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Freya Zinderstein
Freya Zinderstein
Pseudo : Elo
Avatar et crédit : Alexis Bledel / Proserpinegraphics / CS par Popo la Best ❤️
CW : Fausse couche, deuil périnatal
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Occupation : Journaliste, pigiste pour The Herald
Âge : 42 Quartier : New Town, avec Saul et leurs enfants.
Situation familiale : Ex femme de Saul Zinderstein, père de ses enfants. Mère d'Aspen et Farah, deux adolescentes. Mère d'Oscar, nouveau né. A perdu César, le jumeau d'Oscar, durant la grossesse.
Date d'arrivée à Edimbourg : Elle y est née
Don : Aucun

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Jeu 2 Nov - 16:39
Family Portrait
« Madame Zinderstein ? Ici Monsieur Lavillant, principal du lycée Edinburgh Academy… »

Freya s’attendait à ce qu’on lui dise que Farah avait vomi. Ce n’aurait pas été incongru, elle avait un examen important le jour même et la petite avait tendance à stresser énormément. Ou bien qu’Aspen avait encore été attrapée à fumer dans les toilettes. Ou encore qu’un professeur était absent et que les filles avaient terminés leur journée, lui demandant l’autorisation de les laisser aller à l’arrêt de bus. Mais non, il n’en fut rien de tout ceci. Le stylo qu’elle tenait toujours entre ses doigts lorsqu’elle tapait au clavier avait roulé sous la surprise avant de se retrouver coupé en deux quand la chaise à roulettes est passée sur son tube en plastique. Elle a attrapé son sac et sa veste puis est partie en courant presque, sans donner plus d’explications à ses collègues qui la regardaient avec des yeux ronds.

C’est une journée somme toute assez banale qui avait commencé. La famille s’est levée, à l’exception d’Oscar, l’avantage d’avoir Saul à la maison. Les filles avaient pris leur petit déjeuner. Freya se rappelle de Farah qui révisait inlassablement son examen de physique chimie sous l’œil moqueur d’Aspen. Sa grande sœur, comme à son habitude, silencieuse et penchée sur son téléphone portable. Freya a serré les dents et n’a rien dit, c’est une adolescente du vingt-et-unième siècle. Leurs rapports sont seulement bons, après des mois de guerre froide, il aurait été malvenu de créer une dispute au saut du lit. Saul lui buvait tranquillement son café appuyé contre le plan de travail, couvant ses filles d’un regard paternel. Quant à elle… Elle ne sait plus. Peut-être qu’elle a beurré une tartine ou bien qu’elle a mis du lait dans son thé. Ou Oscar s’est réveillé et elle s’est empressée d’aller le chercher pour ne pas le laisser pleurer dans sa chambre, qui fut autrefois la chambre d’amis. Puis, les filles sont parties à l’arrêt de bus. Freya s’est occupée de préparer Oscar et de le mettre en sécurité dans son parc tandis que Saul s’occupait de mettre en état son studio pour l’arrivée imminente d’un premier client. Après un dernier baiser à son mari, elle est montée dans le break familial pour se rendre dans les locaux du journal qui l’employait.

« … Aspen est-elle malade ? Elle n’est pas venue aujourd’hui. »

S’il y a une chose qui est sûre, c’est qu’elle est montée dans le bus. Sinon, Farah aurait averti ses parents. Aspen a donc dû filer quand sa sœur a rejoint ses amis. Freya sent son cœur s’emballer, ses doigts trembler alors qu’elle serre le volant derrière lequel elle est installée. Elle a encore en mémoire la soirée de Saint Valentin infernale durant laquelle Saul avait arpenté la ville à sa recherche. Une soirée angoissante, peu de temps après un Nouvel An tout aussi perturbant durant lequel elle s’est vue mourir. Les larmes grimpent et, malgré tous ses efforts pour les retenir, elles dégringolent le long de ses joues. Il est déjà presque onze heures, qui sait ce qui a pu se passer entre le moment où sa fille est descendue du bus et maintenant ? Il y a tout qui se bouscule dans son esprit, le jour joyeux de sa naissance et l’affreuse soirée où elle l’a abandonnée dans un coin de couloir, muée par une colère et un ras le bol qu’elle n’arrivait plus à contenir. C’est à ce moment que les choses ont commencé à se détériorer entre elle et sa fille aînée. Aspen a toujours été plus proche de son père que d’elle, en dépit de l’absence chronique de celui-ci durant de longues années. Mais jamais, Freya ne s’imaginait que les choses prendraient une telle tournure.

Moins de trente minutes se sont écoulées entre l’appel du proviseur et son arrivée à la maison. La mère de famille garde encore l’espoir fou que sa fille ne se soit pas sentie bien et qu’elle soit rentrée. Ou bien qu’elle ait eu des professeurs absents et qu’elle se soit rendue chez une amie. Dans les deux cas, c’est Saul qu’Aspen aurait prévenu. Elle se serait rabattue sur sa mère qu’en cas d’indisponibilité de son père. Et si Freya doit bien reconnaître quelque chose c’est que, cette fois ci, Saul n’a pas failli à ses promesses. Il est présent pour sa femme et ses enfants. Il ne s’enferme plus jusqu’à des points d’heure, il déjeune et dine avec eux. Il gère Oscar en plus de ses clients et de ses montages photographiques. Tout allait bien, les choses filaient enfin sur des bons rails. Saul et Freya avaient prévu de se remarier et de gommer ce divorce qui fait tâche. Ils ne l’avaient encore pas annoncé à leurs enfants et…

Freya se refuse de penser au pire. Elle saute de la voiture à peine le moteur coupé et déboule dans le garage comme une balle. « T’as vu Aspen ? » Pas de ouf, pas de pouf, pas de mots superflus ni de baisers tendres. Une question brute qui a claqué dans l’air, sans même faire attention aux personnes présentes. Freya est bien incapable de dire si un client était présent ou non. Comme un bœuf, elle passe à côté du parc d’Oscar qui lève les bras vers elle. Qui se met à hurler quand sa mère ignore sa demande, pourtant explicite, de câlins. Mais là encore, elle ne se retourne pas. Elle est semblable à la Freya qui a quitté le foyer il y a deux ans. Elle grimpe les escaliers, quatre à quatre et pénètre dans l’antre de sa fille aînée. La chambre est relativement bien rangée, des posters décorent les murs d’un bleu lavande. Un bureau sur lequel sont empilés cahiers et livres. Un pot à crayons qui contient toutes sortes de stylos pailletés à l’encre parfumée. Et une photo punaisée, souvenir de leur weekend à Disney.

D’un geste vif, elle ouvre le placard mais il ne manque rien. Ses vêtements sont encore là. Tous, sans aucune exception. Freya le sait parce que c’est elle qui fait le linge et le repassage, c’est sa corvée du dimanche après-midi. Alors, elle se recule et retombe assise sur le lit au moment où elle entend les pas de son mari dans les escaliers. Peut-être qu’elle s’est affolée pour rien mais quand elle appelle Aspen, ce qu’elle a fait une demi-douzaine de fois, elle tombe invariablement sur le répondeur. Peut-être qu’elle n’a plus de batterie, peut-être que le lycée s’est trompé et qu’elle est sagement assise dans une salle de cours à écouter un professeur lui expliquer les lois algébriques. Ou peut-être, qu’une fois de plus, elle s’est évaporée dans la nature. Elle lève un regard humide vers Saul quand sa silhouette lui apparait sur le seuil de la porte. Leur fille est partie.



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Saul Zinderstein
Saul Zinderstein
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Situation familiale : Fraichement divorcé de Freya Z - père de deux ados de 14 et 10 ans, d'un nouveau né, ainsi que d'un petit garçon décédé, ce avec son ex-femme
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Mar 7 Nov - 21:23
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Quand je regarde le portrait de famille encadré que j’ai laissé dans mon nouveau studio pour toujours avoir les enfants devant les yeux, je ressens toujours une immense joie et une immense fierté. Tous autant qu’ils sont me comblent de bonheur. La sombre et silencieuse Aspen, en pleine crise d’adolescence et ses premières sorties en ville seule avec les copines. La tumultueuse et expansive Farah, toujours pleine de bonne volonté, qui aime les princesses, les chevaux et la couleur rose. L’énergique Oscar, qui a déjà quatre dents et bon appétit, qui fait presque du quatre pattes et rigole de bon coeur lorsque nous faisons l’avion avec lui. Mes trois enfants sont la prunelle de mes yeux, mais rien n’aurait été possible sans celle qui m’accompagne au quotidien depuis bientôt vingt ans. La photo, prise dans le canapé du salon, la montre tenant le bébé dans ses bras et lui jetant un regard amoureux. Par dessus son épaule notre cadette est tout sourire malgré les quenottes qui lui manquent, et assise à coté, les mains pressées entre ses cuisses, l’ainée, qui parait presque gênée d’être là, la tête à moitié tournée vers l’enfant, a les coins de sa bouche retroussés. Le cliché transpire la joie, et c’est à peu près cette sensation qui a, j’ai l’impression, envahi notre famille depuis quelques mois. Depuis que l’on prévoit le remariage peut-être. Depuis que nous avons retrouvé un certain équilibre et que je ne faillit plus à mes promesses.

Il a fallu emménager le garage, ce qui ne fut pas une mince affaire. Ce fut l’occasion de faire un grand tri dans les cartons qui s’étaient accumulés avec les années. Les quelques vêtements qui avaient été gardé avaient été rangés dans le placard de notre fils, mais il nous restait peu d’affaires de bébé. Par contre, il y avait beaucoup de cadavres de dessins, des anciens téléphones et des appareils photos numériques que Aspen nous avait fait acheter malgré ma réticence à détenir ce genre d’engins. Si une grande partie avait été jetée ou avait trouvé preneur chez nos amis, le reste avait été entreposé proprement dans un coin. Nous avions acheté de grands rideaux et j’avais bricolé pour pouvoir les installer, et ainsi procéder à une délimitation de l’espace. Ensuite, il avait fallu rapatrier les appareils du studio en ville, ce à quoi Maria mon employé avait participé. Cela faisait maintenant quelques semaines que je travaillais depuis chez nous, et il y avait encore des petits détails à régler, mais ce nouveau mode de vie me plaisait énormément. Désormais, je n’avais pas besoin de faire autant de trajets, et je pouvais aller chercher les enfants à la sortie de l’école si j’en avais envie. Les filles étaient grandes maintenant et prenaient le bus, mais je déposais encore parfois Oscar à la crèche le matin. L’organisation serait bientôt rodée.


Cet après-midi là, on m’avait appelé pour venir le récupérer plus tôt car il faisait de la température. Comme j’avais un dernier rendez-vous, je l’avais donc installé avec moi tranquillement sur son tapis de jeu, et je venais régulièrement lui agiter quelque chose sous le nez pour l’occuper lorsqu’il ratait un peu trop. Je savais que cela n’était pas l’idéal, mais je n’aimais pas annuler au dernier moment car cela ne faisait pas trop sérieux pour la réputation. Quoique, un bébé qui pleure au milieu d’une pose ne devait pas être extraordinaire non plus. En tous les cas, le client ne me fit aucune remarque. Par contre, lorsque la porte d’entrée explosa contre le mur, le bruit nous fit sursauter et Oscar éclata en sanglots. Je vis, médusé, s’approcher Freya à pas rapides et l’ignorer alors que l’enfant, qui l’avait reconnue, s’était arrêté et manifestait son envie de trouver le chemin de ses bras. « T’as vu Aspen ? » demanda t-elle avant de s’éloigner aussi vite qu’elle était arrivée si bien que je n’eus pas le temps de répondre. Nous échangeames un regard et je m’excusais précipitamment auprès de lui, l’incitant à prendre un nouveau rendez-vous qui ne lui serait pas facturé. Je le flanquais quasiment à la porte non sans avoir récupéré mon fils qui râlait toujours, et me dirigeais vers la maison. A l’intérieur, j’entends ma femme s’agiter à l’étage, comme si elle était en train de retourner la chambre de notre adolescente ce qui est sûrement le cas. Ne sachant quoi faire d’Oscar, je le gardais pour monter la rejoindre et enfin comprendre ce qu’il se passait.

