tw : deuil, homicide involontaire, infanticide, dépression, pensées suicidaires
La fierté dans le regard de ses parents, il ne l’oubliera jamais. Ils étaient si fier que leur fils réussisse ses études. Qu’il soit reçu dans la meilleure université d’Ecosse pour étudier la médecine vétérinaire. Oh bien sûr, ils auraient préféré un médecin qui soigne les humains, ça fait plus classe, mais tout de même ! C’était une grande fierté. Lachlan avait à coeur de ne pas les décevoir. Il aime ses parents. Ils ont toujours été présents pour lui, et même s’il a eu des disputes d’adolescent avec eux, il avait conscience de ce qu’ils sacrifiaient pour lui et ses frères cadets. Ils ne roulaient pas sur l’or, et tout l’argent qu’ils avaient, ils le mettaient de côté pour eux, leurs études, leur avenir. Tous les parents n’ont pas cette prévenance. Lachlan leur en était vraiment reconnaissant, et il savait que s’il n’était pas un gros connard, c’était probablement grâce à leur éducation et leur bienveillance.

*

Partir d’Ecosse n’avait pas été quelque chose qu’il avait prévu, mais l’amour ne prévient pas trop quand il frappe à votre porte. Ou alors Lachlan avait raté le mémo ce jour-là.

Ses amis l’avait un peu tanné pour qu’il sorte de sa tanière (c’était le surnom de son appartement mal exposé, et pas très bien aménagé de l’époque). Il avait fini par accepter, même s’il n’était pas le plus à l’aise en soirée. Sans doute parce qu’il ne savait pas trop danser et qu’il chantait vraiment faux. Autant dire que ce n’était pas lui qui subjuguait sur la piste de danse. Sans doute que son introversion expliquait aussi pourquoi les fêtes n’étaient pas sa tasse de thé. Mais il aimait suffisamment ses amis pour prendre sur lui de temps en temps. Ils avaient dégoté une maison pour pas trop cher de loyer, une bonne raison de faire la bringue.

“Oh t’es venu ! Trop bien ! Y’a déjà plein de monde !”

La musique était assez forte. L’endroit était déjà très animé, les cadavres de bière bien présents aussi. Il se réfugia vite dans le petit jardin de la maison. Elle fumait. Son coeur avait raté un battement en croissant son regard. Elle lui avait souri. Il avait bégayé un bonjour pas très assuré. Elle avait ri, et avait entamé la discussion le plus naturellement du monde.

Ils étaient restés toute la soirée dehors. Le temps avait filé sans qu’il s’en rende compte. Andrea l’avait embarqué avec lui. Elle avait une chambre d’hôtel à deux pas le temps de son séjour ici. Il n’avait pas dit non. Pas vraiment habitué à suivre les filles dans leur chambre le premier soir, mais tout était si naturel, là.

Ils avaient continué de discuter en sirotant du vin, et puis, ils s’étaient lovés l’un contre l’autre. Leurs baisers avaient un goût alcoolisé et cendreux. Le goût du tabac froid en devenait agréable. C’est donc ça un coup de foudre ?

Ils avaient passé des jours incroyables. Chaque seconde devenait féérique. Et puis, elle devait repartir en France. Elle avait ses obligations là-bas. Elle finissait ses études de médecine. Alors… Soit tout se finissait sur ce quai de gare, soit…

Au bout d’un mois, il avait tout réglé pour la retrouver dans le sud de la France. Malgré son français plus qu’approximatif. Malgré les incertitudes. Il savait juste qu’elle était son avenir. Il n’avait pas vu le mémo, mais la surprise n’en était que plus belle.

*

Les tests étaient sans appel. Stérile. Lachlan était stérile. C’était pour cela que le hasard ne faisait pas bien les choses. Cette nouvelle avait été un coup de poignard. Et en même temps, il comprenait enfin pourquoi. Ils allaient pouvoir trouver d’autres options. Il s’en fichait de ne pas être le géniteur. Il voulait juste être le père de leur enfant.

L’attente fut longue. Les démarches coûteuses mais ils pouvaient se le permettre. C’était l’avantage d’avoir une bonne situation, non ? Ils ne se tuaient pas au travail pour que ça ne serve jamais. La seconde tentative de fécondation fut la bonne. Andrea était enceinte. Ils allaient être parents. Lachlan n’avait jamais rien senti d’aussi fort que de tenir son enfant dans ses bras, Andrea à ses côtés. Son rêve était là, avec Andrea et Mina.

*

Son téléphone d’astreinte qui sonne. 4h00 du matin. Un éleveur qui panique au bout du fil. Une jument qui a un accouchement compliqué.

“J’arrive.”

Andrea qui grogne à côté de lui.

