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Poppy Bridges
Poppy Bridges
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Like a bridge over troubled water - Ryan 4c9g
Occupation : Sage femme au Royal Infirmary
Âge : 29 Quartier : Un petit appartement à Leith, qu'elle partage avec son fils de deux ans
Situation familiale : Veuve, mère d'un petit Isaac de deux ans. En couple avec Alistair.
Date d'arrivée à Edimbourg : Décembre 2022
Don : Est-ce que vous savez le bruit que fait une âme quand elle quitte un corps ? Non ? Moi, je le sais. Et je vous jure que ça n'a rien de plaisant. Quand un corps meurt, l'âme hurle. C'est un déchirement, c'est un miroir qui vole en éclat. C'est un papier qu'on froisse, c'est un caillou qui crisse sous une semelle. C'est tout ça à la fois. Je les entends, moi, toutes ces âmes torturées, arrachées trop tôt à leur enveloppe charnelle. Pas toutes, heureusement. Uniquement celles victimes d'un assassinat.

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Ven 6 Oct - 11:55
Like a bridge over troubled water
J’observe mon téléphone. L’écran s’est éteint depuis le temps. Je me suis laissée glisser le long du mur et je suis là, assise au milieu du couloir. Mes joues sont humides et mon mascara s’est fait la malle, il a laissé des sillons noirs sur ma peau beaucoup trop pâle. C’est l’effervescence à l’hôpital. Et moi, je suis là. Les doigts serrés sur mon smartphone. Le regard dans le vague. Imperméable au monde qui m’entoure. Dans ma tête, Joshua hurle encore et encore et encore. Depuis l’aveu de ma malédiction à Alistair, il ne me laisse aucun répit. Mais pour ne pas faire plus de dégâts à notre relation fragilisée, je n’ai rien pris. Quelques gommes à la mélatonine pour m’aider à m’endormir et mon sommeil est morcelé. Je ne me suis toujours pas décidée à appeler le confrère dont il m’a donné le nom et il va falloir que je le fasse. Dans le brouillard de mes larmes et le brouhaha des cris qui me vrillent le crâne, j’entends qu’on m’appelle. Je lève la tête et je repère une chevelure un peu blonde. Je tente un sourire mais quand la personne parle, je prends soudainement conscience que ce n’est pas lui. Il n’est pas là. C’est Andy qui est penché sur moi, un peu trop prévenant. Prenant appui sur le mur pour me relever, je le congédie d’un geste de la main. Je vais bien.

La porte des toilettes claque derrière moi et j’ai juste le temps de me pencher pour rendre le contenu de mon estomac. Je ne vais pas bien. Il n’y a pas que ma santé mentale qui est défaillante, ma santé physique également. Je ne mange presque plus et le peu que j’ai avalé aujourd’hui vient de finir au fond de la cuvette. Du revers de la main, j’essuie ma bouche et c’est au tour de mon rouge à lèvres de s’estomper. Je me suis maquillée pour essayer de paraître moins translucide que je ne le suis. C’est loupé. Je reste un peu là, à reprendre mon souffle par des inspirations longues et maîtrisées. Parfois, cela marche mais je doute que cela suffise aujourd’hui. Je ferme les yeux, j’essaye de me rappeler les caresses d’Alistair contre ma nuque mais tout ce que je me mets en tête, c’est que cela n’arrivera plus jamais. On ne s’est pas vraiment disputé mais, comme Joshua me l’avait dit, il n’a pas été très réceptif quand je lui ai dis ce qu’il m’arrivait. Je crois que j’ai besoin de papa.

Je me passe un coup d’eau quand je daigne enfin réapparaître. Je ne regarde pas le reflet que me renvoie le miroir, je préfère m’épargner ça. Ma garde est terminée depuis une bonne demie-heure déjà et je prends machinalement le chemin de la crèche mise à disposition des employées pour y récupérer mon petit garçon. Je suis plutôt douée quand il faut donner le change même si là, c’est compliqué. J’attrape Isaac et j’écoute à demi ce que me dit la puéricultrice. Il a dormi, mangé, joué. Il s’est un peu bagarré avec Fantine, la fille de l’oncologue, parce qu’ils convoitaient la même voiture. Je réprimande un peu, pour la forme. Je n’aime pas la bagarre. Nous filons ensuite, direction la petite voiture que je me suis décidée à acheter. C’est une petite citadine d’une marque française, d’une jolie couleur violette. Je l’aime bien, elle est bien suffisante pour moi et Isaac. Il babille gentiment à l’arrière quand nous prenons la route direction l’appartement de papa. Je sais qu’il ne travaille pas aujourd’hui.

Je gare ma voiture dans la rue et j’extirpe mon fils de son siège auto. Il est excité et il saute presque de mes bras quand il reconnaît l’endroit. Alistair a raison, Isaac n’a pas besoin d’une mère droguée ou morte ou en prison. Je dois aller mieux, ne serait-ce que pour lui. Même si je me console en me disant qu’il ne sera jamais seul et qu’il a le meilleur grand-père qui soit. Ryan est un père formidable, je sais qu’Isaac serait bien traité et bien élevé avec lui. Nous grimpons les marches et Isaac pousse la porte d’entrée sans y avoir été invité. « PAAAPIIII » Son cri résonne dans le salon alors qu’il court déjà après Shadow qui s’enfuit en miaulant. La pauvre bête.

L’écran de mon smartphone s’allume, j’ai reçu un mail. C’est la convocation au tribunal, je le sais sans l’ouvrir. Le procès s’ouvrira à la fin du mois et ma présence est requise. Je n’y croyais plus et c’est arrivé. Ils l’ont trouvé. Le meurtrier de Joshua. Je ne sais pas si cela est pour ça qu’il se trouve dans un tel état d’excitation, me bouffant toute mon énergie. Je n’ai pas bougé d’un millimètre, je suis comme une potiche encore avec ma blouse d’hôpital sur le dos et mes joues noircies du mascara qui a coulé. Il faut que je parle à papa. Que je lui dise tout mais je sais que je vais renoncer. Alistair m’évite depuis et j’ai peur que papa agisse de la même manière. Je n’ai jamais autant détesté ma mère qu’aujourd’hui, sans elle rien de tout ceci ne serait arrivé. Je lève les yeux quand je vois enfin la silhouette de mon père apparaître en haut des marches. Je ne suis plus sage-femme, plus la mère de mon fils, plus la petite-amie d’un pédiatre. Je ne suis plus rien d’autre qu’une enfant qui a besoin du soutien de son père. « Salut. » Je marmonne. Et je fonds en larme, encore.



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Ryan Bridges
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Occupation : Inspecteur adjoint
Âge : 49 Quartier : Banlieue de Wester Hails
Situation familiale : Divorcé, père de 2 enfants
Date d'arrivée à Edimbourg : Novembre 2022
Don : Lorsqu'il se trouve sur le lieu d'un crime, il se retrouve transporté au moment des faits. Plus rapidement il sera sur place, et plus il pourra assister à la scène dans sa globalité tel un spectateur impuissant qui ne peut rien faire si ce n'est assister à la scène sans pouvoir intervenir. A contrario, plus le temps se sera écoulé entre le moment du meurtre et celui ou il se rend sur la scène de crime et moins il verra de choses. Si le meurtre s'est déroulé il y a plus de 72h, son don ne se déclenchera pas.

