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Aaliyah Perkins
Aaliyah Perkins
Fétichiste des mains
Pseudo : Pow
Avatar et crédit : Antonia Thomas (par Nuit d'orage)
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Fifty shades of sadness * Ronya H1gj
Occupation : Standardiste dans une agence de voyages
Âge : 33 Quartier : Leith, un appartement partagé avec Aaron son meilleur ami et sa fille, Sydney
Situation familiale : Mère d'une petite fille de deux ans - célibataire
Date d'arrivée à Edimbourg : Naissance, puis retour en juillet 2021
Don : Pendant un moment de tristesse non simulé, parvient à revivre un souvenir heureux qui la laisse tétanisée une dizaine de secondes

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Mer 11 Oct - 22:17
Fifty shades of sadness

Les clés. Ou sont ces putains de clés. Lorsqu’elle les a entre les mains, elle tremble si fort qu’elle les fait tomber plusieurs fois. Pareil lorsqu’il s’agit de les glisser dans la serrure. Elle loupe l’entrée, fait tomber son sac qui s’ouvre sous le choc, jusqu’à ce qu’enfin, le métal glisse à l’intérieur. Il faut tourner, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, elle est à chaque fois obligée de se rappeler de ce détail pour ne pas aller dans l’autre sens. Elle arrive à ouvrir en poussant de l’épaule, la porte claque presque contre le mur et elle s’avance d’un pas timide à l’intérieur. Au début elle ne voit rien, alors elle appelle, doucement, puis un peu plus fort. Encore un peu, pas grand chose, les papiers sur la table, elle les reconnait, les lignes sur ces feuilles, c’est elle-même qui les a rédigées. Le mauvais pressentiment se confirme, sa gorge se noue et elle arrête d’appeler, comme si elle savait que c’était inutile. C’est dans la cuisine, qu’enfin, elle arrive. Il est là, et il ne bouge pas, alors elle court pour prendre son pouls.

Sydney joue tranquillement sur son tapis, au milieu des livres, des poupées et des petites voitures. Assise à la table de la cuisine, j’évite de la regarder. J’ai posé les mains sur mes oreilles, et je chante un medley des chansons de Why Birds Why ? à voix basse. J’ai une respiration un peu saccadée, à cause des sanglots qui ont envahi ma gorge il y a quelques minutes à peine, l’air circule difficilement dans mes bronches. J’essaye de me concentrer sur le chant, et sur le téléphone posé devant mes yeux qui indique les minutes qui s’écoulent depuis que j’ai prévenu mon meilleur ami que je voulais qu’il rentre au plus vite. Il ne devrait plus tarder. Il pourra s’occuper de la petite comme elle le mérite, parce que moi j’en suis tout bonnement incapable psychologiquement. Je ne veux pas l’approcher, pas entendre son rire ni la regarder inventer un langage imaginaire avec ses poupons. Et, paradoxalement, j’ai aussi envie de faire tout ça. J’aimerai pouvoir la câliner pour qu’elle m’apaise et qu’elle me fasse sourire. Mais j’ai peur. J’ai peur que si elle fait ça, je n’arrive plus à bouger, tétanisée par les sombres et mauvais souvenirs qui déferlent un vagues dans mon crâne en tambourinant contre mes tympans. L’accident, l’overdose, l’hôpital. L’enterrement, le divorce, la rupture. Alors, je reste sagement assise sur ma chaise, en attendant qu’il vienne. Il est là, il vit, son coeur bat fort et ses bras rassurants me prendront contre lui. C’est lui que j’ai prévenu en premier, même pas mon petit-ami.

Ca ne me ressemble pas. C’est arrivé soudainement, alors que je jouais avec ma fille en la chatouillant. Ses petits doigts me griffaient, elle se débattait en hurlant de rire et moi je l’accompagnais quand tout d’un coup, tout s’est stoppé. Sydney, se disant probablement que j’en avais assez, s’était calmée et s’était assise, toute sérieuse elle aussi. C’est la dernière vision que j’ai eu d’elle. Lorsque je me suis réveillée après, les larmes aux yeux et le coeur lourd, elle s’était allongée sur le dos avec un livre musical sur lequel il faut appuyer. Les jambes un peu tremblantes je m’étais levée, essayant de reprendre mes esprits. J’avais inspiré un bon coup, m’était absentée dans la salle de bains pour me passer de l’eau sur le visage. Syd m’avait réclamé un gâteau, et j’avais été le lui chercher, bien qu’il soit bientôt l’hère de manger. Après, j’avais reçu un message de Gabriel pour notre pique-nique du lendemain, et un sourire était né au coin de mes lèvres, et cela avait recommencé. Fourmillement dans les doigts. J’en avais lâché mon téléphone et il était tombé. Impuissante, j’avais laissé la crise m’envahir en fermant les yeux très fort pour ne pas regarder en direction du corps fantôme d’Aaron allongé dans la cuisine. Mais non, cette fois, je revois cette soirée ou il était furieux que j’ai trouvé les pilules dans la boite au garage. Lorsqu’elle était passée, je m’étais baissée pour récupérer le téléphone que la chute avait abimé dans un des coins et je l’avais joint. Il se passait des choses bizarres, et si j’avais pu assumer si j’avais été seule, avec ma fille dans les parages, je ne voulais pas prendre le risque.

Malgré mes poings sur les oreilles, j’entends les clés qui tournent dans la serrure, et je relève la tête en arrêtant de chanter. Syd saute sur ses pieds et court vers la porte pour accueillir son Apa. Elle va rire, elle va gazouiller, alors j’appuie plus fort mes mains en psalmodiant l’un des morceaux du groupe dont je n’arrive plus à retrouver les paroles. J’ose un seul bref regard vers le géant qui est apparu à la porte et j’ai un soupir de soulagement. Ce n'est plus le jour ou je l'ai fait enrager d'avoir découvert le pot aux roses, c'est le jour ou il va rester près de moi pour comprendre ce qui ne va pas.



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Aaron Mahoney
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Rehab
Pseudo : Elo
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Âge : 33 Quartier : Un studio au dessus d'un garage dans Leith
Situation familiale : Célibataire, père de substitution de la fille de sa meilleure amie, Aaliyah. Demi frère d'Eliott.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours
Don : Il voit la mort, littéralement parlant. Plus l'heure du décès approche, plus les couleurs s'évaporent. Son monde n'est qu'un dégradé de couleurs délavées, de noir et de gris. Les personnes proches du trépas lui apparaissent en noir et blanc, sans qu'il ne sache pour autant quand exactement, ni où, ni comment. Ce don le perturbe autant qu'il le fatigue. Il a régulièrement besoin de calme et de s'isoler dans une pièce sombre pour reposer ses yeux.

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Mar 17 Oct - 17:38
Fifty shades of sadness

Mes mains tremblent. Le pourtour de mes ongles est couvert de cambouis et je pince si fort ma clope entre mes lèvres que le filtre est tout écrasé. Devant moi, le capot ouvert de la voiture qui n’attends qu’à être réparée mais je ne sais pas si je vais y arriver. Tout est en nuance de gris, de blanc et de noir. La voiture n’a pas grand-chose, une simple vidange et un changement de filtres. Largement dans mes cordes, j’en ai pour deux ou trois petites heures en temps normal. Mais là, je suis dessus depuis mon arrivée et cela n’avance pas. Et plus j’essaie de me presser, plus je m’agace et plus mes mains tremblent. Cela fait quelques semaines maintenant, depuis mon retour de Caen pour être plus précis, que j’ai changé de boulot. J’ai quitté l’Everyman pour ce garage et j’en suis pleinement heureux. En réalité, tout va bien dans ma vie en ce moment. Aaliyah et Sydney sont revenues à la maison, tout roule entre Prudence et moi. Je fais enfin un job qui me plaît et me passionne. Alors pourquoi je suis comme ça ?

Cela a commencé hier soir. Je n’ai rien dit parce que j’ai mis ça sur le compte de la fatigue et que je ne voulais pas alarmer Lili. Alors je suis simplement allé me coucher, dans la chambre du bas, celle attenante au garage. Celle que j’ai faite dans l’optique de nous offrir à tous une plus grande intimité. J’ai laissé la grande mezzanine à Aaliyah et Sydney. Avant, je n’en avais rien à faire de dormir sur le canapé-lit, ni même d’y ramener des compagnes d’un soir. Mais maintenant il y a Prudence et Gabriel, on ne peut plus faire comme quand nous étions célibataires. J’ai mis du temps à m’endormir, même dans le noir. Et quand mon réveil a sonné ce matin, c’est une migraine qui m’a réveillé. La même qu’à chaque fois, quand je tire trop sur mes yeux. Cela ne sert à rien que je mette des lunettes de soleil pour me protéger de la luminosité, je n’y verrais plus rien du tout. J’ai fait comme si de rien n’était. Je ne me suis pas alarmé plus que cela puisque tout est en camaïeu couleur ciment. D’habitude c’est uniquement les personnes. Là, c’est tout. Absolument tout.

