Sinking Past

Saul Zinderstein
Saul Zinderstein
Pseudo : Pow
Avatar et crédit : Milo Ventimiglia - ©Malbe
CW : Potentiellement alcoolisme et dépression
Messages : 754
Family Portrait - Sareya - Page 2 Tumblr_oxofayZkLa1we5341o1_250
Occupation : Photographe
Âge : 46 Quartier : Stockbridge
Situation familiale : Fraichement divorcé de Freya Z - père de deux ados de 14 et 10 ans, d'un nouveau né, ainsi que d'un petit garçon décédé, ce avec son ex-femme
Date d'arrivée à Edimbourg : Automne 2007
Don : Capacité à prendre les esprits des morts en photo

Family Portrait - Sareya - Page 2 Plyu

Family Portrait - Sareya - Page 2 Empty Re: Family Portrait - Sareya

Mer 24 Jan - 20:27
Family Portrait
Je n’y avais pas pensé mais en effet, Aspen va sûrement rentrer dans un fast-food ou dans un supermarché pour s’acheter quelque chose à manger. Seulement, ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Toutefois, si c’était vraiment l’unique solution, j’étais prêt à faire le tour de la ville jusqu’au lendemain matin. Soulagé que finalement la police appelle et prenne le relais, nous rentrons avec Freya à la maison. Nous avons tous les deux un peu d’espoir qu’elle soit rentrée entre temps, si bien qu’elle commence par hurler son prénom et moi je me précipite dans la cuisine. Ce qui aurait pu nous mettre la puce à l’oreille, c’est qu’il n’y a aucune paire de basket qui traine, aucun manteau accroché à la rambarde de l’escalier et aucun sac à dos rempli de devoirs en tout genre posé sur le canapé. La maison semble terriblement vide et froide, c’est tellement rare qu’aucun de nos enfants ne s’y trouve que j’ai l’impression d’être entré chez un inconnu. Je rejoins mon ex épouse dans le salon et me laisse tomber à coté d’elle. « Je n’ai rien remarqué du tout… » soufflais-je d’une voix lasse. Est-ce que j’aurai dû ? Aspen ne m’avait pas confié qu’elle avait un petit-ami, signe qu’a moi non plus elle ne racontait pas tout. Je n’avais pas l’impression de l’avoir vue changer non plus. Nous avions finalement raté beaucoup de choses en tant que parents, et j’avais envie de me flageller pour cela. « On va leur raconter ce qu’on sait, en leur parlant de Ross et des informations qu’il nous a donné ». C’était la meilleure solution. Il ne fallait pas cacher de détails, même si pour cela il fallait dire qu’on avait trouvé une boite de préservatifs entamée dans la chambre de notre fille.

La police ne tarde pas à arriver et Freya et moi reprenons contenance comme nous pouvons. C’est elle qui leur ouvre et je reste en retrait, les mains sous les aisselles pour les empêcher de trembler. Ils nous posent des questions sur la semaine d’Aspen et sur son faux départ à l’école ce matin, nous leur parlons des révélations de Farah, de la dispute avec Ross et des trains pour Rosyth, nous leur donnons également tous les proches chez qui elle aurait pu se réfugier. Les Sutherland, Rhéa, Ciara, le studio de photographie également. Ils prennent consciencieusement toutes les informations qu’on leur donne, sans vraiment chercher à nous rassurer. Pourtant la policière semble avoir notre âge, elle a probablement des enfants elle aussi et peut être qu’un jour, son ado lui fera le même coup que la notre. Nous déballons la vie des Zinderstein dans l’espoir qu’un moindre détail pourra les aider dans leur enquête. Lorsqu’ils évoquent un avis de recherche, je sens mon coeur faire un bond dans ma poitrine. Un avis de recherche, c’est réel, concret et sérieux, c’est impliquer la population. Peut-être que cela servira à retrouver Aspen, je n’ai pas envie qu’une battue soit organisée pour ratisser le parc au peigne fin, et je n’ai pas envie non plus que l’avis se propage en national. Je veux juste ma petite fille, mon enfant si douce qui doit être morte de froid et de peur alors que la nuit commence à tomber. Lorsque les policiers partent, je prend Freya dans mes bras et je me met à pleurer silencieusement.

Je pense qu’aucun de nous deux ne dormi cette nuit là. Je n’allais même pas me coucher, tournant en long et en large dans la maison, navigant du salon, à la cuisine et à la chambre d’Aspen. Nous fumes assaillis de messages par la famille et les amis de notre fille qui demandaient des nouvelles et qui, lorsque nous répondions que nous n’en avions pas, tombaient dans un silence gêné et triste. Heureusement, Elisabeth nous informa régulièrement dans la soirée que Farah et Oscar se portaient bien malgré tout, ce qui donna un peu de lumière à toute cette obscurité. Plusieurs fois, j’eus l’impression d’entendre la porte d’entrée s’ouvrir, mais ce n’était qu’un effet de mon imagination. Lorsque les premières lueurs de l’aube parurent dans le salon, je me réveillais en sursaut d’un assoupissement, plié en quatre dans un des fauteuils. Mon ex épouse n’avait pas une mine moins fatiguée que moi. « Je vais préparer un peu de café » dis-je d’une voix légèrement cassée en me dépliant et en trainant des pieds jusqu’a la cuisine. Je mis un petit moment avant de me souvenir comment faire marcher la machine mais je rapportais le remontant que je posais sur la table basse, étouffant un bâillement d’un revers de main. Il était un peu plus de six heures du matin.

