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Fergus MacKay
Fergus MacKay
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Pseudo : Barbe Noire
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CW : Mort, maladie(épidémie), abus, négligence, homophobie internalisée, forces de l'ordre, prison
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Occupation : Apprenti plombier et homme à tout faire
Âge : 30 Quartier : Wester Hailes
Situation familiale : Papa célibataire d'une petite fille de 10 mois.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours.
Don : Voyage au travers des époques, notamment entre le milieu du XVIIe siècle et aujourd'hui. Cela peut durer quelques secondes, quelques minutes ou une heure au plus. Il ne maîtrise pas du tout son don et cela le déstabilise. Est-ce la réalité ou les jeux de son esprit? Et que rapportera-t-il avec lui, la prochaine fois?

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- mesure 1m93 et, malgré sa maigreur, est plus solide qu'il n'y parait.
- il lui manque deux phalanges à la main gauche
- parle couramment le scot et le gaélique, a un très fort accent écossais
- utilise parfois des expressions complètement désuètes.
- souvent habillé de jeans noirs et de t-shirt de groupes de black métal, quand il n'est pas en bleu de travail.
- est tatoué des pieds à la tête

The road - ft. Keir - Page 2 Empty Re: The road - ft. Keir

Dim 29 Sep - 19:28
TW : violence, mention de suicide, psychophobie, homophobie

T'es resté là, à lui t'nir la main dans l'avant-frime du matin. Comme deux gosses qui se sont promis à la vie et à la mort devant toutes les guerres et les victoires imaginaires. T'es resté là, ouais, à lui serrer la main aussi fort que celle de Fionnlay, dans l'noir, avec la promesse de jamais, jamais la lâcher.

Ton coeur a arrêté d'battre, quand les doigts fins d'l'autre ont glissé des tiens. T'avais l'impression d'abandonner pour la seconde fois ton âme-frère. Ta moitié.

Tu sais même pas c'que tu fous, par terre, à r'garder les galaxies. Y a une heure, tu l'aurais tué au moindre mot d'travers. Et maint'nant, tu contemples les étoiles à ses côtés. Que celui qui n'a pas péché jette la première pierre.

T'aurais pas pu pardonner l'insouciance.

Pas quand il s'agit d'Abby, encore moins quand y s'agit d'ta p'tite.

T'aurais pas pu pardonner le gesté délibéré.

Mais

Ton coeur a arrêté d'battre, comme la magie rompue du lien. mais t'as compris. T'as compris que n'étit plus Keir. Enfin... plus vraiment.

***

J’ai dormi longtemps ?

Tu vas bien ? J'ai fait… Des trucs pendant mon sommeil ?

Tu fais que sourire, avec mystère. Ton nez a arrêté d'saigné v'là une bonne heure au moins et t'es soulagé qu'les gouttes s'voient pas trop, ent' les différentes chiures, sur ton bleu d'travail. Quand t'as vu Keir s'lever comme un ivrogne pour s'diriger droit sur l'autoroute en beuglant comme un damné, t'as bien compris qu'la nuit s'rait pas d'tout repos. Mais après... Après...

T'éclate d'un rire joyeux. L'premier depuis longtemps.

Tu souffle la fumée d'ta clope d'un air satisfait, avec l'soulagement d'un homme qui vient d'éteindre un incendie. Tu murmures une ou deux excuses à Fionnlay. Promis, ma fille, c'est la dernière. Promis.

"Des trucs dans ton sommeil?"

Un autre rire.

"Un jour, faudra qu'tu m'dises où t'as appris à causer l'gaélique , Zombieboy. Ça s'apprend pas à tous les coins d'rue, en ville."

Même à ton époque, même dans ton monde, dans ta tête.

"Tu t'es un peu débattu mais j'ai été doux, j'te jure."

Doux, tu parles. Mais il est en un seul morceau. Y a pas d'os cassés, pas d'oeil au beurre noir ni d'lèvre fendue. D'quoi s'acheter un billet d'loto avec la danse macabre qu'vous avez fait, tout à l'heure. L'aura p't'être un peu d'coloration aux côtes, plus tard

Tu renifles, avec un goût d'fer dans la gueule. Après... Keir s'est métamorphosé. Du Casanova langoureux et un peu trop sûr d'sa personne, il s'est recroquevillé sur lui-même, comme l'vilain p'tit canard qui longe les couloirs d'une école surpeuplée.  Y t'as ramené vingt ans en arrière avec toutes ces histoires de mômes que vous racontiez sous un grand drap tendu comme un fort, à la lumière d'une lampe de poche volée. Celle d'une pauvre meuf, abandonnée dans c't'orphelinat comme vous, qui hantait encore les méandres de l'édifice, après s'êt' pendue au sous-sol, dans la chaufferie. Des conneries à faire peur que vous vous racontiez, pendant qu'le surveillant était à l'aut' bout du bâtiment. Keir était-il avec vous? Nope. On l'avait déjà j'té à la cave.

