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Prudence A. Wilk
Prudence A. Wilk
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Situation familiale : En couple avec un bouffon de PNJ nommé Simon, folle amoureuse de Gabriel
Date d'arrivée à Edimbourg : 27 mai 2021
Don : Spirite — quatre âmes se sont attachées à moi et disposent de mon corps à volonté. Ils rentrent et partent, me volent ma vie. Les autres esprits, ceux auxquels je ne suis pas habitués, je sens leur parfum ou entend leur voix lointaine.

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Mes fantômes

Kimi
Enfant, genre et âge inconnus. Il est accroché à moi depuis mon enfance. Joueur et curieux.

L'étudiant
Victor. Etudiant français, né en 1944 et décédé au début des années 70. Il est raisonnable et cultivé. Il vit avec moi depuis la fin de mon adolescence.

La danseuse
Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

Le Marin
Rory. Un vieux pêcheur écossais. Il ne peut me posséder que depuis très peu de temps. Il est vulgaire et bruyant, mais étonnamment attachant.

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Ven 8 Déc - 4:17
The angels share
Nous poussons la porte et déjà, je souris. Le bar de l'Angels Share est exactement ce que je cherchais. C'est calme mais vivant. La décoration a été choisie avec goût. Les grands lustres nous fait oublier qu'il fait nuit depuis plusieurs heures. Je me demande si c'est un endroit comme celui-ci que j'aurais choisi, si je n'avais pas rencontré Aaron et si la solitude s'éternisait. Il me semble que oui, bien que me trouver un compagnon n'avait jamais été une priorité. Avant d'inviter Iona, j'avais hésité avec un autre bar, mais les commentaires sur Google indiquaient que c'était l'endroit idéal pour les soirées étudiantes et je nous imaginais déjà, toutes les deux, nous faire minuscules à une table pendant que des futurs médecins ou avocats ivres tentaient de nous ramener chez eux pour la nuit. J'aurais été mortifiée. Tout ce que j'espère, c'est offrir une belle soirée à Iona et lui permettre de rencontrer des gens dignes de sa personne. Aucun de mes fantômes ne m'accompagne, j'ai réclamé ce temps rien que pour nous.

Un serveur nous accueuille et nous accompagne à une table. Je fais signe à mon amie de prendre la banquette alors que l'employée tire ma chaise pour me permettre de m'asseoir. Je me sens dans mon élément. Après avoir discrètement lancé un regard vers la table voisine, j'attrape la carte et la tourne directement à la dernière page, là où se trouve ma boisson favorite. Je n'ai pas prévenu Iona, car elle aurait refusé vigoureusement, mais je compte l'inviter et cela signifie que nous pouvons prendre tout ce qui nous fait envie.

— Que dirais-tu d'une bouteille de vin blanc et d'un plateau de fromages ? C'est comme ça que nous ferions si nous étions en France.

Mon doigt passe sur chaque ligne. Il m'arrive de grimacer. Je suis un peu déçue par leur choix de vin français, mais je repère un Sancerre qui serait parfait pour notre soirée, à condition qu'un vin sec lui convienne. J'aime beaucoup Iona et j'aimerais lui faire vivre des expériences qui lui feront comprendre qu'elle mérite mieux que ce qu'elle vise parfois. Je referme déjà la carte et d'un très discret signe de la tête, lui indique les trois hommes qui viennent de s'installer à notre gauche. Ils doivent être dans la trentaine, des tenues correctement ajustées et une conversation qui les fait rire, ce qui est bon signe. Peut-être que l'un d'eux est plus vieux, il me semble apercevoir des tempes grises dans la périphérie de mon champ de vision. Quoi qu'il en soit, ce sont des hommes adultes, agréables à regarder, avec une vie vraisemblablement réussie puisqu'ils sont dans ce bar. Exactement ce que je souhaite à Iona. Discrètement, je change une de mes bagues de doigt afin de la passer sur mon annulaire gauche. Une technique que ma sœur m'a enseignée, les soirs où je l'accompagnais rencontrer des hommes et que nous préférions toutes les deux que l'attention reste sur elle plutôt que sur moi.

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Mar 19 Déc - 23:02
Prudence l'avait invitée à passer la soirée avec elle, dehors, et Iona avait hâte de ce moment. Logan était bien sûr chez son père, tout irait bien, elle n'avait plus aucune inquiétude à ce sujet à présent. Evidemment, elle avait appréhendé pendant un long moment, de laisser la prunelle de ses yeux sous la responsabilité de quelqu'un d'autre. Mais Iona et Clément étaient à présent un solide duo de parents. Et ça avait quelque chose de particulièrement réconfortant. De pouvoir compter sur quelqu'un, pour une fois, dans toute sa vie.

Bref, une soirée entre filles, c'était quelque chose qu'elle aimait beaucoup, pouvoir passer du temps avec des personnes qu'elle appréciait, pouvoir parler de tout, de rien, et se confier, un peu. Ecouter aussi, beaucoup. Et puis s'amuser. Elle s'amusait toujours avec Prudence. Elle avait longuement réfléchit avant de s'habiller. Elle ne voulait pas faire honte à son amie. Il fallait quelque chose de circonstances, même si elle n'avait pas vraiment saisi dans quel genre d'endroits elles allaient aller. Elle avait opté pour un chemisier blanc et une jupe noire, avec d'épais collant d'hiver, classique. Mais elle se sentait à l'aise avec ce genre de tenue.