Lorsque les coups de neuf heures sonnèrent, j’eus l’espoir qu’Aspen soit allée en cours comme si c’était une journée tout à fait normale. Malheureusement, lorsque j’appelais le principal, celui-ci m’informa que notre fille manquait toujours à l’appel. Ce n’est qu’un peu plus tard que je vis la voiture de police avec ses gyrophares allumés tourner dans l’allée de la maison. « Mon dieu, est-ce qu’ils l’ont retrouvé ? » marmonnais-je, soudain paniqué. « Freya ! » hurlais-je pour la faire revenir dans le salon. Je me précipitais sur la porte pour l’ouvrir, oubliant que j’étais en chaussettes, et je sortis sur le perron en essayant de regarder à l’intérieur de la voiture si je voyais la tête d’une adolescente.





 
SAREYA☩
Mon seul désir, vivre à tes cotés. Mon seul espoir, rester là près de toi. Te regarder me sourire, tendre les bras.
Freya Zinderstein
Freya Zinderstein
Pseudo : Elo
Avatar et crédit : Alexis Bledel / Proserpinegraphics / CS par Popo la Best ❤️
CW : Fausse couche, deuil périnatal
Messages : 349
Family Portrait - Sareya - Page 2 K5tn
Occupation : Journaliste, pigiste pour The Herald
Âge : 42 Quartier : New Town, avec Saul et leurs enfants.
Situation familiale : Ex femme de Saul Zinderstein, père de ses enfants. Mère d'Aspen et Farah, deux adolescentes. Mère d'Oscar, nouveau né. A perdu César, le jumeau d'Oscar, durant la grossesse.
Date d'arrivée à Edimbourg : Elle y est née
Don : Aucun

Family Portrait - Sareya - Page 2 Empty Re: Family Portrait - Sareya

Sam 10 Fév - 12:02
Family Portrait
La maison parait vide. Froide et sans vie. Le porte manteau de l’entrée ne croule pas sous le poids des parkas de la tribu Zinderstein et c’est une chose bien inhabituelle. Il n’y a pas tout un mélange hétéroclite de chaussures en tous genres sur le paillasson non plus. Cela n’est plus arrivé depuis la naissance de leur deuxième enfant. Assise sur le canapé, les mains jointes entre ses jambes, Freya regarde fixement un point dans le lointain. Elle essaie de reconstruire la journée de sa fille avec les informations qu’ils ont réussi à glaner au fil de leur investigation, depuis l’appel du proviseur jusqu’à maintenant. D’abord la découverte de son petit-ami dont ils ignoraient l’existence. La mère de famille s’imaginait bien que ce jour arriverait mais elle pensait qu’Aspen aurait suffisamment confiance en eux pour leur en parler. Peut-être pas à elle, leurs relations ont toujours été un peu compliquées, mais au moins à son père. Mais non. De l’aveu de Saul, elle n’a rien dit et il n’a rien remarqué non plus. Freya le croit, il n’a aucune raison de lui mentir. Déjà, ce n’est pas dans son caractère et encore moins aujourd’hui. Elle acquiesce en silence à la proposition de son mari. Oui, ils diront tout à la police. Cacher des informations, c’est risquer de mettre en péril les recherches.

Quand cela sonne la première fois, deux policiers entrent dans leur salon. Ils piétinent de leurs rangers le paillasson trop bien rangé. D’une voix blanche, Freya raconte le déroulé de cette étrange journée. Depuis le réveil, tout y passe, même la pochette bleue contenant l’exposé sur le système solaire qui reste en suspens. Même la boîte de préservatifs entamée. A ce moment-là, elle voit le regard plein de jugement de la personne qui prend leur déposition. Elle se mord la langue pour ne pas répliquer. Freya reste droite. Elle répond aux questions, toutes les questions. Donnant l’adresse du fast-food préféré de sa fille, dès fois qu’elle y ait trouvé refuge. Puis quand ils partent enfin, elle se laisse enlacer par Saul. Il pleure, elle sent les larmes rouler dans son cou. Ses mains caressent doucement le dos du photographe dans un geste qu’elle espère réconfortant. « Je suis désolée. » Elle ne peut s’empêcher de penser que tout ceci est un peu de sa faute. Sans le divorce, sans la manière dont tout ceci s’est passé, sans Barney pour lui pourrir l’esprit rien de tout ceci ne serait arrivé.

La nuit est longue. Freya est assise dans le canapé, fixant la porte d’entrée comme si cela allait faire rentrer leur fille plus vite. Ou la faire rentrer tout court. Elle se force à ne pas penser, à ne pas se faire des films de leur enfant dans un squat malfamé et insalubre. Elle ne parle pas non plus. Ses doigts pianotent des réponses courtes et évasives aux personnes s’inquiétant de la situation. Ses parents, Ciara. Même le proviseur de l’établissement scolaire. Le seul sourire qu’elle décrocha c’est devant une photo de Farah et Oscar endormis dans la chambre qui leur est dédiée chez leurs grands-parents. Elle n’ose pas bouger alors que Saul va finir par user le parquet à naviguer comme cela entre les pièces du rez de chaussée. Finalement, peu avant l’aube, Freya s’autorisa à se coucher sur le côté, recroquevillée sur le canapé. Elle a perdu un enfant, elle refuse d’en perdre un deuxième. Elle refuse que la fratrie soit réduite encore. Une larme roule quand, finalement, elle laisse son corps plonger dans un sommeil comateux et absolument pas reposant. C’est la voix de Saul annonçant qu’il va faire du café qui lui fait ouvrir les yeux. La lumière est péniblement supportable ce matin. « Je vais prendre une douche. » Elle réponds, d’une voix enrouée. Elle a l’espoir fou que l’eau lave cette journée infernale. Qu’elle efface tout, qu’elle remonte le temps et qu’elle puisse empêcher la fuite de sa fille.