Tu t'éclaircis la voix, mal à l'aise.

" C'pas toi qui a frappé Abby, Keir."

Silence.

"Ta.... une de tes personnalités ou je sais pas quoi m'a raconté. La fille - t'aurais dû t'entendre, bordel, dit qu'elle avait eu trop peur pour réagir et qu'elle s'est cachée dans les chiottes pour appeler la police. Elle s'est excusé d'avoir pris autant d'temps parce qu'elle savait pas s'servir de ton smartphone."

Ça concordait avec c'qu'les poulets t'avaient dit. Qu'une nana anonyme avait appelé les flics en panique, en disant qu'un mec gueulait après sa meuf et menaçait d'la r'froidir. Tes mains tremblent, un coup. Tu vas tuer Brian.

"On r'part à zéro, Keir. D'mandes-en pas plus."

Tu t'lèves, l'cul tout mouillé d'rosée. Tu passes sous silence tout c'que cette facette du mec en face de toi t'as raconté, comme une adolescente fébrile qui pense connaître l'coeur des gens du haut d'ses quatorze ans sonnés. Tes r'gards, les siens, tes doigts enroulés sur les siens... Une môme qui t'cache mal des trucs que tu devines un peu trop, sous des sous-entendus maladroits. Tu rougis rien qu'd'y penser et tu pointes un index menaçant vers ton co-équipier d'fortune.

"M'fait pas r'gretter de pas t'avoir cassé les deux jambes. Tu m'appelles plus bébé, compris? Gardes ça pour les garces que t'tapes après les courses"

Les garces... tu éclipses ce que la môme t'a dit, tout à l'heure, embourbé dans tes propres préjugés, tes propres désirs et tes p'tits secrets honteux. Ta bonne humeur r'vient, après une bonne inspiration. Qui s'opccupe de c'que dit un schizo en pleine crise? L'café et les clopes sont l'Eldorado d'un matin qui s'pointe le bout du nez. Dans quatre heures, vous s'rez à Birmingham. Dans dix heures, tout ça s'ra un mauvais souv'nir.

Même la merde d'mouton dans lequel ton pied droit s'enfonce te fait dire pas trop d'jurons. T'écoute pas trop c'que l'brun te baragouine et jettes tes chaussettes dans l'champ. Cette fois-ci, elles disparaîtront pas. Tu l'sais. La gamine est plus là. Elle est plus là depuis longtemps. Très, très longtemps. Tu plains l'pauvre fermier qui va les trouver.

Tu t'installes au volant, pieds nu et actionne l'moteur. Quequ' réglages et vous êtes partis de c'te champ d'malheur.

"Ouais. Faudra s'arrêter dans une échoppe avant d's'présenter d'vant les bonzes. J'doute qu'on trouve ma pointure en train d'sécher su ' l' bord d'un chassis."

Expiration.

Et puis, tu réalises c'que Keir vient te d'dire.

Tes mains glissent du volant et r'tombe le long d'ton corps. Tu r'gardes l'pâturage, d'un air  hébété et te r'tourne vers le type, hagard.

"Attends. Tu t'moques de moi? Arrêtes d'déconner, Keir. T'as vu quoi?"

Keir Smith
Keir Smith
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Occupation : J'enchaîne les petits boulots, plus ou moins légaux. Et les courses de voiture, très illégales.
Âge : 30 Quartier : Pilton, bébé ! Y'a que là-bas que je peux me payer un appart'
Situation familiale : Libre comme l'air ! Pas de famille, pas d'attaches.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours.
Don : Possession. Certaines nuits, les esprits décident de prendre mon corps pour un airbnb. Je ne contrôle rien et ne me souviens de rien non plus. A part, que je me suis couché dans mon lit et que je me suis réveillé à l'autre bout de la ville. C'est pourquoi, je fais tous ce que je peux pour dormir le moins possible.

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Ven 11 Oct - 10:23
J’ai la tête qui bourdonne, des millions de pensées qui s’entrechoquent dans une cacophonie que je suis le seul à entendre. Mes pensées, celles d’autres personnes qui ont emprunté mon corps pour un rodéo, des trucs inintelligibles qui rendent mon crâne aussi lourd que du plomb. Les réveils sont toujours compliqués et puis, peu à peu, la réalité reprend ses droits. L’aiguilles des secondes continuent sa course folle et à chaque nouveau tic, une pensée s’envole. Ma tête devient plus légère, mes paupières moins lourdes et seconde après seconde, je redeviens moi. Seul dans ma tête. Et c’est seulement à ce moment-là que je peux lâcher un soupir de soulagement.