Je la trouvais assise sur le lit, les yeux humides, et cette vision m’inquiéta. Je m’approchais, posais l’enfant sur le tapis de notre fille et l’interrogeait du regard. « Aspen ? Elle est au lycée non ? Il me semble qu’elle finit à dix-sept heures. Elle a fait quelque chose ? ». Ma fille, ma petite fille, pouvait-elle faire quelque chose de mal ? Certes, elle avait déjà été surprise à fumer dans les toilettes l’année dernière, mais nous lui avions fait la leçon et nous n’avions jamais été recontacté. D’accord, il y avait eu aussi cette fois ou elle était sortie en douce, mais c’était la nuit. De plus, la chambre me paraissait normale. Il n’y avait pas de fenêtre ouverte, de mot laissé en évidence sur le bureau. C’était peut être même un peu trop rangé comparé à d’habitude. En tout cas, rien qui ne me sautait aux yeux ou me causait une angoisse inexpliquée.





 
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Mer 15 Nov - 10:33
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Tout le temps qu’a duré le trajet depuis les bureaux du New Herald jusqu’à la maison familiale, Freya a battu la mesure contre le volant en cuir. Mentalement, elle a rejoué le fil de la matinée depuis le réveil jusqu’au moment où les filles se sont éloignées dans la rue pour rejoindre l’arrêt de bus. Farah avec son sac à dos rose bonbon duquel pends une petite figurine en forme de licorne et Aspen, arborant les dernières Converse à la mode et un sac à dos noir beaucoup plus sobre que celui de sa sœur. Freya se rappelle avoir souri parce que Farah récitait encore sa leçon, demandant à Aspen de la corriger si elle faisait une erreur. L’aînée des Zinderstein, bien que rechignant souvent à faire ses devoirs, est loin d’être la dernière de la classe. C’est une adolescente maligne, avec une mémoire qui a toujours étonné sa mère. L’enfant se souvient souvent des détails oubliés depuis longtemps. Elle, elle pourrait décrire avec précision les événements que Freya essaie de se rappeler. Son cerveau est beaucoup trop préoccupé pour avoir un cheminement logique. Il faudrait qu’elle se pose trente secondes, qu’elle souffle un bon coup et… Un coup de klaxon la ramène brutalement à la réalité. Le feu vient de passer rouge et elle a failli s’engager dans le carrefour. Elle passe une main contre son visage, cela ne lui servira à rien de finir à l’hôpital.

Freya s’oblige à rester concentrée le reste de la route. Si cela se trouve, elle s’inquiète pour rien. Aspen n’aurait plus eu cours et serait rentrée simplement à la maison. Non…. Saul l’aurait avertie tout de même, bien qu’il travaille. Ce n’est plus du tout comme avant. Le studio est installé dans le garage mais son mari est présent. Il s’occupe des enfants, va chercher les grandes à l’école et garde un œil sur Oscar. Il ne rate jamais un petit déjeuner ni un dîner. Le thé ne refroidit plus sous la véranda, ils passent de nouveau du temps ensemble sur la balancelle, comme avant. Temps qu’ils occupent souvent à la préparation de leur remariage. Ils sont tombés d’accord sur une cérémonie simple, en toute intimité en présence de leurs parents et de leurs enfants. Saul et Freya ne sont pas du genre à l’expansion et à la démesure, il n’y a donc aucune raison pour qu’ils se marient en grande pompe. D’autant qu’il s’agit d’un troisième mariage, si l’on prend en compte le renouvellement des vœux. Donc non, c’est peu probable qu’Aspen soit à la maison. Son mari le lui aurait dit, elle en est persuadée.

Peut être chez une amie alors ? Freya croit se rappeler que sa fille lui a parlé d’un exposé à rendre pour la semaine prochaine. Elle a certainement dû aller chez sa binôme pour travailler sur leur sujet. Elles sont choisi le système solaire. Pourquoi des détails comme le sujet d’étude d’Aspen lui revient en mémoire mais pas le déroulé exact de leur matinée ? Si cette hypothèse est la bonne, la jeune fille aura certainement envoyé un SMS à son père pour le prévenir. Aspen a toujours été plus proche de Saul que d’elle et le divorce n’a rien arrangé. Elle a reproché à sa mère la tristesse de son papa et cela a empiré quand le droit de garde lui a été enlevé en raison de son alcoolisme. En vérité, Freya s’en est voulu. Elle est partie sur un coup de tête et elle s’est laissée guider par sa colère. Mais elle est revenue, elle essaie chaque jour d’être une meilleure épouse et une meilleure mère. Elle ne veut plus être la Freya qui lance des presses papier sur des étagères en bois et qui abandonne ses enfants dans un coin de couloir.

Quand elle gare la voiture dans l’allée, elle en bondit presque, oubliant quasiment de fermer la portière. Quand elle traverse le garage, elle ne fait pas attention à ce que fait Saul. Elle croit voir une silhouette inconnue, probablement un client, mais ne s’y arrête pas. Elle ne s’arrête pas plus devant un Oscar qui tend les bras vers le ciel à s’en décrocher les épaules. Elle ne s’occupe pas plus des pleurs qui suivent. Freya grimpe les escaliers, quatre à quatre, jusqu’à la chambre de son aînée. Là, il n’y a rien d’anormal. Sur le bureau, les livres et les cahiers de classe. Il y a un pochette bleu ciel en carton qui porte la mention Solar System écrite avec un stylo à paillettes bleu nuit. Elle contient les recherches de la lycéenne pour son exposé. Cet hypothèse est donc à écarter. Elle ne serait pas allée à un groupe de travail sans. Dans la penderie, les vêtements sont soigneusement rangés et pliés. Il ne manque que ceux qu’elle porte aujourd’hui, un pull à capuche rouge et ample sur un jean bleu brut. Freya résiste à l’envie d’ouvrir les placards, de fouiller la poubelle, de tout envoyer valdinguer dans l’espoir de trouver un début de piste. Mais si cela se trouve, elle se fait du souci pour rien.

Elle retombe assise sur le lit quand Saul arrive sur le pas de la porte. Il tient un Oscar aux joues rouges et humides d’avoir râlé. Il ne comprend pas, elle ne comprend pas qu’il ne comprenne pas. Il ne voit pas que cela recommence comme à la Saint Valentin ? Freya lève la tête vers lui, fronce les sourcils et s’imagine en train de le prendre par les épaules pour le secouer. Mais c’est injuste. Il n’y est pour rien, elle ne peut pas s’énerver après lui. Il n’a pas eu l’appel de Mr Levillant, il n’a pas eu de nouvelles d’Aspen. Elle réalise soudainement que c’est à elle qu’incombe la tâche de lui apprendre la possible disparition de leur fille aînée. De sa précieuse Aspen, sa parfaite Aspen. « Non. Le principal m’a appelée. Elle n’est pas au lycée. » La salive qu’elle avale lui arrache la gorge. Elle tend enfin les bras vers le petit garçon laissé sur le tapis et le serre contre elle. Le nez dans les cheveux de l’enfant, elle se laisse imprégner d’un parfum qui la rassure mais qui ne suffit pas à l’apaiser pour autant. « Je pensais que tu aurais eu des nouvelles… » Ses doigts tremblent et ses yeux s’embuent. Elle n’arrive même pas à être en colère. Elle est simplement une mère inquiète pour son enfant.



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Jeu 16 Nov - 22:10
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C’est un fait, j’ai toujours été particulièrement proche de ma fille ainée. C’est le premier fruit de l’amour entre Freya et moi, nous avons trente ans d’écart et nous avons des caractères similaires, plutôt discrets et solitaires. Je trouve également qu’elle me ressemble physiquement, elle a hérité de mes yeux et de mes cheveux, elle a simplement la pâle couleur de sa mère mais aussi une partie de ses mimiques, comme le froncement de sourcils. J’ai longtemps été très protecteur avec elle, à lui passer mille et unes choses. Il faut dire que, lorsqu’on est pas si présent, on a vite tendance à se rattraper dès qu’on le peut. Comme j’ai toujours eu horreur du conflit, je n’ai jamais hésité à lui donner ce qu’elle voulait pour qu’elle ne fasse pas de crise à en faire valdinguer son assiette. Au demeurant, je ne trouve pas qu’Aspen soit une fille impolie et exécrable. Elle est intelligente et fine, elle est sérieuse et appliquée. Depuis longtemps elle a décrété qu’elle ne porterait plus de rose, mais je sais qu’elle a un pyjama de cette couleur caché au fond de la penderie. De même, son coté petite fille ressort parfois, avec la couleur de ses stylos, et cette façon de venir se caler dans le canapé à coté de moi lorsqu’on regarde un film à la télévision. J’aime ma fille même si je reconnais qu’elle a des tords et qu’elle nous en fait voir des vertes et des pas mures depuis le divorce, jusqu’a fumer dans les toilettes et à faire le mur.

Pour moi il s’agit de petites bêtises d’adolescente. Aspen a été punie à de nombreuses reprises par sa mère et moi, mais depuis l’arrivée de son petit-frère et surtout du voyage que nous avons fait à Disney, je crois que les choses se sont apaisées, ce qui explique certainement le fait que nous ayons un peu baissé notre vigilance. Fini ces matins ou nous accompagnions les filles jusqu’au portail du collège. Oublié parfois le coup de fil de fin de journée pour savoir si elles étaient bien rentrées. A vrai dire, depuis que je bosse une partie du temps à la maison, je suis plus rassuré car je les entends rentrer depuis la porte qui mène au cellier. Les disputes entre soeurs pour savoir laquelle va avoir droit à la télécommande, les exclamations d’Aspen au téléphone, le gazouillis de Farah qui vient gratter à la porte pour réclamer un bisou. Aujourd’hui, je n’ai rien entendu de tout ça, simplement parce qu’il n’est pas l’heure. D’ou mon incompréhension lorsque ma femme apparait comme une furie pour s’en aller aussi vite qu’elle est venue, sans une once d’explication.

Forcé d’abandonner la séance en cours de route, je congédie mon client avant de récupérer Oscar qui couine du manque de considération de sa mère. C’est d’ailleurs quelque chose de rare, Freya est une vraie maman poule, et elle n’aurai jamais laissé son fils chéri pleurer trop longtemps. Je l’emporte avec moi dans la maison après avoir éteint les lumières du garage et fermé la porte à clé qui y mène. Dans l’entrée, aucune chaussure qui traine, les chaussons sont toujours à leur place à coté du placard. Les pas de Freya ont laissé quelques traces sur le carrelage, il y a une feuille morte sur la première marche de l’escalier. Préoccupé, je lève les yeux vers le premier étage, j’entends du bruit. Je la rejoins rapidement dans la chambre de notre première née. Elle semble particulièrement abattue alors je m’empresse de poser notre enfant pour savoir ce qui se passe. Il me semble connaitre par coeur l’emploi du temps de notre lycéenne, mais elle me met le doute, je ne suis plus si sûr de moi pour l’horaire. Freya m’apprend enfin qu’elle n’y est pas, et mon esprit rationalise les choses. « Ah. Elle aurait séché les cours tu penses ? Je vais essayer d’appeler Ciara, elle pourra peut être nous dire quelque chose ». La meilleure amie de notre fille était probablement celle la plus à même d’être avec elle en ce moment même, si ce n’était pas en cours. Je m’écarte lorsqu’elle plonge enfin vers Oscar lequel profite enfin de l’attention de sa mère et récupère mon téléphone dans la poche arrière de mon pantalon. Je ne l’ai pas consulté depuis ce midi, j’ai peut être raté un message d’Aspen. « Elle ne m’a pas écrit en tout cas » constatais-je, dépité. L’inquiétude de ma femme commence à me gagner.

