Prendre les mains tendues + Eve

Aran Grieve

Pseudo : nuit d'orage
Avatar et crédit : Paul Mescal + nuit d'orage // gif par @sambergcrs
CW : violence, abandon d'enfant, conversation politique, pensées suicidaires (passés)
Messages : 673
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Occupation : Prof-chercheur en anthropologie politique depuis la rentrée 2024
Âge : 30 Quartier : Old town
Situation familiale : Père célibataire d'Austra, née le 10 avril 2024
Date d'arrivée à Edimbourg : 17 juin 2024
Don : Repulsif à esprits

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Tes sujets RP : Harlow • Fergus • Keir • Dakota • Jeremiah

RP à la première personne / s'adresse à Harlow via le "tu" en narration.

Prendre les mains tendues + Eve

Dim 13 Oct - 19:52

Prendre les mains tendues
— Installez-vous, voyez si ça vous plaît et si c'est le cas, passez dans mon bureau entre 16 et 18 heures.

C'est ce que j'ai dit à la jeune femme que je voyais pour la première fois, juste avant de débuter mon cours d'introduction à l'anthropologie. J'ai essayé de lui sourire pour faire tomber son stress. Austra était alors endormie dans sa poche kangourou, et les autres étudiants s'agitaient dans l'amphithéâtre. Je n'ai pas réussi à la cerner en une si courte discussion, mais elle avait l'air KO, un peu perdue et définitivement plus vieille que la moyenne de mes élèves. Ce qui n'est pas pour me déplaire. La réflexion d'une personne de 18 ans n'est pas la même que celle d'une femme approchant la trentaine. Dans le second cas, je m'attends à des dissertations plus pertinentes, enrichie par une plus longue expérience de vie. Je ne connais pas sa situation, si elle est en reprise d'études ou simplement en quête d'un passe-temps. Je ne sais pas non plus pourquoi sa première venue est en octobre, un mois après la rentrée, mais le début de mon cours magistral n'était pas le bon moment pour échanger.

Je ne sais pas si elle va venir ou non. Elle a eu la journée entière pour changer d'avis. La première année n'est pas celle qui est la plus motivante et elle arrive au milieu de chapitre bien débuté. Si elle vient, c'est qu'elle est motivée. Si elle ne vient pas, je comprendrai. La fac ne convient pas à tout le monde et j'enseigne une discipline un peu niche, avec peu de débouchée.

Je n'ai pas osé fermer entièrement la porte de mon bureau. J'entends les étudiants passer, rire ou râler dans le couloir. Parfois, je t'imagine à leur âge, y faire ta première rentrée après notre séparation, mais tu m'as bien dit que ça n'était pas arrivé. Tu n'as pas fait d'études, et si mon imagination a du mal à le comprendre, ce n'est pas parce que je suis déçu. C'est que l'Université est devenu ma vie, et j'ai du mal à imaginer que ça n'ait pas été un passage obligé pour tout le monde. J'y vis mes meilleurs moments parce que, comme prévu, la recherche est ce qui me correspond le mieux.

Austra est coincée entre moi et mon bureau. Dès mon premier jour, j'ai protégé les arêtes des meubles avec de la mousse parce que je savais déjà qu'elle passerait du temps entre ces quatre murs plutôt qu'avec une baby-sitter. Elle s'est vite habituée au rythme de la fac, au brouhaha du bâtiment et au défilé de nouveaux visages. Tant que je suis à proximité (et que je ne tente pas de lui mettre un chapeau), elle reste imperturbable. Dans mon bureau, elle a un tapis d'éveil et un tiroir dédié à ses doudous. À côté d'une pile de bouquins patiente un chauffe-biberon. C'est entre la grotte de l'universitaire passionné et le studio d'un père célibataire.

Ce soir, ma fille observe avec attention le mouvement de mon surligneur sur ma feuille. Je tente de dresser une fiche de lecture pour pouvoir rentrer chez moi et vider mes restes de chili sin carne en écoutant un livre audio. Je ne sais pas si l'étudiante va venir. J'ai perdu la notion du temps qui passe. Comme il est en letton et que je tente d'habituer Austra à sa langue maternelle, je lui lis l'article sur lequel je bosse à voix haute, ce à quoi elle répond inlassablement "oh". L'intonation varie sans lien avec le contenu de ma lecture. Parfois c'est un "Oh !" parfois un "oh...." et plus rarement, un "Ohohoh" mélodieux. Lorsqu'elle tend la main dans une direction, j'attrape l'objet et le lui donne. Il n'y a que l'agrafeuse qui lui est encore interdite. Je suis concentré sur mon travail et sur le bébé installé contre moi, au point que je ne vois pas l'ombre s'approcher de ma porte entrouverte. Ce n'est que lorsque ça toque que je lève la tête.

— Oui ?

Je pose ce que je suis en train de faire pour offrir toute mon attention (sauf celle consacrée à ma fille) à la nouvelle arrivante.@Eve Taylor

boiling

It's so long since I've met you. Don't even know what I'll say when I find you.

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