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Saevus Patterson

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Situation familiale : Divorcé, père d'une petite fille de trois ans
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis sa naissance
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Mar 13 Juin - 10:30

TAKE A COOKIE

Mes doigts tapotent contre le cuir du volant de ma voiture, le regard fixé sur l’enseigne d’un café en plein cœur d’Edimbourg. C’est le grand jour, j’ai … proposé qu’on se voit. Aujourd’hui, je ne suis pas Saevus Patterson, enquêteur de police. Non, je suis Joan Marshall, pâtissier dans une boutique à l’extérieur de la ville et je vais rencontrer le libraire le plus franc que je n’ai jamais rencontré de ma vie. Plusieurs fois, je me demande s’il n’est pas encore temps de faire demi-tour. Si je vais vraiment me poster devant lui et jouer au pâtissier alors que je n’y connais objectivement rien en cuisine. Oui, bien sûr que je me suis renseigné pour que mon rôle soit le plus crédible possible, mais … Quelque chose cloche. Ce n’est pas moi. Même la photo que j’ai utilisée pour illustrer Joan, ce n’est pas moi. J’ai déjà trouvé un truc pour justifier ce catfishing mais pour te le reste, je suis juste sacrément dans la merde. Clarisse a eu la gentillesse de me faire des cookies maison et je le sais d’avance : ils sont délicieux. Pépites de chocolat, cœur coulant au caramel maison. J’ignore comment elle arrive à combiner son talent pour la cuisine avec son talent pour les investigations mais aujourd’hui, ça me sauve complètement, je dois bien l’avouer. Elle a carrément foutu ça dans une petite boîte blanche, comme chez le pâtissier et elle a noué un nœud autour de ladite boîte. Il est temps d’y aller. Je refuse de laisser Yoni croire que je lui ai foutu un lapin. Mais j’ai la trouille. J’ai la trouille parce que si on croise quelqu’un que je connais, il y aura forcément un grand “Ehhh Saevus, ça fait longtemps dude, alors comment ça va ? Toujours chez les flics ?!”. Premièrement, je crois que ça jetterait un froid entre Yoni et moi. Deuxièmement … deuxièmement je ne suis tout simplement pas prêt à ce que l’on me voit avec un homme.

On entre dans quelque chose d’un peu plus deep, mais je ne suis pas prêt. J’ai trente six ans et ce n’est plus l’âge pour se trouver. J’ai toujours été Saevus, celui qui a foiré son mariage à cause d’une dépression, d’un stress post-traumatique. La vérité, c’est que mon mariage a été foutu en l’air à la seconde même où Devon est entré dans ma vie. Je souffle un grand coup et je me décide enfin à quitter mon véhicule. J’ai une boule d’angoisse qui s’est formée au creux de mon estomac et je crains que malgré mes lunettes de soleil, elle puisse se lire dans mes iris. J’attrape la boîte de cookies, délicatement, avant de me diriger d’un pas qui se veut confiant, vers la terrasse de ce café. Il fait beau, il fait chaud. C’est une journée parfaite de juin, où seuls quelques nuages parsèment le ciel d’Edimbourg. Je me mêle aux badauds qui flânent dans les rues, et lorsque mes pas foulent la terrasse pavée du café, je me stoppe une seconde. Il est déjà là, assis à sa table et j’ignore s’il est aussi stressé que moi. Probablement qu’il a moins de raisons de paniquer, parce que lui, il n’a pas menti. Il n’a pas menti sur sa photo, il est exactement comme sur l’application. Je déglutis et passe une main tremblante dans mes cheveux, pour les replacer correctement. J’ajuste ma veste en cuir et … c’est parti.

C’est parti, je vais devoir entrer dans la peau de Joan, le pâtissier qui a, je dois bien le dire, un petit crush sur Yoni. Le problème, c’est que Saevus aussi en a un. Et que Joan ne pourra pas cacher Saevus indéfiniment. Mais alors pourquoi est-ce que j’ai accepté, proposé même, cette entrevue ? Je l’ignore. Je prends quelquefois des décisions irrationnelles. Je m’approche de la table, et j’expire le plus discrètement possible tout mon stress, avant de poser la boîte de cookies sur le plat de la table. Mon cœur bat si vite, que j’ai l’impression qu’il cherche à s’échapper. Je suis pourtant habitué aux situation d’extrême urgence et j’ai déjà eu à être sous couverture, pour le travail. Mais cette fois, c’est différent. Je suis en train de faire une connerie, et je ne fais rien pour arrêter la descente. Au contraire, j’accélère, je fous de l’huile sur le toboggan infini de mes décisions pourries. “Yoni ? Salut.”, j’ôte mes lunettes de soleil, pour les poser sur le sommet de mon crâne. Malgré le stress de la situation et le fait que je ne ressemble pas du tout à la photo utilisée sur l’application, j’ai un sourire sur les lèvres. Parce qu’une part de moi est très, très, très heureuse d’être là. “Joan. Je sais, je n’ai pas la même tête que sur … l’appli. Si tu es d’accord, on peut quand même se le boire, ce verre et je t’expliquerais ?”, je me gratte la joue, en attendant de savoir s’il veut que je me casse tout de suite pour le premier mensonge. Le reste, je n’ai pas envie de le dire tout de suite. J’entends déjà Clarisse me hurler dessus. “J’ai … fais des cookies.”, je dépose la boîte sur la table.

Et je ne sais pas ce que j’espère : qu’il accepte, ou qu’il me dise de dégager.

Yoni Tayeb

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Occupation : Libraire, possédant sa propre boutique (The Rebecca's Book)
Âge : 38 Quartier : Niddrie
Situation familiale : en train de se faire briser le coeur par Saevus, le gros catfish.
Date d'arrivée à Edimbourg : Sa naissance
Don : Ses mensonges façonnent le passé. Ce n'est pas systématique et souvent, ce qui est modifié est meurtrier.

Pour contrer son don, Yoni s'est promis de ne plus mentir. Au nom de ça, il a la fâcheuse tendance à dire tout ce qui lui passe par la tête.

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Re: take a cookie + Yoni

Mar 20 Juin - 0:13

TAKE A COOKIE

Yoni n'avait parlé à personne de son rendez-vous avec Joan. Pas à Zoe, pas à Maeve, pas à son père, pas à Eve et encore moins à Flynn. À personne. Parce que personne ne lui avait demandé, principalement, mais pas uniquement. Le libraire ne se gênait jamais pour balancer des choses de sa propre initiative, après tout. Mais l'existence de Joan le grisait, d'une certaine façon. C'était son vilain secret. Son coin rien qu'à lui, qui le faisait sourire lorsque son prénom s'affichait sur son écran de téléphone. Un vilain secret pour quelqu'un qui avait poussé le concept de franchise à son maximum. Personne n'avait besoin de savoir les détails sur sa vie amoureuse chaotique, après tout. Il fallait espérer que personne ne s'y intéresse, car il était inconcevable de mentir. A la première question, Yoni parlerait de sa relation avec le gars qui divorce d'une de ses meilleures amies et de sa quête pour trouver un bon remplacement qui l'avait mené à Joan, le pâtissier, à la fois sexy et intéressant. Et pâtissier. Vraiment. Presque trop beau pour être vrai.