Et cette fois, mon soupir de soulagement m’enlève un poids des épaules. T’es vivant, bordel ! Tu as déjà été confronté à mes démons quand on était gosse, tu savais à quoi t’attendre en me laissant m’endormir mais j’ai grandi. J’ai plus de force que le maigrelet de l’orphelinat et j’ai déjà été témoin de la violence que peuvent laisser certaines âmes derrière elles.

Mais tu vas bien. Tu te tiens debout, sans mare de sang à tes pieds. Je suis à deux doigts de remercier un dieu auquel je ne crois pas, pour ce petit miracle.

Gaélique ?

Je passe une main dans mes cheveux, sans grand espoir de les discipliner, et me laisse à rire avec toi. C’est bref mais libérateur.

Surement en même temps que j’ai appris à psalmodier en latin… Et oui, si tu te demandes, je me suis fait enfermer par un prêtre dans le sous-sol d’une église après cet épisode.

Dernier sourire avant que je ne baisse la tête pour observer mon propre corps à la recherche de dommage. Je me tiens debout moi aussi. Double miracle pour table 2 ! Pas mal, je vais peut-être réquisitionner tes services pour mes futures nuits. J’ai quelques douleurs ici et là mais je ne sais pas si c’est sûr à ma sieste à même le sol humide ou à une quelconque intervention de ta part alors pour le moment, je te laisse le bénéfice du doute.

Doux, hein ?

Je hausse un sourcil, uniquement pour te faire chier. L’ambiance s’est détendue entre nous alors j’en profite pour te taquiner. Je ne vais pas jusqu’à te demander si on a dormi en cuillère en se faisant des câlins parce que tu serais capable de m’en coller une juste par principe. A la place, je préfère remettre de l’ordre dans mes tissus. Redescendre mon t-shirt sur mon pantalon, lisser ma veste, remettre correctement le bas de mon pantalon. C’est justement ce moment que tu choisis pour lâcher une nouvelle bombe. Va falloir qu’on parle timing un jour, toi et moi.

Je relève brusquement la tête alors que je me tiens sur un seul pied. Le sol chancelle et je ne m’écrase pas la tête la première dans l’herbe, uniquement parce que mes réflexes ne sont pas endormis par une quelconque drogue depuis plus de cinq heures. Je suis incapable de prononcer un mot, mon visage devient aussi grave que le tien. Je te fixe, en silence, jusqu’à ce que tu décides de poursuivre.

Ton silence me tue, j’ai envie d’attraper tes épaules et de te secouer fort jusqu’à ce que tu me dises ce que tu sais. Et je te jure que je suis sur le point de le faire quand tu ouvres enfin de nouveau la bouche pour m’expliquer.

J’ai pas frappé Abby.

C’était pas moi.

J’ai appelé les flics. J’ai fait quelque chose.

Bordel de dieu.


Je suis juste capable de hocher doucement la tête, pour te remercier, je crois. J’en sais rien. Ma main défroisse les traits de mon visage mais je me sens toujours autant sonné. C’est pas moi. J’ai pas envoyé Abby à l’hosto. J’ai pas agréssé ta femme et ta fille. J’expire pour chasser l’angoisse qui nouait mon ventre et laisse un rire fou s’échapper de mes lèvres.

C’est pas moi.

Je me racle la gorge pour retrouver de la contenance et reprends mon rôle. T’as pas envie de reparler de cet épisode et j’ai pas envie de gâcher ma nouvelle chance avec toi. Alors comme souvent, je mise tout sur l’humour pour détendre l’atmosphère et ne pas laisser une ambiance de mort s’installer pour la suite du trajet.

Je te dépasse et hausse une nouvelle fois un sourcil en te dépassant, un sourire en coin agrafe aux lèvres. A ton niveau, je pivote sur moi-même pour passer en marche arrière et ainsi ne jamais quitter ton visage.

Les garces ? Oh Ferg….

Mon rire flotte derrière moi quand je me tourne de nouveau pour gagner la camionnette. Je ne suis pas hétéro, je ne me suis jamais montré avec une femme. Je n’ai jamais eu honte de ma sexualité. Je sais que je suis gay, tu sais que je suis gay et tu sais que je sais que tu sais alors pourquoi te voiler la face ? Je ne pensais pas que l’homosexualité te dérangeait. Enfin, je sais que toi tu es hétéro mais je ne pensais pas que tu irais m’invisibiliser.

Mais plutôt que de m’attarder sur un éventuel sujet de discorde, je préfère penser clope et café. L’eldorado est à portée de main alors je ne vais pas tout gâcher maintenant. Tu n'hésiteras pas une seconde à me laisser sur le bord de la route si je viens à ouvrir trop ma bouche. On s’installe tous les deux et le moteur s’installe, actionnant le chauffage qui répond une chaleur bienvenue dans l’habitacle.