Alors, la tête penchée dans les entrailles mécaniques de la voiture, je galère à différencier les pièces. Je me frotte les yeux, laissant une traînée noire sur mes tempes. Dans ma poche, mon téléphone se met à vibrer avec insistance. A l’autre bout des SMS, c’est Aaliyah qui réclame ma présence. Elle aussi, elle ne va pas bien et il faut quelqu’un pour s’occuper de Sydney. Je jure entre mes dents quand la cendre de ma cigarette fait un trou dans mon bleu de travail. Derrière moi, Gary, mon boss me demande s’il y a un souci. « C’est heu… La mère de ma fille. Il y a un problème à la maison. » Je ne lui demande même pas si je peux m’absenter. Lui non plus, n’a pas l’air top et il peste après les valises électroniques de diagnostique qui ne fonctionnent pas. « Rentre. Je vais fermer pour la journée, on peut pas bosser avec un bordel pareil. » Je le remercie du bout des lèvres, je lave à peine mes mains et j’enlève mon bleu. Puis, je vais braver la rue.

J’aime cette période de l’année d’habitude. La manière dont les feuilles des arbres deviennent vertes puis jaunes et oranges. L’air qui rafraichit et le vent qui se lève parfois. Les belles journées d’automne, j’emmène Syd au parc et j’aime la regarder jouer avec les marrons qui sont tombés des marronniers. Les couleurs de l’automne sont belles. Mais aujourd’hui, tout est moche et gris. Je slalome comme je peux entre les passants et les voitures jusqu’à enfin arriver au pied de notre immeuble. Ma tête va exploser, mes yeux brûlent et je vois flou désormais. Entrer la clé dans la serrure est le parcours du combattant et je galère durant de longues secondes avant de parvenir, enfin, à pénétrer dans notre logement. Sitôt la porte passée, Syd lâche sa poupée et me saute dessus. Je me baisse pour l’accueillir et la soulever en la pressant contre moi. J’embrasse sa joue et elle commence déjà me raconter que maman l’a laissée manger un gâteau alors que c’est bientôt l’heure des œufs brouillés. Elle est loin de se douter ce qu’il se passe mais moi, quand je vois l’état de Lili, je sens mon cœur s’affoler.

Sans lâcher l’enfant, je m’approche. D’un bras, je maintiens Sydney. Je passe l’autre autour des épaules d’Aaliyah et je la serre à son tour. J’embrasse ses cheveux, en essayant d’oublier que je vais devoir être son support tout en étant pas au mieux de ma forme. « Ca va aller, Lili… » Je ne sais pas exactement comment ses crises de tétanie fonctionnent mais il me semblait que c’était quand elle était triste. Et là, d’après ce qu’elle m’a dit, c’est arrivé alors qu’elle jouait avec notre fille. Syd grogne pour que je la lâche, elle m’échappe et retourne auprès de sa poupée à qui elle raconte une drôle d’histoire de gâteau aux œufs. Moi j’en profite pour faire face à Aaliyah et poser mes deux mains sur ses joues pour l’observer. J’essaie de masquer mon trouble de les voir si grises, elle et Sydney. « Tu veux aller t’allonger ? » Je n’ai pas envie qu’elle tombe et qu’elle se cogne.




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Ven 20 Oct - 18:05
Fifty shades of sadness

Je n'ose pas enlever les mains. Pourtant, il ne se passe plus rien de drôle dans cet appartement, malgré l'arrivée de Rony. Tôt ou tard, Syd va ressentir elle aussi qu'il se passe quelque chose d'inquiétant et elle se mettra à pleurer. Je n'ai pas envie que cela arrive, mais je ne sais pas comment arranger les choses, alors j'espère que lui, le fera. Qu'il s'occupera d'elle en me disant d'aller me coucher, d'aller voir ailleurs, de faire quelque chose d'ennuyeux et d'horripilant. N'importe quoi qui me permette de ne pas ressentir trop de joie. Lorsque la clé tourne et qu'il entre, c'est un soulagement, mais je dois me concentrer pour garder les pieds sur terre. Je pense que si je continue à penser à son corps au sol ou à l’hôpital, je pourrais surmonter la soirée. Je serai triste et éteinte, mais au moins, je ne serai pas paralysée, bloquée dans mes fourmillements dans la douche, dans l'escalier, ou penchée au dessus de ma fille blottie dans son lit. C'est quelque chose qui va me demander un grand effort physique ou mental. J'ai peur que si je monte me coucher, je ne parvienne pas à m'endormir. Non, malgré le risque, je préfère être avec les deux personnes que j'aime le plus au monde.

Pour l'instant, Syd est contente, ça se ressent, mais lorsque mon meilleur ami s'approche de moi avec elle dans ses bras, j'ai un mouvement de recul. Et si sa bonne humeur me contaminait et que le processus recommençait ? Je reste stoique, m'obligeant à ne pas bondir de ma chaise pour me précipiter dans une autre pièce et j'accueille le baiser de Rony avec pénibilité. Seule la présence de mon enfant m'empêche de fondre instantanément en larmes. Je hoche la tête de gauche à droite. Je ne pense pas que ça va aller. Je ne suis pas faite pour être triste, je ne suis pas faite pour broyer du noir. Je suis faite pour sauter et danser, pour crier au monde que j'aime ma fille, pour faire une bataille de barbe à papa ou d'oreillers avec Aaron. Ce dernier la repose et elle retourne jouer, se désintéressant de ces deux adultes qui ne semblent avoir rien d'intéressant à raconter. Je m'accroche aux mains qu'il pose sur mes joues. « Non... non je ne veux pas être seule là haut » je bredouille. D'ordinaire je me serai levée pour le serrer avec force dans mes bras, mais là, je ne le fais pas, je reste piteusement assise sur ma chaise. « Est-ce que tu peux me préparer un thé ? » je demande à la place. Je force aussi sur ses mains pour qu'il les enlève.

Comme ça, ça va. Sydney, même si elle est loin d'être très calme, joue dans son coin. Je me sens nulle de ne pas vouloir aller la voir pour savoir ce qu'elle fait. Pourtant, j'en suis sûrement capable, il suffit juste que j'arrive à contrôler mes émotions. Je peux sûrement le faire n'est-ce pas ? Je prends appui sur mes jambes pour me relever. Méfiante, je contourne la table pour pouvoir jeter un œil à son coin jeu. En même temps je marmonne toujours en continu le chant. Je suis obligée de prendre une grande inspiration, tant les sentiments contradictoires me traversent de part en part. Heureusement, Rony revient avec la boisson et je lui adresse un regard de remerciement en lui prenant des mains. Je parviens peu à peu à me calmer. « Et toi ? Ta journée ? » je demande sans le regarder. Est-ce que je suis la seule à vivre des choses étranges ici ? L'enfant joue normalement, et je n'ai pas encore bien regardé mon ami pour savoir si ça a l'air d'aller malgré l'étrange appel que je lui ai passé. Je crois qu'il m'a dit au téléphone qu'il y avait quelque chose de bizarre, mais des maigres souvenirs que j'ai d'avant la dernière crise de tétanie, je n'ai pas su si cela l'impliquait beaucoup. Ou alors étais-je trop tournée vers mes propres problèmes pour lui poser la question en détails.



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Jeu 2 Nov - 14:55
Fifty shades of sadness
J’ignore ce qu’il cloche aujourd’hui. Tout est gris, les télévisions grésillent et les téléphones captent mal. La valise qui nous sert pour les diagnostiques des véhicules n’a pas fonctionné de la journée, c’est un peu le bordel partout. Mes nerfs sont déjà mis à rude épreuve, après une nuit pas terrible et la migraine qui ne me quitte pas. En raison de ma désintox toute récente, je ne peux pas prendre n’importe quoi et j’ai du mal à faire passer la douleur. Et maintenant, Lili. Je m’empresse de me débarrasser de mon vêtement de travail et ne demande pas mon reste quand Gary m’autorise à partir même si, de toute façon, avec ou sans son autorisation je serais rentré. Peut-être que je me serais contenté de faire un saut à l’appartement, qui est au bout de la rue maintenant, mais j’aurais répondu à l’appel à l’aide de ma meilleure amie. De toute façon, il se passe quelque chose et je ne serai pas concentré sur mes tâches en ne sachant pas si elles vont bien et si elles sont en sécurité. Quelques minutes après avoir reçu le premier message, me voilà donc à zigzaguer comme je le peux entre les rares passants qui n’avancent pas assez vite à mon gout.

J’ouvre la porte de l’appartement et, comme d’habitude, c’est une odeur rassurante qui m’accueille. Celle de mon foyer et qui suffit à faire naître un sourire sur mon visage fermé. Je n’ai pas le temps d’évaluer la situation que, déjà, après un cri aigu ayant suivi la chute d’une poupée sur le parquet, ma jambe est capturée entre deux petits bras. Même avec une vision floue, je reconnais ma fille. Je l’attrape par-dessous les aisselles et me concentre sur le reste de la pièce. Aaliyah est assise sur une chaise de la cuisine, appuyée contre la table qui lui fait face, comme si ce meuble était la seule chose qui l’empêchait de tomber. Peut-être que c’est vrai après tout. En deux enjambées, je suis prêt d’elle et je la cueille contre moi. D’habitude, elle ne rechigne pas mais là, je la sens se tendre. Décidément, rien ne tourne rond. Syd me saute presque des bras pour retourner à ses jouets et j’en profite pour prendre les joues de Lili dans mes doigts. Ses doigts à elle se referment sur mes poignets. Je n’ai pas l’habitude de la voir si désemparée et, même quand son visage a été la première chose que j’ai vu à mon réveil à l’hôpital, elle m’a souri. « Oui, très bien… » J’ai envie de lui dire que, la mezzanine étant entièrement ouverte, elle ne sera pas réellement seule mais je ne me sens pas d’épiloguer là-dessus. Aaliyah n’a pas envie alors elle restera avec nous en bas. D’ailleurs, je crois que je préfère aussi l’avoir à l’œil. Quoi que, je serai probablement aveugle afin la fin de la journée au rythme où les choses avancent. « Je te fais ça. » Faire un thé, cela doit être dans mes cordes.

