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Mer 13 Sep - 16:12

Comme à son habitude, lorsqu'elle arrivait en soirée, Indiana était chaleureusement accueillie. Déjà, quelqu'un était à l'entrée pour l'inviter à se mélanger parmi les autres, telle une super héroïne qui s'était faite attendre. Les pintes se remplissaient, la musique battait à pleine batterie, une soirée comme les autres. Un peu banale, pas très originale d'ailleurs, mais cela lui permettait de ne pas rester terrée au fin fond de son lit comme une âme en peine. Il n'y avait rien de pire pour elle que le sentiment de solitude. Certes, parfois, elle n'avait pas d'autres choix que d'y être confrontée mais elle tentait de l'esquiver au mieux. Et comme elle venait de terminer une audition assez salée, elle avait eu besoin de se défouler. Ni une, ni deux, les messages prévoyant une soirée à l'improviste fit le tours des téléphones mobiles et voilà que tout le monde se donnait rendez-vous au Hive. Une bonne excuse pour tous participants d'aller se prendre une cuite et être en retard au travail le lendemain! Mine de rien, c'était drôle, non?

Habillée d'une petite robe beige pailletée, elle regardait les gens s'amuser autour d'elle. Par moment, elle acceptait de se mêler volontiers à quelqu'un pour l'accompagner dans sa danse, avant d'aller se réfugier au bar pour se désaltérer. Tantôt accompagnée, tantôt seule, lorsqu'elle n'avait personne avec elle, elle avait le sentiment de pouvoir souffler une bonne fois pour toute. Il faisait tellement chaud à l'intérieur que son maquillage avait commencé à dégouliner, ce qui promettait sur la tête qu'elle ferait à son réveil au matin. Un petit groupe de personne l'avait même rejointe pour lui demander des autographes et des selfies avant d'être taguée à gogo sur les réseaux. Cela faisait longtemps qu'elle avait mis sa dignité de côté. Après tout, Indiana ne vivait que pour amuser la galerie, rien d'autre, n'est ce pas? Et puis, au bout du cinquième verre, elle s'isola dans un coin. La tête commençait à tourner et la musique tambourinait à l'intérieur de son esprit, devenant irrémédiablement un parasite plus qu'une source d'amusement.
L'envie irrépressible de sentir l'air frais de l'extérieur lui vint et elle esquiva toute tentative d'approche, prétextant qu'elle avait une affaire urgente à régler au téléphone mais qu'elle ne restait pas loin si on avait besoin d'elle. Elle bondit hors de la discothèque, par la sortie du staff, menant ainsi à une ruelle moins animée. D'ailleurs, elle était pratiquement solo, mis à part la présence au loin de quelques fêtards ou de staffiens venus pour la pause cigarette. Elle s'appuya contre le mur du bout d'un de ses bras, essoufflée, afin de reprendre ses esprits. Heureusement, elle n'avait aucun retour d'estomac, simplement l'envie de se rattacher à quelque chose de solide tout en étant seule et sentir l'espace vital dont elle avait besoin autour d'elle. Elle resta là, un moment à reprendre son souffle avant de se retourner et et d'adosser contre le mur, se laissant lentement glisser jusqu'au sol jusqu'à s'accroupir.

@Eve Taylor

Eve Taylor

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Occupation : Danseuse au Doll's, prostituée parfois
Âge : 32 Quartier : Niddrie, un appartement qu'elle partage avec sa soeur
Situation familiale : Célibataire, mère d'une fille de cinq ans (née le 29/05/18) nommée Ruby qu'elle a laissée à l'adoption
Date d'arrivée à Edimbourg : Elle y est née mais elle est partie deux fois : une fois entre 2010 et 2013. Puis entre fin 2017 et début 2023.
Don : Aucun

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Re: stand my ground (eve)

