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Deux traits, danger + Violette

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Yadriel Rivera

The lighthouse keeper

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Occupation : Propriétaire d'un bar de Leith
Âge : 46 Quartier : Leith
Situation familiale : Célibataire
Date d'arrivée à Edimbourg : Durant son enfance

Deux traits, danger + Violette

Mer 22 Fév - 19:29

Deux traits, danger
Yadriel apprend lentement à ne plus se charger de la fermeture du bar six fois par semaine. Il a une équipe stable et professionnelle, qui ne lui a jamais donné de raison de s'inquiéter de ce qui se passe en son absence. Le plus dur pour lui est de trouver de quoi s'occuper lorsqu'il n'est pas derrière le comptoir, à servir bière après bière. C'est lui le problème, pas eux. Pourtant, il arrive à un âge où il est temps qu'il lève un peu le pied et profite des fruits de son dur labeur. Il n'est toujours pas riche, toujours pas cultivé, mais il a obtenu une stabilité et une maturité que le jeune Yadriel n'avait pas lorsqu'il a repris le vieux bar de Leith.

La cuisine ne fermera que dans une heure. Les tables sont presque toutes occupées, mais le rythme des commandes a baissé. Les verres descendent moins rapidement qu'en début de soirée. Les discussions sont plus traînantes et les visages sont marqués par la fatigue. On s'attarde autour de sa pinte en attendant que les effets de l'alcool se dissipent, viendra alors le second pic d'activité. C'est une soirée facile, en pleine semaine, où les habitués sont calmes et les clients occasionnels se fondent dans la masse. Aucune tension n'alourdit l'air, ce qui veut dire qu'aucun poing ne volera à la sortie. Les employés en service lui assurent qu'il n'est pas indispensable. Ils s'en sortiront sans mal en attendant la fermeture de deux heures du matin.

Avant de faire ses dernières, tâches, le barman envoie un SMS à sa colocataire pour savoir si elle a déjà mangé. Il passera dans leur pizzeria favorite en sortant et prendra son propre dîner à emporter. Si elle le souhaite, il pourra prendre quelque chose pour elle et ils mangeront ça devant un film. Yadriel aime Violette. Elle est gentille et un peu nulle comme adulte, exactement comme lui. Ils ne se jugent pas pour les erreurs qui font soupirer Randall. Ils se comprennent et serrent les coudes. Nao semble l'apprécier, ce qui réconforte l'homme dans son opinion. Violette est une bonne personne et mérite, à ce titre, une pizza.

Après son coup d'éponge, il vérifie son téléphone. Aucune réponse. Il n'en pense pas grand-chose. Oublier son portable dans les coussins du canapé, ça arrive à tout le monde. Il salue tout le monde, personnel comme clients, et quitte le Lighthouse avec les mains dans les poches et le sourire aux lèvres. Un film et une pizza. Oui. Plus il y réfléchit et plus c'est ce dont il a envie. En dépit de l'absence de réponse, il sort du restaurant avec deux cartons. Dans le pire des cas, il mangera lui-même celle prévue pour Violette le lendemain. Ça ne sera jamais perdu.

Bien qu'encombré, Yadriel parvient à pousser la porte d'entrée grâce à son épaule. Les lumières sont allumées, signe que quelqu'un est à l'appartement et il est pratiquement sûr que Randall les avait prévenus qu'il découchait ce soir. En plus, il n'y aucun bruit, ça ne peut donc pas être Randall qui est présent. Peut-être que la personne est dans la cuisine avec ses écouteurs et n'entend pas le dernier arrivant rentrer. Ça n'a rien d'inquiétant en soi.

— Violette ?

Il s'annonce avec la voix mais la délicieuse odeur décadente qui s'échappe des cartons doit le faire encore mieux. Il ferme derrière lui et jongle pour parvenir à tourner la clef dans la serrure. Cette porte pourrait s'ouvrir à cause d'un courant d'air trop fort si on la ferme mal.

— Je t'ai pris une pizza chez Razzo.

Il regarde la décoration de la boîte et sourit en voyant le gros pizzaiolo imprimé dessus à l'encre rouge. Quand il entre dans la pièce à vivre, il relève la tête et voit Violette, assise à la table. Elle semble avoir vu un fantôme. Elle respire, il voit sa poitrine monter et descendre. Il s'approche pour poser le repas sur la table et voir ce qu'il se passe.

— Vio...

Ses yeux sont attirés par un bâtonnet blanc. Il n'est pas le père biologique de qui que ce soit, personne ne lui a jamais fait la surprise d'agiter deux barres roses sous le nez en hurlant de joie, mais plus jeune, il lui est arrivé d'avoir des frayeurs. Plusieurs fois, il est revenu d'une pharmacie avec ces fameux tests. Celui qui est sur la table, entre Violette et lui, c'est le premier résultat positif qu'il voit de ses propres yeux.

— Ah.

Son visage se défait, adoptant le même air perplexe que celui de Violette. C'est étrange, parce qu'il n'a rien à voir dans cette histoire, il sait pertinnement que ce bébé n'est pas de lui, et pourtant il a l'impression qu'il doit s'emmêler d'une façon ou d'une autre plutôt que tourner les talons et manger sa pizza dans sa chambre comme s'il n'avait rien vu.

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Violette Moreau

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Occupation : Vendeuse à mi temps dans la boutique de Saul Zinderstein
Âge : 40 Quartier : Un loft qu'elle partage avec Sawyer et Ambre, leur fille - New Town
Situation familiale : En couple avec Sawyer, mère d'Ambre (17/09/2023)
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Don : Un don ? C'est quoi ça... Violette est une juste une nana qui a de la chance. Une sorte de "spider-sens" sans qu'elle n'en soit réellement consciente. Elle sait quelle route emprunter et éviter les embouteillages, elle évite de justesse le ballon dans le parc, elle freine au bon moment quand elle est à vélo... Mais ça, c'est juste une intuition. Pas vrai ?

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Re: Deux traits, danger + Violette

Ven 24 Fév - 18:07

Deux traits, danger
Du revers de la main, Violette réprime une nausée. Elle est assise sur le carrelage froid, enfermée dans les toilettes depuis une bonne demie heure à ne pas savoir si elle va vomir ou non. Son front est perlé de sueur et franchement, elle serait bien mieux au fond de son lit. Elle a, en plus du reste, très mal dormi. Maria lui a conseillé de rentrer, plusieurs fois. Elle a refusé, au moins autant de fois. Cela fait quelques semaines seulement qu’elle a commencé son travail ici et elle n’a pas envie de sécher déjà. Par moment, ça va. Par moment, elle a l’impression que ses jambes sont deux morceaux de guimauve prêts à céder sous son poids. Et c’est probablement ce qu’ils sont. Dans ces moment-là, elle court aux toilettes et s'y enferme. Elle n’a rien mangé de la journée et franchement, elle est certaine que son corps ne supporterait pas la moindre miette de nourriture. Il est presque seize heures quand elle ne tient plus et consent à rentrer à l’appartement. Elle devait voir Sawyer ce soir. Elle lui envoie un bref message, l’informant de son état et annulant par la même leur rendez-vous.