Le café est bu depuis longtemps. Freya essaye de se changer les idées en rangeant la chambre de leur petit dernier. Mais finalement, elle ne fait rien d’autre que pleurer en déplaçant les peluches. Elle entend Saul parler avec le proviseur qui annonce qu’Aspen était toujours absente, c’est comme une chape de plomb qui s’alourdit encore. Elle soupire, les mains tremblantes. Où peut donc être leur fille ? La matinée avance jusqu’aux gyrophares bleus qui éclairent la chambre. Avant même que Saul ne l’appelle, elle dévale les escaliers, un doudou à la main. « Je l’espère ! » Debout à côté de lui, elle regarde les forces de l’ordre descendre de voiture puis ouvrir la portière arrière. La tête fatiguée d’Aspen apparaît enfin, après une longue nuit d’angoisse.

Freya s’élance. Sans même attendre qu’ils la raccompagnent à la porte. Elle est pieds nus et dehors c’est mouillé mais elle s’en fiche. Ses bras serrent le corps frêle de son adolescente contre le sien. « M’man… Tu m’écrases. » Baragouine Aspen. Les policiers expliquent qu’ils l’ont retrouvée à errer prêt de la gare centrale, où elle dit avoir passé la nuit. Son cœur de maman bondit dans sa poitrine. Sa fille, seule dans un hall de gare, la nuit. Un frisson d’horreur la secoue. Freya remercie chaudement les forces de l’ordre et quand Aspen voit son père debout sur le perron, c’est elle qui s’élance à sa rencontre. Freya reste volontairement en retrait, remerciant les policiers au nom de la famille Zinderstein. Ceux-ci l’informe de la suite qui sera donnée à cet évènement, de la probable visite prochaine d’un travailleur social s’ils le souhaitent. Leur radio leur annonce un vol à la tire au marché et ils remontent en voiture.

Elle remonte l’allée, essuyant ses joues humides du revers de la main. La porte d’entrée se referme sur eux. Freya envoie un sms à ses parents, pour les avertir du retour de l’aînée de la famille et pour leur demander de gérer encore Farah et Oscar pour la journée, le temps qu’ils démêlent tout ceci. Aspen baisse ostensiblement la tête, un peu penaude. Freya l’aide à se débarrasser de son manteau. « On ne va pas te disputer ma chérie… On est heureux que tu sois rentrée. » Elle jette un regard à Saul, dans l’espoir qu’il trouve les mots pour rassurer l’adolescente.





My Photograph
« We keep this love in a photograph. We made these memories for ourselves. Where our eyes are never closing. Our hearts were never broken. And time's forever frozen, still » by Wiise
Saul Zinderstein
Saul Zinderstein
Pseudo : Pow
Avatar et crédit : Milo Ventimiglia - ©Malbe
CW : Potentiellement alcoolisme et dépression
Messages : 754
Family Portrait - Sareya - Page 2 Tumblr_oxofayZkLa1we5341o1_250
Occupation : Photographe
Âge : 46 Quartier : Stockbridge
Situation familiale : Fraichement divorcé de Freya Z - père de deux ados de 14 et 10 ans, d'un nouveau né, ainsi que d'un petit garçon décédé, ce avec son ex-femme
Date d'arrivée à Edimbourg : Automne 2007
Don : Capacité à prendre les esprits des morts en photo

Family Portrait - Sareya - Page 2 Plyu

Family Portrait - Sareya - Page 2 Empty Re: Family Portrait - Sareya

Mar 27 Fév - 20:54
Family Portrait
L’attente est tout bonnement interminable. J’ai l’impression de revivre la Saint-Valentin de l’année dernière, lorsqu’Aspen avait déjà fait le mur, mais que cette fois est mille fois pire parce que nous avons passé une nuit entière dans l’incertitude. Les heures s’écoulent avec lenteur, et les regards répétés vers l’horloge ne la font pas accélérer. Moi qui n’ai pas d’ongles, j’ai quand même trouvé à me ronger la peau des doigts jusqu’au sang mais je n’arrive pas à faire autrement. Nous sommes tout simplement impuissants. La ville d’Edimbourg est grande, il y a de multiples recoins ou se cacher, et je n’ose imaginer ma petite fille s’abriter chez une personne inconnue pour éviter la pluie. Je pense plutôt à elle, essayant de regagner la maison mais n’y parvenant pas, du moins, c’est la vision que je préfère avoir d’elle, pas celle d’une enfant prostrée contre un mur avec une chaine au pied. On comprendra maintenant pourquoi je ne suis pas adepte des romans policiers. Je crois que je n’aurai jamais réussi à surpasser tout le stress inhérent aux fonctions, et la pression que l’on peut mettre sur les gardiens de l’ordre. Déjà là, je me retiens de composer le numéro de Police secours pour savoir s’ils ont trouvé une piste et s’ils vont bientôt rentrer. Bien malgré moi, je finis par me laisser aller au sommeil, mais mes yeux se rouvrent à chaque bruit suspect dans la maison. Je suis soulagé que ni Farah ni Oscar ne soient là cette nuit.

