• • • La chaleur du mois de juin déterminait toujours celle qu’on aurait le restant de l’été. Certains pays dans le monde semblaient vivre des canicules à répétitions cette année, mais ici ça restait moindre. Je n’aimais pas la chaleur et ainsi, je me mettais à détester plus encore les changements climatiques. À chaque été, une certaine anxiété revenait me hanter. Je savais devoir cesser de regarder chaque nouvel article pullulant sur les dérapes du climat. Je n’y pouvais, pourtant, rien. J’étais attiré tel un aimant par ces articles à sensations fortes. J’étais obsédé à découvrir de nouvelles informations sur ce sujet. Je savais que, parfois, les journalistes en mettaient trop … Parfois, la chaleur n’était pas si pire. Certes, ça ne m’empêchait pas de songer en une catastrophe mondiale à venir. Ce ne serait pas pour la Terre, mais pour les humains. Quand j’y songeais je voulais changer le monde, mais comme je n’y arriverais pas tout seul je me remplissais de fainéantise détournant toute détermination vers les jeux vidéo, ceux-là même une cause de la surconsommation.

Mais je n’étais pas bête à ce point.

Après tout, d’autres firent bien pire ces derniers temps. Beaucoup de gens furent piratés tous en même temps au mois de mai dont Poppy. Jusqu’à tard dans la nuit, j’avais été obsédé à trouver le ou les gens en cause. Je m’éloignais finalement de l’ordinateur exténué. Je m’étais alors écrasé sur le lit dormant quelques heures. Cette journée au travail fut alors si longue. J’avais envie de dormir à toutes les secondes qu’on me créait. Sur l’heure du lunch, je me précipitais à texter Poppy pour discuter du piratage. Nous convenions d’une date pour nous rencontrer. Moi, je voulais l’aider. Je refusais que des gens connus possiblement de moi, lui fassent encore du mal.

Mais le mois de juin avait filé à l’une de ces vitesses alors que nous avions du repousser notre rencontre chez moi deux fois. La première fois c’était à cause de Porter, mais évidemment je mentis stipulant des heures de travail supplémentaires. Je n’aimais pas mentir, mais … Je devais le faire. La deuxième fois, Poppy devait s’occuper de son fils.

Ce soir, c’était le 22 juin. C’était la pride aujourd’hui et, pour une fois, je m’y fus rendu. Je n’y étais pas resté longtemps agacé par le bruit et les gens qui étaient entassés les uns sur les autres. Je trouvais certaines personnes habillées de manière trop extravagantes à mon goût. Puis, je devais travailler et il y avait notre rendez-vous avec Poppy.
Mon esprit était donc ailleurs.

Je rentrais vers 20h00 avec deux burgers/frites et un coca pour chacun que je posais sur une table toujours munie de ses deux chaises près du réfrigérateur. Et là, je me changeai pour enfiler t-shirt et jeans tout en restant pieds nus. Je me décidais à faire le plus de ménage possible dans ce qui était certainement le plus petit appartement d’Édimbourg. Ce n’était pas nécessaire, mais je souhaitais que Poppy se sente bien. Je me mis à laver la vaisselle et je la rangeai correctement pour ensuite balayer toute la pièce. J’alla à l’opposé de ce qui était cette unique pièce pour trier certains papiers sur le bureau et j’alluma l’ordinateur munie de trois moniteurs. Je n’en allumais que deux. Je montais l’échelle mena à mon lit et ouvrit la petite fenêtre donnant directement sur les toits. Là, j’y restais un moment scotché à en oublier de nettoyer la salle-de-bain. J’appréciais trop la douce brise de la nuit telle une caresse contre ma peau.

Subitement, on cogna à la porte. Poppy murmurais-je tout en me levant comme si j’avais été électrocuté. Je me précipitais vers la porte, la déverrouilla et l’ouvrit. Là, j’eus un grand sourire à observer mon amie.

- Je suis content que tu sois venue. Entre, fis-je aussitôt tout en refermant la porte derrière elle. Si tu as faim, j’ai acheté de quoi manger. Mon ordinateur est à l’opposé. Veux-tu qu’on mange d’abord ?

Encore, j’avais parlé d’un trait peut-être un peu vite même, mais de manière assez monocorde. Je restais planté droit comme un piquet attendant que Poppy dise quelque chose. Au fond de moi, j’étais un peu stressé. J’espérais qu’elle apprécierait et ma proposition à l’aider et la nourriture que j’avais acheté pour nous deux.