Le front contre la vitre froide du bus, elle songe à son petit ami. Cela va seulement mieux entre eux. Les tensions liées à son déménagement sont enfin envolées et elle attendait cette soirée avec impatience. Mais là, à part lui dégobiller sur les chaussures, elle n’est pas sûre d’être utile à quoi que ce soit. Plusieurs passagers viennent s’enquérir de son état. Violette est partagée entre le bonheur de constater que quelqu’un s’inquiéterait si elle venait à faire un malaise et l’irritation d’être dérangée. Son crâne va juste exploser. Elle doit passer par la pharmacie pour prendre des médicaments et…

Un test de grossesse. Violette a beau tenter d’ignorer les différents symptômes qui l’assaillent depuis plusieurs jours, il devient de plus en plus difficile de fermer les yeux. Elle est déjà passée par là. C’était il y a longtemps, presque vingt ans, quand elle est tombée enceinte une première fois. C’était de Jesse, son compagnon de l’époque, devenu son meilleur ami. Elle n’est pas sûre d’être plus prête à trente-neuf ans qu’elle ne l’était à vingt. A vingt ans, on ne dit qu’on a le temps de penser à tout ça. Que les enfants finiront par venir un jour. A trente-neuf, on ne peut plus réagir de cette manière. L’horloge biologique tourne, inexorablement. Et si Sawyer décide qu’il en veut et qu’elle ne peut plus lui en donner ? Et s’il venait à la quitter pour ça ? Oui mais, et si elle, elle n’est pas prête ? Et si elle ne l’est jamais ? Le bus s’arrête brusquement, manquant de la faire basculer en avant, coupant le fil de ses pensées. C’est son arrêt. Difficilement, elle s’extirpe du véhicule et accueille l’air frais avec plaisir.

La pharmacienne lui fait remarquer sa mauvaise mine et son teint blafard malgré sa peau couleur chocolat. Merci, Captain Obvious ! Violette, d’un naturel gentil, se contente d’un sourire. Elle embarque ses antis vomitifs et son test puis regagne la colocation. Elle est contente de s’y retrouver seule. Elle est contente surtout, que Randall ne soit pas là. Elle s’entends bien avec Yadriel, même très bien. Ils sont tous les deux des adultes un peu défaillants, du genre de ceux qu’il faut prendre par la main par moments. Elle n’a pas envie de subir son regard du jugement et ses remontrances. Elle n’a pas envie de subir une leçon sur la contraception et les risques encourus quand elle est oubliée. Tout à leurs retrouvailles, Sawyer et elle ont oublié le préservatif. Ça arrive. Il n’y a pas besoin de l’infantiliser encore plus.

Et maintenant, elle est assise sur la table du salon, face aux conséquences de cet oubli. Deux traits. Deux petits traits qui dansent devant ses yeux. Voilà ce qui arrive quand on oublie. Deux traits apparaissent. Dans son sac, abandonné sur le canapé, son téléphone vibre. Yadriel, probablement. C’est peu ou prou l’heure à laquelle elle sort du travail et il doit lui demander si elle veut une pizza. Elle n’est pas sûre, peut-être. Les nausées semblent s’être envolées mais pour combien de temps. Ça vibre encore et encore. Son colocataire, peut être Sawyer qui essaie de l’appeler avant de prendre son service. Elle ne répond ni à l’un ni à l’autre. Elle est bien incapable de bouger, serrant entre ses doigts le bâtonnet qui lui dit que sa vie va changer. Pas que la sienne, celle de Sawyer aussi. Il est forcément de lui. Elle ne bouge pas, même quand elle entend la porte s’ouvrir dans son dos. Elle ne bouge pas, même quand l’odeur des pizzas lui chatouille les narines, réveillant son estomac endormi.

Les boites de chez Razzo sont posées devant elle et elle lève enfin les yeux vers Yadriel. Il l’a appelée plusieurs fois, il lui semble, et elle n’a pas ouvert la bouche. Lui par contre, il a vu le test et sa terrible annonce. « Ah. Comme tu dis. » Violette lève les yeux vers son colocataire, heureuse que ça soit lui et pas Randall qui soit là ce weekend. « Je dois le dire à Sawyer. » Elle ignore complétement comment le barman réagira, ils n’ont jamais abordé ce sujet. « Ca allait seulement mieux entre nous… » Elle soupire avant de tirer un carton à pizza à elle. Jambon cru et buratta, sa préférée.

Yadriel Rivera

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Re: Deux traits, danger + Violette

Lun 27 Fév - 1:56

Deux traits, danger
Un enfant. Yadriel ne regrette pas de n'en avoir jamais eu, du moins biologiquement. Il ne sait pas ce qu'il aurait fait si on lui avait collé un bébé dans les bras. Il ne s'est jamais senti prêt ou suffisamment adulte. Il ne sait pas ce qu'un enfant tirerait de ses gênes, peut être sa gentillesse, peut être son intelligence moyenne et son absence d'ambition. Il n'aurait pas su l'aider dans ses devoirs une fois le niveau collège atteint, n'aurait pas eu le temps de le faire découvrir les plaines de l'Écosse. Son seul couple stable a été celui avec la mère de Nao et cette dernière a suffisamment occupé le couple pour qu'ils n'aient jamais à discuter de la possibilité de faire un deuxième enfant.

Nao est sa fille, maintenant. Elle l'a décidée rapidement, en l'appelant Papa malgré les refus de l'intéressé. Yadriel a longtemps été victime d'une variante du syndrome de l'imposteur, version paternité. À tout moment, il s'attendait à ce que la jeune fille découvre qu'il n'était pas fait pour ce rôle et que n'importe qui aurait été plus doué pour l'éduquer. En voyant le test devant sa colocataire, une part de lui a envie de lui raconter ça pour la rassurer. Si elle a peur de ne pas être à la hauteur, il peut lui partager son expérience. Ca ira, tu sais ?

Violette sort de sa torpeur, ce qui est rassurant. Elle doit le dire à Sawyer. Yadriel songe que ça serait la bonne chose à faire, oui, puisque le barman n'imagine pas que le père puisse être qui que ce soit d'autres que son employé. Le monde est parfois petit. Édimbourg l'est chaque jour. Sa colocataire et son employé, en couple et possiblement parent d'une petite graine imprévue. Enfin, pour le "en couple", les dernières paroles de Violette font douter son colocataire.

— Oh.

Décidément, Yadriel est doué pour trouver les mots qu'il faut, peu importe la situation... Il ne veut surtout pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Il n'a pas suivi toutes les péripéties du couple formé par Violette et Sawyer et ne le regrette pas. Ça le mettrait dans une position étrange. Du coup, il n'ose pas lui demander de développer plus là-dessus. Elle-même semble peu disposée à en parler puisqu'elle se prépare à manger. Yadriel avait pratiquement oublié les pizzas avec ça. Il prend son propre carton et l'ouvre devant une chaise vide. Sa faim n'est plus aussi mordante qu'avant qu'il pose les yeux sur ce bâtonnet.

— Peut être que...