Il y avait forcément une explication. Quelque chose de bête. Elles étaient sorties manger au McDo et n’avaient pas vu le temps passer. Ou les professeurs s’étaient trompés et ne l’avaient pas notée présente. Ou elle était malade et était allée chez sa grand-mère parce que nous n’étions pas là. Ou… A vrai dire, non, je ne vois pas autre chose, et même ces raisons ne me semblent pas particulièrement valables. Je compose le numéro de notre fille mais tombe sur sa messagerie et je laisse un message lui demandant de me rappeler le plus vite possible. Je fais de même avec Ciara, qui ne répond pas plus. Un coup d’oeil à ma montre : le bus scolaire qui ramène Farah ne va pas tarder à arriver. Peut-être que cette dernière a une information sur sa soeur. En attendant, j’inspecte la chambre, repère les notes de l’exposé sur le soleil dont nous avons parlé ensemble. Je suis sûr que Freya a déjà fouillé un peu partout. Je vois juste que le sac à dos a disparu. Sur la table de chevet, le chargeur de son portable manque. Pourquoi aurait-elle emporté son câble ? Tracassé, je m’approche du bureau, pour consulter les notes. Mes doigts s’insèrent dans les rabats de la chemise en carton, déplacent des pochettes. Un stylo pailleté tombe et ricoche sur le sol. C’est en me penchant que je le trouve, un mot plié à la hâte, de l’écriture arrondie de ma petite fille chérie. Blanc comme un linge, je le ramasse pour le lire. Ca commence par « Maman et Papa chéri… » et ça termine par « Bisous, je vous aime ». Entre les lignes, les mots dansent. Je me tourne vers ma femme et lui tend. Au même moment, un sms arrive, c’est Ciara qui dit qu’elle est en cours et qui demande si Aspen va mieux et s’il faut lui apporter les devoirs pour demain. Mes jambes se coupent sous moi et je me retrouve assis au sol avec Freya et Oscar. « Bordel de… crotte. On a un sérieux problème… ». Ma main laisse tomber le téléphone, mes yeux fixent le vide, imaginant mille scénarios possibles. Ma fille est partie avec un garçon. Je ne sais même pas qui c’est, elle ne m’en a jamais parlé à moi. A Farah peut-être ? Est-ce qu’il est dans sa classe ? Elle ne le précise pas dans son mot, il y a juste son nom. Je ne sais pas quoi faire.





 
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Jeu 16 Nov - 22:59
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Ses yeux ne quittent pas la pochette bleue qui comporte le nom de son exposé. Un exposé pour un devoir qu’Aspen doit rendre. Une routine bien rodée, une vie de famille qui menace de voler en éclat. Freya pensait tout ceci derrière eux. Depuis le projet de remariage, depuis la naissance d’Oscar et le week-end à Disney, tout allait mieux. Et Aspen, bien qu’elle n’ait jamais été aussi proche de sa mère que de son père, n’est pas une mauvaise fille. Elle n’est plus exactement la petite fille qu’il fallait accompagner jusqu’à la classe, cette enfant qui portait des pulls rose fluo et des perles aux lacets de ses baskets. Ce temps où il était aisé à Saul de la rassurer et de faire sécher ses larmes. Elle a grandi. Elle est une adolescente maintenant, elle a fait des bêtises. Elle se cherche. Mais qui n’a pas fumé de cigarettes, qui n’a pas fait le mur ou répondu d’un ton sec à ses parents ? Freya commence à se dire qu’elle a peut être exagéré les choses, qu’elle a diabolisé sa fille sans chercher à comprendre son mal-être. Elle aimerait pouvoir la serrer contre elle, lui dire combien elle est désolée pour tout ce qu’il s’est passé entre elles ces dernières années. Son index gratte frénétiquement la peau de son pouce jusqu’à ce que Saul arrive enfin, sa présence apaisant presque instantanément Freya.

Assise sur le lit, tête basse, elle raconte à Saul l’appel reçu de la part du proviseur du lycée. Le mensonge de sa fille qu’il essaie encore d’excuser. Cette propension à tout lui passer l’énerve au plus haut point. Aspen a disparu et il essaie encore de trouver une explication logique. « Je n’en sais rien. J’ai essayé de l’appeler au moins vingt fois mais je tombe systématiquement sur son répondeur. » Ses doigts tremblent alors qu’elle essaie pour la vingt-et-unième fois. Elle enclenche le haut parleur pour que son mari puisse entendre. Cela ne sonne même pas, le répondeur annonce de sa voix robotique qu’Aspen n’est pas joignable et enjoint l’interlocuteur à renouveler son appel. Il propose de joindre Ciara, la meilleure amie de leur fille. Les deux lycéennes se fréquentent depuis le milieu de l’école primaire, quand les Zinderstein sont venus vivre dans ce quartier résidentiel, forçant leur fille aînée à changer d’école. Des lors, les deux fillettes sont inséparables. Si quelqu’un sait ce qu’il se passe, c’est forcément Ciara. Freya attrape Oscar, qui continue à râler du manque d’attention dont il souffre, le temps que dure la communication entre Saul et l’amie d’Aspen. Elle serre son fils un peu plus fort quand il tombe successivement sur les répondeurs d’Aspen et Ciara. « J’espère qu’elles sont ensemble... » Au fast food, au cinéma, au parc, peu importe… Freya est tellement inquiète qu’elle serait bien incapable de se fâcher.

Saul garde la tête plus froide qu’elle. Là où elle a eu envie de toute envoyer balader, lui étudie minutieusement son environnement. Freya l’imite et laisse son regard vagabonder là où celui de son mari se pose. A son tour, elle remarque le chargeur qui n’est pas enroulé sur sa table de nuit comme chaque jour. Peut être que son téléphone commence à rendre l’âme et que la batterie ne tient plus toute la journée ? Son sac à dos non plus n’est plus là. Mais ça, ce n’est pas inhabituel. Elle est partie au lycée avec, il lui fallait bien un endroit où ranger ses cours et ses classeurs. Saul ne s’arrête pas là et commence à déranger le bureau. Il soulève les piles de papiers et de feuilles, il regarde sous la fameuse pochette bleue de l’exposé qu’ils avaient fait ensemble pas plus tard que la veille au soir. Un stylo tombe, roule, et c’est grâce à cela que Saul retrouve un bout de papier que Freya n’a pas vu. « C’est quoi ? » D’un pas, elle s’approche et arrache presque la lettre des doigts de son mari lorsqu’il la lui tend. Elle reconnaît l’écriture de leur fille, toutes en courbes et en ronds. Elle leur explique combien elle les aime mais qu’elle doit partir. Elle est amoureuse. « Qui est Ross ? » Elle lève un regard interrogateur vers Saul tandis qu’il s’effondre à son tour.

Dans l’entreprise, il a lâché son téléphone et Freya lis le message de Ciara. A elle aussi, elle a menti. Aspen a dit à tout le monde qu’elle était malade pourtant ce matin, elle est partie avec sa sœur. « Elle est bien quelque part… On va… On doit... » Elle sait pas, elle sait plus. Apporter tout ceci à la police ? Attendre un peu et voir si Aspen finit par rentrer d’elle même ? Questionner Farah ? Farah est une jeune fille plutôt maligne, qui sait s’effacer mais qui n’écoute pas moins pour autant. Elle ferait une bonne journaliste, d’ailleurs elle a intégré le journal du collège cette année et cela a ravi le coeur de Freya. Elle pensait vraiment avoir réussi dans l’éducation de ses enfants. Aspen est un peu difficile en ce moment mais ce n’est pas une mauvaise fille. « Farah ! » La porte s’ouvre sur les pas joyeux de leur fille cadette, revenue pour le déjeuner. Toujours Oscar dans les bras, ballotté au rythme des pas de sa mère, Freya dévale l’escalier jusqu’à sa rencontre. « Ah maman ! Je ne savais pas que tu serais là. Vous avez vu Aspen ? Je crois qu’elle a raté le bus de midi treize... » Devant la mine déconfite de sa mère, Farah se ratatine et Oscar se met à hurler à plein poumons. « Est-ce que tu connais un garçon du nom de Ross, ma puce ? » La jeune fille fixe le bout de ses chaussettes, pince les lèvres et n’ose pas soutenir le regard perçant de sa mère. Aspen va lui en vouloir à mort si elle apprend qu’elle a livré son secret à leurs parents. « Le petit copain d’Aspen. Il est en terminale. » Elle déglutit et Freya se liquéfie, Aspen est partie avec un garçon plus vieux qu’elle. Elle fixe un point dans le lointain. Ils ont un très gros souci, Saul a raison.



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Jeu 16 Nov - 23:43
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Aspen a éteint son téléphone, bien que je lui ai toujours demandé d’être joignable lorsqu’elle est en dehors de la maison. Elle a seize ans, elle n’a pas encore l’âge de sortir jusqu’a pas d’heure ou de trainer avec les garçons à la sortie du lycée. Avec Farah, elles doivent rentrer par le bus de midi treize pour être à vingt-sept à la maison, et le soir, si aucun de nous deux ne va les chercher, elles doivent prévenir lorsqu’elles ont passé le pas de la porte d’entrée. Cela peut sonner strict comme cela, mais jamais aucune des deux ne s’en ai jamais plaint. Si Aspen a fait ça, c’est qu’elle ne veux pas qu’on lui écrive. Je ne peux pas trouver l’excuse du portable déchargé puisqu’elle a justement pris son câble avec elle. Je décide de demander à sa meilleure amie. Ciara est une chic fille, nous connaissons bien ses parents, rien à voir avec les mauvaises fréquentations qui ont poussé ma puce à se planquer dans les toilettes pour une cigarette. Pas un moment je ne pense que son amie n’ai pu manquer de lui dire ou elle allait si ce n’était pas au lycée. Malheureusement, notre tentative pour les joindre se solde par des échecs successifs et je regarde d’un air dépité l’écran noir de mon téléphone qui débite le message respectif des deux filles. « J’espère aussi… » je souffle sur le même ton que Freya en baissant mon bras le long de mon corps.

Je ne sais pas trop ce qui me pousse à aller vers le bureau pour regarder ce qu’il s’y trouve. Je n’ai même pas conscience que je suis en train de fouiller dans l’intimité de ma fille et que si elle le savait, cela la mettrait dans une colère noire. Un instant, j’ai cette envie fugace de trouver un journal qui me livrerai ses plus noirs secrets, mais cela est de l’époque ancienne. Il y a des chances que le dernier date de son entrée au collège et que toute sa vie se trouve dans son téléphone, téléphone qu’elle a vraisemblablement emporté avec elle. Je repousse tout de suite cette vision d’horreur dans laquelle je la vois le jeter à la poubelle avec son sac à dos avant de s’enfuir à toutes jambes. Mais l’exposé d’Aspen n’a pas évolué depuis hier soir lorsque je l’ai fait réciter avant de manger le diner. D’ailleurs, c’est drôle, parce qu’il me semblait qu’elle avait dit qu’elle bosserait dessus avant de se coucher, ce pour quoi elle avait écourté le repas. Il apparait évident maintenant qu’elle avait quelque chose de plus intéressant, ou même important, à faire. Je comprends rapidement ce dont il s’agit lorsque je découvre le mot qui a dû tomber du bureau quand j’ai poussé ce qu’il y avait dessus. Je le lis et je sens ma gorge se bloquer.

C’est un garçon prénommé Ross qui est responsable de l’attitude d’Aspen depuis un moment, j’en mettrais ma main à couper. Maintenant que j’ai l’information, j’ai l’impression que tout un tas de petits gestes sont expliqués. Ma fille écrit qu’elle est amoureuse, que l’on ne comprendrait pas et qu’il faut la laisser vivre cette histoire, et j’en tombe des nues. Elle est bien trop jeune pour vivre ça. Freya est aussi horrifiée que moi, elle aussi peine à comprendre ce qui est en train de nous arriver. « Il faut rappeler le proviseur, savoir s’il connait un Ross. Et Ciara. Elle a peut-être son adresse, elle doit être chez lui. Hein, qu’elle est chez lui ? » je lève un regard implorant vers ma femme. Tant que ma fille est en sécurité. C’est tout ce que je demande. En bas, la porte claque, annonçant le retour de notre cadette, et Freya file déjà en direction de l’étage pour l’alpaguer. Moi je reste dans la chambre, encore sonné. Quand je me relève enfin après quelques secondes, c’est pour commencer à ouvrir les tiroirs du bureau. Un à un je les tire, de plus en plus fort à chaque fois. Je fouille ensuite sur le dessus, envoie valdinguer les feuilles à la recherche d’un calepin, d’un carnet d’adresses, n’importe quoi qui puisse me donner une indication. Comme il n’y a rien je fais de même avec la penderie. J’abandonne vite cet endroit pour me consacrer à mon dernier espoir : la table de nuit.