Tu m’as l’air bien partie pour nous emmener vers notre petit déj mais… Non. On ne bouge pas. Les arbres sont immobiles et l’asphalte n’a pas bougé d’un grain.

Hein ?

Je tourne le visage vers toi, ne saisissant pas bien pourquoi t’as l’air d’avoir vu un fantôme tout d’un coup. Mes sourcils se froncent de nouveau et je hausse les épaules.

J’en sais rien, une gamine qui avait l’air de sortir d’un film d’horreur. Genre bien crade avec un truc mort entre les doigts.

Tu l’as vu toi aussi la gamine, non ? Tu avais l’air de la fixer. C’est pas le premier truc bizarre qui arrive dans cette foutue ville alors on va pas jouer aux étonnées, hein.

Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ?

Tu commences à me faire flipper, à me fixer sans bouger. Je ne pensais pas réussir un jour à te couper le sifflet. Je pourrais être fier si je comprenais ce que j’ai dit de travers.

Tu fais une attaque ? Je vais peut-être conduire, c’est plus prudent.

Tu regardes dehors, puis moi, puis dehors. Merde, j’ai cassé mon crush.
Fergus MacKay
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Dim 13 Oct - 21:09


TW : homophobie, psychophobie, mention d'actes haineux, épidémie, mort.

Ça y est. La clef est dans l'démarreur. Tes fesses sont posées su'l siège du conducteur, les siennes su' celles du passager et the world is yer gosh darn oyster.

Café chaud et cigarettes. Une serveuse fatiguée, à la voix aussi rauque qu'un camionneur, qui vous materne comme ses gamins dev'nu trop grands. A wee more for the road, loves? Les téléviseurs d'un diner crade qui a vu l'jour à la fin des années 70. C'est tout c'que tu d'mandes à l'univers. Tout pour pas r'voir la trogne sale de c'te jouvencelle pestiférée. Tu pars la machinerie.

T'as encore les joues qui t'brûlent la face. Est-ce la jalousie? L'délire à la yaoi de cette adolescente des années 90 qui a pris la tête de ton compère? Ou c'est p't'être l'image en boucle d'la scène, sur le stationnement. Keir, ses p'tites groupies et l'roulage de pelle comme monnaie d'échange.

Les Garces? Oh Fergus...

L'odeur d'un bon café frais, c'pas encore assez l'Saint-Graal pour toi, faut croire. Faut qu'tu ronchonnes, faut qu'tu grognes. Faut qu'tu montres un peu les crocs. Oui, tu le sais. Oui, tu sais qu'y sait qu'tu l'sais. C'pas comme si l'brun s'cachait dans l'fond du garde-robe comme toi. Tu l'as vu un soir avec un bellâtre au bras. Et il a ben vu qu'tu l'as vu. T'as rien dit, t'as rien fait. T'as continué ton ch'min, l'coeur en miettes.

T'éteins le moteur et tu t'tournes vers ton passager, le regard noir. Noir de jalousie et d'mauvais présages.

"Ouais. Tes garces. J'savais pas qu'elles avaient l'sang bleu.  Faut l'appeler comment, la catin qui t'roulait un patin t'à l'heure? Lady Howlinfudshire?*"

Tu renifles et baisses les épaules, vaincu. Il n'y a que le tic tac que fait l'engin sous vos culs, prêt à mordre à nouveau l'bitume. Mais toute la précipitation du début d'la nuit est morte dans c'champ.

Soupir. Ta voix baisse d'un octave encore et s'effrite contre les parois de ta gorge.

" Tes garces, Keir. Tes garces. Quand tu parles aux mecs d'la bande, ça doit toujours être tes meufs. Rien d'autre.  Tu t'imagines quoi? Qu'y font juste des courses de chars et un peu d'poudre su'l côté? Là, tu fais l'beau, tu fais l'vainqueur. Tu fais comme si l'monde t'appartenait. Mais tu sais pas c'qu'y racontent, ni c'qu'y font quand t'as l'dos tourné. Y croient pas aux fées comme nous, eux autres, ces enculés. Est-ce que tu piges? Quand y en auront fini avec toi, tu psalmodiera plus jamais l'latin. Ni rien d'autre. Tu vas êtes trop légume. Alors, si tu veux mon conseil..."

Silence. Tu secoue la tête.

"Oublies ça. Tu disais quoi?"

Keir a d'l'aplomb pour un mec brisé. Un sacré égo et un charisme a tout casser. Est-ce un rôle? Une force de caractère? Tout c'que tu lui dis semble lui passer six pieds par-dessus la tête. Enfin, c'est ton impression. Toi, t'es déjà r'croquevillé au fond de ton placard, terrorisé d'avoir laissé transparaître quequ'chose. Mais Zombieboy enchaîne son baratin et s'met à dire des choses que tu croyais impossibles.