Je me détourne d’elle le temps de m’exécuter. Je me trompe de placard, je n’arrive pas à attraper les poignées des portes et je chancelle un peu. Je dois poser mes mains à plat sur le plan de travail et souffler un bon coup pour reprendre mes esprits. J’espère que cela a échappé à Aaliyah. D’une part, je ne veux pas l’inquiéter et d’autre part, je n’ai pas envie qu’elle s’imagine que je consomme à nouveau. C’est faux, la preuve je me trimballe un mal de crâne depuis hier soir parce que je n’ose pas prendre de médicaments. Tant bien que mal, je réussi à lui préparer une tasse de thé Earl Grey. Je sais que c’est celui du petit déjeuner normalement mais je ne suis pas assez en état pour réfléchir à tout ça. J’apporte la tasse à table et je me serre un grand verre d’eau fraiche. Il me faut au moins ça pour apaiser le feu dans ma gorge et mon palais pâteux. Je me laisse tomber sur une chaise à côté d’elle en me demandant si je serai apte à faire des œufs brouillés à Syd pour son repas de ce soir. Je sais qu’elle adore cela. Si le téléphone daigne fonctionner, j’appellerai la pizzeria.

Je tourne la tête vers Lili quand elle me demande comment s’est passé ma journée. Je hausse les épaules, fixant les contours flous de Sydney qui s’invente une vie avec ses poupées. Bientôt, je sais qu’elle viendra nous chercher pour jouer avec elle. « Ma journée… » Je répète bêtement en portant mon verre à mes lèvres pour me rendre compte qu’il est déjà vide. « Bof. J’ai un mal de tête affreux et rien ne marchait au garage, Gary était si furieux qu’il a fermé. » Je tais ma vision en noir et blanc. Enfin non, ce n’est même pas noir et blanc. C’est gris. « Et toi alors ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Je me penche pour poser ma main sur son bras. D’habitude, c’est quand elle est triste que les crises apparaissent. Je le sais parce que la dernière que je l’ai vue faire était de ma faute.





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Mer 8 Nov - 21:29
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Peut-être aurais-je dû anticiper qu’un jour, il y aurait le coup de bâton. Que c’était trop beau pour être vrai, que cette façon d’esquiver les jours et les évènements tristes par le biais d’un souvenir heureux n’était pas normale et le karma me rattraperait en me frappant derrière la tête pour me rappeler que la vie ne tient qu’a un fil, qu’a chaque petit rayon de soleil peut succéder une grosse tempête. J’ai été bête de croire que je pourrai être heureuse et insouciante à chaque seconde de ma vie. D’autres n’ont pas comme moi cette chance, et bien ils font avec. Moi, je n’ai pas appris à faire avec, et rien ne me prédisposait à vivre une journée comme celle là. J’espérais que la présence de mon meilleur ami me rassurerait, et je n’avais donc pas hésité à l’appeler. S’il ne venait pas pour moi, il serait là pour la petite fille qui s’empresserait de le coller pour avoir de l’attention à défaut d’avoir une mère assise à coté d’elle pour l’occuper avec ses poupées. Aaron rentre plutôt vite, ne me laisse pas le temps de vivre une nouvelle crise, et le voilà déjà avec Syd dans les jambes. J’ai envie de pousser un grand soupir de soulagement, même si tout n’est pas fini. Je me sens pâle et vide, même mes cheveux me retombent sur le front, et je me suis mordillé la peau du pouce si fort qu’il est tout abimé. Ne pas pouvoir ressentir de liesse est angoissant.

La première chose que je dis c’est que je ne veux pas être seule. Pourtant, ce serait la meilleure des choses à faire, je ne serai pas tentée de sourire devant les cabrioles de ma fille, je pourrais rester au calme et éviter la tentation. Mais c’est une solution trop lourde pour moi. Je préfère être là. Au moins je les vois, vivants et en bonne santé, contrairement à moi. Du moins, c’est ce que je pense jusqu’à ce que je voie mon meilleur ami trébucher dans les placards de la cuisine. Il semble tendu lui aussi, mais je mets ça sur le compte de mon propre état. Je lui en demande peut-être beaucoup. Est-ce que je lui en demande beaucoup ? Je récupère le thé en bredouillant un « merci » et je me force à plaquer les mains sur la tasse brulante et à les y laisser. Après, c’est lui que j’interroge. Il hésite un peu à répondre, je comprends que ce n’est pas la meilleure journée de l’année. Qu’au travail, rien ne s’est passé comme prévu et que son patron s’est énervé. Même lorsque ce n’est pas contre soi, j’imagine que cela nous affecte. « Tu as pris quelque chose ? » je lui demande concernant le mal de tête dont il se plaint. Nous sommes si proches, mais sa présence qui d’habitude m’apaise me fait aujourd’hui me tracasser.

J’aimerai mettre des mots concrets sur ce qui m’arrive. Aaron a connaissance de mes crises, c’est quelque chose que je n’ai jamais cherché à lui cacher mais si en général elles n’arrivent jamais lorsqu’il est là puisque justement, lorsqu’il l’est, je me sens toujours bien. Il y a bien quelques exceptions, comme cette sale dispute l’année dernière qui nous a tenu éloigné plusieurs semaines, mais dans l’ensemble, il n’en a été que peu de fois spectateurs. Mais il sait comment ça se traduit, il connait l’effet que cela a sur moi. « Ca fait comme le contraire de d’habitude. Dès que je ressens une bouffée de joie, je te vois allongé sur le sol les yeux fermés. Je me ressasse Gabriel me disant qu’il ne peux pas se mettre en couple avec moi, ou Sydney à l’hôpital cette fois ou elle a avalé le bouton. C’est infernal ». Je me prends la tête entre les mains pour ne pas entendre les logorrhées de cette dernière. Je me penche aussi un peu vers lui jusqu’a ce que mon bras rencontre le sien, que nous soyons connectés. Il ne pourra pas me changer les idées. Il ne pourra pas faire le pitre pour me forcer à sourire, et s’il me dit des paroles réconfortantes, je devrais m’efforcer de ne pas les entendre ou de ne pas y croire, ce qui relèverait quasiment de l’impossible.



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Jeu 16 Nov - 9:38
Fifty shades of sadness
Mes doigts tremblent alors que je m’efforce de préparer la tasse de thé réclamée par mon amie. Quand celle-ci m’a appelé pour m’informer du fait que cela n’allait pas bien, qu’elle ne se sentait pas apte à s’occuper convenablement de Sydney, je suis rentré fissa. Il n’y a rien qui m’inquiète plus que le mal-être d’Aaliyah qui, fatalement, va déteindre sur la petite. Je n’ai même pas demandé l’accord à Gary, j’étais prêt à partir. De toute façon, celui-ci a décidé de fermer le garage parce que rien ne fonctionne. J’attends que l’eau soit à température dans notre bouilloire électrique. J’essaie de me forcer à réfléchir. Mon don déconne, clairement, bien que je ne sache pas exactement comment il est sensé fonctionner d’habitude. Seuls les personnes perdent leur couleur et encore, pas toutes. Juste celles dont le trépas est proche. Je me rappelle ce que ça fait puisque, en novembre, en regardant mon reflet dans le miroir, je me suis vu mort. Littéralement parlant, quelques secondes avant de m’écrouler dans la cuisine. Et là, ça fait beaucoup. Moi, Aaliyah, les appareils du garage. Il faudrait que je trouve quelques secondes pour prendre des nouvelles de Prudence et Eliott. Je verse l’eau dans la tasse en essayant de ne pas en mettre partout puis j’y place le premier sachet que je trouve.

Quand je reviens auprès d’elle, je fais glisser la tasse sur la table. Syd joue gentiment dans son coin avec des poupées et je souris quand je l’entends s’inventer une vie. Les mots sont approximatifs mais, à force la côtoyer, j’en comprend le sens général. Je me concentre sur Aaliyah, qui a plus besoin de moi que l’enfant qui est assise sur son tapis de jeu. J’avoue que je préférerais savoir mon amie allongée sur le lit, pour qu’elle soit en sécurité en cas de crise de tétanie. Avec mon mal de crâne et ma vue floue, je ne suis pas certain d’être à même de gérer la mère et la fille mais je ne vais pas avoir trop le choix. Elles comptent sur moi, je tiens à faire de mon mieux. Il y a eu un moment dans notre vie où j’ai réussi à tenir des journées entières avec le manque chevillé à l’estomac. Je devrais m’en sortir aujourd’hui.

