Une omission est un mensonge

Nadeem + Bear

SAUF quand on le fait sans faire exprès

Bear trépigne. Il n’y avait pas d’autre terme pour l’expliquer. Devant l’entrée du restaurant, parce qu’il avait décidé de parler à son ami dans un restaurant, il était en train de passer d’un pied sur l’autre avec une trépignation évidente. Si trépigner existait, trépignation n’était pas un mot accepter dans la langue anglaise. Tant pis. Parce que c’était exactement ce qu’était en train de faire Bear. Il attendait devant la femme qui vérifier les registres. Elle avait reçu un appel du directe pour lui dire qu’une personne du nom de « Nathan Instinct » allait venir. Elle ne savait pas réellement à quoi elle s’attendait. Pas à un géant noir qui trépigne en tout cas. Nathan, lui, avait demandé à son père un service pour avoir une place. Parce qu’il voulait fêter une nouvelle avec son meilleur ami, et qu’il fallait au moins un repas dans un des restaurants les plus chics de la ville pour ça. Il aurait bien voulu inviter les filles aussi, mais il avait ensuite pris la décision de le faire d’abord avec Nadeem.

Bien sûr, Nathan n’avait même pas calculé qu’inviter son ami qui ignore la réelle étendue de la richesse de Nathan pourrait être étrange. Pour tout dire, Nathan avait tellement peu l’habitude de parler de sa richesse, qu’il ne savait même pas que Nadeem l’ignorait encore. Et pour dire la vérité. La seule personne qui était réellement au courant était Porter. Parce qu’ils s’étaient connus, en ne s’appréciant pas, dans une école de bourge. Depuis qu’il était ici, on l’appelait Bear. Et on oublie facilement qu’il s’appelle Nathan Instinct, comme le seul héritier de l’entreprise de divertissement Instinct qui était mondialement connu et avait son siège à Londres. Non. Il ne calcule pas, Bear. Il s’en fiche. Il trépigne. D’un sourire éclatant qu’il proposait à tout le monde avec une joie qu’il ne dissimule pas. Il sourit, encore et encore. Il sourit de bonheur et de joie. Parce que c’était une bonne journée.

- NADEEM !

Oui, il cria un peu alors qu’il fit de grand geste comme un enfant qui n’aurait pas vue son meilleur ami depuis des années, alors même que la dernière fois n’était pas si vieux que ça. Il attrape son ami et fait un signe de tête à l’hôtesse qui soupire de dépit. Les riches étaient trop riches pour elle. Elle les emmène à une table et Bear finit par tendre lui-même le menu à Nadeem alors qu’il avait toujours son sourire trop heureux. Il était une usine de bonne humeur et de joie. Il était une boule à facette qui éclaire partout où il sourit tant que son bonheur irradiait de partout.

- On commande … on commande … on commande et faut que je te dise. Faut que je te dise parce que je vais exploser … Je crois que je vais prendre … la même chose que toi. Tu commandes, dit-il en fermant le menu pour regarder Nadeem avec des grands yeux d’enfants qui attendent qu’on lui dise top pour ouvrir ses cadeaux de Noël. Et c’est moi qui régale. Tu peux rien me refuser, pas aujourd’hui. Vraiment pas aujourd’hui. Alors commande tout ce que tu veux !

Il attend que cela soit fait alors que Bear, qui ne buvait pas d’alcool refusa simplement le verre de vin pour lui. De toute façon, il était si euphorique qu’il n’arrivait pas à penser de manière cohérente. Il n’allait pas en plus se mettre à boire. Puis, quand il fut sûr de pouvoir, il reprit la parole :

- Je viens de sortir du tribunal ! Les deux adolescents dont je t’ai parlé, Cole et Léo, j’ai le droit de les prendre sous ma charge ! Ils ont été entendu par le juge des enfants qui leur à demander s’ils voulaient venir vivre avec moi et ils. Ont. Dit. OUI ! Bon ! La seule chose c’est que je dois leur faire une chambre chacun, mais comme j’ai prévenu que j’avais le manoir, on m’a juste dit que j’allais devoir y vivre et en faire ma résidence principale, mais ça, c’est qu’un tout petit minuscule détail de rien du tout !

