Tout crâmer

Yadriel + Bear

ou alors, souffler sur la mèche

Bear fit un bruit avec sa bouche. Comme un bruit de moteur. Il observait l’heure alors qu’il avait rendez-vous avec une vieille connaissance de Londres. Il n’en avait pas réellement envie. Mais ses parents lui avaient rappelés que l’homme, bien qu’étant un sale emmerdeur pompeux, avait aussi besoin de redoré son blason face au commun des mortels… et que Bear pourrait facilement lui trouver des pistes exploitables. Il fit tourner sa limonade dans son verre. Ok. Bear n’avait pas besoin de redorer son blason, lui, déjà. Il le faisait naturelle et ne saurait pas donner le moindre conseil pour ne pas être un trou du cul. Ensuite, avoir rendez-vous dans un bar pour ce genre de discussion était assez parlant sur le sérieux que l’homme mettait à sa requête. Et enfin, il était à la bourre. Et Bear, qui pouvait arriver en retard comme tout le monde quand il avait un imprévu, sentait pourtant bien qu’on venait simplement de lui poser un lapin.

Il tourne la limonade encore et écoute autour de lui. Il sait qu’il devrait aller aider dehors, ainsi était son caractère, mais il était trop fatigué pour ça. Il était las. Il ne voulait que dormir un peu. L’idée de devoir aider un homme à être bienveillant, ça le dépassait totalement. N’était-ce pas de l’hypocrisie et du mensonge que d’être généreux que pour soi-même ? C’était un débat à avoir. Il écoute discrètement autour de lui. Cette histoire de gamin. Il vide sa limonade. Il écoute encore. Piratage. Il y avait des choses mieux à faire que de faire des rumeurs avec un talent comme celui-ci. Si on pouvait pirater les sites qui donnent des images illicites aux pédophiles par exemple. Il se demande s’il peut aider le gamin. Rappelons que, pour Bear, naturellement, toute personne n’étant pas lui, son père ou sa mère étaient naturelles plus jeunes que lui. Il avait déjà aidé des plus vieux que lui en les traitant comme des gamins, à cause de ça. Bear regarde l’heure et fait un sourire amical au barman quand il lui propose à nouveau quelque chose.

- Une autre limonade, s’il vous plait. On m’a posé un lapin, mais je n’ai pas envie de sortir tout de suite.

Il avait peur de se retrouver face à ceux qui envoient les pétards et autres projectiles. Oh, pas de se retrouver blessé, ou qu’on l’agresse… avec deux mètres de muscles ressemblant à un ours brun, il ne craint rien… non. Il avait peur de voir trop de personnes à aider et de ne pas pouvoir aider tout le monde. Peur d’être incapable de les calmer, et que des situations pires encore en découle. Il avait peur de ne pas être capable d’aider la police, d’aider les jeunes qui ne font que suivre sans comprendre, de calmer les adultes qui ont peur de l’inconnue. Tout ça. Il avait l’impression qu’une zone de guerre se prépare, et Bear était incapable de protéger tout le monde. Cela était sa peur primale. Alors, pour une fois, ce qui n’arrive que rarement, il se retrouvait le cul visé sur son siège.

- Vous comprenez ce qu’il se passe ? demanda-t-il alors au barman qui semblait plus poser dans ses propos. Loin de moi l’idée de faire des commérages ou le moindre complot. Je n’ai juste aucune idée de comment cette situation s’est mis en place, et je me retrouve incapable d’aider qui que ce soit par ce fait.

S’il ne comprenait pas le comment et le pourquoi, il ne pouvait pas trouver la conclusion. S’il voit une personne pleurait, il lui demande ce qu’il se passe et la calme. S’il voit une personne au sol, il la relève et analyse la situation. Il vient en aide en réfléchissant et en analysant. Mais là ? Un piratage pouvait donner une mini guerre civile à l’extérieur du bar ? Et pourquoi ? Comment ? Il avait besoin de ça pour savoir s’il pouvait être une aide. Il regarda son téléphone, recevant une photo de Léo et Cole dans le salon du manoir en train de manger comme des petits gorets. Mieux ça que dehors. Il attendait aussi des nouvelles de ses autres amis. Il avait envoyé un message groupé. Disant que s’il n’avait pas de nouvelle de tous d’ici deux heures, il allait débarqué dans leur maison pour vérifier lui-même… Simple mesure de précaution… Et cela, même s’il ne comprenait pas une bille à ce qu’il se passe réellement !  