Aaliyah détourne la conversation en me demandant comment s’est passée ma journée. Le premier qualificatif qui me vient à l’esprit est étrange. Je ne m’explique pas l’enchaînement des évènements, le rapport entre ses crises de tétanie, ma vue grise et les appareils de contrôle mécanique qui ne fonctionnent pas. Mais je ne veux pas l’inquiéter. J’évoque juste un mal de crâne parce que plus les heures vont avancer, pire cela va être. Je sens déjà mon sang tambouriner dans mes tempes. Entre ça et les tremblements, je suis content que Lili me fasse confiance et sache pertinemment que je ne prends plus rien parce qu’elle pourrait m’imaginer en plein manque. « Non… Je ne prends rien. » Je sais que c’est une précaution un peu futile et que ce n’est pas un cachet de Doliprane qui me fera replonger mais je ne préfère pas prendre le risque. Une fois Sydney au lit, j’irai m’allonger moi aussi. Dans l’obscurité et au calme, je sais que cela ira tout de suite mieux. Il me faut juste tenir jusque là.

A mon tour, je verbalise mes inquiétudes. Je connais l’existence de ses crises de tétanie bien que, là encore, je ne comprend pas forcément comment elles fonctionnent. Il me semble qu’elles l’empêchent de ressentir une quelconque forme de tristesse. Heureusement, je n’en ai pas beaucoup été témoin. Cela remonte à octobre dernier, quand elle a trouvé ma cachette secrète. Et encore, j’étais beaucoup trop défoncé pour me rappeler avec exactitude le déroulé de cette dispute. Plusieurs semaines durant lesquelles, elle et Syd, sont reparties vivre chez la grand-mère. Cette femme ne m’aime pas et je suis persuadé qu’elle a essayé de convaincre Aaliyah de ne pas revenir vivre ici. Et là, quand elle m’explique ce qu’il lui arrive, je reste immobile sur ma chaise. C’est l’inverse, elle part en crise dès qu’elle est heureuse. Mais être heureuse, c’est dans l’ADN de Lili. C’est ce qu’il fait qu’elle est si attachante et si optimiste. Aaliyah n’est pas faite pour la tristesse et la mélancolie. Elle a été taillée dans la joie, la liesse et l’allégresse. « Oh… » C’est tout ce qui sort de ma bouche parce que je ne sais pas quoi dire. Si je la réconforte, elle va se sentir soulagée et repartir dans la spirale infernale.

Son bras rencontre le mien et je la laisse faire. J’aimerais la serrer dans mes bras mais, là encore, j’ai peur que cela ne fasse qu’empirer la situation. Les mains sur les oreilles, certainement pour ne pas entendre les gazouillis de notre fille, et la tête baissée elle me fait de la peine. Elle est bien loin de la jeune femme que j’ai l’habitude de côtoyer depuis notre naissance. « Je suis désolé pour ça. Pour moi dans la cuisine et le bouton et même Gabriel. » J’aimerais lui dire que cela va passer, que demain tout ira mieux. Je n’en sais rien et je ne veux pas mentir. Mes doigts viennent frotter puis appuyer un peu sur mes yeux, parce que le gris devient plus intense à chaque minute qui passe. « Et si on restait comme ça, pour toujours ? » C’est vrai quoi, nous ne savons pas exactement d’où nous tenons nos spécificités, ni si elles vont disparaître un jour. Et si, simplement, c’était une évolution normale ?




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Aaliyah Perkins
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Don : Pendant un moment de tristesse non simulé, parvient à revivre un souvenir heureux qui la laisse tétanisée une dizaine de secondes

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Jeu 30 Nov - 19:58
Fifty shades of sadness
Ca me rassure, qu’il n’ai rien pris. D’un coté ça signifie que ce n’est peut être pas si grave que ça en a l’air, de l’autre, cela montre qu’il est frileux quant à l’usage de médicaments, et tous les deux nous savons ce qui en est à l’origine. Je ne pense pas non plus que cela m’aiderait dans mon problème, mais que rien ne change m’effraie au plus au point, et cela est bien suffisant pour me rendre triste. Ne pas savoir pourquoi tout cela s’est déclenché aujourd’hui est un vrai mystère dont j’ignore par quel bout commencer. Tout était bien avant, tout était confortable, malgré cet effet secondaire physique que je ressentais, et que j’oubliais finalement bien assez vite. Je veux retrouver cette ancienne moi là. Je le veux mais je ne sais pas quoi faire. J’aimerai bien que Aaron propose une solution, mais il est aussi perdu que moi. « C’est très bien » je souffle sur un ton un peu morne, ne pouvant sauter d’allégresse en lui disant que ça y était, il était enfin surement sorti d’affaires. Même si cela revient à avoir un mal de crâne qui ne passe pas. Sans doute faudrait-il attendre le coucher de Syd, quand l’appartement sera au calme et apaisé (je ne parlerai pas autant que d’habitude, préférant ruminer dans mon coin) pour que ses douleurs s’estompent. Oui mais, il y a toute la soirée à passer avant, et ma fille refusera de se coucher si elle n’a pas mangé.

Je lui explique enfin ce qu’il m’arrive. C’est facile d’expliquer que je ne peux pas me permettre de ressentir la moindre once de joie sans que la vague de souvenirs mélancoliques me retombe dessus et m’avale, m’empêchant de respirer et de penser convenablement. Je lis dans ses yeux que cela l’affecte, il n’a pas besoin de parler pour ça et je pense qu’il le sait. De toute façon il n’y a rien à dire. Il n’y a pas de solution. Heureusement que je ne suis pas du genre à faire des crises d’angoisse, sinon je serai présentement en train d’en faire une après avoir imaginé rester coincée dans ce « corps » tout le reste de mon existence. Heureusement aussi que me coller à lui ne déclenche pas immédiatement une vague d’allégresse. Je peux me permettre de poser ma joue sur son bras sans développer de sentiment positif particulier. Je suis bien, mais je ne suis pas vraiment heureuse. « Tu n’as pas à t’excuser, tu n’es pour rien dans ce qui m’arrive » lui répondis-je en serrant un peu plus son bras. Ce n’était pas lui qui m’avait implanté ses souvenirs dans le crâne, et il était évident qu’il n’aurait pas fait d’overdose s’il avait pu l’éviter.

C’est lui qui finit par poser la question qui me trotte dans la tête depuis le début. Je me redresse, effrayée par cette perspective. Pour un peu et je serai en train de fondre en larmes en m’imaginant ne plus pouvoir prendre soin de Sydney, ou alors de le faire dans une humeur morose qui ferait de moi une mauvaise mère toujours à cran et sur la défensive, ce que je ne veux pas devenir. « Hors de question ! » je m’écrie, tout en sachant bien que je n’ai aucun pouvoir sur ce genre de chose. Je refuse surtout de l’envisager. Il y a probablement une solution, quelque chose qui s’est déréglé quelque part, et peut-être qu’une bonne nuit de sommeil va finir par tout réparer comme par magie. C’est bien utopique de croire des choses comme ça. « Peut-être que ça n’est pas arrivé qu’a nous. Et si quelqu’un y avait échappé ? Si quelqu’un savait comment on se sortait de là ?! ». Je quittais ma chaise pour aller prendre mon téléphone dans l’optique de lancer Twitter et d’obtenir une réponse à mes questions diverses et variées. Malheureusement, malgré le réseau internet, la page refusait obstinément de s’afficher. Je secouais l’objet, appuyais un peu rageusement sur les touches, mais ne parvint à aucun résultat concluant. Désemparée, je le laissais tomber un peu brutalement sur la table. « Tu as raison, rien ne marche » lui dis-je en lui adressant un regard triste.

Syd délaissa subitement ses poupées pour venir vers nous et s’accrocha à mes jambes afin que je l’installe sur mes genoux. Je me redressais, un peu raide et hésitante, mais finit par obtempérer à sa demande et elle se lova contre moi, les yeux rivés sur Aaron, un pouce dans la bouche et l’autre entortillant une mèche de ses cheveux bouclés. Heureusement qu’elle était épargnée. Je ne lui souhaitait pas d’avoir une capacité spéciale comme Rony ou moi. Il fallait qu’elle apprenne à vivre sans tout ça pour ne pas être désemparée si les choses qui nous apparaissaient normales finissaient d’un coup par disparaitre. Il n’y avait rien de pire que ça.




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Aaron Mahoney
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Âge : 33 Quartier : Un studio au dessus d'un garage dans Leith
Situation familiale : Célibataire, père de substitution de la fille de sa meilleure amie, Aaliyah. Demi frère d'Eliott.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours
Don : Il voit la mort, littéralement parlant. Plus l'heure du décès approche, plus les couleurs s'évaporent. Son monde n'est qu'un dégradé de couleurs délavées, de noir et de gris. Les personnes proches du trépas lui apparaissent en noir et blanc, sans qu'il ne sache pour autant quand exactement, ni où, ni comment. Ce don le perturbe autant qu'il le fatigue. Il a régulièrement besoin de calme et de s'isoler dans une pièce sombre pour reposer ses yeux.

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Mer 6 Déc - 21:53
Fifty shades of sadness
Je ne me sens pas de prendre quoi que ce soit. Je sais que je suis encore trop fragile, j’ai peur de replonger pour un simple mal de crâne. Alors, tant pis, je subis. Mes tempes sont prises dans un étau, mes yeux sont littéralement en train de sortir de leurs orbites. Les nuances de gris sont en train de se mélanger pour ne devenir qu’une triste couleur ciment. Je suis dans un de ces vieux films que nous passions parfois à l’Everyman, un héros du cinéma muet. Il ne me manque qu’un chapeau melon, une moustache et une canne pour être une réplique géante de Charlie Chaplin. Aaliyah approuve que je ne prenne rien. Je n’ose pas lui dire que je ne m’en sens pas capable, j’ai peur qu’elle me juge trop sévèrement ou qu’elle ne se fasse de fausses illusions. Mon amie n’est pas de ce genre mais aujourd’hui, j’ai du mal à réfléchir correctement. Pour une fois, j’ai hâte que Sydney aille au lit. J’ai hâte de me retrouver dans le noir, dans mon lit, au calme dans la chambre du bas. Au pire, on pourra prendre le babyphone si Lili veut venir avec moi. J’ai besoin de me reposer et de passer à demain, mais je ne veux pas pour autant laisser ma meilleure amie seule avec ses tourments.