Après avoir pris le bus, elle rejoignit Prudence à l'adresse indiquée et elles s'engouffrèrent dans le bar sans attendre. Il faut dire que la température dehors ne donnait aucune envie de poireauter devant la porte. Les yeux de la brune scrutent autour d'elle. Le bar est vraiment chic - pour ses standards; Mais très agréable. Il donne envie de rester, il ne la met pas mal à l'aise. Elle se doute que les prix, par contre, la mettront un peu plus mal à l'aise. Mais elle ne sort pas souvent, alors elle peut se permettre de faire une folie ce soir... normalement ?

Elle leva les yeux vers son amie qui lui proposait le menu de ce soir. Un sourire jusqu'aux oreilles, accompagné d'un petit rire, elle hocha la tête.

-Avec plaisir ! Je te laisse choisir, c'est toi l'experte.

Puis se faisant légèrement plus sérieuse, glissant une main dans ses cheveux, un peu pensive, elle ajouta.

-J'aurais l'impression de voyager un peu comme ça.

Sans même bouger de cette banquette !
Au signe de Prudence, elle jeta un bref coup d'œil à côté d'elles, avant de reporter son attention en face, interrogatrice. Elle se décida de parler à voix plutôt basse, au cas où.

-Tu les connais ?

Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'elle pourrait bien leur vouloir; sinon. Iona était venue passer du temps avec elle, avant tout.
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Léonie. Danseuse puis prostituée française de la seconde moitié du 19ième siècle. Elle aime plaire et vend parfois ses charmes. Elle me hante depuis une dizaine d'années.

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Dim 21 Jan - 18:34
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Ce bar est un endroit qui m'est familier, bien que je n'y sois jamais venu. Il ressemble aux lieux que je pouvais fréquenter en France. Ici, je sais comment les choses fonctionnent et je ne me sens pas trop prude. Je comprends tous les noms de la carte et je n'ai pas besoin de chercher sur Google ce qu'est de la sauce samouraï, par exemple. J'ai quand même tenté de choisir un établissement qui n'aurait pas l'effet contraire sur Iona. Je veux qu'elle passe une bonne soirée.

— Je n'en dirais pas autant.

Je ne suis pas experte. Je m'y connais comme n'importe quelle Française aimant le goût du vin. Peut-être un peu plus, car depuis mon adolescence, mes parents me font participer aux dégustations. Ce sont eux, les vrais connaisseurs. Je ne fais que répéter, tel un perroquet bien dressé. Mais je sais que le Sancerre sera parfait pour ce soir. Je n'ai pas besoin de reposer les yeux sur la carte.

— Un jour, j'espère que tu m'accompagneras réellement en France.

Je lui montrerais la Normandie où j'ai grandi ou les Landes où je passais mes étés. Tout est différent de l'Écosse et mon attachement pour ces lieux est particulier. Mais ce n'est pas la raison de notre venue dans ce bar, ce soir. Je ne perds pas mon objectif de vue. Dès que le groupe d'hommes parfaits s'installe, je fais signe à Iona pour qu'elle déporte son attention sur eux. Je vois dans son regard qu'elle ne comprend pas où j'essaie d'en venir. Je fronce les sourcils dans un sermon silencieux.

— Non, Iona. Nous ne les connaissons pas encore.

J'appuie sur ce dernier mot. Ça doit maintenant être plus évident, mais je poursuis tout de même, principalement pour l'empêcher de protester.

— Ton petit ami est parti depuis plusieurs mois maintenant. Tu ne vas pas rester seule toute ta vie.

Iona a ce qu'il faut pour plaire et un enfant à charge. Une deuxième paire de bras la soulagerait. Elle dormirait mieux contre un homme dont elle est amoureuse que seule, à penser à celui qu'elle a perdu. Elle s'imagine peut-être que c'est trop tôt, mais si elle n'essaie pas, elle n'en aura pas le cœur net.

— Je voudrais que tu retrouves le sourire, que tu aies quelqu'un avec qui faire des projets et envisager sereinement le futur.

Je tends la main au-dessus de la table pour prendre la sienne. Mon air est plus doux. J'ai une profonde amitié pour Iona. Elle a traversé des épreuves dont je ne me serais personnellement jamais relevée. Elle pensait avoir sa fin heureuse avec Yohann, elle l'aura avec un autre et je serais à ses côtés quoi qu'il arrive.

— Alors...

Je recommence mon mouvement dans la direction de nos voisins de table, un regard insistant sur mon amie. Elle est belle, jeune. Elle doit être plus proche de Céleste que de moi lorsqu'il s'agit d'hommes.  Je ne sais pas les aborder, mais je sais comment ma sœur s'y prendrait. Elle rigolerait à une blague imaginaire, ferait tomber un bijou (généralement une bague) sous leur table et leur demanderait de l'aide pour la retrouver, prétextant ne pas pouvoir se glisser à quatre pattes dans la robe très serrées qu'elle porterait. Rencontrer les autres est un talent inné pour elle. Elle provoque les occasions en un claquement de doigts et sait saisir les opportunités. Je mourrais de jalousie, adolescente, lorsque je me retrouvais face à sa bande de prétendants et que je pensais finir ma vie seule.

@Iona Swan




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Mer 24 Jan - 18:54
Prudence se montre humble, ou peut être pas sûre d'elle. Mais Iona hausse simplement les épaules. Pour elle, c'est une experte, elle se fiche bien de ce que les autres peuvent penser, ou la façon dont elle se considère. Il y avait toujours des gens plus forts, mais pour Iona, c'était elle sa valeur sûre. Mais un large sourire étira ses lèvres alors qu'elle lui parlait de l'accompagner en France. Ce n'était pas si loin, mais tellement exotique pour la serveuse. Elle qui n'était jamais sortie de son Ecosse. Elle qui ne connaissait que la campagne ou les murs gris d'Edimbourg.

