Quelques changements • Aran

Ripley Rey

Pseudo : Lapin Magique
Avatar et crédit : Manny Jacinto • Avatar par Nuit d'Orage ♥
CW : Alcool • Drogue • Mort • Deuil • Homosexualité refoulée • Famille dysfonctionnelle
Messages : 371
Occupation : Famille d'accueil et illustrateur freelance
Âge : 34 Quartier : 14 Lumsden Square, Niddrie
Situation familiale : Célibataire
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours
Don : Est appelé par les morts d'Edimbourg au moment de leur décès et quelques minutes après. Il n'entend rien d'autre que des grésillements.

Quelques changements • Aran

Ven 30 Aoû - 13:33

Quelques changements
Les parents d'Aran nous ont invités, les enfants et moi, à venir chez eux pour le repas de midi. Aran et moi, on a pas été les ados les plus sages qui existent. Malgré nos deux ans d'écart, on s'est retrouvés dans des galères similaires, on s'y est même entraînés et puis il a disparu. Je lui en ai beaucoup voulu pour ça, j'ai eu l'impression qu'il m'abandonnait alors que j'étais dans la période la plus difficile de ma vie et je crois qu'une part de cette rancœur subsiste malgré tout. Je sais qu'il a fait ça pour se sauver, du moins je l'espère parce que c'est ce que je me suis répété et répété en boucle pour apaiser ma colère.

Pour autant, je n'ai pas perdu contact avec ses parents. Enfin, un peu les premiers mois et quand j'ai voulu rebondir, quand j'ai pensé avoir trouvé ma vocation, je suis retourné les voir pour leur exposer mon projet. J'étais suffisamment lucide pour savoir que ça n'allait pas être une promenade de santé mais je voulais essayer, je voulais aider les jeunes qui se retrouvaient au moins aussi perdus que moi et ils m'ont aidé. Ils m'ont soutenu et guidé à travers les démarches, m'ont fait part de leur expériences, m'ont prévenu des difficultés que j'allais rencontrer... J'estime que c'est grâce à eux que j'ai réussi et que j'en suis là aujourd'hui. A eux et à sa mère à lui pour m'avoir donné l'électrochoc dont j'avais besoin.

Comme ils sont déjà dans le système, j'ai eu l'autorisation de les faire se rencontrer au préalable, avec leur accord à eux bien entendu. Je crois que ça fait du bien aux enfants de ne pas se retrouver isolés pendant cette période et de voir du monde, ils en ont besoin. Bientôt, c'est la rentrée et ça va être aussi une période difficile à gérer alors ce repas n'est pas une mauvaise chose. Il va nous aider à la préparer, à anticiper leurs craintes et à les rassurer s'ils le demandent. Je leur en ai déjà parlé bien entendu et si le plus jeune a été plus expansif à ce sujet, la grande s'est complètement refermée. Je n'ai pas insisté, me suis contenté de lui dire que si un jour elle avait besoin ou envie d'en parler, j'étais là mais que ce n'était en rien obligatoire. Elle a encore du mal à s'ouvrir à moi mais, en même temps, ça fait que deux semaines qu'ils sont là. Autant dire que ça ne tombe pas vraiment au bon moment.

Nous avons été accueillis à bras ouverts dans leur maison à Aberdour, l'aînée a même esquissé un sourire puis nous nous sommes mis à table pour prendre un apéritif. Sans alcool bien entendu. Je ne limite pas le grignotage des enfants, tant qu'ils mangent c'est le plus important et je sais que ça peut être réconfortant. Le reste est secondaire et je sais que le plat qu'ils ont préparé sera équilibré. J'ai juste ramené un gâteau et des jus de fruits pour essayer de les appâter et les pousser à manger un peu plus que d'ordinaire.

Aran Grieve

Pseudo : nuit d'orage
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CW : violence, abandon d'enfant, conversation politique, pensées suicidaires (passés)
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Quelques changements • Aran Mdr2

Occupation : Prof-chercheur en anthropologie politique depuis la rentrée 2024
Âge : 30 Quartier : Old town
Situation familiale : Père célibataire d'Austra, née le 10 avril 2024
Date d'arrivée à Edimbourg : 17 juin 2024
Don : Repulsif à esprits

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Re: Quelques changements • Aran

Mar 10 Sep - 19:26

Quelques changements
Je berce encore Austra. Je veux être certain qu'elle est apaisée avant de la mettre dans son siège auto. Après 10min à la cajoler sur le parking de l'immeuble, je ne peux plus nier que c'est une excuse pour repousser le moment de mon départ. Je me sens comme à mon retour de Riga, quand Shay a organisé un fichu dîner qui a mal tourné. Déjà là, je savais que c'était une mauvaise idée. Depuis, j'ai revu mes parents brièvement, à la terrasse de café, en centre-ville. Des terrains neutres, d'où je pouvais m'échapper dès que nécessaire. Cette fois, c'est chez eux. Mais avec d'autres gens. Papa a dit "il y aura d'autres enfants", comme si Austra avait l'âge d'aller jouer à la marelle avec ses nouveaux amis.

Elle gazouille plus. Elle est vraiment endormie à poings fermés. Je vais devoir y aller, plus le choix. Je l'attache dans son siège en espérant ne pas la réveiller par un geste trop brusque. Tout le monde raconte comment le ronronnement de la voiture berce leur enfant, moi c'est le contraire. Austra déteste être ligotée là-dedans, avec aucun papa dans son champ de vision. Je sais qu'elle va pleurer à un moment sur le trajet, mais j'espère repousser ce moment au maximum. Je mets de la musique à bas volume, chantonne. Peut-être qu'entendre ma voix l'aidera à réaliser qu'elle n'a pas été abandonnée. Pari perdu. Au milieu du pont, elle s'agite et me réclame. Ses cris me déchirent le cœur. Elle a l'air sincèrement désespérée. Je me gare dès que je peux pour la retrouver. Elle se pose mollement contre mon torse, la moitié de sa main dans la bouche pour se calmer. Je sèche mes propres larmes discrètement. Je l'entends renifler. Sa respiration s'apaise, mais elle ne se rendormira pas. Je vais devoir reprendre la route et l'inquiéter pour les dix minutes qui restent...