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Dim 29 Oct - 11:16
Like a bridge over troubled water
   La télé était allumée dans le salon pourtant vide de toute présence humaine et diffusait pour la énième fois un vieille épisode de "Chapeau melon et bottes de cuire", une vieille série des années 60 avec Diana Rigg et Patrick Macnee. D’ordinaire, Ryan allumait que très rarement la télévision. S’affaler sur le canapé à regarder des émissions débiles dans un semi-coma c’était pas son truc. Quand il était chez lui, ou en congé, il préférait sortir faire un tour en moto ou boire un verre dans un bar quelconque quand il ne le passait pas avec sa fille ou Isaac. Mais aujourd’hui c’était particulier, il était perché sur un tabouret entrain d’accrocher quelques décorations pour Halloween rien que pour Isaac. Quand il était gosse, avec son frère, Halloween était leur fête préféré et la raison n’était pas difficile à deviner. C’était l’occasion pour eux de faire une gargantuesque récolte de bonbons, bien plus qu’ils n’en n’aurait jamais au cours de l’année et en prime ils avaient même le droit de faire des conneries quand certaines personnes étaient peu enclines à se soumettre à cette tradition pourtant ancestrale, mais il fallait bien être honnête à ce sujet, ça arrivait une année sur sept, soit quasiment jamais de tomber sur un grincheux récalcitrant. Pour les déguisements, ils ne roulaient pas sur l’or bien que leur situation s’améliora nettement dès lors que sa mère ne fasse la connaissance de celui qui allait devenir son beau-père et qui aurait une influence certaine dans sa vie,. Malgré tout, même quand ils n’étaient que tous les trois, leur mère se faisait toujours un point d’honneur à leur confectionner des déguisements, que ce soit avec de vieux draps usagés pour jouer les fantômes, ou de vieux vêtements. Ce n’était pas grand-chose et pourtant pour eux c’était un peu comme une veille de Noêl et cela suffisait à leur bonheur. C’est qu’elle était très douée avec une machine à coudre entre les mains.

Aujourd’hui l’époque était différente et moins difficile. Les gosses avaient de super costumes, les décorations qui ornaient les maisons ou les rues de la ville étaient lumineuses, époustouflantes même, mais le plaisir lui, était toujours le même. C’était le premier Halloween qu’il fêterait avec Isaac alors il y avait mis du sien, comme pour Noël l’an passé.
D’ordinaire, Ryan appréciait le calme, le silence ne l’avait jamais dérangé c’était même tout le contraire, il aimait ça, se retrouver avec lui-même et ses pensées. Mais quand il devait faire des travaux manuels ou qu’il se retrouvait à faire de la décoration, comme en cet instant, il aimait avoir un bruit de fond dans l’appartement pour l’accompagner.
Descendant de son tabouret, il se recula légèrement tout en posant les mains sur ses hanches et regarda le résultat de son travail d‘un œil critique. Une guirlande de papier avec de rigolo petits monstres traversait la pièce principale, adorable petit Casper gonflé à l’hélium flottait au plafond du salon, une toile d’araignée avait envahit la bar. Bar sur lequel était posée une citrouille encore dans son sac qu’il avait acheté le matin même et qu’il creuserait ce soir.
Bon c’était pas si mal tout ça, il ne restait plus qu’à acheter quelques bonbons et tout serait pret.
Satisfait, il se retourna en entendant une petite voix bien familière hurler tout en poussant la porte. Un sourire était déjà apparu sur ses lèvres avant même d’apercevoir le petit Isaac qui à peine la porte franchit, pourchassait déjà Shadow. Le chat noir, loin de se laisser faire et beaucoup plus leste et rapide que l’enfant, avait trouvé refuge en haut du frigo d’un seul bond, se rendant ainsi inaccessible à celui qui désirait tant l’attraper pour lui faire des caresses qu’il n’avait pas souhaité. Comme pour le narguer, le félin se pencha légèrement vers l’avant tout en fixant le petit garçon d’un air moqueur puis, satisfait, il entreprit de commencer sa toilette. Avant qu’Isaac n’ait le temps de chouiner, Ryan l’attrapa et le fit voler dans ses bras. Oublier presque aussitôt sa déception, les éclats de rire du petit garçon se mit à résonner dans l’appartement. Il n’était pas prévu que sa fille passe mais c’était le genre de surprise qu’il adorait. Portant toujours Isaac dans ses bras, il lui montra le ballon qui avait la forme de Casper et qui flottait dans le salon. L’enfant tendit le bras mais le petit garçon était bien trop petit pour l’attraper, alors Ryan tendit à son tour le bras, attrapa la ficelle et la remis dans la main de l’enfant qu’il déposa ensuite dans le salon. Ravi, Isaac se mit à déambuler tout en tirant son ballon derrière lui. Ne voyant toujours pas sa fille entrer, Ryan se dirigea vers la porte d’entrée, s’imaginant trouver sa fille montant péniblement les escaliers, les bras chargés de courses. Il pensait lui prêter main forte mais contrairement à ce qu’il avait pensé, si Poppy se trouvait bien là, en haut des marches, elle n’était chargée d’aucun paquet si ce n’était son sac de ville. Elle portait encore son uniforme de travail mais au-delà de la surprise de la trouver là ainsi, immobile, son sourire s’effaça immédiatement de son visage en réalisant que sa fille pleurait à chaude larmes. Devant lui, se tenait non pas sa fille ou la mère d’Isaac, mais la plus malheureuse créature que la terre eut porté. Aussitôt, il se précipita sur elle et la prit dans ses bras tout en déposant un baiser paternel sur le haut de son crâne pour tenter de la réconforter et lui faire comprendre qu’il était là pour elle. Quelque que soit son age, elle resterait toujours sa petite fille, et elle pourrait toujours compter sur lui. Il n’avait pas réfléchit à ce qu’il faisait, il n’avait posé aucune question, comme toujours avec lui, il avait laissé son instinct prendre le dessus sur sa raison. Son enfant était en détresse, il était pour elle c’était tout ce qu’il y avait à savoir. Gardant un œil sur Isaac pour s’assurer qu’il ne sortait pas dans le couloir et ne tombe accidentellement dans les escaliers, au bout de quelques minutes, il se détacha de sa fille et l’entraîna avec douceur en direction de l’appartement

- Allez viens, lui avait-il murmuré, on s'ra mieux à l’intérieur.

Il avait refermé la porte derrière elle, puis, prenant sur lui pour ne pas se laisser gagner par l’inquiétude, il chahuta avec son petit-fis, afin qu’Isaac ne ressente pas leur tourment. Après l’avoir attrapé et couvert de chatouille, il lui proposa de regarder son dessin animé préféré dans sa chambre. Heureux, l’enfant leva ses bras vers le ciel et balbutia un « Pat patouille » tout en suivant son grand-père dans l’autre pièce.
Après avoir installé le petit garçon sur son lit, calé entre son doudou et un coussin, Ryan alluma son ordinateur et lança les aventures préférés du petit garçon. Une fois son émission lancé, l’enfant ne fit même plus attention à son grand-père qui s’éclipsa en refermant doucement la porte derrière lui pour revenir au salon où l’attendait sa fille, qui telle une statut de cire n’avait pas bougé d’un millimètre. S’approchant d’elle, il la prit à nouveau dans ses bras et tenta de la consoler. Il pensait connaître la raison de ses larmes. Il savait que l’assassin de Joshua, feu le mari de sa fille, avait enfin été arrêté et allait être jugé pour meurtre. La date du procès avait été enfin fixé et il avait immédiatement posé congé pour accompagner sa fille et la soutenir dans cette nouvelle épreuve. Une éprouve douloureuse certes, mais nécessaire qui allait lui permettre d’avancer et de clore l’un des chapitres les plus malheureux de vie.