-Ca me ferait vraiment plaisir. J'aimerais tellement voyager, juste un peu, découvrir de nouveaux paysages, d'autres cultures...

Iona, comme nombre d'autres personnes, était confrontée au problème de l'argent. Voyager avait un coût. Mère célibataire à l'emploi précaire, elle ne pouvait pas vraiment se le permettre.

Mais bien loin de ces projets de voyage, Prudence lui désigne un groupe d'hommes à côté d'elles. La brune ne comprend pas vraiment, elle est naïve et perdue. Son amie avait donc comme projet de faire de nouvelles rencontres ? De lui faire faire de nouvelles rencontres ? Elle se mit à rougir, baissant légèrement le regard.

-Mais enfin Pru' ce n'est pas ma priorité...

Elle releva la tête quand son amie lui prit la main, son regard dans le sien, elle se mordait la joue. Elle était gentille, trop gentille et attentionnée envers elle sûrement. Mais cette idée était assez effrayante pour Iona.

-J'ai des projets, mes projets... Je...

Elle haussa les épaules, n'arrivant pas à s'exprimer correctement.

-Et je ne suis pas à l'aise avec les hommes, je ne peux pas faire ça... Pourquoi on ne fait pas des projets toutes les deux ce soir ?


Elles pouvaient parler de la France, elles n'avaient pas besoin d'un homme pour ça. Elle n'avait pas besoin d'un homme pour quoi que ce soit. Pour être heureuse ? Elle n'avait pas à attacher son bonheur à quelqu'un, pas à quelqu'un d'autre que son fils en tout cas. Parce que comme Yohann, n'importe qui d'autre pouvait disparaître du jour au lendemain. Comme ses parents. Comme tous ceux à qui elle avait tenu. Elle détourna légèrement le regard.

-Je n'ai pas l'intention de me morfondre toute ma vie tu sais...
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Mar 6 Fév - 19:06
The angels share
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Je souris en écoutant Iona. Je l'imagine s'émerveiller de ce qu'elle n'a jamais vu. Elle mériterait de pouvoir faire ça, partir comme et quand elle le souhaite pour se ressourcer. Sa vie de mère doit être fatigante et sans partenaire, je ne sais pas comment elle s'en sort. Elle est une femme pleine de ressources insoupçonnées. J'aimerais l'aider à passer au prochain chapitre de sa vie, lui montrer que sa séparation récente n'est pas la fin de sa vie de femme. Sa réaction me fait douter. Bien sûr, je sais que certaines femmes ne sont pas faites pour être en couple avec un homme, parfois pas faites pour être en couple tout court, mais je pensais Iona un peu plus traditionnelle sur ce plan-là. Elle dit ne pas être à l'aise avec les hommes, ce qui me dépasse. Peut-être est-ce de ma faute, de vouloir la presser aussi tôt après le départ de son dernier petit ami en date.

— Quel genre de projets deux femmes qui aiment les hommes peuvent elles bien faire ?

L'idée de faire des projets avec Iona me fait glousser d'amusement. J'espère pouvoir bientôt parler à Aaron d'un emménagement, par exemple. Ça serait la première vraie étape de notre vie de couple. Je dois encore en parler avec Victor pour savoir si c'est possible, cependant. Mon coeur se serre en me disant que ce ne l'est sûrement pas, mais c'est une pensée pour un autre soir. Lorsque je parlais de projet, c'était ce genre de choses que j'avais en tête alors je ne vois pas ce que je pourrais faire avec Iona, malgré toute l'amitié que je lui porte.

— Je l'espère, car tu mérites mieux que ça.

Je la regarde, sérieuse, avant de passer à la suite sans insister.

— Voudras-tu m'accompagner, la prochaine fois que je retourne en France ?... Enfin, pas pour Noël, mais mon prochain voyage en 2024 ? Qui sait, peut-être que le charme des hommes français te fera changer d'avis sur tes priorités.

J'ai toujours trouvé que les hommes de mon pays avaient un charme qu'on ne retrouvait pas à l'étranger, pourtant c'est d'un Écossais dont je suis éprise. La vie nous réserve parfois des surprises alors j'espère que mon amie garde l'esprit ouvert. Après un ou deux verres de vin, elle sera plus facile à convaincre. Je commence à la connaître et à connaître les barrières qu'elle dresse autour d'elle.

— Un de mes cousins termine ses études à Paris, mais aimerait venir vivre à Londres. Je ne sais pas comment il est avec les enfants, mais il a un caractère très doux bien qu'un peu excentrique... Je suis certaine qu'il réussirait à te mettre à l'aise.

Je ne l'ai pas vu et je n'ai pas échangé un seul mot avec lui depuis Noël dernier, mais je sais que Céleste l'apprécie et qu'ils sortent régulièrement ensemble pour faire la fête. Je n'ai jamais vu aucune femme à son bras, mais Iona est magnifique et la plupart des hommes partageraient mon avis.

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Dim 11 Fév - 23:02
Elle ouvrit de grands yeux surpris alors que son amie lui disait qu'elle ne voyait pas quels types de projets elles pourraient avoir ensembles. Peut-être que leurs définitions de projets différaient. Evidemment si elle entendait seulement par là "projets" de vie, toutes les deux n'allaient pas se marier... Mais à vrai dire, maintenant que cela lui traversait l'esprit, Iona ne s'était jamais imaginer se marier avec qui que ce soit, même pas avec Yohann.