• • •
Devant la maison familiale, rebelote. Je reprends le temps de la bercer et de la rassurer. J'ai vu du mouvement à la fenêtre du salon. Je suppose que maman est venue vérifier que c'était nous, en entendant un bébé hurler dans la rue. Depuis, elle s'agite pour que tout soit parfait pour mon arrivée. Papa est monté vérifier que mon ancienne chambre était prête à accueillir ma fille si jamais me venait l'envie de la coucher. Je compte jusqu'à 100 pour trouver mon courage de traverser le petit jardin de devant et toquer. La porte s'ouvre presque immédiatement. Ma mère est gauche, réfléchit à la meilleure façon de me saluer sans me brusquer.

— Salut.

Les introductions gênantes ne te sont pas réservées, tu vois. C'est avec tous les membres de mon ancienne vie que le contact est difficile. Elle répond de la même façon, se décale. Papa reste debout dans le salon et me fait un geste de la tête. Mais mes yeux ne s'attardent pas sur lui. Ils tombent sur un jeune homme que je reconnais au bout d'une dizaine de secondes.

— Ripley ?

Je souris et lève un bras pour lui faire une rapide étreinte mêlée à une tape dans le dos. Je n'ai aucune idée de ce qu'il fait là ou qui sont les enfants à ses côtés. Je sais juste que ça me fait plaisir de le voir car je ne me sens pas obligé de faire semblant, face à lui. Je n'avais aucune colère jusqu'à ce que je me demande pourquoi il est assis sur le canapé de ma famille. Ça ressemble à un piège, soudainement. Mon sourire s'estompe. Mes bras se referment autour de ma fille dont le visage est caché dans mon cou.

— C'est quoi ? Une intervention ? Une médiation ?

Je suis sur la défensive, immédiatement. Je m'attends au pire de leur part, comme s'ils avaient déjà organisé ce genre de choses. Alors que ce n'est pas le cas. Même quand j'étais au plus mal. Le pire qu'ils ont pu faire, ça a été de passer par toi pour me parler.

— Un simple déjeuner. Nous pensions que tu serais heureux de retrouver Ripley...

Je n'écoute qu'à moitié. J'attends que l'intéressé me réponde. Je ne comprends rien à la situation.@Ripley Rey

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Ripley Rey

Re: Quelques changements • Aran

Jeu 12 Sep - 12:11

Quelques changements
L'apéritif se passe globalement bien. Jean sourit par moments et Scott grignote beaucoup de biscuits apéritifs. Ca leur fait du bien de sortir, de voir d'autres gens et les parents d'Aran savent y faire avec eux. Il faut dire qu'ils ont déjà eu affaire à mon ami alors j'imagine qu'ils sont plutôt rôdés. Et puis les enfants ne sont pas compliqués, ils sont juste sur la réserve, très timides et se referment sur eux-mêmes si l'on leur porte trop d'attention. Leur mère leur manque et c'est compréhensible. Je pense qu'ils ont peur de remplacer leurs parents en se montrant un peu plus détendus avec moi. Pourtant, je leur ai dit que je ne cherchais absolument pas à prendre leurs places mais parfois, ce genre de craintes n'est pas forcément rationnel.

On entend soudainement un bébé pleurer dans la rue alors je les interroge du regard. Je regarde la mère d'Aran se précipiter vers la porte, je sens une certaine tension dans l'air et je crois bien que les enfants aussi puisque tous leurs gestes sont en suspens. Les salutations sont froides mais je me lève tout de même quand j'entends les pas se rapprocher. Mon visage s'illumine en reconnaissant l'homme qui vient d'arriver. Je remarque évidemment le bébé qu'il tient contre lui mais je suis trop surpris pour tout de suite réagir à ce sujet.

- Aran ! Ca fait tellement longtemps !

Si je l'avais vu quelques années auparavant, peut-être que l'accueil n'aurait pas été si chaleureux mais aujourd'hui, ma rancœur est loin derrière moi, je lui rends son étreinte en faisant bien attention à l'enfant. Et puis on s'écarte et son expression change du tout au tout alors que je me rassois près des enfants. Je le sens devenir méfiant et sa question appuie mon impression.

- Je savais même pas que tu venais, c'est une sacrée surprise ! Ca me fait vraiment plaisir de te revoir !

Je me lève à nouveau pour présenter les enfants.

- Je te présente Jean et Scott, les enfants dont je m'occupe en ce moment ! Tes parents nous ont invités pour prendre le repas.

Jean hoche la tête et Scott se cache derrière sa sœur, un peu intimidé par le changement soudain d'attitude d'Aran.

- Et comment s'appelle ce petit bout ? Il a quel âge ? Elle ?

Je n'ai pas bien vu le bébé alors je ne peux pas le deviner.

- Qu'est-ce que tu deviens alors ? Ca te va bien, la barbe.

Aran Grieve

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Re: Quelques changements • Aran

Mar 17 Sep - 20:05

Quelques changements
Moi non plus, je ne savais pas qu'il venait. Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de mes parents. Ils ne savent pas comment faire avec moi, ils me traitent comme si j'étais encore l'animal indompté de mon adolescence parce que je ne leur ai montré que cet aspect de moi à nos premières retrouvailles. Alors ils me piègent, en pensant sûrement me faire plaisir. Comme il n'y a pas mon frère et qu'ils ont trop peur pour s'enfermer seuls avec moi, ils invitent un médiateur et des gosses. Ils sont certains qu'il n'y aura aucun débordement ni de mots au-dessus de l'autre. J'en parlerai avec eux plus tard.

— Salut, vous deux.

J'inspire pour détendre mes muscles. J'imagine que ce sont des enfants qui sont sensibles aux ambiances lourdes. Je ne veux pas les effrayer.

— Austra. Elle va sur ses cinq mois.

