Sinking Past
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Skye Amarillo
Skye Amarillo
Princesse des dinosaures
Pseudo : Jeyith
Avatar et crédit : Tashi Rodriguez © vertalligatorus | Signa by ASTRA
CW : Relation toxique + Avortement
Messages : 3058
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Occupation : Etudiante en vue de devenir Paléontologue.
Âge : 26 Quartier : Old Town, avec Charlie, dans le petit appartement derrière le shop de tatouages.
Situation familiale : En couple avec Charlie.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis ses six ans.
Don : Le don de Skye pourrait s’apparenter à de l’hypersensibilité : elle ressent tout trop fort. Ses émotions, positives ou négatives sont quasiment ingérables, tant elle les vit fort. Ça la rend parfois agaçante, parce qu’elle peut être très heureuse pour un tout petit truc, comme très triste pour rien du tout.

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unspoken roads + Charlie

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Mer 20 Nov 2024 - 15:42


i lay in tears all night
without you by my side


Plus les jours passent, plus j’ai l’impression que tout se casse la gueule. Le semblant d'équilibre que j’avais trouvé avec Charlie semble s’effriter, depuis Glasgow. Et ce n’est pas seulement à cause de son père. Il y a autre chose, je le sens, mais quoi ? Je suis incapable de mettre la main dessus et ça forme une boule qui m’enserre la gorge quand j’y pense trop. J’ai peur de trouver des cheveux qui ne sont pas les miens sur ses fringues. J’ai peur d’interpréter ses silences, pourtant habituels, comme étant de mauvaise augure. J’avais commencé à retrouver ce truc assez insupportable, cette manie de parler tout le temps pour ne rien dire et combler le vide et le silence de l’appartement. Mais je crois que j’ai peur de le faire encore, parce que je sens que Charlie est … différent. Et j’ai peur qu’il se rende à nouveau compte de ma présence, j’ai peur qu’il se rende compte que je suis là et qu’il décide de me jeter, encore une fois. Je ne supporterai pas un deuxième rejet, pas comme ça. Maintenant, l’appartement est ma maison. Je ne veux pas tout perdre d’un seul coup de colère. Et c’est ça, le truc. C’est qu’il n’y a pas de crises de colère. Je le sens agacé, soucieux, renfermé (plus que d’habitude), mais pas … au point d’exploser, comme il était tout le temps, autrefois.

Je mets longtemps avant de sortir du confort de mes draps. Aujourd’hui, c'est dimanche. Le shop est fermé, je n’ai pas cours, et j’espère qu'on pourra passer une journée tous les deux, pourquoi pas à se chamailler ou à peindre sur des tasses ! J’adore faire des activités avec Charlie, même s’il est bien meilleur que moi dès que c’est un peu artistique. Mes pieds touchent le sol, je m’étire. Charlie n’est déjà plus au lit et je vais finir par me demander s’il n’y est pas allergique, vu le peu de temps qu’il passe à l’intérieur. J’ouvre la fenêtre de la chambre pour laisser entrer l’air froid de novembre. Ça aérera un peu la pièce. Je me dirige vers la salle de bain à pas de loup, espérant y trouver mon Dieu Grec, mais non. Il est sûrement dans la cuisine ou en train de faire je ne sais quoi dans le shop. J’attache ma chevelure bouclée avec une barrette et je saute dans la douche. J’y reste assez longtemps pour que le miroir se retrouve embué, frottant ma peau avec mon gel douche senteur monoï. Je veux rester en été tout le temps. Je quitte la douche, m’enroule dans une serviette, fait ma skincare tout en fredonnant l’air d’une musique de la playlist de Charlie. Aujourd’hui, c’est dimanche, alors je ne me maquille pas. Je coiffe simplement mes cheveux pour que mes boucles soient belles. J’en prends particulièrement soin depuis que je vis avec Charlie, puisqu’il les aime tant. Je décide de rester en pyjama et j’enfile à nouveau son t-shirt, ainsi qu’une culotte propre, avant d’aller dans la cuisine.

Bingo, il s’y trouve. Penché sur son téléphone, je ne suis pas sûre qu’il m’ait entendue. Je m’approche derrière lui et glisse mes mains sur son torse, pour le presser contre moi et respirer son odeur. Je pourrais prendre des shots de lui absolument tous les jours. “Hmmm, tu sens trop bon. Bonjour !”, mes lèvres glissent contre sa mâchoire, puis sur sa joue, avant que je ne le lâche pour venir lui voler un baiser. “T’as les lèvres sèches ! Mets du baume. Combien de fois je vais devoir te le dire ?”, je dis ça, avec un sourire dans la voix, tout en passant derrière le comptoir pour me servir un café. “T’as déjà mangé ? Tu veux un autre café ? T’as dormi ?”, je lève les yeux vers lui. Son expression me saisit, il a l’air … ailleurs : “Bébé, ça va ?”.