Quand je retrouve Freya et Farah en bas, j’ai l’impression d’être en pilote automatique. Cette dernière confirme déjà les soupçons que j’avais. Ross est vraiment le petit-ami de notre ainée et il a un an de plus qu’elle. C’est si peu et si énorme à la fois. « Merci ma chérie, tu peux aller jouer maintenant. Ou regarder la télévision » je lui demande. Elles n’ont pas le droit de la regarder le midi normalement, alors Farah me regarde avec des grands yeux, mais c’est le premier truc qui m’est venu en tête pour l’éloigner. Lorsque notre petite tête blonde est au salon et que le son de l’appareil indique qu’elle s’est installée devant les dessins animés, je sors la boite de préservatifs entamée que j’ai gardé cachée derrière mon dos et je la montre à Freya. Aucun mot ne serait juste pour énoncer ce que je ressens, mais elle comprendra. « Je vais ressayer Ciara. Je te laisse appeler le proviseur pour qu’il nous donne l’adresse de ce garçon ? » Je m’écarte pour contacter de nouveau la jeune fille et cette fois, elle décroche à la première sonnerie. Elle me redemande comment va Aspen et je l’informe que cette dernière n’a jamais été malade et qu’elle est partie avec ce Ross. Ciara hésite, un peu incrédule, mais finit par me confirmer qu’elle connait en effet le petit ami de notre fille, mais qu’elle ignore son nom et son adresse. Elle m’informe qu’elle va aussi tenter par tous les moyens de la contacter et également faire un tour aux endroits ou elles ont l’habitude d’aller avec leurs amis lorsqu’ils n’ont pas cours. Je la remercie et lui demande de me tenir au courant de tout ce qu’elle pourrait obtenir comme informations.

Dans le salon, Farah piaille qu’elle veut manger, alors je lui prépare en catastrophe un sandwich au jambon cheddar tandis que Freya est toujours au téléphone. Je m’assois à coté de ma fille qui regarde Totally Spies avant de récupérer la télécommande et de baisser le son. « Fafa, ma puce, dis-moi… Est-ce que ta soeur t’a déjà parlé de ce garçon ? Elle a dit quelque chose sur lui ? ». J’essaie de prêcher la vérité en mettant à contribution la fillette qui côtoie tout de même Aspen, presque plus que nous. Elles prennent le bus ensemble généralement. « Pas beaucoup. Juste qu’elle était amoureuse, qu’ils auraient des enfants qui s’appelleraient Juliet et Vince, qu’ils allaient s’échapper tous les deux pour pouvoir vivre leur amour… C’est quand même pas ce qu’ils ont fait hein ? C’est romantique mais c’est pas très gentil de ne pas me l’avoir dit. Il est même pas beau Ross, et Sophie dit que c’est le prénom du gars moche dans une série qui s’appelle Friends ». Tout en blablatant, elle continue à manger son sandwich et je me tourne, désemparé, vers Freya. Un rire nerveux m’échappe. Rien ne va plus.





 
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Jeu 23 Nov - 22:03
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Aspen n’a qu’une consigne à respecter quand elle sort de la maison : garder son téléphone portable allumé pour être joignable. Et là, il est manifeste qu’elle en a fait fi. Enfin, ça et rentrer avant que les lampes de rue ne s’allument. Là encore, il est clair qu’elle ne rentrera pas avant le couvre feu. Freya ne sait plus tellement ce qu’elle doit ressentir, ni ce qu’elle est sensée ressentir. De la peine ? De la colère ? De l’inquiétude ? Un savant et perturbant mélange des trois ? Ce qui prime, c’est l’inquiétude. Cela commence doucement à lui dévorer l’estomac, depuis les premiers mots du principal du lycée. Sa fille n’y est pas. Freya sait que son aînée peut se montrer un peu filoute, parfois un peu menteuse. C’est une adolescente qui se cherche, qui teste les limites qui lui sont imposées pour voir jusqu’où elle peut aller. Elle a fait le mur il y a quelques mois mais elle a été punie et n’a plus jamais recommencé. Elle est bonne élève, en témoigne le bureau bien rangé. Contrairement à ses parents, qui ont les deux embrassés une carrière plutôt artistique et littéraire, Aspen semble avoir des prédispositions pour les mathématiques et la science. Ses yeux sont invariablement attirés par la pochette de l’exposé, comme ci celle ci allait lui dire où se trouve sa fille.

Avec qui, Freya s’en doute maintenant. Probablement le fameux Ross. Le petit ami de terminale. Celui pour qui elle a menti à tout le monde. Eux, sa sœur, sa meilleure amie, le personnel encadrant de son établissement scolaire. Le prénom de ce garçon est écrit au moins cinq ou six fois dans le cours mot qu’elle a laissé. A la naissance d’Aspen, Freya est devenu mère. Plongée dans un rôle qui lui était jusque là inconnu, elle ne pensait pas que seize ans plus tard, son petit bébé fuguerait avec son petit ami. Rien ne prépare un parent à cela, ce n’est écrit nulle part mais parfois, cela arrive. Elle lève le regard vers Saul et elle se demande si elle, elle en aurait été capable. Probablement, oui. Il fut un temps où elle était plus exaltée, plus fougueuse. Elle était curieuse et avait soif d’aventures. Elle est partie sur un coup de tête en Californie retrouver un homme avec qui elle entretenait jusque là une relation longue distance, y est restée et s’y est mariée. Et si c’était à refaire, elle referait ce choix. « Oui, je vais l’appeler. Mais je ne pense pas qu’il me dira quoi que ce soit. Il y a un secret professionnel des proviseurs de lycée tu crois ? » Elle fronce les sourcils et elle hausse silencieusement les épaules. Elle aimerait dire à Saul que leur fille se trouve chez ce garçon mais elle n’a absolument pas envie de mentir. La vérité, c’est qu’elle n’en sait rien et spéculer ne leur apportera rien de bon à ce stade.

Quand elle entend Farah ouvrir la porte, Freya s’y précipite, Oscar toujours dans ses bras. L’enfant est ballotté contre l’épaule de sa maman et commence par pleurer. Il sanglote à chaudes larmes, épongeant l’anxiété et l’angoisse naissantes de la journaliste. Sa fille cadette répond à sa question et elle n’est pas en mesure de la remercier, c’est Saul qui le fait, la congédiant ensuite devant la télévision. Aspen n’était pas non plus au bus de midi treize. Que s’est il donc passé entre la descente du bus ce matin et maintenant ? Elle se retourne quand son mari s’adresse de nouveau à elle et semble défaillir quand elle voit la boite. Par réflexe, elle cache les yeux d’Oscar comme s’il pouvait comprendre de quoi il s’agit. « Je… Je vais essayer. Elle n’est pas entamée, n’est-ce pas ? » Sa phrase est rhétorique, pleine d’un espoir vain. Pourquoi avoir une boite de préservatifs dans sa chambre si c’est pour ne pas l’utiliser ? Ou alors c’est un cadeau potache, bien que Freya trouverait ça déplacé d’offrir des préservatifs à une fille de seize ans.

S’enfuyant dans le bureau, elle entreprend d’appeler Monsieur Levillant. Elle lui explique la situation, l’informant qu’Aspen n’a jamais été malade et qu’elle s’est plus que très probablement enfuie avec un garçon prénommé Ross, lui aussi scolarisé dans le lycée qu’il dirige. Compatissant à sa douleur et à son inquiétude, il est cependant navré de ne pas pouvoir lui donner l’adresse exacte. Freya doit insister plus que lourdement pour obtenir le quartier où il réside et le club de sport qu’il fréquente. C’est déjà un début. Sur son épaule, Oscar somnole de s’être époumoné et il est temps pour elle d’aller préparer le biberon qui le nourrira, tandis que Saul a préparé un sandwich pour la grande. Aspen a disparu mais les deux autres enfants réclament la part d’attention qui leur est due. Revenant dans le salon pile, le seul garçon de la fratrie installé contre elle et tétant goulûment son repas, Freya écoute les explications de Farah. Plus les heures avancent, moins les choses ne vont. Aspen pense déjà à avoir des enfants. Freya n’est absolument pas prête à être grand-mère, l’enfant aurait peu ou prou l’âge d’Oscar. Et à seize ans, il y a d’autres priorités. Les études, par exemple. « Cela fait longtemps qu’elle le fréquente ce Ross ? » La jeune fille croque dans son sandwich, attrapant la télécommande pour remonter le son du dessin animé. Visiblement, la situation ne semble pas l’alarmer plus que ça. « Je dirais depuis quelques mois. Ca a commencé quand on a du tous faire la course d’orientation nulle là, à la fin de l’année dernière. Vers juin ? Par la dedans. Ils étaient dans la même équipe, même qu’avec Sophie, ça nous a fait bien rire. » Freya elle, n’a plus du tout envie de rien. Elle remercie sa fille pour les précisions, pose Oscar dans son parc et fait signe à son mari de la suivre dans la cuisine.

Là, elle fait les cent pas. Mentalement, elle recoupe toutes les informations glanées jusque là. Ce n’est que lorsqu’il la rejoint qu’elle ouvre la bouche, parlant à voix basse. « Le proviseur a refusé de me donner les coordonnées de Ross. Il réside à Leith et il est licencié d’un club d’escrime. On pourrait, je sais pas, déposer Farah et essayer d’aller faire un tour dans le quartier ? Elle t’as dit quoi Ciara ?  » Elle s’arrête enfin. Il faudrait qu’ils fassent garder Oscar mais elle n’a pas envie d’inquiéter ses parents ni même Rhéa. Nerveusement, elle se gratte la joue à s’en faire rougir la peau. Qu’est il donc passé par la tête de leur Aspen ?



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Jeu 23 Nov - 22:56
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La seule vue de la boite dans le tiroir de la table de nuit d’Aspen a failli me faire défaillir. Une seconde fois, lorsque j’ai constaté qu’elle était ouverte et une troisième lorsque j’ai compté qu’il en manquait plusieurs. J’aurai dû être soulagé que ma fille écoute les préconisations de sa mère sur la question, mais tout ce que je vois, c’est que mon bébé, celle qui riait aux éclats quand je la lançais en l’air, celle de qui j’ai des milliers et des milliers de photos dans des classeurs, du nourrisson à la photo de classe de la fin du collège, celle qui a fait de moi un père, a commencé à entretenir ce genre de relations avec un garçon. D’accord, on dira de moi que je suis vieux jeu, qu’Aspen a parfaitement l’âge de faire ce genre d’expérience, mais je ne l’entends pas de cette oreille. J’aurai préféré rester dans ma boule de coton, mais maintenant, ce n’est plus possible. Ma fille doit être protégée de l’aura des hommes malveillants. Si possible, elle devrait être enfermée dans sa chambre, et ne jamais en sortir avant sa majorité. Je crois bien de toute façon que c’est ce qui arrivera lorsqu’on l’aura enfin retrouvée.

Je partage ma trouvaille avec ma femme, et ses yeux s’agrandissent de la même façon que les miens. Je lui adresse un regard désolé en lui montrant que si, cette boite a déjà servi et plus d’une fois. Peut-être même que c’est déjà arrivé ici, une après-midi ou elle serait rentrée plus tôt avec ce Ross dont elle parle dans son mot. Ceci dit, je ne pense pas que ce soit elle qui l’a acheté. Aspen a certes de l’argent de poche pour l’aide qu’elle nous apporte à la maison, mais je ne la vois pas payer des préservatifs à la pharmacie. Là encore, je pense que je l’infantilise, mais j’ai l’impression de connaitre ma fille. A son âge, j’aurai moi-même été particulièrement honteux d’effectuer ce genre d’achat. Et elle me ressemble tant… « Secret professionnel ou pas, il va nous donner son adresse ! » j’affirme d’un ton ferme, même si ce n’est pas moi qui vais l’appeler. Je fais confiance à Freya pour ce genre de chose, elle a plus de bagou que moi, et elle n’hésitera pas à le titiller pour qu’il lui délivre l’information nécessaire. Nous nous éclipsons ensuite chacun de notre coté, et lorsque j’ai fini d’appeler la meilleure amie de notre ainé, je m’occupe de la cadette qui sait ne pas se faire oublier.

Un sandwich et quelques explications plus tard, Freya est revenue pour l’interroger à son tour. Ainsi, Ross et Aspen se fréquentent depuis quelques mois, et je suis surpris de comprendre qu’elle ne nous en a jamais parlé. Elle n’avait jamais donné le nom des amis avec qui elle avait fait le mur à la Saint-Valentin, et c’était peut être déjà lui. Dans une moindre mesure, je suis soulagé de savoir qu’il n’est pas lui même majeur même si ce n’est vraiment qu’un détail. « Tu le connais un peu ? C’est quoi son nom ? » je demande, un peu pressant. Farah ramène ses pieds nus sur le canapé et entoure ses genoux de ses bras en roulant le dos. « Nan, j’sais pas » dit-elle en se refermant sur elle-même, les yeux rivés sur son dessin animé. Je ne pense pas qu’on tirera quelque chose de plus d’elle, et cela me donne l’impression que tout se ligue contre nous, que l’identité exacte de ce garçon doit rester un mystère jalousement gardé par quelques protagonistes qui ne sont pas là pour nous en parler. Désabusé, je suis Freya dans la cuisine et je m’appuie contre le plan de travail, la tête baissée sur les carreaux de carrelage. « Elle ne m’a pas dit grand chose non plus. Qu’elle allait aller faire un tour au terrain de basket ou ça leur arrive de passer leur pause du midi, et au centre commercial ou elles font du shopping habituellement. Elle ne connait ni son nom, ni son adresse car elle n’y est jamais allée ». J’explique mon entretien avec Ciara en réponse à son propre argumentaire. « J’espère pas qu’elle est en train de trainer à Leath » j’ajoute d’une voix blanche en pensant à la réputation du quartier.

