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Ravi Suthar
Ravi Suthar
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Situation familiale : célibataire, à la recherche d'un bonheur imaginaire
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Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem Empty Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem

Mar 20 Aoû - 3:03

Cabinet d'avocats Zaman et associés,

Monsieur Mahajan,

Après l'étude de votre requête, nous sommes dans le regret de devoir décliner cette rencontre. Ci-joint, les coordonnées de d'autres cabinets qui sauront...

**

Oui, je sais, Sophie. C'est mon troisième verre de vin.  Mais tu sais que je supporte bien l'alcool, en temps normal. La petite coupe de plastique ne ressemble plus à rien, entre mes doigts. Honnêtement, je me demande un peu ce que je fous là.  Je ne connais personne, ici.

Enfin presque...

Tu te souviens de Vanessa? Tu sais, grande, brune, un peu boho, extravagante?  Un peu hautaine? La fille, dans ma classe d'histoire de l'art, à l'UoL ... Non? Enfin, ce n'est pas bien grave.

Ce que je veux dire, c'est qu'elle est ici, à Édimbourg, maintenant. Ou peut-être qu'elle venait de la région? L'algorithme de Facebook nous a mis en contact, je suppose. Et l'invitation à son exposition est tombé dans mes notifications. Sans doute qu'elle ne m'a pas reconnu, ou alors, elle ne se souviens plus de moi. Elle m'est passé devant sans un regard, quand j'ai voulu la féliciter.

Tu devrais les voir, ses toiles sont superbes. Elles sont immenses et colorées, déjantées, autant que sa créatrice. Elles se vendent comme des petits pains chauds, à ce qu'on dit. Vanessa a une carrière florissante. C'est une artiste réputée, maintenant. C'était la meilleure de la classe, après tout. Kowalski l'encensait, en atelier. Alors que moi...

Mes yeux se baissent sur mon verre. Toute ces études ont été un bel échec. D'abord aux Beaux-Arts, ensuite, aux Belles-Lettres. Kowalski aimait bien parler de mon trait naïf, à chaque fois qu'il commentait mes toiles. L'innocence de l'enfance, l'art de Monsieur-Madame-Tout-le-monde. Un manque de proportion, de perspective et surtout, surtout, des sujets ternes. Il n'y avait que ma composition qui était bien. Et encore.

J'ai tout essayé. Le dessin, la peinture, la photo, l'aquarelle... pour ne rencontrer que l'ennui, dans les yeux de mes semblables. En littérature, ça avait mieux fonctionné. C'était chouette, les exercices. Mais une fois seul, chez moi, il ne me reste que le tête-à-tête avec ma page blanche. Je détonne, entre tous ces gens bien habillés. Je suis invisible, comme toujours. Un homme ordinaire, parmi l'élite artistique de l'Écosse. Un petit cuisinier de restauration familiale sans ambition. Un serveur qui aurait dû se retrouver derrière le buffet.

Un imposteur.

Tu as raison, Sophie. Le troisième verre était peut-être de trop. Je me sens morose. Il est peut-être temps de m'en aller. Depuis que j'ai reçu cette lettre de cabinet d'avocats, je vois tout en tons de gris. Je jette le verre de plastique dans la poubelle et me dirige vers la sortie.

Et soudain, je m'arrête, le coeur battant. Devant le canvas gargantuesque du fond, une silhouette d'homme. Une semblable à celle que j'ai vu, sur certains clichés de ma mère. Non, ce n'est pas Anwar Zaman.

C'est son fils.

Je regarde autour de moi. Devrais-je l'aborder? Après tout... lui aussi a refusé de me rencontrer, non? J'ai utilisé le nom de famille de ma mère, pour être certain qu'il me reconnaisse. Je sais que Zaman a cessé de s'intéresser à ma mère dès leur rupture. Nadeem ne connait probablement pas mon père.

Mon dieu, mon frère s'intéresse à l'art aussi! Je t'entends déjà, Sophie. Tu vas me dire qu'il n'est là que pour faire bonne figure auprès de sa clientèle. Tous les avocats sont comme ça. Mais je le sens, Sophie. Je le sens. Mon frère est comme moi. J'ai les mains moites. Et si....

Et si ...

Je lui fait mon plus beau sourire. Un sourire amical, tout en restant à distance respectueuse. Un amateur d'art qui cherche la camaraderie avec un autre. Rien de plus. Il faut bien commencer quelque part.

"On le voit dans toutes ses toiles, ici. La violence. Les couleurs sont criardes, presque joyeuses mais la composition, elle, représente totalement autre chose... Vous êtes amateur d'art aussi?"

Et si l'on pouvait être amis, lui et moi?

Nadeem Zaman
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Situation familiale : Fiancé à Victoria, beau-père de Moïra, père de Neeli
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Don : Empathe + Nadeem a une affinité particulière avec la tristesse. Il peut ressentir la mélancolie ou le désespoir des autres comme si c'était le sien. Il lui arrive même d'avoir un aperçu des souvenirs tristes de ses proches.