***

Je geins, les yeux rivés sur l’horloge de la cuisine. La nuit est tombée depuis longtemps et … je ne sais pas où il est. Je n’ai pas eu plus d’informations qu’un simple « je sors », et l’angoisse qui me prends les tripes me donne envie de vomir. J’ai essayé de l’appeler des dizaines de fois, je suis tombée sur sa messagerie à chaque fois. Des scénarios, tous plus horribles les uns que les autres, tournent et retournent dans ma tête. Et s’il avait décidé de disparaître, encore pendant un mois, sans donner aucune nouvelle à personne ? Et s’il … s’il était encore avec elle ? Si la belle, la sulfureuse Lola, s’était soudainement mise à lui manquer ? Mes ongles s’enfoncent dans la paume de mes mains. J’ai froid, je n’ai pas quitté mon pyjama et le canapé depuis qu’il a quitté la maison, il y a bientôt 8 heures. Aujourd’hui, c’est dimanche. J’espérais passer un moment avec lui, tenter une reconnexion avec mon amoureux, espérer comprendre ce qui le compose et pourquoi est-ce que je me sens si étrangère à lui, ces derniers temps. Je voulais juste qu’on passe l’après midi à peindre sur des tasses …

L’angoisse me ronge, je suis aspirée dans un tourbillon malsain. Je me redresse, soudainement prise d’un haut le cœur, quand je revois sa main sur celle de Lola, à la pizzeria. Et puis la porte d’entrée s’ouvre enfin. Comme montée sur ressort, je bondis sur mes pieds pour venir lui faire face. J’ai la voix rauque, pointillée d’un pleur que je contiens depuis des heures déjà : “Putain, mais t’étais où ?!”. Et avant que je ne puisse me raisonner, je lance d’un ton qui se veut aussi acéré qu’une lame : “T’as été voir ta Lola puta, hein ?!”.






Baby said.
skylie ☽ I'm not afraid of you being vulgar, but why are you so vicious? Tell me now "What's that look on your face?". She puts her hand on my lips, begging : "Please, end this conversation".
Charlie Atkins
Charlie Atkins
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Occupation : Tatoueur
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Don : Parfois, quand je dors avec quelqu’un, je me retrouve perdu dans ses souvenirs. Je vois avec ses yeux, parle avec sa voix et je n’ai pas vraiment l’impression qu’il y ait un sens logique à tout ça.

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Mer 20 Nov 2024 - 19:48



Tout l'monde dans la pièce a capté,
on fait mine de rien voir
J'me demande c'est quoi les (bails)

Les médicaments ne font plus effet, ces derniers jours. Peut-être que j’en ai trop abusé, ou alors je suis simplement bien trop nerveux pour qu’ils soient efficaces. Je dors à peine. Mes nuits sont agitées, remplies de pensées qui tournent en boucle. Le retour de Lennox n’est pas de tout repos, et j’ai l’impression d’avoir un peu perdu le contrôle de mes émotions ces derniers mois. Je le vois dans les regards de mes proches. Lùca, par exemple, me fixe souvent avec une expression étrange sur le visage. Il semble avoir des tas de choses à me demander, mais il n’ose jamais vraiment. Il tourne autour du pot, me donnant cette sensation agaçante qu’il marche sur des œufs. Et Skye, c’est pareil. Elle oscille entre me couver et se fâcher, et moi, je n’ai plus la patience dont je faisais preuve auparavant. L’équilibre fragile que j’ai mis un an à reconstruire est en train de s’effondrer. J’essaie de retenir les morceaux de ce mur que j’ai patiemment bâti, mais il se désagrège entre mes doigts. Rien ne change vraiment. Ce manque de confiance en moi, palpable chez mes proches, me donne l’impression d’être constamment surveillé. C’est oppressant, et ça devient de plus en plus difficile à supporter. Ils attendent tous que je fasse une erreur pour pouvoir hurler : “Ah-ah, j’avais raison. Tu vas mal.”