C'était aussi la première rencontre que Yoni faisait depuis qu'il était inscrit sur les applications de rencontre. Tous les autres hommes s'étaient révélés ennuyants ou avaient annulé le match après avoir posé la question mortelle : qu'est-ce que t'es venu chercher sur l'app ? La réponse, trop franche, déplaisait. Yoni s'était inscrit pour de mauvaises raisons. "J'essaie de rencontrer quelqu'un qui m'empêchera de finir ma vie avec l'ex-mari de ma pote dont je suis en train de tomber amoureux (l'ex-mari, pas de ma pote).", qu'il envoyait, en soupirant, regardant sa belle histoire disparaître sous ses yeux. Il y en avait bien un qui a pris ça à la rigole, mais s'est vexé quand Yoni lui avait dit que Flynn était plus beau que lui. Joan était encore là parce qu'il avait — sans en avoir conscience — esquivé les mines. Il avait posé les bonnes questions, en résumé.

Installé à la terrasse du café avec dix minutes d'avance, Yoni regrettait presque de n'avoir prévenu personne. Il sortit son téléphone pour pianoter un message assez laconique à Eve, une personne très extérieure à tout ça, avec qui il pourrait débriefer le rendez-vous s'il tournait au fiasco. Ils feraient ça autour d'une cigarette, sur les marches de leur immeuble, à regarder les voisins ivres rentrés de soirées trop tard pour souhaiter bonne nuit à leurs gosses. C'était comme si personne n'avait le droit d'être heureux, dans cet immeuble. En y pensant, une envie d'allumer une cigarette naissait en Yoni mais il résistait. Il voulait garder toutes les chances de son côté et ne pas puer le tabac était une bonne chose. Il resta concentré sur l'écran de son portable, jusqu'à ce qu'on dépose une boîte devant lui. Il leva les yeux, souriant, pour tomber nez à nez avec un inconnu qui connaissait pourtant son prénom. Il scrutait le type du regard, alors que la situation s'éclaircissait. Joan avait le mérite de se pointer, malgré son mensonge, et de tout de suite crever l'abcès et il était beau, dégageait une bonne énergie. Moins souriant qu'au début, Yoni lui fit tout de même signe de s'installer sur la chaise face à lui.

— J'ai déjà été catfish, mais c'est rare que la réalité soit plus attirante que les photos.

Il faisait moins jeune, ce qui était une très bonne chose. Yoni préférait les hommes de son âge ou plus vieux à ceux ayant entre 5 et 10 de moins. En dessous de ça, il ne touchait juste pas. C'était sa règle et il n'avait pas besoin de faire d'effort pour s'y tenir : les jeunes adultes ne l'attiraient simplement pas.

Il posa les yeux sur la boîte blanche des cookies. Ils faisaient envie, mais pour le moment, le libraire était encore un peu trop agacé pour avoir faim. Il croisa les bras, le dos contre sa chaise, pour prendre un air sévère qui faisait croire qu'il ne crushait pas déjà sur le type en face de lui. Attirant, c'était le bon mot.

— T'es pas out, t'avais peur qu'un membre de ta famille tombe dessus alors tu t'es dit que c'était une bonne idée ? Tu pouvais pas mettre une photo de tes abdos avec ton visage hors champ, comme tout le monde ?

Cette idée le fit sourire et effaça une partie de sa rancœur. C'était compréhensible, en fait. Tout le monde n'avait pas grandi avec Rebecca Tayeb en guise de mère. Pour certains, se cacher était une question de sécurité même à leur âge. Et s'il avait mis une photo de son corps dénudé et décapité, Yoni ne l'aurait pas swipe. La douloureuse réalité était que la stratégie de Joan s'était révélé être la seule viable. Mais quand même. Ca excusait pas tout. La franchise, c'était important, il aurait pu révéler la vérité par message avant la rencontre.

— Et maintenant c'est bizarre parce que j'ai l'impression que t'es un inconnu alors que non, on a quand même déjà pas mal échangé.

Mais même par messages, il avait associé ces mots à un certain visage, un visage qui n'était pas en face de lui, un visage certainement trouvé par hasard sur Internet. Yoni avait l'impression de devoir recommencer à zéro, ce qui était un sentiment trompeur. Il le fixait en essayant de rééduquer son esprit, d'effacer la photo de profil regardée des dizaines de fois et d'associer ce mec au prénom de Joan à la place.

@Saevus Patterson

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Re: take a cookie + Yoni

Mer 21 Juin - 18:50

Ok, j’ai menti. J’ai menti, sur ma photo, sur mon prénom, sur mon âge, sur ma profession … en réalité, j’ai menti sur ma vie toute entière. Pourquoi ? par peur. Et puis, sincèrement, je ne pensais même pas que ça mènerait réellement quelque part, cette histoire. Je crois qu’à la base, je voulais juste me rassurer. À trente-six ans, on ne se cherche plus, on est censé s’être déjà trouvé depuis très longtemps. Alors … oui. Comme il le fait justement remarquer, j’aurais pû mettre une photo de mes abdos (j’en ai vu passer un paquet). Ou mieux : j’aurais tout simplement pu dire la vérité quand lui et moi, on a commencé à discuter régulièrement. J’ai un sourire désolé sur les lèvres et je ne cesse de mordiller ma lèvre inférieure de stress. Je prends vraiment les pires décisions possibles en ce moment et ça peut me coûter cher. Très cher. “Et bien … c’est un peu ça, oui.”, je gratte le sommet de mon crâne, en prenant place presque timidement sur la chaise. Depuis quand est-ce que Saevus est timide ? Je n’en sais rien. On attribuera ce trait de personnalité à … Joan. C’est en l’écoutant parler que je me dis que j’ai vraiment chié dans la colle et que tout le reste risque d’être laborieux. Et comme l’avait prédit Clarisse, l’un de nous deux finira blessé. Peut-être même les deux, si l’on s’attache un peu trop. Le pire, c’est le sentiment de culpabilité qui me prend, chaque fois que je pose les yeux sur lui. J’avais le même, quand j’attrapais mon téléphone pour lui répondre. J’aurais pû mettre fin à tout cela bien avant, mais je crois que je me suis attaché à Yoni, plus que de raison en tout cas.

“Je suis désolé, j’aurais dû t’en parler avant mais je ne savais pas comment aborder le sujet … J’ai laissé traîner ça et voilà ce que ça donne.”, j’essaie d’avoir un tant soit peu l’air détendu. Et je me dis que je pourrais peut-être ajouter un trait d’humour à cette conversation qui me met mal à l’aise : “En tout cas, toi tu n’as pas menti sur tes photos. Tu es vraiment … aussi beau.”. J’ai baissé le ton sur la dernière phrase. J’ai peur que l’on m’ait entendu. Je dois avoir l’air ridicule, un véritable gosse, qui a peur de se faire prendre par ses parents après une connerie. J’ai l’impression de me retrouver des années en arrière, quand j’avais piqué la voiture de mon père pour sortir en douce et que je m’étais fait gaulé par les flics. Yoni il … je ne sais pas. Il ne l’a pas extrêmement mal pris (probablement parce que, comme il l’a dit, je suis plus beau que sur les photos utilisées), mais je sens bien qu’il n’est pas à l’aise. J’aimerais le rassurer et lui dire qu’il n’a pas à s’en faire, parce que de toute façon, sur tout le reste, j’ai dit la vérité. Mais c’est faux. J’ai mentis sur tout.