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Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem Empty Re: Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem

Sam 24 Aoû - 19:24
Le Syndrome de l'Imposteur
Ni Iona, ni Victoria. Nadeem n'avait trouvé personne pour l'accompagner à l'exposition du soir et ce n'était pas un mal. Depuis que son secrétaire s'était fait tirer dessus, l'avocat entretenait des relations tendues avec ses proches. Il était souvent absent des conversations ou stressé par tout ce qu'il avait à faire. Sa patience était fine, extrêmement fine et il était trop borné pour le reconnaître et travailler là-dessus. Il repoussait ça à plus tard. Plus tard. Quand Eliott aura oublié la cicatrice circulaire à côté de son nombril, quand Bowen ne lancera plus des regards noirs à ses associés, quand Ed ne cherchera plus à créer son propre cabinet pour se désolidariser d'eux, quand Yana aura accepté sa nouvelle vie, quand Rachel pourra prendre sa place, quand, quand, quand. Alors, là, il redeviendrait calme et agréable à vivre pour ses proches. En attendant, si le prix à payer était de visiter les expositions seul, il survivrait.

Il avait salué ses amis et connaissances, mais faisait son tour seul, les mains dans les poches plutôt qu'autour d'un traditionnel verre de jus d'orange. Il se sentait minuscule devant les toiles de l'artiste. Elle avait toujours aimé les œuvres immenses. Nadeem s'en souvenait car c'est la première chose que Dan, le galeriste, lui avait dite quand il avait décidé de représenter la jeune femme : "Elle a tout d'une prodige, y compris l'ego. Elle refuse les formats plus traditionnels, plus faciles à vendre. Elle dit que les gens qui veulent l'exposer dans leur salon devront libérer un pan de mur entier. C'est de la folie de penser qu'ils le feront. Je l'adore." Nadeem n'avait jamais libéré de pan de mur pour l'exposer, mais il admirait sa confiance en elle.

Celui qu'il fixait l'avalait. Il voyait des vagues de couleurs épileptiques l'attaquer sur tous les fronts. S'il fermait les yeux, il voyait encore la tempête aux teintes fluorescentes comme si elle avait abîmé certains de ses photorécepteurs. Pourtant, il n'arrivait pas à s'en décoller. L'arrivée d'un second visiteur à ses côtés manqua de le faire sursauter et eu l'avantage de le motiver à tourner la tête dans sa direction. Le visage ne lui disait absolument rien. Difficile de lui donner un âge : il avait une maturité juxtaposée à une peau encore dénuée de rides. Mais son analyse artistique était bonne, ce qui motiva l'avocat à baisser sa garde.

- Vous êtes nouveau, à Édimbourg ?

D'exposition en exposition, Nadeem croisait les mêmes personnages. Ils prenaient des verres ensemble, travaillaient ensemble, se battaient lors des ventes aux enchères. Bref, c'était un monde plus ou moins fermé. Par cette question, Nadeem ne tentait pas d'humilier l'inconnu en lui renvoyant au visage son statut d'outsider, bien que ça pouvait avoir cet effet. D'autres explications étaient possibles : l'homme pouvait être habitué à d'autres galeries, d'un standing différent ou dans des quartiers trop excentrés pour l'avocat.

- La saturation des couleurs en elle-même est déjà une forme de violence. Lorsque Vanessa l'a réalisé, ça a vraiment marqué un tournant dans sa carrière. Vous l'avez déjà rencontrée ?

Il ne l'invente pas, ce qu'il dit. C'est l'artiste elle-même qui lui en a parlé lors du vernissage d'un autre artiste de Dan. L'Art validé par les institutions d'Édimbourg était un microcosme quasi-incestueux et Nadeem n'avait pas honte d'en faire partie, au contraire. Normalement, là était le moment où il aurait sorti la main gauche de sa poche pour la tendre à l'inconnu. Il aurait donné son nom et aurait demandé le sien, mais les temps étaient trop chaotiques et la paranoïa de l'avocat trop nourrie pour qu'il ne dévoile son identité (pourtant loin d'être secrète) aussi rapidement après la rencontre. Ses mains restèrent dans ses poches et son regard revint scruter la toile.

@Ravi Suthar



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Mer 4 Sep - 5:19

Une tempête épileptique. Un orage de lumière et de contraste. L'agressivité heureuse, la joie aveuglante, les apparences trompeuses qu'on arrive plus à cacher. La beauté qui fait gerber.  Je pourrais passer des heures à te les décrire. Mais ces choses-là t'ennuient. Les musées et les expositions, ce n'est pas ce que tu préférais de notre relation. Ce n'est pas l'artiste en moi, que tu voyais, ça, je l'ai bien compris.

Que voyais-tu? Sans doute quelque chose d'illusoire, vu comment tout s'est terminé... Pas vrai, Sophie?