Il se coupe dans sa phrase. Il se sent bête en plus d'être inutile. Peut-être que rien. Ces tests sont fiables et il ne peut pas anticiper la réaction du père du fœtus. Au moins, Yadriel est venu avec une pizza pour elle. La situation aurait été pire s'il n'avait pas pensé à commander une seconde portion. Ils auraient tristement partagé la sienne, dégoulinante de fromage.

Sans rien dire, il part dans la cuisine à la recherche de la paire de ciseaux qui n'est utilisée que pour couper les pizzas. C'est le meilleur outil pour cette tâche, selon lui. Son tourbillon de sentiments le rend maladroit et on l'entend ouvrir et fermer plusieurs tiroirs avant de trouver ce qu'il cherche. Il revient et les tend d'abord à Violette sans dire un mot. Il retourne servir deux verres d'eau qu'il pose entre eux avant de s'installer à son tour.

— Je peux faire quelque chose pour aider ?

Il ne compte pas lui demander si elle compte le garder, l'avorter ou lui donner naissance sans assumer par la suite son rôle de mère. La réaction de Violette lui indique qu'elle ne s'y attendait pas, elle ne doit pas avoir pris le temps de réfléchir à la question autant qu'elle mérite de l'être. Il doit éviter de la faire paniquer plus qu'elle l'est déjà. Depuis qu'il est assis, son regard est baissé sur son dîner sans qu'il ne se décide à couper une part et à la porter à sa bouche. Il a l'étrange sentiment que ça serait insensible de se mettre à manger comme si de rien était. Ses yeux s'attardent sur le petit sachet rouge et vert coincé dans un coin du carton. Avant qu'elle n'ait eu une chance de répondre à sa première question, il l'attrape et le lui propose.

— Sauce piquante ?

Il demande maladroitement, d'une petite voix. Peut-être est-ce mieux quand il se contente de communiquer par onomatopées plutôt que lorsqu'il forme des questions stupides.
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Violette Moreau

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Re: Deux traits, danger + Violette

Sam 11 Mar - 10:52

Deux traits, danger
Le bâtonnet qu’elle tient entre ses doigts lui annonce que, dans plus ou moins neuf mois, elle sera maman. Violette vient de fêter ses trente-neuf ans. Comment on devient mère, à presque quarante ans ? Quand elle aura soixante ans, son enfant en aura vingt seulement. Est-ce qu’elle sera encore en bonne santé ? Est-ce qu’elle pourra jouer au parc, courir, aller à la piscine et à la patinoire ? Est-ce qu’elle ne condamne pas sa progéniture à être orphelin de mère beaucoup trop tôt ? Sawyer est plus jeune, lui. Pourquoi, elle qui est si optimiste et positive, pense à l’instant de sa mort ? Avant, elle n’avait pas à s’en préoccuper. Personne ne partageait sa vie. Elle était seule et elle aurait manqué qu’à ses parents. Maintenant, il y a Sawyer avec qui c’est sérieux. Elle le sait maintenant, eux c’est pour longtemps. Enfin, elle sait plus. Comment il va réagir quand il va apprendre qu’elle attend leur enfant ?

La porte d’entrée s’ouvre et une douce odeur de pizza embaume la pièce. Violette relève le regard et est heureuse d’avoir à faire à Yadriel. Il est un peu comme elle. Lui aussi, il n’a pas tellement la carrure pour s’occuper d’un autre être vivant mais il est père. Sa fille, elle l’a vue quelque fois à l’appartement, semble s’en être sortie plutôt bien. Ce n’est peut-être pas si compliqué, finalement. Pourquoi tout un tas de gens y arrivent et qu’elle n’y arriverait pas. Puis, elle ne sera pas seule. Sawyer sera là et il est en or avec son jeune frère. Il pourra pallier à ses défaillances. Elle a déjà mal à s’occuper d’elle-même alors un bébé. Un bébé. Sa mère voudra qu’elle rentre en France, elle en est sûre. Madame Moreau a pris l’habitude de materner sa grande fille de quarante ans. Son enfant unique, incapable de prendre soin d’elle. Putain, c’est la merde. Ah non, plus de gros mots non plus. Zut de flute, crotte de bique.

Yadriel semble au moins aussi interdit qu’elle. Il est dans une position délicate. Surement qu’en bon patron, il ne voudra pas se mêler de la vie de son employé. Violette espère qu’il saura garder sa langue jusqu’à ce qu’elle trouve le courage de le lui annoncer. Dans pas trop longtemps, avant que ça ne commence à se voir. Dans pas trop longtemps, promis. Son colocataire qui ne s’exprime que par des Oh et des Ah. Elle aime bien, Violette. Elle préfère largement cela à la longue leçon de moral qu’elle aurait eu droit de la part de Randall. Parce qu’il a la tête sur les épaules, il se sent souvent obligé de juger le moindre fait et geste des deux autres personnes de la colocation. Violette et Yadriel oublient parfois les factures à payer, ne passent pas forcément l’aspirateur de manière régulière et laissent les placards ouverts quand vient leur tour de faire à manger mais ils sont loin d’être les pires personnes avec qui cohabiter.

Il commence une phrase qu’il ne termine pas. Violette tire sa pizza à elle et ouvre le carton. Elle n’a pas mangé de la journée. Le jambon cru et la burrata lui semblent être le meilleur remède à l’instant T. Il revient avec la paire de ciseaux qui sert à découper les pizzas. Cet ustensile ne sert qu’à cela. Elle découpe consciencieusement son repas, la langue un peu tirée comme les enfants. Dans trois ou quatre ans, elle devra probablement couper la pizza d’Eleonore ou Thibaut, les deux premiers prénoms qui lui viennent à l’esprit, alors autant faire ça bien. Elle termine puis tend la paire à Yadriel pour qu’il en fasse autant. « Heu… Bah… Une pizza, c’est déjà bien. J’avais faim, j’ai pas beaucoup mangé aujourd’hui. » La discussion est complètement hors sujet et ce n’est pas à propos du repas que Yadriel proposait son aide. Violette ne sait pas tellement ce qu’il peut faire pour l’aider. Elle n’a pas envie de l’impliquer plus qu’il ne va l’être.

Elle adore la sauce piquante. Violette attrape celle que lui présente son colocataire mais elle se ravise bien vite. Le petit sachet à moitié ouvert, en suspend au-dessus de sa pizza qui commence à refroidir. « Il parait que le piment aide à accoucher. Je ne devrais peut-être pas. Tu ferais quoi toi ? » C’est un peu stupide parce que Yadriel ne pourra jamais être enceinte. Pas principe de précaution, elle repose son sachet sur la table. La sauce s’échappe et tâche la toile cirée. Randall va râler. « Comment on fait, pour être parent ? » Elle demande de but en blanc, en croquant dans la première part de sa pizza. On ne parle pas la bouche pleine, Violette. Il est temps de prendre des bonnes habitudes.