Mar 26 Sep - 15:52

Stand my ground
Le Hive. Je ne sais pas ce que je fais là. C’est l’antichambre du Doll’s. Les mecs viennent ici, commencent à boire et c’est une fois un peu ivres, qu’ils terminent dans la boite où je travaille. Là bas, l’alcool aidant, ils nous confondent avec des choses à leur disposition. C’est peut être ce que je suis dans le fond, une chose à leur disposition. Du haut de mon tabouret de bar, j’évite de me mêler au reste de la population. J’aurais du rester chez moi, j’aurais du aller regarder Netflix chez Yoni, réclamer à Hope une nouvelle manucure ou demander à Jethro ses plans pour la soirée. A la place de cela, j’ai accepté d’accompagner Frankie et une de ses amies ici. Je n’ai pas bien compris ce qu’elles fêtaient, ou ne fêtaient pas, et j’ai décidé que cela n’était pas mes affaires. Je suis la capitaine de soirée. Je ne finirai pas bourrée pour pouvoir être suffisamment lucide quand viendra l’heure de rappeler un Uber pour nous ramener chez nous. Je touille distraitement le mélangeur en plastique fluo dans le seul cocktail que je m’autorise pour ce soir. Et en plus de cela, ce n’est pas comme si j’en avais les moyens. Au loin, je vois les deux amies se trémousser sur la piste de danse jusqu’à ce que mon regard se pose sur une silhouette connue.

Une silhouette sortie tout droit de mon passé. Une amie qui fut mienne avant que je ne disparaisse du jour au lendemain. J’ai ressenti le besoin de partir quand je suis tombée enceinte mais je pense, avec le recul, que j’aurai pu mettre Indiana dans la confidence. Elle ne m’aurait pas trahie, elle ne serait pas allée toquer chez Grant pour lui dire où j’étais et ce que je comptais y faire. J’ai été injuste et, elle qui a toujours été là pour moi, je ne lui ai pas accordé plus d’égards qu’au reste de la population du quartier pourrie qui nous a vues grandir. Cachée comme je peux derrière mon verre à cocktail, je me fais toute petite. Je ne sais pas ce que je veux : est-ce que je préfère qu’elle me voit ou passer inaperçue ? Ma tenue ne se remarque pas. Je porte une robe noire, courte et prêt du corps. Des collants et mon éternel perfecto en cuir qui sera bientôt trop léger. Mes cheveux ont retrouvés leur teinte brune naturelle, quand je l’ai quittée j’étais blonde et rose. En revanche, j’ai toujours mon anneau dans le nez.

Tandis que je gratte nerveusement le zinc d’un ongle rose dont le vernis s’écaille par endroit, je la vois s’éclipser en vitesse. Un instant, je pense qu’il faudra vraiment que je demande à ma sœur de m’arranger ça. Mais la seconde d’après, je me demande ce que je fous encore là, au lieu de lui courir après. Je lui dois bien ça. Je termine mon verre d’une traite et je bondis de mon perchoir. Je fais un signe de la main à Frankie, lui indiquant que je reviens et moi aussi, j’esquive les danseurs pour m’extirper de la boite par la sortie des artistes. La porte claque derrière moi et l’air frais me saisit. Je resserre les pans de ma veste autour de mes hanches et je tourne la tête de gauche à droite avant de tomber sur elle. Elle est accroupie sur le sol, dans sa jolie robe à paillettes beige. Je n’ose pas m’approcher, de peur sûrement de m’en prendre une. Je ne l’aurais pas volée, celle là. « Heu… Ça va ? » Super Eve, franchement. Magnifique. Mettre fin à six longues années d’absence par un laconique ca va. Quel genre d’amie suis-je, sérieusement ?