A un moment, j’entendis Freya monter à l’étage et pousser la porte de la chambre de notre fille mais je restais assis sur le canapé à attendre qu’elle redescende. Son angoisse se répercutait sur la mienne et vice versa. Tant et si bien que, les premières lueurs de l’aube passant, n’y tenant plus, j’allais me préparer à faire du café pour que nous puissions affronter la journée. Ensuite, je réessaye encore les numéros composés la veille, mais personne n’a de nouvelles et tout le monde s’inquiète. Je finis par relever la tête, pour remarquer à travers la fenêtre de la cuisine la voiture bleue qui s’engage dans l’allée. Aussitôt mon sang ne fait qu’un tour, mais je crois que mon épouse réagit plus prestement. Je formule mon espoir alors qu’elle est déjà sortie sur le perron, puis je manque défaillir de soulagement lorsque je reconnais Aspen, enroulée dans une couverture, les cheveux en pagaille et les traits tirés. Alors que mes jambes menacent de me faire tomber, je m’agrippe des deux mains à l’évier et je pense que toute la pression accumulée fait sauter le barrage de mon coeur. Mes yeux se chargent en larmes que je ne cherche pas à retenir. Ne pouvant accueillir la prunelle de mes yeux dans ces conditions, je me passe de l’eau sur la figure, mais mes paupières restent lourdes. Je me déplace avec difficulté jusqu’a l’entrée, laissant Freya gérer les policiers, et je récupère ma fille qui se jette dans mes bras après avoir laissé tomber la couverture au sol. Je la serre fort contre moi, je n’ai plus envie de la lâcher de peur qu’elle s’en aille de nouveau et que cette fois, elle m’échappe à tout jamais.

Sa mère nous fait rentrer à l’intérieur et la porte se referme sur nous trois, ensemble. Elle la rassure et me regarde pour que je confirme, mais je n’arrive toujours pas à parler, alors je hoche la tête avec lenteur. « Il faut… il faut… » je bégaye juste quand ma voix passe la barrière de la pierre coincée dans ma gorge. Je me rapproche de ma femme et je passe une main sur son épaule pour qu’elle me donne du courage et de la volonté. Il ne faut peut être pas l’interroger tout de suite. La pauvre petite a forcément dû passer la nuit dehors et elle doit être affamée, aussi, sans un mot, je me tourne vers la cuisine à la manière d’un robot et je me met à couper du pain. Beaucoup de pain. La tête dans la lune je manque même me trancher un doigt. Tout part dans le toaster et j’invite ma fille à s’assoir à la table d’un geste de la main. Je prépare également un thé, le tout sans lui demander son avis. « Pourquoi tu es partie ? » je parvins à demander lorsque je dépose la tasse fumante devant elle. Je suis obligé de me détourner quand je sens que je suis de nouveau prêt à fondre en larmes.

Aspen, hésitante, s’empare du pain mais au lieu de le beurrer, commence à l’emmietter. « J’étais euhhh… ». Elle cherche ses mots, ceux qu’il faut prononcer pour avoir le moins de chance de se faire effectivement punir, elle tourne la tête vers chacun de ses parents, mais son père ne la regarde pas, alors c’est à sa mère qu’elle s’adresse. « J’étais partie avec un… garçon. Mon petit ami, Ross. Mais ça ne s’est pas très bien terminé ». Malgré la faim et son ventre qui gargouille, la jeune fille sent que ses révélations vont les ébranler eux, mais elle également, alors elle repousse la tartine et ne jette pas un regard vers le thé. « Je lui ai dit que… ». A son tour, elle éclate en sanglots, de longs sanglots qui secouent ses épaules et qui font se coller ses cheveux à son visage humide. Elle baragouine un « je suis désolée » avant de descendre de son tabouret et de filer direction le salon, ou elle se jette sur le canapé en récupérant le même plaid sur lequel Farah s’est assise hier midi.

Sensible à la détresse de ma fille, toutes mes velléités de punition et de discussion sérieuse sur le sexe, les garçons et les devoirs scolaires s’envolent. J’imagine surtout le pire, car ses paroles ne sont aucunement rassurantes. Ross a dit qu’ils s’étaient disputés mais il n’en avait pas dit la raison. Avait-il pu lui faire du mal ? Avait-il… Un frisson d’horreur me secoue. Je dois savoir. Je dois savoir si je dois aller assassiner ce salaud de mes propres mains ou si tout ceci n’est qu’affabulation. Je m’installe à coté d’Aspen, et pause une main sur ses genoux à travers la couverture. « Est-ce qu’il… t’a fait quelque chose ? Est-ce qu’il t’a forcée à… ? » Je sens que je blêmis en disant ces mots. Qu’est ce qu’elle avait bien pu lui dire pour que cela déclenche une dispute ? Un simple Non ? Etait-ce la honte qui l'avaient empêchée de nous retrouver ?