Je lui embrasse l'épaule. Elle ne réagit pas. Je me sens mal de l'avoir trimballée jusqu'ici, de lui faire faire autant de voiture alors qu'elle se sent abandonnée à chaque fois. Je blotti mon visage contre elle pour qu'elle sente ma présence. Désolé pour Ripley avec qui je romps tout contact visuel. Mes parents s'installent discrètement de l'autre côté de la pièce, sans rien dire pour ne pas troubler la paix qui est enfin revenue.

— Merci.

Toi aussi, tu m'avais parlé de ma barbe. J'imagine que c'est le sujet le moins sensible que tout le monde trouve à aborder avec moi. Aucun risque que je n'explose à cause d'un compliment sur ma barbe, vous avez raison. Ça m'aide à me détendre. Je m'accroupis pour que ma fille soit à sa hauteur, pour qu'il puisse la voir un peu mieux malgré sa position. Je m'adresse à ma fille, d'une voix douce.

— Je te présente Ripley, Jean et Scott.

Austra ne veut pas quitter le creux de mon cou. Elle est vraiment avachie contre moi, ses deux bras par-dessus mes épaules, son visage caché contre ma barbe, sans aucun tonus musculaire. Pleurer comme elle l'a fait a dû l'exténuer. Pour l'instant, elle a besoin de se sentir rassurée. Je n'envisage pas de la poser tant qu'elle ne va pas mieux, encore moins de la confier à des inconnus peu importe leur place dans son arbre généalogique. Je sens son petit souffle contre ma peau et ça m'apaise. Je caresse ses fines boucles brunes, en calant mon geste sur ma propre respiration.

— Elle se remet de ses émotions. Elle déteste la voiture.

J'explique, sans présenter mes excuses. C'est une habitude à la con, ça, de dire "désolée" de ne pas contraindre un bébé à faire quelque chose qu'il ne veut et ne comprend pas. Pareil avec les enfants que Ripley m'a présentés. Je ne force pas le contact. Je préfère qu'ils aient de l'espace et qu'ils sortent de leur coquille à le rythme. Par contre, je leur adresse parfois des regards et des sourires pour montrer que je reconnais leur présence.

— Ca fait longtemps que t'occupes d'eux deux ? Tu fais famille d'accueil ?

Je suppose. D'où le lien avec mes parents. J'aurais jamais imaginé qu'Ripley et moi parlerions d'enfants, sur le canapé familial. C'est étrange et représentatif de ce qu'on est devenu. Je suis content pour lui, il a l'air bien dans ses pompes. Plus qu'à l'époque où on était perdus et finissait en salle de retenue. Mais quelque chose ne va pas, dans cette rencontre. Il y a quelque chose qui me blesse. Je n'arrive pas encore à le formuler ou même comprendre, mais je sens cette douleur dans ma poitrine.@Ripley Rey

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Ripley Rey

Re: Quelques changements • Aran

Jeu 19 Sep - 15:08

Quelques changements
À aucun moment j'aurais pu m'attendre à l'arrivée d'Aran ici. Oui, ici, c'est chez ses parents mais aux dernières nouvelles, il était à Rome. Je ne sais pas ce qu'il a fait de sa vie ces douze dernières années puisqu'il a coupé tout contact avec moi. Est-il resté dans la capitale italienne ? A-t-il bougé ? Est-il revenu récemment ou est il ici depuis plusieurs mois ? Une part de moi est un peu blessée qu'il ne m'ait pas recontacté mais, d'un autre côté, je le comprends et puis la joie de le revoir efface toute rancœur. On était deux bombes à retardement tous les deux à l'époque alors peut-être avait-il peur de retomber dans ses vieux travers en renouant avec moi ? Mais bon, nous pouvons désormais constater l'un comme l'autre que nous avons tous les deux bien changé et en bien : je suis illustrateur et famille d'accueil, j'ai une vie bien rangée et lui est père mais je n'en sais pas plus puisqu'il ne réponds pas à ma question.

- Enchanté Austra qui va sur ses cinq mois.

Je ne m'approche pas pour ne pas effrayer l'enfant qui est complètement avachi contre son père mais je lui parle d'une voix douce tout en restant à ma place. Ca fait sourire Jean et rire doucement Scott, ce que je dis. Elle a l'air épuisé et je comprends bien vite pourquoi.

- Ah oui, c'est quitte ou double la voiture. Je connais des gens dont les enfants ne s'endormaient qu'après quelques tours de quartier en voiture. Hyper écolo mais il faut ce qu'il faut.

Je souris en espérant détendre l'atmosphère. Scott est fasciné par le bébé et Jean se contente de grignoter dans son coin légèrement mal à l'aise. Elle doit sentir une certaine forme de tension dans l'air. L'attention se reporte plus ou moins sur eux alors elle s'empresse de finir la poignée de biscuits pour pouvoir écouter et prendre la parole si on l'y invite. Elle est intimidée par le nouvel arrivant mais elle se tient prête pour répondre pour elle ou pour son frère dont elle a reporté l'attention sur les chips.

- Ca va faire un peu plus de deux semaines maintenant et oui, je suis famille d'accueil ! Tu l'aurais cru ? À côté je suis illustrateur freelance. Et toi alors, t'as pas répondu !

Je porte mon verre de jus de fruits à mes lèvres mais je suis interrompu par la petite voix de Jean qui ose une intervention. Elle est timide mais curieuse c'est ça qui la pousse hors de sa coquille le plus claire de son temps.

- Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Je hoche la tête le temps de boire ma gorgée mais n'ose pas répondre. Je préfère laisser à Aran le choix de la réponse. En soi, nous nous sommes connus il y a longtemps mais est-ce que nous nous connaissons encore ? J'aimerais dire oui tout en disant la vérité mais j'ai peur que ce ne soit plus totalement vrai.

Aran Grieve

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Re: Quelques changements • Aran

Mer 25 Sep - 1:12

Quelques changements
J'aime bien comment Ripley adapte son comportement aux enfants présents dans la pièce. Il fait sûrement ça à longueur de journée en tant que famille d'accueil, mais c'est nouveau pour moi. Il parle doucement à Austra, ne tente pas de l'approcher ou de la toucher. Tu serais étonnée de voir des étrangers tendre les mains vers elle, y compris dans les supermarchés. Les gens pensent qu'un bébé est un bien communautaire qu'ils peuvent chatouiller quand ils le veulent. Du n'importe quoi.