La pulpe de mes doigts caresse la barbe naissante sur mon menton, la faisant légèrement crisser. “Tu m’as attendu pour commander à boire ?”, je demande ça en constatant qu’en effet, la table est vide. Seuls les cookies trônent encore sur la boîte. J’attrape le menu plastifié sur la table et je le zieute rapidement, en prenant la décision de boire … un coca zéro. Je le lui tends assez vite et je baisse les yeux dans un sourire : “Je crois que je suis un peu intimidé. Tu sais hum … tu es le premier avec qui j’ai un … date ?”. Même avec Devon, ce genre de truc ne se faisait pas. C’était caché. On n’en parlait pas, même entre nous. Je ne sais même pas quelle genre de questions on se pose, en face à face, dans la communauté gay, moi. Est-ce que ce sont les mêmes règles qu’avec les femmes ? Si au moins je n’avais pas mentis sur toute la ligne, peut-être que je serais plus à l’aise.

how you feel ? — (i don't know) ; hold me close and don't let go, if you want we can take it slow ;;

Yoni Tayeb

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Re: take a cookie + Yoni

Sam 15 Juil - 21:00

TAKE A COOKIE

Les yeux de Yoni se promenaient sur le corps qui lui faisait face, le corps presque ratatiné sur sa chaise. Attirant malgré ça. Attirant. Il avait utilisé ce mot et il restait tel un écho dans son crâne. L'attirant et l'attiré. Il n'était pas l'homme attendu mais c'était peut-être pour le mieux. Yoni repensait à son premier regard sur le profil avec qui il avait match. Il l'avait trouvé beau, ce garçon brun, mais inaccessible. Un peu comme lorsqu'on observe un mannequin imprimé sur une page de papier glacé. Ou alors, Yoni déformait son souvenir pour se sentir moins con, pour se donner l'impression qu'au fond, il savait que quelque chose clochait alors qu'en vérité, il n'avait rien vu venir.

Il alternait entre un air sévère et un air plus doux, parfois il s'habillait des deux à la fois, en n'autorisant que la moitié de sa bouche à former un sourire. Il haussa les épaules lorsque Joan s'excusait mais sa réaction au compliment fut moins détachée. La vérité était que si lui était parfaitement à l'aise avec sa propre franchise ou pour souligner la beauté de son vis-à-vis, il ne l'était pas lorsque les autres adoptaient le même comportement frontal. Il pouvait faire semblant. Là, il fit un sourire accompagné d'un clin d'œil, mais intérieurement il se demandait s'il n'avait pas l'air d'un gros connard vantard ou trop conscient de ses qualités. Il ignorait comment se comporter. Il avait anticipé et révisé ce rendez-vous avec un autre homme en tête.

— Mentir, c'est pas mon truc.

C'était un énorme euphémisme, presque un mensonge, paradoxalement. Parce que mentir, ce n'était plus une option pour Yoni. Il ne le faisait plus depuis des années. C'était une violence qu'il ne voulait plus infliger au monde, alors il se muselait et adoptait avec une désinvolture feinte pour accompagner sa franchise. Joan ne le savait pas encore. Yoni souriant en pensant à ça, au fait que l'homme en face de lui allait peu à peu découvrir le principal trait de caractère du libraire et se demander sur qui ou quoi il était tombé.

Sans ouvrir la bouche, Yoni répondit à la question en désignant de la main la table vide. Le serveur de l'établissement l'avait soigneusement évité en le voyant face à une chaise vide, le nez sur son téléphone. Depuis que Joan s'était installé, il rodait, prêt à venir prendre leur commande dès que l'ambiance serait plus légère. Yoni attrapa le menu pour faire semblant d'hésiter mais ça allait être un thé glacé pour lui. Il regardait avec envie la boîte de cookie, se retenant de l'ouvrir avant d'avoir reçu les boissons ou lancé une vraie conversation.

— Tu vas voir, ça va bien se passer. Je ne suis pas un grand habitué non plus.

Il n'était pas surpris par la situation de Joan. Ça se sentait, il n'avait jamais eu à dévoiler son vrai physique à un autre. Encore une fois, Yoni faisait semblant d'être à l'aise mais son stress était encore présent. Il avait fait des dates, il n'avait jamais vraiment eu envie de les réussir comme il avait envie de réussir celui-ci pour de nombreuses raisons, des bonnes et des moins bonnes. Il recula dans sa chaise et mit les mains dans ses poches. Le serveur prit ça comme un top départ et vint noter leur commande, avant de repartir aussi rapidement qu'il était venu.

— T'es pas marié, si ? À une femme qui te croit hétéro, je veux dire. Mais si c'est à un mec qui te croit exclusif, je veux bien le savoir aussi.

Certains n'étaient pas à un mensonge près ou pensaient qu'il était excusable de tromper leur épouse si c'était avec un homme. Yoni avait peur de s'être trop attaché à la mauvaise personne, après tout, ça ne serait que la troisième fois que ça lui arrivait... Au moins, Joan avait eu la bienveillance d'apporter des cookies.
@Saevus Patterson

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Re: take a cookie + Yoni

Jeu 20 Juil - 15:33

“Tu vas voir, ça va bien se passer”. Oui, j’aimerais me dire que tout se passera bien, mais mes mensonges m’empêchent de profiter pleinement du moment. Ma jambe s’agite sous la table, tandis que mon regard parcourt la carte mise à notre disposition. A vrai dire, je crois qu’un whisky me ferait le plus grand bien, mais j’opte plutôt pour un coca zéro, que je commande au serveur qui se jette presque sur nous, comme s’il avait attendu ce moment toute la sainte journée. Yoni est … je ne sais pas. Il n’a pas l’air spécialement tendu, mais il n’est pas non plus complètement à l’aise. J’arrive à voir dans son langage corporel qu’il se donne une contenance mais j’ai l’impression qu’il est tout aussi terrorisé que moi. L’exercice est plus facile lorsque ce sont des suspects, j’arrive à voir des choses chez eux. Mais ici, c’est moi et seulement moi, le suspect. C’est moi qui ai menti sur toute la ligne. C’est moi qui me retrouve comme un ado bégayant. J’hoche simplement la tête lorsqu’il m’avoue ne pas être un grand habitué non plus et je respire un coup. Tout devrait bien se passer. Son autre question en revanche me fait froncer les sourcils.

Je ne suis pas marié, mais je l’ai été, durant quelques années. J’ai même eut une très jolie petite fille, qui a aujourd’hui trois ans, mais dont je ne lui ai jamais parlé non plus. J’ignore si c’est le bon moment pour lui parler d’Eileen. Je veux dire, j’ai déjà menti sur mon prénom, sur mon métier, sur mon âge, sur … trop de choses. Et techniquement, même si je n’ai pas menti pour ma fille, c’est tout de même quelque chose d’important à annoncer, si on cherche à construire quelque chose de sérieux avec quelqu’un. C’est là que ça coince. Je ne pensais pas que j’envisagerai un jour quelque chose de sérieux entre lui et moi. Pour être franc, je ne sais toujours pas. Je sais qu’il se passe quelque chose à l’intérieur de moi, je sais que je suis un peu trop heureux de le voir en vrai, je sais que je prends trop de plaisir à répondre à nos messages. Mais je ne sais pas si je suis … vous savez; Gay. Pas à mon âge, c’est impossible. Pourtant, Devon et Yoni semblent bien tendre vers cette hypothèse. Le serveur nous pose les boissons juste sous les yeux et je le remercie d’un sourire, avant de tourner la tête vers Yoni, pour enfin répondre à sa question : “Je ne suis pas marié. Ni à une femme, ni à un homme. J’ai … divorcé.”.