Il a vu la gamine.

Et toi, tu d'viens livide.

Les foutus pâturages. Keir. Les putains d'pâturages, prise deux. Tu bredouilles, incapable d'aligner ta pensée.

"Arrêtes. C'pas drôle, connard. C'pas drôle, t'entends? "

Mais il est déjà trop tard. T'as fondu su'l banc comme la première neige au printemps. Tu t'croyais seul dans ton sale monde. Seul avec tes puces, ta merde et tes morts-vivants imaginaires. Tu ouvres à nouveau la portière, lui jettes les clefs à la gueule et cède ta place. Tu t'rassois côté passager et t'mures dans ton silence. Keir va bien finir par démarrer un jour. Tu t'en fous. T'es ailleurs.

Ailleurs, quequ'part dans un taudis d'Baillie Fyfe's close. Avec Fionn', assis à tes pieds. Avec ta mère penchée sur l'père mac Lochloinn, pris d'fièvre, de tremblements et d'douleurs.  Parait qu'ça avait commencé à s'propager à Leith. Parait qu'il était déjà trop tard.

Mais qu'est-ce qui t'es vraiment arrivé? C'est la question perpétuelle du toubib du Children of Scotland. Dessine avec les crayons de couleurs sur la feuille de papier. Tu n'as jamais vu de crayons feutres? Oui, tu peux tous les utiliser. Même le rouge. Même le pourpre. Tu n'en as jamais vu? Tu en es certain?  . Montre-nous sur la poupée d'plastique. Dis-le dans tes mots. Promis, personne ne te fera mal. Raconte-nous les vraies choses.

Les vraies choses.

L'paysage défile un peu trop vite, dehors, mais tu t'en fous. Depuis combien de temps roulez-vous? Il y a une sortie, pas loin. As-tu encore envie d'café et d'cigarettes, après tout ça?

"Y t'ont fait voir l'toubib, toi aussi? Y t'ont forcé à prendre leurs putains d'médocs? Y t'ont dit qu't'étais barjot à cause de tes parents et d'qu'y t'avaient fait? J'avais beau leur expliquer, y voulaient rien savoir. Y m'ont jamais cru. La gamine... elle était pas supposée être là. Y parait qu'c'est dans ma tête. Juste dans ma tête. Toi, tu beugles en gaélique et en latin comme un damné mort sur un champs d'bataille pour t'changer soudainement en p'tite jeune fille cafardeuse. Et moi, j'sors tout droit du passé. On fait la belle putain d'paire, toi et moi, pas vrai? "

*Je ne traduirai pas.

Keir Smith
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Don : Possession. Certaines nuits, les esprits décident de prendre mon corps pour un airbnb. Je ne contrôle rien et ne me souviens de rien non plus. A part, que je me suis couché dans mon lit et que je me suis réveillé à l'autre bout de la ville. C'est pourquoi, je fais tous ce que je peux pour dormir le moins possible.

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Mar 15 Oct - 10:14
Tu souffles le chaud et le froid dans cette carcasse métallique. A chaque fois que j’ai l’impression qu’on fait un pas dans le bon sens, tous les deux, tu nous fait faire un triple salto en arrière. C’est beau à voir mais c’est dûr à encaisser. J’aime pas danser la salsa, surtout pas quand c’est mon égo que tu piétines de tes groles absentes.

Alors je serre les mâchoires à m’en faire péter les plombages, mes jointures blanchissent quand mes mains se resserrent autour de la mousse usée de mon siège.

Mais qu’est ce que ça peut te foutre en fait ? T’as pas à me juger sur les bouches dans lesquelles je fourre ma langue, Ferg ! Lady Howlinmachintruc ou pas, ça me regarde !

Si tu veux grogner, je vais grogner aussi. J’en ai marre de tenter d’améliorer ce qu’il y a entre nous et de me prendre tes réflexions dans les dents. Ô oui, le brave Fergus, qui se tient bien, qui a payé sa dette à la société, qui a une jolie petite famille. Je sais, je suis une merde alors que toi, t’as réussi à t’en sortir. Je sais même pas ce que tu fous là ce soir. Je sais même pas ce que tu fous là avec moi, à risquer de retourner à l’ombre alors que t’as une gamine qui t’attends à la maison.

Mais après avoir soufflé une tempête de neige, tu te calmes et ce n’est plus qu’une brise glaciale qui me parvient. Tu as perdu de ta hargne en cours de route et je suis de plus en plus perdu.

Je sais.

Je me racle la gorge et laisse mon regard se perdre dans la nuit du côté de ma fenêtre. La route est déserte, on est les seuls idiots à s'aventurer par ici pour quelques billets. Et pourtant, la route est encore longue pour toucher notre part.