— Beaucoup de parents disent ça...
— Vous dormiez bien en voiture, ton frère et toi.

Maman tente, avec un sourire. Je crois l'avoir déjà entendu dire ça. Je lui adresse un regard qui se veut encourageant, mais sa réaction me fait dire qu'il devait être trop ferme. Elle se retire de la conversation immédiatement, laissant la place à Ripley de me parler de lui. Illustrateur, ça lui va bien. Je te parlais de ses graffitis de salle de retenue avec admiration, à l'époque.

— Je viens de commencer un contrat comme prof à l'Université. En Anthropologie politique.

Je n'ose jamais expliquer directement en quoi ça consiste, alors que le commun des mortels ne visualise pas du tout ce que mon domaine d'expertise englobe. J'attends de voir s'il est curieux. Je lève un sourcil quand c'est la jeune fille qui se lance.

— Nous étions amis quand j'étais au lycée.

Ami, c'est peut-être un grand mot. Il était plus jeune et nous nous entraînions dans une spirale pas folle. Mais je l'appréciais. Je n'avais pas envie de montrer les crocs dès qu'il m'approchait et c'était assez rare pour être signalé. Je vois mon père me faire un petit signe pour me demander si je veux un verre de jus de fruit. J'accepte et le remercie d'un signe de tête, alors que je me recule pour m'installer sur un fauteuil. Ma mère ose à peine bouger. J'ai l'impression que ma présence angoisse mes parents. Ils ne devraient pas se forcer à m'inviter, si ça les met dans un tel état. J'ai pas envie de les faire souffrir inutilement.

— Nous nous sommes perdus de vue lorsque je suis parti étudier à l'étranger. Ça fait quoi, douze ans que nous ne nous sommes pas croisés ?

Je regarde Ripley pour avoir sa confirmation, faisant semblant de ne pas connaître la durée précise de mon départ. Je me dis que les enfants n'ont pas besoin de savoir les dégâts que j'ai pu faire avant, ou l'importance qu'a eu ce déménagement dans ma vie. C'est pas la peine de les mêler à notre passé. Je pense pas que ça compte comme un mensonge et Ripley pourra leur raconter une fois rentré, si ça lui semble nécessaire. Je change de sujet, pour confirmer ce qui est pourtant une évidence.

— Je suppose que mes parents t'ont aidé à avoir l'agrément ?

J'ai dû à leur poser directement la question, d'autant plus qu'ils se sont mis en retrait pour nous laisser parler, mais je jette quand même un coup d'œil dans leur direction en disant ça pour ne pas entièrement les ignorer. Je suis mal à l'aise, pas enragé.@Ripley Rey

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Ripley Rey

Re: Quelques changements • Aran

Dim 29 Sep - 14:11

Quelques changements
C’est vrai que c’est quelque chose d’assez commun chez les enfants en bas âge. Le ronronnement du moteur doit les apaiser, les mouvements de la voiture les bercer. C’est un environnement connu et familier et ils ne sont pas seuls. Pour peu qu’une berceuse soit chantée ou jouée, tous les ingrédients sont censés être réunis pour qu’ils s’endorment. Du coup, je suis assez surpris d’apprendre qu’Austra n’a fait que pleurer tout le long du trajet. Ca me fait de la peine, la pauvre. Et puis pauvre Aran qui a dû supporter les cris et les pleurs sans pouvoir faire quoi que ce soit pour qu’ils cessent.

L’intervention de sas mère me fait sourire mais je crois que ça ne plait pas forcément à mon ancien ami. Je n’arrive pas à comprendre son regard, à deviner ce qu’il pense mais ça suffit à Philomena pour se mettre en retrait. Mon coeur se serre mais je ne dis rien, je n’ai pas à intervenir dans leur dynamique familial. Aran n’est pas un enfant sous ma supervision et ses parents ne sont pas problématiques, peut-être maladroits mais, encore une fois ce n’est pas à moi d’en juger. Tout ça, ça ne me regarde finalement pas alors je poursuis. Je lui fais état de ce qu’est actuellement ma vie : Jean et Scott à la maison et mes contrats en free-lance. Puis c’est à son tour de me dire ce qu’il est devenu. Il n’est pas que père, il fait autre chose de sa vie alors je suis curieux de savoir quoi.

- Oh wow ! Rien que le nom est impressionnant ! Ca consiste en quoi l’anthropologie politique ?

Je suis peut-être plus adulte, j’ai aussi un rôle de substitut d’autorité pour ces enfants mais je n’ai pas peur de demander des informations sur ce que je ne connais pas. Je ne crains pas de passer pour un inculte parce que je sais que ce n’est pas ce que je suis. C’est normal de ne pas tout connaître, de ne pas tout savoir et j’ai envie que les enfants l’apprennent. J’essaie de leur montrer le bon exemple, les encourager à poser des questions, interroger lorsqu’ils ne connaissent pas telle ou telle chose ou lorsqu’ils sont curieux à propos de certains sujets. Bon, bien-sûr il ne faut pas dépasser certaines limites mais je pense qu’ils en ont conscience et que je peux compter sur leur timidité pour ne pas se montrer indiscret.

D’ailleurs, Jean nous interroge, Aran et moi, sur notre relation. Ce n’est pas qu’elle a posé une question qu’il ne fallait pas mais c’est que je ne sais pas trop quoi répondre. Il y a deux réponses différentes possibles et je ne veux pas mettre mal à l’aise mon ancien compagnon de retenues en rappelant une période de nos vies compliquée. Non, je préfère le laisser répondre à ma place et, en plus, ça leur permet de s’habituer à Aran. Je ne sais pas s’ils seront amenés à se revoir mais j’aime l’idée qu’ils rencontrent et communiquent avec de nouvelles personnes. J’ai un sourire quand il me demande confirmation.

- Oui c’est ça ! T’es parti à Rome.

Les yeux de Jean s’écarquillent, la destination lui vend du rêve.