Je me racle la gorge, parce que je n’ai pas foncièrement envie de parler de mes anciennes relations lors de mon tout premier date avec ce garçon que j’aime bien. Ce serait franchement dommage. Je bois une gorgée de mon coca, avant de lui renvoyer la question : “Et toi alors, personne ne te pense exclusif ? Tu n’as passé la bague au doigt à personne ?”. J’ai un peu remarqué la tendance de Yoni a être très direct : il ne passe jamais par quatre chemins et s’il a besoin de dire quelque chose, il le dit sans langue de bois; Parfois, j’ai même été surpris de sa franchise, mais je crois que j’ai finis par m’habituer, par messages. Et je sais déjà que cette phrase va sembler ridicule vu tous les mensonges qui m’entourent, mais je trouve ce côté-là rassurant chez lui. J’ai horreur du mensonge et c’est ce qui me rend si malade à l’idée de continuer sur ma lancée. Je pourrais mettre les choses au clair, mais je crois bien qu’il partirait tout simplement et que je n’entendrais plus jamais parler de lui. Je n’ai pas envie de ça. J’aimerais bien qu’il se passe quelque chose. J’ai l’impression qu’on a de jolies choses qui nous attendent, cachées quelque part, derrière mes mensonges et derrière ses hésitations. Je glisse la boîte de cookies devant lui et lui lance : “Ouvre ! Je suis sûr que tu vas les adorer.”. Je suis sûr, parce que les cookies de Clarisse sont absolument divins. Moi, j’excelle en cuisine salée. J’aurais dû mentir en disant que j’avais un restaurant …

Yoni Tayeb

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Re: take a cookie + Yoni

Dim 20 Aoû - 21:24

TAKE A COOKIE

Yoni s'attachait à ses propres mots. Ça allait bien se passer, parce que cette formulation englobait énormément de scénarios différents. C'était "bien se passer" que de confirmer à Yoni que Joan et lui étaient compatibles. C'était également "bien se passer" que lui faire disparaître le crush qu'il ressentait, d'une certaine façon. En fait, la seule mauvaise fin était celle où Yoni restait sur le pavé avec son cœur en miette, mais ça n'arrivait pas avec un premier rendez-vous, premièrement, et deuxièmement, il s'imaginait immunisé. Tout ce dont il avait besoin, là, c'était d'un verre pour occuper ses doigts ou lui permettre de gagner du temps si une question délicate venait à être posée.

L'hésitation avant que le mot "divorcé" ne sorte fit un peu tiquer Yoni, juste une seconde avant qu'il se décide à balayer cette peur et à la ranger dans la case de la paranoïa inutile. S'il n'était pas capable de lui donner le bénéfice du doute, autant couper court au rendez-vous et le libraire n'avait pas envie de ça. Il ravala et fit un sourire compatissant. Il ne savait pas ce qu'on ressentait après un divorce. Flynn ne le vivait que ton bien. Son ex-femme, le contraire. Ça dépendait de l'attachement qu'on avait à cette institution, évidemment. Joan avait l'air quelque part dans l'entre-deux, plus déçu que soulagé mais plus neutre qu'effondré. Yoni interprétait ça comme un possible green flag : un mec qui ne prenait pas ses engagements à la légère mais qui ne pensait pas à son ex chaque soir avant d'aller dormir. Il espérait que cette première impression était la bonne.

— Non pas exclusif, encore moins marié. Ni en ce moment, ni jamais. Le mariage ne fait pas partie de mes projets, je crois.

Ses sourcils se froncèrent légèrement en pensant à cette éventualité. Il ne pourrait pas expliquer les raisons de son aversion, si ce n'était que sa mère trouvait le mariage superflu et n'avait eu le sien que pour avoir la paix. Yoni leva silencieusement son verre en guise de toast dédié à cette rencontre et le porta à ses lèvres. Ça lui occupait la bouche et rincerait le prénom de Flynn qui pouvait rapidement s'y inviter s'il ne faisait pas attention, bien qu'il estimait qu'il n'y avait rien à raconter de ce côté-là. Yoni ne se projetait pas avec lui. Alors que Joan, à priori, il cochait toutes les cases.

L'assurance de Joan quant à ses qualités de pâtissier fit rire le libraire et acheva de le détendre. Ok, il allait goûter. S'ils étaient bons, ça serait suffisant pour faire oublier l'histoire des photos pour le moment. Peut être. Disons, pour cette journée. Il ouvrit la boîte et en mit un en bouche. Il garda un air le plus neutre possible pour créer un suspens digne d'une émission culinaire. Juste avant de donner son verdict, il hocha la tête.

— Ils sont excellents. La jeune femme qui s'occupe de mon père en fait des très bons également, je devrais organiser une compétition du meilleur cookie entre vous.

Pourquoi il parlait autant ? C'était beaucoup d'informations nulles, même pour lui. Le stress faisait ça. Il avait tout de même eu la présence d'esprit de ne pas utiliser le mot "amie" pour qualifier une personne à peine majeure. Il finit le biscuit et en attrapa un second sans réfléchir. La nourriture, ça fonctionnait trop efficacement sur lui.

— Ta pâtisserie doit avoir un succès d'enfer. Ça fait combien de temps qu'elle est ouverte ? Et c'est la tienne ou tu y es qu'employé ?

Ils étaient commerçants tous les deux alors Yoni s'emballait et espérait des bons conseils ou du soutien pour sa situation compliquée. Mais dès la vague d'enthousiasme passée, il réalisa que ce n'était pas l'idée du siècle. Après avoir avalé une gorgée de son thé, il fit un mouvement de la main.

— Après, on n'est peut-être pas obligé de parler taf, excuse-moi. Lance un sujet, celui que tu veux.

Ça l'intéressait de découvrir la première idée qui traverserait le crâne de Joan. Une passion inattendue, une blague inédite ou un simple commentaire sur la météo. Il comptait se faire un avis plus poussé sur l'homme grâce à ça.
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Re: take a cookie + Yoni

Lun 28 Aoû - 15:38

J’annonce que je suis divorcé : il est vrai que nous n’avons pas pris le temps de discuter de nos anciennes relations sur l’application et en même temps … j’aurais dû m’en inventer. Ou alors, j’aurais pris l’exemple de Devon et je crois bien que ça m’aurait fait plus de mal qu’autre chose. Alors je suis soulagé que nous n’ayons pas discuté de cela. Pourtant le sujet se présente et je suis bien obligé de le lui dire. Il ne semble pas réagir extrêmement mal à cette nouvelle et ça me permet de souffler, encore un peu. J’ai la désagréable impression que ça finira par péter, à un moment ou à un autre. Enfin, il faut que je sois réaliste : ce n’est pas qu’une impression. Si on passe la barre du premier date, ça pètera, que je le veuille ou non. À cause des mensonges qui entourent ma vie, principalement. Je ne sais pas où trouver le courage de lui dire la vérité. Ni même si je le trouverais un jour. J’essaie de me détendre et de respirer : après tout, ce n’est même pas dit qu’il y ait une suite à tout ça. Peut-être qu’on est simplement en train de se jauger, pour que ça n’aboutisse pas ? Comme avec Maeve, par exemple. Même si l’exemple est mal choisi, parce que je n’ai jamais menti à Maeve et j’ai su m’en faire une amie. Je crois que je me noie dans ce flot de pensées et j’ai peur que ça finisse par se voir à l’extérieur. Je me répète des phrases du genre : “reste cool”, “ça va le faire, respire”. Mais quand on couple les choix désastreux que j’ai fais vis à vis de lui, à la peur panique que quelqu’un ne me reconnaisse, ça ne donne rien de très relaxant. Je hoche la tête lorsqu’il me dit qu’il n’est ni exclusif, ni marié. Mes lèvres se pincent un peu, dans une moue que je ne saurais décrire. Est-ce que ça me rassure ? Ou est-ce que ça me fout encore plus la trouille ? Je suis incapable de le dire.