“Tu pourras poser Mina à la crèche ce matin ?”

“Hmhm…”

Un baiser sur le front de sa femme, et il enfile ses vêtements. Un thermos de café de la veille fera le job sur le trajet. Il arrive après une demi-heure sur place. Il faudra plusieurs heures pour arriver à sauver le poulain et la mère. Pas une mince affaire. Il est déjà épuisé de la journée, mais ce n’est que le début.

Il enchaîna tout un tas de rendez-vous à la clinique. A peine le temps de manger un sandwich le midi en checkant l’état des pensionnaires du moment avec les assistant.e.s. Il aimait son travail avec passion. Un peu trop parfois au goût d’Andrea qui aurait aimé qu’il lève le pied. Leurs rares disputes tournaient autour de cela.

18:00, il était sur le point de partir de la clinique vétérinaire quand une des assistante vient le voir. La police veut l’avoir au téléphone. Son coeur rate un battement. Andrea a eu un accident sur la route ! C’est sa première pensée. On lui demande de se présenter au poste de police sans vraiment plus d’information. C’est le chaos dans sa tête alors qu’il conduit à toute vitesse sur les routes de campagne. Il arrive paniqué au poste.

Un policier vient le chercher à l’accueil. On l’isole dans un bureau. L’homme a un air très grave. Les mots arrivent. Mais il ne comprend pas. Pourtant, il comprend chaque mot indépendamment mais ensemble, cela ne fait pas sens. C’est impossible. Cela ne peut pas arriver. Pas à eux. Pas Andrea. Le flic demande s’il comprend. Il reste muet. Le flic répète tout.

Votre femme a oublié votre fille dans votre voiture ce matin. Elle ne s’en est rendu compte que ce soir en allant récupérer l’enfant à la crèche. Je suis sincèrement désolé, monsieur Dagg. On va devoir vous poser quelques questions…

Cela ne pouvait pas arriver.

*

Lachlan avait essayé mais il n’y arrivait pas. Il n’arrivait plus à vivre avec Andrea. Il n’arrivait plus à l’aimer. Il ne pouvait plus. Il ne voulait pas la haïr mais sans doute qu’une part de lui n’espérait que cela. Alors… Il avait préféré partir. Signer les papiers du divorce. Elle lui reprochait de l’abandonner alors qu’elle avait besoin de lui. Alors qu’elle aussi avait besoin d’aide. Peut-être qu’il était lâche.

Il n’avait pas pris grand-chose dans ses bagages. Finalement peu de choses étaient importantes maintenant. Il avait juste emmené Dave, le vieil épagneul qu’ils avaient adoptés depuis longtemps, et Kitty, la petite chatte borgne. Il ne pouvait pas les laisser eux aussi. Retour en Ecosse. Chez ses parents. A 42 ans. La sensation de régression dans la bouche en plus de la tristesse et de la culpabilité. L’envie de rejoindre Mina si forte. Comment continuer d’avancer quand on a tout perdu ? Pourquoi surtout…

*
Lachlan avait essayé mais il n’y arrivait pas. Il n’arrivait plus à vivre avec Andrea. Il n’arrivait plus à l’aimer. Il ne pouvait plus. Il ne voulait pas la haïr mais sans doute qu’une part de lui n’espérait que cela. Alors… Il avait préféré partir. Signer les papiers du divorce. Elle lui reprochait de l’abandonner alors qu’elle avait besoin de lui. Alors qu’elle aussi avait besoin d’aide. Peut-être qu’il était lâche.

Il n’avait pas pris grand-chose dans ses bagages. Finalement peu de choses étaient importantes maintenant. Il avait juste emmené Dave, le vieil épagneul qu’ils avaient adoptés depuis longtemps, et Kitty, la petite chatte borgne. Il ne pouvait pas les laisser eux aussi. Retour en Ecosse. Chez ses parents. A 42 ans. La sensation de régression dans la bouche en plus de la tristesse et de la culpabilité. L’envie de rejoindre Mina si forte. Comment continuer d’avancer quand on a tout perdu ? Pourquoi surtout…

*

La route était sinueuse et longue. Il avait fallu à Lachlan de l’aide. Heureusement que sa famille était présente pour l’aider. Ses parents, même s’ils étaient déjà âgés, faisaient tout pour le soutenir. Ses frères aussi. C’est sûrement dans l’adversité que la famille compte plus que tout.

Il avait finalement trouvé un petit appartement pour ses animaux et lui. Puis avait entamé les démarches pour reprendre le cabinet d’un confrère sur le départ pour la retraite à Edimbourg. Ce n’était pas loin de sa famille. Son plus jeune frère faisait même ses études ici alors, c’était pas si mal…