- Ca devait être tellement beau… J’aimerais beaucoup voir les pays méditerranéens.

Je me tourne vers elle en piquant une petite carotte à grignoter.

- Je suis sûr que t’y iras un jour mais je veux une carte postale !

Ca la fait rire mais je suis sérieux. J’aime bien avoir quelques nouvelles des enfants que j’ai accueillis mais ce n’est jamais forcé. Ca doit venir d’eux moi, je les laisse évoluer et même si ça fait vide quand ils partent, j’espère ne pas les revoir.

- D’ailleurs t’es resté là-bas jusqu’à maintenant ? T’es pas allé voir ailleurs sur le continent ?

Parler voyage intéresse les deux enfants qui écoutent en grignotant. Ils sont attentifs et ne le quittent pas du regard. Ca peut être un peu oppressant. Quand la discussion revient sur moi, je me fais plus sérieux.

- Oui, ils m’ont été d’une grande aide. Tu te doutes que ce n’était pas gagné d’avance.

Je suis transparent avec les enfants que j’héberge. Je ne suis pas parfait et j’ai eu un passé turbulent. Je n’ai pas envie qu’ils aient une fausse image que moi et, souvent, on se retrouve, se reconnaît via certaines similitudes.

Aran Grieve

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Re: Quelques changements • Aran

Sam 5 Oct - 19:00

Quelques changements
La plupart des sciences ont l'air plus impressionnantes quand on ne connaît que leur nom. Je crois que tu as eu peur, la première fois que je t'ai expliqué quel cursus je comptais faire. Peur n'est pas le bon mot. J'ai eu l'impression que de t'écraser. C'est un truc qui est plusieurs fois revenu, mais ça a commencé là. Après, il suffisait que je parte dans des explications sur l'anarchie ou sur mes croyances pour que tu te mettes en retrait comme si ton avis n'avait pas de valeur au motif que tu n'utilisais pas les mêmes mots compliqués que moi. Pourtant, c'est pas le cas et je l'ai jamais pensé. Ripley, il ne se laisse pas écraser. Ça me va bien. Il me demande frontalement de quoi il s'agit et je fais de mon mieux pour simplifier au maximum.

— C'est l'étude des systèmes politiques. Dans mon cas, c'est plutôt l'étude de l'engagement politique... enfin, bref. C'est l'étude des différents systèmes de politiques dans le monde.

Je n'ai pas envie de faire des gros secrets sur notre passé et ça m'arrange que ça ne soit pas le cas de mon ancien ami non plus. Je réponds encore simplement à la question de l'enfant et Ripley complète. Je les regarde échanger et je trouve que c'est beau, la relation qu'il tisse avec eux. C'est encore un peu neuf, mais ça ne veut pas dire que ce n'est pas intéressant. Au contraire, on voit les possibilités et c'est ce qui me plaît. Il pourrait rester une figure stable dans leur vie ou n'être qu'un passager éphémère, mais impactant. Je vous laisse parler de Rome sans donner mon avis, pour ne pas décourager la petite. Je sais que mon expérience n'est pas universelle.

— J'ai vécu à Riga, pendant neuf ans. C'est en Lettonie... Au-dessus de la Lituanie, au nord-ouest de la Russie, au bord de la mer Baltique.

J'explique pour que tout le monde puisse situer sans à se sentir gêné de ne pas savoir où placer le pays sur une carte immédiatement. Je repense aux plages de Riga et elles me manquent. Ça me donne envie de sortir de cette maison, de traverser la route et de prendre le petit chemin qui mène au sable où on s'allongeait, toi et moi. La mer, c'est toujours un peu la même, peu importe où on se trouve. À Rome, elle n'était pas bien loin mais elle l'était trop à mon goût.

J'essaie d'inclure mes parents, à ma façon. Parler d'eux, à défaut de réussir à me tourner pour leur adresser directement la parole. C'est un premier pas. Je pose mon menton sur la tête de ma fille pour me reposer.

— Je suis content pour vous.

Je leur en veux et ce n'est pas juste. Ils ont aidé quelqu'un d'autre mais moi, j'ai jamais accepté les mains qu'ils me tendaient. Ripley ne m'a rien volé, n'a pas pris quelque chose qui m'appartenait. Il s'est adressé aux personnes de confiance dans son entourage pour l'aider dans son projet. C'est tout. Le silence qui suit ma remarque doit être un peu trop long car maman prend le relais.

— J'ai fait des lasagnes véganes. Et Uther a préparé un banana bread en dessert, sans oeuf ni lait.
— Merci maman.
— Ça vous ira ? Si vous préférez autre chose, nous pouvons aller voir ensemble ce que j'ai au frigo.

Elle a sa voix douce, celle qui bercerait n'importe qui. Elle tourne son regard pour avoir l'avis de Ripley. Elle est plus expérimentée, mais il est le parent d'accueil du duo et elle ne se permettra jamais d'interférer avec ça. Ils sont trois adultes à savoir exactement comment ils doivent se comporter. Papa reste en retrait parce qu'il ignore le passif mais connaît les statistiques sur les violences intra-familiales. Il ne veut pas que les enfants aient peur de lui. Maman se penche pour être à leur hauteur quand elle leur parle et Ripley, je suis sûr que sans que je ne le remarque, il a adapté des dizaines de petites choses pour qu'ils se sentent aussi bien que possible. Et moi, je suis là, à m'inventer parent alors que je ne connais rien aux bébés. Ça me fait me sentir pas à ma place. De l'extérieur, Ripley doit plus avoir l'air de leur fils que moi et c'est ok. Je l'ai un peu cherché en disparaissant douze ans. Je peux pas revenir et m'attendre à ce que ma place soit encore la même.@Ripley Rey

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Ripley Rey

Re: Quelques changements • Aran

Dim 13 Oct - 13:48

Quelques changements
Je n'ai pas peur d'interroger Aran sur ses études. Je veux montrer aux enfants que c'est OK de ne pas savoir et de poser des questions lorsque l'on ne sait pas, que les adultes n'ont pas la science infuse et qu'il leur arrive de se tromper ou d'être aussi largué qu'ils peuvent l'être. On apprend à tout âge, c'est ça le message que je veux leur transmettre et que même s'ils ne connaissent pas tel ou tel sujet, ça ne veut pas dire qu'ils sont nuls ou incultes. C'est simplement que chacun a son domaine d'expertise et c'est en multipliant les rencontres que l'on grandit, que l'on se développe.