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Re: stand my ground (eve)

Mar 24 Oct - 16:07

Vous connaissez cette envie irrépressible de vous maudire pour avoir trop bu? Le fait de se dire que c'était la dernière fois et que plus jamais ça ne se reproduira mais que bien entendu, les bonnes résolutions disparaissaient le week-end d'après? Indiana était en train de le vivre. Mais ce n'était pas seulement l'alcool qui la tourmentait actuellement, il y avait aussi toute son humeur du moment, cette vague d'émotion qui, parfois, la submergeait au moment où elle s'y attendait le moins. Indiana avait peut-être l'alcool mauvais quand elle buvait trop, après tout. Elle n'avait envie de rien actuellement, la fumée de la cigarette ne l'affectait même pas. La seule chose dont elle avait encore besoin était de respirer l'air frai.
Et puis, tout à coup, la porte s'ouvrit. Elle entendit une question qui semblait lui être destinée : allait-elle bien? Si elle n'était pas aussi tourmentée, Indiana aurait probablement reconnu la voix familière qu'elle venait d'entendre. Mais là, c'était comme si elle était dans une autre dimension, et elle ne prêta pas plus attention que cela à ses souvenirs. Alors qu'elle se pensait au bout de ses peines, la demoiselle se tourna vers cette nouvelle apparition. Droit devant elle, se tenait devant elle Eve Taylor, qu'elle avait initialement connu sous le prénom de Temperance initialement et qui était... une vieille connaissance. L'espace d'un instant, l'actrice se demanda si elle n'était pas victime d'une hallucination, si elle avait définitivement perdu la boule ou si c'était bien la réalité qui se déroulait. L'air abattu et totalement penaude, elle observa la personne dont elle n'était pas certaine que ce soit bien la bonne personne et plissa instinctivement des yeux : "Temperance?" l'appela t-elle d'une voix fatiguée, avec le vague sentiment que si elle se trompait, elle aurait l'air un peu idiote. Plusieurs sentiments la saisirent d'elle à ce moment là : la peur, la tristesse, la panique, essentiellement. La colère n'était pas encore présente, parce qu'au fond, elle n'était pas très sûre qu'il s'agissait bien de celle qu'elle avait pris pour une grande amie et qui l'avait finalement délaissée du jour au lendemain sans la moindre explication. Indiana éprouvait beaucoup de rancune par rapport à cela d'ailleurs. En soi, on la connaissait pour être la bonne pote qui pardonnait tout, mais en vérité, elle était une boule de colère qui accumulait toutes les injustices subies et qui allait tôt ou tard éclater. "Si je vais bien...?" ajouta t-elle un peu après, avant que la jeune femme en face d'elle ne réponde, d'un ton qui demandait implicitement si elle se moquait d'elle. Ais-je l'air d'aller bien? Mais bien sûr Indie, tu ne pouvais pas aller mal voyons! Toi t'allais toujours bien, n'est ce pas?
Elle éclata finalement en sanglot.

Eve Taylor

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Re: stand my ground (eve)

Ven 3 Nov - 11:33

Stand my ground
Au moment où la porte claque dans mon dos, je me demande si je fais bien. Après tout, je me suis tirée sans un regard en arrière. J’ai abandonnée Indiana, ma meilleure amie depuis l’école primaire. En réalité, j’ai tiré un trait sur tout ce qui faisait ma vie ici. Indiana, Lùca, Grant. Je les ai tous laissés sur place sans la moindre explication. Lùca ne m’en veut pas, je le sais désormais. Grant a probablement réussi à se passer de ma présence et a dû retrouver une dizaine d’Eve à mettre dans son lit depuis mon départ. Mais Indiana ? Je crois que cela ne sera pas si facile avec elle. Je sais sa phobie de l’abandon, je sais par quoi elle est passée. Nous étions suffisamment proches à l’époque pour nous raconter tous nos petits bobos et nos vagues à l’âme. Avec elle aussi, j’en ai passé des nuits à refaire le monde et à nous imaginer ailleurs que dans le quartier pourri qui nous a vues grandir. Je sais qu’elle aurait gardé mon secret si j’avais osé ouvrir la bouche et lui parler de Ruby. Peut-être même qu’elle serait venue avec moi à Inverness. Quoi que, c’est un peu égoïste de penser de cette manière.