Il réfléchit une seconde, fronce les sourcils. Non pas parce qu’il est en train de réaliser qu’il n’avait jamais parlé de son manoir, ni de son chalet dans les montagnes, à Nadeem, mais parce que …

- Il faudrait que je refasse leur chambre au propre, marmonna-t-il pour lui-même,  Le manoir compte 17 chambres inoccupées, mais j’imagine que je pourrais leur faire la pièce la plus proche de celle du maître de maison, mais pour ça, il faudrait que je m’en choisisse une … Ou alors je leur donne juste la chambre qu’ils ont pris la dernière fois … Ce n’est qu’un détail.

Il finit par chasser ses paroles d’un mouvement rapide alors qu’il lâcha un nouveau sourire éclatant.

- Nadeem ! Je peux adopter les deux ! Pas seulement être leur représentant légal ou une famille d’accueil. Les deux on acceptait de prendre mon nom de famille d’ailleurs. Je vais être papa !

Oui, c’était un raccourci, mais il s’en fou. Il était trop heureux pour penser en termes d’euphémisme ou d’atténuation. Il allait adopter deux enfants, et donc … il pouvait tout à fait se considérer comme leur père. Même s’il était couleur bois d’ébène et que les deux jeunes étaient des petits blancs, rien à secouer. Ils étaient ses fils !

Une omission est un mensonge

Nadeem + Bear

SAUF quand on le fait sans faire exprès

« Félicitations », c’était le mot. Il venait de se faire féliciter et ça lui faisait chaud au cœur. Il n’avait rien fait, pourtant. Il n’était pas acteur… mais… Mais il était félicité pour avoir réussi. Il allait être papa et ça le rendait joyeux. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et son sourire commençait à lui faire mal aux joues… mais rien à secouer. Il s’en fiche d’avoir mal. Il s’en fiche d’avoir les joues en feu, les pommettes remontaient en haut de ses yeux, ses yeux plissaient. Il s’en fichait, lui. Parce qu’il était bien trop heureux pour penser à ce genre de chose, comme la douleur. Cette journée, ce moment, il n’y avait aucune place à la douleur. Il n’y avait que le bonheur qui fait vibrer toujours un peu plus son cœur. Il en tremble de bonheur. N’est-ce pas la meilleure manière de trembler ? Avec le bonheur qui suinte de partout sur ses pores ?

Il remarque rapidement la surprise du jeune homme sur son manoir, mais il ne s’y arrête pas. Il n’y pense même pas. Il ne fait pas un lien de cause à effet. Il continue de sourire. Les zygomatiques lui faisaient mal. Il penche la tête vers son ami avant de rire un peu. Il avait plein de réponses à donner, et tout le faisait sourire. Vraiment. Il ne savait pas comment faire pour contenir ses émotions… mais pourquoi contenir ses émotions ? Il n’y avait pas de raison de cacher ses émotions en réalité.

- Pourquoi j’aurais un nouvel appartement ? Le manoir suffit, c’est le juge pour l’enfance qui l’a décidé mais je vais garder mon appartement pour les occasions autre. Mais on pourrait faire une espèce de crémaillère avec les gosses. J’imagine que les Garden seront ravis de voir de l’activité ! Ils ont tous les deux 16 ans. Les parents de Cole sont morts et la mère de Léo a abandonné ses droits depuis ses 7 ans.

Il sort son téléphone et cherche une vidéo où il y avait les deux garçons. Deux blancs, qui ne pourraient clairement pas être comparé à la peau noire de Bear. L’un était blond avec une petite tête de canaille. L’autre était brun, avec des lunettes sur le nez. L’un semblait très rebelle et mouvant, pendant que l’autre ressemblait à un rat de bibliothèque. Il lui montre une vidéo où les deux étaient en train de faire un cours de boxe à des enfants. Léo faisait beaucoup de blague nulle pendant que Cole lui rappelait de se concentrer.

- Les voilà. Cole et Léo, lui montre-t-il sur la vidéo, mais il ne faut pas croire que ce sont des anges. Léo est un aimant à problème la plupart du temps. Chaque fois qu’il vient au manoir, il met au moins une pièce en foutoir. Madame Garden n’en peux plus de lui. Si tu savais.