Tout crâmer

Yadriel + Bear

ou alors, souffler sur la mèche

Bear s’inquiète. C’était pathologique chez lui. C’était inscrit dans son ADN. Il était l’inquiétude même. Et cela, même s’il pouvait parfaitement le cacher sans même essayer. Il s’inquiétait pour ses fils –il adore le dire ainsi, ça lui mettait toujours un sourire doux sur le visage- pour ses amis, pour les gens dehors… Et même pour l’inconnu qui venait de rentrer comme s’il avait eu le diable aux fesses. Ses paroles confirmèrent ce qu’il avait entendu… Il y avait l’enfer à l’extérieur du bar. Lui qui avait le désire de rentrer chez lui, prendre du pop corn, et s’énerver sur un épisode de Stargate avec ses fils –oh, revoilà le sourire- il ne le pouvait pas. Bref, il s’inquiétait pour l’homme à ses côtés aussi. Le patron semblait le connaître, ainsi répondit-il simplement d’un petit sourire et d’un hochement de tête. Mais ça l’inquiète. On ne pouvait pas se prendre des coups sans voir des étoiles. En tant que professeur de boxe, il faisait toujours attention aux coups portés. Parce qu’il peut y avoir des complications. Il peut être plus fort que nécessaire. Parfois, un coup peut tuer quand il est bien donné… ou alors, très mal donné justement.

Cette apparition de l’homme avait presque éclipsé cette histoire de piratage. Bear, qui savait avoir une particularité que personne ne possède, se demandait bien ce que le jeune pirate aurait pu trouver de son ordinateur. Des tonnes et des tonnes de chiffres pour faire la comptabilité. Des liens pour des sites pour comprendre comment faire tel ou tel chose. Rien de bien folichon. Il n’avait pas peur des pirates… et il était vrai que s’il piratait et trouvait de véritables informations qui pouvaient être dangereux, il ne méritait pas la prison. Tout dépendait, donc, de ce qu’il avait trouvé et comment il avait voulu l’utiliser…. Mais de là à faire une émeute ? Bear fait un signe de tête au patron pour l’inconnu. Ouais, il valait mieux faire le plus pressé. Bear se tourne franchement vers l’inconnu.

- Je suis Bear. Professeur de boxe, tu veux que je t’examine sans la moindre compétence médicale mais avec l’expérience du sport ? proposa-t-il.

Parce qu’il pouvait le faire, justement. Il pouvait savoir si une côte était cassée en palpant. Il pouvait vérifier les commotions cérébrales avec une lampe. Tout ça était des gestes que les médecins avaient appris à l’école, et lui il les avait appris en travaillant. Cela permettait de savoir l’étendu des dégâts, certes d’un néophyte de la médecine, mais parfois ça aider. Si l’homme était trop mal en point, il pourrait l’amener à l’hôpital. Avec ses deux mètres et ses 100 kilos, il savait pouvoir se frayer un chemin dans l’émeute… Bear remonte les yeux vers le barman. Et il sourit à nouveau.

- Je t’aime bien, annonça-t-il vers lui en oubliant le vouvoiement.

Un mec qui accepte de faire un happy hour pour protéger tout le monde de l’enfer à l’extérieur, qui s’inquiète pour son client et semble accepter de dire toutes les choses ainsi, méritait d’être apprécié par l’ourson qu’il était. Il proposerait bien de payer pour tout le monde, mais il attendra de voir si certains veulent sortir pour ça. Il pourrait aussi faire en sorte de les aider à sortir, mais ce n’était pas le moment d’y penser. Il se retourne vers l’inconnu blessé, pour voir ce qu’il pourrait faire pour lui après cette déclaration.

- J’ai tout de même un peu de mal à comprendre comment un piratage crée une émeute et met en danger des personnes qui n’en rien à voir là-dedans.

Et encore, pour le moment, son fils n’avait pas été coincé dans une émeute. Cela arrivera plus tard. Pour le moment, ce n’était que le début de cette histoire.