 
SAREYA☩
Mon seul désir, vivre à tes cotés. Mon seul espoir, rester là près de toi. Te regarder me sourire, tendre les bras.
Freya Zinderstein
Freya Zinderstein
Pseudo : Elo
Avatar et crédit : Alexis Bledel / Proserpinegraphics / CS par Popo la Best ❤️
CW : Fausse couche, deuil périnatal
Messages : 349
Family Portrait - Sareya - Page 2 K5tn
Occupation : Journaliste, pigiste pour The Herald
Âge : 42 Quartier : New Town, avec Saul et leurs enfants.
Situation familiale : Ex femme de Saul Zinderstein, père de ses enfants. Mère d'Aspen et Farah, deux adolescentes. Mère d'Oscar, nouveau né. A perdu César, le jumeau d'Oscar, durant la grossesse.
Date d'arrivée à Edimbourg : Elle y est née
Don : Aucun

Family Portrait - Sareya - Page 2 Empty Re: Family Portrait - Sareya

Lun 18 Mar - 10:13
Family Portrait
Debout dans la chambre de son fils, Freya se demande si avoir des enfants était une finalité. Elle ne s’est jamais réellement posé la question. Parfois, elle repense avec nostalgie à la vie qu’ils avaient en Californie, juste Saul et elle. Quand, un 31 décembre, elle a tout plaqué pour sauter dans le premier vol et le retrouver, après presque un an de relation à distance. Elle se demande si cette Freya là s’imaginait avoir trois enfants. Trois enfants et tous les soucis qui vont avec. Les disputes, les mécontentements mais aussi tout les moments de bonheur, comme le week-end à Disney. Peut être qu’elle ne se voyait pas en mère d’une famille nombreuse mais, ce qu’elle n’aurait jamais imaginé, c’est qu’un jour elle puisse divorcer. Pourtant, c’est arrivé ça aussi. En sonnant à la porte de Saul il y a plus de vingt ans, elle ne savait pas tellement dans quoi elle s’embarquait. Elle était plus insouciante à l’époque, son métier comptait plus que tout et, comme son mari, elle ne comptait pas ses heures. Maintenant, tout est différent. Elle est mère avant d’être journaliste. Elle se contente de gagner un peu d’argent en couvrant des évènements locaux. Et quand elle voit le cadre avec les empreintes en peinture de ses enfants, elle se dit qu’elle ne changerait ça pour rien au monde. Peut être qu’elle ferait les choses autrement, c’est même certain. Mais cette vie là, malgré tout, elle l’aime.

Saul est encore en bas, à user le parquet en bois massif tandis qu’elle a encore les cheveux humides de la douche qu’elle vient de prendre. Elle pensait, à tord, que cela l’aiderait à avoir les idées plus claires. L’impuissance la rend folle. Elle ne peut rien faire pour aider Aspen, hormis remonter en voiture et arpenter les moindres ruelles de cette ville. Mais Edimbourg est une capitale énorme, il y a des dizaines et des dizaines d’endroits dans lesquels sa fille pourrait se cacher. Patiente par nature, Freya résiste à l’envie de composer le numéro de l’agent de police en charge de la disparition de sa fille. Elle se contente de ranger les peluches et autres jouets d’Oscar dans le superbe coffre en bois qui trône fièrement au pied de son lit. Elle allait y placer une peluche quand une vive lumière bleue a éclairé la pièce, volontairement décorée de couleurs pastels. La mère de famille se précipite et double son ex-mari pour s’élancer au devant de la voiture, attrapant sa fille au vol et la serrant jusqu’à presque l’étouffer. Selon les dires d’Aspen, bien entendu. Aspen qui préfère s’extirper des bras de sa mère pour aller enlacer son père. Après un bref échange avec les forces de l’ordre, elle fait rentrer père et fille à l’intérieur de la maison.

Freya est la première à prendre la parole. Elle rassure comme elle peut sa fille, lui assurant qu’elle ne sera pas punie ni grondée. En réalité, Freya n’est même pas fâchée. C’est le soulagement qui s’empare d’elle, sans une once de colère. Il ne faudrait pas non plus la braquer et risquer qu’elle reparte. Saul les enjoint à aller prendre le petit déjeuner. Elle débarrasse sa fille de sa parka et de son sac pour qu’elle puisse aller s’asseoir à table. Lentement, Freya suit. Saul est là, à trancher toute la baguette. Il fait des rondelles de pain sans prendre garde et manque de se couper le doigt. Il ne manquerait plus que ça. Elle fronce les sourcils en sa direction, lui enjoignant silencieusement à cesser. Finalement, de but en blanc, il demande à leur fille pourquoi elle est partie. « Saul... » Murmure-t-elle. Ce n’est pas en la confrontant si frontalement comme cela qu’ils obtiendront quelque chose. Il faut la laisser venir à eux. C’est la première fois qu’Aspen s’échappe aussi longtemps et elle semble effrayée par quelque chose, elle n’est pas du tout dans le même état d’esprit qu’à la Saint Valentin.

Les doigts de l’adolescente réduisent le pain en purée. Les miettes tombent les unes après les autres sur la nappe de la table. Dans un autre jour, Freya l’aurait disputée, lui demandant qui faisait le ménage dans cette maison. Mais ce matin, elle ne dit rien. « Tu peux tout nous dire, ma chérie. On ne va pas te gronder, ni te punir. Papa et moi voulons juste comprendre. » Sa voix est douce en réponse à l’hésitation de leur fille. Elle lève les yeux vers Saul pour qu’il appuie ses dires. Aspen continue, évoque Ross et Freya sent son dos se tendre. Ce garçon lui inspire rien de bon. Et si elle a empêché Saul de s’en prendre à lui, c’est uniquement pour qu’il ne s’attire pas d’ennuis. « Tu lui a dis quoi ? » Son coeur s’emballe, ses mains tremblent. Freya est, la plupart du temps, d’un calme olympien mais il arrive qu’elle se laisse aller à des excès d’impulsivité. Des moments que, souvent, elle regrette après coup. Immobile, elle voit sa fille fuir vers le salon après avoir baragouiné des excuses. Si Saul la suit, elle reste un instant à la table de la cuisine. Lentement, elle se verse une tasse d’eau chaude et y place un sachet de thé Earl Grey. Elle attends quelques minutes, le temps que cela infuse, avant de les rejoindre. Aspen est cachée sous le plaid de Farah. Farah va râler quand elle le saura, c’est certain.