Je fais un métier très stressant. Pas celui que je me suis inventé pour plaire à des hommes sur une application de rencontres gay, mais bel et bien mon vrai métier. J’ai frôlé la mort quelques fois, j’ai perdu des personnes importantes et j’ai, je le pense, contribué à sauver la vie de quelques personnes. Ou au moins leur mémoire. En tout cas, je fais un métier qui me demande un sang-froid à toute épreuve. Je suis habitué à la pression, je suis habitué à avoir peur. Mais la peur que je ressens là, devant les yeux de Yoni, elle est très différente. J’attrape mon verre, le porte à mes lèvres pour en boire une gorgée et je finis par lui dire : “Je peux me permettre de te demander pourquoi ? T’es pas obligé de répondre, bien sûr. Mais … tu es contre ? L’engagement te fais peur ?”. Je suis aussi en droit de poser des questions, n’est-ce pas ? C’est comme ça que fonctionne un premier date, si mes souvenirs sont bons. Ça fait tellement longtemps que je n’en ai pas eu, je crois que je suis un peu rouillé. Mon regard glisse sur la boîte de cookies qui n’a pas bougée de sa place depuis tout à l’heure et je me décide à vanter “mes” capacités de pâtissier. Je suis sûr que si je m’y mettais sérieusement, je serais excellent en la matière, d’après Maeve : je cuisine comme un Dieu. Simplement, je suis un pro du salé, un pro de la pizza, pas un pro de l’entremet au chocolat. Lorsqu’il attrape le cookie, je retiens mon souffle quelques secondes, en priant pour que Clarisse les ait faits aussi bons que d’habitude. Et …

… Bingo ! Un hochement de tête plus tard, Yoni les qualifie “d’excellents” et ça suffit à me faire souffler un peu. Je ris, en lui disant : “Tu m’as fais peur, t’as mis un tel suspense, je me suis dis que j’avais confondu le sucre avec le sel.”. Je marque une pause, avant d’ajouter : “Ça m’est déjà arrivé !”. Ce n’est pas vraiment un mensonge, ça m’est vraiment arrivé, une fois. Lorsque je préparais une pâte à pizza, tout en m’engueulant avec Sally au téléphone, le sucre avait remplacé le sel. Sacrée expérience, je dois bien l’admettre ! Il me parle de la jeune femme qui s’occupe de son père et j’ai envie de poser mille questions : qui est-elle ? Pourquoi doit-elle s’occuper de son père ? Mais je reste aussi impassible que possible, sans même trahir la lueur de panique qui me passe dans les yeux quand il parle de me mettre en compétition avec cette dernière : “Oh, vraiment ? Et d’après toi, qui gagnerait ? Tu as goûté les deux, non ?”. J’essaie de prendre le tout avec légèreté et à la rigolade. Pourtant, la panique ne fait que grandir davantage surtout lorsqu’il pose des questions sur “ma” pâtisserie. C’était à douter, après tout, lui aussi tient un commerce. Enfin “lui aussi” … lui seulement, en vérité. Je me redresse sur ma chaise et ouvre la bouche pour répondre, mais heureusement, il se ravise. Cette intervention quasi Divine me ferait presque lever de ma chaise pour chanter un Alléluia. Je me racle simplement la gorge, avant d’ajouter : “C’est vrai, on va pas quand même parler boulot pendant notre premier date.”. Je lui offre un petit clin d'œil, bois une nouvelle gorgée de mon soda et je demande : “J’ai pleins de questions nulles à te poser, que je n’ai jamais posé sur l’app’. Tu as des animaux ? Est-ce que même tu aimes les animaux ?”. J’ai les yeux qui pétillent sous un sourire amusé. Ce sont avec les sujets les plus banals qu’on construit les meilleures relations. Non ?

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Re: take a cookie + Yoni

Ven 15 Sep - 17:08

TAKE A COOKIE

Le visage de Joan plaisait décidément mieux à Yoni que les photos de son profil. Déjà, il n'était pas figé. Il bougeait et le libraire pouvait voir là où le temps le marquait, là où ses sourires avaient creusé des sillons encore discrets. Le divorce avait quelque chose de similaire, c'était un résidu du passé, la preuve qu'ils n'étaient plus des préadolescents en rut, mais des adultes qui se connaissaient eux-mêmes et savaient ce dont ils avaient envie ou besoin. La quarantaine qui approchait ne rimait pas avec une maturité à toute épreuve, mais plutôt avec des expériences et des leçons apprises. Lorsqu'il regardait cette rencontre sous cet angle, Yoni devenait plus curieux au point de pratiquement oublier le mensonge. Il faisait l'effort de rester ouvert d'esprit, en se rappelant que tout le monde n'était pas des menteurs pathologiques comme Lars ou Flynn. Joan lui facilitait la tâche en étant une compagnie agréable.

— L'engagement, non. Loin de là, c'est plutôt quelque chose que je pourrais rechercher. Et le mariage... Je crois que ce qui me pose problème, c'est de mêler l'Etat ou la loi à l'intime. On fait pas ça avec les amitiés, pourquoi le faire en amour ? Ouais, j'ai un petit côté anarchiste.

Il rigola avec décontraction. Être lui-même, c'était sa stratégie et également sa seule option, compte tenu de sa malédiction. Il n'avait pas non plus l'énergie de travailler son image pour la rendre légèrement plus attirante que la réalité, ce n'était pas une stratégie qu'il tiendrait sur le long terme de toute façon. La franchise, c'était bien, c'était reposant et c'était direct. Les gens aimaient ou n'aimaient pas, il n'y avait pas de faux espoir. Il osait croire que Joan était sur la même longueur d'ondes et n'avait aucune raison de se méfier.

Les biscuits renforçaient son mensonge à la perfection. Ils étaient délicieux, sufisamment pour être vendus dans une boutique pour autant que Yoni pouvait en juger. Il n'avait pas mangé le gâteau en cherchant la preuve que tout cela n'était qu'un grotesque catfish. Il tendu la boîte à Joan pour qu'il se serve et lui prouve qu'ils n'étaint pas secrètement empoisonnés.

— Ça devait être absolument immonde. Ça a dû faire la gueule du côté des clients.

Rien qu'à penser à cette histoire de sel et sucre échangés, Yoni grimaçait. Ça l'amusait aussi, en même temps. Il espérait que la pâtisserie de Joan n'avait pas reçu une dizaine d'avis négatifs suite à ça. Il était tenté de demander le nom de sa boutique à son date, une nouvelle façon de stalker. Mais ce n'était pas juste et il n'aimerait pas que Joan se fasse un avis sur lui en voyant ce que les clients de sa librairie avaient à dire, alors choses rares pour Yoni : il arrivait à se retenir.

— Il faudrait en goûter plus, peut être que tu es excellent qu'avec ces cookies en particulier mais une quiche quand on te demande un autre dessert.

Il en rigolait, trouvant ça absurde d'imaginer un professionnel incapable de diversifier son offre au-delà de simples (mais excellents) cookies. Il lui semblait que ces taquineries faisaient ressortir un stress chez son vis-à-vis mais il mettait ça sur le compte du tract du premier rendez-vous et trouvait ça adorable. Yoni qui lançait une conversation sur leur vie proffessionnelle n'aidait pas. Joan paraissait... soulagé ? de pouvoir changer de sujet. C'était assez discret et Yoni n'était pas très doué pour lire les gens, alors il n'était pas sûr de ce qu'il voyait. Il acceptait de se prêter aux jeux de l'interrogatoire et rigola après une gorgée de sa boisson.

— Je reviendrais à la charge au prochain rendez-vous.

C'était une façon mignonne de dire qu'il y aurait d'autres moments partagés et non une menace. Il était loin de se douter de la peur que ça pourrait provoquer, cette anticipation.

— Mais sinon, ouais, je crois que j'aime bien les animaux. J'en ai pas, je suis pas assez responsable ou dispo pour ça.

