à peu par ces sombres démons, Youlia cherche à les faire taire par tous les moyens et n’hésite pas, pour cela, à consommer de plus en plus de médicaments afin de s’assommer jusqu’à ne plus penser à rien, si ce n’est à son travail.

Caractère

Dans la grande toundra russe, tu meurs. Rien de plus. Tu es condamnée à n’être point. Pas un arbre ne couvre son terrain d’une ombre quelconque. La plateforme s’exhibe, se fait battre par les vents, mordre par le froid. Les gens sont condamnés à la quitter pour la grande ville, afin d’y réussir. Quand on a connu l’horreur des vents glacés dans le désert vert, on n’aspire plus qu’à une chose : la chaleur des maisons mitoyennes. Youlia n’y a jamais vécu. Cependant, elle en connaît tous les contes. Sa mère n’avait à la bouche que cela. Quelque part, ça l’a forgée. Elevée dans ces mœurs, la petite brune s’est toujours montrée ambitieuse, désirant quitter la pauvreté de leur maigre appartement moscovite pour pouvoir tutoyer les sommets ; se parant alors de sa grande intelligence et d’une curiosité sans bornes pour y parvenir.

De ce fait, la russe est qualifiée, par certains de ses collaborateurs ; collègues de travail comme anciennes fréquentations d’école ; d’ « arriviste ». Pour obtenir ce qu’elle désire, elle n’hésite pas à faire preuve d’une certaine sournoiserie et ne semble reculer que devant très peu de choses pour obtenir ce qu’elle désire. Afin de réussir dans un monde capitaliste et patriarcal comme celui-ci, elle se doit d’être forte ; alors Youlia ne s’est jamais laissée abattre et n’a plus, depuis son père, baissé les yeux devant personne, tenant toujours tête à l’adversaire pour ne pas être perçue comme une faible, une proie facile à dévorer pour les requins de ce monde. Nikita est, d’ailleurs, particulièrement fier d’elle quant à ce trait de caractère qu’il admire chez elle. Néanmoins, même si elle garde toute sa consistance en public, il n’est pas exclu qu’elle rentre s’enfermer chez elle pour pleurer ou enrager contre ce qui vient de se passer. Elle rumine alors longtemps et, rancunière, cherche par tous les moyens à contre-attaquer en utilisant sa plus grande arme : la fourberie.

Ce qu’elle abhorre par-dessus tout, c’est d’être rabaissée ou méprisée du fait de sa condition de femme. Ainsi, elle défend haut et fort les causes féministes ; ce qui lui a souvent valu de nombreux rappels à l’ordre quand elle se trouvait dans la Mère Patrie puis l’admiration de ses pairs quand elle s'est affirmée en devenant professeure-vacataire à l’université d’Édimbourg. Solidaire avec les autres femmes, elle n’hésite pas à monter au front avec une certaine sincérité pour revendiquer les droits de chacune.

En politique, ce qu’on lui a appris cependant, c’est qu’encore plus que véhiculer ses idées avec honnêteté, il faut se parer d’un masque. ‘Lia n’apprécie pas forcément cet aspect de son travail mais il lui arrive de mentir ou de cacher la vérité plutôt, dirons-nous par euphémisme, afin de réussir. Il est particulièrement difficile pour elle de manipuler les autres en cela qu’elle est, de nature, assez gentille et altruiste. Au fur et à mesure de ses études, elle a appris à obtenir ce qu’elle désirait mais se réserve cette capacité pour le milieu professionnel et peine à cacher ses réels sentiments en dehors du consulat.

Puisque vivant dans un univers féroce, elle doit se montrer méfiante envers chacun de ses collègues ou collaborateurs ; de ce fait, elle est devenue plus paranoïaque qu’avant ; plus angoissée aussi. Elle n’a jamais pris autant de médicaments pour contrer son stress ou ses troubles du sommeil, du fait de la charge de travail assez importante. Son anxiété est d’autant plus importante que, sœur d’un trafiquant renommé, elle craint constamment que les fantômes de son passé ne vienne troubler le semblant d’harmonie qu’elle a réussi à bâtir depuis quelques années seulement.