Je sais mais qu’est ce que tu veux que je fasse ? Les apparences c’est tout ce qui me reste. Sinon je fais quoi ? Je reste enfermé chez moi en attendant qu’un esprit jette mon corps sous un train ? J’attends la faucheuse le cul vissé sur mon canapé ?

Ma voix se brise à mon tour. Je sais très bien ce qu’il se passe derrière mon dos, j’entends parfaitement ce qu’on murmure quand ils pensent que je n’entends pas. Mais c’est ma vie. Je n’ai pas la force de changer maintenant. Et pour quoi faire ? J’ai toujours vécu comme ça et quand viendra mon heure, je serai prêt.

Tout ce que je peux faire, c’est marmonner un “fais pas chier avec tes conseils” tout en cherchant un paquet de clopes qui n’existe plus. Putain d’addiction à la nicotine. Pas la plus dangereuse de mes addictions mais la plus prenante.

Et nous voilà de retour en pleine tempête de neige. T’es un ouragan à toi tout seul Fergus, tu me ballotes dans tous les sens et je ne peux que te suivre. J’ai pas la résistance pour t’affronter. J’ai beau donner des coups de pieds dans le vent, ça ne te fait ni chaud, ni froid. Tu continues de m’emporter dans ta tornade de tes émotions, en me vidant de toute mon énergie. C’est épuisant de te suivre et pourtant, je ne peux pas me résigner à aller me mettre à l'abri.

Quoi ? Quoi encore ? J’ai pas le droit de rouler des pelles à des mecs et maintenant, j’ai pas le droit de voir tes potes imaginaires ?

Je m’emporte parce que je suis perdu, incapable de savoir comment réagir. Mais dès que mes cris quittent ma bouche, je les regrette. Ton visage est devenu aussi blanc que la carosserie de ta camionnette et dans tes yeux… Une panique comme j’en ai rarement vu.

La culpabilité me sert la gorge quand c’est à ton tour d’endosser mon costume de Zombie Boy. Un costume pour deux, le destin nous rassemble de manière cruelle.

Tu quittes la place du conducteur pour venir t’asseoir à la place du mort. De mon côté, je lève les jambes pour me glisser derrière le volant. Je te jette un regard inquiet mais tu ne sembles plus vouloir poursuivre notre conversation. Tu es une putain d’énigme Fergus MacKay.

Je m’y reprend à plusieurs fois pour démarrer notre monture. Elle est bien loin de la réactivité de ma skyline, le démarreur me résiste et t’es dans le gaz, pas décidé à me filer les secrets de ta belle. Après une minute de solitude à galérer, on se met enfin en route.

Le silence résonne entre nous. T’as les yeux dans le vague et l'inquiétude me serre la gorge. Est-ce que je dois rouler le plus vite possible pour terminer cette mission et t’emmener consulter ? Qui, j’en sais foutrement. Ou est-ce que je dois m’arrêter sur le bord de la route pour que tu puisses prendre l’air ?

Du dos de la main, je donne un léger coup sur ta cuisse mais je n’obtiens pas de réaction. J’opte donc pour la première solution et j’accélère autant que ta camionnette me le permets.

Quand tu reprends la parole, ta voix me fait sursauter. Je pousse un juron et colle la main contre mon cœur.

C’est mon rire qui te répond.

Putain ouai, on fait une sacré belle paire tous les deux ! Toi t’as eu les médocs et moi les sangles dans la cave. Vraiment que du bonheur cet endroit ! Tu m’étonnes qu’on soit complètement bousillé…

Je continue ma course folle contre moi-même (puisque la route est déserte) et freine seulement quand les lumières d’un vieux restaurant routier se dévoilent. Aucun doute que le café sera dégueulasse et les clopes hors de prix mais on a besoin de reprendre des forces.

Je t’offre un café et tu vas me raconter qui est cette gamine qui te poursuit avec son lapin crevé.

Je laisse notre monture sur le parking envahi de brume blanchâtre et t’ouvre la porte du restaurant où l’odeur de café et de tabac froid nous assaille.

Après vous, Lord Gruamach.

Je t’en foutrais moi du sang bleu. Sourire éternel accroché aux lèvres, je t’emboite le pas jusqu’à me laisser tomber sur une banquette en skaï donc je préfère ignorer la propreté relative. Ça colle à mon pantalon mais j’ai trop besoin de caféine pour faire le difficile.

Une femme aussi âgée que l’établissement remplis nos tasses de café et attends notre commande sans nous décrocher un seul mot.

Je vais prendre une assiette de black pudding, un roulé à la cannelle et un Cranachan s’il vous plaît.

Je relève la tête vers notre serveuse qui hausse un sourcil face à ma commande.

Hum, mettez deux roulés à la cannelle en fait.

Cette fois, c’est vers toi que mon nez se redresse.