D’un coup. Il réalise. Pour de vrai cette fois. Il relève les yeux vers son ami, puis un peu plus haut alors qu’il fouille dans ses souvenirs.

- Tu … tu sais … tu sais qui est Madame Garden ?

Il le réalise enfin avant de rougir un peu. Ouais. Il rougit pour de vrai même s’il était foncé sur sa peau. Il rougit un peu avant de reprendre son téléphone. Il se souvient de cette soirée avec Porter et lui… la première à trois… Cette soirée où Nadeem avait dit avoir du mal avec les gosses de riches… Bear se sentait mal, à ce moment là, puisqu’il était pareil que Porter, en réalité. Il était riche. Vraiment riche. Enfin, ses parents mais comme il était l’héritier et en plus il avait des parts dans l’entreprise, il n’était clairement pas pauvre. Et quand Porter l'avait sous entendu, Nathan s'était senti honteux de ce qu'il était. Alors, il avait demandé à le cacher. Depuis... il ne le cache pas réellement, mais il ne l'étale pas non plus. S'il avait déjà aidé à offrir des cadeaux ou aidé tout court Nadeem sans jamais rien demander, c'était pour ça aussi. Parce qu'il le pouvait, réellement. Il n'avait jamais caché sa richesse, mais il ne l'avait jamais exposé non plus... Donc... Nadeem pouvait ne pas être au courant ? Il décida qu'il le demandera (si Nadeem ne le fait pas) après le repas. C'était mieux.

Une omission est un mensonge

Nadeem + Bear

SAUF quand on le fait sans faire exprès

Totalement inconscient de ce qu’il pouvait se passer dans la tête de son meilleur ami, Bear continuait de s’extasier sur le futur radieux de papa qui l’attend. Même en faisant la phrase en entier dans son esprit, il n’arrivait toujours pas à réaliser que c’était bien la réalité. Il allait être papa des deux gamins qui l’avait suivi déjà depuis leurs 12 ans. Il avait été leur mentor depuis leur rencontre, quand Léo avait essayé de lui voler de l’argent dans la caisse et que Cole avait reposé l’argent en secret. Il avait apprécié emmener Léo et Cole dans des fêtes votives, dans des parcs à thèmes, avec ou sans Yohann. Les petits avaient illuminés sa vie, mais il n’avait pensé que récemment à la possibilité de les avoir comme membre officiel de sa famille. Avant, il ne pouvait pas à cause des droits parentaux et autres conneries. Mais maintenant ? Il avait enfin pouvoir leur donner tout ce qu’il aimerait lui donner.

- Madame Garden est la gouvernante ainsi que la cuisinière au manoir. En plus d’être une vieille amie de ma mère, s’entend.

La famille Garden avait un lien proche de la famille Instinct. Aucun lien de parenté, aussi avait-il des âges variables, mais un lien profond d’amitié. Sa mère et Madame Garden avaient fait leur classe ensemble. Elles avaient rencontré leurs âmes sœurs en même temps. Et quand son père avait commencé à être riche, sa femme lui avait demandé le service de trouver un travail pour les Garden. Si au départ, Madame Garden avait été une secrétaire et son mari un manager, ils ont vite désiré avoir un travail plus plan-plan. Et quoi de plus plan-plan que de s’occuper de la maison de Nathan ? Lui qui est le genre à se faire à manger, s’occuper de faire son manège, ou même de faire le jardin. Y a pas travail plus calme qu’une maison dont on a le droit d’utiliser les chambres avec l’aval du propriétaire et on a une dépendance tout frais payé. Avec un salaire qui dépasse très clairement le salaire d’employés normaux. Qui dirais non à une telle proposition ? Pas Monsieur et Madame Garden qui sont parfaitement heureux de pouvoir vivre la belle vie. Il penche la tête quand son ami lui demande s’il va bien.

- Bien sûr que je vais bien ! Je vais enfin pouvoir disputer Cole et Léo officiellement quand ils feront des conneries plus grosses qu’eux !