Aaliyah m’explique. Sa spécificité s’est inversée, quand la même s’est amplifiée et détraquée. Elle est prise d’une crise de tristesse quand elle est trop heureuse. C’est un comble, et terriblement handicapant. Lili est heureuse tout le temps. Son visage est toujours barré d’un sourire qui serait capable d’illuminer le plus noir des cœurs. Peut être que c’est comme cela qu’elle m’a eu, moi aussi. Comme cela que je suis tombé sous son charme, à l’école maternelle. Elle est aussi joyeuse que je peux être mélancolique. Nous nous complétons bien, sans compter nos prénoms similaires et la date de naissance que nous partageons. C’est comme si l’Univers avait oeuvré, avant notre naissance, pour que nos chemins se croisent avant de ne faire qu’un. Je me sens heureux qu’elle soit dans ma vie, qu’elle soit revenue. Je me rappelle de la dernière crise à laquelle j’ai assisté, que j’ai moi même provoquée en me fâchant après qu’elle soit tombée sur ma cachette secrète, Caverne d’Ali Baba de tout bon drogué qui se respecte. Et moi, je m’excuse. Je m’excuse parce que cette fois là, je n’ai pas bougé. J’étais trop en colère et trop stone pour ça. Je m’excuse parce qu’elle me voit ce fameux jour de novembre, celui où j’ai failli mourir. « Tu n’aurais pas de telle vision sans moi et mon addiction. » Je murmure, parce que je ne veux pas lui remettre plus en mémoire un souvenir si douloureux. Ou peut être que si, si cela peut éviter qu’elle ne se tétanise.

Moi aussi, j’ai un peu peur. Peur que nous restions bloqués dans cet état pour toujours. Je ne veux pas voir en gris, je ne veux pas que ma tête soit constamment sur le point d’exploser. Ni que Lili soit plongée dans un spleen éternel. Sans compter que je ne sais toujours pas dans quels états se trouvent Prudence et Eliott mais je ne peux pas les joindre. Les téléphones ne passent pas et il est hors de question que j’abandonne Aaliyah et Syd. J’irai m’enquérir d’eux demain. Elle crie un peu quand je verbalise ce qui nous taraude tout les deux. Je pose une main rassurante sur la sienne et je presse doucement. « Ssshh… Je suis sûr que tout ira mieux après une bonne nuit de sommeil. On ne va pas rester comme ça. » Encore faut il arriver jusqu’à la case lit. Je me tourne vers Sydney qui apparaît imperméable aux problèmes de ses parents. Elle n’a pas l’air si fatiguée alors que je ne rêve que de mes draps et je sais qu’Aaliyah aussi. « Je ne sais pas, Lili… J’ai essayé d’appeler Prudence et Eliott mais cela ne fonctionne pas. » Je sors mon téléphone et je réessaye encore une fois. Le réseau semble correct mais pourtant, rien ne part. Elle fait de même, avant d’abandonner.

Syd grimpe sur les genoux de sa mère. Elle suce son pouce et même fardée de cette affreuse couleur grise, je trouve que c’est la plus jolie petite fille de la terre. Je ne sais pas ce que nous pourrions faire, l’heure du repas n’est pas encore là. « Apa, a faim. » La petite voix brise le silence qui s’était installée. Je me lève péniblement et me traîne jusqu’à la cuisine. Je lui verse un verre de lait et je sors un paquet de boudoirs du placard. D’habitude, je prépare un goûter bien meilleur que celui là mais je n’en suis juste pas capable. Il faut tuer le temps jusqu’au moment où nous pourrions enfin nous coucher. Je place le tout sur un plateau que j’apporte à table avant de reprendre ma place sur la chaise de la cuisine, Syd passant des genoux de mon amie aux miens. « Et si tu me racontais ce qu’il se passe à l’agence, hein ? » Une discussion parfaitement banale sur nos métiers respectifs ne devrait, en théorie, pas déclencher de crise à Aaliyah.




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Mer 6 Déc - 22:31
Fifty shades of sadness
J’aimerai que cette journée soit simplement un cauchemar et que je me réveille en sursaut dans mon lit, dans la chambre au dessus des combles avec Sydney juste à coté. Malheureusement, je me suis pincée de si nombreuses fois au cours de la dernière heure que j’en ai probablement des bleus sur les deux bras, prouvant que tout ce que l’on vit est bien réel. Je jette un regard triste un peu partout. D’habitude, cela m’arrive de m’arrêter devant un objet du quotidien dans la maison et de m’imaginer des choses drôles. Je repense à la machine à barbe à papa dans une armoire de la cuisine, à ce canapé-lit qui a failli se casser alors que la petite s’amusait à sauter dessus, à ce miroir ou un jour j’ai écrit en grosses lettres au rouge à lèvres un « bonne journée » pour qu’il ai le sourire en se réveillant. Aujourd’hui, tout me parait sans saveur. C’est sûrement parce que je sais que si je me perds dans mes réflexions, je serai assaillie par une nouvelle vague de tristesse. J’ai l’impression d’avoir vécu tous mes pires souvenirs et qu’il n’y aura jamais la place pour un nouveau, que rien ne sera pire que ce que j’ai déjà vécu. Peut-être que ce nouveau don m’apprendra quelque chose sur moi même, peut-être qu’il me fortifiera et que je prendrais l’habitude de voir des choses horribles et qu’a force, cela ne me fera plus rien au coeur et à l’esprit. Pour l’instant en tout cas, ce n’est pas le cas. J’ai un frisson involontaire quand Aaron parle du bouton, de Gabriel et plus encore de l’overdose à mots masqués. « Je les aurai toujours. C’est juste que là, elles s’imposent, à un moment qui ne s’y prête pas » constatais-je avec morosité en baissant la tête sur mes mains. « C’est juste de la faute à se fichu don » j’ajoute avec une pointe d’agacement dans la voix. Ce comportement ne me ressemble définitivement pas.

Pourquoi faut-il qu’il pense au pire ? Je sais que cela a toujours été dans son caractère, il est différent de moi pour cela. Si j’avais été moi à sa place, j’aurai tout de suite voulu trouver une solution pour expliquer ce qui était en train de se passer, je n’aurai jamais évoqué que cela puisse demeurer permanent. J’aurai peut être même plaisanté en disant que le destin voulait nous faire passer un message ou que c’était une façon de ne pas abuser des bonnes choses. Je ne lui en veux pas non plus pour ça, il réagit à sa manière et c’est bien normal. Je ne peux pas lui demander d’abonder dans mon sens systématiquement même si c’est pour me faire plaisir. Je pense qu’il comprend tout de suite dans quel état cela me met car il tente de me rassurer et de me convaincre qu’une nuit suffira à tout ça. J’ai envie de le croire bien sûr, après tout, personne ne pourra répondre vraiment à cette question et puis mon naturel optimiste reprend largement le dessus. Je peux le permettre, cela ne me rend pas plus heureuse pour autant. « Je ne sais pas si j’arriverai à trouver le sommeil. Le mieux serait surement de tomber de fatigue devant un film. Un truc très chiant. Ou de l’horreur ». Pas de comédie romantique bien sûr, rien qui puisse déclencher un rire ou un simulacre d’éclair d’allégresse au fond des yeux. Mais si le téléphone marche pas, qu’en est-il de la télévision ? J’espère que ce n’est qu’un problème de réseau, je ne sais pas trop quoi penser quand il me dit qu’il a tenté de joindre son frère et sa copine. « C’est étrange, j’ai réussi à te joindre moi. Tu penses pas que c’est un soucis lié à la localisation ? ». Je ressortais mon téléphone pour faire défiler mon répertoire jusqu’au nom d’Eliott et tentait de lancer la communication mais en effet, l’appareil semblait tourner dans le vide. Je restais les sourcils froncés dessus avant que le mouvement de ma fille ne capte mon attention.

Je la réceptionnais sur mes genoux et toutes deux regardâmes Aaron accéder à sa demande en se dirigeant vers la cuisine. Syd avait une fâcheuse tendance à reparler comme un bébé lorsqu’elle s’adressait à nous et principalement à mon meilleur ami, alors que je savais qu’elle pouvait faire des phrases un peu plus construites que cela. Je décidais toutefois de ne pas la reprendre. Ce n’était pas parce que je ne pouvais pas être heureuse que je devais être aigrie et trop stricte avec elle. Elle me libéra de son poids pour manger sur ses genoux et je la surveillais du coin de l’oeil qu’elle n’en mette pas partout. « On a vendu plusieurs super séjours en Polynésie pour l’été prochain. Ca donne envie d’y aller mais c’est trop encadré pour moi, surtout avec le all inclusive. On a eu des clients indécis aussi. Madame voulait aller en Amérique du Sud et Monsieur ne jurait que par le Japon. Ils ont trouvé un compromis pour la Thaïlande mais je parie ce que tu veux qu’ils rappelleront demain parce qu’ils ont changé d’avis et qu’ils veulent partir à Cuba ». Je haussais les épaules et un rire sans joie s’échappa de mes lèvres mais cela suffit à me faire plaquer ma main sur la bouche comme si j’avais dit une bêtise et qu’il suffisait de ça pour que je reprenne ma parole. « Ceci dit, maintenant que j’y pense, ma collègue s’est plaint avant de partir qu’elle n’arrivait pas à fermer son ordinateur. C’était comme si l’écran avait freeze. Sur le coup je n’y avait pas fait attention » ajoutais-je alors que le souvenir me revenait à l’esprit maintenant qu’on avait parlé de nos téléphones. Il me semblait d’ailleurs avoir oublié de faire de même avec le mien mais ça par contre, ce n’était pas totalement inhabituel.