De toute façon, il faut attendre que Farah retourne en cours dans trente minutes. On peut emmener Oscar dans la voiture mais je ne pense pas que cela soit très utile. En vérité, j’ai le sombre pressentiment que ma fille est chez ce garçon, c’est à dire qu’elle est évanouie dans la nature et que personne ne cherche à nous aider. En étant réaliste, je sais bien qu’il est impossible de faire le tour des maisons de Leath sans indication quant à une éventuelle description du domicile de Ross. « On peut essayer son ordinateur non ? Elle a peut-être… non, c’est idiot, oublie ». Je fais un signe de la main pour accompagner mes dires. C’est à ce moment que notre benjamine réapparait dans notre champ de vision. Elle vient d’entrer dans la cuisine. « Qu’est-ce qui se passe ? » interroge t-elle en se tournant ostensiblement vers sa mère. Avant d’obtenir réponse, elle marche en direction du frigo pour prendre un yaourt et repart dans le salon. Je suis son mouvement des yeux. « Peut-être que l’on peut interroger les gens du lycée en amenant Farah à l’école. Il y a surement des élèves qui le connaissent ». Mais en attendant, quoi ? Quelles sont les options qui s’offrent à nous ? On ne peut pas abandonner les enfants à la maison pour aller faire un tour en voiture, et le temps que sa mère arrive, il sera déjà l’heure de partir. En tout les cas, j’exclue l’hypothèse de la police. Aspen a prévenu, elle est avec son petit-ami qui a vraisemblablement dix-sept ans, elle n’encourt aucun danger dans l’immédiat donc ils ne se déplaceront pas pour ce qu’ils considèrent eux comme si peu.

Si Oscar et Farah ont mangé, moi j’ai la gorge trop nouée pour pouvoir avaler quelque chose. Pendant les minutes qui suivent, je tourne comme un lion en cage dans la cuisine à la recherche de solutions, mais rien ne me vient. Entre temps, j’ai essayé de rappeler ma fille, mais je tombe directement sur sa messagerie, toujours. Quand vient l’heure de retourner en cours, j’intercepte notre fille avant qu’elle n’aille récupérer son bus. « On va t’emmener chérie, d’accord ? ». Elle acquiesce, heureuse de bénéficier de ce genre d’attention de la part de ses deux parents. Rapidement, Oscar est harnaché à son siège-auto et Farah est assise à l’arrière, son grand sac à dos rose et blanc posé sur les genoux, un air ravi sur le visage. J’admire son calme, son insouciance et sa joie de vivre. Depuis le retour de sa mère à la maison, elle pleure de moins en moins et n’a plus besoin qu’on reste avec elle aussi longtemps le soir pour s’endormir. Les stigmates du divorce commencent à s’estomper, à l’inverse de sa soeur chez qui ils font une avancée fulgurante. J’aimerai rappeler à ma fille que s’enfuir n’est jamais une solution, qu’elle peut nous confier les choses importantes de sa vie et que nous sommes probablement à même de les conseiller, malgré les choix désastreux que sa mère et moi avons eu parfois à faire dans nos vies. J’espère juste pouvoir le faire avant qu’il ne soit trop tard.





 
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Jeu 30 Nov - 22:10
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Freya ouvre des yeux ronds quand elle voit la boite de préservatifs dénichée par Saul dans la chambre de leur fille. Aspen sera probablement furieuse quand elle saura que ses parents ont violé son intimité à ce point, elle qui ne laisse personne pénétrer dans cette pièce sans son accord préalable. Mais là, elle ne leur a pas tellement laissé le choix. Elle s’est enfuie et la fuite n’est assurément pas une solution. Elle ignore pourquoi son enfant, sa petite fille, sa première née, a fait une telle chose. Est-ce qu’elle en a été poussée par le dénommé Ross ? Est-ce qu’elle ne s’est pas sentie assez à son aise pour parler à ses propres parents ? Et dans ce cas, c’est un échec sur toute la ligne. Un échec en tant de parents, elle en tant que mère. Elle ne pensait pas que les stigmates de la nuit de sa propre fuite ressurgiraient à ce point et surtout, de cette manière là. Ce n’est pas quelques mots plus hauts que les autres ou bien une cigarette fumée en douce dans les toilettes. Non, il s’agit d’une fugue. Elle sent son coeur se serrer quand elle prends conscience du mot et surtout, de tout ce qu’il implique. Leur fille, mineure, s’est sauvée avec un petit ami plus âgé qu’elle. D’un an certes, mais plus âgé quand même. Et surtout un garçon dont ils viennent d’apprendre l’existence.

Bien qu’elle n’aime pas faire ça, pas plus que Saul qui a du se résoudre à fouiller dans les affaires de leur fille, Freya s’emploie désormais à cuisiner Farah. Aspen et sa sœur fréquentent le même établissement scolaire. Même si elles ne sont pas dans la même classe et qu’elles n’ont pas les mêmes amies, elles doivent bien se croiser à un moment ou à un autre de la journée. A la cantine par exemple. Freya connaît son ainée et elle doit s’employer à ignorer sa sœur qui elle ne doit pas s’en offusquer mais elles se voient. Farah saura leur dire qui est ce Ross et surtout, depuis combien de temps ils se fréquentent. Depuis au minimum trois préservatifs, si on compte ceux qu’ils manquent dans la boite trouvée par leur père. Père qui commence un peu à perdre son sang froid, vu la manière dont il exige d’avoir l’adresse du petit ami de leur fille. « Chéri… Je vais faire de mon mieux mais pour le moment, il jugera qu’il n’y a rien de plus que des adolescents qui sèchent les cours. » Oui cela doit faire à peine quelques heures qu’ils ont disparus de la circulation et puis, en préjugeant qu’ils soient bien ensembles. Il passe dans l’esprit de Freya un éclair lui disant que, peut-être, sa fille n’est pas avec Ross. Qu’elle est ailleurs, quelque part, seule ou avec des énergumènes bien moins recommandables. L’éclair est fugace et lui arrache un frisson. Pourtant, elle garde ses doutes pour elle et elle s’éclipse pour téléphoner au principal du collège.

Comme elle s’y attendait, Monsieur Levillant ne se montre pas spécialement coopératif. Elle doit user de tout le talent qu’elle a pour lui soutirer deux maigres informations : le quartier et son club de sport. Elle s’en fiche un peu qu’il manie le fleuret à la perfection, elle aimerait avoir une adresse à laquelle sonner. Mais Freya sait quand il faut s’arrêter alors elle remercie le principal avant de raccrocher, allant voir si Saul a eu plus de chance avec Ciara, l’amie de leur fille. Les explications commencent à lui donner mal à la tête alors elle se focalise sur le bébé qui tête son biberon au creux de ses bras. Il n’y a pas si longtemps, ce bébé était Aspen. Et voila que maintenant, celle ci fricote pendant le cross du collège et pense à avoir des enfants. Des enfants. Mais elle est encore elle-même une enfant, bon sang ! C’est Freya qui commence peu à peu à perdre contenance. Elle doit se contenir si elle veut encore être en capacité de penser. De moins bonne grâce à mesure que les minutes avancent, Farah réponds à une dernière question avant d’augmenter le son de la télévision pour signifier son envie d’avoir la paix. Freya soupire, cela ne sert à rien de se fâcher avec sa seconde fille. Elle entraîne Saul dans la cuisine pour une discussion entre adultes, plus Oscar qui roupille désormais. « A croire que ce garçon est un fantôme. Tout le monde le connaît mais personne ne sait comment il s’appelle… Et le seul qui sait à refuser de me le dire. Je doute qu’elle soit dans un endroit qu’elle a l’habitude de fréquenter cela dit… » Pas le terrain de basket ni le centre commercial mais il ne coûte rien d’aller y faire un tour. Aspen a de la chance d’avoir une amie comme Ciara, prête elle aussi à arpenter la ville à sa recherche. « Tout Leith n’est pas mal fâmé. » Le quartier est en pleine mutation, son journal a publié un papier à ce sujet. Elle a dit cela uniquement pour le rassurer mais elle aussi, elle espère que leur fille n’erre pas dans Leith. D’autant qu’ils ignorent dans quel endroit Ross réside.

« On a déjà retourné sa chambre… On s’en prendra à son ordinateur si jamais elle... » Freya se coupe dans son élan. Elle ne veut pas prononcer le reste de sa phrase à voix haute. Elle ne veut pas envisager que sa fille ne soit pas à la maison ce soir. Mais pour le moment, ils n’ont que peu de solutions. Aller voir la police trop tôt serait contre productif, leur plainte ne serait pas prise au sérieux et risquerait de retarder sa prise en charge. Pour l’instant, ils sont seuls face à cela. Et Freya est heureuse qu’ils se soient pleinement rabibochés. Elle ne pense pas être capable d’affronter cela sans le soutien de son mari. Farah apparaît dans la cuisine, demandant ce qu’il se passe à sa mère. Juste à sa mère. Freya n’essaie pas de sourire ni même de noyer le poisson. Et elle n’a pas besoin de le faire, à peine le temps d’ouvrir la bouche que sa fille a déjà disparu avec un yaourt. Elle préfère ça, elle n’a pas envie d’inquiéter leur entourage plus que de raison. « Oui, faisons cela. » Oscar fera sa sieste dans le siège auto. Ce n’est pas idéal mais ils devront s’en contenter.

Farah est d’humeur joyeuse, heureuse de l’attention qu’elle a ce midi. Elle n’a pas à reprendre le bus pour retourner en cours. La famille, le siège d’Aspen restant désespérément vide, prends le chemin de l’établissement scolaire. Saul conduit, Oscar roupille, Farah pianote sur son téléphone et Freya ne peut s’empêcher de voir la silhouette de sa fille dans toutes les adolescentes qu’ils croisent. Elle fronce les sourcils à plusieurs reprises alors qu’Aspen n’est pas l’une d’elle. Ils arrivent devant le collège et Freya se retourne vers sa fille. « Est-ce qu’il y a des amis de Ross et Aspen ma chérie ? » La jeune fille cherche du regard avant de pointer du doigt un garçon qui arbore un look de skateur avec son pantalon baggy et une jeune fille en crop top qui doit mourir de froid. Farah salue ses parents et bondit du véhicule pour aller rejoindre Sophie, qui l’attends au portail. « Reste là, je vais aller leur poser la question... » Freya sort à son tour de l’habitacle afin de discuter avec les deux adolescents pointés par leur cadette. Ils se montrent un peu plus bavards que le principal et, sans avoir l’adresse exacte, elle ne revient pas bredouille. « Il habite un immeuble bleu, sur la rue principale de Leith. Tu sais où cela peut être ? » Du regard, elle suit les élèves s’avancer vers la grille avec l’espoir vain de distinguer la tignasse châtain d’Aspen.



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Jeu 30 Nov - 23:03
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Si Aspen nous avait parlé de ce Ross, il était évident que je lui aurait fait passer un très long interrogatoire pour en apprendre plus sur le petit-ami de notre fille. J’aurai exigé de le voir pour lui expliquer entre quatre yeux qu’il avait intérêt à ne jamais lui faire du mal sinon c’est moi qu’il aurait eu sur le dos. Je l’avais déjà fait avec son crush plus vieux qui avait qui plus est travaillé pour nous, et jamais plus je n’avais eu de ses nouvelles. J’espérais bien que cela aurait le même effet sur ce nouveau garçon. Rien que le fait de savoir qu’Aspen s’était enfuie à cause de lui ne me faisait ressentir que de l’inimité pour lui. Il aurait pu être le premier de sa classe, extrêmement gentil et très amoureux, cela m’aurait été égal. Son influence était vraisemblablement néfaste pour qu’elle décide de ne pas rentrer et de s’enfuir avec lui. C’était peut être illusoire d’ailleurs d’obtenir son adresse, car ils auraient tout aussi bien pu prendre le bus ou le train et partir loin sans regarder en arrière, mais c’était au moins le moyen de partir de quelque part de concret. Si le proviseur pense simplement qu’ils sèchent les cours, c’est qu’il se fourre le doigt dans l’oeil bien profond ! Il y a quelque chose derrière, et cela ne me plait pas, mais alors pas du tout.