S'il devait en prendre, ça serait des poissons. Des magnifiques poissons dans un grand aquarium. Mais c'était du matos et un budget était nécessaire pour s'occuper. C'était plus que ce que contenait son compte en banque. Joan en déduirait peut-être qu'il était trop immature ou pas assez investi, peut-être que c'était un nouveau symptôme de sa soi-disant peur de l'engagement. Yoni aurait aimé savoir ce que l'autre pensait de ses réponses.

— Pourquoi ? Tu vas m'annoncer que tu vis dans un ranch avec trois chevaux et six vaches, à l'extérieur de la ville ? T'as un peu une tête de cow-boy, ça t'irait bien.

Il lui adressa un clin d'œil, sourit et mangea un nouveau cookie. Un mauvais début, mais la suite semblait bien rouler.
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Re: take a cookie + Yoni

Sam 16 Sep - 13:08

Je ne suis pas contre l’engagement, bien au contraire. L’engagement professionnel, par exemple, est l’un des plus importants à mes yeux. L’engagement amoureux est important aussi, mais il ne se traduit pas seulement par le mariage. Je sais que de là où je viens, il est presqu’obligatoire de se marier, dès la seconde où nos lèvres se posent sur celles de notre partenaire. Je pense que c’est pour cela que l’on s’est marié avec Sally, plus que par réel désir. On s’aimait, oui. Mais on s’est dit “oui” plus parce qu’il le fallait, que parce que nous en rêvions. Je ne dis pas que je regrette, pas du tout même. Nous avons passé de belles années et j’aurais simplement dû savoir y mettre un terme plus tôt, lorsque mon cœur a commencé à réclamer les bras d’un autre. Et pas d’une autre. Un autre. Je joue avec le liquide de mon soda, observant les bulles se former et remonter à la surface avant de mourir, le tout en moins d’une seconde. C’est une triste métaphore de ma relation avec Devon. Yoni me dit qu’il n’est pas contre l’engagement, mais que mêler les lois à l’intime lui pose problème. Je peux le comprendre, comme il le soulève, on ne fait pas ça avec l’amitié. Pourquoi est-ce que l’amour devrait se mêler aux lois ? J’esquisse un petit sourire amusé lorsqu’il me dit qu’il a un petit côté anarchiste. J’ignore si j’arrive à cacher la presque grimace qui vient se superposer à mon sourire. Presque anarchiste … je n’ose même pas imaginer ce qu’il pense de la police. Peut-être que j’ai bien fait de lui mentir finalement ? Sinon, je n’aurais jamais eu la chance de boire ce verre en sa compagnie. “Je vois ce que tu veux dire.”, je dis en mordillant ma lèvre inférieure. “Ce n’est pas la vision que j’ai du mariage mais tu as raison, y mêler les lois, quand on y réfléchit, c’est étrange.”, je bois encore une gorgée de soda, avant de reposer le verre contre la table, et de planter mon regard dans le sien.

Je crois que depuis que je suis arrivé, je m’autorise enfin à observer Yoni. Il est beau. Indéniablement beau. Ses yeux noisettes semblent sonder chaque personne ou objet qu’ils observent. Son nez est droit, fin, et finit en une petite flèche qui pointe directement sur ses lèvres fines et étirées en un constant sourire en coin. Une légère barbe encadre sa mâchoire, descend sur son cou - lequel je rêve d’embrasser. Sa chevelure brune n’est pas vraiment coiffée, mais n’est pas décoiffée non plus. C’est comme si tout était là, parfaitement à sa place, sans qu’il ne cherche à contrôler quoi que ce soit. Mon anecdote sur le sel confondu avec le sucre semble l’amuser et je secoue légèrement la tête : “Ce n’était pas franchement une réussite. Heureusement que comme c’était un essai, je n’ai pas commercialisé le produit …”. Je souffle un rire par le nez quand il dit que si ça se trouve, je suis une quiche quand ça concerne d’autres desserts. Mon cœur s’emballe un peu. Je suis assurément une quiche dans d’autres desserts. Yoni me dit qu’il reviendra à la charge au prochain rendez-vous et je ne sais pas vraiment ce que je ressens : un subtil mélange de joie et une immense peur. Déjà, ça veut dire qu’il compte me revoir et je ne peux pas cacher mon bonheur, parce qu’un large sourire barre mon visage. Ensuite, ça veut dire qu’il compte me revoir ET me reparler d’une prétendue enseigne qui n’existe même pas. Je suis dans de beaux draps. C’est comme si j’étais dans une voiture, lancée à pleine vitesse et dont les freins ne fonctionnaient plus. Et le pire, c’est que je continue d’appuyer sur l’accélérateur.

Je décide de poser des questions plus banales, à commencer par savoir s’il aime les animaux. Sa réponse me fait un peu tiquer, surtout quand il dit ne pas être assez “responsable”. Je penche légèrement la tête, les sourcils qui se froncent dans une moue d’incompréhension : “Pas assez responsable ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ?”. C’est un reproche que me fait constamment Sally et c’est ainsi qu’elle justifie son refus de me voir obtenir une garde 50/50 de notre fille. Je suis responsable, je passe simplement un peu trop de temps sur mon lieu de travail. Mais je suis responsable : je sais cuisiner, faire le ménage, m’occuper d’elle quand elle est malade, je connaîs le nom de son médecin traitant, de sa maîtresse d’école. En bref, je suis assez responsable pour m’occuper d’elle. Et vous allez sûrement trouver ça bizarre, mais je fais le parallèle entre s'occuper d’Eileen et s’occuper d’un animal. Si, et je dis bien si, quelque chose devait avoir lieu entre Yoni et moi, il sera amené à passer du temps avec elle et … enfin vous voyez ? J’ai besoin qu’il me dise qu’il est responsable, ne serait-ce que pour s'occuper d’un chat. Sa question m’arrache pourtant un rire, balayant ces angoisses peut-être trop prématurées : “La tête d’un cowboy ? Tu trouves ?”. Je secoue la tête et, tout en essayant d’imiter l’accent Texan, je croise les bras : “Je ne vois vraiment pas pourquoi tu dis ça ! Et quoi, ça ne te plairait pas de vivre dans un ranch ? Et puis d’abord, c’est quatre chevaux, pas trois.”. J’offre un clin d'œil, avant de reprendre un peu de mon sérieux : “Non, j’habite du côté de Leith.”.

Yoni Tayeb

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Re: take a cookie + Yoni

Ven 27 Oct - 18:39

TAKE A COOKIE

La nervosité ou l'excitation de rencontrer une personne qui lui plaisait (du moins aux premiers abords) rendait Yoni un peu moins capable de lire le visage de Saevus. Quelques rendez-vous plus tard, peut-être commencerait-il à mieux connaître les expressions de son crush et tilter que certaines phrases le faisaient réagir étrangement. Pour le moment, le libraire n'était pas en mesure de comprendre le poids qu'avaient les mots qu'il utilisait et il aurait sûrement quitté la table s'il savait la véritable occupation de l'homme en face. Saevus mettait toutes les chances de son côté avec son mensonge.

Yoni pensait que la conversation se déroulait à merveilles. Il avait le sentiment que son explication avait rassuré Joan le pâtissier quant au fait qu'il n'était pas incapable de s'engager. C'était juste le mariage et cela resterait un sujet où ils n'étaient pas entièrement d'accord, mais il était trop prématuré pour s'en inquiéter. Yoni devait tirer sur ses propres rênes pour ne pas tout précipiter et tout ruiner.

— On verra quand on en arrivera là, hein.