-Je serais ravie de venir avec toi ! C'est ce genre de projet dont je parle.

Elle eut un léger rire. En vérité, cette perspective la rendait heureuse. Pouvoir partager ce genre de moment avec Prudence et surtout découvrir, elle qui n'avait jamais mis les pieds hors de l'Ecosse.

-C'est vrai que les hommes français ont cette réputation... Tu la confirmes toi ?

Elle était curieuse d'avoir l'avis d'une spécialiste, à quelque chose prés. Après tout, il s'agissait souvent d'un fantasme d'étrangère, elle n'était pas certaine que ce soit réaliste. Il devait y avoir, en France comme au Royaume-Uni, comme partout, des hommes plus au moins beau - seulement avec un accent qui sonnait plus ou moins sexy ?

Elle gloussa quand Prudence se mit à lui parler de son cousin. Elle secoua doucement la tête de droite à gauche. Elle ne doutait pas qu'il soit gentil, et qu'il ait tout un tas d'autres qualités, mais cette façon de faire lui semblait un peu étrange - et puis est-ce que son cousin avait envie de se trouver quelqu'un lui ?

-Tu veux à ce point jouer les entremetteuses ?

Elle sourit tendrement à son amie et prit sa main dans la sienne.

-Est-ce que j'ai l'air désespérée ? Ou malheureuse ? Pathétique peut-être ?

Elle baissa un court instant les yeux.

-Je savais que j'avais l'air de tout ça à une époque, mais c'est fini maintenant.
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Sam 2 Mar - 16:04
The angels share
tw : misogynie intériorisée

Alors, voilà qui est décidé. Iona m'accompagnera en France à mon premier voyage de 2024. Je ne sais pas quand il sera, mais il finira bien par arriver. Nous pourrions rester chez ma sœur à Paris, plutôt que dans l'appartement de mes parents. Papa n'a pas un bon niveau d'anglais et il me parle encore de la quantité de tatouages que porte Aaron. Il ne serait pas tendre avec Iona, or j'estime que mon amie mérite mieux. Si je l'amène en France, c'est pour qu'elle passe un séjour parfait.

Les hommes de mon pays sont ma faiblesse. Ou l'était, avant que je ne rencontre Aaron. Je fais un signe de la tête, amusée.

— Il y a des exceptions, évidemment, mais les hommes français sont généralement plus élégants que les hommes que j'ai pu rencontrer en Écosse.

Il faut également noter que je ne fréquente pas les mêmes cercles, ici et là-bas. En France, je cotoye des garçons de bonne famille, qui ont appris les bonnes manières et les bonnes postures. Je ne dis pas que mes amis écossais sont rustres, ils sont... disons, plus détendus. Iona irait très bien avec un homme français. Ils la traiteraient bien, lui apprendrait une nouvelle langue.

— Tu n'as l'air ni désespérée, ni malheureuse, ni pathétique. Tu es forte et magnifique. Je trouve simplement dommage que tu ne laisses personne profiter de cette force et de cette beauté.

Iona rendrait un homme heureux, c'est ce que je tente de lui faire comprendre. Elle n'a aucune raison de rester seule par fierté ; elle n'a rien à prouver à personne. Je ne doute pas de ses capacités à se débrouiller sans mari. Ça serait juste dommage de perdre ainsi son temps.

— Si nous restons assez longtemps, je pourrais demander à ma sœur si elle a des bachelors à te présenter. Elle a beaucoup d'amis dans des situations très enviables.

Mon regard se perd alors que je fais mentalement défiler les hommes célibataires de son entourage. Il y a toujours le demi-frère de son mari, des amis, quelques connaissances divorcées et sûrement des dizaines de têtes que je ne connais pas. Céleste est sociale. Elle rencontre des gens tous les jours. C'est une femme incroyable.

— As-tu des critères ? Des préférences ? Je suis certaine qu'elle peut te trouver l'homme idéal en quelques messages.

Je me déplace pour m'installer à côté d'elle sur la banquette. Elle peut ainsi voir mon téléphone. La conversation avec ma sœur est ouverte sur nos derniers messages (en français). Mes pouces survolent le clavier, prêts à taper la liste que Iona pourrait me donner. Ce n'est qu'un jeu, mais qui sait sur quoi cela pourrait aboutir ?

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Mer 13 Mar - 23:23
Iona écoute son amie avec une certaine fascination, et une crédulité totale. Les français, plus élégant alors ? Elle était curieuse de le découvrir, juste pour se faire une idée, juste pour voir à travers les yeux de Prudence.

-Les serveurs sont plus élégants eux aussi ?

La question est à moitié sérieuse. Elle veut plaisanter, dire que les gens de sa classe sociale ne sont surement pas particulièrement élégants, et en même temps elle est curieuse de savoir s'il y a une chance pour que ce soit le cas.

L'argument de son amie la désarçonne. Est-ce qu'elle sous-entendait qu'elle serait un cadeau pour un homme ? - pour quelqu'un de façon générale. Elle n'avait jamais vu les choses de cette façon. Pour elle, on avait bien profité d'elle, oui, il avait profité d'elle, mais pas de sa force, il avait profité de sa faiblesse et de sa naïveté. Est-ce qu'elle avait vraiment quelque chose à offrir à quelqu'un ? Quelque chose d'autre que sa servitude ? Elle reste hébétée quelques instants, cherchant ses mots à tâtons.

-Je... Je ne sais pas. Tu crois vraiment que je rendrais quelqu'un heureux ? Que ça ferait plaisir à un homme de... m'avoir dans sa vie ?