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Mer 6 Déc - 23:33
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Malgré moi, je me crispe quand Aaliyah m’avoue qu’elle aura toujours ces images en tête. C’est de ma faute, quoi qu’elle en dise. Sans mon addiction, je n’aurai pas consommé à ce point là. D’autant que ce n’était pas la première fois, j’ai déjà fait une overdose pendant mon adolescence. Là encore, c’est ma meilleure amie qui m’a retrouvé et qui m’a secouru. J’admire la force qu’elle a. Je me serais probablement effondré moi, de la savoir entre la vie et la mort pendant plusieurs heures interminables. Je crois que j’aurais envoyé valdinguer tout et tout le monde sous la trouille de la perdre elle, de perdre Syd aussi. Sa famille me déteste tellement que je doute qu’ils me laisseraient approcher l’enfant. Je secoue la tête pour recouvrer mes esprits. Pourquoi est-ce que je pense à tout cela moi, hein ? Je sais que j’ai une tendance à voir le verre toujours à moitié vide mais quand même. Et puis, ce n’est pas le moment. Je dois garder la tête froide et l’esprit vif. Lili compte sur moi, même si je suis tout aussi diminué qu’elle. « Oui je sais que tu les auras toujours. » Cela ne sert à rien que je réitère mes excuses et que nous tournions en boucle la dessus. Je ne veux pas prendre le risque de l’agacer dans un moment comme celui là.

Et puis, nous n’allons pas rester comme cela. Je sais que j’en ai peur mais j’ai décidé qu’il ne fallait pas l’envisager. Nous allons traverser cette journée main dans la main, nous occuper de Syd et la coucher. Je ferai attention à ses crises, j’oublierai le mal qui me fusille le crâne. Après tout, c’est cela être parent. Nous ne pouvons pas nous défiler quand cela nous chante. Et puis, si cela se trouve, sa mère et ses frères et sœurs sont dans le même état que nous. Il est impossible de le savoir, nous sommes coupés du monde. « On dépliera le canapé et on regardera un film d’horreur. J’ai mon vieux lecteur dvd portable si la télé ne fonctionne pas mieux que nos téléphones. » Ou on regardera un truc super ennuyeux et super pas drôle comme 2001, L’Odyssée de l’Espace et ce pauvre homme qui dérive dans l’espace pendant presque vingt minutes. Elle met alors le doigt sur quelque chose de très vrai. Comment se fait il qu’elle ait réussi à me joindre alors que nous n’arrivons à appeler nos amis ? Je fronce les sourcils. « J’en sais rien. Mais tu as réussi, je ne cherche pas plus loin. » La téléphone et l’informatique sont deux choses qui me dépassent. Je ne vais pas décortiquer le réseau de téléphonie mobile.

Sydney me réclame à manger d’une manière bien enfantine. Je sais qu’elle est capable de bien mieux que cela mais il faut toujours qu’elle se comporte comme un bébé avec moi. Les mères et leurs garçons, les pères et leurs filles. Il paraît que c’est comme cela que le monde tourne mais je ne pense pas que cela soit vrai. Ma mère m’a abandonné alors cela relativise ce genre de dicton à la con. Je me lève péniblement, traînant ma grande carcasse à la cuisine toute proche. Ce n’est pas tant l’heure de manger mais je n’ai pas cœur à la disputer. Je sors des boudoirs et un verre de lait, de quoi la caler jusqu’au repas de ce soir. Elle s’installer sur mes genoux et je fais parler ma meilleure amie quant à son activité professionnelle. Elle a toujours eu soif d’aventures et de grands horizons. Mon principal regret aura été de ne pas avoir eu l’occasion de l’accompagner dans son tour du monde, comme cela était prévu. « Oh… Il y a quoi à faire en Polynésie ? Je veux dire, cela n’est ni plus ni moins qu’un archipel. Donc à part de la plage et de la pêche, on peut faire quoi ? On devrait plutôt aller en Europe. Genre Italie ou Espagne. Cuba, pas mal. Je rêverais de goûter à un de leurs cigares. » Le tabagisme est la seule addiction que j’ai gardée. Ma thérapeute pense que c’est mieux pour affronter le sevrage des autres. « C’est pareil au garage… Les valises de diagnostique de Gary et les ordinateurs, rien ne fonctionnait. Il a même pris la décision de fermer aujourd’hui. J’étais sensé faire quelques vidanges, rien de bien foufous. Mais je vois plus rien, tout est gris et flou. » Je me mords l’intérieur de la joue. Je ne voulais pas en parler pour ne pas inquiéter mon amie. J’ai vu la manière dont elle a bâillonné son rire, comme si c’était la pire des choses. Elle n’a pas besoin d’être éclaboussée par mes soucis. Elle l’a suffisamment été.

Syd mange en mettant quelques miettes un peu partout par terre. Je ne m’en offusque pas. Je rangerai plus tard. Du moment qu’elle mange, nous sommes un peu tranquilles. Je cherche un jeu pour la suite, quelque chose de parfaitement chiant. « On pourrait jouer aux échecs pour passer le temps, non? » Je crois que c’est le jeu le plus ennuyeux et le moins fun que je connaisse. Parfait pour occuper cette journée déprimante dans laquelle Aaliyah ne doit pas rire.




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Sam 16 Déc - 20:50
Fifty shades of sadness
J’essaie de positiver et de me dire que demain sera un nouveau jour, qu’il n’y a juste qu’a passer la nuit et que tout reviendra à la normale. Il n’y a pas de soucis à se faire, le monde s’est juste un peu détraqué aujourd’hui mais c’est temporaire, destiné à nous donner quelques sueurs froides et un peu d’adrénaline. Il faut juste affronter la fin de la journée et ça, c’est plus facile à dire qu’a faire. Je ne vois qu’une solution : m’occuper l’esprit avec quelque chose d’ennuyeux ou en tout cas, de pas drôle. La télévision me semble une opportunité adaptée, mais je n’avais pas réfléchi au fait qu’elle pourrait ne pas marcher, tout comme me le rappelle mon meilleur ami. Heureusement, sa solution d’utiliser son truc portable règle les choses, encore faudrait-il que ce problème électronique ne le touche pas non plus. « Qui l’eut cru que je demanderai à voir un film d’horreur ? » j’ai un rire plus nerveux qu’autre chose. Je ne suis absolument pas friande de ce type de programme, mais je suis persuadée que je ne sentirai aucune joie à regarder cela. « On a quoi comme dvd, déjà ? » demandais-je en faisant dériver mon regard vers les étagères du salon. Cela faisait un bail que nous n’utilisions pas la télévision pour regarder des films, à part Free Willy pour notre anniversaire, car nos ordinateurs nous suffisaient amplement.

Il est vrai que j’ai réussi à le contacter alors que mes premières crises m’avaient déjà saisie. Mais tout comme cette panne inexpliquée, nous en ignorons les raisons. Peut-être que cela marchait une fois sur deux, peut-être était-ce parce que j’étais dans une certaine rue de la ville ou que sais-je. C’est vrai que ce n’est pas important mais c’est peut être un premier point de réponse. Il faut que j’envoie un message à mon petit-ami pour en avoir le coeur net. Syd me coupe dans mon élan et j’abandonne l’idée du téléphone pour l’instant pour m’occuper d’elle avec Aaron. Je ne dis rien quand il lui ramène du lait et des gâteaux alors que ce n’est plus tout à fait l’heure de ce genre de chose, mais cela occupe ma fille qui n’écoute plus notre conversation, concentrée à se lécher les doigts. A la place, je préfère répondre à mes questions. C’est un terrain neutre, mais il suffira que je vois que je commence à m’emballer pour m’arrêter immédiatement. Parler de Polynésie me donne envie de voyager. « Eh bien il y a plein de choses à voir ! C’est un paysage très diversifié, et puis il y a beaucoup de petits endroits locaux très sympa et pas trop touristiques. Après c’est vrai que l’activité principale c’est la plage, mais on peut aussi aller nager avec des requins… Enfin en tout cas, c’est une destination très prisée pour les lunes de miel ». Evidemment, le tourisme en lui même est limité, mais quand j’ai fait mon tour du monde, je cherchais beaucoup du pittoresque et de l’original et puis, je n’étais pas en lune de miel avec mon amoureux à chercher à établir un camp de fortune sur la plage pour regarder les étoiles. Pour des groupes d’amis, je conseillais en effet plutôt l’Europe. « Je n’ai pas oublié que l’on doit retourner à Rome » dis-je en souvenir de mon accouchement. Aussitôt, mon sang se glaça. Non, je ne devais pas penser au jour le plus traumatisant certes, mais le premier des plus beaux de ma vie. « Il y a beaucoup de choses à faire en Allemagne aussi » ajoutais-je sur un ton blasé en pensant à Berlin et aux décombres de son mur.