- Je vois, c'est plutôt pointu.

Mais ça ne m'étonne pas vraiment de lui. Je me retiens de dire qu'il doit voir des choses désespérantes en terme d'humanité pour ne pas faire prendre à la conversation un tournant négatif qui nous propulserait quelques années en arrière à ces fameuses soirées où nous nous sommes rencontrés. C'est un risque que je ne souhaite pas prendre, ces années-là n'étaient pas les meilleures de ma vie et je doute qu'elles étaient les siennes. Cette période reste très sombre dans ma mémoire, je la visualise presque en noir et blanc, c'est dire.

Jean ose alors se montrer un peu curieuse au sujet de notre relation à Aran et moi alors je le laisse répondre. Sa réponse est sobre, ne va pas vraiment dans les détails. Tout ça, c'est du passé, je ne compte pas réitérer les mêmes conneries, ça appartient à l'ancienne version de moi et je m'en suis détaché depuis longtemps. Malgré tout, s'ils m'interrogent pour en savoir davantage, je leur expliquerai. Ca peut être une bonne leçon : tout le monde fait des bêtises mais tout dépend ce que l'on en fait. Je ne suis juste pas prêt pour aborder le sujet maintenant et je pense sincèrement que ce n'est pas le moment.

Il nous annonce avoir déménagé à Riga au bout de trois ans et je vois Jean essayer de visualiser la carte du monde et de situer la Lettonie. Scott est perdu alors pour les aider, je sors mon téléphone et leur montre où se situe l'endroit où Aran a vécu pendant la majorité de son séjour à l'étranger. Jean lâche un "Aaah mais oui !" enthousiasmé et je vois les rouages tourner dans la tête de son petit frère qui s'exclame au bout d'un certain temps.

- Mais il devait faire super froid !

Il a l'image de la Russie enneigée et n'a pas la notion des différents climats, il ne se doute pas que selon la région, la Russie peut enregistrer de gros pics de chaleur en été mais, cela dit, à cause de son climat maritime et sa position géographique, les températures ne doivent pas être très élevées même pendant la période estivale. Je ne le reprends pas, laisse Aran lui en parler puisque c'est lui qui connaît le mieux le pays.

- Tu parles letton alors ?

Elle n'a jamais entendu cette langue et je dois avouer que moi non plus. Avec cette question, elle demande une démonstration. Je suis désolé parce que ça le fait passer pour un monstre de foire mais les enfants sont avides de nouvelles connaissances et je ne me vois pas les freiner à ce sujet. J'aime qu'ils puissent apprendre et découvrir et, jusqu'à présent, ils sont restés polis dans leurs demandes, je n'ai aucune raison de les reprendre.

Et puis on en vient à parler de moi, de la façon dont je suis arrivé ici, comment est-ce que j'ai fait pour devenir famille d'accueil et c'est grandement grâce à ses parents. Sans eux, je n'aurais sans doute jamais réussi alors je leur dois beaucoup. Je suis heureux de faire ce métier, j'ai l'impression d'y être à ma place, d'avoir enfin un véritable but dans ma vie qui me correspond à cent pour cent. Voilà, je me suis découvert, je suis enfin moi-même. C'est un sentiment très fort qui me gonfle le cœur. A la question de sa mère, je me tourne vers les enfants. Jean est prête à goûter et influence son frère à en faire de même, par politesse.

- C'est gentil de vouloir goûter. Si vous n'aimez pas, n'hésitez pas à le dire.

Je vois Scott gesticuler sur place, je vois bien qu'il n'ose pas dire qu'il préférerait autre chose pour ne pas contrarier sa sœur.

- Va voir avec Philomena, tu sais qu'elle ne va pas te manger. Merci beaucoup, c'est gentil.

Je souris à la mère d'Aran tandis que le plus jeune se lève et la rejoint pour qu'ensemble, ils trouvent quelque chose qui lui conviendra le mieux. Mon premier objectif est qu'il faut qu'ils mangent.

- Ca va aller pour toi Jean ?

- Oui !

Elle dit ça fièrement et ça me fait sourire. Je me tourne ensuite vers Aran.

- Jean n'aime pas trop la viande, je crois qu'elle a envie d'adapter son régime alimentaire.

- Mais j'ai peur que ce soit trop compliqué... A la maison, au self, au restaurant...

J'espère qu'il saura la rassurer. J'en suis certain, même.

Aran Grieve

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Re: Quelques changements • Aran

Jeu 17 Oct - 17:09

Quelques changements
Je pense que tous les domaines universitaires poussés jusqu'à la thèse sont pointus. C'est le but d'une thèse, d'étudier un sujet si spécifique que seule une poignée de personnes en aura quelque chose à faire. De l'extérieur, ça a l'air hyper impressionnant alors que de l'intérieur, ça ne l'est pas tellement. Nous sommes une bande de nerd à qui on donne l'opportunité de vivre de leur passion, rien de plus.

Peut-être que mes réponses sont trop succinctes pour permettre une vraie conversation, je ne sais pas. Entre la curiosité des enfants et Ripley qui prend des nouvelles, j'ai l'impression que nous parlons sans trop galérer. Alors je ne change pas ma stratégie. Je laisse mon ancien ami combler les trous.

— Il fait un peu plus froid qu'Édimbourg en hiver, un peu plus chaud en été.

J'ai l'impression d'avoir déjà prononcé cette phrase. C'est toi qui m'as parlé de la météo de ma ville, non ? Un petit sourire se forme aux coins de mes lèvres alors que je repense à ton léger interrogatoire. Tu as beau être persuadée d'être banale, tu es curieuse et intéressée. Tu enregistres bien les choses apprises dans un format qui n'est pas scolaire. Jean ne lâche pas non plus l'affaire et me lance sur la langue. Comme tu l'as fait.