Elle rougit encore, secouant la tête quand elle lui proposa un espèce de rendez-vous arrangé. C'était trop bizarre, non ? Et puis, pourquoi un homme dans une situation "enviable" voudrait d'une serveuse ? D'une mère célibataire ? Elle n'avait ni situation, ni réseau, ni même culture et instruction pour leur plaire.

-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. On ne se comprendrait pas vraiment...

Et pourtant quand elle lui pose la question, elle se dit que ce serait peut être amusant de se prendre au jeu. Des critères ? Elle serait en position de choisir un homme ? Quelle idée étrange, mais un peu plaisante aussi. Un peu trop sans doute. Elle jette un œil sur le téléphone de son amie et ne peut s'empêcher de s'esclaffer.

-On ne va pas vraiment faire ça ?

Elle finit par prendre son menton entre ses doigts un peu pensive.

-Mon homme idéal ce serait... Quelqu'un qui aime les enfants, déjà, pour Logan, évidemment.

Le premier critère était bien sûr d'accepter son fils. Rien ne pouvait être compatible autrement.

-Qu'il soit gentil, sensible, doux.

On aurait sûrement pu lui rétorquer avec sarcasme qu'on ne lui demandait pas un chien, ou quelque chose du genre. Mais c'était vraiment le minimum que Iona attendait d'un homme pour accorder sa confiance.

-Et tendre aussi, parce que je crois que j'aime plus les câlins que j'essaye de le faire croire.

Qu'elle essayait de se le faire croire à elle-même d'ailleurs, parce que personne ne lui avait jamais rien demandé.
Prudence A. Wilk
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Sam 30 Mar - 0:32
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tw : misogynie intériorisée

Je souris. Je sais ce qu'Iona essaie de faire. Elle a raison, je sais que je ne fréquente pas des gens issus de la même classe sociale en France et en Écosse, mais oui. Même les serveurs. Je peux le dire sans avoir l'impression de mentir.

— Les serveurs sont plus élégants qu'en Écosse, oui. Mais je n'ai jamais trouvé que serveur était un poste qui manquait de classe.

Il faut connaître la politesse et certaines règles d'étiquette. Ce n'est pas un travail dégradant, contrairement à ce que certains peuvent penser. Mais ce n'est pas le débat de ce soir. Nous sommes ici pour la vie amoureuse d'Iona et non pour comparer nos deux pays. Je ne comprends pas qu'elle puisse ne pas être conscience de tout ce qu'elle a à apporter à un homme.

— Évidemment ! Comment peux-tu en douter ?!

Je n'attends pas de réponse à cette question. Je compte sur ma sœur pour m'aider à former la paire parfaite. Elle adore se prendre pour Cupidon.

— Tous les hommes de mon entourage parlent anglais.

Sauf mon père, mais il n'est pas sur la liste des partenaires potentiels, fort heureusement. En tout cas, l'argument de mon amie est évacué. J'ai décidé que je lui montrerai des photos des hommes que Céleste et moi connaissons et qui rentreraient dans ses critères. Ça ne coûtera rien. Et si l'un d'eux l'intéresse, nous arrangerons une rencontre. Je parle en même temps que mes doigts tapent sur mon téléphone. J'explique rapidement à ma sœur qu'Iona est mère et que l'homme que l'on voudrait lui présenter ne doit avoir aucun problème avec ça.

— Peu d'hommes de moins de trente ans aiment les enfants. C'est quelque chose qui leur arrive plus tard, lorsqu'ils prennent conscience de leur mortalité.

C'est ce que mon père affirme et ça se confirme avec les personnes autour de moi. Papa ne voulait pas d'enfant car il se sentait immortel. Ses premiers cheveux blancs l'ont fait changer d'avis. Il paraît que c'est différent chez les femmes, mais que maman est un mauvais exemple. Elle aurait été toute aussi heureuse sans enfanter.

— L'homme que tu trouveras sera un homme magnifique. Ma sœur est sur le coup.

Je souris à Iona après avoir envoyé le message contenant sa liste. Elle a des critères et d'autres la traiteraient peut-être d'irréaliste, mais j'aime croire qu'une femme comme Iona n'a pas besoin de baisser ses attentes pour trouver un homme. Elle est magnifique, douce et très indépendante malgré son âge. Je ne doute pas qu'elle apprécie la tendresse, bien qu'elle soit trop pudique pour en parler le reste du temps.

— Mais cela me confirme que tu as besoin de t'intéresser aux hommes qui fréquentent ce type d'établissement. Il y en a une demi-centaine ce soir, y en a forcément un qui te plaît.

Ils sont plus âgés que nous, plus stable, plus ancrés. Pas le genre d'hommes qui prend ses jambes en courant lorsque l'on prononce le mot "responsabilité." Je la regarde avec des yeux suppliants. Je suis certaine que si elle se laissait aller, elle pourrait se prendre au jeu et s'amuser à échanger quelques regards avec un homme élégant, sensible et gentil. Je réceptionne notre bouteille, attends que mon verre soit rempli pour le prendre et je me tourne en direction de la salle pour observer et décider quel est le client qui irait le mieux avec mon amie. 

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Mer 10 Avr - 23:35
Iona ne se comparait pas aux serveurs qui officiaient dans la restauration de luxe. Ceux-là, oui, ils avaient une certaine classe. Elle, elle travaillait dans une simple brasserie, il n'y avait pas toute cette élégance, cette connotation. Elle n'avait même pas de diplôme d'hôtellerie, bref, elle savait où était sa place. Mais la réflexion de Prudence lui tira tout de même un sourire - même si peut-être qu'elle disait ça juste pour la flatter un peu.