Saul est assis à côté d’elle mais Freya reste debout. Droite, portant sa tasse à ses lèvres. L’adolescente baisse la tête, les épaules secouées par les sanglots. Tant pis pour la brusquerie, le sujet est trop lourd. Ils doivent savoir ce qu’il s’est passé hier. « Nous avons trouvé la boite de préservatifs dans ta commode. » Elle annonce d’une voix blanche. Aspen lève la tête et écarquille les yeux. « Je suis désolée, maman… Je.. Je voulais pas… Enfin si, mais là non... » Elle soupire un peu, ce n’est pas à Aspen de s’excuser. « C’est moi qui suis désolée. Je suis désolée que tu ne te sois pas sentie suffisamment à l’aise pour nous parler de tout ça. Mais maintenant, tu dois tout nous dire. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Les questions de Saul semblent plus pertinentes que les siennes mais elle refuse d’imaginer que cela puisse être arrivé à un de ses enfants. On pense toujours, naïvement, que cela n’arrive qu’aux autres. Toujours aussi stoïque, elle attends qu’Aspen reprenne la parole. « Il voulait… Enfin, vous savez. Et moi je voulais pas, j’étais trop stressée. J’étais même pas trop d’accord pour aller à Rosyth alors... » Une nouvelle fois, les sanglots reprennent le dessus. Freya serre la tasse si fortement que ses doigts blanchissent. Aspen n’a pas tellement besoin d’aller plus loin, elle a compris.





My Photograph
« We keep this love in a photograph. We made these memories for ourselves. Where our eyes are never closing. Our hearts were never broken. And time's forever frozen, still » by Wiise
Saul Zinderstein
Saul Zinderstein
Pseudo : Pow
Avatar et crédit : Milo Ventimiglia - ©Malbe
CW : Potentiellement alcoolisme et dépression
Messages : 754
Family Portrait - Sareya - Page 2 Tumblr_oxofayZkLa1we5341o1_250
Occupation : Photographe
Âge : 46 Quartier : Stockbridge
Situation familiale : Fraichement divorcé de Freya Z - père de deux ados de 14 et 10 ans, d'un nouveau né, ainsi que d'un petit garçon décédé, ce avec son ex-femme
Date d'arrivée à Edimbourg : Automne 2007
Don : Capacité à prendre les esprits des morts en photo

Family Portrait - Sareya - Page 2 Plyu

Family Portrait - Sareya - Page 2 Empty Re: Family Portrait - Sareya

Jeu 18 Avr - 21:17
Family Portrait
Notre fille est rentrée. C’est le principal. Adieu la journée et la nuit d’appréhension, c’était une vague de soulagement qui me submergeait alors que je la serrai contre moi avant de rentrer dans la sécurité de notre maison. Je réprimais mon envie de l’examiner sous toutes les coutures, et préférais battre en retraite dans la cuisine. Dieu sait depuis combien de temps elle n’avait pas mangé, elle devait être affamée. Et cela m’évitait de poser trop de questions pour le moment. Je coupe mon pain avec vigueur alors que les deux femmes entrent à ma suite, mais je ne tarde pas à m’inquiéter des raisons qui ont fait qu’Aspen ai préféré passer une nuit dehors plutôt que de rentrer dans sa famille. Elle ignore surement que nous nous sommes faits un sang d’encre. Que nous avons sillonné une partie de la ville pour la retrouver, allant jusqu’a interroger ses amis et le petit-ami, ce dernier avec plus de vigueur que je ne l’aurai dû d’ailleurs. D’ailleurs, il faudra prévenir le proviseur et Ciara que nous l’avons retrouvée. Après. Oui, après, lorsqu’elle serait au lit. Ah mais, il y aurait peut être besoin de faire venir un médecin ? Elle avait peut être choppé une infection dans la rue ? Elle s’était peut être blessée, elle était tombée, elle avait du fouiller dans les poubelles pour manger et… Je me sentis devenir blanc comme un linge et posais ainsi la première question qui me vint à l’esprit, pourquoi.

J’ignorais le regard que me lançais Freya. C’est vrai, j’aurai pu l’interroger avec plus de tact, plus de gentillesse, ce que je faisais généralement lorsqu’il s’agissait d’affronter Aspen et ses difficultés, mais je voulais juste savoir. Cette dernière a un semblant de réponse, pendant qu’elle émiette le pain que j’ai posé sur la table avant que je serve également une saucisse de doigt en guise de hot dog. Machinalement, j’en fais de même avec l’autre bout de baguette que j’ai pris entre mes doigts. Elle finit par avouer pour Ross, et j’ouvre la bouche pour dire que nous le savions déjà, mais les sanglots qui montent me tétanisent sur place et j’en laisse tomber mon crouton. Je file à sa poursuite sans attendre, parce que je veux savoir ce qui est réellement arrivé à mon bébé, ce qui se cache derrière un « mal passé ». Tout comme sa mère, je veux savoir ce qu’elle a pu lui dire, mais cette dernière ne me suit pas jusqu’au salon. Je regarde avec tristesse ma fille enfouie dans ce plaid comme si elle voulait que ce soit une caverne et qu’elle puisse s’y cacher indéfiniment. Je déglutis en m’asseyant, posant une main sur le relief de son épaule. D’ordinaire, elle se serait précipitée dans mes bras et je l’aurai laissé y pleurer en caressant avec douceur l’arrière de son crâne, mais là, elle reste droite, et j’ai le pressentiment qu’un geste un peu trop invasif lui créerait une décharge dans tout le corps. Ainsi, c’est sa mère qui prend la parole, révélant pour les préservatifs, et Aspen lève le regard vers elle. Je les laisse échanger, incapable de dire un mot pour l’instant.