• • • Parfois, il m’arrivait de manger ce genre de nourriture. Plusieurs années avaient passé depuis cette indigestion que j’avais faite. J’avais 15 ans sortant avec celui qui me servait d’ami à l’époque. J’avais voulu le petit paquet de frites, mais on me servi le gros. N’ayant pas osé chercher à tergiverser avec la personne à la caisse – dont je ne me rappelais même plus le visage, c’était tout dire - j’avais payé mon dû et pris le hamburger, le coca et le gros paquet de frites. J’avais eu mal au ventre à m’en faire vomir des heures durant. Je n’en mangeais donc presque plus, mais je pensais que cela allait faire plaisir à Poppy. Je savais qu’elle aimait et … J’avoua m’être épris d’une certaine témérité à changer. Peut-être pour elle, peut-être pour moi. Je ne savais pas.

Alors quand elle m’avoua avoir l’estomac noué après s’être presque ratatiné sur l’une des chaises à la table, je me sentis tout d’abord confus puis, for rapidement penaud de ne pas avoir pris en considération ses propres envies. J’y avais pensé au préalable. J’avais voulu lui envoyer un petit texto si un hamburger simple, une petite frite et une cannette miniature de coca acheté chez MacDonald l’intéressait pour ce soir. Les quantités ainsi, moindres le hamburger ne possédait qu’un seul étage si je pouvais le caractériser de cette manière et le paquet de frites devait en contenir une vingtaine au maximum. Pour moi, c’était correct, mais je n’en avais rien dit à Poppy, car sûrement je voulus lui faire la surprise.
Le problème, c’était que là je payais le prix de ma hardiesse et je n’aimais pas cela.

Je me renfrognais sur moi-même baissant la tête tout en enfouissant les mains dans les poches de mon jean. Je marmonnais ainsi, un désolé en guise d’excuse. Ma meilleure amie, ce soir, portait une casquette qui recouvrait son visage en partie et donc, je rencontrais une difficulté monstre à voir les traits de son visage. En plus, elle l’enfouissait encore plus dans ses mains. Elle semblait très fatiguée comme moi le jour où je voulus absolument trouver les criminels lui ayant fait du chantage en mai dernier. Je ne croyais pas une seconde à leurs écris. Ils embellissaient la vérité juste pour trouver là un moyen de se faire voir : entendre des voix, mais quelle insulte. Je m’assoie en face d’elle tout en déplaçant un peu les deux hamburgers, les frites et le coca. J’en ouvris un et bu une petite gorgée … C’était jusqu’à ressentir le moment désagréable des bulles dans ma bouche. Je bu une deuxième fois puis, une troisième avant d’abaisser la cannette. Avec compassion pour ma meilleure amie, j’haussais les épaules quant à sa question concernant la manière dont les pirates s’y sont pris. Je lui offrais un sourire attristé jouant machinalement avec l’ouverture de la cannette qui finit par se décrocher dans un petit toc et m’en surpris. Gêné, je le posais sur la table.

- C’est de plus en plus facile d’accéder aux données des gens aujourd’hui. Par exemple, il ne faut jamais enregistrer le numéro de carte de crédit sur un site d’achat en ligne. C’est juste trop facile pour quelqu’un avec un minimum de compétence et peu de scrupules à violer les données qui y sont dessus. Il y a aussi les bases de données sur le dark web. Là, il y a, par exemple, toute une banque de courriels et il n’y a plus qu’à choisir celui souhaité. Quand on a accès au courriel, c’est facile de trouver tout ce qui y est lié à commencer par les comptes des réseaux sociaux. C’est sûrement comme ça qu’ils s’y sont pris.

Sérieux dans mes termes, je parlais en connaissance de cause jouant encore machinalement avec l’ouverture de la cannette dans ma main gauche. Je fis une moue dégueulasse parce que j’avais déjà violé des données et à plusieurs reprises. Maintenant, c’était pour Porter Wilks. Je m’étais, toutefois, rendu maître à le faire lors de mon adolescence. Je m’impressionnais alors de pouvoir en faire autant avec seulement quelques codes. J’avais voulu en apprendre davantage ce que j’avais fait. Je ne finissais plus d’être obsédé par ce sujet qu’était, tout simplement, de la programmation illégale. Entre autres choses, j’avais posé des questions sur des sites web cryptés et donc je fus mis au courant de logiciels programmés pour décoder les mots de passe.