Farah, si elle a répondu sans se poser de question à mes premières interrogations, commence à ne plus vouloir me parler et je me trouve une nouvelle fois impuissant. Elle a apparemment dit tout ce qu’elle savait et elle ne peut pas plus nous aider. Levillant et Ciara non plus. Freya et moi sommes face à nous-mêmes, et comme elle le dit si bien, c’est comme s’il était un fantôme. « Ce n’est pas possible, il doit bien avoir des amis qui pourraient nous renseigner ! Ou alors c’est un solitaire qui ne connait personne et il a donc tout mis dans sa relation avec Aspen. Elle est son seul pilier et c’est pour ça qu’elle a accepté de partir avec lui ». Je me prends la tête entre les mains, une expression horrifiée sur le visage. Et si ce type était dangereux ? S’il était un fanatique des armes à feu ou qu’il avait des tendances suicidaires et menacerait de faire du chantage à ma petite fille ? Il faut absolument qu’on le retrouve, et vite. De plus, savoir qu’il habite à Leith ne me rassure pas. J’ai un mauvais avis sur ce quartier, quoi que puisse en dire mon ex-femme. Et puis, avec notre chance, il ne manquerait plus que Ross soit justement dans la partie mal famée. « Toi tu penses qu’elle est ou alors ? Juste chez lui ? ». Mais notre fille aurait du savoir qu’on aurait fait des pieds et des mains pour la retrouver, en interrogeant sa soeur en premier lieu. Tôt ou tard, nous aurions les informations nécessaires sur ce petit copain, alors pourquoi prendre le risque de rester chez lui ? Ceci dit, pour une fille amoureuse, j’imagine que ce genre de questions ne se pose pas.

Je n’ai pas envie de toucher à l’ordinateur, on a déjà assez bafoué l’inimité d’Aspen pour ça et je ne me vois pas aller reposer comme si de rien n’était la boite de préservatifs dans sa table de nuit, quitte à ce qu’elle me déteste pour cela. « En dernier recours. Et puis on ne connais pas son mot de passe » dis-je, pensif. Peut-être le nom d’un des poissons de compagnie qu’elle avait eu quand elle était plus jeune. Une de nos date de naissance, ou bien celle de sa rencontre avec Ross, que nous ignorions du coup. Je propose plutôt d’aller directement au lycée lors de la dépose de Farah, et la chose est acquise. Entre temps, il faut s’occuper des deux autres enfants de la maison ce que nous faisons avec la tête dans le vide. Arrivés au lycée, notre cadette se détache dans l’optique de rejoindre son amie mais Freya l’intercepte en lui demandant de nous montrer ceux de Ross. Elle me demande de rester dans la voiture et moi qui était prêt à bondir pour interroger les deux adolescents en oubliant que nous transportions Oscar à l’arrière, je me rattache avec une moue contrite. Je la regarde leur parler en me grattant la barbe et en tapotant de l’autre main sur le volant pour marquer mon impatience. « C’est parti pour aller trouver un immeuble bleu dans la rue principale de Leith » répétais-je avec lassitude quand elle revint avec l’information dans l’habitacle. Je ne savais même pas quelle était la rue principale de Leith, mais il ne devait pas avoir des maisons bleues partout non plus. D’un accord tacite, nous attendons que Farah ai passé les grilles au milieu des autres adolescents et que celles-ci soient refermées pour démarrer la voiture.

J’ai activé la navigation sur le tableau de bord mais je conduis un peu à l’aveuglette, peu concentré sur la route. J’ai tout un tas de scénarios pires les uns par rapport aux autres qui se chevauchent dans mon esprit. J’essaie en même temps de repérer les bâtiments, m’arrêtant à chaque coin bleu de maison alors que nous ne sommes même pas encore dans le bon quartier. Lorsque c’est enfin le cas, je suis encore plus vigilant. J’arrête la voiture au premier immeuble pouvant correspondre et sans laisser l’opportunité à Freya de me devancer, je saute une fois le contact rompu et je me jette sur la sonnette de la porte d’entrée. Une fois, deux fois, avant de cogner à la porte en demandant s’il y a quelqu’un mais pas un bruit. Je relève le nom figurant sur la boite aux lettres. « Essaie Ross Golberg sur facebook » dis-je à ma femme en revenant à l’intérieur. Je continue à rouler jusqu’à la maison suivante, ou une femme en robe de chambres m’informe qu’il n’y a aucun jeune garçon de ce nom là ici. Ainsi de suite jusqu’a ce que nous nous arrêtions devant la dernière maison de la rue. Une jolie petite propriété de famille, sur plusieurs étages, avec un micro-jardin sans prétention. Des volets bruns à la peinture un peu écaillée, un vélo rose avec des roulettes dans la mini courette, des boites aux lettres d'ou sortent de la publicité « J’ai un pressentiment » j’annonce à Freya en me mordillant la lèvre. Ma main vient chercher sa cuisse et je la presse délicatement pour me rassurer. Je souffle un peu, jusqu’a ce que je vois la porte d’entrée sortir et un grand garçon, avec une tignasse en brosse, sortir, un sac à dos bleu très abimé sur une épaule. Ni une ni deux, je m’extirpe une nouvelle fois du véhicule pour aller l’apostropher. Avec véhémence, je traverse la rue dans l’idée de lui faire cracher le morceau de l’endroit ou il séquestre Aspen. Lorsqu’il me voit, il fronce les sourcils en faisant un pas en arrière, les clés toujours en main. Il faut juste que je les récupère, que j’aille chercher ma fille qui doit surement être enfermée dans la chambre du fond, au mieux. « Ton prénom, c’est Ross ? » j’interroge lorsque je suis arrivé à lui. « Euh, ouais. Vous êtes qui ? » répond t-il en posant dans un premier temps un regard surpris sur moi. « Je m’appelle Saul Zinderstein. Je pense que vous connaissez ma fille, Aspen. Ou est-elle ? Vous êtes au courant qu’elle n’a que seize ans ? Je vais porter plainte contre vous vous savez ! ». Je pose mes poings sur mes hanches, me ravissant de la pâleur qu’est en train de prendre son teint. Eh ouais petit malin, tu t’attendais à ce que ça soit plus facile de me prendre ma fille, hm ?





 
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Jeu 14 Déc - 22:28
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Saul commence un peu à s’agacer. Ce n’est pas bon, pense Freya. Perdre son sang froid n’est jamais bon. Dans pareille situation, il convient de garder les idées claires. C’est souvent plus facile à dire qu’à faire, elle le sait bien. Même elle a commencé à sombrer après l’appel du proviseur avant de se ressaisir. Leur fille, malgré la crise d’adolescence qui la guette, ne ferait rien d’inconsidéré ni de dangereux. Elle est bien élevée et surtout, très raisonnable. Enfin, elle l’était. Elle était raisonnable. Toutes les certitudes que Freya pensait avoir sur Aspen viennent de s’écrouler telles un château de cartes sous la tempête. Ross est visiblement d’une très mauvaise influence, ou alors un très bon manipulateur. Dans les deux cas, cela n’augure rien de bon. Edimbourg est une grande ville, Aspen a disparu depuis le matin même. Elle pourrait être n’importe où, elle pourrait même avoir pris un train ou un car vers une autre ville du Royaume Uni. Le pays est vaste. Elle préfère garder cela pour elle et ne pas partager sa crainte avec son ex-mari pour ne pas le faire paniquer plus qu’il ne panique déjà.

Elle hausse les épaules. Elle n’en sait pas plus que lui. La seule à avoir un tant soit peu d’informations à propos de Ross est leur fille Farah mais celle ci commence à en avoir marre de l’interrogatoire qu’elle subit. Freya comprend. Ce n’est pas à elle de prendre pour les bêtises de sa sœur. Enfin, bêtises. Freya n’est même pas sûre que cela en soit une. « Je l’ignore, chéri. Je n’ai pas plus d’informations que toi. » Il devrait bien le savoir, il était là quand elle a déboulé chez elle à l’heure de la pause déjeuner. Elle entoure son poignet de ses doigts, doucement, pour l’intimer à se calmer. Ils doivent être en mesure de réfléchir correctement s’ils veulent avoir une chance de retrouver Aspen avant la nuit. « On va amener Farah à l’école, comme on l’a dit. Là bas, il y aura bien quelques uns de leurs amis. » Les adolescents ne se confient plus à leurs parents, ils se tournent vers leurs amis. Parce qu’ils ont le même âge, les mêmes problèmes. Ils sont semblables. Mais si Aspen ne s’est même pas confiée à Ciara, qui est sa copine depuis la maternelle, à qui l’a t-elle fait ? Et comme Saul, Freya se refuse à fouiller dans l’ordinateur de sa fille. Ils ont suffisamment violé son intimité pour aujourd’hui.

Toute la famille grimpe donc en voiture. Oscar, loin de toute considération, babille joyeusement dans son siège auto. Bientôt, le biberon sera digéré et il s’endormira comme un bienheureux. Freya est silencieuse, elle scrute chaque silhouette dans l’espoir de trouver celle de sa fille mais en vain. Elle espère qu’elle sera revenue à la raison et la retrouver devant les grilles du lycée, à papoter avec ses amis. Mais là encore, c’est un espoir vain. Aspen n’est pas plus là qu’à arpenter les rues. Farah lui indique la bande de copains de Ross et ceux ci lui donne une information un peu plus concrète : un immeuble bleu dans Leith. Remontant en voiture, où Saul l’attendait en rongeant son frein, elle lui indique ce qu’elle vient d’apprendre. Sans demander son reste, il prends la direction du quartier résidentiel presque pied au planché, après que leur seconde fille ait passé les grilles de l’établissement scolaire dans lequel elle est inscrite.

La conduite de Saul est loin de ressembler à celle de d’habitude. Il n’est pas concentré, il zigzague un peu et plusieurs fois, il freine au dernier moment. Freya se dit qu’elle aurait du prendre le volant et le laisser étudier les constructions qui jouxtent la rue. Il s’arrête à chaque volet bleu. Elle n’ose pas lui dire que, si cela se trouve, c’est un tuyau percé qui ne mènera à rien. Peut être que les amis ont dit ça pour que Freya les laisse tranquille ou pour protéger la fugue des deux amoureux. Une fois enfin dans Leith, il arrête la voiture et il en bondit comme un diable saute de sa boite. Freya fronce les sourcils et observe son mari s’acharner sur une porte. Depuis ici, elle peut entendre la complainte du bois sous la paume du photographe. Il dépense de l’énergie à tord, elle baisse un peu la tête. Et quand il revient, lui donnant un nom à taper dans le moteur de recherche d’un célèbre réseau social, elle se rend à l’évidence : c’est chercher une aiguille dans une botte de foin. « Tu ne crois pas qu’on devrait alerter la police ? Elle pourrait être n’importe où et… Ok, je vais essayer. » Finit elle par capituler, devant la détermination qu’elle lit dans le regard de son ex-mari. Saul s’arrête ensuite devant toutes les maisons de la rue, allant jusqu’à interroger une dame qui sortait chercher son journal, encore en robe de chambre. « Ross Golberg, cela pourrait correspondre. L’âge et l’établissement scolaire. Les photos sont réservées aux personnes abonnées en retour. » Tout semble à croire que ce Ross est celui qu’ils recherchent, ou peut être pas. Les autres recherches demandées ne portent malheureusement par leurs fruits. La main de Saul vient chercher sa cuisse et ce contact la rassure. Elle lui adresse un sourire en retour et ils continuent ainsi jusqu’à la dernière maison de la rue.