Derrière l'écran

Pseudo : Nagel / Thibonosaure.
Où as-tu entendu parler du forum : Traîner ici par Menno & cie.
Fréquence de connexion : Le plus possible ; au moins une fois par semaine.
Parle nous de toi : Cinquième tête de Menno & cie.
Recevoir une aide à l'intégration : Non.

Anecdotes
Sous-titre

TW : abandon, pensées suicidaires

C’était une petite lettre, écrite sur un papier jaune, sur lequel elle avait collé tous ses autocollants de l’époque et qui ressemblaient à des oursons câlinant des cœurs, comme pour lui prouver qu’elle l’aimait. Comme si une enfant devait prouver son amour à sa mère.

Chère Mama,
Je sais qu’avec Nikita on n’a pas toujours été sages mais tu nous manques. Ca fait déjà trois dodos que tu es partie et même si Nana dit que tu vas revenir aujourd’hui ou demain, c’est de plus en plus difficile de croire ce que Nana dit. On s’est dit avec Nikita que si on t’écrivait, peut-être que tu reviendrais. Comme quand on écrit notre lettre au Dedouchka Moroz. Sauf que cette année, tout ce qu’on veut nous comme cadeau, c’est te revoir. Nana s’occupe pas beaucoup de nous. On est toujours tout seul. Monsieur Iosinovitch dit que tu reviendras pas. Nikita s’est battu avec Sacha Iosinovitch, hier. Parce que son père disait que tu ne reviendrais pas … Nana était furieux. Moi j’ai beaucoup pleuré. Je pleure encore. Mama, reviens. Avec Nikita, on t’aime fort.

Youlia & Nikita.
3 décembre 1995.

C’était une feuille quadrillée, longue, déchirée d’un cahier, enfermée dans une lettre qu’elle n’avait même pas pris la peine de fermer convenablement et qui s’entrouvrait légèrement sur son propre contenu ; opération à cœur ouvert.

Chère Mama,
Aujourd’hui, j’ai 10 ans. Ca fait déjà six ans qu’avec Nikita, tu nous as abandonné. Je ne sais même pas pourquoi je t’écris encore. Nikita a retrouvé le mois passé nos dernières lettres dans un tiroir du bureau de Dmitri. On n’appelle plus Nana Nana maintenant. Plus depuis ce qu’il nous fait. Je pense que si je t’écris encore, c’est pour que je mette des mots sur ma douleur. Parce que je sais que tu ne me liras jamais, parce que je sais que tu ne m’aideras jamais. Parce que je ne sais même pas si tu es encore en Russie ou si tu n’es pas partie autre part. ~~Parce que je ne sais pas si tu n’es pas morte.~~ Dmitri boit tous les soirs. Nikita se bat souvent avec lui et quand il est blessé et en sang, c’est moi qui dois m’occuper de ses blessures. Parfois, je m’occupe aussi de celles de Dmitri quand je me rappelle qu’il est quand même mon Nana, quand il dort à moitié dans le canapé après avoir vidé toutes ses bouteilles qui roulent jusqu’à la télé. Il me fait peur. Pas que parce qu’il boit. Quand il boit, il dit tout ce qui lui passe par la tête, et sans filtre. J’ai peur que nous passions pour des ennemis de la nation. Depuis que nous vivons en Russie et plus en URSS, Dmitri a moins peur des conséquences de ses actes et il lui arrive souvent de distribuer des tracts au travail, avec d’autres de ses collègues. Il s’est déjà fait virer trois fois, depuis l’an passé. Aujourd’hui, il travaille dans la métallurgie. Mais s’il continue à boire autant, il ne durera pas.