Venue d'un milieu bourgeois et pompeux, Vanessa avait été le mouton noir de la famille. L'artiste maudite, l'incomprise. Comme un peu tous les artistes, sans doute, à différents degrés. Certains, comme ma mère, n'avaient expérimenté qu'un vague désintérêt bienveillant. L'art comme un hobby qui n'irait jamais plus loin que l'atelier et le salon de tante Chandra. L'art comme le superflu qui passeraient toujours derrière des choses beaucoup plus importantes à se préoccuper.

Mon père... enfin, tu le sais. Tu le connais, tu le vois à tous les jours, même au travers de sa démence... Mon père n'était pas méchant, loin de là. Juste quelqu'un de très terre à terre, voilà tout.

Aucune violence, vraiment. Juste le regard d'un homme qui ne voyait aucun intérêt dans nos barbouillages à maman et moi. Aucun intérêt non plus dans mes rimes ou mes nouvelles. Une bonne tape sur l'épaule. Un encouragement mou, incertain. Mais sincère. C'est très beau, Ravi. Ta mère serait fière de toi. J'ai besoin de toi à la cuisine, Vishnu n'est pas rentré.

Est-ce la violence qui donne naissance à l'artiste? C'est ce que je me demande, devant toutes ces formes criardes. Elles m'arrachent la rétine, elles me donnent le vertige. Je n'ose imaginer comment l'excentrique de l'artiste était perçu par les gens qui étaient supposés l'aimer. Sois belle et tais-toi. Toutes ses toiles dénoncent ce message, maintenant, toutes. Elle excellait dans l'art classique, à l'université. Mais il manquait quelque chose. Comme si elle tentait encore d'impressionner toute cette bourgeoisie dont elle provenait.

Maintenant, elle leur crache toutes leurs belles apparences à la gueule.

Une phrase somme toute banale. La scène artistique d'Édimbourg est-elle à ce point restreinte? Est-ce que je ne tente pas, moi aussi, de m'infiltrer dans un monde auquel je n'appartiens pas?

Je lui souris chaleureusement. Devrais-je lui tendre la main? Je n'ose pas. J'ai peur de paraître déplacé. Il garde les siennes dans ses poches. Il ne s'est pas présenté non plus. Devrais-je le faire? Malaise. Je n'insiste pas. Mieux vaut garder le sourire! Après tout... ce n'est qu'un début!

Il m'adresse la parole, tu te rends compte?!

"Oui, oui. Je viens de m'installer en ville. Tout est un peu nouveau ici. J'essaie de trouver mes repères."

Je porte le poing à mes lèvres, pour me racler la gorge. Il faut que je trouve quelque chose d'intelligent à dire. Je l'envie. Il est à l'aise ici. C'est son univers. Anwar a dû l'emmener à des expositions du genre, j'en suis certain.

"C'est l'éclatement des frontières. On veut tous de jolies choses, de belles couleurs. On veut tous... impressionner. On veut tous plaire. Être perçu comme symathique, joyeux, coloré. Elle en met jusqu'à nous rendre malade. Jusqu'à se demander si c'est vraiment ce que l'on souhaite. Nous montrer l'hypocrisie et la détresse de ce faux optimisme en grand, bien à la vue."

C'est ce que ça m'inspire. Je t'entends presque rouler les yeux depuis Camden Town. Je sais, je sais. Je vois trop de choses qui ne sont pas vraiment là. J'analyse trop, j'exagère trop.... mais c'est vraiment ce que je vois. La blessure vomie par.... Enfin, tu piges, quoi.

"J'ai vu son annonce sur les réseaux sociaux et... vous savez, je me suis dit pourquoi pas! On était ensemble aux Beaux-Arts de l'UCL. Son style... son style a beaucoup changé. Beaucoup changé. Les toiles, par contre, sont restés sensiblement de la même taille. On se sentait minuscules, à côté d'elle."

Nadeem Zaman
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Ven 13 Sep - 15:20
Le Syndrome de l'Imposteur
Après un temps d'observation solitaire, un débriefe même avec un inconnu était agréable. C'était la confrontation de deux visions, bien que dans ce cas les avis convergeaient. Le travail de Vanessa était toujours une expérience et la partager doublait son effet. Comme le jeune homme était nouveau en ville, l'avocat parti du principe que c'était la première fois qu'il faisait face à une œuvre de cette artiste. Quant aux marques à prendre... Nadeem produisit un petit son qui signifiait qu'il était passé par là, lui aussi. Il n'avait aucune attache à Édimbourg lorsqu'il avait pris son poste dans l'ancien cabinet d'avocats. Il avait dû faire sa place petit à petit, exposition après exposition. Les visages qui revenaient régulièrement finissaient par attirer la curiosité des habitués et Nadeem avait pu se faire des amis par ce biais. À présent, il faisait partie de ce cercle d'amateurs d'Art intimidants et ça le rendait fier.

Il préférait, pour le moment, garder la conversation sur l'Art. Il hochait la tête à ce que lui disait l'homme, pas par politesse mais par sincère intérêt. Il aurait ajouté quelque chose de pertinent, mais plus rien ne lui venait. Finalement, ils en avaient rapidement fait le tour, à moins qu'il n'ait simplement besoin d'un peu plus de temps pour voir au-delà de l'aspect choc de l'œuvre. Son intérêt revint quand l'inconnu mentionna son parcours et les études qu'il avait faites.

