Dakota prenait son temps profitant du calme du parc. Elle avait toujours adoré cet endroit. Même si parfois, il lui faisait peur avec les brumes qu’elle croisait. Il se souvenait de ses promenades avec sa grand-mère. Elle lui demandait régulièrement de tenter de se concentrer pour parler aux esprits. La jeune fille qu’elle était bien trop paniquée n’y était jamais arrivée. Et pourtant, cela ne l’avait pas dégoûtée de cet endroit de verdure reposant. Elle avait toujours préféré la nature au béton. Elle aimait cette odeur particulière des plantes et des fleurs. C’était difficile de décrire exactement ce qu’elle sentait.
 
Elle avait fini par s’installer sur un banc pour lire un peu. Elle avait bien sûr pris une lecture écologique. Un nouveau livre était sorti, un auteur scientifique qui parlait de l’ensemble de la pollution mondiale. Par moments, elle sortait un marque-page et le mettait sur la page de son livre. Elle comptait bien en tirer des leçons et faire un résumé. Il y avait bien sûr des choses intéressantes qu’elle pourrait reprendre en réunion. Et même peut-être ajouter dans une nouvelle exposition. Parfois, elle voulait tenter de faire prendre conscience à la population de l’état actuel de la planète.
 
Elle sentit soudainement une goutte, puis une deuxième. Elle leva la tête et referma rapidement le livre alors que la pluie commençait à s’abattre de plus en plus fort. Elle se dirigea vers le belvédère, préférant attendre que le temps se calme un peu avant de se rentrer chez elle. Rapidement, arriva un homme avec un bébé. Il sembla tendre avec elle. Elle l’observa un instant, ses traits semblaient lui dire quelque chose. Mais elle n’en était pas sûre. Peut-être qu’elle avait effectué sa scolarité avec le jeune homme. Il la salua poliment.
 
– Bonsoir, quel temps ! J’espère que la pluie ne va pas durer longtemps.
 
Elle lui fit un sourire, observa un moment la petite qui était bercée. C’était vraiment mignon, un enfant. C’est bien une chose qui commençait à lui manquer. Mais pour cela, il lui faudrait encore un peu de temps et surtout de trouver la bonne personne. Elle ne voulait cependant pas se prendre la tête et se précipiter sur le premier homme qu’elle trouve. Elle prendrait le temps qu’il faudra. Elle sait bien que toutes les histoires d’amour ne sont pas comme celle de ses parents. Une merveilleuse petite rencontre par hasard. Et puis elle avait rencontré une demoiselle en pleine révolte extrêmement mignonne. Elle avait du mal à l’oublier. Elle se souvenait de sa rencontre dans un café. Elle voulait se rapprocher et l’entrainer dans son association écologique et passer plus de temps avec elle. Cela lui permettra d’apprendre à la connaître et de savoir si elle pourrait accepter l’amour d’une autre femme.

Même si Mia en doutait également, elle voulait garder l’espoir. Elle n’avait pas trop envie de se retrouver coincée sous le belvédère, elle n’a rien pour se protéger pour le retour. Elle ne se voyait pas ignorer l’homme non plus, mais elle doutait d’être à court de conversation après un moment. L’homme semblait douter que la pluie cesse rapidement.
 
– On va croiser les doigts et toucher du bois…
 
Elle associa les gestes à la parole. Superstition inutile, elle le savait, mais c’était plus par habitude qu’elle continuait ce genre de geste et de parole. Elle le regarda se débarrasser de son sac et la petite pleurer. Il tentait de faire un effort pour la consoler. Elle fit un petit sourire alors qu’il s’excusait de ses pleurs. Elle haussa les épaules.
 
– Ce n’est pas grave, elle n’est pas encore en état d’exprimer ses émotions comme nous. Ce n’est pas agréable d’être dérangé dans une sieste. J’espère qu’elle n’aura pas trop froid.
 