Avec Nikita, parfois, on pense à en finir. On n’est peut-être pas totalement sérieux. C’est plus un jeu. On joue à se dire qu’on va mourir. Parce qu’on vit dans la merde. Notre appartement est encore plus insalubre que le précédent. On partage la même chambre. On n’a qu’un fin linge blanc tout tâché et rongé par les mites qui sépare nos deux matelas et pour avoir une illusion d’intimité. Parfois, entre les trous, on s’échange des sourires avec Niki. La semaine dernière, Nikita a ramené une fille à la maison, dans le dos de Dmitri. Quand il l’a su, il a dit que c’était une pute. Et il a dit à Dmitri que c’était un petit merdeux avec la queue qui le démange. Il a promis de la lui couper s’il revoyait la fille ici. Ils se sont encore battus. Le soir, j’ai demandé à Niki s’il voulait jouer à mourir.

Aujourd’hui, j’ai 10 ans mais j’aurais préféré n’en avoir que cinq pour vivre encore une année à tes côtés. Quand tout allait bien. Et qu’avec Niki, on ne jouait pas à mourir dans notre chambre sombre où pullulent les mites. Aujourd’hui, j’ai 10 ans et je ne t’aime plus. Mais tu ne le sauras jamais, Mama.

Youlia.
5 Novembre 1999.

Dans une grande enveloppe blanche, un simple papier sans quadrillage sur lequel était inscrit au stylo plume dans une calligraphie presque parfaite.

Niki,

Cette année encore, les Grigorievitch n’ont pas voulu me payer le billet de train pour te rejoindre. Les fêtes ne sont plus les mêmes sans toi. Le bœuf Stroganov est immonde. Le koulibiac, du carton. La mère me déteste. Moi aussi. Les Romanov ont parlé de moi au père et il s’est fait une mauvaise opinion avant même que je n’arrive. J’ai hérité de l’ancienne chambre de leur fille ; une vraie sorcière, le nez avec. Quand elle glousse, elle me hérisse les poils et me donne envie de lui sauter à la gorge pour l’étouffer avec mes mains. Rien n’est plus comme avant. Chaque Noël, je pense à toi. A nos veillées de Noël, à nous. Sans Dmitri. Sans Romanov. Sans Grigorievitch. Sans cette petite pute qui glousse. Avec le bœuf Stroganov que les voisins ont accepté de partager avec nous en échange des bouteilles que Dmitri cachait sous son lit.

Je sais que tu ne peux pas venir me voir – et ça me chagrine – mais je t’ai joint tout de même ma nouvelle adresse pour que, peut-être, tu passes devant par hasard et que tu viennes me faire un câlin pour me réconforter. Ce serait un cadeau merveilleux. Il me réchaufferait le cœur. Il n’y a pas un soir qui passe sans que je ne repense à notre petit appartement de Krioukovo me manque. Même les rats. Même le bruit du vent. Même les froides caresses du vent, d’ailleurs. Parce qu’au moins, je ne te savais proche de moi.

A la rentrée prochaine, je serai scolarisée dans un collège proche de Zamoskvorétchié. Les Grigorievitch m’ont déjà préparé le vieux cartable de leur stupide fille, pourtant de deux ans ma cadette, ainsi que l’ancienne tenue de la mère. Plus question de t-shirt ou de jean américain passé en contrebande. Je vais devoir me trimballer une jupe à froufrous et un chemisier en dentelles parce que, disent-ils, c’est comme ça que les jeunes doivent s’habiller à Zamoskvorétchié.
Je les déteste. Mon dieu, je les déteste tellement Niki. Et toi aussi parfois je te déteste. Viens me voir. Je t’en supplie. Ne fais pas comme Mama. Ne fais pas comme Dmitri. Ne me laisse pas avec les Grigorievitch ou avec n’importe quelle autre famille russe. Ne me laisse pas seule, Niki.

Ta Petite Fleur,
Youlia.
7 Janvier 2002.

Même enveloppe, papier similaire. Une goutte d’eau tout en haut de la feuille, en guise de timbre. L’encre a coulé et laisse une tâche aux couleurs progressivement diaphanes.

Niki,

Cela fait aujourd’hui deux mois que je suis laissé sans nouvelles. Inquiétée par ce temps inhabituellement long, j’ai contacté Yolkov, notre voisin du temps de Krioukovo avec qui nous nous entendions si bien et avec qui, j’en étais sûre, tu as gardé contact. J’ai alors appris que tu avais été envoyé par ta famille d’accueil dans un foyer orthodoxe, situé non loin de Saint-Petersbourg après que tu te sois battu avec ton père adoptif. Je suis désolée d’avoir cru que tu m’avais abandonné. Tout ne doit pas être simple de ton côté. J’ai été égoïste de penser que seule moi souffrait dans cette histoire. Tu as passé toute ta vie à me protéger alors j’ai fini par croire qu’il n’y avait que moi et que toi, mon ange gardien, tes ailes t’avaient rendu imperméable aux balles.

J’ai déjà demandé aux Grigorievitch de m’emmener, un jour, te voir, ou même de me payer un ticket de train pour Saint-Petersbourg mais comme tu t’en doutes, ils ont refusé. Yolkov m’a proposé de m’emmener un jour mais, tu le sais comme moi, il promet tout et n’importe quoi quand il a plus d’un verre de vodka dans le nez. La vieille Pyryeva de la rue Malinskaya Ulitsa a proposé de me faire travailler certains week-end dans sa boutique pour que je puisse faire des économies, afin de te rejoindre. J’ai accepté. C’est un travail honnête, vendre des fleurs. Ce sera une première expérience professionnelle en plus d’une opportunité de fuir les Grégorievitch pour te rejoindre, ne serait-ce que le temps d’un week-end. D’après Yolkov, les bonnes-sœurs acceptent assez facilement de laisser quartier libre aux jeunes exemplaires, si leur famille vient les voir. Je compte sur toi pour te tenir à carreaux ; moi je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour venir à toi.

Prends bien soin de toi, mon ange.

Ta Petite Fleur,
Youlia,
18 Mars 2002.

Dans une enveloppe blanche, un beau papier rose, parfumé, sur lequel avait été écrit une longue lettre et qui était joint, par un trombone, à une petite photo de Youlia plus jeune. Le tout était soigneusement plié à l’intérieur.

Niki,

J’ai bien reçu ta lettre. Je ne te remercierai jamais assez, mon ange gardien. Depuis que je suis inscrite dans cette école, j’ai l’impression de revivre. Loin des Grégorievitch, loin de Krioukovo, loin de Zamoskvorétchié.

Ici, j’apprends assidument l’anglais. Je me suis passionnée pour cette langue et par les différents auteurs qui lui ont donné ses lettres de Noblesse. J’ai appris, pour toi, même si je sais très bien que la littérature t’importe fort peu, des poèmes de Shakespeare et de Byron. Je te les traduirai au besoin, afin que, peut-être, tu comprennes ce que j’ai pu ressentir en déclamant moi-même pour la toute première fois The Bryde of Abydos ou encore certains des plus beaux sonnets de Shakespeare.

Même si le rythme est intense et que les attentes sont beaucoup plus élevées que dans mon école précédente, je trouve mon compte dans les enseignements que je reçois. J’ai encore beaucoup de difficultés dans les matières scientifiques, d’autant plus que je n’ai jamais véritablement affectionné l’arithmétique et que j’ai toujours été à la traîne en chimie néanmoins, je redouble d’efforts afin de ne pas être bonne dernière à chaque expérience faite. Un ami, Oleksandr, ukrainien de naissance, m’aide souvent.