Quoi ? J’ai faim. Et je sens qu’il va me falloir des forces pour entendre ton histoire.

Ouai, je compte pas laisser tomber. Je veux savoir ce qu’il se passe dans ta jolie petite tête. De toute façon, on est déjà à la bourre pour notre rendez-vous alors un peu plus, un peu moins… On dira que ta camionnette est tombé en rade.
Fergus MacKay
Fergus MacKay
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Occupation : Apprenti plombier et homme à tout faire
Âge : 30 Quartier : Wester Hailes
Situation familiale : Papa célibataire d'une petite fille de 10 mois.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours.
Don : Voyage au travers des époques, notamment entre le milieu du XVIIe siècle et aujourd'hui. Cela peut durer quelques secondes, quelques minutes ou une heure au plus. Il ne maîtrise pas du tout son don et cela le déstabilise. Est-ce la réalité ou les jeux de son esprit? Et que rapportera-t-il avec lui, la prochaine fois?

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- mesure 1m93 et, malgré sa maigreur, est plus solide qu'il n'y parait.
- il lui manque deux phalanges à la main gauche
- parle couramment le scot et le gaélique, a un très fort accent écossais
- utilise parfois des expressions complètement désuètes.
- souvent habillé de jeans noirs et de t-shirt de groupes de black métal, quand il n'est pas en bleu de travail.
- est tatoué des pieds à la tête

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Mar 22 Oct - 21:12
TW : maladie, épidémie, psychophobie



Mais qu’est ce que ça peut te foutre en fait ? T’as pas à me juger sur les bouches dans lesquelles je fourre ma langue, Ferg ! Lady Howlinmachintruc ou pas, ça me regarde !

Les mots coincent, rongent et explosent dans vot' tas d'ferraille. Ils sont lâchés en pleine nature avec tout c'qui va avec. Les non-dits, les r'mords, les r'proches, les souvenirs, la pourriture et les vieilles blessures.

Ç Keir, à toi et à tes potes imaginaires.

Alors tu t'mures dans un silence de plomb. C'est c'que tu fais d'mieux de toute façon.

Les nuits à t'morfondre dans ton lit d'dortoir à te d'mander c'qu'y pouvait r'sentir, Zombieboy, tout seul, dans l'noir d'la cave. À r'vivre dans ta tête l'moment où l'Homme-Corbeau a r'fermé la porte derrière lui, en vous abandonnant à vos bubons et à la terreur. Maudits. Contagieux. Dangereux. Laissés à vot' sort dans un trou noir. Combien d'nuits t'a passé à t'd'mander si tu devrais pas gueuler, pas mordre et t'battre pour qu'y l'laissent dormir avec vous? À mettre l'feu aux poubelles pour lui donner une chance de prendre l'air.

À te d'mander si on lui ouvrirait seulement la porte, si un incendie v'nait à éclater, au centre. À te d'mander pourquoi tu faisais rien.

Keir et toi, c'est d'l'histoire ancienne. Très ancienne. Personne voulait d'toi, personne voulait d'lui. Malgré l'fil invisible qui vous reliait, t'as jamais fait l'premier pas et tu t'es bien assuré d'garder tes murailles. Vous étiez pas ennemis. Pas vraiment amis non plus. Keir, c'est l'mec qu'l'existence t'a collé aux basques. Peu importe où la vie te mène, il est là, dans les parages. En parallèle. T'as pas été plus surpris qu'ça de le r'trouver dans la bande de voyous que t'a rejointe, après l'AVC d'Ryan. Ni à l'voir rôder avec les mauvaises fréquentations d'Abby.

Qu'est-ce que t'en a à foutre, aujourd'hui? Qu'est-ce que t'en a à faire des types qu'il s'tape? En quoi ses choix d'vie t'regarde? Et si y s'jetait sous un train lors d'une de ses crises de somnanbulisme? Et si toi, tu crevais sous les balles d'un flic? Est-ce que quelqu'un s'rait surpris? C'pas un peu écrit dans l'ciel? C'pas un peu à quoi tout l'monde s'attend d'vous deux, non? Vous roulez tous les deux à vot' perte. Tu sais même pas toi-même. Tu sais même plus c'que tu devrais r'sentir. Une colère sourde et acide qui s'exprime pas.

La rage aveugle d'être laissé pour compte au fond d'une cave.

Tu restes stoîque à ses tentatives de démarrer vot' cercueil. Tu sens à peine la claque, sur ta cuisse. Le frôlement de sa main. Les trois doigts valides de ta main gauche enserrent les siens, à peine un instant avant que tu les relâches, sans un mot. As-tu déjà oublié? C'pas ton pote. C'pas ton frère. T'es ailleurs.