Non, parce qu’il rappelle que Léo avait toute de même commencé un trafic de drogue pour draguer une fille et que les deux s’amusaient à faire des combats illégaux. Des petits délinquants en herbe. Mais il les aime vraiment. Depuis tout ce temps, il était attaché à ses gamins. Il regarde son meilleur ami avant de papillonner des paupières sans trop comprendre. Pourquoi il semblait que son meilleur ami était… inquiet ? Pour lui ?

- Tu penses que je n’y arriverais ? demanda-t-il tout d’un coup un peu gêné. Tu sais je suis plutôt doué avec les enfants, une fois qu’il arrête d’avoir peur de ma taille. Et le plus souvent, ils ont peur qu’entre cinq et sept ans. Avant, je suis un arbre qui bouge et après un géant noir. Et puis, j’ai un super papa pour m’aider si jamais je flanche.

Il rajouta ça en faisant un clin d’œil. Réponse à la question non formulé : non, il n’était pas vexé qu’on ne le pense pas à la hauteur. Après tout, Nadeem ne savait pas exactement sa relation avec les deux jeunes et il ne savait pas non plus TOUT de Bear… Comme qui était Madame Garden, par exemple. Il finit par sourire alors qu’on finit par commencer à les servir.

- Je t’emmène rencontrer Madame Garden après le repas. Comme ça, nous rattraperons une injustice. On pourrait même prendre un dessert là-bas si tu veux, je suis sûr qu’elle aura des cookies.

Une omission est un mensonge

Nadeem + Bear

SAUF quand on le fait sans faire exprès

Bear avait une impression de mensonge. Ce n’était pas exactement comme quand quelqu’un ment. C’était plus dans la manière de le dire. Dans l’intention. L’intention n’était pas de mentir complètement, mais quelque chose dérange… Il n’y fait pas attention, pris dans le bonheur du moment.

- Je la connais depuis toujours. Elle est la meilleure amie de ma mère. Quand j’étais petit, je pensais qu’elle était ma tante, plus qu’une simple amie. Il m’a fallu des années pour comprendre la réalité, et crois moi que je l’ai pris comme une trahison.

Qu’on ne lui avait pas expliqué avant était aberrant… mais après tout, il connait Nadeem depuis la nuit des temps et il ne lui avait pas expliqué sa famille ou sa richesse. Parfois, certains détails n’étaient pas assez important pour avoir à en parler. Bear sourit. Nadeem avait l’air bizarre, comme s’il n’était pas réellement là… mais ce n’était pas grave. Il prendrait le temps pour se faire pardonner son oubli. Il avait oublié de lui parler du Manoir. Il prit son téléphone et se rendit sur Instagram avant de le tendre à Nadeem. C’était une photo de famille, avec Madame Garden, Monsieur Garden, Alisson Garden, leur fils, et lui. Il les présente dans l’ordre.

- C’était l’année dernière cette photo. Il faudrait qu’on en refasse une avec les garçons ! Pour le manoir, je me rends compte que tu ne l’a jamais vue… je t’en ai même jamais parlé, je m’en excuse. Au départ je ne voulais juste pas que tu me vois différemment. Et ensuite c’est devenu… Habituelle. Pour me rattraper, je t’amène le visiter après.

Bear remonte son visage vers son ami et fronce les sourcils. Comment ça ? De quoi il parle ? Pourquoi cette question ? C’était assez étrange. Il réfléchit alors à la question. Il y avait plusieurs personnes qui connaissaient sa demeure.

- Samuel, mon bras droit au Punch aussi. Remy a déjà fait des livraisons… et bien sûr les deux jeunes.

Yohann aussi, mais il ne sait pas le lien qui unit les deux hommes. Il y avait aussi beaucoup d’autres personnes qui ont été secouru par Bear et ont pu voir le manoir. D’ailleurs, le manoir s’appelait le Manoir Insctint… Ce n’était pas compliqué de comprendre à qui il appartient. D’un coup Bear réalise.

- Et Porter. Il sait que je possède un manoir et le chalet. Il n’est jamais allé au chalet. Pour ce qui est du manoir, je ne pourrais pas le certifié. Tu sais comment il est ? Il est toujours en train de vouloir s’amuser et ce n’est pas le cas dans ce « château de vieux »… comme le dirait Alisson.