— Je ne peux qu'imaginer.

En tant que simple visiteur, il se sentait déjà écrasé par l'œuvre alors dans une salle de cours ? La comparaison devait être rude. Grâce à sa taille, la peinture devait voler la vedette à d'autres tout aussi méritantes. Sans parler des couleurs impossibles à manquer, mais qu'elle n'utilisait peut-être pas, à l'époque. Il nota mentalement ce que le visiteur lui disait. Les beaux-arts d'UCL. C'était quelqu'un qui savait forcément un peu de quoi il parlait. Ça le rendait intéressant. Une bonne personne à avoir dans ses contacts.

— Si vous êtes un artiste nouvellement installé à Édimbourg, il y a quelques noms que vous devriez connaître.

Il pivota, tournant à présent le dos à la peinture qui l'avait hypnotisé, s'ouvrant au reste de la salle. Une dizaine de personnes serpentaient le long des murs pour observer les oeuvres mais la majorité des visiteurs étaient au centre, en grappe, pour discuter de ce qu'ils venaient de découvrir. Nadeem tendit un index discret vers un premier trio.

— Le blond, Daniel Pelletier. Nadeem avait du mal à donner ce nom sans massacrer ses sonorités françaises. Le galeriste qui a repéré Vanessa, propriétaire du lieu où nous nous trouvons. En face, les cheveux grisonnants, c'est Arthur Chapman, peintre et galeriste également. Il tient une galerie sur Abercromby Pl. Et avec lui, Dan Khan. Anciennement courtier. Les deux sont associés dans une structure de réhabilitation par l'Art... Derrière eux, la brune...

Il continua ainsi jusqu'à ce qu'il ne reconnût plus personne. Il ne donna que des informations publiques : prénom, nom, métier et en filigrane, leur rang dans l'écosystème. Il n'ajouta pas de jugement personnel ni d'astuce pour gagner leur cœur. Il aurait pu préciser qu'Arthur et Dan K. travaillaient avec sa fiancée, par exemple. Il avait choisi de se taire par méfiance ou pour ne pas ennuyer son interlocuteur. Il avait déjà beaucoup à digérer, avec la petite liste que l'avocat venait de lui dresser. Nadeem l'avait fait parce que lorsqu'il avait commencé à fréquenter des cercles qui n'étaient pas celui où il avait grandi, ce genre de mise à niveau l'avait sauvé et lui avait permis de s'intégrer rapidement.

— Et je crois qu'on a fait le tour...

Ses yeux scannaient encore la salle. Ce n'était pas la plus grande ou la plus prestigieuse exposition, beaucoup de grands noms manquaient à l'appel, mais il y avait tout de même des personnalités que Nadeem estimait importantes dans le monde de l'Art Contemporain écossais. Et si le jeune homme s'en moquait, il pourrait les oublier dans la minute à suivre. En-tout-cas, il y avait un nom que l'avocat avait oublié d'ajouter : le sien.

- Qu'est-ce qui vous a attiré ici ? Opportunité professionnelle, plaisir, raison familiale ?

En même temps qu'il posait sa question, Nadeem attrapa un verre de jus de fruit sur le plateau d'un serveur. Il essayait encore de juger la personne en face de lui.

@Ravi Suthar





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Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem Empty Re: Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem

Mar 1 Oct - 4:32

Un nom, c'est quelque chose de puissant et de mystérieux. Qui, selon l'usage, englobe tous les secrets de nos origines, de notre genèse et de notre futur. Ton prénom est Sophie. Tes parents ont décidé inconsciemment, au premier regard et peut-être même au-delà de ta conception, que tu porterais en toi le savoir et la sagesse du monde.  Que tu aurais en toi la lumière nécéssaire pour guider une partie de l'humanité vers d'autres sphères, d'autres connaissances. Et c'est un peu le cas. Tu m'as emmené à me connaître toujours un peu plus. Ne dit-on pas que le genre humain évolue un individu à la fois?

Mon nom a moi est Ravi. En sanskrit, il veut dire "soleil". Un astre sacré duquel je devais aspirer pour illuminer et réchauffer d'abord ma mère et ceux qui poserait le regard sur moi. T'ai-je jamais ébloui? C'est un beau prénom, à l'image de celle qui m'a mise au monde. On pourrait discuter longtemps de l'importance de la lumière pour l'artiste. Enfin, moi, je pourrais en discuter toute une nuit. Parfois, c'est un prénom lourd à porter. Parce que j'avance toujours dans l'obscurité.

Je te vois déjà bailler à t'en décrocher la mâchoire. Encore un autre de mes monologues. À quoi rime toute cette introduction? Reviens sur Terre, me diras-tu. Tu nous ennuies, là.

Tout ça pour te dire, Sophie, un nom, c'est sacré. On ne le donne pas à n'importe qui, comme ça.