- Tu veux en parler ? Lui proposa-t-il



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Don : Est-ce que vous savez le bruit que fait une âme quand elle quitte un corps ? Non ? Moi, je le sais. Et je vous jure que ça n'a rien de plaisant. Quand un corps meurt, l'âme hurle. C'est un déchirement, c'est un miroir qui vole en éclat. C'est un papier qu'on froisse, c'est un caillou qui crisse sous une semelle. C'est tout ça à la fois. Je les entends, moi, toutes ces âmes torturées, arrachées trop tôt à leur enveloppe charnelle. Pas toutes, heureusement. Uniquement celles victimes d'un assassinat.

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Lun 13 Nov - 9:51
Like a bridge over troubled water
Je me demande ce que j’ai fais de mal. Je me demande quelle personne affreuse j’ai été dans mes vies antérieures. Il y en a forcément une dans laquelle j’ai merdé. Je devais être une personne horrible pour que je le paie de cette manière maintenant. Ou alors, c’est parce que je ne suis pas une bonne fille, parce que je me suis sauvée d’Abergavenny en emmenant mon fils. Il y a une explication, cela ne peut pas être autrement. Cela ne peut pas être la faute à pas de chance. Je refuse que ça soit tombé sur moi sans qu’il n’y ait une raison à cela. Les voix détruisent tout ce qu’il y a de beau dans ma vie. Elles m’isolent, menacent de me rendre dingue. Peut être que je le suis déjà. Peut être, qu’à l’heure qu’il est, je suis ficelée à un lit abrutie par les calmants et que tout ceci n’est que le fruit de mon imagination. Un moyen de m’évader. Non, je ne dois pas penser comme ça. Est-ce que je pense encore, d’ailleurs ? Si je commence à ne plus distinguer la réalité et les songes, je vais vraiment finir par me retrouver enfermée. Et j’aurais tout perdu. Pas seulement mon petit-ami. Papa, Isaac aussi, mon job, le peu d’amis que j’ai. Tout.

Je lève une main devant mes yeux tandis que j’attends que l’auxiliaire de puériculture aille chercher mon fils. Je compte méthodiquement mes doigts. Il paraît que, dans un rêve, on a jamais cinq doigts. Je ne sais pas si je suis rassurée ou non. Être perdue à ce point m’effraie. Ma main est toujours devant mon visage quand l’employée arrive avec Isaac. Je vois bien le regard qu’elle pose sur moi, j’entends les murmures quand je passe dans les couloirs. Poppy la nouvelle. Poppy la bizarre. On se demande vraiment ce qu’il lui trouve. Là encore, j’ignore si c’est la réalité ou bien si mon esprit malade déforme tout. Cela ne m’étonnerait pas. Ma tête va exploser et je ne suis absolument pas apte à rester seule. J’attache mon garçon dans la voiture et je prends la direction de l’appartement de mon père. Il avait dit qu’il déménagerait de son quartier un peu moche mais il l’a jamais fait. Alors c’est là que je vais. Dans les rues qui se ressemblent toutes, aux façades ternies par les gaz qui s’échappent des pots d’échappement.

Je me gare sur une place en bas de son immeuble et l’excitation d’Isaac à voir son papi n’a d’égale que celle de Joshua qui s’excite de plus en plus. Depuis la nouvelle de l’arrestation de son meurtrier, et du procès qui approche, il n’est intenable. Et c’est un cercle vicieux. Plus je vais mal, plus il a de l’emprise sur moi. Mais plus il a de l’emprise, plus je vais mal. Je m’en sortirai jamais. Alistair a raison, je devrais me faire aider mais j’ai tellement peur de finir enfermée. Isaac a besoin de sa mère, lui qui est né sans père. Il n’a pas demandé à avoir une maman à la santé mentale aussi fragile. Lentement, au rythme de mon fils et aussi parce que je peux pas aller plus vite, je grimpe les marches jusqu’au logement de mon père. Celui qui a été le mien quelques semaines avant que je ne parte vivre avec Nicole. Puis que je doive encore déménager. Maintenant, je vis seule dans un appartement d’une taille correcte pour nous deux. Je devrais être heureuse d’avoir mon chez-moi, de vivre avec mon enfant mais la nuit, le silence me terrifie. L’obscurité m’effraie. Et tout est troublé par les ricanements monstrueux de feu mon mari. De son vivant, il était un homme doux et aimant. La mort l’a transformé. J’essaie de me persuader que ce n’est pas lui mais, avec seulement sa voix, c’est compliqué.

Nous avons passé la porte et Isaac court déjà après Shadow. L’animal trouve refuge sur le réfrigérateur et moi, je regarde la scène sur le pas de la porte. L’espace d’une seconde, je songe à la refermer, à laisser Isaac et son grand-père profiter l’un de l’autre sans moi. Je ne suis pas d’une bonne compagnie en ce moment. La silhouette imposante de l’inspecteur Ryan Bridges apparaît en haut de l’escalier. Je tente un sourire mais ce n’est qu’une crise de larmes de plus qui déforme mon visage. J’essuie mes joues avec le revers des manches du pull que je porte sur ma blouse. Je n’ai même pas pris le temps de l’enlever, je suis bonne pour la laver. Nous ne sommes pas sensés porter nos tenues en dehors de l’enceinte de l’hôpital. Papa remarque bien vite que quelque chose ne tourne pas rond. Il attrape Isaac et l’emmène dans sa chambre, pour qu’il puisse regarder son dessin animé préféré. C’est l’assurance d’avoir une bonne heure devant nous pour discuter, si ce n’est plus. D’habitude, je m’oppose au fait qu’il passe autant de temps devant un écran. Mais aujourd’hui, je n’en ai pas la force. Ni même l’envie.

Je sursaute presque quand mon père passe ses bras autour de mes épaules et je le laisse m’entraîner jusqu’au bar. Tout le temps que cela dure, je laisse mon regard vagabonder dans la pièce. Je sais que papa a décoré pour faire plaisir à son petit-fils, il ne l’aurait pas fait sinon. Comme à Noël. Le petit Casper qui flotte au milieu du salon est vraiment mignon et l’araignée dans sa toile pas vraiment effrayante. Sur le comptoir, il y avait une énorme citrouille qui ne demandait qu’à être creusée. Avec la chair, il est possible de faire une soupe que j’adore. Réconfortante, surtout si on met des éclats de noisette dessus. Je penche un peu la tête, j’imagine le repas qui mijote sur le coin du feu, Isaac qui joue avec des cubes en bois dans le salon. Moi assise sur mon canapé, un verre de vin à la main, en pleine discussion avec un homme dont je ne vois pas le visage. Je secoue la tête, encore une fois, rêve et réalité s’amalgament. Papa revient dans le salon et moi, je n’ai absolument pas bougé d’un iota. Je suis toujours là, plantée comme une godiche, le ballon en forme de fantôme aspirant toute ma capacité de concentration.