C’est une habitation typique du Royaume Uni. Toute en hauteur, avec un petit jardin devant et des volets bruns qui auraient besoin d’un coup de peinture. « Tu penses qu’elle est là ? » La rue n’est pas des plus jolies mais elle ne semble pas mal famée non plus. Plutôt habitée par la classe ouvrière moyenne. Un jeune garçon sort de la maisonnette et Saul lui saute dessus comme un chien sur une côte de bœuf. Le dénommé Ross n’a pas le temps de réagir, qu’il le menace déjà, Freya l’entend depuis l’habitacle. Détachant Oscar de son siège auto et le serrant contre elle, elle remonte à son tour l’allée dans l’optique d’aller calmer le jeu. « Pardonne mon mari, nous sommes très inquiets. Je m’appelle Freya, je suis la mère d’Aspen. Nous la cherchons depuis ce matin. Sa sœur nous a dit que tu étais son petit ami. Personne ne portera plainte contre personne, on aimerait juste que tu nous dises ce que tu sais. » Le regard de Ross oscille entre Saul et Freya, son sac bleu pourri sur l’épaule et le dos presque collé à la porte. Lui aussi, semble inquiet. « On est venus ici, c’est vrai. On devait se retrouver chez moi avant d’aller chez mon cousin, à Rosyth. On pensait pas y rester pour toujours, juste quelques temps, tout les deux. Aspen voulait me dire quelque chose mais on s’est disputés. Elle est partie. J’ai voulu l’appeler mais elle ne réponds pas. Je… Je suis désolé, Monsieur et Madame Zinderstein. Je voulais pas tout ça. » Freya sent le sol s’ouvrir sous ses pieds. Aspen pourrait se trouver n’importe où.



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Jeu 14 Déc - 23:19
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Je monte en épingle les choses, m’imaginant mille scénarios catastrophes dans lesquels ma petite fille a été enlevée contre son gré et forcée à nous écrire pour qu’on ne la recherche jamais. Heureusement, ma femme a des tentatives pour me calmer même si je ressens bien qu’elle n’en mène pas large non plus, surtout depuis la découverte des préservatifs et la mention des enfants par notre benjamine. Elle tempère, propose d’attendre la fin de l’heure de déjeuner et le retour de cette dernière au collège pour interroger d’autres adolescents plus proches de ce Ross que Farah ne l’était elle même. Même si je ronge mon frein en m’occupant de la maison et des deux enfants, je n’ai jamais eu autant hâte d’être au départ pour l’école et je suis le premier installé dans la voiture alors que Freya finit à peine d’attacher Oscar dans son siège auto. C’est elle qui se propose de descendre pour faire le tour des amis d’Aspen et je suis là encore obligé d’attendre. Moi qui suis photographe, métier qui nécessite donc de la patience, c’est vraiment la dernière chose que je possède à l’heure actuelle. Je veux retrouver ma fille, et vite, avant qu’elle ne soit découpée en morceaux ou mise dans un avion direction la République Tchèque pour finir sur le trottoir.


Freya revient avec l’information de la couleur bleue de l’immeuble. C’est mieux que rien, et mieux qu’un simple bâtiment gris qui nous aurait demandé de nous arrêter à toutes les intersections. Direction Leath, je commence déjà à repérer même si nous ne sommes pas encore dans le quartier. A la première maison je saute pour aller frapper à la porte, revenant avec un nom trouvé sur la boite aux lettres. Je me penche sur Freya lorsqu’elle fait sa recherche. C’est une journaliste, elle sait comment faire, elle va trouver ça en moins de deux secondes. « Ross Golberg. Tu es mort mon coco » je siffle entre mes dents en reprenant la route. Toutes les autres recherches n’aboutissent à rien de probant, alors pour l’instant, c’est lui qui reste ma meilleure option, du moins, jusqu’a ce nous trouvions une place devant une autre maison bleue. De là, un jeune sort, du profil correspondant à celui du beau-gosse populaire avec les filles, mais sûrement un peu voyou aussi. Un jeune premier, avec sa coupe pleine de gel là. « Oh oui, un très mauvais pressentiment » je confirme lorsque j’ouvre la porte pour aller à sa rencontre. Il est étonné de me voir, il pensait sans doute que je mettrais plus de temps à le retrouver, mais la volonté d’un père peut déplacer des montagnes. Sitôt qu’il me confirme son identité, je le presse un peu plus contre la porte de sa maison en lui parlant de la police en espérant que cela va le persuader de tout nous révéler, mais mon ex-femme s’interpose me forçant à me décaler et à ranger mes menaces au fond de ma poche.

Sur les interrogations de ma journaliste d’épouse, Ross finit par nous avouer ce qu’il sait et je vire blanc comme un linge. « Elle n’est pas là ? » je demande, effaré, en essayant de contourner le jeune pour atteindre la porte et vérifier la réalité de ses dires. « Elle est ou ? » Je m’agite, avançant et reculant et tournant la tête de tous cotés. « Elle est ou ? » je crie encore plus fort, et c’est à mon tour de faire pleurer Oscar. Tremblant, je recule, descend les quelques marches du perron, presque à m’arracher les cheveux de la tête. « Aspen ! ». Je hurle, comme si elle pouvait m’entendre. Avec un peu de chance, elle n’est partie que depuis quelques minutes et elle est encore dans les parages, maudissant son petit-ami pour la dispute qu’ils venaient d’avoir. Mais rien. Il n’y a rien, évidemment. Je reviens vers eux, interrogeant le jeune du regard. « Est-ce qu’elle pourrait être partie seule, chez ton cousin ? ». Ross tourne la tête lui aussi. A bien y regarder, il a les yeux rouges, comme s’il avait pleuré. Ou alors c’est dû à la drogue. Ou à l’alcool. « Je… je sais pas. Oui, elle pourrait. Elle avait manifestement de quoi se payer un billet de train » répond t-il. Je n’avais même pas pensé à regarder dans la tirelire d’Aspen ou dans mon portefeuille si de l’argent me manquait. « Est-ce que je peux… ». D’un air penaud, il nous montre son sac en faisant un signe de tête vers la rue. Comme il n’y a rien de plus à tirer de lui, je le laisse passer, jetant un regard perdu à Freya. « Je crois qu’on va plus avoir le choix d’appeler la police ». Dépité, je retourne tête basse à la voiture et m’assois au volant en appuyant mes bras et ma tête sur ce dernier.

Je reste un long moment dans cette position, jusqu’a ce que les portières du véhicule claquent et qu’elle s’installe à coté de moi. J’aurai dû garder le téléphone de Ross. Il aurait pu être auditionné par la police lui aussi qui aurait vu que l’affaire était grave et sérieuse et nécessite l’intervention d’une patrouille pour sillonner la ville. « Tu devrais peut être demander à ta mère si elle peut garder les enfants ce soir » lui expliquais-je en prenant moi même mon téléphone pour composer le 101. J’expliquais la situation en ligne, parlant du mot retrouvé dans la chambre, des affirmations de Farah et de Ross, exprimant une nouvelle fois mon inquiétude. Je trouvais à l’appareil une oreille mesurée et non alarmiste, qui me demanda une tonne d’informations, ce qui commença légèrement à m’agacer. J’avais juste l’impression de ne pas être pris au sérieux. Je leur communiquait les numéros d’Aspen et de Ciara, des Sutherland, de Rhéa, du proviseur du lycée et même de Yadriel, au cas ou notre fille aurait eu l’idée d’aller se planquer chez l’un ou chez l’autre, puis raccrochait. « Ca ne fait que quelques heures. Il faut attendre » résumais-je, dépité. Je ne savais pas comment nous pourrions faire. J’étais prêt à faire le tour de la ville en voiture pendant des heures si cela pouvait être utile, mais aucunement à attendre que les choses se fassent. La situation était grave, notre fille était peut-être en danger de mort ! « On essaie la gare ? » suggérais-je en allumant le contact, attendant que Freya finisse sa communication téléphonique.





 
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Ven 22 Déc - 9:14
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Assise dans l’habitacle de la voiture familiale, Freya laisse son esprit vagabonder. Elle pense à Aspen, à l’enfant joyeuse qu’elle était. Sa première née, le bébé qui a fait d’elle une mère. Quand ses yeux se sont posés sur sa frimousse, après que le gynécologue l’ait lovée au creux de ses bras pour un peau à peau mère/fille, Freya s’est juré de la protéger quoi qu’il arrive. Envers et contre tout. C’est ce que sont censées faire les mamans non ? Toujours est-il qu’elle a échoué. A plusieurs reprises, en plus. Si elle a fait de son mieux pour prendre soin de ses filles lors des années d’absence de Saul, elle n’a pas été parfaite. Il y a eu le soir où la coupe a débordé et durant lequel elle s’est sauvée sans un regard en arrière. Puis la guerre froide avec son aînée pendant les deux années qu’auront duré leur divorce. Elle pensait, à tort visiblement, que les choses étaient sur la bonne voie. Depuis la virée familiale à Disney et surtout, depuis l’annonce de leur remariage prochain. Les parents Zinderstein ont une volonté de ressouder les liens de leur famille.

Ce sont les éclats de voix émanant du perron de la petite maison bleue qui tirent Freya de ses souvenirs. Saul n’en finit plus de s’agacer et de perdre son sang-froid. Il a commencé alors qu’ils erraient dans la rue en lui faisant taper tous les patronymes des boites aux lettres sur le moteur de recherches d’un célèbre réseau social. Et là, il s’en prend à un jeune homme sans qu’ils ne soient certains à cent pour cent que ce soit bien le petit ami de leur fille. Elle bondit de la voiture, Oscar dans les bras, pour remonter l’allée à leur rencontre. Il ne sert à rien d’envenimer un peu plus les choses et d’aggraver la situation. Freya doit user de tous ses talents de journaliste d’investigation pour réussir à tirer une bribe d’information au jeune homme, acculé contre sa propre porte d’entrée. Il répond aux questions qu’elle lui pose, après avoir expliqué calmement. « Merci, Ross. Quoi qu’il en soit, la fuite n’est jamais une solution. Si vous avez des problèmes, vous auriez dû venir nous en parler. Nous nous efforçons d’être… » Elle est interrompue dans sa leçon de moral par un Saul que l’inquiétude rend agité. Si Freya a réussi à reprendre le contrôle de ses émotions, ce n’est clairement pas le cas de son mari.

Et c’est au tour d’Oscar de se mettre à pleurer. Il hurle à pleins poumons, fâché d’avoir été dérangé pendant sa sieste. En levant simplement les yeux, elle peut se rendre compte que quelques commères du quartier sont déjà à leurs fenêtres, à observer pour ensuite se ruer sur leurs téléphones et tout raconter aux copines. « Saul, chéri… Calme toi. Cela ne sert à rien de crier comme ça. Si elle avait voulu nous parler, elle aurait répondu au téléphone. » Tout au mieux, si elle est cachée dans l’abri de jardin, elle a dû se mettre à courir dans le sens inverse. Freya aussi est inquiète, notamment depuis que Ross leur a indiqué qu’ils prévoyaient de se rendre à Rosyth, chez son cousin. C’est un garçon qu’Aspen ne doit surement pas connaître, savoir sa fille à la merci d’inconnus lui arrache un frisson. Et un glapissement dépité quand Ross avoue qu’Aspen a suffisamment sur elle pour payer un ticket de train. Saul autorise l’adolescent à partir, il a de toute façon rien de plus à dire. « Oui, je crois aussi. » Freya aurait aimé ne pas en arriver là. Saul retourne à la voiture et elle reste un instant dans l’allée de la maison. Elle regarde les rideaux qui pendent aux fenêtres de l’étage en essayant d’éviter d’imaginer sa fille saucissonnée dans un placard ou attachée au bois d’un lit.

Son fils s’est rendormi contre son épaule quand elle rejoint à son tour l’habitacle de la voiture. Elle l’installe dans son siège auto et place un petit plaid doux sur lui pour qu’il n’ait pas froid. Ses gestes sont d’une tendresse infinie alors que ses joues sont peu à peu inondées des larmes qu’elle n’arrive plus à retenir. Son mari, lui, est penché sur le volant. Elle passe une main rassurante dans son dos. « Je vais le lui demander. Je vais en profiter pour l’avertir de la fuite d’Aspen. On ne sait jamais, des fois qu’elle aille chez eux. » C’est un maigre espoir qu’elle nourrit. Que sa mère lui dise que l’adolescente s’est réfugiée chez eux. Ses mains tremblent tellement que le contenu de son sac manque de se déverser sur le tapis de la voiture. Finalement, elle parvient à attraper son portable et Elisabeth Sutherland répond presque à la première sonnerie. Freya lui expose les évènements de la journée en essayant de ne rester le plus claire possible. Elle remercie sa mère et finit par raccrocher. « Elle n’est pas chez mes parents. » Elle préfère ne pas relever ce que Saul vient de lui dire. Elle sait que c’est la procédure mais on parle d’une adolescente de quinze ans. Dieu seul sait où elle est, avec qui et ce qu’elle fait.