Finalement, après une question incongrue parce que je vois qu’elle ne va pas bien, Indie lève les yeux vers moi. Moi, je n’ai pas changé. Je porte toujours une petite robe noire quand je sors, des collants opaques et des boots plates. J’ai toujours ma veste en cuir que je resserre contre moi comme si elle allait me protéger du monde extérieur. Cela fait longtemps que je n’ai pas entendu le prénom dont elle m’affuble et j’ai l’impression de recevoir un coup de poignard. Je n’essaie même pas de sourire, je hoche simplement la tête dans un mélange de oui et de non. « Maintenant, je… » Je commence mais je m’arrête aussi sec. Ai-je vraiment envie de la reprendre, là tout de suite ? Dans cette ruelle pourrie et dans l’état qu’elle semble être ? « Oui, c’est moi. » C’est étrange de dire cela alors que cela fait plusieurs années que je ne suis plus Temperance. Je baisse la tête, un peu confuse et mes doigts triturent la tirette de ma fermeture.

Je ferme les yeux quand elle repose la question, d’un ton bien sarcastique. Oui, je vois bien qu’elle n’est pas au top de sa forme. Avant, je me serais assise contre elle et je l’aurai prise contre moi. Ou alors, on serait retournées dans la boite et on aurait bu jusqu’à plus soif. Je suis un peu déstabilisée, cela dit. Je n’ai pas l’habitude de voir Indiana dans cet état. Je la connais souriante, enjouée, heureuse. Pas comme une petite chose recroquevillée dans une ruelle noire. « Ma question était stupide. » Je m’éclaircis un peu la voix avant d’oser m’approcher quand je me rends compte qu’elle éclate en sanglots. « Je ne savais pas tellement comment engager la conversation… » Je me laisse glisser contre le mur pour venir m’asseoir à côté d’elle. Il fut un temps où j’aurais su quoi dire, maintenant nous sommes juste deux inconnues assises l’une à côté de l’autre dans l’arrière ruelle d’une boite de nuit.

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Re: stand my ground (eve)

Dim 10 Déc - 17:33

C'était comme si une divinité quelconque en avait après elle. Indiana, elle avait rien demandé et elle avait le sentiment d'être l'être humain qui souffrait le plus au monde. Au fond, ce n'était pas le cas, mais actuellement, elle était si malheureuse qu'elle s'en perdait elle-même. Et puis, cerise sur le gâteau, voilà que Tempérance lui faisait face désormais. Naturellement, Indie ne s'était pas attendue à la voir, loin de là. Elle l'avait cru perdue à jamais, partie on ne sait où pour ne jamais revenir. A quoi ça aurait servi? Partir du jour au lendemain sans vous en informer pour revenir plus tard? Il fallait être incroyablement stupide pour fuir un endroit, des gens et finalement revenir là bas. Dans le fond, Indiana n'avait pas pu s'empêcher de le prendre pour elle, cette histoire. Elle devait être trop nulle, trop mauvaise pour qu'elle parte ainsi, sans lui toucher un mot. Pourtant, à l'époque, elle avait cru qu'un lien indestructible l'avait liée à elle. Tempérance, maintenant Eve, avait été la personne à laquelle Indiana se tournait en premier à l'époque. Elle n'avait pas eu de doute, pour elle, elle savait qu'elle pouvait compter sur elle. Après son départ, quand elle avait comprit que sa meilleure amie était tout simplement partie sans l'en informer, elle avait décidé de ne plus jamais refaire confiance en quiconque. Elle avait fait une exception avec son ex et Dieu sait à quel point ça lui en avait coûté. Il ne fallait faire confiance à personne, c'était mieux. Les gens étaient mauvais, ils ne pensaient qu'à eux même tout en profitant des autres. Ca la faisait bien rire, elle, quand elle voyait les leçons de morales dans les bouquins, les films, parce qu'elle était bien placée pour savoir que tout ceci, c'était des foutaises. Alors elle se contentait désormais de la superficie. Plus question de s'investir pour qui que ce soit, c'était terminé. Elle avait assez donné, Indie.

