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Youlia Kourotchkine
Youlia Kourotchkine
Don't ever call me "Little Flower"
https://sinking-past.forumactif.com/t2616-just-a-kind-of-matriochka
Pseudo : Nagel / Thibonosaure.
Avatar et crédit : Emily Browning - Nuit.
CW : Harcèlement sexuel - langage vulgaire - sexe - anorexie - consommation de médicaments - trafic d'êtres-humains.
Messages : 71
We simply became Music | Ft. Aaliyah Walking-emily-browning
Occupation : Professeure vacataire, chargée de TD à l'université en relations internationales - doctorante en sciences politiques.
Âge : 34 Quartier : Chambre étudiante dans une résidence située non loin de l'université d'Edimbourg.
Situation familiale : Célibataire ; se considère comme orpheline et fille unique. Elle a en réalité un frère aîné.
Date d'arrivée à Edimbourg : Une première fois en 2015 ; puis revient en 2021.
Don : Aucun. Est encore soumise au don de son ancienne meilleure amie, Adalynn Grey, qui fait que celle-ci peut connaître toutes les émotions de Youlia à toute heure du jour comme de la nuit.

Couleur : #9900ff

We simply became Music | Ft. Aaliyah Empty We simply became Music | Ft. Aaliyah

Sam 26 Aoû - 13:58
WE SIMPLY BECAME MUSIC
   
Avril 2021.

Courent sur les touches bicolores d'un grand clavier qui semblait presque encercler la musicienne les doigts agiles de celles-ci. A chaque petit pas, un son jaillit et s'accorde en une douce mélodie. La petite scène est plongée dans une musique rouge tendance qui semble faire pleuvoir du sang sur la pianiste et la chanteuse qui l'accompagne. Autour d'elles, c'est l'effervescence et, même si peu de personnes font réellement attention à leurs compositions et prennent plutôt leur musique comme une douce acoustique qui vient accompagner leurs conversations mondaines ou leurs discussions plaisantines, les deux artistes font en sorte d'être à la hauteur de leurs prétentions. Elles ont prit place au Rat Pack Piano Bar ; une place tendance pour les amateurs de musique et de cocktails. Les entrées y sont chères ; pour les visiteurs, comme pour les artistes qui rêvent de s'y produire. La toute petite russe, obnubilée par le déferlement de ses doigts sur les touches éparses de son instrument, n'avait pas pour ambition de devenir la prochaine pianiste du moment, ni même de devenir une habituée du lieu ; contrairement à son amie, Adalynn qui, elle, même si elle ne se l'avouait qu'à moitié, adorait se laisser porter par le tempo et laisser libre court à ses émotions à travers les textes des plus grands jazzmen ou rockeurs du monde. Leur duo était incertain, parfois bancal ; le rythme ne tenait bon que grâce à leur rigueur mais les envolées lyriques n'avaient jamais retenues l'attention de personne. Elles s'étaient produites ce soir, pour la première fois, pour la dernière aussi sans doute. Youlia ne nourrirait aucune rancoeur vis-à-vis de cet échec. Ce fut une bonne expérience. L'occasion aussi de retrouver un piano. De pouvoir jouer. Peu lui importait qu'elle fut entendue.

Août 2023.

Non loin de l'université d’Édimbourg où avait élu domicile Youlia, en véritable ratte de bibliothèque et étudiante damnée, se trouvait une petite boutique de musique du nom de Varsity Music. Celle-ci, remarquable par sa façade rouge marquée qui dénotait assez clairement avec les vieilles bâtisses brunes d'Old Town, se situait juste en face du Festival Théâtre ; véritable château de verre où se produisaient divers artistes du monde du spectacle vivant et qu'elle allait voir, de temps à autre, avec Carson, lorsque celui-ci l'invitait de bon cœur. Du fait de ses maigres finances, la jeune brune n'était pas capable de se faire des petits plaisirs artistiques et se serrait la ceinture sitôt qu'elle avait payé son risible loyer auprès du propriétaire de l'immeuble où elle louait une chambre de bonne. D'ailleurs, c'était aussi en partie à cause de ses quelques dix mètres carrés qu'elle n'avait pas chez elle un piano. Alors, souvent, elle se rendait dans cette petite boutique située non loin de chez elle pour se changer les idées, pour se remémorer l'époque où le moindre de ses caprices était satisfait par l'argent sale de Nikita.

Après avoir fini d'aspirer toute la nicotine de sa cigarette, qu'elle égratigna alors contre le mur de briques de l'une des rues, elle fit quelques pas et arriva devant le magasin qui présentait derrière ses grandes vitres une multitude d'instruments : des bois comme des cuivres ; un somptueux assortiment de violons et de saxophones qui donnaient l'impression d'une fanfare invisible et inaudible. Un petit sourire aux lèvres, la blanche entra, accompagnée par le tintement de la sonnette à l'entrée afin de prévenir l'unique vendeur de l'arrivée d'un client. La russe était connue du lieu et, même s'ils avaient peu échangé entre eux, ils échangèrent un petit sourire en coin à la vue l'un de l'autre, comme pour se faire savoir qu'ils s'étaient reconnus, se signifier la bonne journée sans avoir à utiliser de la salive. Le commerçant, un petit bonhomme d'une cinquantaine d'années, portait, malgré la chaleur environnante qui asphyxiait Édimbourg tout entier, un petit pull vert à col qu'il avait eu la décence d'ouvrir légèrement par l'action d'une fermeture éclair. Il était juché sur son tabouret, comme à son habitude, son large nez trempant dans les pages d'un magazine de jazz. Sur son crâne, les cheveux commençaient à se faire rare et n'étaient plus désormais que deux rangées grisâtres se faisant face autour d'un no man's land qui servait d'artère principale à sa coiffure particulière.

S'enfonçant dans un couloir de l'étroite boutique, compressée par d'innombrables étagères présentant des instruments divers et variés ; classiques comme beaucoup plus exotiques, à l'image d'un djembé ou bodhran, au rayon percussions, la petite russe elle, avait opté pour un débardeur blanc over-size dans lequel surnageait son corps blafard et chétif ; et un pantalon de toile noire qui coulait le long de ses jambes. Ses cheveux, d'un brun clairsemé de quelques éclairs blonds, étaient brossés et encadraient parfaitement son visage marqué par l'apparition de ses pulpeuses d'un rouge éclatant qui contrastait grandement avec toute l'organisation de son corps quasi-cadavérique. Les mains dans les poches, la russe regardait sans mot dire les articles divers proposés par le vétuste vendeur mais, comme toujours, se laissa vite porter vers la fin du magasin où, dans un large espace qui tranchait nettement avec la caverne merveilleuse où tout se grimpait dessus, trônaient différents pianos de couleurs et de gammes diverses.

C'était à l'occasion de son arrivée dans un lycée prestigieux de Moscou que Youlia avait rencontré une fille, dont elle avait malheureusement oublié l'identité avec le temps, qui lui avait appris les rudiments de cet instrument et qui avait fait naître en elle un désir irrépressible d'en découvrir davantage. Dès lors qu'elle s'intéressait à une activité, 'Lia avait tendance à se donner corps et âme à celle-ci. Le piano, alors, n'avait pas fait exception. En l'espace d'un an, elle était déjà capable de jouer deux ou trois musiques qu'elle avait apprise par cœur. Au bout de deux, elle avait réussi à jouer parfaitement du Beethoven. En trois ans, elle réussit à produire une musique originale. Aujourd'hui, âgée de trente-trois ans, l'étudiante ne jouait plus fréquemment et craignait que ses doigts oublient leurs réflexes, leur moyen d'expression si difficilement acquis au grès des ans. Alors, parfois, quand elle venait fantasmer au Varsity Music sur les gigantesques instruments qu'elle admirait avec les yeux d'une enfant, ses doigts fins trainaient sur les claviers et laissaient parfois s'échapper quelques sons sans que cela ne dérange le propriétaire des lieux, sans doute habitué à ce que l'on manipule les instruments laissés en libre accès. Jamais, cependant, elle ne s'était laissée tenter de poser son fessier sur la banquette placée devant l'un d'entre eux pour jouer entièrement une mélodie. Elle préférait tapoter, comme si cela demeurait interdit, une touche ou deux, s'enivrant du son d'une corde ou deux.

Quand ce petit rituel empli de nostalgie se terminait, elle avait pour coutume de remercier le vendeur qui, souvent, ne comprenait pas l'objet même de ce remerciement mais y répondait poliment, échangea avec lui quelques mots, oscillant entre l'anglais et le russe puisque, selon sa confession personnelle, il avait toujours adoré l'air doux de la grammaire russophone. C'était ainsi un moyen pour elle d'échanger la symphonie d'un piano contre celle de son accent. Ce jour-là, cependant, au moment de tourner talons, elle perçut dans une des artères du magasin la silhouette d'une jeune femme dont les boucles sombres et la peau brune ne lui étaient pas inconnues. Arrêtée devant elle, le sourcil légèrement froncé, elle analysa des pieds jusqu'à la tête celle qui se dressait sur son passage et qu'elle interrogea désormais non plus exclusivement qu'avec les yeux mais aussi avec sa bouche :

« Excusez-moi, nous nous connaissons, je me trompe ? »

Bien qu'elle soit physionomiste, la doctorante n'était pas capable de mettre un nom sur le visage de cette femme. Elle semblait dans la même tranche d'âge qu'elle. Un peu plus jeune, peut-être. Ce ne pouvait donc point être une de ses étudiantes. Une ancienne connaissance d'un obscur TD, peut-être ? Une de ses fréquentations lors de son premier passage dans la capitale en 2015 ? Cela l'étonnerait. Mis à part Carson, Troy et Adalynn, elle ne fréquentait que très peu de gens à cette époque dans la capitale. Détestant cette impression de déjà-vu sans réponses pour combler son ignorance, elle dodelina de la tête mais s'essaya malgré tout à un doux sourire. Elle n'avait qu'une certitude concernant cette personne : elle ne lui avait pas été antipathique par le passé.

Avril 2021.

« Merci de m'avoir accompagné au piano, ma belle. »

Après leur représentation, Ada' se pencha sur 'Lia, l'étreignit et colla surtout contre sa joue un baiser qu'elle appuya volontairement, laissant échapper un ricanement avant de finalement se retirer de ses bras pour profiter d'un bain de foule relativement restreint, n'étant accueilli que par une maigre troupe d'amis, venus spécialement pour le premier « concert » d'Adalynn. Youlia, laissée sur la touche, se leva finalement de son tabouret avant de s'épousseter la jupe et se dirigea vers le bar où elle comptait bien profiter de sa consommation gratuite, promise lors de la signature du contrat pour ce soir unique.

« Un Sex on the Strip, s'il vous plaît. »

Le verre arriva bien vite, défila sur le comptoir, et atterrit dans la petite main de la russe, alors plus épaisse à l'époque qu'aujourd'hui, même si elle portait toujours un vêtement ample qui laissait voir au niveau de ses aisselles quand elle buvait et levait donc son bras les bretelles de son soutien-gorge noir. Déposant le verre sur la table, elle soupira, réarrangea ses cheveux derrière son oreille et pivota son visage sur le côté pour finalement croiser le regard d'une jeune femme noire avec qui elle échangea un maigre sourire.

« Cheers ! » Dit-elle de façon assez artificielle, cette expression étant purement anglaise et lui paraissant relativement étrangère comme son accent russe pouvait le laisser comprendre.

Elle leva son verre, à demi-bu, en sa direction et reprit une gorgée tandis qu'Adalynn venait encore l'embrasser dans son dos avant de fuir en ricanant pour éviter de se faire attraper par sa pianiste du soir. Amusée, et sans doute encore euphorique, l'étudiante rit sous cape et, affichant un sourire toujours plus grand qui trahissait ses pensées, elle demanda finalement à l'inconnue attablée non loin d'elle.

« Rassurez-moi, c'était pas horrible tout de même ... ? »
Aaliyah Perkins
Aaliyah Perkins
Fétichiste des mains
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Occupation : Standardiste dans une agence de voyages
Âge : 33 Quartier : Leith, un appartement partagé avec Aaron son meilleur ami et sa fille, Sydney
Situation familiale : Mère d'une petite fille de deux ans - célibataire
Date d'arrivée à Edimbourg : Naissance, puis retour en juillet 2021
Don : Pendant un moment de tristesse non simulé, parvient à revivre un souvenir heureux qui la laisse tétanisée une dizaine de secondes

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We simply became Music | Ft. Aaliyah Empty Re: We simply became Music | Ft. Aaliyah

Lun 4 Sep - 21:23
We simply became music

Lorsque je regarde l’instrument que je tiens entre les mains, je me rappelle une fois de plus le voyage que j’ai entrepris. Avant de partir, je ne savais quasiment pas joué. Je n’avais jamais appris, ou plutôt, j’avais abandonné le cours de solfège après une année à en avoir fait car je n’arrivais pas à me concentrer et que cela m’ennuyait. De fait, mes parents avaient quelque peu rechigné à ce que je me lance dans un instrument quelconque et avaient décidé, afin de canaliser mon énergie, de plutôt m’inscrire à un cours de tennis pour que je puisse me défiler sur le terrain. Sport que j’avais également arrêté en cours de route tant je me déconcentrais à regarder autour de moi plutôt que d’écouter les consignes de mon professeur. Pendant vingt ans, je n’avais donc pas touché à autre chose que le piano familial, placé dans le salon pour que ma soeur Zohra y joue de ses doigts longs et fins de passionnée, et les instruments du cours de musique de l’école. C’était finalement aux Etats-Unis, première étape de mon voyage, au cours de ses soirées sur la plage de Floride à regarder les étudiants jouer de la guitare autour d’un feu de camp, que je m’y étais mise à mon tour. Est-ce que j’étais douée ? Pas tellement. J’avais appris avec les mecs et les meufs sur le tas. Les premiers s’asseyaient derrière moi et posaient leurs doigts sur les miens pour que je me familiarise avec les cordes. Les secondes me jetaient des regards un peu secs en m’aboyant des conseils que j’avais la plus grande difficulté à reproduire. Néanmoins, et je ne savais pourquoi, j’avais fini par persévérer. Le son joyeux du banjo en Nouvelle-Orléans avec Tiana, et les éclatantes cordes de la basse que Derek m’avait prêté lorsque nous nous étions mis ensemble. Je la lui avais rendue avant de partir, mais j’avais gardé de l’admiration pour l’instrument qui avait accompagné notre histoire.

A mon retour à Edimbourg, je m’en étais acheté une à moi, avec les économies qui me restaient de mon séjour. Ce n’était pas la basse du siècle, mais elle me plaisait et elle se laissait jouer. Avec Sidney, c’était les deux souvenirs que je gardais de Derek et de l’Australie. Puis, sans la proposition d’Ùna suite au départ de leur bassiste pour intégrer son groupe de musique, je n’aurai jamais persévéré dans cette voie. L’instrument serait resté dans le salon d’Aaron en attendant une prochaine soirée ou un ami aurait insisté pour que je joue quelque chose, ce que j’aurai bien entendu accepté, pour simple plaisir de l’avoir encore sous les doigts. La nostalgie qui m’envahit quand je pense ainsi à ce voyage qui m’a permis de cultiver une passion inespérée, moi la tête en l’air étourdie et rêveuse, incapable de tenir en place. Quel chemin j’avais parcouru depuis les bancs de l’école ! Bien entendu, je ne faisais pas de mon avenir dans le groupe une priorité. J’étais là pour m’amuser, et non pas pour écumer les bars et les salles de concert. De (trop) nombreuses fois, j’étais arrivée en retard, trop occupée à jouer avec ma famille, à discuter avec mon meilleur ami ou à embrasser mon mec, ce qui m’avait valu quelques reproches. Mais je m’en fichais. Je ne voulais pas vivre de contraintes.

Je n’allais jamais à Varsity Music. Déjà parce que je ne passais jamais devant quand j’allais au travail, d’autre part, parce que je n’avais rien à y acheter. La plupart des partitions se trouvaient sur internet de nos jours, de même que tous les accessoires liés à mon instrument. Néanmoins, il y avait bien une raison pour laquelle je m’y trouvais aujourd’hui. Je voulais en trouver un autre. Non. Non ne me jugez pas ! J’aime changer, je suis volubile, et je veux essayer plein de choses dans ma vie. Etait-ce pour autant fini de mon amour pour les cordes ? Allais-je tomber en pâmoison devant une magnifique flute traversière ou me laisser tenter pour un simple mais magnétique triangle ? Le fait est que j’adorais toujours jouer de la basse, et que je ne voulais pas en abandonner la pratique, mais que je souhaitais pouvoir voir autre chose. Evidemment, je n’avais que l’expérience des cordes. Evidemment, ma qualité d’autodidacte ne me permettrait pas de savoir parfaitement jouer du xylophone comme si j’avais un don inné que je n’avais juste pas développé depuis ma naissance. Peut-Être ne trouverais-je pas même chaussure à mon pied et repartirais-je avec des stickers à coller sur mon étui proclamant que j’étais une fan invétérée de AC/DC. Je voulais surtout, me laisser porter.

La boutique était profonde. Des couloirs d’instruments aux rangées de disques sur les cotés, c’était un paradis pour musiciens. C’était probablement une mauvaise idée que de venir seule ici, avec un peu de temps devant moi. Heureusement, mon porte-feuille n’était pas extensible et je me retrouverai d’ici peu limitée en mes dépenses. Ce n’était pas une mauvaise chose que d’avoir fait bloquer mon découvert afin de ne pas me retrouver à devoir des sommes astronomiques. Le fait est que j’avais envie de tout acheter. Je l’avais repéré, le ukulélé aux couleurs des tropiques. Et ce violon d’une beauté somptueuse qui devait couter plus cher que le studio de Niddrie. Les gens qui déambulaient ici étaient forcément passionnés. J’en avais regardé certains, se tourner de tous les cotés en faisant la moue, mais d’autres étaient rentrés en savant pertinemment ce qu’ils voulaient. Et puis, il y avait eu cette fille, qui s’était assise devant un des piano et qui avais joué quelques notes. Je m’étais laissée aller à l’écouter, appuyée contre l’étagère présentant des vinyles d’un groupe de folk. Mon esprit était parti ailleurs, et lorsqu’elle s’était arrêtée, je n’étais pas revenue assez vite à moi pour applaudir le mini concert improvisé. La fille était partie parler au vendeur, sans-doute voulait-elle connaitre le prix de l’instrument, et moi je m’étais redressée, reprenant ledit esprit pour me le remettre dans le crâne et me reconcentrer. J’en avais totalement oublié mon objectif premier.

Je me détournais des beaux pianos. Malgré la majesté de l’instrument, je ne voulais pas en jouer. J’allais continuer mon cheminement dans les allées lorsqu’une ombre se projeta vers moi. C’était la pianiste et elle se dirigeait droit sur moi. Je m’arrêtais, confuse, et elle m’interpella. « Oh euh, c’est possible, mais vous savez, moi et les visages… » m’expliquais-je pour justifier de mon ignorance en retour. Je lui jetais un regard intrigué, la jaugeant de la même manière qu’elle avait fait avec moi, sans méchanceté aucune toutefois. Des gens, j’en avais connu beaucoup, et de tous les horizons grâce à mes voyages. Je m’étais liée d’amitié avec certains, avait gardé le contact avec d’autres, et n’avait gardé en mémoire que pour les uns une identité à moitié mangée. « Je m’appelle Aaliyah » déclarais-je aussitôt, parce qu’un prénom, plus particulièrement un comme le mien, permettais souvent de se remettre les idées en place.

°°°°

Il y avait eu ce concert. Un piano et une chanteuse. L’alchimie entre les deux paraissait, à mes yeux, indéniable. Je les dévorais du regard, assise au bar avec un cocktail à basse de fraise et de vin pétillant entre les mains. Elles se quittèrent après une étreinte et tandis que l’une fendait l’air à travers la salle, l’autre éprouva le besoin de se sustenter elle aussi. La chanteuse s’interposa entre nous et repartit comme elle était venue. La pianiste, plus calme, me salua de son verre, je répondis à l’identique. Un instant, ma gorge me sembla sèche, comme si je ne pouvais rien dire mais je repris vite contenance alors qu’un grand sourire venait barrer mon visage lorsqu’elle m’ adressa la parole. A moi ! Pas au barman, pas au charmant jeune homme qui aurait pu détourner l’attention d’une de nous deux. « C’était e-xep-tio-nel » répondis-je en élevant la voix à chaque nouvelle syllabe. Je m’avançais un peu trop sur mon siège et faillit en glisser. Je me rattrapais d’une main en riant bêtement. « Non, vraiment, j’ai adoré. Je ne dis pas ça pour vous faire plaisir. Enfin si, bien sûr, un peu, mais je veux dire, pas uniquement pour ça. C’est la vérité, j’ai trouvé que… bon que vous jouiez très bien mais ça, vous devez le savoir j’imagine, je suis sure que vous en avez conscience ». Je laissais retomber mes mains sur le comptoir en rosissant. Une fois n’était pas coutume, j’avais toujours à m’emballer lorsque j’aimais particulièrement quelque chose. Je ne voulais pas faire fuir cette fille qui me semblait particulièrement sympathique alors que oui, je ne la voyais de près que depuis quelques secondes.



We had joy, we had fun
We had season in the sun, but the wine and the song like the seasons have all gone › ©️️ alaska.  

Youlia Kourotchkine
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We simply became Music | Ft. Aaliyah Empty Re: We simply became Music | Ft. Aaliyah

Mar 12 Sep - 12:14
WE SIMPLY BECAME MUSIC
   
Août 2023.

Silhouette découpée entre les rayonnages de la boutique, elle interrompit, par sa seule présence, les songes de la petite russe qui se figea en l'apercevant. C'était une jeune femme à la peau d'ébène sur laquelle pleuvaient ses cheveux aux pointes en tornades ; un grain de beauté sur la joue, les yeux, comme des jades, brillant dans sa direction. Au contact de son regard, la russe s'immobilisa et annihila tout mouvement en direction de la sortie. Elle dévisagea un peu celle qui lui faisait face et dont les traits n'étaient pas sans lui rappeler quelqu'un. Un je-ne-sais-qui, croisé je-ne-sais-où, je-ne-sais-quand. Même si elle s'estimait physionomiste, il arrivait que quelques visages échappent à sa mémoire. Qu'un sourire, qu'un faciès, une silhouette, un rire, un souffle, dans sa vacuité, vienne à lui rappeler une rencontre. Pour l'heure, elle ne saurait dire avec exactitude qui était cette demoiselle en face d'elle qui, surprise, ne l'avait visiblement point reconnu, contrairement à elle. Ainsi, si l'inconnue ne pouvait lui rappeler par elle-même l'origine de leur rencontre précédente, elle devrait puiser seule dans ses souvenirs afin de rappeler à elle cet épisode manquant à son esprit.

Afin de l'aiguiller malgré tout, la cliente donna un indice précieux à celle qui l'avait approchée. Un prénom. Peu commun, certes. Celui d'Aaliyah. Du fait de son ascendance soviétique, la brune connaissait surtout des Sergueï, des Vladimir, des Alexei, des Ivan, des Fiodor ; pour les demoiselles, c'était plutôt les Olga, les Irina ou les Natacha qui peuplaient les différentes pages de sa vie. Arrivée en Grande-Bretagne, elle s'était assez peu entourée et ne connaissait en pagaille que le nom de quelques anciens élèves. Andrew, Dominic, Leo ; Megan, Karin, Erin. Aaliyah, en l'occurrence, ne lui laissa que l'ombre d'une réminiscence...

Son cerveau cependant fit les connexions nécessaires ; malgré elle. Peut-être était-ce une cliente habituelle de l'endroit, du Varsity Music ; cela l'étonnerait : elle n'y croisait que très rarement quelqu'un et échangeait peu avec les mélomanes, habituellement, lesquels étaient soit de grands solitaires ne sachant s'exprimer qu'à travers leur instrument ou des membres d'un groupe qui, formant une petite communauté close dans laquelle chacun portait désormais l'épithète de « guitariste », « batteur » ou encore de « chanteur », ne parlaient qu'à leurs fans hystériques - et souvent imaginaires -. Néanmoins, malgré tout, la demoiselle était certaine de l'avoir déjà vu dans un contexte similaire à celui-ci ... Et d'ailleurs, quand la réponse lui vint, qu'elle voulut comme crier un Eurêka ! victorieux, elle revit presque la scène s'ériger sous ses yeux, à la manière d'un royaume jaillissant du passé ; vestiges d'un temps où Adalynn et elle étaient encore grandes amies. Aaliyah, par sa simple présentation, la transporta oniriquement au Rat Pack Piano Bar.

Avril 2021.

Après sa performance, Ada' était partie fanfaronner auprès de certains amis. Certains étaient de l'université, comme elle, mais la snobaient un peu. C'était compliqué de faire ami-ami avec quelqu'un qui écorche constamment votre langue natale avec son accent qui consiste à rajouter des « R » en plein milieu de chaque mot que l'on roucoule alors au ralenti. D'autres, enfin, étaient sans doute d'anciennes connaissances ; des amis du lycée qu'elle n'avait pas vu depuis un bout de temps et avec qui elle voudrait désormais partager une chope en parlant du bon vieux temps. Youlia elle, avait fait ce qu'elle devait faire. Elle avait promis à sa nouvelle amie un petit concert, rien que toutes les deux, où elle l'accompagnerait au piano ; elle l'avait fait. Initialement, elle n'était pas vraiment pour mais l'idée de retrouver les touches du clavier et l'effervescence de la musique l'avait finalement séduite et avait effacé de l'équation la contrainte du public et l'anxiété de la scène.

Afin de profiter de sa consommation gratuite, la russe demanda un cocktail au nom équivoque : le Sex on the Strip. On lui servit alors le nectar, constitué d'un camaïeu de rouge qui, au fond du verre, semblait être une effusion de sang mais qui, remontant peu à peu vers le haut, s'apparentait davantage à un jus d'orange pressé. Au sommet de son large récipient, un petit parasol bleu et blanc tournait sur le rebord incolore. Elle le fit un peu danser entre ses doigts avant de prendre une gorgée.

Désireuse d'obtenir malgré tout un retour concernant son premier, et accessoirement dernier, show, la petite russe se permit de demander son avis à une cliente qui, lui semblait-elle, avait assisté à l'ensemble du concert. Après un baiser volé d'Adalynn qui, toute guillerette, semblait sautiller dans tous les coins depuis qu'elle avait fini de chanter ; comme si elle extériorisait un trop plein d'énergie qu'elle n'avait su faire cascader pleinement à travers son spectacle, la brune demanda de façon un peu maladroite à la jeune femme si « ça n'avait pas été si horrible ».

L'intéressée répondit aussitôt. Sa réponse, découpée en syllabes afin d'appuyer chacune d'entre elles qui fusèrent alors comme des flèches en plein cœur de l'étudiante - laquelle déposa par ailleurs sa main blanche contre sa poitrine, touchée par ce compliment -, illumina le visage de 'Lia. Un premier poids s'était ôté de ses épaules tout à l'heure, lors de la première musique. Un deuxième s'était envolé à la fin du concert. Désormais, le dernier s'évaporait littéralement à l'écoute de ce dithyrambe. Dans une averse confuse de mots, elle fit néanmoins savoir à la pianiste le très bon moment qu'elle avait réussi à lui faire passer. C'était la rançon de la gloire. Ces éloges qui déferlent et qui rendent ivres ceux à qui ils sont destinés. Youlia rougit un peu en l'entendant. Elle n'avait aucune envie de devenir pro mais, malgré tout, c'était plaisant et elle reconsidérerait presque son avenir dans la politique, à ce moment précis. Si Adalynn avait entendu cela, elle aurait assurément résilié sa carte à la bibliothèque universitaire et ne serait pas venu le lendemain matin au CM de Walton afin de travailler ses vocalises. Heureusement, Youlia était plus pragmatique et, en dépit du grand bien que lui faisaient les paroles élogieuses de la jeune femme, elle parvint à calmer les ardeurs qui menaçaient de l'immoler.

« Merci beaucoup. » Les lettres roulèrent dans sa bouche, trahissant encore son origine orientale. « Je pense que j'ai un niveau ... Moyen. » Dit-elle en dodelinant un peu de la tête, plissant ses lèvres dans une petite moue, comme pour s'auto-évaluer en étant objective. « J'ai parfois quelques problèmes de rythme encore. Je devrais travailler un peu certains ... » Elle pianota un piano invisible en la regardant encore, ses doigts agissant par eux-mêmes tandis qu'elle grimaçait et éclatait ensuite de rire. « Enfin... Voilà, quoi. »

Difficile de trouver les mots afin de rendre compte totalement de sa pensée. Elle appréciait la sollicitude de la jeune femme qui prenait bien soin de la brosser dans le sens du poil. Cependant, Youlia était assez lucide et exigeante envers elle-même pour savoir qu'elle n'avait encore rien d'un Ray Charles, par exemple. Si ce n'est les yeux, qu'elle avait contrairement à lui. Seul point sur lequel elle surpassait le génie afro-américain. Aussi, même si elle avait son ego et qu'elle savait être vaniteuse par instants, elle prit du recul sur la situation et ne se laissa pas dévorer par les affres de l'orgueil.

Elle revint ensuite à son verre, lequel avait déjà été vidé de moitié, et prit une nouvelle lampée avant de le déposer délicatement contre le bois du bar. Le regard toujours tourné en direction de la jeune femme à laquelle elle souriait presque naturellement, attendrie par la dimension fanatique qu'elle avait faite valoir quelques minutes plus tôt à son égard, la petite brune, dont les cheveux rabattus contre le front lui faisaient désormais une frange de fortune, demanda en plissant un peu son nez :

« Au fait, je m'appelle Youlia. Et vous, vous êtes ... ? »

Août 2023

« Aaliyah ... ? Celle de Rat Pack Piano Bar ? »

Elle se souvenait très bien du bar. C'était la première fois où elle s'était produite et, depuis, elle y était déjà retourné quelques fois avec Adalynn, notamment, qui rêvait encore de réitérer l'expérience ; puis avec Carson, quand ça n'allait plus avec Adalynn mais qu'elle avait besoin de musique pour se revigorer. Elle passa alors ses mains dans les poches de son pantalon de toile, plissa l'un de ses sourcils sur son œil afin de la jauger un peu plus, cherchant numériquement dans son cerveau à faire jouer la concordance du visage d'Aaliyah avec celui qu'elle avait dans son souvenir et parvint très rapidement à réimaginer la demoiselle sur son tabouret, au sein du bar, l'attendant un sourire aux lèvres pour discuter avec elle de sa performance au piano.

« Je ne sais pas si tu te souviens ... C'est Youlia. La pianiste. Il y a maintenant ... Deux ans ? » Demanda t-elle en hésitant un peu, cherchant la date de ce soir-là dans les méandres de sa mémoire qui avait été mise à rude épreuve aujourd'hui et qui chevrotait désormais un peu.

Sonnée par cette révélation inattendue, d'autant qu'elle ne pensait pas revoir un jour la jeune femme avec qui elle avait bavardé toute la soirée après la représentation, elle ricana un peu nerveusement et s'approcha d'un pas hésitant d'elle, comme l'on s'approcherait d'un ami de longue date sans savoir s'il faut désormais l'étreindre, l'embrasser ou garder ses distances en le saluant d'un bref geste de la main voire en la lui serrant. Elle retira ses mains de ses poches, délogea ses faibles bras livides du long de son corps et se mit dans une position telle qu'elle marquait la possibilité d'un câlin comme d'un simple « check », étant encore dans l'expectative.
Aaliyah Perkins
Aaliyah Perkins
Fétichiste des mains
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Âge : 33 Quartier : Leith, un appartement partagé avec Aaron son meilleur ami et sa fille, Sydney
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We simply became Music | Ft. Aaliyah Empty Re: We simply became Music | Ft. Aaliyah

Dim 24 Sep - 21:29
We simply became music

Mon attention bientôt se focalisa exclusivement sur cette jeune fille qui était venue me parler. J’avais dû la marquer un minimum pour qu’elle prenne la peine de m’adresser la parole et de se présenter à moi, alors qu’elle aurait très bien pu passer dans l’autre rayonnage et sortir sans jamais venir à ma rencontre. Probablement une rencontre du passé ou due à mes nombreux voyages. A la voir, je devinais qu’elle n’était pas native d’Ecosse. Une trace d’accent également, des pays de l’est. Je n’avais été que trop peu à l’est, privilégiant les destinations du sud et l’immense continent Américain, mais cela ne m’avait pas empêché de croiser des expatriés de là bas. Une chose était sûre, cette fille ne faisait pas partie de mon entourage proche, pas plus que je ne la croisais tous les jours. Non, il avait dû se passer quelque chose de spécial et de particulier pour que je marque son esprit. Sans doute avait elle marqué le mien également autre fois, mais j’avais vécu tant et tant d’aventures que j’étais dans l’incapacité de la ramener à un événement particulier. Je lui donnais tout de même mon prénom, au cas ou cette esquisse lui permette de faire le portrait en entier. J’aurai peut être du préciser que tout le monde m’appelait Ali, ou que Rony me surnommait Lili, mais à voir ses traits se détendre tout d’un coup, je sû que j’avais visé juste. Me redressant afin de lui proposer mon plus beau sourire, je la laissais annoncer ce qu’elle savait.

La première phrase me fit hésiter. Oui, j’étais déjà allé dans ce bar, le nom me disait quelque chose même si c’était plus une impression qu’une exacte connaissance. En effet, mon souvenir des visages égalait celui de la devanture des lieux ou j’étais déjà allée. Ainsi, je me rappelais l’intérieur du Rat Pack. Son bar, sa décoration, même vaguement la tête du serveur qui m’avait apporté mon verre. De mémoire également, il y avait une scène et un piano, comme l’indiquait le nom. J’avais du assister à des représentations, à des concerts impromptus, et je les avais probablement écouté avec un intérêt manifeste, grande mélomane que j’étais. Ou plutôt, devrais-je dire, très bon public. Je secouais légèrement la tête de haut en bas tout en continuant à lui jeter un regard interrogatif. A mon tour ensuite de commencer à me rappeler avec plus de précision. Je ne m’étais pas trompée, le prénom de mon interlocutrice sonnait très moscovite, et j’en fis rouler les syllabes sous ma langue. Deux ans, c’était loin, mais l’assemblage des pièces du puzzle se fit de plus en plus précis. « Oui… Oui attends ça me dit quelque chose, on avait sûrement échangé quelques mots à la fin. Tu n’étais pas toute seule je crois ». En tous les cas, sa présence en ses lieux était expliquée par sa profession. J’aurai pu soudainement me trouver mal à l’aise face à l’excellence musicale de Youlia, mais la curiosité, la joie de retrouver une amie du passé et le fait que j’avais une vision très pragmatique de mes talents en tant que bassiste me fit rapidement oublier cet état d’âme. « Je me souviens que j’avais adoré votre prestation ! Je suis contente de voir que tu te souviens aussi bien de moi finalement ». Je remarquais son changement d’attitude et le rapprochement qu’elle initia et sans crier garde, je la pris dans mes bras, heureuse de pouvoir parler à un amie longtemps perdue de vue.

L’échange fut bref, parce que j’avais en réalité plein de questions à lui poser. Je me reculais, jetant un regard à ses mains qui avaient joué des compositions qui m’avaient ému et plu. Ses mains n’avaient pu s’arrêter de jouer. J’en aurai été sacrément peinée. « Que deviens-tu ? J’espère que tu joues toujours ! Est-ce que tu te produits encore là bas ? Cela fait très longtemps que je n’y ai pas été ! ». En réalité, pas depuis mon retour et la naissance de Sidney. J’en trépignais presque. On arrêtait pas la musique comme cela du jour au lendemain, alors mon esprit idéaliste avait l’espoir qu’elle soit devenue célèbre et que ses airs au piano se soient répandus à travers le monde. Plus raisonnablement, peut-être donnait t-elle des cours à des initiés comme moi ou à ces enfants qui courraient vers le conservatoire de quartier le soir après les cours. « Je joue dans un groupe moi aussi maintenant ! » glapissais-je aussi avec fierté. Rien à voir, mais cela me faisait plaisir de le souligner.

***

Si elle avait un niveau moyen, j’aurai pu me qualifier, à peine, de médiocre. Je secouais vivement la tête pour montrer ma désapprobation. Je considérais avoir parlé avec sincérité, car l’échange auquel je venais d’assister m’avait littéralement transporté. Rony aurait certes poussé un soupir en disant que je faisais toujours dans les extrêmes et Ted m’aurait poussé du coude en ricanant, mais Kendra aurait été d’accord avec moi. Bien entendu, je n’étais pas assez au fait des choses pour pouvoir relever si tel ou tel accord était correct ou non; mais il était sûr que je n’avais entendu aucune fausse note et que la concordance entre les deux artistes avait achevé de faire de ce concert une oeuvre plus que plaisante à écouter. « Je suis mal placée pour critiquer quelque chose, je ne joue pas de la musique assidument,  mais vous m’avez poussé dans l’envie d’en faire un peu plus régulièrement » expliquais-je. Lorsque je serai pleinement revenue en ville, je pourrai me poser devant un instrument pour en explorer les multiples facettes. Pour le moment, je continuais mon tour du monde en espérant rencontrer des gens qui m’apprendraient à faire de la musique sur un maximum de supports possibles. La pianiste me donna une part d’elle même en me confiant son prénom et je délaissais totalement mon verre pour lui accorder mon attention. Elle me demandait le mien. Etait-elle polie ou était-elle curieuse ? « Aaliyah » couinais-je d’une voix aigue, marquée par la surprise. Souvent, c’était moi même qui initiait les présentations, mais c’était quand je n’oubliais pas de le faire, déconcentrée par un autre sujet de conversation auquel j’accordais, ou non, de l’importance. « C’est facile, le piano ? Jusqu’a présent, je n’ai presque exclusivement eu entre mes mains que des guitares et des instruments similaires. Enfin, je suis loin de donner des récitals de banjo mais je me débrouille. Disons que j’aime surtout le faire lorsque la situation s’y prête. C’est facile de jouer de la guitare devant un feu de camp mais un piano, c’est tout de suite -haha- un peu plus compliqué ». Un piano, c’était de toute façon plus majestueux, ça ne pouvait se contenter d’une plage, fusse la plus belle du monde. Non, un piano demandait un minimum d’élégance, ce dont la jeune femme n’était évidemment pas dépourvue. Même, je la trouvais très belle et ce, peu importe que nous nous trouvions dans le cadre actuel. Sans maquillage, pas coiffée, en jogging, Youlia devait forcément dégager beaucoup de grâce et de raffinement.



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Youlia Kourotchkine
Youlia Kourotchkine
Don't ever call me "Little Flower"
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Pseudo : Nagel / Thibonosaure.
Avatar et crédit : Emily Browning - Nuit.
CW : Harcèlement sexuel - langage vulgaire - sexe - anorexie - consommation de médicaments - trafic d'êtres-humains.
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Occupation : Professeure vacataire, chargée de TD à l'université en relations internationales - doctorante en sciences politiques.
Âge : 34 Quartier : Chambre étudiante dans une résidence située non loin de l'université d'Edimbourg.
Situation familiale : Célibataire ; se considère comme orpheline et fille unique. Elle a en réalité un frère aîné.
Date d'arrivée à Edimbourg : Une première fois en 2015 ; puis revient en 2021.
Don : Aucun. Est encore soumise au don de son ancienne meilleure amie, Adalynn Grey, qui fait que celle-ci peut connaître toutes les émotions de Youlia à toute heure du jour comme de la nuit.

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Jeu 12 Oct - 14:33
WE SIMPLY BECAME MUSIC
   
Août 2023

Réarrangeant dans son esprit les images de cette soirée-là où elle avait rencontré Aaliyah, Youlia parvint à se remémorer leur rencontre. Elle avait, après son concert, tenu à lui adresser quelques mots tandis qu'elle se perdait dans ses pensées et dans la boisson qu'on lui avait servi. Quelque part, la jeune femme avait été une belle éclaircie dans les souvenirs obscurs de l'an 2021 pour la petite russe. Les bonnes rencontres s'étaient faites rares et elle avait plutôt assisté à l'effondrement de tout son système social ; au profit de ses études auprès de Walton. Quel échec, quand elle y repensait. D'elle-même, elle s'était condamnée. Alors, certes, les sciences politiques la galvanisaient encore et elle comptait nécessairement s'y consacrer une bonne partie de sa vie en se servant de son diplôme prochainement obtenu pour trouver une place de choix dans une rédaction ou auprès d'un Puissant ; cependant, pour cela, elle s'était faite Faust passant contrat avec Méphistophélès et, plus encore que son âme, elle avait accepté la damnation de celles de ses proches.

Mal à l'aise devant cette femme qui n'était peut-être plus aussi amicale qu'elle avait pu l'être par le passé, 'Lia passa ses mains dans ses poches et dodelina un peu en la regardant. Elle s'efforçait de sourire afin de ne pas paraître trop froide ou distante, de son côté, cherchant ainsi à s'attacher au gré de son blanc minois un sourire de la jeune femme qui, par le passé, avait réussi à lui réchauffer le coeur. Peut-être n'était-elle plus qu'une inconnue. Une étrangère qui s'auto-persuadait de connaître Aaliyah ; une folle à lier qu'elle préférerait éviter. Peut-être allait-elle s'excuser poliment, ricaner un peu nerveusement, dire qu'elle la confondait avec quelqu'un d'autre, qu'elle ne vivait pas ici, puis fuir. Elle la comprendrait. Elle ne lui en voudrait même sans doute pas. En réalité, peut-être aurait-elle dû elle aussi se contenter d'un furtif rictus, d'un hochement de tête respectueux avant de disparaître derrière une rangée de disques, sans l'importuner. Son trouble cependant avait pris le pas sur elle et l'avait contraint à interrompre sa marche et à articuler ces quelques mots à l'intention de cette femme.

Visiblement, en tout cas, la brune se souvenait de son homologue et, après un instant de réflexion, sembla se souvenir d'elle. Afin de le lui prouver, elle évoqua même son duo avec Adalynn. Poignard silencieux, celui-ci se logea dans le coeur déjà balafré de la moscovite qui tenta de garder son air inbranlable. Le douloureux souvenir de la perte de sa meilleure amie l'anima assez pour lui glisser avec délice un frisson terrible à travers le corps. C'était la bonne époque ; ce concert avec Ada'. Parfois, elle aimerait suspendre les heures et passer à travers elles pour se rendre à nouveau dans ces contrées passées qu'elle n'esquissait plus qu'en songes ; revoir le sourire de sa petite blonde, entendre encore son rire, trinquer avec elle, philosopher, mais en vain, sur la vie, sur la condition féminine, la classe ouvrière, la géopolitique. Tout cela, malheureusement, n'était plus qu'un vestige. Un fantôme informe qu'elle caressait avec une profonde mélancolie ; aidée par son imagination qui retranscrivait de façon bâtarde les éclats de rire si particuliers de celle qu'elle avait trahie.

« Euh ... Non, je n'étais pas toute seule. » Sourire en coin, léger. Juste pour ne pas être impolie ou pour ne pas transmettre son malaise à son interlocutrice. « J'ai une assez bonne mémoire. En fait, c'est à moi que ça fait plaisir de ne pas avoir été oubliée. »

Admiratrice d'un soir, Aaliyah avait sans doute découvert, entre temps, bon nombre d'autres artistes à travers tout Edimbourg. Elle n'était qu'une mélodie perdue dans un torrent d'autres. Sa mélopée, cependant, lui avait permis visiblement de se démarquer du flux incessant de sons de la grande ville culturelle. A moins que ce ne soit leur conversation amicale qui en ait découlée.

S'approchant d'elle avec hésitation, dans une position qui laissait la porte ouverte à toute forme de salutations, Youlia s'étonna d'être saisie presque aussitôt par la jeune femme qui l'encercla de ses bras et la tira contre elle. L'étreinte fut courte mais suffisante pour témoigner à Youlia un brin d'affection qui la réchauffa assez pour conserver sur son froid visage l'ombre d'un sourire. Elle perçut ensuite l'attention toute particulière que portait la jeune femme à ses mains. Synecdoques de la pianniste, elles étaient les artisanes appliquées qui modulaient sur le grand clavier blanc la symphonie autrefois réverrée par la brune. Elle rougit un peu en la voyant la regarder ainsi ; comme une idole. Elle lui demanda si elle jouait encore. Si elle se produisait encore, parfois, au Rat Piano Bar, là où elles s'étaient vues. Son regard brillait de milles feux. Youlia la trouvait belle, ainsi. Admiratrice, passionnée. Elle lui fit savoir très rapidement qu'elle aussi, depuis, s'était mise à la musique. Si sa mémoire était bonne, ce n'était pas le cas la dernière fois qu'elles s'étaient vues. De là à dire que Youlia avait été celle qui l'avait inspirée, il n'y avait qu'un pas qu'elle n'osa pas franchir mais auquel elle se surprit à penser.

L'inconfort se fit sentir. Par le passé, elle lui avait dit avoir aimé sa musique. Youlia se voyait mal lui avouer que le piano était devenu accessoire pour elle et qu'elle ne venait en réalité ici que comme un vétéran viendrait au cimetière militaire pour rendre hommage à ses amis morts au combat. Sans le sou, elle n'avait plus les moyens de s'acheter un instrument et n'en jouait donc qu'occasionnellement, pour se détendre ; quelques fois par mois seulement. Sans doute avait-elle perdu de ses capacités d'antan ; aussi modérées fussent-elles.

« Je ... Oui, bien sûr. Je joue encore. » Mentit-elle avec honte. Bien qu'elle préférait être sincère, ses études lui avaient donné la mauvaise habitude de parfaire la vérité en la reluisant avec le mensonge. Elle se voyait mal dire à Aaliyah qu'elle n'avait, en réalité, fait qu'un seul concert et que celui-ci avait été celui qu'elle avait entendu. « Plus trop au Rat Piano Bar. Je joue ... Autre part.» N'ayant pas préparé le récit de sa fable, elle improvisait et se retranchait derrière un rempart informe. Sans doute comptait-elle seulement sur son accent russe pour lui faire comprendre qu'elle ne se produisait plus en Écosse et que, non, elle ne pourrait lui l'écouter.

Avril 2021.

L'admiration injustifiée d'Aaliyah flatta la brune et lui procura un doux plaisir. Les joues rosies par les compliments et l'emportement avec lequel elle défendait hardiment son « art » flattèrent le faible ego de la demoiselle en matière de musique. En vérité, l'une des rares fois où elle s'était enorgueillie de sa production, c'était quand Nikita l'avait écouté et que, ravi par les prouesses réalisées par sa petite soeur, il n'avait cessé de la complimenter sur tout le chemin du retour du Conservatoire jusqu'à leur piteux appartement.

La petite russe, perchée sur son tabouret, gardait son visage rond tourné en direction de la cliente et étirait ses pulpeuses rouges en un sourire tendre. Elle avait vidé de moitié son verre qu'elle faisait désormais tourner contre le bois de la table sur l'une de ses arêtes et écoutait en ricanant un peu les mots de la jeune femme qui lui faisait face. Lui avoir donné envie, carrément ? Elle ne s'en pensait pas capable. Ses gammes étaient à parfaire, elle manquait encore de rapidité, avait peiné à quelques instants pour se caler parfaitement sur le rythme d'Adalynn et avait eu l'impression, notamment au début, d'être désaccordée d'avec elle. Sans doute était-ce son exigence naturelle qui transparaissait dans ces pensées mais, quand bien même, son interlocutrice la mettait bel et bien sur un piédestal qu'elle ne méritait pas.

« C'est vraiment flatteur. Merci.» Gaiement, elle sourit et donna son prénom. La jeune femme l'imita. Aaliyah, alors ... Bien, elle le retiendrait à l'avenir. « C'est un prénom d'ici ? » Demanda t-elle en plissant un peu ses yeux, le répétant laconiquement. Aa-li-yah.

Même si elle avait passé une partie de son cursus universitaire dans les îles britanniques, Youlia ne pensait pas avoir déjà croisé une jeune femme portant ce nom là. Sa réflexion lui parut très rapidement idiote néanmoins. Son prénom à elle était bien plus atypique que le sien, d'un point de vue écossais. Son accent, sans doute, l'excuserait par avance et lui a même sans doute déjà fait comprendre qu'elle n'était point originaire d'ici.

« Je ne dirais pas que c'est facile ou difficile. » Elle releva un peu ses yeux vers le plafond et dodelina de gauche à droite sa tête, comme si elle réfléchissait pour savoir comment formuler ses mots et rendre son idée, encore imparfaite, à l'exact. « Il faut beaucoup travailler pour en faire mais la joie qu'on a à la fin, quand on sait faire quelques notes, vaut le coup.» Même si elle excellait dans la langue de Shakespeare, la jeune femme trébuchait encore sur certains mots et ne rendait pas toujours son discours très organisé ou trop long. Aussi, quand déferlèrent les mots de la bouche de la jeune femme face à elle, elle ricana un peu et fronça son nez en l'entendant, lui demandant alors en levant sa paume vers le ciel, étonnée : « Récitals de Banjo ? Qu'est-ce que c'est ? »

Bien qu'intéressée par la musique, il fallait dire qu'elle n'avait pas assez travaillé le lexique musical pour connaître le nom d'un instrument si atypique. Elle pensait voir de quoi elle parlait, « bandzho » en russe : petit instrument ressemblant à une guitare, mais préférait s'en assurer et se disait qu'en jouant la carte de l'étrangère ayant encore un peu de mal avec le vocabulaire, elle initierait sans doute un début de complicité avec la jeune femme qui avait réussi à la mettre à son aise en la félicitant pour son petit concert.
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We simply became Music | Ft. Aaliyah Empty Re: We simply became Music | Ft. Aaliyah

Jeu 19 Oct - 20:49
We simply became music

C’était toujours un plaisir pour moi d’avoir des nouvelles des gens que j’avais rencontré à travers le monde. J’étais restée en contact avec certains, nous échangions très occasionnellement via les réseaux, parfois j’en rencontrais certains qui avaient fait le déplacement pour venir en touriste, et nous nous remémorions les évènements passés qui nous avaient lié le temps d’un instant. Youlia ne ferait pas exception à la règle, même si cette rencontre n’avait rien de programmé. Peut être que le destin avait simplement voulu nous remettre face à face pour une raison bien particulière, peut-être qu’elle recherchait une guitariste pour l’accompagner, peut-être voulait-elle apprendre un autre instrument, peut-être recherchait-elle un logement auquel cas j’aurai été ravie de l’aider à en trouver un. Ou bien juste un heureux hasard, qui nous permettrait de nous interroger sur nos vies et nos avenirs respectifs.

Il y avait déjà la phase de reconnaissance, ou l’une et l’autre plongions dans nos souvenirs pour revenir deux ans en arrière quand deux musiciennes s’étaient installées pour jouer devant un public attentif. C’était une phase délicate, surtout pour moi qui avait tendance à m’éparpiller et à jamais me concentrer sur des détails. Je me souvenais toutefois qu’elle n’était pas seule, ce qu’elle confirma après une très légère hésitation. Je n’avais pas parlé à la fille qui l’accompagnait, et elle ne sembla pas non plus vouloir s’appesantir là-dessus. Elle semblait étonnée que je puisse me souvenir d’elle et à vrai dire, cela me surprenait un peu moi même également. « Je pense que c’est lié au magasin. Dans d’autres occasions cela aurait été beaucoup plus difficile pour moi, qui ai justement quelques petits problèmes de mémoire » dis-je en riant à moitié, peu honteuse de révéler ce petit défaut sur moi.

La seconde étape c’était le rapprochement. Une façon de montrer que nous n’étions pas des étrangères et qu’il était tout à fait normal que nous nous saluons d’une façon moins protocolaire qu’un simple serrage de main. J’aurai de toute façon été bien gênée de donner à Youlia ma main aux ongles à moitié rongés et parsemée de traces de feutre à cause de la manie de Sydney de vouloir dessiner sur tout et n’importe quoi, y compris la peau halée de sa propre mère. Je ne fus pas méchamment repoussée en arrière pour avoir eu l’outrecuidance d’un geste un peu trop intime, ce qui me soulagea fortement et acheva de me mettre de bonne humeur. C’est dans cette même bonne humeur que je glissais les yeux vers ces doigts d’artiste que je jalousais et admirais en même temps, me remémorant leur glissement sur les touches bicolores du piano.

Si je l’informais rapidement que je jouais dans un groupe, c’était parce que j’avais l’espoir que ce point commun nous rapproche encore plus et engage une conversation passionnée sur les musiques que nous reproduisions. Ce ne fut pas le cas, mais à la surprise se succédèrent rapidement d’autres sentiments plus positifs. Loin de me laisser démonter, je souriais de savoir qu’elle n’avait pas arrêté son art, ce qui était une excellente nouvelle. « Oh super, tu as des concerts de prévu prochainement ? Seule, avec ton amie ou qui sais-je encore ? J’aimerai beaucoup venir, et toi, tu pourrais assister à une répétition de mon groupe. Bon, ce n’est pas exactement le même style, j’ai peut être une démo à écouter sur mon téléphone si tu es d’accord, il faudrait juste que je la retrouve, mais ça rend toujours mieux lorsqu’on y assiste en personne. On ne se produit pas trop en public, dans des salles, tout ça, même si notre bassiste en aurait très envie, moi et Luz - c’est le guitariste - on trouve qu’on est pas encore tout à fait prêts. Je ne sais pas si on le sera vraiment un jour mais il faudrait bien qu’on se lance n’est-ce pas ? Tu te rappelles de ton premier concert ? C’était comment ? ». Plus volubile que ma camarade qui n’était peut être plus habituée à entendre autant de choses d’un coup, j’eus un sourire gêné en m’excusant. « Désolé, c’est vrai que je parle beaucoup et que je dois avoir un accent pour toi ». Je savais qu’elle n’était pas native d’ici, même si pour le coup j’aurai été incapable de me souvenir avec précision quelle était sa mère patrie. Sans trop me tromper j’aurai pu proposer la Russie mais ce n’était pas comme si cela avait une réelle importance. Encore que, j’aurai été enchantée de lui demander si elle pouvait m’apprendre des comptines de son pays.

****

Youlia. Aaliyah. La consonance des prénoms avait de quoi me faire sourire même s’ils étaient d’origines on ne peut plus différentes. « Alors non, bien qu’aucun de mes parents ne soient arabes, ils aimaient beaucoup la signification, qui est noble dans cette langue. Ma soeur ainée porte aussi un prénom qui veut dire fleur dans cette langue. Mon autre soeur et mon frère portent des prénoms anglais, je sais, c’est un peu bizarre ». Je n’avais jamais très réfléchi aux raisons qui les avaient poussé à donner des prénoms aux origines différentes, maman disait toujours que c’était parce qu’ils leur avaient tapé dans l’oeil et qu’elle avait entendu la chanteuse Aaliyah à la radio à de nombreuses reprises lorsqu'elle était enceinte ce qui me paraissait être une justification tout à fait compréhensible. Après tout, j’avais appelé ma propre fille en référence à l’Australie, là ou elle avait été conçue, même s’il y avait une lettre de décalage.

Je l’avais vue jouer, et cela avait paru presque facile, d’ou ma question. A mon avis, c’était loin d’être aussi simple de devenir un prodige du piano, d’autant plus si on n’en avait jamais touché de sa vie. J’aurai probablement su me débrouiller pour déchiffrer les partitions puisque je le faisais déjà, mais de là à mettre les doigts au bon endroit, ça c’était une autre paire de manches. Comme tout, Youlia m’appris qu’avec le travail on pouvait dompter l’instrument et cela me semblait assez réaliste. « Je veux bien te croire » confirmais-je en me remémorant encore son allure sur la scène lors du récital. D’ailleurs, en parlant de récital, je lui parlais de banjo et elle afficha une mine circonspecte. Comment-est ce que je pouvais décrire cet instrument ? « Oui, c’est comme une petite guitare, mais toute ronde. Ca vient d’Amérique, ça change un peu de la guitare ». En même temps, je sortais mon téléphone pour lancer une recherche internet puis je tournais l’écran vers elle une fois que l’objet s’afficha. « C’est un exemple, j’ai déjà tripoté un ukulélé aussi, quand j’ai été en Australie ». Je procédais de même pour cet instrument, me penchant dangereusement sur le comptoir sur mon tabouret pour lui montrer de plus près. Je venais de lui parler de tout un tas de pays en quelques minutes, je n’allais donc pas tarder à pouvoir lui avouer que si je connaissais tout cela, c’était parce que j’avais énormément voyagé. Mine de rien, j’avais une bonne capacité d’apprentissage lorsque je m’en donnais les moyens et que la chose m’intéressait.



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Sam 28 Oct - 13:08
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Avril 2021.

Les compliments d'Aaliyah la touchant, Youlia comprit, à sa mesure, ce que c'était que d'être une rockstar, dans les années 80-90, adulée par une marée humaine qui crie à tue-tête votre prénom tout en reprenant des gestes que vous avez porté à la mode. Pourtant, là, elle n'avait droit qu'aux remerciements et à l'admiration que d'une seule personne ; contre des millions pour les musiciens d'AC/DC, Freddie Mercury ou encore Elvis. C'était la puissance de l'icone. Capable de bouleverser les foules et de les mettre à genoux, à demande, par une simple composition musicale. Comme quoi, c'était peut-être le véritable opium du peuple, la musique. Visiblement, son opium à elle, néanmoins, n'avait eu d'effet que sur une petite frange de la population. Autour d'elles, beaucoup semblaient avoir déjà oublié ce qui venait de se produire, ne prêtaient plus attention à la scène - si tant est qu'ils y eurent porté leur attention ce soir - et échangeaient sur des sujets divers qui n'étaient pas accessibles aux oreilles de Youlia.

Les chevilles déjà bien enflées, la russe avait préféré changer de sujet pour ne pas être assommée d'éloges ; même si, dans l'absolu, cela l'amusait plus que cela ne la dérangeait. Afin de faire connaissance après cette « fan » ; elle n'oserait sans doute pas se risquer à l'appeler ainsi tant le mot en lui-même, avec sa connotation religieuse poussant jusqu'à la dévotion absolue, lui paraissait désuet dans le cas présent ; elle se renseigna sur son identité après s'être présentée elle-même. Interrogée par son prénom, qu'elle venait alors de découvrir, la petite brune le répéta, comme pour se familiariser avec lui, décortiquant les syllabes qu'elle détacha nettement entre ses lèvres. Aa-li-yah. Celui-ci lui semblait inconnu. Nulle connaissance ne s'appelait ainsi. Son cercle d'amis néanmoins était assez restreint et, peut-être que si elle se renseignait davantage elle trouverait davantage d'homonymes à la jeune femme assise en face d'elle. D'ailleurs, maintenant qu'elle y pensait, les prénoms de Troy, Adalynn et Carson devaient être assez peu communs également puisqu'elle n'avait rencontré qu'une itération de chacun de ces trois patronymes depuis qu'elle avait mis les pieds ici.

D'après Aaliyah, porteuse du prénom qui l'interrogeait alors, celui-ci était d'origine arabe. Elle présenta, sans trop en dire non plus puisqu'elle ne révéla point leurs noms originels, simplement leurs traductions, son frère et ses soeurs. Elle souligna, avec un certain amusement, l'absence de cohérence de ses parents, ce qui amusa aussi la pianiste qui retint difficilement un petit rire cristallin, complice de celui de son interlocutrice.

« Je peux les comprendre. Le tien est beau. » Répondit simplement la jeune femme en haussant les épaules. Même si elle venait de le découvrir dans l'instant, elle devait tout de même avouer qu'il n'était pas déplaisant et avait une sonorité sympathique à l'oreille.

L'intérêt d'Aaliyah les conduisit, à nouveau, à parler musique. Piano, surtout. La petite soviétique s'expliqua brièvement, tâchant de restituer au mieux ses pensées en pesant les mots de cette langue d'adoption qu'elle maîtrisait tout de même très bien pour l'avoir précédemment étudié en licence de langues étrangères appliquées ; mais aussi pour l'avoir pratiqué pendant une année entière lors de son premier voyage en Écosse dans le cadre de ses études. Visiblement, elle avait réussi à se faire comprendre ; même si elle trouvait, avec le recul, que son explication manquait de substance et n'était, en réalité, qu'un discours vide qui aurait pu être tenu par n'importe qui. Bien entendu que la maîtrise d'un instrument passait par l'entraînement et n'était pas une capacité innée. N'importe quel néophyte aurait pu le dire. La britannique, néanmoins, ne semblait pas se sentir lésée et renchérit même en parlant de sa pratique personnelle. Elle explicita même, suite au questionnement de Youlia, ce qu'était le « banjo » et confirma ses suppositions. Elle prit même la peine, d'ailleurs, de lui montrer une photo, au cas où.

« Oh, je vois tout à fait, oui. » Lança la petite brune en étirant sur son visage rond un large sourire rouge. « L'Amérique, l'Océanie ... Vous êtes une sorte de globe-trotteuse ? » L'expression l'amusait un peu et la fit sourire davantage. « Je suis originaire de Russie, moi. Vous y êtes déjà allée ? »

Peut-être préférait-elle les destinations plus exotiques ; celles où le soleil vient piquer les corps et rendre halée la peau. Beaucoup préféraient éviter la Mère-Patrie et chacun évoquait ses raisons personnelles. Le passé rouge sang de l'ex-URSS, le froid vampirique qui suçait la moindre trace de chaleur dans les corps, Vladimir Poutine, le KGB, l'extrême-pauvreté, la neige épaisse, les amateurs de vodka. De ce fait, tous ignoraient les grandes richesses que recelait le Grand Ours.

Août 2023

Fut un temps, c'était elle. Même si ce n'était pas dans ses ambitions premières d'être une grande musicienne, une épine naquit dans l'aorte de la brune qui, malgré tout, s'efforçait encore de sourire. Dans sa vie rêvée de jeune fille, découvrant à peine le grand lycée moscovite que lui avait payé Nikita, elle était, à trente ans, une femme du monde, importante, influente, grande journaliste ou politicienne vivant tant en Russie qu'en Angleterre, ayant déjà écrit de multiples livres tant appréciés par la critique littéraire que par le lectorat populaire et s'adonnait, quelques fois, à la pratique musicale dans son immense salon. Si elle devait comparer cette situation rêvée à la réalité, elle ne pouvait qu'être déçue et ce, même si elle était actuellement doctorante et presque assurée de trouver ce métier idyllique dont elle rêvait.

Il était évident qu'Aaliyah ne voulait pas la blesser et s'attendait sans nul doute à comparer son expérience nouvelle de la musique à celle de Youlia, qu'elle avait écouté et apprécié par le passé dans ce bar édimbourgeois, il y a maintenant deux ans. Alors, gênée par la situation et ne voulant pas se faire déprécier par cette « amie » retrouvée, elle mentit. Désormais habituée à réarranger la vérité, elle ne laissa transparaître dans son attitude aucun indice concernant son malaise. Seules ses réponses, courtes, nettes, tranchées ; hésitante aussi pour la dernière, suggéraient potentiellement un trouble chez elle. En comparaison, d'ailleurs, la bouclée s'était lancée dans une logorrhée sans fin. Visiblement, elle avait gardé son enthousiasme naturel d'il y a deux ans et l'avait même intensifié par la pratique de la musique. Désormais, elle n'était plus simplement la mélomane désireuse de faire danser et chanter les autres ; elle était devenue la musicienne qui faisait danser et chanter les autres. Alors, ravie de partager son évolution positive à la russe, elle la harcela de questions au sujet de ses concerts, inventés de toutes pièces pour ne pas paraître ridicule et décevante, et lui parla ensuite de son groupe, de ses démos qu'elle avait sur son téléphone, etc. Fut un temps, 'Lia aurait sans doute été pivoine, dissimulant relativement mal son mal-être mais aujourd'hui, enhardie par la pratique quotidienne des faux-semblants, elle réagissait mieux d'un point de vue extérieur et garda la nacre de ses joues.

« Je joue seule. Mais je n'ai pas de dates prévues pour l'instant. » De quoi la tenir écartée, au moins pour l'instant, de l'idée de venir la revoir. Si elle s'essayait à un nouveau concert, elle serait très certainement ridicule ... Depuis deux ans, elle avait assurément perdu en niveau et décevrait alors Aaliyah. « Mon premier concert ? Tu y as assisté. » Dit-elle alors en souriant avec franchise, cette fois-ci. Leur discussion post-concert était d'ailleurs, très certainement, le seul bon souvenir qu'il lui restait de sa représentation puisque, du reste, Adalynn étant concernée, elle ne ressentait plus qu'une profonde mélancolie pour le passage sur scène. « D'accord pour la démo. Je suis sûre que c'est très bien. »

Souriant encore, elle réarrangea une mèche de ses cheveux et se permit de se rapprocher pour pouvoir voir, mais surtout entendre, l'extrait musical choisi par sa camarade qui désirait lui partager les coulisses de son groupe. Son regard bifurqua, le temps qu'elle cherche, vers l'entrée du magasin qu'elle percevait encore un peu dans le dédale de rayons vitreux présentant des instruments en tout genre. Le vendeur jetait, au même moment, son regard perçant dans leur direction avant de le lancer à nouveau dans les pages de son magazine de jazz, comme surpris dans son entreprise. Rougissant un peu, l'ex-moscovite tira en arrière son débardeur blanc bien trop large pour son corps squelettique, dissimulant parmi les plis de son haut les petites pointes de ses seins à peine existants. Pivotant légèrement, elle tourna le dos au commerçant, sans savoir ce qu'il comptait trouver en les regardant, et se focalisa à nouveau sur Aaliyah qui allait lui présenter sa performance.

« Tu joues de quel instrument, du coup ? »

Si elle lui répondait du piano, elle ne saurait comment réagir. Un petit rire nerveux, peut-être. Une pointe tira encore dans sa poitrine, à cette pensée. Qu'elle se l'avoue, ou non, Youlia, bien que praticienne amatrice, ressentait un brin de jalousie. Envieuse, elle aimerait, elle aussi, trouver le temps de s'adonner à son art afin de se changer les idées, de s'évader de son quotidien toujours sous tension. Néanmoins, non seulement elle n'avait pas les moyens de s'acheter un clavier, mais elle n'avait aussi plus de temps à perdre dans cette dernière année de doctorat pour des activités autres que liées aux sciences politiques ... Alors, silencieusement, se pinçant la lèvre de l'intérieur, elle regardait l'écran du téléphone en se disant que dans un autre monde, elle aussi avait un groupe, elle aussi riait avec d'autres, elle aussi discutait styles musicaux ou accords, elle aussi écrivait quelques textes en débattant avec d'autres sur un mètre particulier en accord avec le rythme décidé en amont. Que dans un autre monde, elle aussi était encore musicienne.
Aaliyah Perkins
Aaliyah Perkins
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Pseudo : Pow
Avatar et crédit : Antonia Thomas (par Nuit d'orage)
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Occupation : Standardiste dans une agence de voyages
Âge : 33 Quartier : Leith, un appartement partagé avec Aaron son meilleur ami et sa fille, Sydney
Situation familiale : Mère d'une petite fille de deux ans - célibataire
Date d'arrivée à Edimbourg : Naissance, puis retour en juillet 2021
Don : Pendant un moment de tristesse non simulé, parvient à revivre un souvenir heureux qui la laisse tétanisée une dizaine de secondes

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We simply became Music | Ft. Aaliyah Empty Re: We simply became Music | Ft. Aaliyah

Dim 5 Nov - 22:13
We simply became music

Face à Youlia, ma maigre expérience de musicienne n’était qu’un grain de sable dans un désert, mais cela était loin de me faire peur, au contraire. De pouvoir côtoyer quelqu’un d’aussi talentueux ne pouvait qu’être source d’inspiration et de motivation, même si loin de moi l’idée de me produire sur une grande scène, même avec le groupe, du moins, pas dans l’immédiat. Ce n’était en tout cas pas mon intention avant de la revoir, en chair et en os. Que ce soit dans un magasin de musique pouvait même représenter un signe du destin signifiant qu’il fallait poursuivre dans cette voie et se lancer pour pouvoir un jour me retrouver à sa place à discuter avec une fan que j’aurai rencontrée à un concert et que la boucle se répète inlassablement. Mon enthousiasme reprenait en effet le dessus, et je me rendais compte que la conversation au sujet de la musique se poursuivait assez naturellement bien que les réponses de la russe me prennent au dépourvu. D’abord, parce qu’elle restait relativement évasive au sujet de ses représentations actuelles, un peu comme si elle en avait honte ou qu’elle ne voulait pas m’y associer, ensuite parce que je n’avais jamais imaginé que le concert auquel j’avais eu la chance d’assister il y a deux ans ait été le premier. A l’époque, je l’avais trouvée extraordinaire et je le lui avais dit, et je m’étais donc mis en tête qu’elle en donnait depuis le plus jeune âge et que ce n’était qu’une formalité à laquelle elle s’était pliée avec une amie. Qu’a cela ne tienne, je trouvais cela d’autant plus admirable. « Je serai en tout cas très heureuse de t’entendre de nouveau, même si ce n’est pas dans un cadre public. Enfin, pas que je veuille te forcer la main ou quoique ce soit, juste, si l’occasion se présente. Sinon j’attendrai une date, peut-être pourras tu m’en informer ? Si tu le souhaites hein ! Parce que si il y a deux ans c’était le premier, qu’est-ce que cela doit donner aujourd’hui ! ». J’étais presque partie fouiller dans mon sac pour y trouver mon carnet, en déchirer une page et y noter mon numéro de téléphone, mais je préférais finir la discussion avant au cas ou elle décide de sauter le pas et de m’inviter directement là ou elle jouait ou juste de me montrer une vidéo prise d’elle-même se faisant.

A la place, j’en sortais directement ledit téléphone pour lui proposer de lui montrer en premier une démo de WBW. Je balayais d’un geste du doigt les différents messages reçus depuis ma dernière consultation avant de consulter les archives de l’engin pour y déloger LA vidéo qui nous mettrait tout les quatre en valeur et pas simplement moi. J’aurai pu lui proposer un solo de basse, mais je n’avais pas cette prétention et au fond de moi subsistait la légère appréhension de paraitre ridicule aux yeux de la mélomane qui me faisait face. Ne souhaitant pas la faire patienter trop longtemps, je scrollais à vive allure sans m’arrêter sur les extraits représentant pour la plupart ma fille en train de jouer à tout et n’importe quoi, sur ceux un peu flous et ratés que je n’avais jamais pris le temps de supprimer. Plus qu’une véritable démo c’était surtout une prise de vue depuis le local ou nous répétions tous les quatre mais que j’avais l’autorisation de montrer à des amis pour nous faire un petit coup de pub. Rien de professionnel ou d’extrêmement bien réalisé, juste quelque chose d’amateur qui n’avait pas vocation à être diffusé à l’international. « Je fais de la basse » répondis-je en même temps que je continuais à chercher lorsque Youlia me posa la question. Plus courant que le ukulélé ou le banjo, moins que la guitare, l’instrument à cordes que je retrouvais à chaque nouvelle répétition était devenu cher à mes yeux et même si ma pratique était récente, je trouvais que je m’en débrouillais plutôt pas mal. Ce n’était pas toujours le cas de notre batteur qui me poussait à chaque fois à m’améliorer. Je ne pourrai pas demander de conseil à ma nouvelle et récente amie sur la question, mais elle pouvait très bien me donner son avis objectif. Je trouvais enfin ce que je cherchais et tournais l’écran vers elle en augmentant le volume pour qu’elle puisse entendre tout à son aise.

Quelques regards désapprobateurs plus tard et je le baissais de nouveau en réalisant que tout à mon enthousiasme, j’avais peut être dérangé les clients venus ici faire leurs affaires. Si je ne voulais pas nous faire virer, il valait mieux que je me contrôle, alors je rapprochais un peu plus l’appareil de l’oreille de Youlia pour qu’elle entende plus qu’elle ne voit. « Voilà, là c’est moi » précisais-je en chuchotant lorsque mes notes se firent entendre. En même temps, cela me permettait de me faire une idée plus précise de ce qu’un regard extérieur pouvait penser de notre prestation à quatre, et je devais avouer que j’étais plutôt fière du rendu : le son était juste, les instruments semblaient en harmonie, et la voix de Ùna était claire et agréable à entendre. Evidemment, cela ne ressemblait en rien de la représentation que la pianiste et son amie nous avaient donné au Rat Pack, mais j’avais confiance en l’objectivité de cette dernière. Lorsque le morceau tira à sa fin je récupérais mon bien en lui jetant un regard interrogatif avant de le ranger dans ma poche. « J’espère que ça ne t’a pas trop agressé les oreilles » demandais-je en plaisantant alors que je commençais à enrouler une mèche de mes cheveux crépus autour de mes doigts en souriant de toutes mes dents.

****

Rosissant de plaisir face au compliment que me faisait la jeune femme alors qu’elle n’avait pas nécessairement besoin de le faire, je baissais un peu la tête laissant un rideau de cheveux me masquer le visage. Je les repoussais un instant après d’un geste rapide vers l’arrière et but une gorgée de ma boisson. Ma mère m’avait un jour précisé en riant qu’elle aurait tout aussi bien pu m’appeler Nour en référence à la lumière et que ce prénom m’aurait été comme un gant tant j’étais énergique et solaire, mais je trouvais Aaliyah bien plus joli et original, d’autant que je partageais la double voyelle avec mon ami de toujours. Ce n’était de toute façon qu’un prénom, et j’avais pris l’habitude de me faire appeler Ali par tout le monde, à l’exception de Aaron qui avait choisi Lili. « Tu peux m’appeler Ali » précisais-je donc à la jeune femme avant que nous passions à autre chose. Je lui montrais un banjo après en avoir fait une description sommaire et cela permis à la musicienne de rebondir sur les voyages que j’avais fait. « En fait, je viens tout juste de rentrer d’un tour du monde, il y a un mois. Donc oui, on peut dire ça ». Je souriais, cela faisait toujours son effet quand je racontais cela, d’autant que la plupart des gens me voyaient plus jeune que mon âge. Dire que j’aurai pu être encore à l’autre bout du monde aujourd’hui à vivre milles et unes aventures ! Et bien non, la plus belle était ici, avec un petit bébé de quelques mois avec qui j’apprenais à vivre chaque jour mais aussi chaque nuit. Relevant la tête en quittant ces pensées qui me tireraient presque les larmes des yeux tant j’en ressentais d’émotion, je répondis à la question de la jeune femme en la secouant de droite à gauche. « Malheureusement non, je n’en ai pas eu l’occasion encore, mais un jour qui sait ». Et cela me ferait bien sûr énormément plaisir de rencontrer encore de nouvelles personnes ou de découvrir une nouvelle culture mais ce n’était pas encore au programme, pas alors que je venais de rentrer et que je me refaisais à la vie sédentaire. « Par contre, j’ai des amis qui viennent de là-bas. Moscou je crois. J’ai eu de tous les avis sur la ville et sur le pays en lui même, mais est-ce qu’il fait vraiment si froid ? Enfin, peut-être que tu es habituée, moi, mon père vient de la Jamaïque alors autant dire que j’ai hérité de quelques gênes ». Je désignais ma peau en passant une main sur mon avant-bras à moitié dénudé. A l’intérieur, je ne portais pas de pull, surtout pas en plein mois d’aout, mais je n’étais pas non plus en petit débardeur échancré. C’était pour ça que j’avais bien aimé vivre en Australie.



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Youlia Kourotchkine
Youlia Kourotchkine
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Occupation : Professeure vacataire, chargée de TD à l'université en relations internationales - doctorante en sciences politiques.
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Date d'arrivée à Edimbourg : Une première fois en 2015 ; puis revient en 2021.
Don : Aucun. Est encore soumise au don de son ancienne meilleure amie, Adalynn Grey, qui fait que celle-ci peut connaître toutes les émotions de Youlia à toute heure du jour comme de la nuit.

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Dim 10 Déc - 15:27
WE SIMPLY BECAME MUSIC
   Août 2023.

Aaliyah était la sincérité ; Youlia le mensonge. Visiblement, elle avait envie de l'écouter à nouveau. Les souvenirs passés avec le temps s'égrainant avait tendance à s'embellir. Cette expérience musicale, à laquelle elle avait été exposée, avait dû mûrir dans son esprit et lui paraître une révélation. Cependant, se faisant plus lucide que modeste, la russe estimait qu'elle avait déformé la réalité. Elle aussi, sans doute, tordait le Réel pour se complaire dans sa mélancolie quotidienne. C'était tout ce qui la rattachait aux autres, à ceux qu'elle avait perdu. A Adalynn d'abord, à Troy ensuite, son ex-petit-ami mais aussi et surtout à Niki', son grand-frère. Peut-être qu'en y réfléchissant bien, perdu dans la neige et les bas-fonds moscovites, ils n'avaient jamais été heureux, tous les deux. Ils jouaient à mourir ; c'était un jeu inadéquat pour des enfants. S'il avait été un si bon grand-frère que ça, il le lui aurait fait remarquer. Il se serait assuré qu'elle soit heureuse autrement qu'en kidnappant des quidams afin de revendre leurs corps au marché noir ...

L'entrain d'Aaliyah désarçonna la brune. Bien évidemment, ses mots la séduisaient car, si faux puissent-ils être, ils fleuraient bon et avaient un délicieux goût de miel qu'elle ne pouvait ignorer. Une chaleur légère enflamma sa poitrine qui, bien que légèrement contrit par la jalousie, flattait son ego. Malheureusement, elle dut botter en touche dès qu'il lui fut proposée de retenter l'expérience :

« Oui, je verrai ça... » Elle se mordit l'intérieur de la joue. « Je dois bien avoir deux ou trois démos qui trainent dans ma chambre... » Elle en avait, oui, issues d'un temps passé, révolu ; aujourd'hui, sans doute, ne pourrait-elle plus faire cavaler ses doigts en harmonie sur son clavier tant elle sentait ses articulations rouillées.

Avec un peu de « chance », la conversation continuant, elles finiraient par aboutir à un autre sujet qui, plus tard, ferait oublier à la jeune femme la nécessité de récupérer son numéro de téléphone ce qui permettrait à Youlia d'entretenir l'illusion familière et réconfortante d'une musique douce et entraînante qui berçait encore le cœur d'Aaliyah.

Penchée sur le téléphone de cette semi-inconnue, les mains enfouies dans les poches de son pantalon, la jeune femme filiforme vit défiler sous ses yeux différentes vidéos d'une mignonne petite fille qui, sans nul doute, devait être celle de son interlocutrice. Ses yeux remontèrent alors sur le visage de celle-ci, trop occupée à chasser les notifications et à faire dévaler dans sa galerie un océan d'images afin de retrouver ce qu'elle cherchait. Elle était jeune, non ? Du moins, autant que Youlia elle-même. Et elle avait un enfant ? Cette pensée la fit tomber dans un spleen inattendu. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, la russe ne s'était jamais demandé si elle en voulait un elle-même, d'enfant. Avec Troy, au fond, elle devait s'être dite dès le départ que ça n'aboutirait à rien. Ils étaient trop différents. Elle avait apprécié les baisers, les caresses, sa première fois peut-être pas mais la deuxième un peu plus. Ils n'ont jamais discuté progéniture, projets de mariage, d'achat de maison, de rien. Pourtant Puckett l'aimait beaucoup ; elle n'en doutait pas. C'était elle qui, sans doute, n'aimait pas assez. Carriériste, elle n'avait toujours songé qu'à elle, à sa réussite et un enfant, assurément, ferait péricliter tout ce qu'elle avait jusqu'alors tenté de bâtir. Jamais dans sa vie elle n'avait eu une grande image de la parentalité : sa mère avait fui quand ils étaient enfants, Dmitri était un salaud qui buvait à outrance et les frappait quand il n'avait plus rien à boire ; leurs familles d'accueil étaient nulles, pas un tuteur ne s'était jamais soucié d'eux. Parmi ses professeurs aussi aucun n'avait fait preuve d'empathie à son égard et il a toujours été question de concurrence ; l'école étant pour elle une mer obscure où nageaient les pires squales ; des amateurs d'hémoglobine, des prédateurs repus qui ne mangeaient que pour manger, pour annihiler l'autre, le voir souffrir. Elle-même était un beau requin. Ada' en avait fait les frais.

« C'est bien la basse. »

Ces mots tranchèrent avec ses pensées. Elle sourit un peu. Elles avaient parlé plus tôt, il est vrai, de « banjo » alors non, elle ne devait pas faire de piano. Néanmoins, au vu du caractère volatile et des intérêts multiples qui se devinaient chez elle à la seule vue de son téléphone chargé en informations diverses, il n'aurait pas été étonnant qu'elle cherche à se former dans l'apprentissage de nombreux instruments. Parmi lesquels, le piano.

Souriant un peu, 'Lia s'avança tandis que le téléphone fut porté à son oreille. De son épaule tomba, au cours du mouvement, la lanière de son débardeur qu'elle ramena aussitôt tandis qu'elle portait une attention toute particulière au morceau qu'elle écoutait. Aaliyah, comme elle autrefois, semblait peu assurée. Elle l'imaginait pourtant plus confiante. Ce qu'elle avait entendu n'était pas mauvais. Elle ne se permettrait, de toute façon, pas de porter un jugement négatif alors même qu'elle n'était, de son côté, pas une grande musicienne non plus.

« Non, c'était super voyons. »

Ses larges lèvres s'étirèrent en un doux sourire. Elle aimerait elle aussi avoir un groupe d'amis avec qui s'entraîner quotidiennement pour proposer des morceaux inédits ou même tout simplement pour faire des reprises. Cependant, à l'heure actuelle, elle avait d'autres choses à penser plutôt qu'à faire des covers qu'elle posterait sur YouTube en menant une vie de bohème, virevoltant de bar en bar pour proposer le dernier morceau d'un groupe au nom décalé qu'elle aurait bâti de zéro avec quelques amis un peu hippies. Cette vie était derrière elle. Il était bon, en société, d'avoir quelques connaissances musicales, notamment à propos d'un genre aussi distingué que le classique ; nombre de politiques avaient choisi ce domaine plutôt que la littérature ou la peinture pour s'exprimer dans des repas mondains. Sa maîtrise sommaire du piano n'était donc, aujourd'hui, plus qu'une corde à son arc pour lui permettre de s'attirer la sympathie de certains cadors.

« Vous faites des concerts ? » Se risqua t-elle à demander, voyant qu'Aaliyah était tout de même assez fière de lui présenter son travail ; les mèches entortillées autour de son doigt trahissant, à la manière d'une jeune fille s'étant entichée de quelqu'un, sa joie de parler avec Youlia de ses projets.

Avril 2021.

« D'accord Ali. »

Youlia sourit chaleureusement. Du coin de l'oeil, elle voyait s'éloigner le groupe qui s'était formé autour d'Adalynn et qui la charriait encore un peu au sujet de sa prestation. Pensant tout de même à son acolyte, l'écossaise, bien qu'emportée par ses amis, se tourna en direction de sa partenaire de TD et, la voyant avec Aaliyah, lui fit simplement signe qu'elle sortait prendre l'air. Au moins, elle ne l'oubliait pas totalement ... Elles pourraient rentrer ensemble dans leur chambre étudiante. L'idée de rentrer chez elle en traversant les allées embrumées et ténébreuses de la vieille ville n'enchantait pas vraiment Youlia qui fut un peu rassurée de savoir Ada' soucieuse de son sort.

« Timing parfait pour notre rencontre alors. »

Nécessairement, la discussion dériva et, tandis qu'elles parlaient initialement de musique, en accord avec la petite représentation qui venait d'avoir lieu, il était désormais question des pays du monde. Contrairement à elle, Aaliyah avait vu de nombreuses contrées en des coins reculés de la petite île britannique. La brune, elle, si elle omettait sa Russie natale, n'avait en réalité jamais trop bifurqué. Elle vivait à Édimbourg et avait déjà mis les pieds en Angleterre mais n'avait jamais tenté de passer dans une autre nation britannique ; alors même que les Pays de Galles étaient frontaliers et que l'Irlande n'était qu'à une heure ou deux en bateau. Alors penser à l'Océanie ou à l'Amérique, c'était totalement irréel pour la jeune femme. Celle-ci n'avait, de l'Australie ou des États-Unis, qu'une image fantasmée transmise par les films ou les livres d'images. Elle était la touriste candide qui s'imaginait l'Australie comme le domaine des kangourous et des maoris, sans même savoir qu'il s'agissait plutôt d'une peuplade autochtone de Nouvelle-Zélande.

« S'il fait froid ? » Elle parut étonnée, puis ricana un peu. « Parfois plus qu'ici, oui. » Elle ne vivait pas réellement dans les mêmes conditions, qu'elle soit à Moscou ou à Édimbourg. Son vieil appartement aux murs cartonnés, pris en colocation avec les cafards, ne rendait sans doute pas justice à la Troisième Rome. Il fait nécessairement plus froid quand on vit sans le sou, au fin fond d'un placard à balais avec de vieux vêtements mal cousus qu'avec une large parka et une longue écharpe molletonnée autour du cou. « Mais si vous avez le sang chaud, peut-être que vous résisteriez ... »

L'étudiante, contrairement à elle, portait un petit pull en laine qui recouvrait sa fine peau blafarde qui, piquée par la chaleur du lieu, avait certainement rosie sous ses vêtements. Ses joues elles-mêmes étaient empourprées ; non pas de gêne, mais bien en raison des radiateurs qui devaient maintenir une température optimale dans la salle exiguë où, les corps humains, pressés les uns contre les autres, devaient également permettre un feu doux et agréable.

« Vous voyagez pour le travail ? Ou simplement par pur plaisir ? »
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We simply became Music | Ft. Aaliyah Empty Re: We simply became Music | Ft. Aaliyah

Mar 19 Déc - 20:05
We simply became music

Des démos, c’était déjà pas mal, plus que je ne l’avais espéré en rentrant dans ce magasin quelques minutes auparavant. Si j’avais su que je pouvais y croiser d’anciennes amitiés perdues de vue mais liées par ce point commun qu’était la musique, probablement serais-je venue plus tôt dans l’espoir de les apercevoir. Je gardais vraiment un bon souvenir de Youlia malgré les deux ans séparant nos deux rencontres. Elle m’avait paru très sympathique et douce, la mélodie de son piano m’avait enchanté durant le temps de sa prestation, et la discussion qui s’en était ensuivie avait été divertissante. Pas un instant je ne m’imagine qu’elle est pressée et que ma conversation la gêne mais qu’elle fait preuve de politesse pour ne pas m’interrompre, au contraire, j’ai l’impression que le feeling de 2021 est toujours là. Maintenant, c’est à mon tour de lui montrer une partie de l’étendue de mon talent bien que je n’ai rien d’encore très talentueux. Heureusement, les membres du groupe me subliment lorsqu’il le faut, et même si je n’ai pas trouvé de solo de basse à brandir sous le nez de la russe, je suis fière de savoir qu’il y a des vidéos quelque part de ces exploits un peu exceptionnels. « Han trop bien, super, et bien à l’occasion, pourquoi pas ». Je me retiens pour ne pas lui demander si on peut aller les chercher tout de suite, car après tout, nous ne sommes pas de ces amis proches qui nous invitons l’une chez l’autre pour papoter en se faisant les ongles. Il fallait savoir refaire connaissance petit à petit.

L’écran est glissé sous les yeux de la demoiselle et je me redécouvre en même temps qu’elle. Je frétille d’impatiente d’avoir son avis, et que celui-ci soit dithyrambique. Déjà, je me sens fière de voir qu’une musicienne comme elle approuve mon choix d’instrument. Pour certains, c’était peut être manquer d’ambition que de se contenter d’une sorte de guitare au rabais mais moi, j’étais heureuse de savoir en jouer et d’avoir surtout pu intégrer un groupe pour pouvoir m’entrainer. Certainement que, seule chez moi, je n’aurai jamais plus touché à l’instrument qui serait resté à prendre la poussière dans le grenier de chez ma mère. Préférant parer à l’éventualité que l’écoute ne lui ai pas plu, je lançais une plaisanterie mais fut ravie de voir que ce n’était pas si horrible que cela aurait pu l’être. « Merci » répondis-je avec chaleur en éteignant le téléphone mais en le gardant en main au cas ou elle souhaiterai écouter autre chose.

La question a propos des concerts était délicate puisque c’était un sujet de dissension au sein du groupe. Me concernant, en faire ne me dérangeait pas plus que cela, mais ma tendance à ne pas me pendre au sérieux allait à l’encontre des intentions de notre batteur pour qui c’était une occasion pleine et entière de se faire connaitre. Pour lui, il fallait multiplier les interventions en public, alors que j’étais d’avis, et notre guitariste également, que nous n’étions pas tout à fait prêts pour cela. Ce n’était pas une question de prestance scénique, juste de morceaux et d’accords qui n’étaient pas toujours harmonieux. « Cela nous est arrivé, quelques fois, mais ce n’est pas l’ambition de tout le monde dans le groupe, d’autant que nous n’avons pas toujours le temps de répéter tous ensemble, alors nous évitons pour le moment. Mais c’est un désir de notre batteur que je comprends parfaitement » répondis-je alors pour expliquer la situation. « Je ne manquerai pas de te prévenir quand ce sera le cas » proposais-je ensuite sans pour autant avoir encore la moindre idée de comment je pourrais lui faire passer l’info. Puis, abandonnant le sujet de la musique, je la questionnais une nouvelle fois : « Et à la musique et tes représentations, qu’est-ce que tu deviens ? »

——

Les présentations faites, mais nos verres pas encore finis, nous engageâmes la conversation sur tout autre chose. Ravie de pouvoir échanger sur les voyages que j’avais fait, et dont tous les souvenirs me restaient encore en tête de part leur ancienneté, leur originalité, et les sensations que cela me procurait encore dans le coeur, j’annonçais avec fierté que j’avais fait un tour du monde duquel je venais juste de revenir. J’aurai pu continuer ce dernier si Sydney n’était pas entrée dans ma vie. Après tout, c’était ce que j’avais prévu depuis longtemps, car il y avait tout un tas d’autres pays que je n’avais encore jamais vus ni visité. Certes, je n’aurai jamais de toute une vie pour le faire, mais maintenant que j’avais un enfant, mon chemin était tracé d’une autre manière et me permettrait peu d’en bifurquer avant quelques années. Je n’étais pas particulièrement nostalgique de ces voyages manqués, parce que j’avais déjà réalisé une grande partie de mon rêve et que je pouvais être fière de moi d’avoir accompli quelque chose que bien peu de gens de mon âge pouvaient se targuer d’avoir fait. Plus que la musique, la géographie était quelque chose que je maitrisais sur le bout des doigts, et dont je pouvais débattre allègrement pendant des heures. La Russie était un de ces pays ou je n’avais pas eu l’occasion de mettre un pied, et le fait d’apprendre que Youlia en était originaire me donnait envie d’y remédier. Qu’il y fasse froid n’était pas un frein suffisant. « Parfois seulement ? Voilà qui a de quoi me rassurer alors, malheureusement ce ne sera pas pour tout de suite. J’ai une petite fille de quelques mois, je pense que vous avez vu les photos. Son père est Australien, alors je l’élève seule, heureusement mon meilleur ami m’aide beaucoup. Mais si un jour je devais repartir, je pense que j’irai là bas en premier, pour qu’elle découvre une partie de ses origines ». Sydney était loin de ces préoccupations du monde pour le moment. Sa vie se résumait à manger et à dormir, et la mienne à combler ses besoins.

J’avais presque chaud pour elle, à la voir dans ce pull qui recouvrait ses bras. Qui plus est, elle avait été sous les lumières de la scène, qui l’avaient auréolée de gloire, et elle avait été active à jouer de son instrument avec virtuosité. Néanmoins, elle ne semblait pas particulièrement mal à l’aise à essayer de le détendre. Comme elle embrayait sur le sujet des voyages, je m’asseyais encore plus correctement sur ma chaise, prête à converser des heures avec celle qui pourtant n’était encore qu’une étrangère quelques minutes auparavant. « Par plaisir, vraiment. C’est un rêve depuis toujours, et j’ai économisé des années pour le réaliser. Maintenant que je suis rentrée j’aimerai bien trouver un emploi dans le domaine. J’ai eu un entretien dans une agence de voyages la semaine dernière, j’attend d’être rappelée ». Le tour du monde m’avait obligé à pomper dans l’entièreté de mes économies mais ce n’était aucunement un regret. J’avais travaillé dans beaucoup de pays que j’avais traversé, que ce soit en tant que serveuse ou ramasseuse de déchets sur la plage, je n’avais pas fait que visiter. Cela m’avait permis de m’imprégner aussi de certaines coutumes locales et d’échanger avec toutes sortes de personnes. Je n’avais eu que très peu de mauvaises surprises, et rien qui ne me dégoute assez pour arrêter tout cela. « Et donc, j’ai appris la musique un peu par ci, un peu par là, en jouant avec des gens rencontrés sur place. Je n’ai pas le mérite d’avoir travaillé des années et des années pour pouvoir un jour me produire sur scène ». J’affichais un regard entendu. Il était certain que c’était l’inverse pour Youlia. « Pourquoi avoir choisi le piano ? » questionnais-je alors pour en connaitre un peu plus sur le chemin de vie de ma nouvelle amie.



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Youlia Kourotchkine
Youlia Kourotchkine
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CW : Harcèlement sexuel - langage vulgaire - sexe - anorexie - consommation de médicaments - trafic d'êtres-humains.
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Occupation : Professeure vacataire, chargée de TD à l'université en relations internationales - doctorante en sciences politiques.
Âge : 34 Quartier : Chambre étudiante dans une résidence située non loin de l'université d'Edimbourg.
Situation familiale : Célibataire ; se considère comme orpheline et fille unique. Elle a en réalité un frère aîné.
Date d'arrivée à Edimbourg : Une première fois en 2015 ; puis revient en 2021.
Don : Aucun. Est encore soumise au don de son ancienne meilleure amie, Adalynn Grey, qui fait que celle-ci peut connaître toutes les émotions de Youlia à toute heure du jour comme de la nuit.

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Jeu 1 Fév - 15:18
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Août 2023.

La musique était douce et agréable. Pourtant, Youlia voulait fuir. Elle ne savait même pas comment elle réussissait encore à contrôler le saignement de ses joues qui souffraient de honte. Même si le métier le lui imposait souvent, 'Lia n'aimait pas mentir et s'évertuait, en règle générale, à dire la vérité. Aujourd'hui, rien ne l'engageait spécialement sur le chemin du Mensonge et pourtant, elle s'était perdue volontairement dans ces allées embrumées. La tromperie était un dédale dans lequel s'avancer était se condamner. On ne pouvait pas simplement emprunter un chemin du labyrinthe et retourner ses pas après s'être rendu compte de son erreur ; les traces s'effaçaient au sol et les murs changeaient constamment tant et si bien que derrière vos talons se dresse déjà une immense cloison d'épines. Son ego ayant répondu à sa place, Youlia se trouvait désormais embourbée dans un piège qu'elle s'était tissée elle-même et duquel elle ne pouvait plus fuir.

Le sourire léger entaille son visage et la blesse. Légèrement penchée sur Aaliyah, belle inconnue d'un soir lointain qu'elle pensait disparue dans le passé, elle prêta l'oreille à la musique qu'elle et son groupe avaient enregistrée. Ses phrases, qui s'échappaient de sa bouche meurtrie, étaient concises. Elle craignait qu'elles paraissent froides. Elle n'approfondissait pas, ne savait pas trouver les mots, se dégoûtait elle-même et jalousait aussi un peu cette fille qui avait su courir après ses rêves et qui, aujourd'hui, contrairement à elle, semblait heureuse et épanouie. La nuit dernière encore, la russe n'avait dormi que quatre heures. Trois trente, si on voulait être précise. Même quand elle était abattue par le travail, son corps trouvait encore le moyen de résister aux sables oniriques qui l'ensevelissaient dans sa chambre devenue sablier hors-du-temps ; ses paupières luttaient, faisaient craqueler le sel magique qui les collaient à sa peau et son cerveau, comme une vieille machine, ruminait encore en faisant tourner dans son large tambour mécanique les idées du jour qu'il tâchait de laver pour les faire ressortir plus propres le lendemain. Aaliyah elle était plus solaire. Elle semblait réellement heureuse de lui montrer ses progrès à la basse ; elle qui, à l'époque, n'avait que pour ambition seulement de jouer et ne s'y était pas encore essayer. A l'inverse, la soviétique elle, bien qu'elle côtoie encore cette petite boutique de Royal Mile, n'avait vu son niveau que décroître. Il existe en Occident le stéréotype de la petite russe sans émotions agissant comme un robot ayant éveillé un don naturel pour la musique ou la danse ; une Tchaïkovski au féminin. Youlia devait être celle qui tordait la norme. Certes, elle avait un jour réussi à avoir un petit niveau en fréquentant les bancs du lycée privé de Moscou néanmoins, les années faisant, elle avait vu ses doigts s'émousser. Elle n'avait plus en elle cette petite magie dont elle était si fière et qui faisait désormais rayonner Aaliyah qui, voleuse de lumière, s'était peut-être emparée d'une certaine façon, ce soir-là, alors que Youlia commençait à sombrer peu à peu dans les ténèbres, de ses capacités.

Une fois le son terminé, la jeune femme éteignit son téléphone et se fendit d'un sourire. Youlia le lui rendit. Visiblement, elle ne lisait pas en elle son léger trouble. 'Lia, si elle s'était vue devant une glace, ne se serait pas convaincue elle-même du masque dont elle se parait. Aaliyah, à l'inverse, sûrement car elle ne la connaissait pas assez ou qu'elle ignorait tout des vices de ce temps, se laissait charmer par l'illusion. Afin de jouer un peu le jeu, elle s'intéressa à ses performances et à celles de son groupe. La jeune femme lui expliqua alors l'organisation assez sommaire des musiciens qu'elle côtoyait et qui ne permettait pas la professionnalisation de leur activité, au grand dam du batteur qui, de ce qu'elle en peignait, aimerait connaître la gloire, la pute et la coke. C'était toujours comme ça, dans un groupe. Du moins, se l'imaginait-elle. Youlia n'avait jamais pensé à former un tandem de façon permanente avec Ada' à l'époque et, quand bien même, il était certain que des tensions en auraient découlé si d'aventure elles s'y étaient essayées. Rien qu'avec leurs à côté, comme la faculté par exemple.

« Ce serait avec plaisir. » Ses lippes grandirent quand elle demanda ce qu'elle devenait si on omettait la musique. C'était l'occasion pour elle de rebondir sur ses pieds et de recoller avec la vérité. « Je ne sais plus si je t'en avais parlé à l'époque mais ... Je suis encore étudiante à la faculté. Je prépare une thèse en sciences politiques et j'anime quelques TD, aussi. » Juste de quoi survivre chaque mois, à vrai dire. « Et toi alors ? La musique ne semble pas être ton occupation principale alors tu dois avoir un travail, non ? »

Avril 2021


Concentrée sur les mots de la jeune femme en face d'elle, la petite russe tâchait de comprendre chacun des mots employés afin de suivre la conversation et de rendre réponse à chacune des interrogations de la jeune femme. Visiblement, à l'inverse de la soviétique, Aaliyah avait vu le monde. Elle évoquait ses voyages, ses découvertes autour du globe, tout en admettant qu'elle n'avait encore jamais mis les pieds en Russie. Il fallait dire que pour beaucoup d'européens, au vu du passé de sa patrie, elle se présentait comme une terre hostile longtemps caricaturée par les studios hollywoodiens à l'occasion de la guerre froide. Un terrain enneigé, muré de glace, comprenant des démons aux accents slaves, déshumanisés et prônant une doctrine odieuse aux antipodes du régime capitaliste qui s'instaurait peu à peu en Occident. Pourtant, à bien y regarder, Youlia n'avait nul trait d'une goule des Balkans ; du moins espérait-elle. Les cernes, peut-être, pouvaient tromper ; la couleur coton de sa peau également. Du reste, elle s'estimait assez jolie pour ne pas être comparée à une vilaine matrone d'URSS. Mais oui, il y en avait, des monstres. Parfois, certains étaient plus proches qu'on ne pouvait l'imaginer ... Un frisson la traversa quand elle se surprit à penser à Niki.

« Je dis "parfois" pour être rassurante.. » Ricana alors la brune en passant un doigt sur une de ses mèches qui se rebiffait. « J'ai vu quelques photos passer. » Confia, en effet, la petite russe en souriant. Un enfant, quelle idée ? Elle se voyait si mal en élever un, à l'avenir. Cela nuirait très certainement à ses études ou à son travail futur. Elle refusait de vivre autrement que comme une femme libre et indépendante ; elle craignait d'être un jour rattrapé par les liens de son utérus que les hommes s'échinaient à lui rappeler. Troy aurait voulu un enfant, sans doute. Ce n'était donc pas plus mal qu'ils se séparent ... « Elle est mignonne. » Tous les enfants, malgré tout, l'étaient. « Ce doit être beau l'Australie. »

Elle ne pouvait que vaguement l'imaginer. Un territoire exotique aux accents de soleil berçant les contours d'une jungle magnifique bordant la périphérie de certaines grandes villes. Elle avait de ces îles lointaines, qu'elles soient australiennes, néo-zélandaises ou asiatiques, une vision idéalisée. C'était une utopie toute droit sortie de la Genèse ou une grande arche remplie d'animaux étranges et fascinants. Pour elle qui n'avait connu que la Russie et l'Ecosse, la France seule paraitrait paradisiaque par sa météo alors que dire d'un pays comme l'Australie ? Néanmoins, elle craignait tout de même les brûlures d'Hélios et les piqûres terribles de certains insectes. Sa peau laiteuse n'étant habituée qu'au mistral, elle subirait sans nul doute le contre-coup d'un voyage en terres australes dès son amarrage.

« Je vais croiser les doigts pour vous alors. » Dit-elle en sortant de dessous le comptoir ses doigts déjà croisés devant un fin sourire.

C'était une vie qu'elle se voyait mal mener, de son côté. Non, Youlia elle, elle ambitionnait plus ... Bien plus. Adalynn reparut dans son champ de vision périphérique. Elle aussi, elle était comme elle. Elle aussi, elle ne voulait pas être une simple chanteuse qui voguait de bar en bar, vie de bohème, afin d'enchanter quiconque avec des chansons improvisées à la volée.

« Ce doit être bien de puiser ci-et-là des influences diverses. » Malgré tout, elle l'enviait un peu tout de même. 'Lia voulait tout. L'argent, la gloire, le temps, la culture. Parfois, elle se disait que contrairement à beaucoup de personnes arrivées dans le milieu qui, par divers moyens, avaient réussi à arpenter le globe pour se faire des alliés en tous lieux ; elle, à l'inverse, n'ayant pu bénéficié d'aucune aide extérieure de sa famille ou de relations fortes à l'international, elle peinerait sans doute à survivre dans le grand bain qu'était la politique. « Moi j'ai tout appris à l'école, avec une fille qui prenait des cours particuliers et qui m'a appris à pianoter un peu ... Alors, le piano, c'est surtout parce qu'elle s'y intéressait elle. Si ses parents, en l'inscrivant, s'y étaient pris trop tard et que le cours était plein, qu'elle dusse se tourner vers le violoncelle, peut-être que ce soir, je serais en train de vous parler avec un archet à la main. » Elle ricana.

C'était par mimétisme qu'elle en était arrivée là. Niki avait tout fait pour qu'elle puisse atteindre les plus hautes sphères, pour qu'elle quitte leur cloaque familial, pour qu'elle puisse s'épanouir, enfin. Elle avait alors imprimé sa marche sur celle des autres. Avait observé et copié leurs gestes. Avait appris l'étiquette. Avait appris à parler comme eux. A penser comme eux. Tout ce qu'elle avait, elle se l'était accaparé, en réalité. Et elle continuerait, assurément.

Dans leur dos, un autre groupe s'était installé sur la scène. Il y avait un saxophone, un piano, un batteur. Visiblement, ils allaient proposer un contenu très jazzy. La lumière bifurqua sur eux, plongeant une partie du bar dans l'obscurité afin de révéler le trio qui s'anima sous l'impulsion du saxo qui, prenant une large gorgée d'air, fit gronder sa corne de cuivre dont le son rebondit sur chacun des murs de l'exiguë repère à mélomanes.

« Vous voulez qu'on se rapproche ? » Demanda la russe en jetant un coup d'oeil à Aaliyah. Plus loin, il y avait encore Adalynn et ses amis. Elle l'avait oubliée, visiblement, et Youlia ne voulait pas jouer aux plantes vertes à côté d'elle, daignant attendre qu'elle l'arrose quelques fois pour qu'elle ne se fâne pas.
Aaliyah Perkins
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Mer 14 Fév - 22:52
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Même si nous n’avions pas tous les mêmes objectifs pour le groupe, nous arrivions à composer ensemble sans nous écharper à toutes les auditions, quoique Ùna et Dior avaient de nombreuses disputes à leur actif, bien que cela ne les empêchait pas de continuer. Il s’agissait, parfois, de faire des compromis et pour ma part, je n’avais rien contre de faire quelques concerts si cela permettait à certains d’entre nous d’acquérir de la prospérité. Me concernant, je n’avais aucune envie de faire carrière dans la musique, je considérais cela comme une activité qui me faisait du bien et parfois comme un passe-temps, et non comme un potentiel gagne pain. Je ressentais beaucoup de choses lorsque je grattais la basse, tout comme j’en ressentais avant lorsque je fredonnais des berceuses à Sydney pour qu’elle s’endorme. A ma place maintenant, c’était mon meilleur ami qui s’y collait, même s’il n’avait pas forcément une plus belle voix que moi. Peut être que, si j’avais été plus douée dans ce domaine, ou si j’avais appris lorsque j’étais jeune en me montrant assidue à des cours de solfège et d’instrument, et bien aurais-je un tout autre discours. Cela n’avait pourtant jamais été possible.

De plus, je savais combien il était difficile de percer. Parfois avec même tout le talent du monde, cela ne suffisait pas. Aussi ne montrais-je pas particulièrement de surprise lorsque Youlia avoua que, à coté, elle avait poursuivi des études et que même, elle y était encore. Elle devait donc mener ces deux activités de front, ce qui expliquait surement qu’elle ne se produise pas tous les soirs sur la scène du Rat Pack. Je n’étais pas sûre qu’elle me l’ai dit à l’époque, ou alors, comme beaucoup de choses, je ne m’en étais juste pas souvenue, obnubilée plutôt par le fait que j’étais en train de parler à une virtuose de la musique qui venait de jouer devant tout un public, que par d’avoir rencontré une étudiante. Pourtant, les sciences politiques devaient surement sonner comme une matière très intéressante, bien que je n’ai moi même jamais pris le temps de m’intéresser à ce sujet, à part s’agissant des grandes lignes, comme le règne de la Reine par exemple. Ce n’était pas quelque chose que j’avais forcément gardé en mémoire de mes années d’école, mais comme tout un chacun vivant au Royaume-Uni, je n’étais pas étrangère à l’actualité du pays. Ceci étant dit, toute chose nouvelle avait le potentiel pour éveiller ma curiosité. « Oh, mais c’est super ! Quel est le sujet ? » demandais-je en ouvrant grand les yeux, même si je n’étais pas sûre de comprendre l’intitulé. Souvent, ces derniers étaient relativement à rallonge non ? « Ah moi non, je ne suis plus étudiante depuis un moment, bon à vrai dire je ne l’ai jamais été, j’ai toujours vécu de petits boulots en petits boulots. Ça m’a surtout servi à payer mon tour du monde à l’époque, et même dans les pays que j’ai visité j’ai été tantôt serveuse, tantôt guide touristique… Mais aujourd’hui, je travaille dans une agence de voyages. Tu te souviens, quand on s’est rencontrées je passais un entretien ! Et bien j’ai eu le poste ! Ça fait deux ans que je suis là bas, et j’adooooore mon métier. On voit de tout ! C’est fou combien certains sont prêts à dépenser pour leurs voyages ! Mais on ne s’en plaint pas, cela fait le chiffre de l’agence. Et puis les demandes loufoques qu’on a ! Une fois, un client a demandé à ce qu’il y ai un passage pour les dauphins de la mer à la piscine de son hôtel. Et bien crois le ou non, on a fini par trouver ». Je haussais les épaules en riant à moitié à cette anecdote. On faisait avec, c’était notre métier, de contenter les gens.

****

J’étais prête à boire les paroles de Youlia sur son pays d’origine. Tout cela était vraiment fascinant, qu’elle en arrivait même à me surprendre en disant qu’il ne faisait pas froid tout le temps là bas. Cela me motivait pour aller découvrir par moi même une fois que Syd serait plus grande, soit pour me suivre, soit pour lever les yeux au ciel en arguant qu’elle préférait séjourner chez son amie Philadelphie pour les vacances. La musicienne se reprit l’instant suivant mais loin de me montrer déçue, je plissais légèrement le nez avec un « Oh » avant d’éclater de rire. « J’imagine que ça dépend des endroits ». Après tout, c’était un pays largement assez grand pour connaître d’importants écarts de température. J’oubliais rapidement la Russie lorsque Youlia complimenta Sydney et mon sourire s’écarta immédiatement jusqu’a mes oreilles. Les joues roses, je balbutiais un remerciement et m’apprêtais même à ressortir le téléphone pour admirer une nouvelle fois la bouille café au lait de ma chère progéniture avant de me dire que finalement, ce serait peut être faire preuve de trop de fierté et d’orgueil. De plus, même si nous parlions depuis quelques minutes, elle était encore une inconnue pour moi et je tenais pas à l’embêter en lui affichant encore une fois Sydney sous les yeux alors qu’elle avait probablement autre chose de mieux à faire. « C’est magnifique, l’Australie » soufflais-je doucement cette fois en me remémorant les paysages de ce pays du bout du monde. « Magnifique et très dangereux ! Je n’aurai pas fait la fière si je m’étais retrouvée face à face un de leurs spécimens d’araignées. Et il paraît qu’il faut vraiment faire attention aux kangourous aussi, leur réputation n’est pas une fausse rumeur ». La faune mise à part, j’avais en tout cas fortement apprécié mon périple là bas, et le fait d’y avoir rencontré Derek y était surement pour quelque chose même si là, en y repensant, je sentis un étau compresser légèrement mon coeur.

C’était pour cela que je comptais quand même repartir avec ma fille un jour. Lorsqu’elle serait assez grande pour comprendre que Aaron, s’il était comme son père, n’était pas celui qui avait contribué à son existence. Je ne comptais pas forcément lui cacher la vérité plus que de raison, et d’ailleurs, si j’étais amenée à parler de lui, je lui fournirai toutes les explications qu’elle désirerait. Ce serait ensuite à elle, de choisir. Malgré tout, même si nous repartions là bas toutes les deux, rien ne me disait que j’arriverai à retrouver sa trace, et sa personne ne resterait alors qu’un doux souvenir. Je hochais la tête aux paroles de Youlia à propos des influences, c’était à peu près ce qu’il s’était passé pour moi. « Ça apporte indéniablement quelque chose, oui. Il y a du bon à puiser un peu partout » confirmais-je. Ce n’était pas pour autant que je dénigrais la formation de la pianiste. « C’est une façon d’apprendre comme une autre j’imagine, et puis grâce à elle, vous êtes arrivée jusque là. Attendez, j’essaie de vous imaginer avec un violoncelle ». Je plissais les yeux en penchant la tête, dessinant de mémoire la forme d’une très grosse guitare avec son archet se baladant sur les cordes. Ce n’était pas un exercice si difficile pour quelqu’un qui avait une imagination débordante comme la mienne. « Cela vous serait allé très bien aussi » assurais-je, une fois mon manège fini.

Les lumières changèrent et je dressais le cou pour apercevoir le groupe qui succédait au piano et à la chanteuse. Vu les instruments, cela laissait peu de doute quant au genre de musique. En même temps, nous n’étions pas dans un lieu propice à l’écoute d’un concert de hard rock ou de métal. « Avec plaisir » acceptais-je en me laissant glisser de mon siège pour avancer dans la salle avant que des chaises plus proches de la scène ne soient prises d’assaut. Heureusement pour nous, le public était assez sage et ne semblait pas prêt à se battre pour quelques sièges. Les gens restaient assis ou debout à siroter leur boisson, tout en tendant l’oreille pour écouter ce qu’il se passait. Progressivement, l’ambiance changerait vers une douce torpeur et, avant de m’endormir pour de bon (la fatigue de toute même ayant un enfant en bas âge) je devrais prendre le chemin du retour. En attendant, je me laissais transporter par la liesse d’avoir rencontré une amie de mon âge avec qui j’avais à la fois tant et si peu de points communs.



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Mer 3 Avr - 18:28
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Août 2023.


La lumière à la fin du chemin. Après s'être perdu dans un dédale obscur, Youlia parvint à s'extirper de cette vaste gorge épineuse qui avait commencé à se refermer peu à peu sur elle afin de la digérer. Par sa question, somme toute anodine, Aaliyah avait permis à la russe de renouer avec la vérité. Le sol sur lequel elle courait ne se dérobait désormais plus ; les pavés cessaient de se disloquer, se reformaient même et lui permettaient dès lors de parler sans détours. Ce qui l'énervait le plus, à vrai dire, dans son entreprise trompeuse, c'était qu'elle n'avait là aucune raison valable de déguiser la vérité. Qu'aurait dit cette quasi-inconnue si elle lui avait finalement dit qu'elle avait raccroché les partitions et qu'elle ne revenait qu'ici que par nostalgie, pour vivre par procuration la vie de bohème qu'elle aurait pu épouser si elle l'avait préférée à l'anxiété constante d'un job étouffant qui la tirait encore, à la manière de sables mouvants, dans l'abîme ?

Non pas qu'elle déteste son métier et ses études, loin de là, mais elle devait reconnaître malgré tout que ceux-ci jouaient contre sa santé personnelle. La pâleur de sa peau, la maigreur de son corps, le rachitisme de ses mains squelettiques n'attestaient que trop bien de ce vice qui la rongeait de l'intérieur comme un parasite qu'elle garderait bien volontiers enfoui dans son estomac et qui se délectait tant de sa chair que de son bonheur. Illusionnée par l'idée de devenir importante, influente, Youlia, dans ce pacte avec un Méphisto Pheles analogique, avait embrassé des maux qui faisaient d'elle un pantin décharné, simplement animé par des stimulis intellectuels basiques ; machine vide, automate vidé de ses sentiments. Pour tout dire, la seule chose qui la stimulait encore d'un point de vue émotionnel, c'était le dégoût inspiré par Walton, lequel redoublait d'intensité pour l'inviter à boire un verre à la fin de chaque colloque.

« Je m'intéresse aux dynamiques entre le Royaume-Uni et la Russie d'un point de vue géopolitique, depuis la disparition de l'URSS et la démission de Gorbatchev. » Elle essayait de "vulgariser" le propos mais constatait tout de même que son intitulé restait nébuleux. « Enfin... C'est un papier sur la Russie et le Royaume-Uni, quoi. » Inutile de la jouer pompeuse ; le terme de "doctorat", sans doute, suffisait amplement à la faire briller sans qu'elle n'est à paraître pédante en entrant dans le détail de son sujet. « Parce que je suis russe et ... Enfin, je vis ici et je m'intéresse à la vie politique. Le sujet était tout trouvé ... » Se justifia t-elle encore avec maladresse en ricanant un peu bêtement, s'aidant de ses mains pour faire comprendre sa démarche, sous-pesant d'un côté ce qui devait être sans doute la Mère Patrie et de l'autre, les îles britanniques.

Afin de lui retourner la politesse, la russe s'intéressa également au parcours de son interlocutrice. Celle-ci, lorsque la parole lui fut rendue, s'expliqua longuement en commençant par le fait qu'elle n'avait jamais vraiment côtoyé les bancs universitaires. Tout l'inverse de 'Lia donc qui, elle, n'avait connu que cela de toute son existence. Qu'ils soient à l'Est, comme à l'Ouest. Sous la neige ou sans la pluie. Fac de langues, puis de sciences politiques. Licence, master, doctorat. Et la voilà désormais, jeune vieille trentenaire aussi candide qu'une nouvelle-née sur diverses choses de la vie courante et usée jusqu'à l'os avant même d'avoir plongé dans le monde du travail. Aaliyah, à l'inverse, qui se faisait son miroir parfait, semblait se réjouir grandement de la vie qu'elle menait. Certes, elle n'avait jamais découvert les bienfaits de la vie étudiante -quoique la soviétique non plus- mais en contre-partie, elle semblait épanouie, fière de son emploi et de la vie qu'elle s'était bâtie. Youlia aussi pourrait être fière, mais la fatigue l'en empêchait, et elle savait aussi que si elle était parvenue à se hisser jusqu'à son doctorat, c'était en partie parce qu'elle s'était essuyée les pieds sur les cadavres laissées dans le sillage de son frère, lequel avait payé à grand renfort de billets rouges ses études prestigieuses.

« Félicitations alors. Ravie de voir que tu t'éclates. C'est le principal. » Encore une fois, ses réponses étaient peu élaborées et pourraient sembler froides. Cependant, Youlia ne savait pas trop quoi dire, si ce n'est ces quelques généralités. « Certains ont du fric à claquer. Et plus ils en ont, plus ils ont des lubies étranges... » Les histoires de milliardaires russes aux kinks étranges, elle en avait entendu parler la Youlia du temps où elle était encore une moscovite fréquentant les quartiers bourgeois.

Les pauvres eux, n'avaient pas ce luxe. Ils se contentaient du nécessaire, sans faire de chichi, sans grande folie. Un toit, un bol d'avoine chaud, du pain frais. Un peu d'amour. Youlia n'avait pas souvenir d'avoir demandé beaucoup plus du temps où elle était enfant et que Dmitri se noyait dans l'alcool à quelques pas seulement de son frère et d'elle. En grandissant, même en ayant goûté à l'argent, elle avait toujours dépensé avec parcimonie puisqu'elle s'imaginait que c'était à la sueur de son frère que Niki contribuait à sa réussite. Jamais elle ne s'était permise une folie encore. Ses principes l'en empêchaient. Aujourd'hui encore, elle remerciait d'une certaine façon cette existence en pointillés qui lui permettaient de ne pas trop souffrir d'une précarité retrouvée. Son corps s'était amputé de sa faim de nombreuses fois et se contractaient comme une vieille patate suçant toute son eau pour s'auto-suffire.

Avril 2021

Les mots étaient des vaisseaux qui portaient les deux aventurières de ce bar vers des îles tropicales ou enneigées, selon ce vers quoi la boussole de leurs bouches s'orientait. Partant de Moscou, elles finirent par arriver à Sydney. Chacune des deux étrangères semblait se remémorer avec nostalgie les contours de leurs contrées natales. Revoyaient des visages familiers. Des environnements qui justifiaient pour chacune la teinte de leurs peaux. Et des mots jaillirent alors l'exhalaison synesthésique des pays oubliés. Même si elle aimait grandement Edimbourg et toutes les charmantes personnes qu'elle y avait rencontré, Youlia ne pouvait s'empêcher de repenser avec mélancolie aux doux accents de ses voisins, au timbre puissant du vieil Anatol Mammorov, aux sourires de ses anciennes amies, Ana Vassilovitch et Helga Notorov. A celui qu'elle ne devait plus revoir. Celui qu'elle aimait. Celui qui était, en définitive, la moitié d'un tout. Celui qu'elle avait cependant renié. Celui qui s'était fait l'ennemi du genre humain tout entier en faisant d'elle la raison de ses sordides transactions. Niki.

Avant que son oeil ne perle de tristesse, 'Lia renforça son sourire à grand renfort de dents lorsque la conversation, elle l'en remerciait, fit bifurquer leur barque sur des eaux moins troubles. En effet, leur rafiot les porta sur les côtes océaniennes. Dans l'imaginaire d'une jeune fille russe bercée aux contes et légendes de Vladimir Propp, l'Australie, c'était un autre monde, une planète nouvelle ; une région vomissant de couleurs, aux fruits gorgés de jus, au sable plus lumineux encore que le soleil, étouffée sous une Nature des plus luxuriantes de laquelle jaillissait des animaux merveilleux conjuguant les plus grands attributs des plus banales créatures des terres européennes.

« Je n'ai jamais vu de kangourous ! » Seulement dans des livres d'images, à vrai dire. Cette seule pensée illumina tout son visage. Nikita s'était reclus bien loin dans sa psyché. « Et puis, les araignées ne me font pas peur. Mon chat est sans doute plus terrifiant que chacune des jolies petites bêtes australiennes. »

Quoiqu'effrayante, Titania, qui devait son nom au personnage éponyme du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare, ne l'était qu'avec ceux qu'elle ne connaissait pas. Comme les vilaines arachnides dépeintes par Aaliyah, sans doute. Il n'y avait, après tout, selon elle, aucune raison réelle pour qu'un animal soit naturellement mauvais. Elle avait tendance à penser la même chose au sujet des humains, d'ailleurs. Personne ne naissait particulièrement mauvais. On le devenait, à force. Du fait de la propriété privée. En cela, elle se rangeait davantage du côté de Rousseau, notre candide prônant naïvement le mythe du bon sauvage, que de celui d'Hobbes, pourtant révéré par beaucoup pour son Léviathan et son état de guerre de tous contre tous. Si les humains en étaient venus à se dévorer, c'était pour défendre des intérêts qu'ils estimaient leurs et qu'ils ne voulaient plus partager au moment où le grand capital a fait surface. Youlia elle-même était victime de ce tragique theatrum mundi ; la politique étant sans doute l'expression la plus savamment travaillée de cette lutte pour défendre ses intérêts propres.

Naturellement, la conversation revint ensuite sur la musique. Notamment sur les influences diverses qui avaient sans doute nourri Aaliyah ; et que Youlia n'avait pas, bien qu'elle ait navigué depuis 2015 entre la Russie et l'Ecosse. Néanmoins, elle ne s'était jamais aventuré plus loin.

« Vous allez me faire rougir. » Dit-elle alors en ricanant de plus belle, le nez légèrement plissé, tandis qu'Aaliyah saluait l'autodidacte qui avait su se faire l'élève d'une de ses camarades de classe et qui, désormais, parvenait à jouer assez bien pour toucher une parfaite inconnue comme Aaliyah, visiblement. Tant et si bien qu'elle estimait qu'elle aurait pu être une très bonne violoncelliste aussi : « On ne le saura jamais, en tout cas ! »

Et puis, les lumières moururent. L'ambiance se tamisa. L'obscurité rampa sur le sol et drapa la salle toute entière pour qu'un mince filet n'isole finalement dans un cylindre reclus un groupe de musiciens qui venait s'installer sur scène. Des musiciens de jazz, à n'en pas douter. Youlia ne s'était jamais trop essayée à ce style et n'en écoutait qu'assez peu ; pour se concentrer lors de ses révisions intensives autrefois. Pour se calmer les nerfs, d'autres fois encore. Ce soir pourtant, galvanisée par les mots d'Aaliyah, elle était prête à s'ouvrir à de nouveaux horizons et fut la première à inviter Aaliyah à se rapprocher pour pouvoir les écouter. L'euphorie du concert l'avait gagnée sans qu'elle ne s'en doute et la voilà désormais, toute guillerette, à proposer à cette jeune femme qui lui était jusqu'à il y a quelques minutes seulement, inconnue de la suivre. Les deux jeunes femmes déplacèrent alors leur siège, s'approchant de la foule qui s'était massée devant l'estrade et elles prêtèrent l'oreille au premier morceau. Un grand coup de saxo captiva chacun, cueillit l'attention du plus grand nombre, avant que les premières notes du piano ne viennent équilibrer la gouaille du cuivre.

Du coin de l'oeil, Youlia surveillait encore Ada'. Elles devaient rentrer ensemble, à l'origine. Elle espérait qu'elle ne l'oublierait pas ... La russe se voyait mal marcher seule dans la capitale écossaise à une heure si avancée. Cette pensée, néanmoins, fut bien vite éclipsée par les premiers coups contre les cymbales de la batterie, lesquels donnèrent un rythme nouveau à l'ensemble.

« C'est bien le jazz. » Céda la soviétique en souriant, jetant un regard à Aaliyah afin de voir si elle était, elle aussi, réceptive à ce premier morceau. Elle vit, par la même occasion, Adalynn disparaître, comme enlevée par son essaim d'amies.
Aaliyah Perkins
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Mer 8 Mai - 22:42
We simply became music

Venant d'une fille aussi incroyablement intelligente que Youlia, j'aurai dû me douter que son sujet de thèse serait autant du charabia pour moi. Je la regardais avec des yeux ronds et elle comprit rapidement qu'elle venait tout juste de m'embrouiller ce qui fit qu'elle reprécisa sa pensée, m'arrachant cette fois un léger hochement de tête pour lui signaler que c'était plus clair. Personnellement, j'aurai été incapable de dire qui était ce Gorbatruc. Au moins, je savais que l'URSS était l'ancienne Russie, ce qui finalement n'était pas si mal pour une fille qui avait écouté un mot sur deux en cours d'histoire-géographie. Le sujet avait l'air intéressant, dit comme ça, même si pour ma part, j'aurai préféré l'étudier d'un point de vue pratique, en me rendant dans les deux pays. Peine perdue, je n'en avait fait qu'un seul des deux et jamais là bas je n'avais entendu quelqu'un parler russe ou évoquer la nation voisine. Nul besoin pour mon amie de préciser pourquoi elle avait choisi ce dernier, il m'aurait paru évident à moi aussi de parler de ma mère patrie. C'était surement un peu plus évident, un peu plus facile. "Je m'en doutais" répondis-je en agitant la main pour lui montrer qu'elle n'avait pas besoin de se justifier sur la question. "Je suis sûre que tu produiras quelque chose de formidable ! Je ne vais pas mentir en disant que j'adorerai lire ta thèse une fois qu'elle sera terminée, non seulement je n'ai jamais jamais le temps de lire quoi que ce soit et en plus, je ne serai pas sûre de tout comprendre" dis-je en posant une main amicale sur mon bras à défaut de venir la serrer contre moi dans le but de lui montrer mon soutien.

A coté, mon emploi ne semblait rien avoir de prestigieux, mais j'en étais fière, et je n'en changerait pour rien au monde. Autant qu'il m'épanouissait, il était un filet de sécurité pour moi et une façon d'économiser de l'argent pour retourner visiter le monde dans quelques années. Youlia semblait ravie pour moi et cela ne fit qu'accentuer ma bonne humeur. Je lui fis un sourire radieux en la remerciant chaleureusement avant de me mettre de nouveau à rire à propos des lubies de ses hommes et ses femmes plein aux as qui n'avaient de meilleure idée que d'avoir un tunel de dauphins sous leur piscine. Mon rôle était de les contenter, et pas de leur faire une remarque comme quoi c'était une demande ridicule et farfelue, qu'ils feraient mieux de dépenser leur argent dans quelque chose qui servirait la cause animale plutôt que de faire souffrir des cétacés en les emprisonnant dans des tubes. Dans ces moments là, à l'agence, ou j'étais censée rester professionnelle, je me contentais d'un sourire de façade et de leur trouver rapidement leur bonheur pour ne pas les regarder dans les yeux trop longtemps (et, je l'avoue, pour être sûre de gagner une bonne commission). Inutile d'ailleurs de préciser que tant que quelqu'un pouvait leur offrir ce qu'ils voulaient, ils ne se gêneraient pas pour faire une demande. "Ne m'en parle pas. Et encore, j'ai sûrement eu plus loufoque, je crois bien qu'on tient un cahier à l'agence, pour tous ces clients un peu particuliers qui parfois nous donnent du fil à retordre". Heureusement, la plupart des demandes restaient réalistes, après tout, nous n'étions pas une agence de renommée internationale, la plupart des séjours que nous proposions étaient relativement raisonnables.

L'heure tournait, et avec tout cela, je ne m'en étais même pas rendue compte, toute à ma joie de retrouver les traces d'une vieille amie et de savoir ce qu'elle avait fait de sa vie. J'en avais même oublié ce pourquoi j'étais venue dans le magasin de musique ! Cherchais-je vraiment quelque chose, ou était-ce le destin qui m'avait poussé à y entrer pour retrouver la musicienne ? Je secouais la tête, amusée par ma propre mémoire défaillante. "Vous allez rire, mais je ne sais plus ce que je suis venue acheter ! Ce que je sais par contre c'est que je ne dois pas trop tarder, j'ai ma fille à récupérer pour un rendez-vous". Oh la joie des médecins. J'aurai bien sûr préférer continuer cette entrevue en allant boire un café quelque part, mais ma vie de maman m'enjoignait certaines obligations contre lesquelles je ne pouvais me défiler. Je m'absentais déja assez dans la vie de Sydney pour ne pas prendre mes responsabilités quand il le fallait. "Quand j'aurai retrouvé la mémoire, je reviendrais. On se croisera peut être de nouveau !" J'espérais que Youlia pourrait m'apprendre les conclusions de sa thèse et que j'aurai moi même une autre anecdote de client friqué à raconter.

***

Les rumeurs sur la faune et la flore australienne ne m'avaient pas empêchée d'y passer un séjour inoubliable et ne m'avaient pas assez dégoutée pour que je n'ai plus envie d'y revenir un jour. "Ce sont des monstres" dis-je sur le ton de la confidence en me penchant vers la jeune femme avec un sourire énigmatique "Alors si votre chat est encore pire, j'espère pour le coup ne jamais le rencontrer". J'avais du mal à me faire à l'idée qu'un matou puisse équivaler ces bestioles, moi qui avait toujours aimé les chats je ne voyais en eux que de paisibles animaux mignons et inoffensifs. J'adorerai en adopter un, mais je n'avais jamais pu avec mes parents. Et puis, j'étais trop tête en l'air, à coup sur, j'oublierai de remplir les gamelles ou pire, de fermer les fenêtres ! Et enfin, je connaissais la rumeur selon laquelle ils aimaient s'allonger dans le berceau des bébés, ainsi, avec Syd, l'envie m'était un peu passée pour le moment.

Effectivement, on ne saurait jamais si elle aurait fait une excellente violoncelliste. Elle avait fait un choix et ce dernier lui allait superbement bien, ce qui était suffisant. Inutile de se disperser probablement. Avec l'intensité des lumières baissantes, le bruit de fond se tarit également, et en partie pour ne pas déranger le concert, nous nous tûmes avant de changer de place pour aller écouter plus facilement les nouveaux artistes. Je bougeais déjà la tête en rythme sur la première musique. "C'est si beau" dis-je pensivement en réponse à Youlia. En même temps, je n'étais pas difficile. Je m'extasiais devant un rien. Le jazz était plus paisible et ne me donnait pas envie de sauter en l'air pour applaudir à tout rompre à la fin de chaque morceau. Je me laissais porter, échangeant mes impressions avec la jeune femme à chaque fois qu'un nouvel air parvenait à sa fin. Ou plutôt, je parlais pour deux. Le concert dura assez longtemps pour que je sente mes paupières commencer à se fermer toute seules. J'avais un nouveau-né à la maison, qui ne faisait pas encore ses nuits, j'étais même étonnée d'avoir tenu si longtemps, mais sans doute que la sympathique conversation que j'avais eue y était pour quelque chose. Je tins cependant la totalité du spectacle sans m'écrouler, mais lorsque ce dernier fut fini, je pris congé de Youlia, la remerciant une nouvelle fois pour ce qu'elle avait accompli sur scène.



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