Yadriel Rivera

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Re: Deux traits, danger + Violette

Sam 25 Mar - 19:13

Deux traits, danger
Petit à petit, les deux colocataires retrouvent l'usage de la parole. La panique repart plus lentement qu'elle est venue. Les pizzas sont une bonne distraction et Yadriel ressent un immense soulagement d'en avoir pris une pour Violette. Il se serait senti encore plus con, avec son repas, à la regarder avec son petit bout de plastique barré de rose. Elle découpe son dîner avec application et il attend son tour pour pouvoir le faire. La faim revient, finalement. C'est marrant comme une bombe est remplacée par la normalité, la même qu'avant. Les pizzas ont toujours le même goût et l'appartement la même chaleur.

Pour Violette en revanche, le monde doit être différent. Elle questionne tout jusqu'à la sauce piquante, ce qui fait rire Yadriel. Il s'en veut directement d'avoir été amusé par ça et déglutit pour effacer son sourire. C'est facile quand on n'est pas celui qui peut tomber enceinte par accident.

— Ca devrait aller...

Elle ne va pas accoucher à.... ce stade de la grosse, peu importe quel stade c'est. Elle doit en être au tout début, ça ne se voit pas. Alors que la sauce piquante est abandonnée et coule, il prend des serviettes en papier pour éponger avant que l'huile ne soit trop bue par les matériaux en dessous. Peut-être que Violette est encore déphasée, finalement. Il ne fait aucun commentaire.

— Hm, je sais pas. Comme on peut.

C'est déjà beaucoup. Les parents ne sont pas des super-héros, ce sont des gens normaux. Des adultes, ces êtres qu'on imagine surpuissant parce qu'ils attendent d'être sous la couette pour pleurer et paniquer. Yadriel est un adulte et un parent. Il sait qu'ils ne sont pas aussi spéciaux qu'on voudrait le faire croire. Il mâche dans sa pizza, les yeux tournés vers la fenêtre. Il fait noir et la faible lumière des lampadaires colore la ruelle d'orange.

— Nao avait déjà 6 ans quand je l'ai rencontrée. Je n'avais pas l'intention de devenir son père, ça s'est fait quand même.

Il ne dirait pas qu'il n'a pas eu le choix. Il était libre de partir, libre d'arrêter les sorties au zoo ou de venir avec un paquet de bonbon et un DVD loué d'Indiana Jones. Disons qu'il a agi sans se poser de question et que le résultat ne l'a pas dérangé. Les doutes étaient effacés par la mère qui l'encourageait et le rassurait. Il mange sa pizza et parle entre deux bouchés, essuyant de temps à autre la sauce qui s'accroche à sa barbe

— Quand il ou elle sera là, si tu veux t'en occuper, je pense que ça viendra tout seul, parce que tu n'auras pas d'autres solutions.

Yadriel se perd un instant dans ses souvenirs. La mère de Nao et lui se fréquentaient déjà depuis plusieurs mois lorsqu'il a vu l'enfant pour la première fois. Elle était censée être endormie depuis longtemps lorsque l'homme avait fermé son bar et était venu rejoindre sa petite amie. Elle lui avait réchauffé des restes et il mangeait, elle endormit sur ses cuisses, devant un film dont il n'avait aucun souvenir. Une minuscule silhouette fatiguée était apparue dans le couloir, en se frottant les yeux. Elle avait regardé l'homme sans exprimer de surprise, elle avait dû entendre plusieurs fois sa voix ou se réveiller au son de son rire. Nao était restée avec eux, blottie dans les bras de sa mère, le temps que son cauchemar se dissipe. Elle avait été peu intéressée par Yadriel alors que ce dernier n'arrêtait pas de lui lancer des regards en coin. Puisque les présentations avaient été faites, il était resté le lendemain matin pour le petit-déjeuner et les choses s'étaient mises en place naturellement après ça.

— Ca ira.

Il y a plus de bons parents que de mauvais parents. Violette n'est pas plus conne qu'une autre, au contraire. Elle a toutes les qualités pour élever un enfant. Yadriel ne peut pas le dire parce que ça sera bizarre et mal compris, mais s'il devait choisir quelqu'un avec qui élever platoniquement un enfant, il la choisirait sûrement. Elle fera des erreurs et traumatisera sa progéniture de plusieurs façons mais tous les parents font ça. Un jour, Yadriel a vu qu'être un bon parent, ce n'est pas créer un enfant sans problème. C'est réussir à donner à l'enfant les clefs pour vivre avec tous les défauts qu'on lui a donné.
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Re: Deux traits, danger + Violette

Ven 7 Avr - 15:43

Deux traits, danger
Ça devrait aller. C’est ce que Yadriel vient de dire. Ça devrait aller. Devrait, au conditionnel. Violette se ratatine sur sa chaise, presque à se mettre la tête entre ses bras croisés sur la table. En vrai, il y a un milliard de trucs qui pourraient capoter. Sawyer pourrait ne pas vouloir du bébé. Bon là, elle envisage le pire d’emblée. Sûrement pour adoucir le reste. Elle ne sait absolument pas comment ses parents vont réagir à la nouvelle. Elle n’est encore même pas tout à fait sûre de le vouloir. Elle a dit oui à Yadriel mais elle en sait rien. Oui, sûrement. Non, peut-être. Ce n’était pas prévu. Remarque, Sawyer n’était pas non plus prévu au programme. La vie est ainsi faite, elle se dit. Elle est venue à Edimbourg suite à sa séparation et la perte de son emploi. Ce n’était pas vraiment convenu qu’elle s’y installe. Ou alors juste quelques temps, histoire de reprendre sa vie en main. Et maintenant, ce n’est pas uniquement sa vie à elle. Il y a celle de Sawyer, celle de la petite chose qui pousse en elle.

Bon surement que Yadriel lui a dit ça pour la rassurer sur le fait que la sauce piquante de sa pizza n’allait pas la faire accoucher là, maintenant. Pourtant, elle abandonne l’idée après avoir ouvert le petit sachet et l’huile se déverse sur la table. C’est à Yadriel qu’elle laisse le soin d’éponger parce que sinon, Randall va râler. Dans quelque mois, c’est à elle que reviendra cette tâche. Elle devra éponger, essuyer, nettoyer, nourrir. Border, consoler, coucher, jouer. Tous ces verbes qui ont l’air inoffensifs dis comme ça mais qui ont le pouvoir d’effrayer la jeune mère en devenir qu’elle est. Est-ce qu’on peut dire jeune alors qu’elle vient d’avoir trente-neuf ans ? « Randall va me tuer si je tâche la table. » Violette regarde l’huile être avalée par le meuble pour éviter de penser à la montagne de responsabilités qui l’attend. « Je n’ai même pas de médecin traitant. Je galère à m’occuper de moi. Comment je vais faire avec un bébé ? Et si Sawyer n’en veux pas ? » Elle lève un regard paniqué vers son colocataire comme si celui-ci avait la réponse magique à toutes ses questions.