Un pas après l’autre, je m’approche du bar et je me hisse sur un tabouret haut. Mes doigts tripotent distraitement la toile d’araignée. Cela m’empêche de divaguer encore. « Je vais devoir retourner à Abergavenny. » Je frissonne à la seule idée de devoir y retourner. Je n’en ai pas envie mais je n’ai guère le choix. « Ils l’ont trouvé. Celui qui a... » Les mots ne sortent pas. Je sais qu’Isaac ne m’entend pas et qu’un jour viendra, je vais devoir lui expliquer pourquoi son papa n’est pas là. « Le procès a lieu à la fin du mois. » Je sors mon téléphone dans ma poche avec mes doigts tremblants et je pousse l’appareil en direction de mon père pour qu’il puisse constater par lui-même.



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Mar 12 Déc - 12:54
Like a bridge over troubled water
   Voir Poppy s’effondrer ainsi en larmes lui brisait le cœur. Sa fille était pourtant une enfant pétillante, pleine de vie, mais depuis que son mari avait injustement perdu la vie, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Ses sourires étaient fades, son teint pâle, elle paraissait souvent distraite, fatiguée ou soucieuse, même la présence d’Isaac ne parvenait pas à chasser totalement ses démons. Il l’avait soutenu quand elle lui avait signifié qu’elle quittait Abergavenny pour venir s’installer ici, dans la capitale écossaise avec lui. Prendre un nouveau départ, repartir de zéro, commencer un nouveau boulot, se faire de nouveaux amis, une nouvelle routine, … s’éloigner de cette ville qui lui avait tout pris. Pourtant, un an plus tard, il n’était pas certain que ce changement d’environnement ait réellement porté ses fruits. Elle n’allait pas plus mal, du moins en apparence, mais on ne pouvait pas dire qu’elle allait mieux. Du moins, pas comme il l’avait espéré.  
Mais aujourd’hui, il y avait une raison à son désarroi et sa tristesse, et il se doutait bien laquelle. On l’avait averti que l’assassin de son gendre avait enfin été arrêté et qu’une date avait été fixé pour le procès. Une nouvelle épreuve attendait sa fille. Ce ne serait pas facile, il le savait déjà, mais ça lui permettrait de terminer son deuil, et d’enfin, pouvoir tourner la page. Du moins, il l’espérait. Comme il s’en doutait, d’une voix cassée et tremblante, sa fille lui expliqua qu’elle allait être obligé de retourner à Abergavenny. Aucun des deux ne souhaitait y retourner pourtant, ils le feraient, car il ne pouvait en être autrement. Posant sa grande main réconfortante sur la sienne, il lui offrit un pauvre sourire.  

- Je sais, se contenta-t-il de lui dire dans un murmure. Tu s'ras pas toute seule dans cette épreuve.  

Le comment du pourquoi n’avait aucune importance, du reste, il n’était pas bien compliqué de se douter qu’il suivait cette affaire de prêt et qu’il avait des contacts qui le tenait régulièrement informé. Non, ce qui importait c’est qu’elle ne serait pas seule. Elle pourrait compter sur le soutient de ses proches, à commencer par lui.  

- Je viendrais avec toi, et je resterais aussi longtemps qu’il le faudra. J’ai déjà pris mes disponibilités  


Que cela dure une semaine ou un mois (c’était peu probable mais au cas où), il resterait aussi longtemps que durerait le procès et surtout que Poppy aurait besoin de lui. Et aussi étrange que cela pouvait apparaitre, Amy était même prête à lui offrir l’hospitalité. Il ignorait encore s’il allait accepter ou refuser. Une partie de lui avait envie d’accepter pour être au plus près de sa fille et Isaac, mais une autre rejetait en bloc cette seule idée. Ce serait trop étrange de partager à nouveau le même toit avec Amy, et puis, il doutait fortement qu’ils sachent se tenir, malgré la meilleure volonté du monde, à un moment donné, que cela se compte en heure ou en jour, il se passerait quelque chose qui les inciterait à se sauter à nouveau à la gorge et franchement, Poppy n’avait vraiment pas besoin de ça.

- Viens là ...  

Et sans un mot de plus, il enveloppa sa fille de ses bras et la serra contre lui pour lui apporter un peu de réconfort. Il serait là pour elle, quoi qu’il arrive, aussi longtemps qu’il vivrait.  

- Tu s’ras pas toute seule. Il est grand temps que cet enfoiré paye pour ce qu’il a fait. Ce qu’il vous a fait à toi, Joshua et Isaac.  


Desserrant son étreinte, il se recula pour lui faire face de son pouce essuya les larmes qui coulaient sur son visage. Lui demander comment elle se sentait face à cette nouvelle épreuve était inutile, elle le portait sur son visage. Si on lui en avait donné l’occasion, Ryan n’aurait pas hésité une seule seconde à décharger ce fardeau des épaules de sa fille pour les mettre sur les siennes, mais il savait bien que ça ne se passait pas comme ça. Cette épreuve, c’était à sa fille de la surmonter, et aussi difficile qu’elle puisse être, aussi long et douloureux que ce serait, il serait là à ses côtés, à chaque étape.

- Si tu veux m’en parler, de ce que tu éprouves, de ce que tu ressens, de c’qui t’arrive, j’veux pas que tu hésites. J’s’rais toujours là pour toi, d’accord ? Et même si t’as pas envie de parler, j’suis là aussi.  


Quoi qu’il arrive, et même si elle le savait déjà, il éprouvait le besoin de la rassurer et de lui faire comprendre qu’il serait toujours là pour elle. Peut-être était-ce parce qu’elle ne lui avait jamais paru aussi fragile qu’en cet instant. Quoi qu’elle puisse faire, dire ou penser, il l’aimait d’n amour inconditionnel. Elle était son enfant, et ça, jamais rien ne pourrait changer l’amour qu’il lui portait.

- Restez ici ce soir. J'ferais d'la soupe à la citrouille, mais pour ça, il faut s’occuper d’elle avant, qu’est-ce que t'en dis ?
Lui proposa-t-il en lui tendant les instruments nécessaires pour la creuser  

Une manière vaine de lui changer les idées ? Peut-être bien oui. Mais aussi une manière de lui montrer que quoi qu’elle décide, il le respecterait. Elle n’était pas obligée d’en parler mais il ne voulait pas la voir partir seule, pas dans cet état. Pas tant qu’elle n’irait pas mieux.  



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Don : Est-ce que vous savez le bruit que fait une âme quand elle quitte un corps ? Non ? Moi, je le sais. Et je vous jure que ça n'a rien de plaisant. Quand un corps meurt, l'âme hurle. C'est un déchirement, c'est un miroir qui vole en éclat. C'est un papier qu'on froisse, c'est un caillou qui crisse sous une semelle. C'est tout ça à la fois. Je les entends, moi, toutes ces âmes torturées, arrachées trop tôt à leur enveloppe charnelle. Pas toutes, heureusement. Uniquement celles victimes d'un assassinat.

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Lun 8 Jan - 11:51
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De là où je suis, j’entends les premiers mots du dessin animé préféré d’Isaac. Chase qui est toujours prêt, Marcus tout feu tout flamme et Stella prête pour un petit tour dans les airs. Mes lèvres dessinent un sourire en balançoire mais j’ai juste envie de m’effondrer. Il ne le sait, du haut de ses deux ans, Isaac. Mon père s’occupe si bien de lui qu’il n’a jamais encore demandé après son propre père, absent depuis toujours. Un jour, je devrai lui expliquer. Un jour, je devrai dire à mon petit garçon qu’il est orphelin parce qu’un connard, pour être polie, a poignardé Joshua pour un billet de 20£. Parce que c’est tout ce qu’il avait dans son portefeuille ce soir là, vingt livres. Et parfois, je le maudis aussi, de s’être défendu pour si peu. Pourquoi ne pas simplement avoir tendu son bien et laisser l’homme repartir avec son maigre butin. On aurait refait les papiers, fait opposition sur sa carte de crédit et changé les serrures de la maison. Cela aurait été chiant et chronophage mais c’était préférable à ma situation. Et l’instant après, je m’en veux d’avoir pensé si égoïstement. Joshua s’est défendu parce qu’il était légitime qu’il le fasse. Personne ne devrait se laisser agresser sans essayer, un minima, de protéger ce qui est à soi. Mais voilà, ce soir là, l’homme était armé et mon mari s’est vidé de son sang sur un trottoir froid d’une rue d’Abergavenny.