« Faisons ça, oui. Et après nous emmènerons Oscar chez mes parents. Maman se charge de récupérer Farah à la sortie du collège. » Saul démarre le moteur et la voiture s’engage dans le trafic édimbourgeois. Freya regarde sur son téléphone de quelle gare partent les trains pour Rosyth. « Prends la direction de l’Edimbourg Gateway. Il n’y a que depuis cette gare qu’il y a des trains pour Rosyth. » A supposer qu’Aspen ait quand même décidé de s’y rendre, même sans son petit ami. Le trajet depuis Leith leur prend un bon petit quart d’heure. Aspen est à pieds, du moins elle est supposée l’être. Il lui aurait fallu une bonne heure pour effectuer tout ce trajet depuis chez Ross. Peut-être qu’elle y est encore. La gare semble être flambant neuve. Plusieurs quais mais, un simple coup d’œil leur permet de voir qu’il n’y a personne ici. Le hall est vide et le prochain train pour Rosyth ne part pas avant plusieurs heures. « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On cherche un employé pour lui demander s’il l’a vue ? » Oscar dans les bras, elle fait un tour sur elle-même en recherchant l’accueil. Ils ne peuvent pas se permettre de perdre du temps à attendre, chaque seconde est comptée.



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Ven 5 Jan - 22:16
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Bien. Il faudrait que je garde mon calme. Mais la placidité de Ross m’agace, j’aimerai vraiment qu’il comprenne la dangerosité de la situation. Ma fille a seize ans, elle n’est pas majeure, elle n’a absolument pas l’âge de trainer seule dans les rues aussi loin de la maison, ni même d’envisager de prendre le train pour se rendre en dehors d’Edimbourg. Freya, si elle est tout aussi inquiète que moi, arrive à rester calme, et j’admire son self-control sur la situation. Elle essaie d’être compréhensive, et ne semble absolument pas fâchée que le petit-ami de notre fille ne l’ai pas un minimum retenue. Je sais bien qu’Aspen a tendance à n’en faire qu’a sa tête, c’est une adolescente en pleine rébellion, et qui n’aime pas qu’on lui dicte sa conduite. Je me demande quel avait pu être le sujet de dispute entre eux qui arrive à un tel degré de conclusion. Après, il n’était pas exclu que notre fille soit revenue à la maison après cela, et qu’elle ai trop honte pour nous prévenir qu’il n’y avait plus besoin de la chercher. Tant pis, je préférais qu’elle ai honte plutôt de l’imaginer à des centaines de kilomètres de là, livrée à elle même. C’est entendre Oscar pleurer qui m’incite à réduire mon ton de voix et à ronger mon frein, d’autant que ma femme essaie de me contrôler. Elle a cet effet là sur moi, et je la laisse finalement mener la fin de l’interrogatoire. Quand Ross nous a tout appris, je quitte les lieux, après un dernier regard mauvais sur lui.

Il y a un silence digne d’une église lorsque nous nous retrouvons à nouveau tous les trois dans la voiture. Voyant le nombre de solutions se réduire drastiquement, je comprends qu’il est temps de signaler notre inquiétude à la police. Aspen a déjà fait le mur une fois par le passé, ils prendraient donc peut être la menace au sérieux. En aucun cas, je ne pense qu’elle soit allée chez ses grand-parents car je suis persuadé que ces derniers nous auraient appelé, même si notre ainée les avait supplié à genoux de ne pas le faire. Je récapitule mon entretien avec le policier au téléphone tandis que Freya confirme mes soupçons. « Cela m’aurait étonné » je marmonne d’une voix grave en allumant le moteur. J’ai proposé la gare et elle accepte. « Ok, super. Je ne m’arrêterai pas de la chercher, dussé-je le faire toute la nuit ». Cela me rend presque malade d’imaginer que notre fille ne puisse pas rentrer à la maison avant le matin. Elle irait obligatoirement chez une copine de classe, non ? Elle devait savoir que nous avions téléphoné à sa meilleure-amie. Finalement, si elle voulait être retrouvée, elle en avait toutes les possibilités.

Je suis les instructions de ma femme quant au chemin à prendre, en avançant à l’allure d’un escargot pour pouvoir étudier les traits de tous les piétions. Malheureusement, aucune adolescente seule ne semble errer dans les rues d’Edimbourg. Arrivés à la gare, nous détachons une nouvelle fois Oscar avant de nous précipiter vers les quais. Là encore, aucune trace d’Aspen. Soit elle a déjà pris le train, soit elle n’est jamais venue ici. Avec un simple geste de la tête vers Freya, je me dirige vers la borne d’accueil la plus proche. Heureusement, il n’y a personne qui attend. « Est-ce que… est-ce qu’une jeune fille, environ seize ans, cheveux bruns ondulés, pas très grande, vous aurait acheté un billet pour Rosyth cet après-midi ? » demandais-je à l’employée derrière le Plexiglas. Cette dernière secoue la tête, demande à une collègue qui s’approche et nous jette un drôle de regard. « Non, personne ne répondant à cette description n’est venu pour cette raison. Pourquoi ? C’est votre fille ? Elle n’est pas un peu jeune pour prendre le train toute seule ? ». J’ouvre la bouche pour répondre mais face à cette remarque cinglante je bafouille un « non rien je suis désolé » avant de rebrousser chemin. Un signe de tête négatif à Freya et nous voilà tous les trois, plantés comme des piquets au milieu du hall. Je cherche sa main pour la serrer dans la mienne. « Allons déposer Oscar » je décide à contre-coeur, en reprenant le chemin du parking.

Cette fois, je demande à Freya de conduire. J’ai envie de rappeler son téléphone, mais aussi le proviseur, Ciara, n’importe quel parent d’élèves dans sa classe. En même temps, je me refait le fil des derniers jours dans la tête. Aspen ne m’avait pas paru différente de d’habitude. Elle était toujours affectueuse avec moi, elle rentrait pour faire ses devoirs dans sa chambre et oubliait parfois l’heure du diner. Peut-être qu’elle sortait moins et qu’elle était plus présente sur son téléphone, mais c’était le comportement typique d’un adolescent, pas de raison de craindre quoi que ce soit. Arrivés chez mes beaux-parents, je ne cherche pas à m’éterniser. Ils ont conscience de la situation et récupèrent leur petit-fils avec joie. Elisabeth réaffirme qu’elle ne manquera pas de nous contacter si elle a connaissance d’un élément nouveau et sur cette bonne parole, nous revenons à la voiture. « Il ne nous reste plus qu’a sillonner les routes. Peut-être qu’elle s’est arrêtée dans un bar ou au mcdo, mais c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin ». C’est la réalité de la chose, elle pourrait être partout et avec n’importe qui, et cette pensée m’angoisse. Aussi, avec Freya, nous ne perdons pas de temps. Tout le reste de l’après-midi, nous déambulons, tantôt dans le centre, tantôt en banlieue, revenant même du coté de Leath. J’appelle même l’hôpital pour savoir si quelqu’un leur a amené une adolescente dans l’après-midi, mais la standardiste nous répond sur un ton désolé que personne ne correspondant à la description d’Aspen n’a été admis aux urgences. Maintenant, la nuit est tombée. La police a rappelé pour savoir si nous avions des nouvelles et j’ai avoué que non. Prenant enfin la chose au sérieux, ils nous envoient deux personnes à la maison pour nous interroger sur les habitudes de notre fille. « Espérons qu’elle soit rentrée, et que tout cela s’arrête » dis-je, plein d’espoir.  





 
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Lun 15 Jan - 16:10
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Hurler comme le fait Saul à cet instant précis est proprement inutile. Freya comprend l’inquiétude et l’angoisse qui étreignent son mari, elle les ressent aussi. Simplement, s’époumoner dans le vide ne va rien arranger, au contraire. Aspen risque de prendre peur et de s’enfuir du côté opposé. Et puis, si elle avait voulu leur parler elle serait rentrée à la maison ou elle aurait, au minimum, décroché son téléphone. Sans compter que les cris du père ont fait pleurer le fils. A eux trois, ils viennent d’ameuter toute la rue et déjà, Freya voit des rideaux se soulever sur des silhouettes curieuses. Elle n’est pas mécontente que Saul autorise enfin Ross à s’en aller, de toute façon il ne leur apprendra rien de plus qu’ils ne savent déjà. Il n’en sait pas plus et il n’a pas été fichu de retenir Aspen. Mais quand Aspen a quelque chose dans la tête, c’est très compliqué de la faire changer d’avis. La petite famille retourne donc à la voiture, en ayant l’impression d’avoir fait le chemin jusqu’à Leith pour pas grand-chose. Une maigre information qu’ils vont devoir vérifier.

Après un appel à sa mère pour lui expliquer la situation, Freya s’enquiert des possibilités pour se rendre à Rosyth. Depuis Edimbourg, seule une petite gare propose des trains plus ou moins régulièrement dans la journée. Elle en donne l’adresse à Saul afin qu’ils s’y rendent. Le temps que dure le voyage, elle scrute la moindre silhouette sur le trottoir. « On va finir par la retrouver avant la nuit. » Elle essaie de se convaincre plus qu’elle ne veut convaincre son mari. D’après ce qu’il vient de lui dire, la police ne prends encore pas la disparition au sérieux et ils vont devoir se débrouiller seuls. Elle n’a que seize ans, et encore tout juste. Elle les a fêté en août dernier. Dans son siège auto, le petit dernier de la fratrie semble s’être calmé et il règne dans l’habitacle un silence aussi glacial qu’un vent hivernal. Machinalement, elle ressert les pans de son manteau contre elle même tandis qu’ils arrivent à la gare d’Edimbourg Gateway. Ils finissent par aller au guichet et tandis que Saul parle, Freya reste un peu en retrait avec leur fils. De son côté, elle observe les quais de la gare. Elle s’approche un peu de la voie numéro 3, celle depuis laquelle le dernier train pour Rosyth est sensé partir mais personne ne s’y trouve. Le dernier espoir de retrouver Aspen dans cette gare s’envole quand l’employée confirme que non, personne n’a vu l’adolescente. Saul s’excuse un peu et finalement s’éloigne, après un dernier regard en direction des quais, elle en fait de même.

Les revoilà au point de départ. La seule piste qu’ils avaient vient de s’envoler en fumée et ils ne savent plus où chercher. Edimbourg est vaste et elle pourrait se trouver n’importe où. Peut être même qu’elle a pris un autre train depuis une autre gare. Ou même qu’elle a cherché à prendre un avion jusqu’en Californie. Non, ça c’est improbable. Elle n’a clairement pas les sous nécessaires pour un tel achat à moins d’avoir vidé son compte épargne. Quand Saul prend sa main, elle serre ses doigts entre les siens. Cela la rassure de le savoir à ses côtés pour affronter cette épreuve. La deuxième en peu de temps. A la demande de son mari, elle s’installe à la place du conducteur et enclenche le moteur. Elle prends machinalement la route de chez ses parents et ne cherche pas à se faire payer le thé quand ils déposent Oscar. Un dernier baiser dans les cheveux doux de son fils et ils remontent tous les deux en voiture. Deux de leurs enfants sont en sécurité et ça, c’est quelque chose qui la rassure. Elle n’a d’inquiétude que pour Aspen. « On peut faire tout les macdo de la ville. Il faudra bien qu’elle mange de toute façon. » Elle manque de s’étouffer quand elle imagine sa fille seule, dans les rues sombres et dangereuses, sous la pluie qui commence et avec l’estomac vide. A la merci de n’importe qui. Et puis, il faut bien commencer quelque part. Elle enclenche la première dans l’optique de se rendre dans le fast food le plus proche mais le téléphone de Saul sonne. C’est la police qui rappelle et qui prends enfin la chose au sérieux. « Je l’espère, moi aussi. » Changement de cap, Freya prends le chemin de leur domicile.

Une fois à la maison, elle ne peut s’empêcher d’appeler leur fille dans l’espoir fou qu’elle réponde et qu’elle les accueille avec tout l’entrain que peut avoir une jeune fille de seize ans. Mais il n’y a que l’écho de sa voix pour lui répondre. Elle laisse tomber son sac dans l’entrée avant de se traîner jusqu’au canapé pour attendre les deux policiers qui sont sensés venir. « Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir leur dire ? Tu as remarqué quelque chose d’inhabituel, toi ? Moi elle ne m’a rien dit mais tu sais… C’est toujours un peu compliqué entre nous. » Elle hausse les épaules et lentement, laisse les larmes rouler sur ses joues. Elle ne peut s’empêcher de se sentir coupable. Elle se lève d’un bond quand les policiers finissent par venir se présenter à leur porte et essaie de se donner une bonne mine pour les accueillir.



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