Il essayait de rire un peu pour évacuer le sujet plus ou moins naturellement, sans avoir l'air présomptueux ou fermé à l'idée d'une histoire sur le long terme. Il n'aimait pas la façon qu'il avait de réfléchir à l'image qu'il renvoyait, à ce moment précis, mais l'homme lui plaisait et c'était impossible d'être entièrement détaché de cette préoccupation. Il n'essayait pas de bâtardiser ou de cacher des informations sur lui, simplement, il voulait envoyer des signaux qu'à ses yeux, les feux étaient verts.

Son sourire se transformait en grimace en imaginant le goût du sel dans la tentative loupée de pâtisseries, puis revenait à son état initial avec ses taquineries sur les capacités culinaires de son date. La question sur sa responsabilité transforma à nouveau son expression, cette fois en réflexion.

— Je crois que j'aurais tendance à refiler les tâches les moins plaisantes à quelqu'un. J'ai une voisine qui accepterait de venir le nourrir à ma place, parce que je préfèrerais prendre un verre en terrasse avec un certain pâtissier... En fait, ce que je décris, c'est un manque d'envie plus que de responsabilité.

Il n'avait pas envie d'avoir un animal mais en était parfaitement capable. Il concluait ainsi, ravi d'être retombé sur ses pieds sans dégât. Et avant que Joan ne puisse commenter sa réponse, Yoni lui demandait pourquoi cette question lui avait traversé son crâne de Cow-Boy. Son rire était communicatif et Yoni savait déjà qu'il voulait le réentendre. Il haussait les épaules avec un sourire taquin, comme s'il y avait un petit côté insultant ou au moins piquant à lui dire qu'il avait une dégaine d'homme du Far West. L'accent le fit rire à gorge déployée, aussi amusé par la réussite approximative que par l'idée même d'essayer. Il y voyait la preuve qu'ils étaient bien et vrais l'un avec l'autre, sans peur du ridicule.

— Je crois que je suis encore un peu trop jeune pour m'enterrer à la campagne.

Yoni répondait au premier degré sans trop savoir pourquoi. Il eut les yeux dans le vague en pensant à Leith, plus proche de la mer que son appartement actuel. Il payerait cher — s'il avait de l'argent — pour voir de l'eau depuis sa fenêtre. Une autre eau que celle qui débordait de la gouttière bouchée.

— J'adore la plage. J'ai grandi à Portobello.

Dire cette phrase à voix haute lui donnait l'impression de mentir, tant c'était différent de son présent. Ses yeux quittaient Joan pour regarder la boîte de cookies et il craqua. Il se pencha pour en prendre un nouveau et s'occuper les doigts en le brisant en deux avant de mettre la plus petite moitié en bouche. Ils étaient toujours aussi bons, mais ne suffisaient pas à tuer la nervosité qui était apparue de nulle part.

— Là, c'est le moment où je t'annonce que je vis dans un appartement minable de Niddrie, parce que mon ex s'est tiré avec toutes mes économies et en contractant des prêts à mon nom.

Il força un petit rire pour soulager l'ambiance mais ce n'eut que l'effet opposé. Sa situation le complexait, il n'avait jamais été ce gars pauvre obligé de se compter chaque centime avant le passage de Lars. Joan apprenait qu'il était en rendez-vous avec un mec fauché et naïf, ça ne faisait rêver personne de sortir avec un type pareil. Il pressa encore le biscuit entre ses pouces et ses index pour former deux quarts puis se reprit. Il se redressa et mangea d'un coup les deux morceaux.

— Je ne savais pas comment l'introduire avec plus de délicatesse, je privilégie souvent la franchise et je me disais qu'il valait mieux que je te le dise tout de suite...

Faire comme si rien ne l'atteignait, rester léger et amusant, ce bon vieux Yoni avec qui tout un est peu drôle. Avant que son ex ne se tire en le laissant dans la merde, le libraire n'avait jamais réalisé cette tendance qu'il avait de dédramatiser toutes les situations pour que personne ne lui offre plus de compatis qu'il ne pourrait le supporter.

— Et maintenant je parle parce que si j'arrête de parler, j'ai peur qu'un silence très inconfortable s'installe.

Cette fois, le rire discret qu'il eut fut plus naturel. Ses yeux plissés par son sourire remontaient sur son crush et il leva son verre comme pour porter un toast tardif à cet aveu.
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Don't grow up too fast.

Re: take a cookie + Yoni

Lun 30 Oct - 15:37

J’hoche la tête quand il me dit que nous verrons, quand nous y arriverons. Il est vrai que s’inquiéter aujourd’hui d’un éventuel mariage est un peu … Beaucoup, prématuré. Ce n’est que notre premier rendez-vous et en prime, Yoni est sans le savoir, victime de mes mensonges à répétition. Il n’y aura probablement jamais de mariage, en vérité. J’ai un petit air amusé tout de même, parce que je n’ai pas envie de tout gâcher. C’est marrant d’avoir un premier date et de parler déjà d’un mariage imaginaire, duquel visiblement, nous n’avons pas la même vision. Je me demande si Yoni et moi avons d’autres points communs, d’autres différences. Je me demande si je ne ferais pas mieux de lui dire tout de suite la vérité, parce que je n’ai pas envie de me briser le cœur, ni même de lui briser le cœur. Certes, ce n’est que de la pâtisserie … Le problème, c’est tout ce que j’invente autour. C’est cette fausse identité, ces faux cookies (enfin, non, ce sont des vrais, mais je ne les ai pas préparés !), tout ce monde que je construis et qui ne feront qu’éloigner Yoni de qui je suis en réalité. Un flic, un peu paumé et terrorisé à l’idée d’accepter son homosexualité, qui bataille constamment contre son ex femme pour obtenir la garde de sa fille. Je ne suis pas que ça : je suis aussi un pro de plats salés, j’adore passer mes dimanches ensoleillés à faire des grillades avec mes amis, j’aime me poser et lire un bon livre quand je m’octroie de sortir la tête du travail, rarement, mais tout de même. Je suis proche de mes amis et je pourrais peut-être même lui faire rencontrer Maeve. Enfin bref. Je ne suis pas ce foutu pâtissier. Mais c’est un peu tard pour reculer et dire “en fait j’ai menti ahah”. J’aviserai. Une autre fois. Pour l’instant, je profite du moment.

En attendant, j’apprends à le connaître au travers de questions banales mais qui me permettent d’en découvrir plus sur lui, à mesure que les mots quittent ses lèvres. Mon sourire s’étire, chaque fois qu’il avance un peu plus dans sa phrase et je finis par rire : “Oui, ce n’est clairement pas un manque de responsabilité, on appelle ça la flemme, Yoni !”. Mon rire est franc et en prime, je suis touché. Parce que c’était de la drague, non ? Il a dit qu’il préférait boire un verre en terrasse avec un certain pâtissier … Le pâtissier, c’est moi, n’est-ce pas ? Je sens mon torse se gonfler de fierté et franchement, je dois avoir l’air d’un adolescent un peu trop heureux, après son premier baiser derrière les gradins du stade de football. Et puis il me demande si je compte lui annoncer que j’ai un ranch à l’extérieur de la ville et que j’ai une tête de cowboy, alors je saisis l’occasion pour faire ma plus belle imitation de l’accent Texan. Je ne dirais pas que c’est une franche réussite, mais cela à le mérite de le faire rire et son rire … bon sang, son rire ! Il me retourne un peu l’estomac et me rend les mains moites. Je crois que je donnerai n’importe quoi pour l’entendre une deuxième fois. Puis une troisième. Une quatrième. J’ai un sourire bête désormais peint sur le visage, qui refuse de le quitter. “On fera ça pendant nos vieux jours alors. Un petit ranch à la campagne.”, et voilà qu’après le mariage, il était question de nos supposés vieux jours ensemble.

