Je sais que tu essayes de me protéger, que tout part d’une bonne intention mais c’est plus fort que moi, je rejette toutes les bonnes ondes qui pourraient m’atteindre. Le manque de sommeil commence vraiment à me faire déraper. Je consomme de plus en plus de merde, sauf quand Riri peut me fournir mais l’argent ne coule pas à flot en ce moment. Je suis obligée d’accepter des deals pas très safe pour m’en sortir. Même payer le loyer de mon bungalow merdique commence à être compliqué. Alors te voir t’en sortir si bien, ouai ça me fout les nerfs. Et je culpabilise d’être jaloux mais je ne contrôle rien en ce moment.

Non, Nashou c’est pas une bonne idée. Je suis au courant tu sais. Mais c’est comme ça, c’est la vie. Si je crève, je te lègue ma caisse. T’en prendra soin hein ?

Rire des sujets graves est ma grande spécialité ! Je garde mes idées noires pour quand je suis seul. Je ne veux te montrer aucun signe de faiblesse. Je tiens le coup, je maîtrise, c’est tout ce que tu dois savoir. Même si je sais bien que t’es pas dupe. T’es passé par là toi aussi alors tu le connais ce froid qui envahit les entrailles, la peur qui serre le ventre et la panique qui cogne contre les os.

Oh ! J’ai une idée ! Tu me fais incinérer -Si ça coûte trop cher, je t’autorise à faire un feu de joie dans mon jardin- et ensuite tu me fous dans un tupperware que tu mets dans la boîte à gant. Comme ça, je pourrais hanter ma caisse et continuer à te dire que tu conduis comme une mamie !

Et op, attention détourné de la connerie que je m’apprête à faire ce soir. Ni vu, ni connu, je t’embrouille ! Parlons plutôt des livres que tu tentes de me cacher. Mais je suis comme un chien, une fois que j’ai reniflé une piste, aucune chance pour que je lache l’affaire.

Tu peux essayer de t’enfuir dans les rayons de la bibliothèque, je continue de te suivre à la trace. Jusqu'à ce que tu t'immobilises et que tu me balance une nouvelle qui fait disparaître tout sourire de mon visage.

Enceinte ?

Je dois avoir l’air d’un idiot fini à répéter tes mots et à te regarder comme si un troisième oeil venait de te pousser au milieu du froid.

Merde alors…

Qu’est ce que je dois répondre à ça ? Félicitations ?

Tu vas être papa, putain de merde…

Je passe une main dans mes cheveux, continuant de les emmêler après ma petite marche dans le vent pour venir du parking jusqu’ici. Je t’observe en silence avant de me racler la gorge.

Pardon, j’ai un peu de mal à réaliser. Eh ben… heu… Félicitations ?

Putain, d’abord Aran, maitenant toi. Je vais bientôt être le seul de mes potes à n’avoir ni mec, ni enfant. Et c’est sûrement une bonne chose vue ma vie.

Je veux dire, c’était voulu ? T’es content ? Tu as besoin que je te fasse disparaître discrètement ?

Nouveau sourire en coin qui étire la commissure de mes lèvres.