Aspen en finit par arriver à la question que je lui ai posé en m’installant à coté d’elle. Je sens qu’elle évite de regarder en ma direction, je sens son corps tendu sous la couverture qui la recouvre. Ses mots pourtant, je ne les comprends pas. Ce n’est pas parce qu’elle s’adresse uniquement à Freya. C’est probablement parce que je ne veux pas qu’il fasse un cheminement dans mon esprit. Je tourne la tête vers elle quand un malaise palpable envahit tout le salon. J’ai les yeux grands ouverts, je l’interroge du regard. Qu’est-ce qu’on est censés savoir au juste ? Qu’elle voulait aller à Rosyth, puis finalement non ? Il y a quelque chose d’autre à Rosyth, que le cousin de Ross ? « Et tu lui as dit que tu ne voulais pas y aller ? Ça ne lui a pas plu ? Mais alors, pourquoi tu n’es pas rentrée après ? ». Je nage dans le flou. D’accord, ils se sont disputés, mais Aspen n’a pas dit qu’il l’avait forcée à faire quoi que ce soit, du moins, elle ne l’a même pas suggéré, et mon cerveau préfère occulter qu’il ai pu lui arriver quelque chose de grave. Cela sous entend qu’il ne l’a pas obligée à rester à la maison avec lui. C’était d’ailleurs ce qui était ressorti de ses dires, à Leith. Selon lui, elle était partie, et il n’avait pas l’air de comprendre pourquoi . Si jamais c’était un sale petit menteur, je ne me pardonnerai pas de l’avoir laissé rendre le cours de sa vie sans n’avoir rien fait, et d’être reparti dans ma petite voiture direction la gare.

« S’il vous plait… On peut faire comme si rien ne s’était passé ? Je n’ai pas envie qu’on croit que… ». La voix bredouillante d’Aspen émerge entre deux sanglots et de nouveau, je ne sais pas quoi dire. Je ne pense pas que ce soit possible. S’il est arrivé quelque chose de vraiment grave… Et puis que pourrait-on croire ? Ou plutôt, qu’est-ce que « on » pourrait croire ? « Si tu dis la vérité, il n’y a pas de raison qu’on croit n’importe quoi ma chérie… » tentais-je, même si j’étais persuadé de manquer cruellement de tact. Je ne savais pas comment gérer la situation. Aspen se pelotonna en boule, le corps encore agité de soubresauts et je quittais ma place pour rejoindre Freya. « Il faut qu’on s’inquiète, où…. » demandais-je en chuchotant. Je constatais qu’elle serrait d’une drôle de façon la anse de sa tasse et je posais ma main sur la sienne pour la récupérer avant qu’elle ne se brise. J’aimerai qu’elle dise qu’il n’y avait pas à s’inquiéter. Que tout était rentré dans l’ordre maintenant, et qu’il suffisait juste qu’Aspen ne s’approche plus de Ross. Comme si c’était aussi facile à faire qu’a dire.





 
SAREYA☩
Mon seul désir, vivre à tes cotés. Mon seul espoir, rester là près de toi. Te regarder me sourire, tendre les bras.
Freya Zinderstein
Freya Zinderstein
Pseudo : Elo
Avatar et crédit : Alexis Bledel / Proserpinegraphics / CS par Popo la Best ❤️
CW : Fausse couche, deuil périnatal
Messages : 349
Family Portrait - Sareya - Page 2 K5tn
Occupation : Journaliste, pigiste pour The Herald
Âge : 42 Quartier : New Town, avec Saul et leurs enfants.
Situation familiale : Ex femme de Saul Zinderstein, père de ses enfants. Mère d'Aspen et Farah, deux adolescentes. Mère d'Oscar, nouveau né. A perdu César, le jumeau d'Oscar, durant la grossesse.
Date d'arrivée à Edimbourg : Elle y est née
Don : Aucun

Family Portrait - Sareya - Page 2 Empty Re: Family Portrait - Sareya

Mar 14 Mai - 11:00
Family Portrait
Aspen et Saul s’occupent les mains en espérant que cela soit suffisant pour que leurs esprits occultent ce qu’il vient de se passer. La journée d’hier et la nuit d’angoisse. Freya sait que s’ils ont été inquiets, cela devait en être de même pour leur fille. Elle a passé la nuit seule, dans une ville aussi immense qu’Edimbourg, avec tous les risques que cela comporte. Certains quartiers ne sont plus fréquentables une fois la nuit tombée et les rues perdent en sûreté, surtout pour une jeune fille seule de quinze ans à peine. Freya regarde son mari et sa fille réduire en miettes le pain. Saul pose une question abrupte et heureusement qu’elle vient de lui, cela a empêché Aspen de trop se braquer. La même question posée par sa mère aurait probablement eu une nouvelle fugue en guise de conséquence. La jeune fille tente d’y répondre mais elle explose en larmes avant de réussir à aligner trois mots. Elle s’excuse, les joues humides et le bout du nez rouge. Freya sent sa mâchoire se crisper, il y a quelque chose la dessous. Ce n’est pas une simple fugue adolescente pour échapper la vigilance des parents. Quelque chose a eu lieu et elle regrette d’avoir empêché Saul de molester Ross.

