tw : mort, relations toxiques, suicide, violence, agression

Je ne me souviens pas de ma mère. Elle était déjà hospitalisée. Mon père a quitté son poste à l'Université de Buenos Aires pour prendre soin d'elle mais il était déjà trop tard. Quand il a compris, il a pris ma valise et la sienne pour les Andes.  Il nous a trouvé une suite un vieil hôtel au charme perdu au beau milieu des montagnes et des glaciers. Ne cherchez pas sur Google. Ça n'existe plus. Quand le reste de ses économies a fondu, il a simplement commencé à y travailler comme gardien. (Rires.) Oui, oui. Comme le film.

On n'est jamais vraiment seul, dans un hôtel. Même ceux qui sont oubliés des touristes. L'établissement avait eu son moment de gloire au début du XXe siècle et ses morts y dansaient encore. J'aimais les voir se préparer au bal, devant leurs miroirs cassés, espérer et pleurer comme s'ils étaient encore de chair et de sang. Mon père savait. Il me disait simplement de faire attention. Que pouvait-il faire d'autre? J'aime les morts. Tous les morts. Même s'ils sont pétrifiés dans leurs drames. Ils sont parfois plus humains que les vivants.

Rien n'est figé. Même pas les fantômes. L'hôtel est devenu silencieux le jour de mes treize ans. Les morts se sont tus. J'ai d'abord cru que c'était un nouveau client. Gentil, attachant, charmant et un peu excentrique. Il m'a tendu la main et je l'ai prise. Malgré toutes les précautions de mon père, Quinn nous avaient retrouvés. Et plus rien n'a jamais été pareil. Jamais. Mon père lui a fait la guerre et l'a perdue.

C'est quand il est accidentellement tombé du balcon que j'ai compris qu'il fallait que je parte. Pour lui. J'avais 19 ans, j'ai choisi d'étudier à Buenos Aires. Mon père n'avait rien à dire, il m'a laissé partir. À contrecoeur.

(silence.)
Quand j'ai rencontré Ines, j'étais encore en philosophie. J'essayais de suivre les traces de mon père. (rires.) Elle étudiait en médecine. Son terre à terre me faisait du bien, au travers de tous mes théories, mes hypothèses et mes possibles. Les fantômes n'existaient pas dans son univers. Les superstitions non plus. Et le futur était tellement beau... On allait s'installer ensemble. On a même discuté de la possibilité... Pardon. (silence.) Non. Non pas du tout. Elle savait qui j'étais. Et elle m'aimait. Elle m'aimait vraiment.

Mais je vous l'ai dit, Quinn est jaloux. Quinn ne partage pas. Ines... Non. Je ne peux pas. Je ne peux pas penser à ça. Elle va mieux maintenant. Beaucoup mieux.

(sanglot.)
Éteignez ça, s'il-vous-plait.

....
On en était où?
(renifle.)
J'ai lâché les cours. Ça ne servait à rien, de toute façon. Je me suis mis à travailler comme femme de ménage dans un hôtel, puis comme réceptionniste et les choses sont allées toutes seules. Je suis devenu concierge. Quinn aime les hôtels. Il les adore. J'ai abandonné la guerre. Je lui ai tout cédé. Tout. Je ne veux pas parler de ces années-là, ok?  
Et c'est là qu'il a merdé, l'enfoiré. Il m'a dit son nom. Son vrai nom.
Et j'ai su ce que je devais faire.

(sourire.)
Oh! Il n'est pas content d'avoir retraversé l'Atlantique. Pas content du tout. Encore moins d'être sur les terres qui l'a vu naître. Il y a quelque chose, ici. Quelque chose qui l'affaiblit, qui le ronge, qui l'angoisse. Mais il s'est enchaîné à moi. Il ne peut pas partir. Pas tant que je suis encore en vie.
Je suis Ramona Inocencia Guerrero, concierge du Balmoral Hotel, Edinburg et c'était mon histoire.

Une dernière chose.
Quinn ne veut pas que cette entrevue soit diffusée. Il demande à ce que vous détruisez le fichier.
Faîtes attention, en sortant, les voitures vont un peu vite, parfois, sur Princes Street.


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- adore la lecture
- adore la musique punk et metal, on la retrouve souvent dans les mosh pits des shows
- parle l'espagnol, le portugais, l'anglais, le français et l'allemand
- a des connaissances inusitées sur différents sujets
- si vêtu de manière stylée et féminine au travail, on lui trouve davantage un style grunge dans ses rares jours de repos.