— Oui.
— Je pense qu'ils aimeraient en entendre, Aran.
— Ah, oui, désolé.

Je n'avais pas compris, et je n'avais pas osé étaler ma science sans que ça me soit demandé. Je jette un regard dans la direction des invités pour voir s'ils vont contredire mon père, avant de me lancer.

— Es runāju latviski, nezinu ko teikt, bet runāju latviski.

Je me râcle la gorge à la fin, en espérant ne pas avoir été vantard. Je ne pense pas. En-tout-cas, ça ne coupe pas la conversation. Nous reprenons rapidement. J'ajuste parfois la position d'Austra, en dehors de ça je ne remue pas. Maman finit par prendre la parole pour parler du menu du jour et s'assurer que ça sera OK avec les enfants. Le bilan est mitigé, ce n'est pas surprenant. Le garçon se lève et prend la main que ma mère lui tend pour aller voir avec elle ce qu'il peut trouver à manger dans ses réserves. Je suis presque certain qu'elle a un plan B déjà prêt, qu'elle n'aura qu'à cuire. Une valeur sûre. Un steak haché acheté chez le boucher mais elle lui proposera un œuf au plat, s'il préfère. Ou des poissons panés. Le plus important est qu'il avale quelque chose.

— Tu es peut-être un peu jeune pour cuisiner tes propres repas, mais tu peux apprendre des basiques végétariens.

Je pense aux quesadillas, à une bonne cuisson des lentilles ou au houmous. Je n'ose pas vraiment développer ma réponse pour ne pas mettre Ripley dans une situation compliquée, s'il préfère que les enfants restent loin de la cuisine par exemple. Je ne sais pas ce qui pourrait ou non lui attirer des problèmes avec les services sociaux. Honnêtement, ils seraient capables de lui prendre la tête si la pré-adolescente vire végétarienne. Ils pourraient hurler à l'endoctrinement ou je ne sais pas quelle connerie. Et si ce n'est pas eux, les parents peuvent s'en charger. Je ne connais pas leur situation. Bref, si des enfants placés n'ont pas le droit de choisir leur propre coupe de cheveux, ça m'étonnerait qu'ils aient le droit de choisir leur régime alimentaire. Passons. Ce n'est pas à moi de discuter de ça, qu'est-ce que j'en sais ? D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été l'enfant du couple Grieve.

— Tu veux la tenir ?

Je propose Austra à Ripley, parce que j'ai envie d'aller me servir un verre d'eau et que j'aime toujours faire découvrir de nouvelles personnes à ma fille.@Ripley Rey

boiling

It's so long since I've met you. Don't even know what I'll say when I find you.

Ripley Rey

Re: Quelques changements • Aran

Dim 20 Oct - 19:39

Quelques changements
Je suis content de constater qu'Aran a trouvé sa voie et qu'il s'épanouit dedans. Il a bien changé, il n'est plus le jeune lycéen qui venait aux soirées pour alimenter sa colère contre le système. Il me paraît beaucoup plus serein, plus calme, je pense que le temps l'a assagi comme il l'a fait avec quelques uns d'entre nous, peut-être que de s'éloigner de nous a joué un peu, sans doute que sa récente parentalité aussi. Je n'en sais rien et, après tout, ce n'est qu'une analyse faite au bout de quelques minutes à peine. Si ça se trouve, il a toujours cette même rage mais il a appris à l'internaliser et à la contrôler ; ce qui n'est pas une mauvaise chose non plus.

En tout cas, il se montre patient avec les enfants qui lui posent différentes questions sur sa vie à l'étranger et c'est le plus important. Je crois que si j'avais senti qu'il n'avait pas changé, nous ne serions pas restés plus longtemps malgré mon bonheur de le revoir. La sécurité de Scott et Jean passe en premier et s'il ne l'avait pas compris, ça aurait été tant pis pour lui. Heureusement, nous n'y sommes pas. Le plus jeune semble satisfait de la réponse qu'Aran lui donne sur le climat et remet quelques biscuits apéritifs dans sa bouche. Pour ce qui est de la question de la langue, Jean remercie Philomena pour la précision avant d'écouter la phrase en letton.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

Leur curiosité est pour le moment comblée alors nous passons à moi ou plutôt à la façon dont j'en suis arrivé là. C'est grâce à ses parents que j'ai réussi à avoir le droit d'être famille d'accueil. Je crois que sans eux, j'aurais rapidement laissé tomber face à tous les problèmes auxquels j'ai dû faire face. Je me suis battu pour sortir de la merde dans laquelle je m'étais mis à cause de lui. Ce n'était pas simple et ce sont eux qui m'ont aidé à garder la tête hors de l'eau alors que je croyais me noyer. Bien-sûr, j'ai eu l'impulsion de sa mère mais elle a disparu après ça, comme un ange gardien qui venait en mission, passer un message avant de retourner dans son monde. Ces trois personnes ont été les seuls adultes à pouvoir me faire des remontrances sans que je ne parte en vrille même si, au début, ce n'était pas gagné.

Le moment de passer à table approche et Philomena nous fait part du plat qu'elle a préparé. Jean semble un peu intimidée mais a envie de goûter mais ce n'est pas le cas de Scott qui part dans la cuisine avec la mère d'Aran pour voir si autre chose peut lui convenir. Lorsqu'ils nous ont invités à manger, ils m'avaient dit qu'ils s'occuperaient de tout et que je n'avais rien à ramener alors je savais que, quoi qu'il arrive, les enfants auraient de quoi se nourrir ; je leur fais une confiance aveugle. J'explique que la plus grande souhaite avoir un régime alimentaire végétarien et celle-ci surenchérit sur le fait qu'elle craint que ce ne soit trop compliqué au quotidien.

Chez moi, j'essaie toujours de proposer des alternatives. Je sais que leur père ne comprendrait pas mais de toute façon, il n'est plus question qu'il les approche. Je pense que leur mère comprendra. Pour l'instant, Jean n'a pas vraiment eu l'occasion de vocaliser ce désir au sein de son foyer et même maintenant, ce n'est pas vraiment un sujet qu'ils abordent lorsqu'ils rendent visite à leur mère. Cette dernière est assez compréhensive alors, selon moi, tout ira bien. Evidemment, il y a toujours le risque que ça me retombe dessus mais je suis suffisamment confiant dans cette situation.