En vérité, je me suis fait plus d’amis ici que je ne m’en suis jamais fait de toute ma vie, je pense. Je partage une chambre avec une dénommée Yelena. Elle m’apprend à faire du piano. D’après elle, j’aurais des prédispositions. Elle, elle en fait depuis l’âge de 4 ans. C’est son père qui lui a financé ses cours afin qu’elle puisse s’illustrer à l’avenir dans les grands conservatoires du pays. Pour le moment, je n’ai qu’un petit clavier sur lequel m’exercer mais, un jour, je m’achèterai un vrai piano et je te ferai écouter ce que j’ai appris d’elle.

Encore merci pour tout ce que tu as fait pour moi, Niki, je t’aime plus que tout, mon ange gardien.

Ta Petite Fleur,
Youlia,
20 Septembre 2005.

Dans une lettre, administrativement bien remplie, bien présentée, se trouvait un papier blanc sur lequel était écrit une longue lettre où les mots s’organisaient parfaitement comme s’ils avaient été dessinés sur des lignes.

Cher Niki,

Je suis sincèrement désolée de ne pas avoir réussi à t’entretenir de ma rentrée plus tôt. Il faut dire que beaucoup de choses se bousculent dans ma vie récemment et qu’il est encore difficile de m’organiser complètement.

J’espère que tu te portes bien et que ton nouveau travail dans l’import – export ne te prend pas trop de temps. Merci mille fois pour tout ce que tu as fait. Je n’aurais jamais pensé, même dans mes rêves les plus fous, alors que Mama et Dmitri nous avaient abandonné, réussir à finir autrement qu’à la rue en train de me vendre … Aujourd’hui, grâce à toi et à tous tes efforts, je suis inscrite à l’Institut d’Etat des Relations Internationales de Russie.
Je n’en reviens toujours pas …

Ici, tout est tellement plus beau, Niki. J’ai hâte que tu viennes me rendre visite. L’appartement est parfait. Mes voisins sont charmants. Les cours sont palpitants – je sais que tu détestes quand je parle comme ça mais je ne sais pas quoi dire de plus les concernant ; retiens que tout le monde n’a pas ton aversion pour l’école – et les professeurs inspirants. Le mois de septembre venait à peine de se terminer que j’avais déjà mon bureau rempli de feuilles griffonnées de notes. C’est sans doute idiot mais j’adore me sentir débordée par le travail comme ça … J’ai l’impression que mon existence est utile quand je ne procrastine pas et que je me plonge dans mes livres et mes cours.

J’ai tellement de choses à te dire et à te montrer. Je regrette que le papier ne soit pas plus grand mais surtout que tu ne puisses pas venir librement me voir. Je comprends que toi aussi tu sois débordé mais essaye tout de même de te rendre disponible un week-end s’il te plaît, ou laisse-moi au moins te rendre visite au boulot. Après tout ce temps, j’ai hâte de te voir sérieux et responsable ! Et porter autre chose qu’un vieux débardeur sale aussi, tiens. Ce doit être hilarant de te voir avec une petite chemise et un vrai pantalon, sans tâche ni trou.

Reviens-moi vite mon Niki,
Ta Petite Fleur,
Youlia,
25 Octobre 2008.

Courrier international. Enveloppe close. Laquelle, si on l’ouvrait, donnait accès à une petite lettre parfumée, jointe grâce à une maigre épingle dorée à une photographie : Youlia devant la porte de son appartement étudiant, un trousseau de clés en main ; sourire radieux.

Cher Niki,

Je suis bien arrivée en Ecosse. Les paysages sont si différents de ceux de Moscou, de Saint-Pétersbourg ou encore de Volgograd. Ici, tout est plus gris à l’exception de la nature luxuriante. Il y a des parcs magnifiques. C’est une toute autre culture, avec son lot de nouveautés : les bus à deux étages, les cabines téléphoniques rouges vifs, les rues pavées, le fish & chips. Longtemps, j’ai fantasmé la Grande-Bretagne et m’y voilà enfin ; après trois ans à étudier les langues étrangères à l’université, trois autres en licence de sciences-politiques et une première année de maîtrise.