Et si elle, elle ne peut pas ? Si elle, elle est tellement nulle que la vie de son bébé s’en trouve ruinée à jamais ? Elle espère que Sawyer saura lui, après tout il est génial avec son petit frère. Violette n’est pas faite pour être maman. Au mieux, elle est la tata rigolote qui construit des balançoires et des fusées. Est-ce qu’on peut être une maman rigolote ? Il y a trop de questions et trop peu de réponses. Violette en a mal à la tête et elle croque furieusement dans sa part de pizza. « Ca arrive qu’on peut pas ? » Elle marmonne en mastiquant sa nourriture. Bientôt, elle pourra dire qu’on ne parle pas en mangeant. Enfin non, parce qu’elle parle en mangeant elle. Elle écoute l’histoire de Yadriel et de Naoko. Elle a déjà vu la demoiselle, en coup de vent, ici ou au bar. Elle a l’air douce et gentille, une fille parfaite. Peut-être que c’est plus facile dans le sens-là. Quand les enfants sont en âge de choisir leurs parents. Quand ils choisissent plus ou moins en leur âme et conscience, plutôt que de subir une filiation. « Tu n’en avais pas l’intention ? » C’est un peu indiscret mais elle n’est pas vraiment en capacité de réfléchir droit.

Yadriel met le doigt sur le point noir de cette histoire. Violette ne sait pas si elle en a envie ou si elle le fait par obligation. Par pression de l’horloge biologique. Elle a déjà avorté une fois. Elle a déjà refusé d’être mère une fois. Maintenant, à l’aube de ses quarante ans, c’est un peu le bébé de la dernière chance. Celui-là ou rien. Comme quand on prend le dernier paquet de rouleaux de papier toilette dans un rayon, celui un peu défoncé mais on a pas le choix parce qu’on a trop attendu pour aller en racheter. « Je sais pas. Tu crois qu’on a toute un instinct maternel ? » Violette ne croit pas tellement à ces sottises mais après tout, pourquoi pas. Son colocataire lui dit une énième que ça ira. Mais plus le temps passe, plus elle en doute. Elle se calle dans sa chaise et repousse sa pizza. Elle n’a plus très faim tout d’un coup. C’est comme un poids qui vient de tomber dans son estomac. Elle repense à ses vingt ans. A son idylle avec Jesse qui est devenue un peu plus sérieuse. Enfin pour lui, elle voulait profiter. « Je suis déjà tombée enceinte une fois, y’a longtemps. » Peut-être qu’elle a besoin de vider son sac ce soir. En attendant de trouver le courage d’aller en parler à son petit-ami.

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nothin' the matter with your head, baby find it come on and find it, hail with it, baby, 'cause you're fine and you're mine, and you look so divine

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Re: Deux traits, danger + Violette

Ven 14 Avr - 23:34

Deux traits, danger
Aucune de ses longues années à servir de confident aux piliers du Lighthouse n'a préparé Yadriel à cette discussion-ci. Il a tout entendu, du divorce qui part en combat de boxe aux aveux d'infidélités, en passant par les vantardises d'un petit escroc amateurs. Et évidemment, il a eu des hommes venaient noyer leur confusion au lighthouse, après l'annonce d'une grossesse. Mais une femme perdue qui s'inquiète pour son suivie médical de grossesse ? Ce n'est pas quelque chose que l'on déverse sur le comptoir d'un bar. C'est un truc plus intime, que l'on révèle dans l'intimité de son appartement en regardant une pizza graisseuse tâcher la table.

Violette a — légitimement — beaucoup de questions qui resteront sans réponse ; Yadriel n'est pas l'homme à qui elle devrait les poser. Lui non plus, il n'a pas de médecin traitant. Il voyait le médecin de la famille jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite et comme le barman n'est jamais malade (ou ne s'autorise jamais à l'être), la question ne s'est pas posée. Violette et lui sont similaires sur beaucoup de points : ils sont des adultes imposteurs. Ils savent survivre, ils font le strict nécessaire, le reste est souvent oublié et ce n'est pas grave parce que personne ne compte sur eux. La colocation fonctionne bien : ils vivent leur vie et quand ils ont un petit peu trop repoussé certaines choses ou accorder leur confiance à la mauvaise personne, Randall sert de voiture balai.

— Si Sawyer n'en veut pas, t'as le choix, toi...

Pour Yadriel, la première question est de savoir si elle, elle le veut cet enfant. Sawyer, il fera en fonction. Il aura toujours le choix de se barrer à l'autre bout du pays ou aller pêcher avec ce bon vieux Jerry, leur ami commun, quand viendra le moment de la naissance. Ça, c'est si Violette garde l'enfant mais son colocataire n'arrive pas à dire si elle veut le garder ou si elle n'a pas encore compris qu'il y avait d'autres solutions.

Il n'a que sa propre expérience à partager et elle est loin d'être la plus pertinente dans ce cas. Pour lui, ça s'est fait comme ça. Juste en étant lui-même. Violette doit prendre confiance en elle et voir qu'elle a des choses à offrir à son futur enfant. Toujours dans le cas où elle choisirait de le garder.

— Pas dans ton cas.

En vrai, il aurait pû développer cette réponse, la nuancer et lui dire que ouais, parfois on ne peut pas, c'est trop dur, mais que dans ces moments-là il faut compter sur ses proches. Lui, il s'occuperait de bébé-Violette pendant une soirée s'il y avait besoin. Tout ça, toutes ses explications, il les garde pour plus tard, quand elle commencera à se remettre sur pieds après le choc initial.

— Ce n'est pas comme si le père biologique de Nao était mort. Et... je ne sais pas. Je ne pensais pas pouvoir lui apporter grand-chose. J'étais fou amoureux de sa mère, je ne pensais pas à grand chose d'autre.

Il a un sourire qui s'imprime sur son visage quand il pense à cette époque. L'affection qu'il a pour son ex n'a jamais disparu. Ce n'est plus le même amour qu'au début de leur histoire, quand il ne voyait qu'elle et comptait les heures avant de la retrouver. C'est plus doux et un sentiment qui vit mieux avec la distance que s'il devait continuer à partager son appartement avec elle. Elle restera la femme qui lui a donné Nao et les meilleures années de sa vie, le fait que ça soit terminé ne change pas la beauté de leur histoire.

Yadriel revient à la charge, en toute délicatesse, sur le sujet du choix. Peut-être qu'il force trop, peut-être qu'il pourrait le dire plus clairement. Il essaie d'être dans le compromis, la douceur mais pas la niaiserie qui gomme le sérieux de la situation. Mais il n'est pas psychologue ni expert sur la question, alors ses bonnes intentions finissent rapidement par se prendre des murs lorsqu'elles ne suffisent pas.

— Non... Je crois que l'instinct maternel, c'est juste l'amour.

Là, il penche sérieusement du côté du niais. Une morale digne d'un film Disney. Mais lui, il l'a senti comme ça. C'est au fur et à mesure qu'il apprenait à connaître Nao qu'il a ressenti le besoin pressant de la protéger. Ce processus a commencé tardivement dans leur cas, mais entre une mère et le bébé qu'elle porte, cet amour se développe pendant neuf mois et est bien avancé lorsqu'ils se rencontrent enfin. Il lui dit que ça ira, ouvre la bouche pour expliquer le fond de sa pensée mais elle lâche un truc auquel il n'était pas préparé. S'il n'avait pas déjà oublié sa pizza, il l'aurait fait à ce moment précis.