Entendre la voix de son ancienne meilleure amie ne l'aida pas à aller mieux. D'ailleurs, elle était un peu le clou du spectacle, la goutte qui faisait déborder le vase. Quand est ce qu'elle aura le droit à un peu de chance? Pourquoi est ce que le destin s'acharnait? Quand est ce que tout ceci aurait une fin? Eve voulu la corriger quand Indiana avait prononcé de sa faible voix, retenant son sanglot à ce moment, son prénom "de base" avant de se raviser et confirmer que c'était bien elle. Indiana ne répondit pas. A vrai dire, elle agonisait déjà assez dans sa propre souffrance, c'était comme si plus rien ne pouvait l'atteindre désormais.
Et puis Indiana relâcha tout une bonne fois pour toute. Les pleurs, ses émotions, tout ceci était en train de se déverser. Eve s'approcha d'elle et Indiana l'écarta en la bousculant de ses quelques forces. Est ce qu'elle avait la force pour déverser sa colère, à ce moment là?
"... partie..." prononça t-elle entre deux sanglots.
C'était difficile de faire une phrase complète dans cette situation là. Elle avait beau essayé de se calmer, elle n'y parvenait pas. D'ailleurs, plus elle essayait, moins elle y parvenait. Pourtant, elle voulait hurler la colère qu'elle avait accumulé à son encontre durant tout ce temps. Et d'ailleurs, la colère, elle la ressentait, extrêmement même. Elle finit par relever la tête vers elle, puis : "Pourquoi t'es là?" de sa voix triste, tel un mort s'apprêtant à se faire abattre.

@Eve Taylor

(Toutes mes excuses pour le retard

)

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Re: stand my ground (eve)

Mar 19 Déc - 14:51

Stand my ground
Tempérance. Il y a des années que je n’ai plus été appelée comme cela, bien que cela soit le patronyme inscrit sur mes papiers d’identité. Tempérance est restée à Inverness, où la dernière chose qu’elle ait faite c’est donner vie à un bébé. Parfois, je me dis que cette femme-là n’a pas laissé son enfant à l’adoption et qu’elle l’élève comme elle peut, dans un appartement modeste d’un quartier modeste de cette ville hautement touristique. Mais cette femme, c’est moi. Que je veuille ou non, être Tempérance est une partie de mon histoire. Et Indiana aussi. Il fut un temps où nous étions inséparables, toutes les deux. Depuis le moment où elle est arrivée en cours d’année, dans la classe de primaire que je venais de redoubler. Pas parce que j’étais mauvaise élève, mais parce que je n’étais pas assez assidue dans mes devoirs et que mes notes s’en sont fait ressentir. Nous avons traversé l’enfance et l’adolescence toutes les deux, elle a assisté à mes premiers émois et à mes premières peines de cœur. C’est chez elle que je me réfugiais parfois, quand Lùca ne venait pas se réfugier chez moi et que la porte de l’appartement de Grant restait désespérément close. Nous avions vécu des choses belles et des moins belles. Mais, plus que tout, nous étions ensemble.

Malgré tout, je tente une approche. L’amitié que j’ai pour elle m’empêche de rester plantée là alors qu’elle est recroquevillée dans un coin de cette ruelle dégueulasse, à pleurer toutes les larmes de son corps. Je me demande s’il y a un homme sous ses sanglots. Quelques années en arrière, j’aurai tout su des pleurs qui dégoulinent sur les joues d’Indiana. Aujourd’hui, je doute qu’elle m’en parle aussi ouvertement qu’à l’époque. Qu’elle m’en parle tout court d’ailleurs. Je me laisse glisser le long du mur pour me retrouver assise à ses côtés. Sa main m’écarte, instaurant entre nous une distance que j’ai moi-même mise. Indiana pleure et parle en même temps. Je comprends que le dernier mot, celui qui me reproche d’être partie. « Je sais, je suis désolée. » Ma voix est blanche et mon regard fixe un point imaginaire dans le vide. Oui, je suis partie. Non, je n’ai rien dit. J’ai eu mes raisons de faire ce que j’ai fait. Je ne voulais pas que qui que ce soit me court après, encore moins Grant. Il ne m’aurait jamais laissée abandonner l’enfant et je ne voulais pas que cette gosse subisse la même enfance que moi.