Elle rougit quand Prudence répondit avec tant d'aplomb qu'elle avait évidemment beaucoup de choses à apporter à un homme. Elle, elle ne voyait vraiment pas quoi. Comment pouvait-elle en douter ? La brune avait bien des réponses à cette question : elle était mère célibataire, elle a été battu, elle tombe amoureuse d'hommes atypiques. Elle ne se voyait vraiment pas être la petite amie parfaite qu'on se battrait pour avoir, ni même qu'on serait heureux d'avoir. Mais comment contredire son amie ? Elle lui répondit finalement en esquissant un sourire. Elle avait peut-être raison au fond, elle connaissait si peu les hommes.

-Ah oui ? L'anglais est courant en France ?

Elle s'était finalement prise au jeu - il faut dire que Prudence était plutôt insistante. Ca ne lui donnait rien de donner ses critères, et au fond c'était amusant. Mais surtout, ça l'obligeait à se poser des questions auxquelles elle avait rarement l'occasion de réfléchir. Elle fronça les sourcils à la déclaration de la jeune femme. Elle avait l'air très sûre d'elle sur la question. Et Iona n'était personne pour la contredire mais...

-Tu crois ? Pourtant Clément aime beaucoup les enfants...

Elle ne put retenir un léger rire quand elle lui assura que sa sœur lui trouverait un homme magnifique. Elle espérait au moins que ça l'amusait de jouer à l'agence matrimoniale.

-Parce que vous ne connaissez que de magnifiques anglophones, c'est ça ?

Son rire s'éteignit alors qu'elle revenait à la charge. Elle baissa légèrement les yeux. Est-ce qu'elle avait vraiment besoin de ce genre d'hommes ? Ceux qu'elle ne croisait pas habituellement, ceux qu'elle trouvait tellement éloignés de son monde ? Son regard balaya la pièce, allant d'une table à l'autre. Est-ce qu'ils lui plaisaient ? Elle n'en savait trop rien. Elle secoua doucement la tête en soupirant.

-Prudence on ne va pas faire le tour des table pour que je fasse connaissance avec tout le monde...

Elle prit son verre de vin à son tour et le porta à ses lèvres. Elle devrait sans doute s'avouer vaincue contre l'entêtement de Prudence.
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Lun 29 Avr - 0:15
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tw : misogynie intériorisée, homophobie ordinaire

Je comprends que la barrière de la langue puisse être source d'inquiétudes, de prime abord. J'ai eu peur de ne jamais réussir à totalement comprendre Aaron à cause de cela, par exemple. Mais force est de constater que l'on s'habitue très bien à vivre son couple à travers l'anglais. Peu importe qui nous présenterons à Iona, il arrivera à communiquer avec elle. Les rares lacunes que les candidats potentiels pourraient avoir seraient des occasions pour elle de jouer la professeure et de se rapprocher d'eux. 

— Nous apprenons tous l'anglais et une autre langue étrangère pendant nos études.

Je sais que ce n'est pas une mentalité à laquelle les anglophones sont habitués, et c'est dommage pour eux. Iona a sûrement des clients étrangers, par exemple. Peut-être devrais-je lui proposer de lui enseigner quelques phrases de français pour l'aider avec mes concitoyens. Ma sœur est aussi enthousiasmée que moi pour trouver un Français à mon amie. Elle est d'accord sur la difficulté à faire accepter un enfant à un homme de l'âge de Iona, alors que mon amie cherche à trouver un contre-exemple.

— Clément est... tu sais. Ce n'est pas pareil.

J'ai un sourire poli. Je ne veux pas être impoli et mentionner à haute voix l'intimité du jeune homme. Disons que j'aimerais que Iona trouve un homme attiré par les femmes, cette fois, et que ces derniers sont rarement prêts à être père à 25 ans. Enfin, ça ne sert à rien d'insister. Nous n'allons pas la remettre dans les bras de Clément, alors passons à autre chose.

— Nous fréquentons beaucoup d'hommes très bien, tant physiquement que sur les autres plans.

Je sais que mon amie tentait de rigoler, mais je suis sérieuse. Peut-être trop sérieuse. J'ai simplement l'impression qu'elle se sert de son humour pour dédramatiser la situation et me faire changer d'avis, ce qui n'arrivera pas. Il n'y a que peu de chances que nous rencontrions son âme-sœur ce soir, mais ça ne devait pas l'empêcher de rêver et de s'amuser. 

— Ne faisons pas le tour des tables, attendons que les tables viennent à nous. Ou plutôt, à toi.

J'ai changé ma bague de doigt pour cette raison précise. Je ne veux pas envoyer de mauvais signaux. Je doute que les hommes s'intéressent à moi, fausse alliance ou non, mais je préfère être prudente. Je me cache derrière mon verre pour observer la salle à la recherche de candidats potentiels. Je suis certaine que les hommes au comptoir ont remarqué mon amie. Il me semble que l'un d'eux regarde dans notre direction.

— Je suis sûre que tu es plus douée que moi à cet exercice. Tente de croiser des regards ou de sourire à certains. Cela pourrait les inciter à venir se présenter, tu ne crois pas ?

J'aimerais qu'elle me montre comment il faut s'y prendre dans cette situation, car je ne le sais pas. Ce n'est pas sans raison que j'ai passé la majorité de ma vie d'adulte célibataire. 

