Le rythme qu’il avait depuis la reprise de ce petit cabinet était bien plus lent que ce qu’il avait connu avant. C’était une volonté de sa part, mais surtout une nécessité pour sa santé. Il savait qu’il n’était plus aussi solide qu’avant, il avait besoin de temps pour encaisser ce que le métier le pouvait exiger. Les euthanasies étaient toujours très difficile à vivre, mais cela avait empiré depuis l’accident. Sans doute parce que son rapport à la mort n’était plus très serein. Heureusement, il n’avait pas que ces actes-là à gérer. C’était même mineur. Sa santé mentale n’aurait pas tenu sinon. Déjà qu’elle n’était pas forcément dans le meilleur des états… Parfois, il y avait même des moments qui le remplissaient de joie. Le coup de fil de Jane par exemple, c’était de ces moments-là. Elle avait trouvé quelqu’un pour adopter le cheval de retraite que l’association (dont il était devenu le vétérinaire référent) avait sauvé en urgence. C’était inespéré ! Autant trouver des adoptants pour des chatons, ça peut se faire relativement facilement, autant adopter un cheval, c’est plus rare ! D’autant plus quand le dit cheval ne pourra pas être utiliser même pour de la monte de loisir. Inespéré ! Comme quoi, on peut encore voir quelques lueurs d’espoirs dans ce monde parfois bien sombre.

Lachlan avait noté l’adresse de l’adoptant et l’heure de rendez-vous. Cette pauvre Geraldine allait avoir quand même besoin de quelques soins avant d’être vraiment tirée d’affaires. Il passa poser son chien dans son appartement avant de grimper dans son vieux pick-up. Un héritage de son père. A dire vrai, il n’avait pas trop cherché une autre voiture, elle roulait, c’était suffisant. Et puis, il n’avait pas trop envie de s’attarder dans ce genre d'engins alors, le plus rustique était le mieux pour lui.

Le chemin caillouteux indiquait qu’il n’était plus très loin de la destination. L’endroit était effectivement idéal pour adopter Geraldine. Il songeait à la joie qu’elle aurait de pouvoir juste se ballader dans un si bel environnement. Il aperçut aussi le résident humain des lieux, et se gara là où cela semblait opportun. Il attrapa sa sacoche et descendit, un sourire poli, et doux aux lèvres.

“Bonjour, ravi de vous rencontrer ! Je suis heureux que Geraldine ait trouvé un bienfaiteur !”

Il serra la main tendue, remarquant néanmoins le gant de son interlocuteur. C’était peu commun par ces températures, il ne faisait pas si froid, non ?

“Oui, j’ai pu voir son dossier, je l’ai même déjà rencontré une première fois. Mais nous allons être amenés à nous voir assez souvent je crois… Elle a quelques soucis qui vont nécessiter des soins sur le long terme.”

Il acquiesça à la proposition.

“Je ne dis pas non à un café, la journée a été longue ! C’est gentil de le proposer. Oh, j’en oublierai presque de me présenter, Lachlan Dagg, mais Lachlan est tout à fait suffisant. Je ne suis pas le genre de docteur qui tient à rester pompeux. Je suis en avance, peut-être ? J’avoue que je n’ai pas fait trop attention à l’heure sur le trajet…”

Il se demandait si le geste de Jonathan vers sa montre était pour lui. Ou pour autre chose. Dans tous les cas, il essayait de ne pas se formaliser. Il tritura légèrement la hanse de sa sacoche.

“Vous voudrez me montrer l’endroit que vous lui avait aménager ?”demanda-t-il de sa voix calme, peut-être que ce serait rassurant pour l’homme d’avoir l’avis d’un vétérinaire. Qui sait.