- J'essaie de toujours avoir une alternative de prête mais... Est-ce que tu pourrais me donner quelques conseils ou des recettes s'il te plaît ? Je ne veux pas mal faire et qu'elle manque de quelque chose.

J'ai lu des choses et fait quelques recherches mais je préfère lui demander directement puisqu'il doit connaître beaucoup de choses à ce sujet. Quand il me propose de tenir sa fille, j'ai un moment d'hésitation avant d'hocher doucement la tête. Je récupère avec précaution l'enfant et lui fais un grand sourire.

- Coucou Austra... Moi c'est Ripley. Ton papa n'est pas loin, regarde, il est toujours là.

Je la tourne pour qu'elle puisse continuer à le voir et éviter qu'elle panique en se retrouvant dans des bras inconnus. Je ne sais pas trop ce qu'il se passe dans sa petite tête, je ne veux pas qu'elle se sente abandonnée. Jean s'approche un petit peu mais garde une certaine distance.

- Oh elle est trop mignonne...

- Et elle c'est Jean. Je m'occupe d'elle et de son petit frère en ce moment.

Je ne sais pas si elle comprend ce que je lui dis mais je ne m'imagine pas ne pas interagir avec elle.

- T'es toute grande.

Aran Grieve

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Re: Quelques changements • Aran

Lun 28 Oct - 3:23

Quelques changements
J'aurais dû me douter que quelqu'un allait se montrer curieux. Les enfants n'ont jamais peur de demander ce qui leur passe par la tête, tant pis s'ils se retrouvent à enchainer 5 "pourquoi ?". Mes étudiants les plus téméraires font ça, parfois, sous le regard médusé des autres qui se demandent quand j'en aurais marre (jamais, à condition que l'étudiant curieux ne soit pas de mauvaise foi).

— Juste que je sais parler Letton, mais que je ne savais pas quoi dire.

Je souris, amusé que mon manque d'inspiration soit découvert aussi facilement. J'aurais pu citer un vers de poésie, mais ça, ça aurait été pompeux. Heureusement pour moi, ma mère prend le relai dans la conversation pour annoncer le repas. Elle repart avec l'enfant, nous nous intéressons à Jean. Je n'ai pas envie de me mêler de la façon dont Ripley, alors je ne lui rappelle pas les règles hyper strictes que les institutions imposent aux parents d'accueil. Mes parents l'ont sûrement déjà fait et j'ignore depuis combien de temps il fait ça. Moi, je n'ai été placé que quelques années avant d'être adopté, et je n'ai connu qu'une seule famille.

— Ouais, bien sûr. Tu as une adresse mail ? Je peux t'envoyer des recettes, des conseils et des adresses de restaurants végans si ça te tente... Mais si tu veux être sûr qu'elle ne manque de rien, le plus simple est de lui faire des œufs de temps en temps.

Un régime végétarien est facile à équilibrer. Je regarde tour à tour Ripley et l'enfant, la première intéressée. J'ai des plats faciles à faire manger à une personne jeune, avec des textures familières et des goûts sympas. Toute une série de wraps ou des sauces à faire avec le tofu. Avec un peu de chance, ils trouveront des trucs faciles qui les tentent et qu'ils pourront cuisiner ensemble. Ça pourrait être adorable.

Ma gorge commence à me démanger. L'enfant dans mes bras est trop réveillé pour être trimballé contre mon torse sans rien dire et sans essayer d'attraper ce qui passe à sa portée. Je la donne avec précaution à Ripley. Elle a l'air surprise, s'immobilise, le regarde. Puis elle me retrouve dans son champs de vision et sourit en agitant ses minuscules jambes. Mon ami est doué avec elle, presque aussi doux que toi. Rassuré en constatant que tout se passe bien, je me lève me chercher un verre d'eau. La remarque de Ripley m'amuse tant elle est loin de la réalité.

— Le pédiatre n'est pas du même avis. Il voudrait que je la gave de force pour qu'elle prenne quelques centimètres et un peu de poids.

Je soupire en terminant mon rire. Il me semble voir un éclair de tristesse traverser le regard de papa. Je sais à quoi il pense. Il se souvient de l'époque où il m'a rencontré. J'étais si petit qu'il pouvait me tenir à une main. Ça a été pareil pour mon frère. Tu as vu les photos. Deux minuscules tas de chair, ou plutôt d'os, car il n'y avait pas grand-chose pour les enrober. Qui pourrait le croire, en me regardant maintenant ? Je fais mine de ne pas remarquer l'expression de mon père et vais me servir mon fichu verre d'eau.

• • •
Le repas s'est bien passé. Austra est passé de bras en bras, permettant à tout le monde d'avoir un moment pour manger. Mes parents ne se sont pas risqués à me donner des conseils. Le repas était excellent. Je leur ai dit. Ils avaient l'air touchés, ça m'a fait mal. Tu verrais la joie de mon père lorsqu'il prend ma fille contre lui. Il lui a même donné le biberon. Maintenant, elle est endormie dans son écharpe, la moitié de sa main dans la bouche. Je regarde d'un air distrait le plateau de jeu au centre de la table. Les petits chevaux. J'ai passé mon tour. Les enfants s'amusent, mes parents font semblant pour ne pas les battre à plate couture. Ça paraît faire du bien à tout le monde.

— Tu viens prendre l'air ?

Je lance à Ripley, en lui posant amicalement une main entre les omoplates pour avoir son attention sans avoir besoin de parler fort et de déranger la partie en cours. En faisant attention à ne pas trop remuer ma fille, je me lève, traverse le salon pour passer par la porte-fenêtre qui donne sur le jardin. La balancelle est toujours là. On y passait nos soirées d'été, toi et moi. Aujourd'hui, ce n'est pas avec toi que je m'y installe. @Ripley Rey

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