Tandis que je me hisse sur le tabouret haut vers lequel mon père m’a entraînée, je me demande pourquoi moi. Qu’est-ce que j’ai fais, putain ? Ai-je été si mauvaise dans une vie antérieure que le karma a décidé de me le faire payer ? Pourquoi si cher ? J’aimais Joshua, de tout mon coeur. Et même s’il est devenu la voix aigrie et mauvaise de mon esprit, je pense qu’une part de moi l’aimera toujours. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’on ne peut aimer qu’une seule fois. J’en suis la preuve, Alistair aussi. Et les mots qu’il m’a dit le jour de notre dispute résonnent en moi. Il a promis qu’il serait là pour moi. Promis qu’il m’aiderait, pourtant je n’ai que peu de nouvelles. Je lui ai avoué mon don de l’enfer et il a fuit. Cela ne me donne pas envie de réitérer l’expérience. Il me faisait l’impression que je pouvais lui faire confiance. Peut être que je me suis trompée, peut être qu’il est trop pris avec ses propres soucis pour s’occuper des miens, peut être qu’il y a une autre femme sous son silence. Pourquoi mon bonheur à moi a systématiquement une date de péremption ?

Je quitte le ballon fantôme des yeux pour reporter mon attention sur mon père. Quand je lui apprend pour le procès, il me dit qu’il sait. Forcément qu’il sait. Papa sait tout. Papa, c’est mon héros depuis que je suis gamine. Isaac ne saura jamais ce que c’est et cela fait redoubler les larmes qui roulent sur mes joues trop pâles. Dans mon esprit, c’est le bordel. Joshua s’excite, hurle, s’insurge. Comment ai-je osé l’oublier si rapidement ? Est-ce que je vais me décider à parler de lui à notre fils ? Est-ce que, une fois le procès terminé, je vais tourner définitivement la page ? Pourquoi lui, il ne me laisse pas tourner la page ? Pour moi, pour Isaac. On a le droit à une vie paisible malgré ce qui est arrivé. Nous, nous sommes encore vivants. « Merci... » Je ne demande pas comment il le sait. Il doit avoir des contacts avec la police galloise. « T’es pas obligé, je vais avoir besoin de quelqu’un pour garder Isaac… Et puis, je vais passer du temps avec les parents de Joshua aussi et puis... » Je regrette mes mots aussitôt qu’ils sont prononcés. Je vais m’écrouler si papa n’est pas là. Je vais devoir donner mon fils à ma mère. Elle est une bonne grand-mère et je suis injuste avec elle. Mais tout ça, tout ce qui m’arrive, c’est en partie de sa faute. Si elle m’avait laissé parler du meurtre de John Doe, je n’en serais pas là. « Mais j’aimerais que tu viennes. » Il n’est pas obligé de rester aussi longtemps que moi. Je vais probablement avoir des papiers à faire, des trucs à signer et la mère de Joshua voudra que je reste avec eux.

Je me laisse volontairement faire quand il m’attire contre lui pour m’envelopper de ses bras rassurants. Petit à petit, mes larmes finissent par se tarir pour s’arrêter. Il ne reste plus que des sillons humides sur mon visage. Nous restons comme ça aussi longtemps que nécessaire. « Je sais pas ce que je ressens, ou ce que je suis sensée ressentir. Je suis contente que cet enfoiré aille enfin en prison. Je suis soulagée de pouvoir passer à autre chose mais cela veut aussi dire laisser partir Joshua pour de bon. » Aussi étrange que cela puisse paraître, c’était une manière de garder feu mon mari auprès de moi encore un peu. C’est un peu macabre dis comme ça et j’ai encore sa voix dans mon esprit. Mais le jour où elle va disparaître, j’en oublierai le son. Il ne me restera plus que des souvenirs qui s’effaceront eux aussi. Je me redresse quand il me lâche et je regarde le couteau qu’il me tend. « Je préfère que tu t’occupes de la découpe. J’ai pas franchement l’esprit à manipuler un truc pareil. Je préparerai la soupe. Et des cookies pour le dessert. » Je vais y perdre un pouce, c’est sur et certain. Et je n’ai pas envie de ça.

Je tapote la surface du bar tandis qu’il commence à régler son compte à la citrouille. La pauvre va finir avec un sourire effrayant et des yeux en forme de triangle. Isaac boudera la soupe mais fera une orgie de cookies. Moi je vais m’endormir sur le canapé comme à mon arrivée à Edimbourg, comme avant de trouver la colocation avec Nicole puis le petit appartement de Leith. « Je me suis disputée avec Alistair. » Je lâche, tout de go, dans un moment de blanc. Je crois que j’ai besoin d’en parler. Je ne sais pas encore comment je vais expliquer ça à mon père mais il me faut un avis extérieur, aussi subjectif soit-il.



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Occupation : Inspecteur adjoint
Âge : 49 Quartier : Banlieue de Wester Hails
Situation familiale : Divorcé, père de 2 enfants
Date d'arrivée à Edimbourg : Novembre 2022
Don : Lorsqu'il se trouve sur le lieu d'un crime, il se retrouve transporté au moment des faits. Plus rapidement il sera sur place, et plus il pourra assister à la scène dans sa globalité tel un spectateur impuissant qui ne peut rien faire si ce n'est assister à la scène sans pouvoir intervenir. A contrario, plus le temps se sera écoulé entre le moment du meurtre et celui ou il se rend sur la scène de crime et moins il verra de choses. Si le meurtre s'est déroulé il y a plus de 72h, son don ne se déclenchera pas.

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Mar 28 Mai - 21:02
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   Le procès serait une épreuve difficile, Ryan ne se faisait aucune illusion à ce sujet, mais aussi éprouvante serait-elle, elle était nécessaire car cela permettra à sa fille de tourner enfin la page sur cette tragédie. Le jugement et la condamnation qui s’en suivrait, allait lui permettre d’avancer et de laisser définitivement cette sombre histoire derrière elle. Tant que cet homme ne serait pas jugé, tant que l’assassin de son mari serait encore en liberté, une part d’elle-même serait dans l’incapacité d’avancer.
Ce drame aurait pu la détruire, littéralement, mais sa fille était parvenue à réagir et à faire ce qui était le mieux pour elle, à commencer par quitter cette ville dans laquelle elle avait vécu de si longues années. Elle y avait passé toute son adolescence, elle y avait ses amis, son travail, sa maison… c’était aussi là-bas qu’elle avait rencontré Joshua et qu’elle l’avait perdu. Pour sa propre survie, pour le bonheur d’Isaac et parce qu’elle ne désirait pas rester prisonnière de son passé et de cette ville aux trop nombreux souvenirs, Poppy avait choisi de plier bagage définitivement pour repartir de zéro et tout recommencer, ici à Edimbourg. Nouveau boulot, nouvelles relations, nouveaux amis,… Elle était même parvenue à ouvrir son coeur à un autre. Doucement, petit à petit, Poppy s’autorisait à vivre à nouveau et même à refaire sa vie. Ce qu’elle n’aurait probablement jamais fait ou du moins pas aussi rapidement, à Abergavenny où chaque coin de rue était chargé de souvenirs. A cela, se serait ajouté cette pression involontaire et inconsciente que la présence de leurs familles respectives aurait exercé sur sa fille. En leur présence, il ne faisait aucun doute qu’elle aurait eut la désagréable sensation de trahir le défunt et prise d’un sentiment de culpabilité qu’elle n’aurait pas du ressentir, se serait interdite de vivre à nouveau.