Un peu plus loin, je me laisse définitivement choir sur le sol. Mes fesses sur le sol froid, je tire un paquet de cigarettes de mon perfecto. Je glisse un bâtonnet entre mes lèvres et la flamme de mon briquet éclaire un instant la ruelle. Pourquoi je suis là est une excellente question. Je suis partie et de toutes les villes où j’aurais pu m’établir pour repartir de zéro, c’est Edimbourg que j’ai choisie. « J’en avais marre d’Inverness. » Et je hausse les épaules. Je ne sais pas tellement quoi répondre sans expliquer les raisons de ma fuite. Ce n’était pas un départ, c’était une fuite en bonne et due forme. « J’ai eu besoin de partir de là bas et je n’avais nulle part où aller. » Edimbourg, c’est chez moi finalement. C’est la ville qui m’a vue naître. La ville qui m’a vue grandir. Enfin, je suis peut être toujours la même. Je ne sais pas si un prénom à le pouvoir de nous changer du tout au tout. Je n’ose pas tellement lui retourner la question, je n’ai pas envie qu’elle ne se mette plus en colère ou qu’elle ne pleure encore plus. « Je ne suis pas partie parce que j’en avais envie. J’ai eu le sentiment de ne pas pouvoir faire autrement. » C’est une excuse pourrie ça, Eve. On peut toujours faire autrement et Indiana a toujours été une amie fidèle. Je sais qu’elle m’aurait épaulée, sans me juger. Mais à l’époque, je n’ai pas eu le courage de lui demander de l’aide.

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Re: stand my ground (eve)

Lun 8 Jan - 17:14

Temperance. Ou Eve. L'une ou l'autre, pour Indie, c'était la même personne. Ce ne serait probablement pas son avis mais qu'importait après tout, à ce moment précis, la blonde en avait qu'à faire. L'abandon de sa meilleure amie avait été un coup énorme pour elle, tel un traumatisme à surpasser. Si certaines personnes avaient plus de facilité à l'accepter, ce n'était pas le cas d'Indiana qui vivait la séparation très durement, tel un rejet complet. Après tout, n'était-ce pas ce que cela avait été? Autrement, elle l'aurait au moins mise au courant. Après tout, elle et Indiana avait été inséparable à l'époque, Eve était une sorte de moitié pour elle. C'était idiot de la considérer comme tel, et pourtant, si elle avait eu le choix, elle ne l'aurait pas fait. Seulement voilà, Indiana avait des rapports à l'attachement très puissant et Eve avait toujours été sa béquille, son pansement, la personne à laquelle elle pouvait se tourner en cas de pépin. Désormais, c'était elle qui avait ce rôle là pour bien des gens autour d'elle bien qu'en retour, elle ne trouvait pas grand monde, pour ne dire personne.

Dans cette petite ruelle donnant sur une impasse, à la sortie de service de la boite dans laquelle elle pensait s'être amusée, elle se lâchait. Elle avait ce besoin de se défouler, déstresser, relâcher ses nerfs. Elle ne cessait d'accumuler, la pauvre Indiana, et la vie ne semblait pas vouloir l'épargner. A un moment, elle s'était même demandé si le monde ne se porterait pas mieux sans elle. Elle avait beau avoir une toute petite renommée dans le domaine qu'elle souhaitait, elle devait se contenter de petits rôles futiles de bas étages, l'actrice de navets qui jouait même pas bien. Pourtant, elle en avait à donner, Indiana. Elle avait un talent que personne ne semblait vouloir exploiter. Elle, elle en était convaincue. Seulement voilà, si au départ elle s'amusait en criant devant la caméra, à présent, sa réputation était telle que lorsqu'un cinéaste entendait son nom, il voyait une actrice incapable de savoir réellement jouer la comédie. Dommage. Pourtant, Indiana refusait de mourir sans avoir fait ses preuves un jour. Elle avait envie de prouver au monde qu'elle en avait sous le coude et qu'elle était faite pour cela. A quoi aurait rimé son existence autrement? Elle refusait catégoriquement de croire qu'elle endurait toutes ces souffrances là pour rien. Non, un jour le karma la récompenserait, il le fallait coûte que coûte! C'était ce qui la raccrochait à la vie en ce moment.