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Sam 4 Mai - 14:48
Iona écouta attentivement son amie. Elle lui révéla donc que les langues étaient plutôt bien travaillées en France. Sans doute elle-même aurait été meilleure en langue si elle avait poursuivi ses études. Mais ce n'était pas vraiment le moment de faire le bilan de sa vie, de ses choix, et de ce qu'elle aurait pu mieux faire. Et puis, elle fut interrompue dans ses pensées que Prudence tenta de justifier le faire que Clément était différent. Elle resta quelques instants sans comprendre où elle voulait en venir.

-Comment ça ? Clément est un homme... Et comme il est gay, ce serait très facile pour lui de ne pas en avoir.

Elle n'était pas certaine que c'était là où Prudence voulait en venir mais elle était un peu perdue dans son argumentaire. Cela ne dépendait-il pas, dans tous les cas, de l'homme ou de la femme dont il était question ?

Prudence ne sembla pas vouloir entrer dans son jeu, quand elle plaisanta quant au physique des hommes qu'elle et sa sœur voudraient lui présenter. Pourquoi était-elle devenue aussi sérieuse ? Sa situation était-elle si désespérante que ça ?

-Je n'en doute pas. Sûrement infiniment plus que moi, d'ailleurs.


Elle ne fréquentait pas beaucoup d'hommes tout courts. Et ceux qu'elle fréquentait n'étaient pas des personnes qu'elle envisageait de cette façon-là. Mais encore une fois, Prudence lui reprocherait de ne pas envisager grand chose.

Elle arqua un sourcil à ses mots. Attendre que les tables viennent à elle ? Elle ne devait pas vraiment saisir ce qu'elle entendait par là et surtout la façon dont elle devait s'y prendre. Elle s'étrangla quand elle comprit que son amie se faisait visiblement de fausses idées sur sa façon de se comporter avec les hommes.

-Je n'ai jamais fait ça, tu le sais au moins ?

Elle soupira, et but une nouvelle gorgée de son verre. Son regard vagabonda dans la salle, et, au hasard d'un coup d'œil vers le comptoir, il croisa celui d'un homme. Elle sentit tout son corps se tétaniser alors que son regard perçant la scrutait. Aussi rapidement qu'elle le put, mais cela sembla durer une éternité, elle détourna le regard, fixant son verre. Elle sentait que son cœur battait fort, qu'elle venait de se faire peur.

-Je n'ai pas envie de faire ça, Prudence.
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Jeu 9 Mai - 16:41
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tw : misogynie, homophobie/stéréotypes très marqués sur l'homosexualité

J'admire l'aisance avec laquelle Iona peut prononcer certains mots. Ou plutôt, j'ai honte de mes hésitations et de ma façon de tourner autour du pot quand il s'agit des différentes formes d'amour. Je comprends que pour elle, l'homosexualité de Clément fait partie de son quotidien et qu'elle a eu le temps de s'y habituer, mais tout de même. Elle fait preuve d'une belle ouverture d'esprit. 

— C'est... ce que j'essayais de souligner.

Pas tant l'impossibilité biologique, mais son orientation sexuelle. Les hommes gays sont généralement plus sensibles. Je ne saurais pas l'expliquer et je ne sais pas si c'est qu'ils assument une part de féminité que les hommes hétéros portent également, mais musèlent. Je n'en sais rien. De toute façon, il n'est pas question de parler des ex petits amis d'Iona ce soir. Je préfère mentionner son futur. Je ne dis rien lorsqu'elle me dit ne pas fréquenter d'hommes très bien, consciente que c'est parce qu'elle ne les laisse pas entrer dans sa vie. C'est ce soir que les choses vont changer.

— Raison de plus pour essayer ce soir.

Je l'encourage d'un sourire. Elle se lance. Il me semble que son regard croise celui de l'homme accoudé au comptoir, avec une chemise sombre et une barbe naissante que je devine aussi blonde que ses cheveux. Je ne lui donne que dix ans de plus que moi, au maximum. Il a une bonne posture, mais quelque chose dans son expression ne me met pas en confiance. Iona doit être du même avis, car elle rompt le contact visuel et me fait de nouveau face, l'air légèrement troublée. Je comprends que je suis allée trop loin.

— Très bien. Excuse-moi. Je n'insiste plus.

Je ne vais pas non plus la menacer avec le couteau à fromage pour la forcer à adresser la parole aux inconnus des tables voisines. Je trouve ça simplement dommage d'abandonner après un vague essai et j'espère qu'elle se sentira un jour prête à tourner la page.

Je laisse un court moment de silence. Nous avons toute cette nourriture et cette bouteille devant nous. Je bois lentement mon verre pour ne pas paraître assoiffée. Si nous ne pouvons pas parler des hommes et puisque mon pays natal a déjà été abordé, je ne trouve plus de quoi discuter. Et puis, finalement, une idée me traverse.

— Veux tu aller danser, après ?

Je m'enthousiasme. Cela fait une éternité que je ne suis pas sortie danser. Peut-être est-ce le fait de penser à ma sœur qui me donne cette envie ; c'est elle qui m'accompagnait sur la piste lorsque j'habitais à Paris. Nous ne rentrerons pas à point d'heure, car mon corps ne supporterait pas une nuit blanche passée à me balancer au rythme de la musique, mais nous pourrions tout de même profiter et nous amuser. Mon sourire se réduit lorsqu'une silhouette attire mon attention.

— Ne réagis pas vivement, mais je crois que l'homme de tout à l'heure s'approche de nous.

Je me suis légèrement penchée pour le lui dire sans qu'il ne l'entende. Maintenant, j'en suis certaine : il se dirige vers notre table. 