Malgré tout, bien que tout ceci était en apparence très encourageant, Ryan voyait bien que derrière ses sourires et ses paroles rassurantes, quelque chose n’allait pas. Elle était fatiguée, triste, perturbée. Après ce qu’elle avait vécu, il n’y avait rien d’étrange, on ne se remettait pas aussi facilement d’une telle épreuve, pourtant, son instinct lui soufflait que ce drame n’était pas la seule chose qui la perturbait.
Alors qu’elle lui assurait qu’il n’était pas obligé de venir avec elle, le regard de Ryan se mit à changer. Il y eut un éclair d’amusement qui passa dans ses yeux, accompagné d’un petit sourire entendu qui disait à lui seul « tu crois vraiment que je vais te laisser y aller toute seule ? ». Perdu dans son discours, les yeux fixés sur ses mains alors qu’elle lui assurait qu’elle pourrait se débrouiller toute seule, elle n’avait pas remarqué son petit changement d’expression qui trahissait à la fois tout l’amour et la tendresse qu’il lui portait. Néanmoins, à peine avait-elle essayé de se convaincre qu’il n’était pas nécessaire qu’il l’accompagne, qu’elle revint presque aussitôt sur ses paroles

- Tu n’as pas à me le demander, je serais venu toute façon
, lui assura-t-il en posant sa main sur la sienne dans un geste paternaliste, avant de la prendre dans ses bras pour lui apporter le réconfort dont elle avait besoin

Doucement, Poppy s’ouvrit à lui sur ses états d’âmes et ce qu’elle ressentait à l’idée de savoir que ce cauchemars allait enfin prendre fin. Bien qu’en apparence elle paraissait sereine, il devina qu’en elle s’était une véritable tornade émotionnelle qui s’agitait. Elle était à l’image d’une petite embarcation prise en pleine tempête qui se retrouve soulevé et malmené par la houle mais qui faisait tout son possible pour tenter de se diriger vers la lumière de ce phare qui se trouvait au loin.

- Il n’y a pas de réaction type à avoir,
la rassura-t-il alors qu’elle lui confiait qu’elle ignorait ce qu’elle était censée éprouver ou même comment réagir. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Chacun gère ses émotions à sa manière.

Ryan aurait préféré qu’elle ne vive jamais une telle épreuve, il ne savait que trop ce que c’était que de se voir arracher une personne que l’on aimait aussi violemment et injustement. Jamais il n’oublierait pour sa part cette porte qui s’était ouvert avec violence derrière lui alors qu’ils étaient tous à table. Jamais, il n’oublierait la présence de ces deux hommes armés, de ce coup de feu qui résonnait encore dans ses oreilles, de son père qui s’écroulait de sa chaise abattu d’une balle en plein coeur et des hurlements de sa mère…. Il n’avait que 4 ans à l’époque mais tout cela resterait gravé à jamais dans sa mémoire, alors que tout le reste, tout ce qui s’était passé avant ou après, restait flou dans sa mémoire. Au moins, dans son malheur, sa fille n’avait pas assisté à ça. Parce que c’était des images qu’on n’oubliait pas, mais 40 ans plus tard. Heureusement, elle n’était pas avec son mari au moment où ce dernier s’était fait attaquer, et Ryan en était sincèrement reconnaissant, sans quoi, ils ne seraient sûrement pas là pour en parler en ce moment…. Il déposa un baiser sur son front, soulagé de pouvoir la serrer encore dans ses bras, avant de reprendre.

- Il est temps de le laisser partir, autant pour lui que pour toi, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il ne fera plus parti de ta vie. Il sera toujours là, lui assura-t-il en désignant son coeur. J'sais que ça fait cliché de dire ça, mais c'que je sais aussi c’est qu’on n’oublie jamais les personnes qu’on a aimé et qui ont compté dans not'e vie même si elles ne sont plus là. Elles sont une part de nous, et puis, d’une certaine manière, il vit également à travers Isaac. Fermer ce chapitre de ta vie, ça ne signifie pas l’oublier, ça veut juste dire que tu peux désormais avancer plus sereinement sans être retenue par un passé trop présent.

Ryan pensait ce qu’il venait de dire, mais il se sentait en cet instant, aussi idiot qu’inutile. Tout d’abord parce qu’il se savait maladroit et démuni lorsque les personnes qu’il aimait cherchait du réconfort auprès de lui. Plus que tout, il souhaitait leur apporter le réconfort et l’apaisement qu’ils recherchaient en venant vers lui mais il fallait bien reconnaître que sortir les mots justes, avoir de beaux discours, ça n’avait jamais été son truc et quand il s’y essayait, il se sentait généralement ridicule. Quand elle était petite, et que Poppy avait un gros chagrin, il n’avait aucun problème pour la consoler, de gros câlins et des bisous faisaient l’affaire, aujourd’hui c’était différent. Mais il espérait au moins être parvenu à l’apaiser un peu même si au fond de lui, il en doutait. Finalement, faire la fête à cette citrouille allait lui permettre de changer de sujet et les idées de sa fille en même temps.

- T’as raison, c’est p’t-être Halloween mais on va éviter de laisser traîner du sang et des morceaux de doigts partout,
répondit-il avec amusement à sa boutade tout en s’attaquant à cette pauvre citrouille

Concentré sur sa tâche, il ne leva les yeux sur sa fille que lorsque cette dernière lui confia qu’elle s’était disputé avec Alistair. Fronçant les sourcils, il l’observa d’abord en silence. Il y avait donc de l’eau dans le gaz au paradis ? Surprenant. Il avait croisé pour la première fois son nouveau compagnon lors du déraillement du métro. Des circonstances particulières mais qui lui avait donné un assez bon a priori sur l’homme qu’il avait croisé. Une première impression qui s’était confirmé lorsqu’ils avaient partagé une pizza, ici même, sur son initiative. Il avait voulu apprendre à connaître un peu plus cet homme qui était entré dans la vie de sa fille, et tout semblait se passer à merveilles… Les larmes de Poppy, son désarroi évident,... il y avait bien sur la date du jugement qui avait joué un rôle primordiale, mais il n’y avait pas que ça de toute évidence.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda-t-il en continuant d’évider la citrouille tout en jetant des coups d’oeil alternatifs entre la citrouille et sa fille, pour voir ce qu’il faisait mais aussi pour écouter attentivement son récit.