Il la regarde, confus, sans parvenir à décider s'il doit poser des questions pour l'inviter à en parler ou se taire et la laisser choisir ce qu'elle développe ou non. Il pense évidemment à Nash qui a perdu un enfant au début de l'été et qui s'est plus ou moins interdit de s'effondrer après ça, pour finalement devenir une loque humaine lorsque sa petite amie l'a trompé. Violette l'a vu, le garçon a squatté la chambre du barman plusieurs nuits, pendant que Yadriel prenait le canapé.

— Ah...

Normalement, c'est le moment où Yadriel disparaît un instant dans la cuisine et revient avec une bouteille d'alcool fort et deux verres minuscules. Le souci avec cette situation est que l'alcool n'est pas un remède, ce serait l'une des pires choses à faire. On voit ses yeux se perdre alors qu'il réfléchit à la bonne attitude à adopter. Il attrape mécaniquement une part de pizza qu'il tient à mi-chemin entre sa bouche et la table.

— Tu veux en parler ?

Et si elle ne veut pas en parler, ils resteront assis sur leur chaise, à regarder leur dîner refroidir dans un silence particulièrement gênant.

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Re: Deux traits, danger + Violette

Sam 6 Mai - 11:37

Deux traits, danger
TW : avortement

Violette se sent nulle en tant qu’adulte. Elle a quarante ans presque, un job à mi-temps dans un studio photo et elle vit dans une colocation. Avant cela, elle squattait la chambre d’ami de son meilleur ami parce qu’elle s’est fait virée par son petit ami. Tout ça parce qu’elle a failli foutre le feu à leur appartement londonien. Allumer le gaz à côté d’un torchon, il ne faut quand même pas être très futé. Qu’est-ce qu’elle va apprendre à son enfant ? Est-ce qu’elle sera ce genre de mère qui laisse dépasser la queue de la casserole d’eau bouillante et qui ne prends pas la peine de ranger la paire de ciseaux ? A son âge, sa mère était en passe de devenir ambassadrice et avait déjà une petite fille d’une dizaine d’années, elle donc. Peut-être que c’est Gabriel qui avait raison, quand il l’a quittée. Quand il a dit qu’elle n’était pas le genre de personne avec qui faire sa vie. Sawyer va s’en rendre compte lui aussi et elle va se retrouver seule avec un enfant à charge, dans une colocation, à vivoter avec un emploi à mi-temps. Peut-être qu’elle devrait envisager de rentrer en France, si jamais le barman ne veut pas de ce bébé.

Elle lève un regard plaintif vers Yadriel. Oui, elle a le choix. Enfin, non, pas trop. Si elle ne garde pas celui-là, elle n’est pas sûre d’en avoir un autre un jour. Et elle n’est pas certaine de pouvoir supporter un second avortement. Un, ce n’est déjà pas mal. Elle hausse les épaules. « J’aurai quarante ans à la fin de l’année. C’est maintenant ou jamais. » Elle sait qu’une multitude d’autres solutions s’offrent à elle. Mais elle ne veut pas envisager celles qui l’obligeraient à élever ce bébé toute seule. « On a jamais parlé d’avoir un enfant… Il vient seulement d’accepter l’idée que je vive ici. » Cette grossesse c’est l’erreur d’une nuit sans protection, une nuit d’oubli de sa contraception et, même si Sawyer est tout autant responsable qu’elle de son état, elle ne peut s’empêcher de culpabiliser. Le bébé n’a rien demandé pourtant, dans un peu moins de huit mois, il ou elle sera là.

Violette en parle à Yadriel parce qu’il a Naoko. Parce qu’il a une fille et que c’est une bonne gamine, du peu qu’elle la connaisse. Et aussi, parce qu’elle a confiance. Elle sait qu’il ne va pas la juger et qu’elle a profondément besoin de vider son sac avant d’affronter Sawyer et ses réactions qu’elle ne comprends pas toujours. « Comme ça, pas dans mon cas ? » C’est vrai ça, il a quoi son cas ? Elle ne sait pas si cela veut dire qu’elle est une cause désespérée, ce qu’elle pense sincèrement être ou bien si elle sera toujours capable de s’occuper de sa progéniture. Surement que sa mère voudra venir un peu, apprendre le français à son petit fils ou à sa petite fille, à défaut d’avoir réussi à l’apprendre à Violette. « Tu crois que je vais devoir partir d’ici ? » Elle en a pas tellement envie, bien qu’elle aime sincèrement son petit-ami. Les questions qu’elle pose n’ont aucun rapport les unes avec les autres mais elles viennent comme ça, dans une anarchie qui lui fait mal au crâne. Il se confie un peu sur sa propre paternité. Une paternité choisie et non subie. De ce qu’elle comprend, Naoko a choisi de devenir sa fille en dépit de la présence de son géniteur. L’histoire est jolie malgré tout et Violette se surprend à sourire, devant sa pizza a peine grignotée qui refroidit. « Sawyer a un petit frère. Il a une dizaine d’années. Il s’en occupe bien. » Voilà, c’est tout ce qu’elle a à dire. Mais aller jouer au foot avec un enfant de dix ans, ce n’est pas comme changer les couches d’un bébé ou se réveiller dix fois par nuit parce qu’il a perdu sa sucette. Et puis avec les horaires de nuit, est-ce qu’il va supporter la fatigue ? Est-ce qu’ils vont réussir sans trop se disputer ? Est-ce que… Elle pousse un long soupire, ce n’est pas à Yadriel qu’elle doit demander tout ça.

L’amour. Violette affiche soudainement un air contrit. Est-ce qu’elle aimait le premier enfant qu’elle a porté ? Celui dont elle n’a pas voulu ? Peut-être. Ce n’était pas qu’elle n’aimait pas ce bébé mais elle aimait plus sa jeunesse, elle aimait plus sa liberté. Est-ce que la jeune femme libérée qu’elle était à l’époque est devenue une adulte incapable d’aimer un enfant ? Elle ne pense pas. Jesse et elle n’étaient pas faits pour être ensemble, quand bien même il l’a engueulée d’avoir avorté. « Est-ce que ne pas se sentir capable, c’est ne pas être attachée au bébé ? » La vérité, c’est qu’elle veut cet enfant mais qu’elle n’est absolument pas certaine d’être capable de s’en occuper et qu’elle n’a pas envie d’ajouter un échec supplémentaire à sa liste.

Alors elle avoue. Elle avoue qu’il y a longtemps, elle est tombée enceinte. Violette et Jesse s’aimaient de cet amour de jeunesse, celui qu’on pense invincible mais dont on se rends compte qu’il est plus éblouissant que durable. Ils avaient la fougue et la passion de leurs vingt ans. « J’étais en couple avec mon meilleur ami. Enfin, à l’époque il était mon petit ami. On s’est perdu de vue pendant longtemps après cette histoire. » Elle se frotte un peu le front, ses doigts jouant nerveusement avec le carton de son repas. « Ma grossesse était un accident. J’ai décidé de me faire avorter. J’étais jeune et plus occupée par la défense du droit des femmes que par la manière de gagner ma vie. Jesse m’en a voulu de ce choix que j’ai fait seule et m’a quittée. Je n’ai jamais regretté et j’ai toujours été en paix avec moi-même. Je sais que c’était la bonne décision. » Et là, elle n’en est pas sûre. Sa main se pose instinctivement sur son ventre. Peut-être qu’il est arrivé par accident mais l’avortement ne lui apparaît pas comme une solution envisageable.