Je donne une anecdote sur ma collègue et son ordinateur et Rony embraye sur le garage et ses dysfonctionnements qui l’ont fait rentrer plus tôt. J’aime beaucoup son nouvel employeur, je le trouve sympa, cela change de celui du cinéma dont j’ai d’ailleurs oublié le nom. Cela étant, que mon ami voie gris a de quoi m’inquiéter. « Oh… » Je me pare d’un air penaud. Ca doit être vraiment bizarre, de ne voir que d’une couleur, et celle-ci en plus. « Et comment tu vas différencier mes pions des tiens alors ? » je ricane pour me moquer lorsqu’il parle des échecs, alors que je trouve que c’est effectivement une bonne idée même si je ne sais pas vraiment jouer à cela. Ce n’était pas vraiment le genre d’occupations que nous avions en famille lorsque j’étais jeune. Je sais que nous avons un plateau quelque part, mais je préfère faire un jeu de l’oie. Enfin, je préfère lorsque je ne suis pas dans cet état là. « Je pense plutôt qu’on devrait en profiter pour faite toutes les taches rébarbatives qu’on ne fera jamais une autre fois ». Genre récurer les toilettes ou ce genre de choses.



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Aaron Mahoney
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Situation familiale : Célibataire, père de substitution de la fille de sa meilleure amie, Aaliyah. Demi frère d'Eliott.
Date d'arrivée à Edimbourg : Depuis toujours
Don : Il voit la mort, littéralement parlant. Plus l'heure du décès approche, plus les couleurs s'évaporent. Son monde n'est qu'un dégradé de couleurs délavées, de noir et de gris. Les personnes proches du trépas lui apparaissent en noir et blanc, sans qu'il ne sache pour autant quand exactement, ni où, ni comment. Ce don le perturbe autant qu'il le fatigue. Il a régulièrement besoin de calme et de s'isoler dans une pièce sombre pour reposer ses yeux.

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Mar 9 Jan - 10:09
Fifty shades of sadness
De là où je suis, je n’arrive pas à voir les noms inscrits sur les tranches des dvd. Ils sont parfaitement alignés dans le meuble sous notre télévision et si je n’ai jamais eu de problèmes de vue, c’est une tout autre histoire aujourd’hui. Au fil des heures, ma vision s’est floutée en plus de devenir d’un gris déprimant. Et puis, la demande d’Aaliyah m’a un peu surpris. Je ne pensais pas qu’elle était très friande des films d’horreur. En fait, elle ne l’est pas. Mais elle ne doit pas rire ni ressentir une quelconque joie sous peine de se tétaniser complètement. Si cela arrive pendant le film, après le couché de Syd, quand nous serons allongés sous le plaid sur le canapé ce n’est pas très grave. J’aurais juste à la serrer contre moi et à attendre que cela passe. Elle a été si souvent là pour moi les dernières années, et encore plus dans les mois qui viennent de s’écouler, que c’est la moindre des choses que je puisse faire. « Heu… Je ne sais plus. Sinon, on peut regarder Invisible Man. C’est l’histoire d’une nana qui fuit son petit ami tyrannique. Cela ne fait pas tellement peur. C’est plus angoissant. » C’est pas le meilleur film qui soit mais au moins, cela ne dégouline pas d’hémoglobine, sait on jamais si Sydney vient à se réveiller, je n’ai pas envie qu’elle tombe sur des membres coupés. « J’ai l’intégrale de The Walking Dead sinon. » Je hausse les épaules. Je n’ai pas trop envie de regarder ça. Et puis, je viens de dire que je ne voulais pas que Syd tombe sur un truc qui pourrait l’effrayer.

Je m’estime heureux que Lili ait réussi à me joindre, après notre appel mon téléphone a obstinément refusé de fonctionner. J’ai tenté à de multiples reprises de joindre Prudence et Eliott mais je suis tombé directement sur la messagerie et depuis, il est bloqué sur Signal lost. Stupide bidule électronique. Je sais que je suis réfractaire à la technologie mais je l’ai payé une petite fortune pour qu’il fonctionne comme j’ai envie qu’il le fasse, pas qu’il me lâche au moment où j’ai le plus besoin de lui. J’espère que tout va bien pour eux. J’espère qu’Eli n’est pas assailli par les esprits qui hantent ses miroirs. J’espère que Prudence est en sécurité auprès de sa tante dans leur maison. Moi, je suis là, à faire parler Aaliyah pour lui changer les idées le plus possible. On parle de voyages et je crois qu’on devrait arrêter rapidement parce que c’est quelque chose qui la passionne. Et qu’elle adore par dessus tout. Et qui va fatalement finir par la rendre heureuse. Aaliyah a cette capacité exceptionnelle de s’émerveiller des petits riens de la vie. Je ne pensais pas que cela puisse devenir un souci un jour. « C’est très bien la plage. Mais une semaine de plage, ça risque d’être un peu ennuyeux non ? Même si on peut nager avec des requins. Ou alors, il faut faire un road trip et bivouaquer au gré de nos envies. » Je ne suis pas spécialement baroudeur mais je pense être suffisamment bricoleur pour réussir à monter des campements corrects. Cela me plairait bien, en réalité. Mais avec Syd, cela ne serait pas spécialement adapté. Elle est petite et il faut encore tout un tas d’affaires. Syd qui boulotte gentiment ses boudoirs, installée sur mes genoux. Je passe une main dans ses boucles. « On va tâcher de retourner à Rome, comme on l’a dit. » L’avantage de Rome, c’est que nous ne sommes pas obligés de partir très longtemps. Trois ou quatre jours. On prends un Easyjet, un Airbnb et hop, le tour est joué.

Mais en attendant de partir pour quelques jours en Italie, il va nous falloir traverser cette journée, en espérant que cela aille mieux demain. Je propose des échecs pour que cela ne déclenche rien de positif mais Aaliyah a une réflexion très juste. Je n’arriverai pas à différencier les pions blancs des noirs. Mon nez se fronce et je dodeline de la tête. De toute façon, en premier lieu, il faut que nous nous occupions de notre fille. « Il faut aller donner son bain à Sydney. » Je pense que je vais m’en charger, nous ne pouvons pas prendre le risque que sa mère soit prise d’une crise pendant que la demoiselle est dans la baignoire. C’est une petite baignoire en plastique que nous installons dans la douche mais quand même. Quand je prononce son prénom, celle ci lève la tête vers moi avant de filer vers la partie de la pièce à vivre qui lui est dédiée. Il y a un petit tapis de jeu et son coffre à jouets. « Je crois qu’elle n’a pas spécialement envie. Je vais devoir préparer à manger mais en attendant, on peut en profiter pour nettoyer le frigo. » Ca, c’est super chiant. C’est le truc que je fais une fois dans le mois parce que c’est important mais il faut tout vider, nettoyer les clayettes en verre en faisant gaffe de pas les faire tomber. Je tends une main vers Lili et je serre doucement son poignet entre mes doigts. « Ca va aller, tu verras… Demain soir, on laissera Sydney à ta sœur et on ira boire un verre. Qu’est-ce que tu en dis ? » Elle pourra prendre ce qu’elle veut et moi, je me contenterai d’un jus de fruit. Je serai, avec plaisir, le capitaine de soirée.



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Mar 16 Jan - 23:14
Fifty shades of sadness
Peu importe le film que Aaron proposerait, je hocherai la tête en disant que cela me conviendrait parfaitement, tant que je n’avais pas à trop cogiter ou que je ne me mettais pas à penser combien j’avais de la chance d’être entourée de la sorte. Pour cela, un film d’horreur, c’était l’idéal, mais il s’y connaissait mieux que moi. Les dvd étaient les siens, moi j’avais toujours eu une attirance particulière pour celui que nous regardions tous les ans à notre anniversaire. J’avais souvent du mal à rester concentrée pendant autant de temps, il fallait toujours que je fasse quelque chose à coté comme la vaisselle, à pianoter sur mon téléphone à envoyer des messages ou à jouer à des petits jeux d’alignements de bonbons, ou, au grand dam de mon meilleur ami, à parler, de tout ou de rien. C’est donc exactement ce que je fais quand il me présente Invisible Man. Blasée, je hausse les épaules. J’ai le temps de changer d’avis, je pense, entre ce moment et celui ou il faudra le lancer, parce qu’après tout, il faut continuer à s’occuper de Sydney qui elle, n’a rien demandé.