Braquée. Voilà ce qu'elle était à la présence d'Eve. Elle avait envie de l'envoyer bouler mais elle n'avait pas l'énergie physique et mentale de le faire. Une part d'elle avait envie de lui balancer toute la haine qu'elle avait accumulé à son égard depuis son départ surprise sans même donner une seule nouvelle. Une autre envie d'elle, toute petite mais présente, avait envie de se jeter dans ses bras pour avoir un calin tendre et amical. Après tout, son manque affectif voulait lui faire faire un peu tout et n'importe quoi et comme elle était au maximum de sa vulnérabilité, elle était prête à se donner sans même rechigner. Sans pardonner pour autant, il ne fallait pas non plus abuser. Mais le passif avec cette femme était bien là, et même si elle le regrettait, elle ne pouvait pas le renier. Jusqu'à présent, les voyages dans le temps n'existaient pas et c'était bien dommage!
Elle entendit Eve s'excuser, et Indiana fit un bruit avec sa bouche et son nez indescriptible. Il était là plutôt pour dire quelque chose comme "foutaises!" mais plus doux qu'elle l'aurait souhaité. Là, elle avait juste l'impression d'être un animal en crise qu'on devait calmer d'une colère qu'elle s'était elle-même donnée. Pourquoi diable ces fichus sentiments étaient ils si forts chez elle?

Ce fut alors que Eve poursuivit en commençant à se justifier. D'une manière très calme, ce qui déstabilisait plutôt Indiana. Toutefois, les premiers mots qu'elle prononça furent loin de convaincre l'actrice. Elle était partie sans rien dire e tétait rentrée comme ça, toujours sans la contacter, parce qu'elle en avait simplement marre d'Inverness? Indiana balaya les larmes de ses yeux et émit un rire nerveux, plutôt dans la colère mais surtout très sarcastique. "T'es rentrée parce que t'en avais marre d'Inverness?" répéta t-elle en manquant d'émettre un rire parmi la tornade d'émotion négative qui la parcourait. Elle se calmait peu à peu, pourtant, elle pouvait redémarrer d'un moment ou l'autre. Elle écouta silencieusement Eve continuer dans l'explication très floue de son départ. Indiana se taisait. Il le fallait sinon ce serait reparti. Elle se remit à rire, pas d'un grand rire amusé ou même ironique au point de s'égosiller. Mais plutôt un ricanement.
"Je t'en veux. Terriblement." finit-elle par dire enfin. "Mais pas pour être partie."
Ce qu'elle venait de dire là, elle l'avait dit pour l'aiguiller sur les explications qu'elle attendait réellement. Si Eve regardait un point fixe en parlant, Indiana en faisait autant. Elle refusait de la confronter du regard, en tout cas, pour l'instant. Si elle était amenée à la faire, cela risquait d'être mauvais.

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Re: stand my ground (eve)

Mer 17 Jan - 10:28

Stand my ground
Je crois qu’au fond de moi, je le savais. Je le savais que j’aurais un jour à me justifier de ma fuite. Je n’en ai pas tellement envie, les raisons m’appartiennent. Avec Grant, nous avons été imprudents et il m’a mise enceinte. Quand je l’ai appris, il était trop tard et je n’avais d’autre choix que de mener ma grossesse à terme. Cependant, je ne voulais pas d’enfants. Je ne voulais pas être ma mère. Je ne voulais pas que ma fille naisse et grandisse dans un endroit aussi pourri que Niddrie. Grant m’avait déjà glissé, à plusieurs reprises, qu’il n’avait rien contre le fait d’être père un jour. Il pouvait l’être, mais pas avec moi. Et, plutôt que de l’affronter et d’imposer ma décision, j’ai fui. Lâchement. J’ai tout laissé tomber, j’ai fourré quelques affaires dans un sac à dos et j’ai pris le premier train pour Inverness. Indiana n’aurait pas jugé, je suis sûre qu’elle aurait insisté pour venir avec moi. Mais je l’ai laissée ici, toute seule.