Et les noms déboulent. Daniel Pelletier, le galeriste brillant qui nous a tous réuni ce soir devant le Gargantua de l'Art moderne écossais, Arthur Chapman, le vieux peintre grisonnant Dan Khan, son compère et partenaire d'affaire, Sabrina McGill, photographe pleine de contrastes et de paradoxes, Isobel Gray, philantrope et j'en passe. J'avoue, j'en ai un peu le tournis. Tant de noms, vraiment, que je ne retiendrai qu'à moitié. Je tente tout de même de les noter mentalement, pour ne rien perdre des conseil de mon compagnon. Irais-je voir tous ces gens pour leur montrer la catastrophe de mon talent? Bien sûr que non. Le Soleil se fait toujours un peu timide, en Écosse.

Il m'a donné tous ces noms, sans jamais, jamais donner le sien. Je hoche la tête à chacun, avec politesse et encouragement. Au moins, j'ai une entrée en matière pour faire un peu la conversation à tout le monde. Suis-je décu de cette méfiance?

Tu me connais trop bien, Sophie. Trop bien. J'ai un peu le coeur en miettes.

Tu sais ce que Nadeem veut dire? Ami. Ça veut dire ami. Et plus qu'un frère, j'aimerais que ce soit mon ami. Ça me fait de la peine mais je respecte son choix. Je ne le pousse pas à se dévoiler au-delà de ce qu'il veut bien partager ici et maintenant. Parler des extravagances de Vanessa est déjà plus que j'espérais, en débarquant en ville.

Pour cacher mon désarroi, j'attrape un autre verre au passage. Je ne devrais pas, je le sais bien. J'irai à petites gorgées pour celui-là, promis, Madame Sagesse. Je ris doucement en portant le verre à mes lèvres. Je regarde un peu autour de nous et prend une petite gorgée.

"Un peu de tout ça. Surtout un besoin de changer d'air. De me ré-inventer, si on veut."

Facepalm. Je te vois te pincer l'arête du nez. et secouer tes longs cheveux blonds, d'un air navré. Je balbutie un peu, conscient de la sottise de ma réplique.

"Je viens de Londres et... vous savez peut-être... ou pas, il faut jouer du coude pour avoir une chance de se démarquer, là-bas. Je... Je viens de me séparer. Autant en profiter pour explorer d'autres horizons."

Sourire gêné. J'en dis déjà trop, pour les premiers dix minutes de conversation. Ça sent la solitude, ça sent l'isolement. Comment rebondir? Comment le relancer sans le repousser dans ses retranchements?

"Vous peignez un peu, vous aussi Vous avez la fibre artistique?"

Nadeem Zaman
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Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem Empty Re: Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem

Jeu 10 Oct - 14:04
Le Syndrome de l'Imposteur
Nadeem présentait le cercle entier. Pour lui, c'était bien plus intéressant que de parler de sa personne. Dans le monde des artistes d'Édimbourg, il n'était rien. Il était un passager quasi-clandestin, qui était heureux de faire partie du voyage, mais qui n'avait rien à offrir, si ce n'était des financements et sa présence. En réalité, c'était largement suffisant et personne ne lui en demandait plus, mais Nadeem malgré ses apparences de personne bien établie, cherchait parfois encore sa légitimité. Lister les noms des autres et leur poste, c'était un service qu'il pensait rendre à un artiste qui voudrait pénétrer ce cercle. Il pensait sincèrement bien faire, il était à mille lieux de se douter que l'inconnu désirait le connaître lui.

Il le regarda du coin de l'œil prendre un verre d'alcool et n'en pensa rien. Nadeem, avec son verre de jus, était ni l'exception ni la norme. Il aimait simplement avoir des informations sur les gens, parce que ça pouvait être utile, parce que ça lui donnait l'illusion d'avoir un certain pouvoir sur les autres alors qu'il n'était rien. Il n'était pas Porter. Il n'allait pas faire chanter les gens ou les menacer. Et ce nouveau venu était certainement personne, pas un ennemi. Un homme de passage qui pourrait s'avérer intéressant, d'où la légère curiosité de l'avocat. Il devait en savoir plus pour se faire un avis.

Il hocha la tête. Changer d'air. Édimbourg était un bon endroit pour se ressourcer. C'était relativement calme, plus animé que la campagne, moins dramatique que les grandes villes du Royaume-Uni. Et se réinventer, c'était ce à quoi tout le monde aspirait à un moment de sa vie, il lui semblait. La mention de la capitale anglaise fit briller ses yeux de contentement. Les Londoniens n'étaient pas rares, mais quand même. Ça ne le laissait jamais indifférent. Cette ville ne contenait pas que de bons souvenirs, mais ceux qui étaient heureux l'étaient extrêmement. C'était la ville de ses amitiés d'enfance, de ses parents, de ses découvertes en tout genre et la ville du Tate qui avait forgé l'homme qu'il était devenu. Sa première rencontre avec les oeuvres de Nan Goldin avait eu lieu au Tate.