C'est un énième sursaut d'suspension qui t'sort de tes macabres pensées. La camionnette mord l'bitume aux maximum d'ses capacités. Un Arrêtez-moi sales flics en néons, dans la pénombre du p'tit matin. Vrai, Keir est un sacré bon pilote. Mais c'pas l'engin ni l'moment. A-t-il oublié c'que vous trimballez, dans la caisse arrière?

Tu sors de ta torpeur. Ta voix s'éraille alors que tu t'moques de c'que l'État a fait d'vous. Sortirez-vous un jour de vot' trou?

"Gardes tes sous, Zombieboy. Y a rien à dire sur c'te môme. Elle était fatiguée, malade et affamée. C'est tout."

Tu lui fais signe de relentir alors qu'une sortie s'pointe. L'Eldorado est là, l'café et la nicotine sont d'bonnes excuses, pour sortir quequ instants d'son tombeau.

Tu déploies tes jambes de cigogne en dehors du véhicule sitôt l'moteur arrêté. L'gravier t'perce la plante des pieds mais tu l'ignores à grandes enjambées vers la porte d'entrée du casse-croûte. Tu maugrées deux ou trois mots en gaélique alors qu'ton chauffeur t'ouvre la porte.

"Pòg mo thòin."

L'endroit est crade, à la hauteur de tes attentes. Un repère de camionneurs, ni plus, ni moins. T'as vu pire. Tu suis l'mouvement, tu t'laisses toi aussi tomber su'l'banc, avec un profond soupir.

La serveuse est un fossile et l'café s'ra à son image. Elle fait pas attention à tes ongles d'orteils crottés ni aux traces que t'as fait sur le lino. Qui sait c'qu'elle a déjà vu, sur cette route. Tu zyeutes ton camarade qui s'croit dans un restaurant étoilé et qui débite sa commande en quatre services. Toi aussi, tu lèves un sourcil, l'coeur au bord des lèvres. Y a qu'à r'garder la banquette pour s'imaginer c'qu'y aura dans l'assiette. T'ose même pas t'commander un bol de porridge alors que t'as vu l'pire des cantines de prison.

"Un café."

Tu r'tombes dans ton mutisme, le temps qu'vos deux tasses glissent sur la mélamine craquelée et que la cafetière soit suspendue au-dessus.

Signe de tête vers l'employée qui disparaît derrière son comptoir, après avoir déchargé son quota d'sucre mensuel sur la table.

Gorgée d'café. Grimace. Au moins, c'est chaud.

"J'sais pas à quoi tu t'attends. La fin, tu la connais. C'est la même qu'la tienne. Un morveux cassé dont personne veut vraiment et qui va finir six pieds sous terre. Plus tôt qu'tard."

Tu sors ton téléphone, comme si le geste allait dissuader ton interlocuteur de t'écouter au lieu d'mastiquer. L'visage d'ta fille t'sourit à l'écran, avec ses p'tits yeux en brides. Des traits d'un autre bout du monde que tu lui a r'légué, puissance fois deux. L'fantôme d'un père que t'as jamais vu. La baby-sitter est déjà réveillée et t'fait dire qu'Fionn' a été un ange, comme d'habitude. L'tout accompagné d'un bon voyage dont elle ignore toute l'étendue.

"J'suis né à Édimbourg. Ma mère nous a élevé toute seule, elle faisait d'son mieux, mon frère savait pas s'battre et j'me faisais pêter la gueule à sa place. J'faisais l'coursier dans les rues pour aider. On vivait dans l'fond d' Trotter's close, au-dessous. On avait rien mais on s'arrangeait. Pis un printemps, tout l'monde s'est mis à être malade et à crever, ma mère a arrêté d'bouger et y ont décidé qu'c'est fini pour Fionnlaigh et moi. J'ai fermé les yeux et quand j'l'ai ai ouvert, y avait un type avec un casque blanc pis un par-dessus jaune pétant qui m'gueulait d'sus en anglais. J'ai rien compris."

Silence.

"Y m'ont m'ont dit qu'tout ça... Que c'était dans ma tête. Que c'était jamais arrivé. Que j'avais probablement juste des parents bien déguelasses qui m'avait laissé pourrir au fond d'une cave. Qu'on avait trouvé ma vraie mère, qu'on lui enlevait ma garde. Que Fionnlaigh, y existait pas. Tu sais, un truc qu'tu t'imagines pour fuir la réalité."

Gorgée d'café.

"Alors... c'est qui l'plus taré d'nous deux?"

T'hésites, un instant. Ta main gauche s'pose durement sur la sienne, tu serres ses doigts et regardes les tiens. La vue d'tes phalanges manquantes t'répugne, tout d'un coup. Qu'est-ce qu'y doit penser d'toi, hein? Tu baffouilles, baisses les yeux. Tu r'tires ta paluche pour la cacher sous la table.

"J'aurais dû faire quelque chose. J'aurais pas dû t'laisser tout seul."

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