S’étaient-il disputés à cause du jugement à venir ? Ça le surprendrait car il pensait que le toubib était prêt à lui apporter son soutient dans cette épreuve ? Etait-ce une chicane parce que Poppy avait les nerfs à fleurs de peau ? Peut-être. Silencieux, il l’écouta se confier






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Situation familiale : Veuve, mère d'un petit Isaac de deux ans. En couple avec Alistair.
Date d'arrivée à Edimbourg : Décembre 2022
Don : Est-ce que vous savez le bruit que fait une âme quand elle quitte un corps ? Non ? Moi, je le sais. Et je vous jure que ça n'a rien de plaisant. Quand un corps meurt, l'âme hurle. C'est un déchirement, c'est un miroir qui vole en éclat. C'est un papier qu'on froisse, c'est un caillou qui crisse sous une semelle. C'est tout ça à la fois. Je les entends, moi, toutes ces âmes torturées, arrachées trop tôt à leur enveloppe charnelle. Pas toutes, heureusement. Uniquement celles victimes d'un assassinat.

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Jeu 20 Juin - 15:39
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Être assise sur le tabouret haut me donne une excuse pour me prendre la tête entre les mains. Mes doigts cramponnent mes cheveux et je regarde droit devant moi. Je peux facilement passer pour une fille installée au bar de son père. Mon crâne me fait un mal de chien. Les cris de Joshua couvrent tout et je suis obligée de me concentrer pour comprendre ce que papa me dit. Je tente un sourire, cela doit ressembler à une grimace plus qu’à autre chose. Puis je ne tente plus rien parce que je n’ai pas envie de sourire. Je vais devoir affronter le procès et tout ce que cela implique. Bientôt, le visage de l’homme qui a tué mon mari, le père de mon fils à naître à l’époque, sera face au mien. Je le regarderai dans les yeux quand il expliquera, s’il l’explique, pourquoi il a fait ça. Quelles sont les raisons d’un homme pour le pousser à en tuer un autre ? Et je crois que je n’ai pas envie de les connaître moi, ces raisons. Elles ne ramèneront le père d’Isaac. Alors à quoi bon ?

Mais tout ceci, toute mon histoire, m’a amenée ici. A Edimbourg, dans une ville que j’apprends à connaître. J’ai même mon petit appartement désormais, Isaac y a une chambre que j’ai essayé de décorer du mieux que j’ai pu, malgré la taille de la pièce et la mansarde. Je tente, jour après jour, de me fonder une vie ici, loin de mes malheurs d’Abergavenny. Cette ville, de toute façon, je ne l’ai jamais aimée. Jamais. Dès le moment où maman nous y a traînés de force, moi et Milton, je m’y suis sentie mal. Cela s’est un peu amélioré avec l’arrivée de Joshua dans ma vie, c’est à cause de lui que j’y suis restée plus longtemps que prévu. Je me rappelle que j’avais une carte du Royaume Uni et j’y avais coché toutes les villes qui comprenaient un hôpital avec une maternité digne de ce nom. Le Royal Infirmary est un hôpital public et nous sommes clairement sous financés. Mais pour rien au monde je n’en changerais.

Je ne demande pas à papa comment il sait pour le procès. J’imagine qu’il a du l’apprendre au travail, quand mon nom est ressorti dans l’affaire. Enfin, à l’époque je m’appelais encore Poppy Acker. Je n’ai repris mon nom de jeune fille que lorsque mon veuvage a été acté par les autorités. Veuve à vingt sept ans, ce n’est pas quelque chose que l’on souhaite, même à sa pire ennemie. Pareil pour le procès, la vie de Joshua et l’anatomie du couple que nous formions vont être scrutés à la loupe et étudiés en long, en large et en travers. Comme ci cela changerait quelque chose si l’on venait à découvrir qu’il me trompait ou qu’il appartenait à une troupe de gladiateurs amateurs. Je sens mon père m’attirer à lui et me rassurer en me disant qu’il viendra et cela me rassure. Je vais devoir laisser Isaac à ma mère et cela m’enchante moins mais j’essaie de ne pas y penser. Je sais qu’Isaac adore sa grand-mère et je ne suis personne pour m’opposer à cela. « Merci. » Je murmure simplement, en me lovant contre lui avant de me redresser parce que la position est un peu inconfortable.

Il n’y a pas de réaction type et j’en suis bien consciente mais la mienne est confuse. Je ne sais pas quel tempo lui faire prendre, sur quelle symphonie me baser. D’un côté, je suis soulagée que cette histoire soit bientôt derrière moi mais de l’autre, je n’ai pas envie de faire face au procès qui m’effraie. J’écoute les mots sages de mon père tout en étant d’accord avec lui. Joshua n’est pas complètement parti, je chéris son souvenir tout comme il y a une part de lui en Isaac. Il est son fils, le prénom qu’il porte a été choisi par Joshua. Je préférais Abel et, au départ, Joshua avait cédé et accepté. Mais à sa mort, j’ai changé d’avis. Je ne regrette rien, le prénom d’Isaac comme un gant à ce petit filou. « Je dois avancer. Ne serait ce que pour mon fils. C’est pas un souhait, c’est une nécessité. » Je ne peux pas rester bloquée en arrière comme cela mais dès que je fais un pas, je recule de deux. Tout allait bien avec Alistair puis le château de cartes s’est effondré. Joshua me hurle que tout est de ma faute, qu’il ne reviendra pas et que personne ne voudra vivre avec une fille dans mon genre. Comme je n’ai absolument pas la tête à ce que je fais, je préfère que cela soit mon père qui se charge de la découpe de la citrouille. Au premier coup de couteau, je sens l’odeur de la courge m’arriver dans les narines. J’inspire profondément et les notes sucrées me rappellent la soupe qu’on faisait parfois à la maison. Douce et réconfortante, avec une pointe de crème. L’odeur du légume me rend nostalgique des jours heureux.

Papa ne relève les yeux de son labeur que lorsque j’évoque ma dispute avec Alistair. Il me demande ce qu’il s’est passé et c’était prévisible. Cela me donne l’occasion de parler de mes voix mais Joshua m’en dissuade. Il me rappelle, à juste titre, le silence de mon petit ami. Quoi que, je ne sais pas s’il l’est encore. Je ne suis pas assez lucide pour trouver un mensonge crédible et bien ficelé alors je hausse les épaules. Celles ci retombent mollement et je me retrouve à fixer le sol. « Je… J’ai pas trop envie d’en parler. » Mais c’est un peu bête, je lui donne une information pour le rabrouer ensuite. Et surtout, qui fait passer Alistair pour le salaud de l’histoire alors que ce n’est pas le cas. « Quand j’ai appris pour le procès, je suis allée boire un verre. Enfin, plusieurs. Si bien que mon ami Tom m’a ramenée chez Alistair complètement ivre. Et, voilà. » C’est terriblement raccourci parce que je ne veux pas entrer dans les détails comme je ne veux pas que mon père se fasse une fausse idée de Doc.

J’entends Isaac rigoler à l’étage, toujours plongé dans ses épisodes de la Pat Patrouille et cela me donne une excuse pour fuir une conversation qui risque de me percer à jour. « Je crois que je vais aller dire à Isaac d’arrêter et de descendre. Sinon il y sera encore demain... » Mon rire sonne faux et je me lève. Titubante là encore mais ce n’est pas à cause de l’alcool. Je suis fatiguée et mon estomac est vide.



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Occupation : Inspecteur adjoint
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Date d'arrivée à Edimbourg : Novembre 2022
Don : Lorsqu'il se trouve sur le lieu d'un crime, il se retrouve transporté au moment des faits. Plus rapidement il sera sur place, et plus il pourra assister à la scène dans sa globalité tel un spectateur impuissant qui ne peut rien faire si ce n'est assister à la scène sans pouvoir intervenir. A contrario, plus le temps se sera écoulé entre le moment du meurtre et celui ou il se rend sur la scène de crime et moins il verra de choses. Si le meurtre s'est déroulé il y a plus de 72h, son don ne se déclenchera pas.