— J'ai fait un peu de photographie sur mon temps libre, mais je suis avocat et devenu père recemment, alors autant vous dire que mes pellicules ne se remplissent pas vite.

Il eut une petite grimace amusée. Il n'avait pas touché son appareil photo depuis plusieurs semaines et même les photos de ses filles étaient prises sur son téléphone — plus rapide, déjà numérisée, prête à être envoyée à leurs grands-parents. Sa passion lui manquait terriblement. Il espérait en avoir bientôt fini avec le droit pour ouvrir sa galerie et vivre de ce qui le faisait vibrer, loin de la tristesse et des pleurs des victimes. Il revint assez rapidement sur le sujet précédent, celui qui l'avait fait réagir.

— Londres, alors ? Je viens de West London. Arrivé ici en 2010.

Il avait enfin un léger sourire aux coins de la bouche. Sa main plongea à l'intérieur de sa veste, à la recherche d'une carte de visite qu'il lui tendit entre deux doigts une fois capturée. Ce n'était qu'un rectangle blanc, sans fioritures, avec une police sobre à empattement. Une carte de visite digne d'American Psycho. Nadeem ZAMAN, avocat associé chez Bowen, Zaman & Lesley. Une adresse sur Princes Street, un numéro de téléphone et un courriel professionnel. Ils n'en étaient pas encore au point d'échanger des informations plus personnelles et des contacts plus directs, mais c'était un bon début. La méfiance diminuait déjà.

— Je ne vous souhaite pas d'avoir besoin d'un avocat en droit pénal, mais on ne sait jamais.

Cette fois, il rit presque de sa propre blague. Moins ses clients devaient faire appel à lui, mieux tout le monde s'en portait. Mais sa carte pouvait servir à autre chose, à un courriel amical ou une prise de contact en cas de question sur la ville. Il ne l'avait pas encore précisé, mais comptait le faire si la conversation continuait à bien se dérouler. 

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Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem Empty Re: Le Syndrome de l'Imposteur - ft Nadeem

Mar 29 Oct - 3:25

Sophie! Tu as entendu ça? Des neveux, des nièces... je suis tonton!

Je suis tonton!!

Une chaleur inattendue se répand dans ma poitrine. La famille retrouvée s'élargit de minute en minute, tu ne trouves pas? Il y a trois mois, je n'avais qu'un père-passoire et l'ombre de toi. Maintenant, j'ai un frère, une soeur et de futurs neveux et nièces à gaver de sucre.

On non. S'il-te-plait, Sophie. Pas maintenant. Ça n'a pas changé. Je ne veux pas d'enfant. Je ne suis pas prêt. Je ne le serai jamais. C'est une chose de construire des chemins de fer imaginaire ou de boire l'invisible dans une tasse de porcelaine, une heure, avec des touts-petits.

C'en est une autre de les mettre au monde avec tout ce qui se passe sur la planète. Je ne veux pas de cette responsabilité-là. Je ne suis pas assez solide pour leur donner ce roc et cet abri dont ils auront besoin. Je respecte ton choix. Je respecte celui de Shawn et je bois à votre santé. Voilà!

Gorgée de vin.

Et je suis vraiment heureux pour l'homme en face de moi. Même si la chambre noire est un peu déserte, en ce moment, il y a cette petite pointe de fierté qu'une photo ne peut remplacer.

Je fais une petite grimace exarcerbée avant de siffler la compassion. On a tous vu de nouveaux parents au bords des larmes et je ne peux qu'imaginer le rythme endiablé de la maisonnée.

"Ah oui. Tout un agenda! Et vous avez vraiment choisi l'exposition de Vanessa pour souffler un peu, c'est ça?"

Il y a cette taquinerie, dans ma voix. Une note amusée, pour souligner, une fois de plus, cet arc-en-ciel angoissé qui nous lie. Je me retourne une nouvelle fois l'immense toile qui nous surplombe tous les deux.

"Il parait qu'on connait un homme à ce qui le réconforte. Quel âge?"

Petit geste d'excuse. Ma curiosité va peut-être trop loin. Je ne veux pas le brusquer. Je ne veux pas le braquer. Un père protège ses enfants. C'est ce que le mien ne cessait de répéter. Et c'est vrai. Même s'il ne comprenait pas tout ce que nous étions, ma mère et moi, il était là, à faire de son mieux.

"Ma... mon ex-petite amie va être maman en janvier. Ça va faire étrange de la voir avec un bout-de-chou. Mais elle est heureuse. Vanessa a trouvé sa voie dans les abstraits contrastes. Quelle est la votre? Qu'aimez-vous photographier, dans vos temps libres?"

Une autre gorgée d'alcool. Je vois parfaitement la différence entre nos verres. Je ne questionne pas. Ce n'est pas ma place. La conversation se dirige doucement vers la ville qui nous a mis au monde. Tous les chemins mènent à Londres. Y a t-il été heureux, lui?

"East London. Brick Lane."