Les premiers cours que j’ai suivi étaient intéressants. Différents de ceux du MGIMO, certes, mais assez passionnants pour m’accrocher tout de même. J’ai fait la rencontre de quelques personnes de ma promotion ; tous écossais. Je m’entraîne beaucoup avec eux et essaye de ne parler qu’anglais. Je dois avouer que je me pensais à l’aise avec la langue avant d’arriver mais en vérité, j’ai encore beaucoup de lacunes. Il y a certaines prononciations qui m’échappent, du vocabulaire que je n’ai pas et surtout, la barrière de l’accent neutralise bien souvent mes tentatives de compréhension.

J’ai rencontré une amie ici, elle s’appelle Adalynn Grey. Elle m’a prise sous son aile et me fait découvrir toutes sortes de choses. En vérité, pour le moment, je me contente exclusivement des attrape-touristes et fait des photos idiotes devant des monuments historiques de la ville alors qu’elle rêverait de me faire découvrir des night-club ou des cafés sympathiques. Le temps file vite et j’ai peur de ne pas pouvoir faire tout ce que je me destine à faire dans cette ville avant de repartir pour Moscou. Ce séjour à l’étranger pour mes études est une véritable bénédiction.

La seule chose qui me manque ici, en réalité, c’est toi mon ange.
Prends soin de toi,

Ta Petite Fleur,
Youlia,
14 Septembre 2015.

Groupe Messenger – Promo 2015. (16 Octobre 2015)
TROY – Pas cours demain après-midi, ça dit à quelqu’un un café en terrasse ?
ADALYNN – Pourquoi pas.
YOULIA – Da.
TROY – Super alors, on peut se faire ça vers 14h ?
ADALYNN – 14h30 pour moi.
YOULIA – D’accord mais à 16h j’ai mon cours de piano alors je vous quitterai.
TROY – Pas de soucis !

Conversation privée : Adalynn GREY.
ADALYNN – Avoue que tu crush sur Troy.
YOULIA - ?
ADALYNN – Que tu l’aimes beaucoup. Amour.
YOULIA – Il est con.
ADALYNN – Et ?
YOULIA – Impossible.
ADALYNN – Tous les mecs sont cons. Choisis-en juste un que tu peux supporter si tu veux un bon conseil.
YOULIA – Sans façons. Je les aime de toute façon un peu plus vieux et plus mature.
ADALYNN – Pourquoi tu papillonnes quand tu le vois alors ?
YOULIA – Papillonnes ?
ADALYNN – Laisse. Je veux juste te dire que j’ai capté que tu l’aimais beaucoup. Tu veux que je vous laisse tout à l’heure ?
YOULIA – Non, pas du tout.
ADALYNN – Attends.

Groupe Messenger – Promo 2015.
ADALYNN – Petit contre-temps. Je ne vais pas être dispo cet aprem. Bon café à vous deux !
TROY – Merde. Rien de grave ?
ADALYNN – Nop.
TROY – Euh. Ok. Youlia, 14h ça te va du coup ?

Conversation privée : Adalynn GREY.
YOULIA – Pourquoi tu nous laisses à deux ?
ADALYNN – Réponds-lui !
YOULIA – Je ne veux pas être toute seule avec ce mec, Ada. Viens !
ADALYNN – Nop.
YOULIA – Il est débile et je vais m’ennuyer.
ADALYNN – Couche avec lui. T’en as envie. Et ça t’évitera de l’entendre si tu le trouves si débile que ça.
YOULIA – Je ne veux pas coucher avec Troy.
ADALYNN – Bien, alors prenez juste un café et ennuie-toi avec lui.

Groupe Messenger – Promo 2015.
TROY - ?
YOULIA – Je verrai pour passer.
TROY – Ok, à tout à l’heure alors !