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Re: Deux traits, danger + Violette

Mar 20 Juin - 0:32

Deux traits, danger
Yadriel a beaucoup de défauts, beaucoup de qualité aussi. Le tout s'équilibre généralement très bien, crée une sorte de symétrie que peu de personne ont de façon aussi nette que lui. Il ne sait pas souvent quoi dire, mais il écoute. Il n'a pas vécu grand-chose, mais est empathique, capable de se mettre à la place de la personne en face de lui et de compatir, même si son histoire ne fait pas écho à la sienne. Il mobilise ses expériences et son imagination pour tenter de comprendre, d'une façon parfois maladroite, la situation d'autrui. Il comprend en filigrane que Violette veut cet enfant mais que la peur l'empêche de le formuler aussi clairement, ou d'assumer pleinement cette envie. Il ne juge pas la relation avec Sawyer, ne dit rien sur la seconde phrase mais fronce légèrement les sourcils. Il s'attend presque à ce que Violette développe mais ça n'arrive pas. Il n'en saura pas plus sur les raisons qui pouvaient pousser le barman à ne pas "accepter" que Violette vive dans cette colocation.

Ils passent naturellement sur son ressenti, ce qu'il sait de l'instinct parental qui lui est tombée dessus alors qu'il tombait amoureux de la mère de Nao. Parfois, les choses tournent différemment que ce qu'on pensait mais ça ne veut pas dire que c'est mauvais. Ça fait peur, on anticipe, mais on retombe sur ses pattes à la fin dans la plupart des situations. Même quand on est des demi-adultes, des adultes 35 heures par semaine, comme eux le sont.

— Pas ton cas parce que tu auras fait le choix d'avoir cet enfant et que je t'imagine pas autrement que douce et bien.

Bien dans son rôle de mère. Bon, la phrase a été un peu compliquée à formuler, il y a eu des légères hésitations et le ton a été modulé par le doute, mais au final, Yadriel a le sentiment d'avoir exprimé ce qu'il comptait exprimer. Sa colocataire est une personne capable d'aimer, qui n'a pas l'air de traîner avec une elle bagage qui compliquerait son lien avec son enfant. Parfois, on a des surprises mais le barman songe qu'elles sont plus rares qu'on le croie. La vie est généralement d'une simplicité grotesque, ce qui déçoit ceux qui cherchent des énigmes dans absolument tout ce qui les entoure. Après, qu'est-ce qu'il y connait à la vie ?

— Devoir ? Non. On trouvera des solutions et tu auras deux baby-sitters à domicile, si tu restes.

Il sourit avec bienveillance. Ça ne le dérangerait pas d'aider Violette au quotidien. Il faut un village pour élever un enfant, c'est ce qu'on dit. Ils ne sont pas un village, mais ils sont trois. Ils devraient s'en sortir comme des chefs. Le bébé pourrait prendre la chambre de Yadriel, dormir dans le salon ne le dérange pas et vu ses horaires, il ne dérangerait pas grand monde. Ça ne serait pas viable sur le très long terme, mais pourquoi pas pour un an ou deux, le temps que la phase la plus compliquée passe. Ils seront trois adultes qui n'y connaissent rien, ça ferait une super sitcom avec des rires préenregistrés qui éclateront dès que l'un d'eux dira une bêtise sous l'effet de la panique.

Yadriel se demande si Sawyer lui a déjà parlé de son frère. Il est possible que oui, ça lui dit un truc. Ça l'avait étonné, une telle différence d'âge entre eux, mais il n'avait pas posé plus de questions parce que c'est un sujet très intime. Il laisse la conversation se poursuivre, espérant que sa vision de l'instinct maternel ne heurte pas sa colocataire.

— Non. Au contraire, je pense. C'est se poser les bonnes questions, pour ton bien et celui du potentiel enfant.

Il a encore plus hésité en disant ça, espérant ne pas tenir un propos qui la culpabiliserait d'avorter si elle finit par faire ce choix, ou qui donne l'impression qu'il doute de ses compétences. Un enfant, c'est un enfant. Leurs parents ne devaient pas être plus intelligents qu'eux, lorsqu'ils en ont fait. Lorsque le sujet de l'avortement revient sur la table sous la forme d'une expérience passée, Yadriel se tait et pose sa part de pizza pour écouter. Il enregistre un maximum d'informations pour répondre de façon convenable et montrer à Violette qu'elle est soutenue. Il ne la juge pas, au contraire, il la trouve forte d'avoir fait ce qui était le mieux pour elle, quitte à le faire seule.

— C'est deux contextes très différents, non ?

Il regarde la main qu'elle pose sur son ventre et il se demande si c'est l'attitude d'une femme qui réfléchit ou d'une femme qui a déjà décidé. Il s'adosse à sa chaise, essuie ses doigts sur sa serviette et croise les bras.

— Ne pense pas au côté matériel. On trouvera des solutions, et par *on*, je veux dire Sawyer ou Randall et moi, ou un autre de tes proches.

Il regarde un peu par la fenêtre, les lumières de la ville qui bougent et lui donnent quelque chose à observer plutôt que l'immobilité de l'appartement. C'est une discussion sérieuse et tout le monde déteste parler de trucs sérieux en se regardant dans les yeux. Il n'y a que les mafieux de film pour faire une chose pareille.

— Demande-toi si tu veux un enfant et quand tu auras la réponse, on règlera le reste.

Parce qu'ils ne sont pas des adolescents sans toit ni revenu. Ok, ils ne sont pas Crésus et vivent en colocation malgré leur âge, mais il y a des bébés qui naissent dans des environnements pires que celui-ci, alors tout devrait bien se passer.
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Re: Deux traits, danger + Violette

Mar 4 Juil - 15:42

Deux traits, danger

Violette voit bien le froncement de sourcils de son ami. Il y a quelques semaines encore, elle ne connaissait pas Yadriel. Maintenant, il est son confident. Elle a tellement confiance en lui qu’il est la première personne au courant pour sa grossesse. Avant même ses parents, avant même le premier concerné. Le père du bébé, son barman de petit-ami. Celui qui fait froncer les sourcils de Yadriel parce qu’il n’a pas accepté tout de suite qu’elle vienne vivre ici. Sawyer l’a mal pris. Il a certainement été emporté par sa jalousie également. Celle de voir sa compagne emménager avec deux inconnus alors qu’ils étaient bien dans le loft. Mais il tenait à coeur à Violette d’avoir son indépendance, son chez-elle et son emploi. Ne pas compter indéfiniment sur Sawyer. Alors ce n’est pas tellement qu’il n’a pas accepté, d’ailleurs elle ne lui en a pas laissé le choix, c’est plutôt qu’il a été surpris et qu’il n’a pas compris. Et à elle aussi, cela lui a fait bizarre de ne plus vivre avec Sawyer du jour au lendemain. Pourtant, cette colocation a fait entrer Yadriel dans sa vie et pour cela, elle ne peut pas regretter.