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Mar 15 Oct - 20:37
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   Sa fille était une battante et en la matière elle avait de qui tenir, c’était une Bridges après tout. Son frère et lui étaient des survivants, chacun à leur manière, et à ses yeux, son frère avait énormément de mérite. L’assassinat de leur père, sous leurs yeux, les avait tous profondément choqués, que ce soit lui, sa mère ou son frère, mais pour Wayne cela avait été beaucoup plus difficile, peut-être parce qu’il était plus âgé, ou parce qu’il s’était donné la responsabilité de devenir le chef de famille alors qu’il n’était pourtant encore qu’un gamin… Se retrouver orphelin de père l’avait fait partir en roue libre. Ce fils aîné sérieux et obéissant s’était soudainement transformé en un rebelle qui ne respectait ni les couvre-feu, ni la discipline que leur mère tentait de leur imposer. Il pensait pouvoir s’affranchir de toutes les lois et faire ce qui lui chantait. Il était devenu une grande gueule, bagarreur, et personne n’avait intérêt à lui dire quoi que ce soit et encore moins à toucher à son frère sous peine de le regretter. Pour l’enfant qu’il était, Wayne était rapidement devenu un model à suivre. Il était trop jeune pour le comprendre mais l’attitude de son frère n’était en réalité que l’expression d’une fêlure, d’un mal-être et d’un traumatisme qui aurait très bien pu causer sa perte. Incapable de garder un job, il avait rapidement eut des problèmes avec l’alcool et les opiacés. Pourtant, et bien que cela ait mis beaucoup de temps et que ce fut la source de nombreux conflit entre eux, Wayne avait fini par s’en sortir. Ryan l’avait peut-être soutenu tout du long et à plusieurs reprises mais si son frère était parvenu à s’affranchir de toutes ses addictions, c’était à lui et à lui seul que Wayne devait cette victoire. S’il n’avait pas voulu sans sortir il n’y serait jamais parvenu. Son frère était revenu de loin et aujourd’hui son équilibre il l’avait trouvé auprès de sa fille qui n’avait que 10 ans. Mais si les Bridges étaient des battants, il ne pouvait nier qu’Amy, la mère de Poppy, n’était pas en reste, et en leur fille il pouvait retrouver cette détermination qui ne lui avait jamais fait défaut. Quand elle décidait quelque chose, rien ne l’arrêtait, un trait de caractère que sa fille avait hérité d’elle.
Posant une main paternelle sur celle de sa fille, il lui offrit un sourire qui lui faisait comprendre sans avoir besoin de le lui dire, qu’il était fière d’elle et qu’il la soutenait dans sa décision d’aller de l’avant. Elle avait raison, elle devait avancer et se tourner vers l’avenir, c’était une nécessité pour elle, pour son équilibre, son avenir à elle et Isaac. Leur vie ne devait pas s’arrêter parce qu’un déséquilibré leur avait volé l’être qui comptait le plus pour eux.

S’installer ici à Edimbourg avait été un premier pas vers ce nouvel avenir et de ce qu’il avait pu en juger, ça lui avait plutôt bien réussie. Elle semblait heureuse dans son travail, apprécier cette ville, s’être fait des amies,... elle avait même rencontré quelqu’un. Bon, il la trouvait très fatigué mais plusieurs raisons pouvait expliquer cette fatigue : le changement de rythme imposé par cette nouvelle ville dans laquelle elle n’avait plus sa belle-famille qui pouvait l’aider à tout moment avec Isaac, cette manière qu’elle avait de s’investir dans son boulot au point de se négliger, comme lui. C’était particulièrement criant quand ils avaient un problème. Que ce soit elle ou lui, ils redoublaient d’ardeur au travail pour ne pas y penser et se vider la tête de leurs soucis. C’était un peu leur manière de survivre et de surmonter leurs problèmes. Et puis il y avait Isaac, l’enfant avait beau être adorable, il était à un âge où il demandait beaucoup d’attention.
Il allait falloir que Poppy change de rythme et lève un peu le pied si elle ne voulait pas s’effondrer. Il comptait bien lui en parler, mais pour l’heure il préféra se concentrer sur la dispute qu’il y avait eut entre sa fille et cet homme qui état parvenu à se faire une place dans son coeur. Ainsi il y avait des nuages au paradis ? Quand il voulu en savoir plus, sa fille tenta un échappatoire, en lui expliquant qu’elle n’était pas très désireuse d’en parler et encore moins de s’étendre sur le sujet. Bon sang ! Parfois sa fille lui ressemblait un peu trop ! Consciente cependant d’en avoir trop dit, ou pas assez, elle fini par lui révéler honteuse, qu’elle avait un peu trop bu et qu’un ami à elle, dont il n’avait encore jamais entendu parler avant aujourd’hui, l’avait raccompagné chez Alistair qui n’avait visiblement pas apprécier de la voir dans cet état.
Plissant les yeux, comme s’il cherchait à lire en elle, Ryan su instinctivement qu’elle ne lui disait pas toute la vérité. Elle lui cachait quelque chose c’était une certitude. Fuyant son regard, elle prit le premier prétexte qui lui vint à l’esprit pour fuir cette conversation dont elle ne voulait pas mais qui était cependant plus que nécessaire. Qu’elle soit gênée de s’être retrouvée en pareille situation, il pouvait tout à fait le comprendre, cependant, et bien qu’il ne connaissait pas encore très bien le doc, il voyait mal le toubib se fâcher parce que Poppy avait tenté de noyer son chagrin dans l’alcool. D’autant plus qu’elle avait une bonne raison pour expliquer ce moment de faiblesse. Non, il y avait autre chose. Quelque chose qu’elle ne lui disait pas. Soit elle ne lui avait pas tout dit, soit… ce n’était pas la première fois que cela arrivait. Emprisonnant avec douceur son fin poignet dans sa main, il lui lança un regard qui était dépourvu de reproche mais qui laissait clairement entendre que ça ne marchait pas avec lui, cette petite excuse.

- Minute papillon. Laisse Isaac profiter de son dessin animé pour le moment.

Opérant une légère pression sur son bras pour l’inciter à reprendre place à côté de lui.

- Tu crois que ta mère et moi on n‘a jamais pris de cuite ? Et en toute franchise,
lui avoua-t-il en relâchant son poignet, j’comprend pourquoi tu l’as fait, c’est pas moi qui vais t’juger. Quoi qu’il se passe dans ta vie je t’aime et ça ne changera jamais. Maintenant, j’crois que tu ne m’dis pas tout. J’ai du mal à croire que vous vous êtes disputé simplement pour une simple cuite. Qu’est-ce qui va pas ? Parle-moi

Il désirait la voir s’ouvrir à lui, même si ce qu’elle avait à lui dire n’était pas très glorieux. Quoi qu’il arrive, peut importe son âge, elle resterait toujours sa petite fille, et il resterait toujours son père. Il avait également très envie d’en savoir plus sur ce type qui l'avait ramené. Etait-ce le hasard qui l’avait mis sur son chemin ou au contraire l’avait-il incité à boire ? Beaucoup de questions lui brûlait les lèvres pourtant il n’en formula aucune, préférant, pour le moment, la laisser s’ouvrir à lui sans la presser de questions





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