Une omission est un mensonge

Nadeem + Bear

SAUF quand on le fait sans faire exprès

Bear bu, lui aussi, de l’eau. Il fronçait les sourcils en regardant l’incrédulité sur les traits de son ami. Il ne comprend pas quoi ? Certes, il ne lui avait jamais parlé de son manoir, mais de là à dire qu’il ne comprend pas, c’était un peu gros, non ? Il penche à peine la tête alors que le repas est servi et qu’il laisse son ami continuait d’être incrédule. Après tout, pourquoi pas ? Il sourit doucement.

- J’ai un manoir. Et si tu te demandes pourquoi Porter n’en a jamais parlé, lu-t-il dans les pensées en le connaissant trop bien, c’est simplement parce que ce n'était pas important. Donc il a dû oublier aussi.

Il n’avait jamais voulu garder le secret comme ça. Si au début, il ne voulait pas étaler sa fortune et sa famille pour se présenter, il ne s’était jamais caché. Il était Nathan Instinct, une recherche internet aurait suffit pour tout savoir. Mais ça n’était jamais venu. Ensuite, il avait tout simplement oublié qu’il n’avait rien dit à Nadeem. D’ailleurs, peut-être avait-il déjà fait des commentaires en dix ans, que Nadeem n’avait pas compris et simplement « oublié ». Ce n’était pas impossible. Il se sentait un peu gêné tout de même. Il fit un petit sourire en coin.

- Tu devrais utiliser mon téléphone pour faire une recherche, proposa-t-il parce que c’était plus simple, « La famille Instinct de Londres ». On a notre page Wikipédia...

Une des familles les plus riches de Londres. Et surtout, toujours à faire des œuvres caritatives ou des évènements. Père, mère et fils étaient les trois mêmes dans l’éthique et le partage de la richesse. Même s’ils étaient riches. Tout comme le fait qu’il prône la non-violence et soit un professeur de boxe… le fait qu’ils soient aussi généreux en étant riches leur étaient souvent reprochés. C’était un paradoxe que l’on ne voulait pas comprendre, ni accepter. C’était le genre de moment où le cerveau des gens explose dans un refus total d’accepter. On préférait voir les riches comme des méchants mangeurs de pauvre que comme des âmes généreuses.

- Pour ce que ça vaut, je suis désolé. J’avoue que je pensais que tu le savais, depuis le temps. Que j’avais déjà parlé de ma maison, ou de mes parents, ou de souvenirs d’écoles.

Il avait déjà parlé de ses souvenirs d’école. Même parfois avec Porter, non ? Mais il n’avait jamais explicitement dit avoir été dans la même école de bourge que Porter. Ni même appuyé sur le fait que son école, où il était capitaine de l’équipe de rugby et de lutte, avait été une école privée dont seuls les enfants les plus riches du pays pouvaient venir. Il se sentait honteux et rougit, malgré sa peau foncé, avant de réfléchir à comment se faire pardonner.

- Tu sais, reprit-il en pensant et parlant en même temps, tu ne connais pas ma mère en physique, mais elle t’adore et te considère limite comme son fils.

Sa mère, Eva, avait même envoyé des cadeaux pour les grands évènements de la vie de Nadeem et sa famille. Les anniversaires, Noël, tout ça. Rien qui soit jamais extravagant, ou plus comme une grand-mère le ferait à ses petits-enfants. Qu’en dix ans, Nadeem n’eut jamais rencontré ses parents n’avaient rien d’incroyable. Porter non plus. Ses parents vadrouillaient plus que la plupart des gens… Mais il serait peut-être temps que ça ne soit plus le cas, aussi. D’ailleurs, souvent, quand ils parlaient de Nadeem, les trois Instinct avaient envie de lui offrir une maison, ou une voiture, ou qu’importe pour les rendre heureux, et se brider parce qu’ils n’avaient aucune envie de mettre mal à l’aise. Ils aimaient beaucoup de monde, mais il y avait des personnes qui étaient au-dessus du lot. Nadeem faisait parti de ce lot au-dessus. Pour qui Bear ferait n’importe quoi. Il donnerait son rein. Il donnerait sa richesse. Il tuerait même. Et venant de cet homme-là, en particulier, on savait que ce n’était pas une simple phrase.