@Iona Swan




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Mar 14 Mai - 22:52
Iona n'est pas sûre de saisir ce à quoi pense Prudence concernant Clément et son orientation sexuelle. Mais peut-être n'est-ce pas utile de chercher davantage. Et puis, peut-être qu'il y avait un fond de vérité. Elle était tellement habituée aux hommes particuliers qu'elle ne comprenait sûrement pas comment fonctionnait les hommes qui faisaient partis de la norme, la plupart des hommes en quelque sorte. Peut être que, oui, ça lui jouerait des tours dans sa future potentielle vie amoureuse.

Elle n'arrive cependant pas à être certaine que rencontrer des hommes de cet endroit soit vraiment une bonne idée. Prudence essaie pourtant de la convaincre. Elle y met tout son cœur c'est le moins qu'on puisse dire. Mais comment pouvait-elle être sûre que ces hommes-là soient bien ? Le fait de fréquenter ce bar suffisait-il ?

-Tu ne lâches vraiment pas l'affaire.

Pourtant elle, elle la lâche. Un seul regard a suffit à lui faire comprendre qu'elle ne pourrait jamais être certaine qu'ils s'agissent de gens biens. Et que ça la paralyse. Quand ces hommes la regardent, elle se sent proie. Pourquoi n'est-elle pas encore passé au-dessus de ça ? Prudence n'insiste pas, mais ça tourne dans sa tête. Heureusement ses yeux s'échouent sur le fromage qui lui donne une bonne diversion. Elle en découpe un morceau et le dépose sur du pain avant de le porter à ses lèvres. Elle sourit, elle a tellement peu l'habitude d'en manger. C'est très différent, très spécial, et elle aime ça. Elle est plongée dans sa dégustation quand elle lui propose finalement d'aller danser. Elle lève le regard vers elle, surprise, avant qu'un large sourire étire ses lèvres.

-Oh, ce serait drôle. Je crois que je n'y ai jamais vraiment été. J'espère que tu n'auras pas honte de moi !

Clairement, elle ne savait pas danser. Mais elle pouvait facilement imiter sa comparse ! Enfin, elle imaginait que c'était facile. Elle déchanterait peut-être sur la piste de danse. Elle déchantait là tout de suite parce que son amie la prévenait qu'un homme s'approchait de leur table. Elle croqua de nouveau dans son pain-fromage pour se donner contenance, essayer de ne pas montrer qu'elle était en train de paniquer. Elle souffla.

-Et comment on fait comprendre qu'on n'est pas intéressé en langage bien comme il faut ?

Elle n'eut pas vraiment le temps d'avoir d'indices qu'il était déjà leur table. Elle leva son regard vers lui, presque par réflexe et sembla passer en pilote automatique, à la manière dont elle agissait quand elle travaillait.

-Bonjour monsieur.
Prudence A. Wilk
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Sam 18 Mai - 18:09
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tw : misogynie

Me voilà qui donne tort à Iona. Je lâche l'affaire. J'accepte que ce soir ne soit pas le bon soir pour trouver un remplaçant à Yohann. J'espère qu'elle sait que j'ai fait ça par inquiétude, sans mauvaise intention. Je n'ose pas lui répéter encore une fois qu'elle est une jeune femme magnifique et que beaucoup d'hommes auraient de la chance d'être vu à son bras. Nous pouvons profiter des plaisirs français qui s'offrent à nous en dégustant vin et fromage. J'attends la réaction de mon amie et suis soulagée en découvrant son sourire. Cette soirée n'a pas besoin d'être triste, nous pouvons nous distraire sans homme, finalement. L'envie de danser me vient et j'aime l'expression que cela provoque sur le visage d'Iona.

— Je ne suis moi-même pas une grande danseuse.

Je la rassure en riant derrière ma main. Nous pourrions continuer à nous enthousiasmer, mais c'était sans compter sans l'arrivée de l'homme du comptoir. Lorsque je lève les yeux, je le vois s'approcher. De près, je le trouve moins intimidant. L'expression qu'il avait au comptoir est adoucie par son sourire. Ses yeux se plissent légèrement, ce qui exagère ses rides naissantes. Peut-être est-il légèrement plus vieux que ce que j'imaginais, mais il n'a pas cinquante ans. Sa chemise est de bonne facture, ce qui me met en confiance. Puisque l'ignorer ne le découragerait possiblement pas et me ferait passer pour une malpolie, je préfère lui adresser un sourire poli. Je prends les devants, en voyant Iona à peine capable de le saluer correctement. Elle s'adresse à lui comme elle le ferait avec un maître d'école !

— Je vous prie d'excuser nos regards insistants, nous vous avions confondu avec un autre.

Il a un rire que je pourrais qualifier d'élégant ou qui, du moins, est aussi élégant qu'un rire peut l'être après deux verres de vin. Il ne semble pas percevoir la rigidité de mon sourire qui est pourtant pensé pour lui faire comprendre qu'il ne se passera rien. Ce n'est pas moi qu'il dévore des yeux. Il se moque de ma réaction. Je ne sais pas s'il a écouté ce que je viens de dire.

— Je me demandais si vous vouliez vous joindre à nous... Je suis sûr que la serveuse nous trouverait une table pour quatre.

Je regarde Iona pour la laisser répondre, prête à intervenir si je la vois se pétrifier. Il a besoin d'entendre un refus de la bouche de la femme qui l'intéresse. Moi, je risque de passer pour la jalouse qui interdit à son amie de plaire alors que j'ai passé cette soirée à faire l'inverse !

@Iona Swan




nevermore
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. « Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant.
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