Je relevais les yeux sur ma meilleure amie tout en me redressant un peu.

- Quand j’ai des nausées, je prends des cachets contre l’acidité à l’estomac. J’ai lu beaucoup là-dessus parce que j’en fait aussi. J’en ai ici. Est-ce que tu en veux ?

J’étais à nouveau droit sur ma chaise et me balançant d’avant en arrière tel dans une attente désagréablement tendue pour savoir si Poppy allait accepter ou non mon aide.

• • • Poppy avait posé des questions. Elle voulait savoir comment supprimer son courriel présent sur le dark web. Je ne savais pas s’il s’y trouva réellement. Les statistiques, cependant, le prouvaient. Dès qu’on piratait un compte courriel, celui-ci se retrouva parmi bien d’autres dans une énorme base de données. Non. Quelque chose clochait dans la séquence de mes pensées. En fait, les pirates s’amusaient à récupérer un gros lot de courriels. C’était juste quelques jours, mois ou années plus tard qu’ils « s’amusaient » avec leurs gains tâchant de gagner gros. Je savais qu’il y avait des entreprises dont le gagne-pain était le piratage d’autrui, des gens innocents et ne sachant rien d’eux. Ces entreprises devaient être associées à des mafias et, tout particulièrement, en asie du sud-est. Je commençais vraiment à avoir des scrupules à le faire moi-même pour Porter Wilks. Le problème, si je m’arrêtais volontairement, il me tuerait. C’était certain. Je devais tenter de rassembler mes idées sur le sujet quand celle d’un cachet qui aiderait Poppy à aller mieux sembla être bien plus importante que toutes les autres.

Lorsque je revenais de la salle-de-bain avec le pot de médicament que je posais devant ma meilleure amie, je remarquais des larmes coulant sur ses joues. Elle les cachait de ses mains s’en arrachant presque les cheveux. Moi, je me mâchouillais les lèvres mal à l’aise et même … Triste. Je ne m’étais pas encore assis à nouveau et ainsi, je suis allé remplir un verre très simple – trop simple sûrement et reflétant l’appartement - d’eau au robinet de l’évier.
Je revenais sur ces entrefaites lorsqu’elle mentionnait Alistair et son fils.

- Les gens sont méchants et sans scrupules réussis-je à dire lorsque le verre touchait enfin la table ou je me rassoyais en face de ma meilleure amie. C’est horrible ce que les gens peuvent faire juste pour se donner de l’importance. Est-ce qu’ils ont pris de l’argent ?

Et je m’arrêtais toujours à me mâchouiller les lèvres, mes yeux se dirigeant sur le petit sac en papier kraft brun dans lequel il y avait deux petits hamburgers et deux petits sacs de frites. J’avais faim … Enfin, je croyais avoir faim. Je n’en étais juste plus très sûr. Mon esprit était occupé par autre chose. J’étais tendu, mais aussi pour une fois, je voulais agir dans ce monde. Je ne savais pas pourquoi ces gens avaient osé s’en prendre ouvertement à ma meilleure amie. Je ne bougeais pas, ma main faisait des ronds machinaux sur la table.

- Je vais commencer par changer tous tes mots de passe. Dès que je vais les avoir à un seul et même endroit, je peux le faire en une seule fois. Ensuite, je vais crypter tous tes comptes. Toi, tu pourras les utiliser normalement parce que je ferais en sorte d’exclure l’utilisateur propriétaire, mais personne d’autre ne pourra y avoir plus jamais accès. Je t’en fais la promesse.

Subitement déterminé, j’eus même un sourire fier qui fut apparue sur le bas de mon visage tâchant de capter son regard pour une infime quantité de secondes. Peut-être que mon sourire était un peu grimaçant et étrange comme l’habitude le laissait entendre. Mais bon, moi je n’aimais pas voir Poppy dans cet état. Je sentais une douleur à ma poitrine juste à cause de ça et peut-être dès que je l’aiderais elle se transformerait en chaleur. Ça arrivait toujours quand je passais du temps avec mon amie. Je voulais l’aider et ainsi, je lui donnerais la meilleure protection possible et gratuite en plus. Je l’avais justement récemment mis à jour pour mes propres installations à la suite de ces attaques en mai dernier.