La nouvelle année était bien entamée et Naoko n’avait pas été plus heureuse ces derniers mois que depuis qu’elle avait enfin quitté la cité universitaire pour vivre en colocation avec son amie d’enfance, Grace. Fini les galères, les problèmes de tuyauteries, la queue pour prendre une douche, ou pour se faire quelque chose à manger en cuisine. Fini les portes qui claques à tout bout de champs et le joyeux bordel qui régnait dans les couloirs. Elle avait désormais son propre espace pour travailler au calme, et lorsqu’elle quittait sa chambre ce n’était pas pour se retrouver dans un couloir austère et étroit mais pour se retrouver dans un salon accueillant. Les meubles qui décoraient leur petit home sweet home avaient été acheté chez Ikea et parfois même en brocante, c’est qu’on pouvait trouver des petites merveilles pour trois fois rien, et qui, une fois retapé par son père, recouvrait une seconde jeunesse. Elle aimait chaque mobilier qui décorait les pièces, et que Grace et elle avaient choisi ensemble. Et le mieux dans tout ça, c’est qu’elles avaient un balcon. Naoko adorait prendre son café sur le balcon même lorsque le temps commençait à se rafraîchir, surtout avec la vue qu’elles avaient. Et par beau temps, elle avait hâte de pouvoir s’y installer pour lire un livre au calme. Sa colocation avec Grace se passait à merveille. Son amie n’était pas quelqu’un d’intrusive, il arrivait, et ça c’était surtout en période d’examen, qu’elles ne fassent que se croiser mais Grace comprenait et respectait se besoin de s’isoler pour étudier dont Naoko avait besoin. Elle s’arrangeait même pour que Naoko n’oublie pas de manger pendant ces périodes où elle paraissait s’être retirée du monde. Naoko n’aurait pu rêver de meilleure colocataire, ni de meilleure amie.
A présent qu’elle était installée Naoko rêvait d’accueillir un petit chat. En cité universitaire c’était interdit mais à présent qu’elle était installée, c’était différent et Grace paraissait tout aussi emballée qu’elle par cette idée. Elle avait déjà quelques idées de prénoms : Bastet ou Cleo pour une femelle, Berlioz ou Toulouse pour une petit mâle. C’est en revenant de la SPA qu’elle se décida à se rendre au Lighthouse, le bar de son père. A cette heure, le bar était encore fermé mais elle ne doutait pas que son père devait déjà s’y trouver. Et puis elle avait très envie de lui raconter sa petite visite avec tous ces félins. En plus cela faisait quelques semaines qu’elle ne l’avait pas vu. Pas lui seulement, mais tous ces proches. C’était toujours ainsi, quand les examens approchaient.
Pendant l’année universitaire, elle ne se consacrait à aucun loisir, ça c’était réservé à la période des vacances, mais alors en période d’examen, il n’y avait littéralement plus personne. Et justement, cela faisait bien trop longtemps qu’elle n’avait pas pris des nouvelles de son père.
Pénétrant par l’arrière, elle traversa la cuisine et son sourire s’agrandit en reconnaissant sa silhouette s’affairer au bar.
- Surprise ! Lâcha-t-elle en surgissant derrière lui, le temps de lui faire un rapide petit smack surprise sur la joue. J’étais dans le coin, j’étais sur que je te trouverais là.
Le regard pétillant et le sourire aux lèvres, Naoko regarda l’une des personnes qui comptait le plus pour elle. Yadriel n’était peut-être pas son père biologique, son sang ne coulait pas dans ses veines, mais il était le seul père qu’elle n’avait jamais eut et surtout le qu’elle voudrait avoir. Etre père ce n’était pas qu’une simple affaire de gênes, être père c’était bien plus que cela, c’était éduquer, aimer et protéger son enfant et ça, ce n’était pas une affaire de génétique ! Il suffisait de voir ce qu’avait tenté de faire le véritable père de Grace pour s’en convaincre.
- Comment vas-tu ?
Cela faisait quelques semaines qu’elle n’avait pas vu son père à cause des examens et du mémoire qu’elle préparait, mais tout comme le printemps, Naoko revenait doucement dans le monde des vivants. Elle posa son énorme sac à main, dans lequel se trouvait son ordinateur et ses affaires, sur le comptoir et fit le tour du bar avant de prendre place sur un tabouret face à son père. Le menton bien calé dans la paume de sa main, elle profita de ce que le bar était encore vide pour savourer la présence de son père et l’avoir tout à elle avant que les habitués ne franchissent la porte et ne se l’accapare.