Et… ouais ? Oui, je vais pas très bien. Mais je fais de mon mieux pour maintenir le cap, pour ne pas décevoir les gens que j’aime. Je me bats. Contre la dépression, contre la colère. Je suis blessé, anxieux, faillible. Alors évidemment, cette histoire avec Aïdan m’a secoué. Évidemment qu’apprendre que ma mère m’a menti pendant des années, c’est pas si simple à encaisser. Mais j’ai l’impression qu’ils attendent juste que j’explose. Comme si ça leur donnerait raison. C’est injuste, et ça me fout encore plus en colère. Je suis sur-stimulé, triste. Je n’attends pas qu’ils comprennent. Mais j’aurais aimé qu’ils me foutent un peu la paix, tu vois ? Juste… qu’ils me laissent respirer. Parce que là, j’ai du mal à cacher comment je me sens.

Quand je fixe le plafond, si sombre dans la pénombre, j’ai l’impression qu’il tourne sur lui-même. C’est un effet étrange, mais peut-être que c’est juste parce que je n’ai pas dormi depuis un moment. J’ai peut-être même quelques hallucinations. Ce ne serait pas la première fois que le manque de sommeil joue avec mes perceptions. C’est bizarre, mais j’ai l’impression d’être dans un entre-deux. Avec un peu de chance, je vais peut-être enfin m’endormir. Mes paupières papillonnent lourdement. J’inspire et...
Mon téléphone sonne. Je fronce le nez, agacé, et me redresse pour regarder le numéro affiché. Après une longue hésitation, je sors de la chambre et décroche. Helen est à l’autre bout du fil. Sa voix tremble, elle semble avoir le nez bouché. Je prends une profonde inspiration parce que je sais déjà ce qu’elle va dire, avant même qu’elle ouvre la bouche, je la coupe : « - Écoute, je t’ai dit que…
- Charlie, il veut seulement te voir. Il est faible. S’il te plaît. Si tu ne le fais pas pour lui, fais-le au moins pour toi-même. Je pense qu’il ne lui reste vraiment pas beaucoup de temps.
- Helen… Je suis… Je suis désolé, mais non. C’est hors de question. »


***

Mon sac est prêt. Je suis assis dans la cuisine, les coudes sur la table, à contempler ma décision. Je sais que ce voyage à Glasgow risque de me retourner encore plus que je ne le suis déjà, mais il faut que je le fasse. Il faut que j’en termine avec ça. Je vais lui dire ce que j’ai sur le cœur, une bonne fois pour toutes, et après, ce sera fini. Je vais lui dire que je ne pardonnerai jamais ce qu’il a fait à maman. Que je ne pardonne rien. Qu’il peut bien finir son existence en enfer, ça m’est égal. Je vais lui dire que je ne veux rien de lui, que je ne suis pas son fils. Je vais lui parler de Roy. Mon vrai père. Celui qui m’a emmené à la pêche, qui m’a appris à faire du vélo sans les petites roues. Je vais lui dire que je n’ai jamais eu besoin de lui pour réussir ma vie. Que je vais bien. Sans lui. Que j’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé : un business qui tourne, une petite amie géniale, une famille qui m’aime. Que je suis même devenu tonton. Et lui ? Lui, il est là, à pourrir, parce qu’il a toujours refusé de se battre pour nous. Bien fait. Bien fait pour lui.

Je sens à peine les bras de Skye m’enlacer. Mon regard reste fixé sur mes mains. J’inspire profondément. Ses lèvres effleurent ma joue, et sa voix me sort de ma torpeur. Elle recule légèrement, me dit doucement que je devrais mettre du baume à lèvres. Je me lève brusquement, coupant court : « - Écoute. Il faut que je bouge aujourd’hui. J’vais rentrer tard. » Je détourne les yeux, effleure sa tempe de mes lèvres, puis attrape mon sac à dos avant de quitter la pièce. Je vois bien l’inquiétude dans son regard, mais je ne sais pas quoi dire.  Si je lui avoue que je vais voir Aïdan, elle va insister pour m’accompagner. Et je ne suis pas prêt à ça. Pas cette fois. J’ai besoin de ce moment pour moi, tu vois ? Un moment où je peux enfin laisser sortir tout ce que je ressens, sans avoir à supporter le poids du regard de quelqu’un d’autre. C’est parfait.