Aspen lâche le pain pour aller trouver refuge dans le salon, planquée sous le plaid de sa sœur cadette. Saul lui emboîte le pas mais pas elle. Elle pense avoir compris. Malheureusement. Elle verse de l’eau bouillante dans sa tasse avant d’y plonger un sachet de thé. Elle n’a pas envie de boire du thé mais c’est à son tour d’avoir besoin de s’occuper les mains. Ses doigts tremblent tellement qu’elle est obligée de tenir fermement la tasse, au point de mettre en péril l’intégrité de la faïence. Finalement, après les avoir rejoints, Freya prend le contre-pied et avoue pour les préservatifs, espérant que cela sorte leur fille de sa coquille et qu’elle se mette à parler. Les pleurs redoublent, Freya s’excuse à son tour parce que si cela n’a pas été facile chez eux les dernières années c’est un peu de sa faute à elle. Le divorce est une chose, la manière dont cela s’est passé en est une autre.

La scène qui se déroule sous ses yeux lui semble irréaliste. Aspen, roulée en boule contre son père, tente d’expliquer l’agression subie. Saul, lui, persiste avec le voyage à Rosyth. Freya offre à sa fille un regard compatissant et compréhensif. Les pièces du puzzle se sont assemblées plus vite dans son esprit que dans celui de son mari. « Je… Si, je voulais bien aller à Rosyth au début… Mais après, j’ai plu voulu… » La voix d’Aspen se brise, elle cherche de l’aide dans le regard de sa mère. « C’était ton droit de ne plus vouloir, ma chérie. Tu n’as pas à t’excuser pour ça. » Et il va falloir aller expliquer à Ross la notion du consentement, cela semble complètement étranger à ce garçon. Lors de leur visite, il lui est apparu comme un jeune homme plutôt désolé et lui aussi affecté de la disparition d’Aspen. Jusqu’alors, elle ne pensait qu’il puisse avoir été le déclencheur de cette nuit passée à arpenter la ville. « Je suis pas rentrée parce que je sais pas… Peut être que j’avais peur que vous me disputiez. » La lycéenne baisse la tête, Freya ignore si c’est de la honte ou autre chose. Pourtant, sa fille n’est pour rien dans ce qu’il s’est passé ces dernières heures.

Aspen réclame de faire comme si rien ne s’était passé. Pourtant, les faits ne sont pas à prendre à la légère et ce que Ross a fait à Aspen, il le fera probablement à d’autres. « On ira à ton rythme, Aspen. Mais il faut le dire, on sera avec toi. » Saul, lui, semble être un peu à côté de la plaque. Il n’y a pas question de mensonge ou de vérité. Cela sera la parole d’Aspen contre celle de Ross. Cela risque d’être délicat et éprouvant, cela va éclabousser tout le monde. Son mari s’approche d’elle et lui retire la tasse des mains avant qu’elle ne finisse par éclater, ce qui est une bonne chose. La question qu’il lui pose lui fait prendre conscience de l’ampleur de la situation. Soit Saul n’a absolument pas compris, soit il ne veut pas comprendre. « Aspen, tu devrais aller te reposer un peu dans ta chambre. Il faut que je parle avec papa. Ne t’inquiète pas, nous n’allons pas te punir. D’accord ? » La jeune fille finit par se redresser et par monter les marches menant à l’espace nuit de la maison. Elle a besoin de dormir, si elle y arrive. Freya attends que la porte de la chambre soit fermée avant de se tourner vers Saul.

Elle reste un long moment à le jauger. Elle essaie de déterminer ce qu’il a accepté de comprendre, parce que c’est pas possible qu’il soit dans le déni à ce point là. « Bien sur que nous devons nous inquiéter. » Freya est consciente qu’elle ne lui dit pas ce qu’il veut entendre, qu’il aurait préféré qu’elle lui dise que tout irait bien et qu’il pourrait reprendre tranquillement leur petite routine. Leur petite vie bien rodée, celle mise en place depuis la naissance du dernier enfant de la fratrie. « J’espère que tu as compris de quoi il s’agissait. On ne parlait pas vraiment du voyage à Rosyth. Ce n’est pas ce voyage le problème. » Freya a besoin d’un Saul en pleine connaissance de cause. Elle va avoir besoin de lui, tout comme le reste de la famille. « Cela va être la parole de notre fille contre celle de Ross. Nous serons bien au-delà de la notion de vérité ou de mensonge. » Et bien sur que des gens se feront leur propre opinion sur la situation, bien sur que certains la prendront pour une menteuse ou une affabulatrice. Les mois qui arrivent s’annoncent intenses parce qu’il est inconcevable pour Freya de faire comme si rien de s’était passé.




My Photograph
« We keep this love in a photograph. We made these memories for ourselves. Where our eyes are never closing. Our hearts were never broken. And time's forever frozen, still » by Wiise
Contenu sponsorisé

Family Portrait - Sareya - Page 2 Empty Re: Family Portrait - Sareya

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum