Caractère

A première vue, t’as l’air d’un bon cas-soc.
T’es brute de décoffrage, le genre de type pouvant partir au quart de tour pour un regard de travers. Ce que tu sais pas dire en mots, tu le transforme en haine. Une haine que tu nourris chaque jour passés à cacher qui tu es, et explosant aux visages des pauvres âmes ayant eu le malheur de croiser ta route lors de tes trop plein.
T’as besoin d’évacuer cette haine, d’une manière ou d’une autre, alors t’as décidé de te mettre à la boxe. Pourtant, ça ne suffit pas vraiment et, parfois, tu craques et remplace le sac de frappe par le visage d’un homme t’ayant regardé de haut, selon tes propres critères…
T’es pas bien méchant, pourtant. T’as bon fond, et tu ferais absolument tout pour ta famille. Ta mère, ton frère, sont la prunelle de tes yeux. Tu pourrais tuer de tes mains quiconque oserait poser ne serait-ce qu’un doigt sur eux.
Faut dire aussi que t’es pas très malin et que t’en as parfaitement conscience. Ca fait des années que tu le traines, ce complexe d’infériorité, ne faisant qu’ajouter un peu plus à cette colère bouillant en toi, serpentant dans tes veines à chaque jour, toute prête à exploser une fois de plus.
T’es drôle, pourtant, lorsque tu es dans un bon jour, avec de bons gens… Tu sais même user d’autodérision, lorsque tu es en confiance.
Maladroit, aussi, dans tes gestes, mais surtout dans tes mots. T’as tout le temps l’impression de marcher sur un fil, lorsque tu t’adresses aux gens pour la première fois, à fortiori si ceux-ci ne font pas partie de ta catégorie socioprofessionnelle.
Tu feins la confiance, mais la vérité, c’est que tu es terrifié par tes semblables.  Terrifier à l’idée qu’ils te rejettent, comme ton père l’avait si bien fait, et terrifier à l’idée qu’ils découvrent ce qui se cache sous cette carapace de haine que tu t’es forgé.

Anecdotes

► Tout ce que tu sais de l’histoire d’amour de tes parents, c’est qu’ils se sont rencontré au collège et que, quelques mois plus tard, ta mère était tombée enceinte de toi. SURPRISE !
Elle n’avait que 15 ans, ton père 16.
Pour autant, elle te désirait, folle amoureuse de cet homme qui lui avait ravis son cœur en même temps que son innocence.
Un bon cas-soc que ton père. Un peu comme toi, au final. Sans vraiment le connaitre, tu marches dans ses pas.

► T’as vécut tes premières années de vie chez tes grands-parents maternels, ta mère étant trop jeune pour louer un appartement à son nom… Ton père venait la voir de temps en temps, entre deux fêtes, deux gardes à vue… Juste suffisamment pour lui foutre un second polichinelle dans le tiroir, deux années après ta naissance.
Suite à cette deuxième grossesse imprévue, ta grand-mère avait lancé un ultimatum à ta mère. Une fois, mais pas deux. Soit elle avortait, soit elle quittait la demeure familiale avec son cas-soc de petit ami et assumait ses conneries sans son aide. Ta mère, à l’aube de ses dix-huit ans, a choisi la deuxième solution…
Le regrette-t-elle aujourd’hui ? Sans doute… Mais sans ça, ton petit frère ne serait jamais né, alors toi tu ne regrettes pas un seul instant son choix…

► A partir de là, et jusqu’à tes huit ans, t’as vécut avec tes deux parents et ton cadet, dans un appartement ridiculement petit. Vous viviez sur les aides sociales et ton père, quasiment jamais là, ne faisait pas grand-chose pour venir en aide au foyer que ta mère était contrainte de gérer seule.
Parfois, lorsqu’il revenait de ses escapades, il ramenait un peu d’argent avec lui. A l’époque, tu ne comprenais pas trop d’où il le sortait, cet argent, et t’étais bien trop jeune pour vraiment t’en inquiéter. Avec du recul, tu te dis que cet homme trempait sans doute dans des trucs pas très net, mais tu ne poseras pourtant jamais la question à ta mère. Depuis son départ, le sujet était tabou. Personne n’en parlait. Jamais.

► Car un beau jour, ton père n’était simplement pas rentré à la maison… Ni le lendemain, ni la semaine d’après, ni les mois suivant, ni jamais. Voilà douze années qu’il avait quitté vos vies, sans un mot. Pour autant que tu saches, il pourrait tout aussi bien être mort.
Parfois, lorsque ton cœur se fait trop lourd, tu tapes son nom sur google, à la recherche d’un profil facebook, d’une photo, d’un article… pourquoi pas même une rubrique nécrologique. N’importe quoi pouvant te donner une quelconque nouvelle le concernant. Pourtant, rien de ce que tu as trouvé pour l’instant ne te ramène à lui.
A croire qu’il avait tout bonnement disparu de la surface de la terre.

► T’as arrêté l’école à 12 ans, après déjà plusieurs mois passés à séché de plus en plus de cours. T’avais simplement pas la tête aux études.
Rester assis sur une chaise 7h par jour, c’était pas pour toi. Ca ne l’avait jamais été.
Alors, un beau jour, t’as simplement arrêté de te rendre en cours.
Même si l’instruction était toujours obligatoire, qu’une assistante sociale était passée chez toi, rien n’y faisait, tu refusais tout net de t’y rendre.
Ce qui t’as conduit dans un foyer où tu es resté durant deux longues années…

► Loin de te permettre de te reprendre, cet éloignement n’avait fait qu’attiser encore un peu plus cette colère que tu gardais cachée au fond de toi. Tu leurs en voulais, à tous ces gens. A cette société qui t’éloignait des seules personnes qui comptaient pour toi.
Si t’étais pas franchement belliqueux, cet endroit finit de te forger.
Ici, les coups et les insultes étaient le seul langage que tous comprenaient. La loi du plus fort a toujours été la meilleure.
C’est à cette période que t’as commencé à fumer. Une cigarette par ci, un joint par là… Les plus âgés des pensionnaires avaient leurs combines. Suffisait de parler aux bonnes personnes pour avoir accès à tout ce que tu voulais.
Ta première cuite, tu l’as prise à 13 ans, dans la chambre d’un camarade plus âgé, profitant de l'absence du surveillant de nuit.
C’est là aussi que t’as pu expérimenté ta sexualité. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire…
Finalement, après deux années sans aucune amélioration, le juge finit par décréter qu’un retour au domicile familial te serait sans doute bénéfique.
Sans dec ?
T’aurais pu en rire, si seulement tu ne crevais pas d’envie d’exterminer l’univers tout entier.
C'était trop tard... En voulant te réparer, ils t'avaient définitivement cassé.

► T'aimes les filles. Elles sont belles, douces, sensible...
Pis t'es un homme. L'homme de la famille, même, comme aime à dire ta mère.
Du coup, comme tout homme digne de ce nom, t'aimes les filles. Les femmes. Les mères en devenir.
T'es fait pour ça, après tout. Pour perpétuer l'espèce. Pour que ton membre externe de mâle rentre dans celui, interne, de la femelle. C'était aussi simple que ça. Un putain de puzzle que même un gamin de deux ans pouvait comprendre.
Alors pourquoi, quand ton regard se pose sur elles, tout ce que tu ressens c'est... rien ?
Pourquoi, lorsque tu partages leurs draps, t'es obligé de fermer les yeux, de penser à autre chose pour te faire bander ? Pourquoi ce n'est pas elles que tu vois danser sous tes paupières closes ?
Et pourquoi, lorsque tu te réveils en sueur, haletant, souillé, ce ne sont pas leurs corps que tu te vois besogner dans tes rêves ?
...

Anecdotes en vrac :

Tu fumes énormément - T'as déjà touché à quasiment tout ce qui se fume, s'avale, ou se sniffe - Tu déteste les sodas - Par contre, t'adores les jus de fruits - T'as une Kia Rio d'occasion - La moitié de ton salaire passe pour aider ta mère a payer le loyer de l'appartement, l'autre pour tes excès - T'as peur des clowns, depuis tout petit - Tu parles quelques mots de français, même si pas de quoi tenir une conversation - Tu fais de la boxe en salle - Tu dors dans la même chambre que ton frère - Tu gardes rarement tes téléphones plus de quelques mois - Tu ne l'avoueras sans doute jamais à haute voix, mais tu préfères la variété au rap - T'es pas vraiment du genre fidèle, sans doute parce que t'as jamais vraiment été amoureux