Une omission est un mensonge

Nadeem + Bear

SAUF quand on le fait sans faire exprès

Il se sentait un peu mal, pour tout avouer. Un petit peu mal… Parce qu’il avait oublié de dire une information capitale à une personne qu’il considère comme son ami… mais il utilise si peu sa richesse, il utilise si peu son « statut », qu’il n’y avait même pas pensé. S’il offrait des cadeaux couteux ou se permettait de perdre de l’argent dans ses entreprises au lieu d’en gagner, ce n’était pas pour rien… Il était généreux et ne lésinait rarement sur la dépense. Il essayait de savoir quoi dire. Il était toujours diablement content de l’adoption de ses enfants… mais il ne voulait pas perdre son ami pour une omission totalement oublié. Il se souvient très bien, Bear, de quand il a demandé à Porter de ne pas en parler. Pendant la rencontre entre Porter et Nadeem, Nadeem avait traité Porter de fils de riche. Et cela avait suffit. Sur le coup, Bear avait eu honte d’être riche et ne voulait pas perdre l’estime de Nadeem. Et puis, c’était resté ainsi des années durant. Il fit un sourire timide.

- Mon père gère l’entreprise Instinct, reconnu pour avoir des filiales dans le milieu du divertissement artistique, et ma mère travaille dans l’art. Elle n’a pas de galerie à proprement parler, mais on pourrait la voir comme une chargée de communication pour l’art.

Brasser de l’argent, les deux savaient le faire. Son père, comme Bear, avait la fâcheuse tendance à vouloir rajouter des choses à son entreprise, mais toujours dans la même idée. Au départ, c’était simplement une entreprise pour les papiers et les feutres, puis c’était passé dans le sport, le camping, puis les jeux de construction et ça continue encore. D’ailleurs, Bear avait déjà dû le dire que son père gérait une entreprise un peu comme lui, et essayait, comme lui, de l’agrandir. Bear avait eu le Punch, maintenant il avait le Purge… et il était à deux doigts de vouloir ouvrir un bar de strip-tease pour protéger les femmes qui se retrouvent dans la rue… Il tenait ça de son père. Le nombre d’entreprise qui avait été racheté par l’entreprise Instinct, pour le simple plaisir de les garder en vie, était hallucinant. Noël dernier, son père avait même investi une petite fortune pour une entreprise du Danemark qui faisait des jouets en bois ancien. Il le laissa assimiler la situation avant que Nadeem se mette à rire. Bear préférait le rire à la colère, aussi répondit-il avec un petit sourire.

- Hé bien, s’amusa-t-il, j’imagine que tu aurais appris la vérité à ce moment-là, alors.

Il le laissa se calmer doucement, le laissant reprendre ses esprits alors qu’il lui tendit un verre d’eau pour respirer un bon coup. Personnellement, Bear savait qu’il ne pourrait pas boire et rire en même temps. Mais il faisait confiance à Nadeem pour attendre d’être prêt pour avaler une gorgée, pour éviter que l’ours se prenne une douche. Une fois le calme retombait, il se recula sur son siège.

- Y a plein de chose que je ne dis pas, avoua-t-il, mais pas par méchanceté. Simplement que ça ne me vient pas, ou je me dis que ça ne sert à rien. Je n’ai jamais eu envie de te mentir. Si je ne t’ai jamais montré le manoir, c’est que je n’y allais jamais, ou rarement. Mais maintenant, tu sais que je peux gâter tes princesses sans que tu ne craignes pour mes finances !

C’était le point positif. S’il venait à vouloir offrir un petit château qui fait la taille d’une pièce à sa fille, il le peut… Bon, peut-être qu’il sera moins content de l’encombrement d’un tel cadeau que du prix, mais c’était une autre histoire.