Je n’ose même pas la regarder parce que je n’ai pas envie de voir ses joues toutes humides de larmes. On se connaissait si bien à l’époque. On a sympathisé au moment même où elle est entrée dans ma classe, en cours élémentaire. J’avais doublé ma classe et je ne connaissais plus personne. Et nous sommes rapidement devenues les meilleures amies du monde. Enfin, Temperance était une bonne amie. Eve est une amie bien merdique. Je lui ai fait subir ce que j’ai moi-même subi au départ de Joseph, mon frère aîné. Je ne sais que trop bien l’état de solitude qui a dû en découler et j’espère qu’elle a eu quelqu’un pour l’apaiser. Quand elle me demande pourquoi je suis là, je ne trouve rien de mieux à lui dire que j’en avais marre d’Inverness. Il y a une part de vérité là-dedans. J’en pouvais plus de vivre avec ma mère, on ne s’est jamais trop entendues toutes les deux. Edimbourg me manquait un peu, je crois. Et puis de toute façon, où aurais-je pu aller ?

Mes explications arrachent un bruit de nez à Indiana. J’en ai le souvenir, de ce bruit. C’est le signe chez elle d’un agacement certain alors je préfère me taire. Cela ne servirait à rien sinon à envenimer une situation déjà bien explosive. Il suffirait d’un rien pour qu’elle me saute à la gorge, j’en suis persuadée et je ne peux pas dire que je ne l’ai pas mérité. « Oui. J’en avais marre. » Je fronce les sourcils, j’ai été incapable de ne pas insister. Je comprends qu’elle m’en veuille mais elle doit aussi comprendre que je n’ai pas fait ça par gaieté de cœur et que, si j’avais été moins conne, j’aurais pu avoir ma meilleure amie à mes côtés lors d’un évènement pas évident de ma vie. « Ce n’était pas contre toi, cela n’a jamais eu de rapport avec toi ou avec l’amitié qu’on partageait à l’époque. » Ma main fouille dans la poche de ma veste et j’en retire une cigarette. Je la glisse entre mes lèvres et en protège le bout avec ma main en coupe pour l’allumer. Tout cela n’a jamais rien eu à voir avec Indiana. Peut-être que notre amitié m’obligeait à lui raconter les moindres aspects de ma vie alors que j’ai toujours été discrète sur la liaison que j’ai eue avec Grant. Le garder pour moi était l’assurance qu’il ne soit jamais au courant de mon état et qu’il ne retourne pas le Royaume Uni pour me retrouver. Je ne sais pas s’il l’aurait fait mais quand même, je ne voulais pas prendre le risque.

Elle répète qu’elle m’en veut. J’expire ma fumée par le nez. Je le sais, ça. Moi aussi, je m’en veux. Je ne peux même pas mettre ça sur le compte de la jeunesse, j’avais plus de vingt-cinq ans quand c’est arrivé. Je consens à tourner la tête vers Indiana quand elle avoue enfin que ce n’est pas tant mon départ qui l’a blessée. Le silence et l’indifférence, c’est pire que tout. Elle qui a toujours été abandonnée de tous durant toute sa vie. « Je m’en doute, Indiana. Te dire que je suis désolée n’y changera rien, ni que j’avais une bonne raison de partir comme ça. » C’est vrai, cela aussi. A mon sens, j’avais une bonne raison de partir. Une excellente même mais je n’ai pas envie de m’apitoyer sur mon sort alors qu’elle pleure sa colère contre moi. « Tu te rappelles du type que je fréquentais à ce moment-là ? » Quand j’en ai parlé avec Lùca, il m’a dit ne pas se souvenir de Grant. En réalité, tout est parti de là. S’il était resté un simple ami, rien de tout ceci ne serait arrivé. C’est à lui que moi, égoïstement, je devrais en vouloir.

( sunsets )

and when you go away i still see you, with sunlight on your face on my rear-view

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