Je hausse une épaule devant la fatalité de ma réponse. Elle dénote sans doute mes origines un peu plus modestes, loin des jolis parcs de l'Ouest. Une jeunesse de bitume et de simplicité. L'école des beaux-arts au travers des cannettes de peintures des taggeurs anonymes et des Bansky de ce monde. Je ne regrette rien. Mais je ne peux m'empêcher de me demander quel genre d'homme je serais devenu, à passer un week-end sur deux chez mon père. Quel genre de chemin aurais-je pris?

En tout cas, il m'indique bien le sien, en me tendant une carte d'affaire toute simple qui a sans doute dû couter mon salaire de la journée. Le carton est épais, texturé, avec un grain impeccable. L'artiste en moi ne peut s'empêcher d'en caresser la surface. Un papier superbe.

Je ris maladroitement de sa blague, j'ai un peu le vertige. Je ne suis rien, face à cet homme. Je ne serai rien, face à son courroux. Je ne fais rien de mal, pas vrai?

"Pour être franc avec vous, je ne me le souhaite pas non plus. Vraiment. Je préfère vous avoir rencontré ici. Je..."

Je dois lui rendre la pareille, n'est-ce pas? Je n'ai pas de carte d'affaires à mon nom. Rien. Pas de portfolio, même pas une adresse url. Encore moins de bas-reliefs imprimé sur l'ivoire la plus parfaite.

Sourire gêné. Non. Nous ne sommes pas égaux. J'hésite, en lui tendant une carte de carton bien ordinaire, un peu écorné, aux couleurs vives. L'enseigne du restaurant où je travaille.

"Ne comptez pas sur moi pour vous aider un jour à me sortir de ce genre de pétrin. Je suis un piètre menteur, croyez-moi. Mais en attendant, si l'estomac vous gargouille entre deux procès... je fais les meilleurs Chana Masala et le meilleur Aloo Gobi en ville."

Nadeem Zaman
Nadeem Zaman
Questionable morality
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Occupation : Avocat pénaliste, mais il sait à qui il doit sa réussite, Nadeem. Aux trafiquants, aux voyous, à sa moralité défaillante. (cabinet sur Princes St)
Âge : 42 Quartier : New Town (West End)
Situation familiale : Fiancé à Victoria, beau-père de Moïra, père de Neeli
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Don : Empathe + Nadeem a une affinité particulière avec la tristesse. Il peut ressentir la mélancolie ou le désespoir des autres comme si c'était le sien. Il lui arrive même d'avoir un aperçu des souvenirs tristes de ses proches.

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Mar 5 Nov - 19:56
Le Syndrome de l'Imposteur
La mention de ses filles fit disparaître un poids si léger dans l'air que Nadeem n'avait pas conscience qu'il existait avant qu'il ne soit plus là. Le don de sa jumelle se serait activé gaiement, mais le sien était aveugle à la joie. Il n'aurait pas su quoi en penser, s'il avait senti que l'inconnu était heureux de savoir qu'il était père. Sûrement se serait-il montré plus méfiant. Malheureusement, sa malédiction était insensible aux sentiments positifs, et Nadeem continuait de croire que cette discussion n'était qu'un dialogue improvisé entre deux amateurs d'Art.

— C'est à peu près ça.

L'avocat rit de bon cœur en secouant la tête. Les toiles étaient si vibrantes qu'elles en devenaient fatigantes, mais ce n'était rien comparé aux pleurs d'un enfant en bas âge. Les sorties culturelles de Nadeem lui permettaient de respirer et de croiser ses amis et futures relations professionnelles. Ça ne voulait pas dire qu'il n'était pas heureux de retrouver ses filles après coup.

— 2 et 10 ans.

Il répondit, sans s'offusquer de la question. La curiosité de l'homme restait dans la normalité. Tout le monde, quasiment systématiquement, lui demandait l'âge de ses enfants s'il les mentionnait. Il tourna la tête vers son interlocuteur lorsqu'il se lança dans une tirade sur la maternité de son ex-petite amie mais ne répondit pas. Il se demanda simplement quel était leur relation ou leur histoire pour que ce soit elle que l'homme décide de mentionner. De toute façon, il poursuivait déjà sur autre chose, revenant sur l'Art et Nadeem se tourna de nouveau en face du tableau qui l'impressionnait.

— Mes proches. Je photographie des scènes de vie. J'ai été fortement influencé par Nan Goldin.

Merde, il avait l'impression d'être un snob ou de se donner des airs. Il ne pensait pas avoir un centième du talent de son idole, ce n'était pas ça. C'était simplement que balancer le nom de celle qui l'avait fait dégainer pour la première fois un appareil photo lui permettait d'inventer une distinction entre la photo d'Art et la photo ordinaire, ce qui le rassurait. Ok, peut-être était-il effectivement un snob, mais un snob complexé.

Brick Lane. Nadeem connaissait vaguement. Son père y avait une sœur et il se souvient avoir joué dans son salon à la moquette grisâtre. Au-delà de ça, il n'en savait pas grand-chose.

— Southall.