Je suis loin d’avoir la même réaction quand on parle de voyages. J’essaie d’adopter le ton professionnel que l’on prend à l’agence pour les clients importants qui veulent rester sérieux et ont horreur des plaisanteries ou des attitudes familières, lorsqu’il faut leur présenter les différents arguments pour nos destinations de coeur. « Il y en a qui partent en vacances pour rester à la plage. Tu sais bien que ce n’est pas mon cas, je suis bien plus team bivouac et nuit en tente à la belle étoile que bungalow chic sur la plage ». A aucun moment je n’avais fait ça durant mon tour du monde. Si certains jours je m’étais prélassée sur des plages de sable blanc, j’étais toujours la première à réclamer et à rechercher une activité à faire, en me mêlant aux autochtones, en choisissant une longue balade avec au bout un panoramique à couper le souffle. Même les musées m’intéressaient plus que ça, quoique certains pouvaient être passablement ennuyeux lorsqu’il n’y avait personne pour nous les montrer d’une bonne façon. Et puis, je n’avais qu’une hâte, c’était partager cette passion avec ma petite fille pour pouvoir repartir un jour avec elle. Pour l’instant, elle ne marchait pas assez longtemps pour me suivre, même si elle était douée pour des pointes de vitesse lorsqu’il s’agissait d’échapper à notre main tenant un gant pour lui débarbouiller le visage. La première destination ou je voudrais aller, Rony l’avait si bien rappelé, c’était l’Italie et plus précisément Rome. Cela me ferait plaisir, je crois, de la présenter aux infirmières qui m’avaient si bien accompagné le jour de mon accouchement express et imprévu. « Oh oui, ça serait… ». Si je me tais, ce n’est pas volontaire. Replongée dans ce souvenir ému qu’avait été ce mois de mai 2021, je sentais mes doigts commencer à me picoter et je plongeais tête la première sur mon ami pour me blottir auprès de lui avant qu’il soit trop tard.

Quand je reviens à moi, je m’essuie rapidement les yeux avec la manche de mon pull, essayant de reprendre la conversation comme si de rien n’était pour ne pas inquiéter notre fille. Je repousse l’idée des échecs car il serait incapable de voir leur couleur. Il parle ensuite de Syd et je comprends que cela nous laisse le temps du bain de la petite pour trouver une nouvelle idée. Je hoche la tête mais l’enfant n’a aucune envie de se laisser faire. Elle a très bien compris la suggestion de son Apa. « Elle n’a pas spécialement envie mais elle va bien devoir y aller quand même. Hein chérie ? ». Elle fait mine de ne pas entendre en jouant avec ses poupées et je soupire. Je n’ai pas le coeur de me battre avec elle ce soir. « Ca se nettoie, un frigo ? » je demande en le suivant du regard. Ca a en effet l’air particulièrement chiant. Heureusement, notre frigo n’est pas particulièrement rempli. Je m’appuie sur la main qu’il me tend pour me relever, sans motivation aucune. « Ouais. Demain soir. Demain midi j’aimerai bien voir Gab aussi, j’espère qu’il ne lui ai rien arrivé à lui… ». Je soupirai en m’étirant, acceptant de le suivre jusqu’a la cuisine ou nous pouvions continuer à garder un oeil sur Sydney. Mon petit ami avait acquis une place importante dans ma vie, et difficile de lui cacher que j’allais mal puisque de toute façon, cela se voyait que je n’étais pas comme d’habitude. Un peu éteinte, je m’emparais de ce que me donnait mon ami pour m’acquitter des taches ménagères. Drôle de journée, et soirée aussi fun en perspective.

Nous nous activâmes de concert, gérant ménage, repas et coucher de la petite. Cette dernière ne semblait résolument pas prête à dormir et menait la misère à son Apa, je les entendais depuis en bas, alors que j’écrivais à Gabriel sans être certaine qu’il recevait toutes mes réponses et en préparant également le canapé pour la soirée dvd. Je sortais pour cela des pop-corn du placard mais aussi plusieurs paquets de mouchoirs au cas ou. Pour l’instant, je touchais du bois, rien ne s’était encore produit. J’allais dans la salle de bains enfiler un peignoir douillet pour m’y nicher, ignorant la case douche pour une fois, et allais m’assoir devant la télé pour y lancer le film. J’avais lu la jaquette, cela ne me semblait pas du tout intéressant, mais c’était justement ça, le but. « C’est bon ? » lançais-je alors que j’entendais des pas descendre l’escalier.



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Lun 5 Fév - 11:11
Fifty shades of sadness
En général, j’aime regarder la télévision seul. Enfin, surtout les films que je ne connais pas . Je ne suis pas d’une nature bavarde, encore moins quand je suis plongé dans un scénario. J’ai déjà vu Invisible Man, c’est pour cela que je le propose à Lili. Ce n’est pas déplaisant mais je sais qu’elle détestera cette histoire. La fin, surtout. Même moi, qui suis pourtant bon public, je l’ai trouvée stupide. Mon amie n’est pas une grande amatrice du genre horrifique mais, de ce que je comprends, sa sensibilité s’est inversée. Il ne faut donc pas qu’elle ressente le moindre bonheur et moi, de mon côté, je ne vois quasiment rien. Je suis plongé depuis quelques heures dans un océan d’un gris déprimant. Tout à la couleur du ciment, je n’ai jamais connu ça avant. D’habitude, mes yeux finissent par me brûler. Une heure dans le noir complet suffit à ce que j’aille mieux mais là, je ne comprend pas ce qu’il se passe. Mais je crois que personne ne comprend réellement ce qui secoue la ville en ce moment.

Aaliyah embraye sur les voyages. J’ai toujours écouté les récits de son tour du monde. Je me suis comporté comme l’ami qu’elle attendait que je sois. Mais la vérité, c’est que j’aurai du partir avec elle. Ce qu’elle a vécu, j’aurai du le vivre aussi. On aurait pu prendre un van, je me serai occupé de l’entretenir. Peut être même qu’on ne serait jamais revenu à Édimbourg. Je ne sais pas si, dans une réalité où je l’aurai accompagnée dans son voyage, elle aurait accouché de Sydney. Le cas échéant, je l’aurai aidée comme je le fais aujourd’hui. On aurait vécu tout les trois dans un van un peu plus grand. Pas d’attaches, un paysage différent tous les jours. Cette pensée me fait sourire alors qu’elle parle d’une plage au sable blond. « Je le sais. » Je ne suis pas le genre à me scotcher à un transat pour une journée entière. D’ailleurs, je ne suis pas un grand fan de la baignade en eau de mer. Je préfère la piscine et puis je trouve cela moins dangereux avec Syd. Dans une eau vive, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Je réfléchis comme un père maintenant, je pense que maman serait fière de moi. Elle aurait été une grand-mère fabuleuse pour Sydney, à la hauteur de la mère qu’elle a été pour moi. « Quand on ira mieux, on planifiera ça. Je vais commencer à.. Aaliyah ! » La fin de ma phrase est une exclamation quand elle vient se coller à moi. Je l’entoure de mes bras pour la rassurer et l’empêcher de tomber. Nous restons comme ça jusqu’à ce que la crise passe, puis je l’aide à essuyer ses joues humides. Heureusement, occupée à se faire oublier, Syd ne prête pas attention à nous.

C’est l’heure de la mettre dans le bain. J’adore ma gamine mais ce soir, j’ai juste envie qu’elle aille au lit. Ma vue décline d’heures en heures et je pense qu’à la fin de la soirée, je serai incapable de regagner ma chambre. Ce n’est pas grave, je dormirai sur le canapé lit. Il a été ma chambre pendant presque un an. « Je m’en occupe, t’en fais pas. » Et surtout, si Aaliyah joue avec l’enfant dans le bain, elle va se figer et j’aimerais éviter un drame. Je me lève en m’appuyant sur la table, la question de mon amie m’arrachant un sourire. « Non, c’est autonettoyant un frigo. Le nôtre, il le fait tout seul. Il faut juste que je l’aide un peu. Environ une fois par mois, je dirais. » Je lui tend la main et nous nous relevons de concert. Pour l’instant, Sydney a encore un peu de répit. Dans le placard, je lui sors un chiffon, une éponge et un produit désinfectant. Lili s’occupe à nettoyer dans une corvée tout sauf fun. « J’en profiterai pour aller rendre visite à Prudence. Elle ne répond pas à mes messages, je ne sais même pas si elle les reçoit. » Je hausse les épaules un peu dépité. Je ne sais pas ce qu’il se passe pour elle et l’inquiétude pour les deux femmes qui font partie de ma vie n’arrange pas l’état de mes yeux et la migraine qui pointe.

Nous faisons de notre mieux pour gérer la soirée. J’ai préparé des œufs brouillés et de la salade verte parce que c’est bon et rapide. Syd a mangé ses œufs, après avoir obtempéré et être allée au bain, mais elle a boudé la salade. Le couché fut plus laborieux. La petite n’avait aucune envie de dormir et j’y ai passé un temps fou. J’ai même du lire Timoté est malade plusieurs fois, ce qui n’a pas aidé ma vision défaillante. Quand, enfin, elle dort paisiblement je descend les marches en me tenant fermement à la rambarde pour ne pas m’exploser trois marches plus bas. « Ca a l’air. » Je chuchote en rejoignant mon amie sur le canapé. Elle a sorti le dvd du film et les pop corn. J’aurais préféré de la barbe à papa qu’elle m’aurait fait avec sa machine mais elle serait joyeuse de nous en faire. Alors je me tais, venant m’installer à ses côtés, après avoir lancé le film. J’ouvre mes bras pour qu’elle vienne y trouver sa place. « Allez, viens par là. » Les premières images défilent et déjà, je n’y vois presque plus rien. Du pouce et de l’index, je me frotte les paupières sans pour autant me plaindre. « Il faudra que tu me fasse l’audio description. Tout est trop flou pour que je distingue quoi que ce soit. » Forcer Aaliyah à la concentration sur un film qui ne l’intéressera pas, c’est ma technique pour éviter qu’elle ne se tétanise encore. Quoi que là, en peignoir sur le canapé, elle ne risque rien.



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