Elle regarda le père tenter de calmer sa fille à coups d’amour. Même si leurs cris sont assez transperçant, ils sont assez mignons et fascinants d’une certaine manière. Ils ont la facilité de passer d’une émotion à une autre, de se faire consoler par quelqu’un, d’avoir confiance en l’autre. Des choses qu’elle-même a perdues au fil des années et des blessures plus ou moins légères.
 
Elle regarde le père jouer avec le bras de l’enfant, Dakota se met elle-même à jouer au jeu en faisant des petits signes. C’est plus agréable pour tout le monde si l’enfant sourit ou même rit. Elle n’est pas importunée par ce genre de comportement. Elle a même tendance à trouver ça mignon. Et puis jouer avec un enfant et échanger des mots avec le parent permet de passer le temps, surtout quand la météo est capricieuse.
 
– Coucou toi !
 
Le regard de la rousse se reporta sur le papa avec un léger sourire. Elle avait bien l’intention de faire connaissance avec l’homme et son enfant le temps que la pluie cesse. Ce serait bien plus agréable que de se regarder en chiens de faïence.
 
– Je m’appelle Dakota, et comme vous appelez-vous tous les deux ?
 
Elle ne se voyait pas vraiment reprendre son livre et le lire debout. Étrangement, c’était une position dans laquelle elle avait le plus de mal à lire. Elle pouvait profiter d’un bon livre dans un train, en tant que passagère d’un véhicule, assise ou même couchée, mais pas debout. Comme si cette action lui demandait bien trop de concentration. S’asseoir par terre ne lui semblait pas non plus être une idée adéquate, c’était tout de même un sol en extérieur et bien que visiblement balayé régulièrement, il n’est sûrement pas lavé tous les jours.

Dakota regarda l’enfant se calmer petit à petit. C’était une scène qu’elle trouvait particulièrement touchante. Elle aimait voir ce genre de lien entre les parents et les enfants. C’était une chose qui lui manquait parfois dans sa vie. Ce père avait l’air de tellement aimer son enfant, cela faisait plaisir à voir. Elle sourit à l’entente de leur prénom. Ce sont des prénoms originaux. Elle devina qu’Austra devait être cette petite fille et Aran l’homme en face d’elle.
 
Elle le regarda s’installer sur le sol. Elle n’allait pas le juger, même si l’enfant était jeune. Elle devait faire son poids, surtout sur un long moment comme depuis le début de la pluie. Elle remarqua qu’il prit soin de ne pas déposer le bébé sur le sol, mais bien sûr, lui. Il était vraiment un homme attentionné, du moins envers cet enfant. Elle lui sourit alors qu’il demanda si son prénom était à l’origine d’un État américain. Cela lui faisait toujours rire quand on lui posait ce genre de question. C’était une question qu’on lui posait encore assez régulièrement.
 
– Non, rien à voir, c’est plus comme les deux actrices Dakota Fanning et Dakota Johnson. Oui, elles ont plus ou moins le même âge que moi. Ma mère était fan de tennis, la mère de Dakota Fanning était une joueuse professionnelle et mon père était un admirateur de Don Johnson. Ils ont tous les deux adoré l’idée du prénom de la fille de leur star préférée. C’est un peu long tout ça, je crois.
 
Elle dut rire un légèrement. Expliquer que c’était à cause du prénom de deux actrices connues dans sa même période d’âge n’était pas toujours simple. L’une était née quelques mois avant elle et l’autre cinq ans après elle. Aucune des deux n’avait jouer dans des films avant sa naissance. C’est surtout parce que leurs parents étaient célèbres. Les siens étaient amateurs de leurs exploits. Il y avait donc un lien de cause à effet que la plupart des gens ignoraient. S’il y avait eu Dakota célèbre au moment de sa naissance, peut-être que plus de gens y feraient référence et pas à l’État. Peu savaient aussi que c’était le nom d’une tribu sioux, mais également un mot en Sioux qui signifiait ami. Elle avait fait quelques recherches histoire de passer le temps. Il était rapide de faire le point sur l’origine d’un prénom en quelques minutes.