Je glisse la véritable information (probablement la seule de ce date, quand j’y pense), selon laquelle j’habite à Leith. J’ai un appartement, où la vue est imprenable sur la mer, depuis le salon. Souvent, les nuages cotonneux de l’Ecosse forment une brume épaisse et l’on a du mal à distinguer cette dernière, mais ça rend le tout encore plus joli, quand les bâteaux des petits pêcheurs passent au travers de la brume. Je pourrais observer ce spectacle des heures durant. Yoni me dit qu’il adore la plage et qu’il a grandi à Portobello. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un élan de courage et je lui lance : “Ça te dit si la prochaine fois qu’on se retrouve, c’est sur la plage ? Une bonne pizza, du bon vin … Juste toi et moi ?”. J’ai la respiration qui se coupe un peu dans l’attente de sa réponse. Ce n’est pas que je n’apprécie pas ce date-ci, au contraire. C’est simplement que je préférerais qu’il y ait un peu moins de monde autour de nous. Sa révélation me fait ouvrir légèrement la bouche. Il vit à Niddrie et si je comprends bien entre les lignes, il est complètement ruiné, à cause de son ex qui a contracté des prêts en son nom. Bon ok, je n’ai rien lu entre les lignes, il vient clairement de me dire ça. Ma bouche se referme, tandis que mes sourcils se froncent et que ma main vient se poser contre ma barbe. J’ai un air soucieux qui se peint doucement sur le visage, tandis qu’il m’avoue qu’il ne savait pas comment me le dire plus tôt. Je n’ai absolument aucun commentaire à faire concernant sa franchise, alors je ne relève pas, je me contente de le regarder, et de dire : “Tu as … porté plainte ?”. Je me gifle mentalement. La question est tellement stupide, évidemment qu’il l’a fait. Toute personne censée l’aurait fait ! “Enfin, je … Je suis surpris, ça fait longtemps que c’est arrivé ?”, je ne lui en veux pas pour le mensonge, mais mon côté justicier - ou cowboy, comme vous préférez, me titille.

Yoni Tayeb

Nothing but the truth

Pseudo : Nuit d'orage
Avatar et crédit : Tomer Kapon + moiii + cs par Khainy ♥
CW : Mort, maladie, escroquerie
Messages : 1555
take a cookie + Yoni Z9cp

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Occupation : Libraire, possédant sa propre boutique (The Rebecca's Book)
Âge : 38 Quartier : Niddrie
Situation familiale : en train de se faire briser le coeur par Saevus, le gros catfish.
Date d'arrivée à Edimbourg : Sa naissance
Don : Ses mensonges façonnent le passé. Ce n'est pas systématique et souvent, ce qui est modifié est meurtrier.

Pour contrer son don, Yoni s'est promis de ne plus mentir. Au nom de ça, il a la fâcheuse tendance à dire tout ce qui lui passe par la tête.

take a cookie + Yoni Prlv

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Re: take a cookie + Yoni

Mar 14 Nov - 1:41

TAKE A COOKIE

La flemme, ça n'avait pas été une caractéristique du jeune Yoni. Il faisait mille choses à la fois, entretenait mille relations amicales, sortait presque tous les soirs et se portait volontaire pour le déménagement de ses amis. Entendre ce mot utilisé pour le qualifier le fit rire mais lui donna un coup de vieux. Combien de temps avant qu'il ne soit comme son père, fusionné avec son canapé, le journal greffé dans les mains ? Énormément. Parce qu'il ne finirait jamais de la sorte, il se le promettait. Même une fois installé dans son ranch à la campagne avec Joan — cette idée le faisait largement sourire — il continuerait de mener une vie active.

Après ce fantasme de retraite paisible et amoureuse, c'était au tour d'un futur plus proche d'être abordé. Joan se jetait à l'eau pour dresser le croquis de ce qui pouvait être leur prochain rendez-vous.

— Ok. Je crois que ça me plairait...

Dit-il alors que son sourire mourrait. Il était temps de la grande confession. Celle qu'il aurait aimé glisser plus tôt, mais ne s'imaginait pas mettre en description sur l'app de rencontre non plus. Comme attendu, son vis-à-vis changea d'expression. Il était conscient qu'il mettait Joan dans une situation désagréable, car il était sûrement trop gentil pour dire ouvertement qu'il n'avait pas envie de continuer un rendez-vous avec un mec fauché plein de problèmes. Il devait être difficile de continuer à se projeter avec quelqu'un qui avait de sacrés boulets accrochés aux pieds. Une jolie maison pour sa retraite, Yoni n'était pas prêt de pouvoir se la payer. Ce qui pourrait le sauver serait de toucher un héritage mais il préférait être endetté et avoir un père vivant que l'inverse.

— J'ai essayé, mais les comptes bancaires étaient aux deux noms et puis...

Il haussa les épaules avec une extrême lassitude. Il l'avait répétée un paquet de fois, cette histoire. Les mêmes mots, la même humiliation. C'était une série d'erreurs qu'il avait faites de lui-même. Lars avait été plus intelligent. Yoni avait accordé sa confiance trop vite et n'importe quel observateur extérieur pouvait repérer les drapeaux rouges que le libraire amoureux avait préféré ignorer. Les longues absences de Lars, notamment. Pour décharger sa frustration, il insulta les policiers. Ils étaient des cibles faciles et Yoni ne les avait jamais portés en haute estime.

— Quand les flics — après de longues minutes de réflexion intense qui ont du être très douloureuses pour eux — ont capté que Lars et moi étions un couple gay, il n'était plus question qu'ils fassent du zêle.

Il frotta son visage de ses deux mains pour s'empêcher de retourner dans ces souvenirs. Certains des fonctionnaires qu'il avait rencontrés à cette période avaient été odieux. Ce n'était pas le cas de tout le monde au poste, mais il s'était fait dire par l'un d'entre eux que bon, c'était bien beau, mais qu'ils n'avaient qu'à régler ça entre hommes au lieu de gâcher du temps que la police pourrait accorder à d'autres soucis plus graves. Entre hommes, ça devait vouloir dire qu'il n'avait qu'à retrouver lui-même son ex et régler ça avec une batte de baseball, ou alors Yoni avait un esprit tordu. Le ton était monté entre Yoni et le flic, on lui avait finalement poliement conseillé d'en rester là pour aujourd'hui et de repasser une fois en possession de justificatif bancaire, ce qu'il avait fait et depuis, il n'avait pas reçu de nouvelle.

— Bref. Situation de merde, mais je gère. Je gère autant que je peux, disons. Et pour ta question, c'était en janvier de cette année.

Ça pouvait donner l'impression que la situation était encore fraîche, mais ce n'était pas le cas. Lars était un fantôme que Yoni ne pleurait plus et comme il n'y avait pas eu de suite au dossier, le libraire ne le voyait plus comme étant d'actualité. Il avait fait du chemin, depuis. Du canapé de son père à son appartement minable de Niddrie. En-dehors des dégâts matériels, le reste était réglé, épongé, rangé dans un coin. Joan n'avait pas craindre de potentiel sentiment que Yoni aurait encore pour son ex, ceux-ci étaient morts.

— J'espère ne pas avoir ruiné l'image que tu avais de moi, même si je comprendrais, ni te donner l'impression que je cherche de la pitié.

Même sans en chercher, il en avait obtenu. Il avait eu sa dose. Il regarda les gens passer dans la rue plutôt que son crush et plaça un cookie entre ses dents pour se donner une contenance. Vivre des trucs honteux et ne pas pouvoir mentir à leurs sujets, c'était la double peine.
@Saevus Patterson

Each time I fall in love it's clearly not enough.

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