Naturellement, il lui donne son propre ressenti. Sa propre vision de la parentalité. Cette parentalité qui lui est tombée dessus alors qu’il était en couple avec une femme déjà mère d’une précédente union. Peut être que cela sera pareil pour elle, si le barman ne reste pas. Peut être que dans cinq, six, huit ou quinze ans elle retrouvera quelqu’un qui aimera cet enfant comme si c’était le sien. Yadriel essaie de la rassurer du mieux qu’il peut et pour cela, Violette lui en sera éternellement reconnaissante. Elle devrait lui demander s’il ne veut pas être le parrain de ce bébé. Même si c’est pas officiel. « Merci. Mais je crois que je serai un peu… Comment dire. Pas négligente mais heu… Étourdie ? » Oui voilà, Violette sera une mère un peu étourdie. Du genre à oublier le goûter dans le sac de piscine ou de signer la fusée du comportement en classe. Du genre à se rappeler à 08h16 qu’il y a la sortie annuelle à la ferme pédagogique et de foncer à la boulangerie du coin acheter un jambon-beurre. Est-ce que c’est être une mère nulle ? Elle n’en sait rien. Sa mère à elle gérait toutes ces choses en plus de ses responsabilités. Dans le prisme de la mère qu’elle a eue, oui elle serait un peu naze. Et cela lui met le moral à zéro. Une moue dépitée déforme son visage. Elle a encore trois ans avant que cela n’arrive. Qui sait ce qu’il peut se passer en trois ans ?

Peut être qu’elle aura déménagé. Est-ce qu’on peut élever un enfant en colocation ? Peut-être. Mais si elle dit à Sawyer qu’elle ne veut pas partir, il risque d’encore plus mal le prendre. Enfin, dans l’optique où il veut de ce bébé ce qui est la grande inconnue des plans qu’elle est en train de tirer sur la comète. Encore une fois, Yadriel apaise ses craintes comme il le peut. « J’ai pas tellement envie de confier mon enfant à Randall. Je crois qu’il lui apprendrait à se servir d’une éponge avant qu’il ne sache marcher. Enfin, il ou elle. » Jusqu’alors, Violette ne s’est jamais demandé si elle voulait un garçon ou une fille. Encore moins maintenant, le plus important c’est que tout aille bien. Que l’enfant soit en bonne santé et qu’elle aussi. Que Sawyer accepte et reste. Ce n’est pas très gentil pour Randall parce que, dans le fond, elle l’adore aussi. Les savoir là, ne pas se sentir seule au monde c’est extrêmement important. Elle a un toit au dessus de la tête, un emploi. L’enfant sera aimé. Qu’est-ce qu’il pourrait mal se passer ?

Se poser les bonnes questions. C’est important. Là, la vraie question n’est pas tant de savoir si elle saura s’occuper de son bébé mais si elle le voudra. C’est la première chose a laquelle elle doit penser. Yadriel est père, au pire elle pourra appeler ses propres parents à la rescousse. Randall est si responsable que cela sera forcément d’une grande aide. Sawyer a l’air génial avec les enfants. Elle explique les raisons de son premier avortement. Elle explique ce qui a fait qu’à l’époque, elle ne voulait pas être mère. Elle acquiesce. Oui, c’étaient deux contextes vraiment différents. Elle n’a pas tellement envie de les comparer. Elle s’adosse à sa chaise, main sur son ventre. Elle caresse distraitement. Elle a fait son choix : l’enfant là, elle va le garder quoi qu’en dise Sawyer.

Violette ne sait pas si elle a très envie qu’on assume le matériel à sa place. Elle a un salaire, elle ne roule pas sur l’or mais cela devrait suffire. Elle ne sait pas tellement combien peut coûter l’éducation d’un enfant. Cher, sûrement. Néanmoins, elle se sent heureuse de savoir qu’elle n’est pas seule. Que Yadriel et Randall ne la mettront pas à la porte quand le bébé sera né. Enfin, Yadriel c’est sur que non mais le propriétaire de l’appartement c’est Randall. Peut être qu’il n’a pas envie d’être réveillé toutes les heures pas un bébé qui pleure. « C’est très gentil, vraiment. Mais je crois que je n’ai pas très envie que quelqu’un trouve des solutions pour moi. Je devrais pouvoir suffisamment me responsabiliser d’ici là. » Violette a un besoin impérieux d’indépendance et de se dire qu’elle a pu faire telle ou telle chose par elle-même. « Je crois que j’ai envie d’avoir ce bébé. » Finit elle par annoncer, dans une voix un peu déformée par l’émotion. « Je vais être maman. » Les larmes, les unes après les autres, dégringolent de ses yeux jusque dans sa pizza devenue froide. « Je te dirais bien de trinquer mais je crois que j’ai plus le droit de boire. » Elle plaisante pour alléger un peu la conversation un peu trop sérieuse pour elle.

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Re: Deux traits, danger + Violette

Mer 30 Aoû - 2:30

Deux traits, danger
L'étourdissement, c'est une qualité humaine que Yadriel ne peut pas condamner. Ça lui arrive aussi et les parents fatigués qui loupent parfois un rendez-vous ou oublient le doudou dans la voiture, c'est rien de dramatique. Il sait que Violette se souviendra des choses qui comptent. Elle n'abandonnera pas son fils ou sa fille dans son siège auto un jour de canicule. Déjà parce qu'elle n'a pas souvent besoin de prendre une voiture en habitant en ville, ensuite parce qu'Edimbourg ne connait pas la canicule. Alors pourquoi s'inquiéter ? Yadriel a un petit sourire et un geste de l'épaule.

— Aucun parent n'est parfait.

Les siens sont bien, par exemple. Pas parfaits mais ils ont réussi à créer deux petits humains heureux. L'aimer et être une personne saine, c'est souvent suffisant. Être entourée également et Violette l'est tellement qu'elle peut se permettre de refuser Randall pour privilégier d'autres choix. L'image qu'elle décrit fait rire Yadriel et la discussion se poursuit. Il a l'impression qu'elle est plus apaisée. Il y a encore la nervosité de la découverte, l'appréhension d'un futur où une autre âme s'est ajoutée, mais ce n'est pas le choc initial ou la terreur de voir son futur s'effondrer.

Il tente de l'écouter et de la soutenir. Il veut surtout qu'elle fasse le choix en fonction de ce dont elle a besoin et pas parce qu'elle s'imaginerait pas à la hauteur. Il n'a aucun doute en elle. Vraiment, depuis qu'il l'a connait, il n'a eu en face de lui qu'une femme responsable, drôle et certes pas plus mature que lui sur certains points, mais adulte tout de même. Indépendante est à ajouter à la liste, elle le lui rappelle à sa façon. Un sourire tendre se dessine sur ses lèvres alors que le choix est formulé à voix haute. Ça le touche, autant d'imaginer la suite que de la voir s'effondrer à cette révélation. Il rit avec douceur et se lève pour aller chercher un jus de fruit et un paquet de mouchoirs.
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