***

Je suis debout à l’entrée de cette chambre où il n’y a rien. Enfin, presque rien. Il y a un lit, fixé au sol par de gros clous bien profonds, et une fenêtre avec des barreaux. On dirait une prison, mais pas tout à fait non plus. Il peut sortir de sa chambre quand il le souhaite, et visiblement, il a même le droit d’aller se balader dans le parc qui borde ce gros bâtiment en briques anciennes. Les couloirs sont propres, mais un peu décrépis. Sur la porte de sa chambre, il y a une fiche plastifiée scotchée minutieusement, avec une liste de restrictions pour le patient Aïdan Fife, 56 ans : il n’a pas le droit d’aller au distributeur automatique. Pas de canettes en aluminium dans la chambre. Les sodas doivent être servis dans des verres en plastique. Pas de ceinture, ni de lacets. Il est clairement sur la liste des patients suicidaires. Il y a un tabouret en plastique et une petite table qui fait l’angle. Les murs jaunes sont censés donner une ambiance chaleureuse à la pièce, mais ils me rappellent plutôt la cellule dans laquelle j’ai passé quatre ans.

L’homme est visiblement affaibli. Il est très maigre, et son regard est creusé. Il me fait toujours autant peur, pourtant. Il fait un bruit long, presque imperceptible, avec sa gorge. Ce grognement sourd ne s’arrête que lorsqu’il prend la parole. Quand il se tait, il garde cette note de son murmure. J’ai la jambe qui s’agite dans le vide. Il me fixe, sans ouvrir la bouche. Peut-être s’attend-il à voir un enfant. Il tend sa main squelettique, et ça me dégoûte, très sincèrement. Il m’écoeure. « -Charlie ? » Je fais glisser la chaise dans un grincement désagréable jusqu’au lit. Je ne prends pas la main de cet homme qui n’a plus rien de vraiment humain. La maladie déforme le visage, abîme la peau, modifie les expressions jusqu’à ce qu’on ait plus l’impression d’être en face d’un homme. Ça déshumanise tellement. « -Oui, Aïdan. C’est moi. » Je suis bien moins assuré que ce que j’avais prévu. Et puis… Je ne vais pas gueuler sur un type qui n’est même plus assez humain pour boire tout seul dans un verre en verre.

***

Il est tard, et j’ai les yeux qui piquent. J’ai failli m’endormir plusieurs fois sur le bord de la route. Les images du corps déformé d’Aïdan me hantent. Je n’arrive même pas à savoir si je suis en colère ou juste triste. Le monstre de mon enfance s’est transformé en une sorte de légume à peine humanoïde. Rien de ce qu’il m’a dit n’avait vraiment de sens. Il a parlé de son héritage, de ses écrits. Il veut que je récupère ses journaux. Et il n’a pas arrêté de dire que c’était la faute de maman. Je ne sais pas comment réagir. Au fond, ma mère a fait tout ce qu’elle pouvait à l’époque. Elle n’avait rien d’autre à donner. C’est triste, mais, en même temps, j’aurais préféré ne pas être là pour entendre ce genre de choses. Je suis presque soulagé de rentrer si tard. Skye dort probablement, et ça me laisse une bonne partie de la nuit pour laver l’hôpital de mes fringues et reprendre mes esprits. J’ai les yeux rouges et la sensation de ne pas avoir dormi depuis des semaines. Paradoxalement, cette fois, je pense que je vais enfin pouvoir m’endormir. Je suis épuisé.

Je glisse la clé dans la serrure, mes épaules s’affaissent. Rien que l’idée d’être rentré à la maison détend ma nuque. J’ouvre la porte et je ne réalise pas tout de suite que la lumière est encore allumée. Avant que je comprenne, Skye se jette sur moi. Mon cœur se serre. Putain. J’ai pas l’énergie pour ça, là. Pas maintenant. «- Putain, mais t’étais où ?! » Elle aboie, et je me passe une main sur le visage. « - Pas ce soir, j’suis k.o. » Je geins, ma voix lourde de fatigue, mais elle ne m’écoute pas. Elle hurle, et sa voix me transperce. J’ai les sourcils qui se froncent, mon visage qui recule sous l’agression de ses mots. Je dépose mon sac sur la commode de l’entrée. « -T’as été voir ta Lola puta, hein ?! » Je ferme les yeux, une longue seconde, et je prends une grande inspiration avant de souffler lentement. «- J’ai été voir personne. J’avais des trucs à régler. Arrête avec ça, j’suis sérieux. C’est pas le soir pour me parler d’elle. Va te coucher, Skye. » Je la regarde un instant, les épaules basses, trop vidé pour me battre avec elle ce soir. « -Fais ce que tu veux, Skye. Pense c'que tu veux. », je murmure, avant de tourner les talons et de m’enfermer dans la salle de bain. L’eau froide coule sur mon visage, mais ne chasse pas les pensées qui tournent en boucle. Peut-être que je n’ai pas seulement besoin de dormir. Peut-être que j’ai juste besoin de paix.





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