Une omission est un mensonge

Nadeem + Bear

SAUF quand on le fait sans faire exprès

Il fit une petite moue. Pas agacé, ni même en colère (jamais), ni même méprisante, non, juste une petite moue d’un enfant que l’aurait vue la main dans le pot de cookie et à qui on dirait d’enlever les doigts de la pâtisserie. Mais bon… vue sa tête d’ange, Bear savait qu’on finirait par lui donner deux cookies au lieu du un qu’il était venu chiper. Un peu comme son ami, à l’instant en train de rire de cette mésentente… ou plutôt, de ce quiproquo ? N’empêche, Bear sourit, il n’avait jamais été aussi proche d’être enfermer, lui. Il le laisse se calmer et sourit.

- Selon le juge de l’enfance, mon appartement n’est pas un cadre de vie propice à l’éducation d’enfants…

Son appartement était dans le Leith, proche de sa salle de sport… et il avait peut-être le plus bel appartement de tout le voisinage, mais le juge s’était simplement arrêté sur le fait que la zone n’était pas adéquate… ignorant avec soin le fait que le foyer où était les deux jeunes juste avant était aussi dans le même quartier. Il haussa les épaules.

- Alors, j’ai proposé qu’on utilise le manoir comme lieu de vie. Après tout, c’est une grand bâtisse et personne n’y vit, ce qui est dommage. Il est trop grand pour moi, mais avec deux ados à charge, j’aurais moins l’impression que c’est trop grand pour moi.

Non. Cela ne changera rien. Il y avait tellement de chambre et de pièce que Bear pourrait acceuillir Nadeem, toute sa famille, Porter et une partie de ses concubines, et même deux ou trois autres personnes en plus. Le manoir avait été une zone « fermé ». Il n’y passait jamais plus de deux jours, tout y était comme à une époque lointain… et la famille de domestique (la famille Garden, donc) s’occupait parfaitement de la zone. Il aimait son manoir, parce qu’il avait un style certain et qu’il ressortait de la force dans les briques qui avaient vécu plus longtemps que lui… mais il s’y sentait seul. Il fit une autre moue, cette fois-ci triste.

- Tu sais que j’aimerais être le tonton préféré ? Je suis incontestablement le plus grand, mais il faut que la taille aille avec la noblesse.

Il boudait faussement. Il adorait les filles de Nadeem, bien qu’il s’en approche peu. Pas qu’il eut honte, non, mais les petites étaient fragiles. Il ne sait pas s’il ne risquerait pas de leur faire peur, à vouloir les chatouiller, ou bien à leur faire mal. Donc. Il était un tonton discret, mais il voudrait les couvrir de cadeau. Et d’ailleurs, ses amis avaient toujours des cadeaux de la part de Bear, sans jamais être dans l’excès, sinon Nadeem aurait compris depuis longtemps qu’il était riche… parfois, Bear triche. Par exemple, il avait payé une grosse partie de l’achat d’un bâtiment pour qu’un ami l’achète à bas prix et puisse ouvrir son restaurant. Mais tout ça, il ne le dirait jamais ! (//Si tu veux dire qu’il a fait quelque chose pour Nadeem un jour, ça serait le genre de Bear donc n’hésite pas !). Revenant sur sa mère, Bear sourit.

- En quelque sorte, oui. Ce n’est pas comme si elle voulait travailler, ou en avait besoin. Elle aime juste l’art, ce qu’elle a laissé déteindre sur moi, alors elle… un peu comme un agent. Si quelqu’un fait quelque chose qu’elle aime, elle en parle aux galeries qui seront les plus propices à en faire quelque chose. Parfois, elle aide pour organiser des vernissages, ou fait le lien entre un acquéreur riche et un artiste, ce genre de chose. Elle aime bien dire qu’elle est « représentante » de l’art. Même si ça ne veut rien dire, en réalité. Et l’art dans le grand mot, que cela soit l’architecture, le septième art ou simplement la peinture.

Bear aussi aimait l'art dans toutes ses facettes. Il était assez intelligent, même si lui ne le pensait pas. En réalité, s'il n'était pas bon à l'école, c'est parce que les chiffres, les analyses de textes, ou simplement la physique, ne l'intéressaient pas autant que le sport. Cependant, l'art était autre chose... alors même s'il se sentait bête, il savait avoir une assez bonne culture général... surtout que sa mère n'hésitait pas à lui envoyer des lots messages pour lui parler de choses et d'autres.