Wallis Road, pour être précis mais il n'avait pas non plus besoin de donner l'adresse à laquelle ses parents vivaient encore. Il avait grandi dans un immeuble banal, avec une mère au foyer et un père brancardier aux horaires impossibles qui n'avait pas prévu d'avoir deux enfants et encore moins d'un coup. Chacun avait fait comme il avait pu, et le résultat était correct. Pas parfait, mais correct. Les deux jumeaux gagnaient bien leur vie, comme le prouvait la carte qu'il avait glissée entre les doigts de l'homme. Il prit celle qu'on lui tendait en retour et un sourire traversa son visage. Il rigola et observa le nom. Il n'avait jamais testé ce restaurant-là, mais ça pourrait être l'occasion.

Les propos de l'homme continuaient de l'amuser, sans que son air ne soit déformé par de la moquerie. Ne pas savoir mentir était une qualité que Nadeem aurait aimé posséder. Ça l'aurait empêché d'être bon dans son métier et d'attirer l'attention des mauvaises personnes. Un mauvais menteur aurait ouvert sa galerie d'Art bien plus tôt que Maître Zaman.

— J'y penserai.

La preuve était qu'il rangeait la carte avec délicatesse dans sa poche intérieure, en s'assurant que rien ne la plierait. Il sentait la conversation toucher à sa fin, ses mains s'enfonçaient dans ses poches et il y eut un court silence avant qu'il n'ajoute : 

— Dans dix jours, le mardi, la galerie sur Victoria Street fête ses 25 ans. Vous devriez venir.

Il n'avait pas de flyers de l'événement à lui glisser, cette fois, mais si l'autre homme était intéressé, Nadeem ne doutait pas qu'il trouverait un moyen de noter les informations données. Il espérait recroiser ce visage, à cette date ou à une autre.

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Rappelle-toi avant l'orage, quand la ville était calme et tes mains autour de moi.


Ravi Suthar
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Aujourd'hui à 6:32

Dans dix jours, le mardi, la galerie sur Victoria Street fête ses 25 ans. Vous devriez venir.

Le mardi.

Je me mords la lèvre comme un con. J'hésite.

Ah oui, le mardi.

Je ne t'ai pas encore vraiment parlé de lui. C'est... c'est juste un client. Il est gentil. Il commande toujours la même chose, le mardi soir. Il... C'est pas important, Sophie. Enfin... pas maintenant, ok?

J'ai un rire nerveux. Je tapote le beau carton immaculé dans ma paume. Je relis les ces lettres incrustré délicatement sur la surface lustré. Leur parfaits empattements, la courbe de leur graisse, la finesse du fût. Ou comment tomber en amour avec une police d'écriture aussi simple que le Baskerville. Je me sens ridicule.

Pourquoi suis-je venu à Edinburgh? Pourquoi t'ai-je fait condurie huit heures dans ton état, vas-tu me demander?

Pour apprendre à connaître l'homme en face de moi. Mon frère.

Southall. Wallis Road. Tu te souviens, quand je t'ai appelé, ce soir-là? Une chance que tu es venue, Sophie. Je ne sais pas ce que j'aurais fait, je crois. Tu n'as pas dit un mot. Comme lors de ce putain de voyage de démménagement à Edinburgh. Tu n'as pas dit un mot mais tu es resté là, le temps que je me vide. Le temps que je me calme. Quelle idée d'aller voir ce père biologique au pas de sa porte?

Je ne connaîtrai jamais l'histoire de leur rencontre.  Ni de leurs amours. L'a-t-il aimé un peu, ma mère, tu crois? Lui, l'aimait-elle? Je ne saurais jamais les circonstances de ma conception.

Une adresse trouvée sur le web. Un voyage en métro rempli d'espoir. Il a ouvert, il m'a regardé. Droit dans les yeux. Il est resté silencieux, une ou deux minutes. Et il a dit qu'il n'avait besoin de rien avant de refermer la porte. Il m'a reconnu, Sophie, je le sais. Et il a quand même refermé cette porte.

J'esssaie de ne pas y penser. Des nièces, Sophie! Deux et dix ans. Je m'imagine les anniversaires et les ballons, à la place. Je ne les verrai sans doute jamais. Mais je me sens moins seul, maintenant.

"Je suis tellement nul en photographie... J'irai voir ce que fait cette Nan Goldin. Je vous en donnerai des nouvelles."

Sourire. S'attarder ne ferait qu'empirer sa méfiance, je le sais. J'ai compris, maintenant, Sophie. J'ai compris, depuis Wallis Road. Vaut mieux être cet inconnu... cet ami dont on a apprécié la conversation que l'enfant d'un adultère.

Je resterai anonyme. Et ça me va comme ça, maintenant.

Anonyme....

"Ravi!!! Non mais quelle surprise! Qu'est-ce que tu deviens?" La voix stridente de Vanessa m'arrache de mes pensées. Elle est grandiose, Vanessa, grandiose.

On a toujours l'air imense, quand on est entouré d'imposteurs...

"Le génie m'appelle, je crois! Au plaisir!"

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