La mer et les poissons

Violette & Bear

Et un petit ourson à la guimauve, un !

Une nouvelle fois, Bear prit le bus pour se rendre dans le centre. D’ordinaire, il aurait pris son véhicule, mais il était en réparation, ou marcher, mais il devait avouer ressentir une certaine lassitude en ce moment qui l’obligeait à prendre bien plus son temps que d’ordinaire. Déjà, son fils avait été blessé, ensuite il était accusé par… il ne sait même pas qui… d’être un profiteur d’âmes perdus… OK. Il était accusé de prendre des prostituées et de les payer pour des services. Alors, oui, il laissait les femmes dormirent dans son appartement quand il les rencontrait et voulait les aider, et oui, il les payait parfois pour qu’elle puisse avoir une nuit tranquille… Mais s’il était le genre à faire des bonnes actions sans le dire à personne, ça le dérangeait qu’elle soit soumis à un mensonge. Il n’avait pas honte de donner un billet de temps en temps à une femme qui en avait le besoin, ou de lui donner un réconfort d’un lit chauffé par une véritable bouillotte qu’il avait placé lui-même entre les draps. Bear se voyait plus comme un « papa », bien qu’il soit arrivé plusieurs fois que ses femmes esseulées soient plus vieille que lui. Il s’en fiche. Il voulait aider et n’appréciait pas qu’on mente sur son compte…

Il sortit du bus avant de prendre une grande respiration. La ville sentait le printemps. Il ne pourrait définir autrement les effluves de fleurs qui arrivaient jusqu’à ses narines. Il pouvait sentir le romarin, la lavande, peut-être du jasmin même, des plantes mises sur des balcons oubliés et dont l’odeur tombait au sol pour être apprécier par les passants. L’atmosphère était à la chaleur et une odeur de pluie latente, clairement à amputer aux changements de saisons… Ou à la saison intermédiaire ? Bear ne s’inquiétait que rarement de la date du changement de saison… il préférait le ressentir. Il prit une nouvelle goulée d’air frais alors qu’il souriait à des inconnus… Bah, ce n’était pas grave que tout le monde pense qu’il voyait des prostitués… Pas grave, vraiment… Quand il expliquerait son projet aux femmes de la rue, c’étaient elles qui l’aideraient à le mettre en place. Le reste, l’opinion que l’on pouvait avoir de lui, il s’en fichait.

Une autre prise d’air et l’atmosphère se transforma encore. D’un coup, un orage soudain éclate et le ciel commence à déverser la mer et les poissons sans préavis. Il court se réfugier dans un café. Le plus proche possible. Le Laochra, que l’on pouvait traduire par Gladiateur, en gaélique, ou guerrier, était un petit café sympatique à l’allure enfantine. Alors qu’il rentre à l’intérieur, il peut voir une carte présentant un homme à l’anatomie imposante, avec une glaive à la main, qui souriait en présentant un gâteau au chocolat agrémenté d’une bougie. Au-dessus était fièrement écrit « Fonder en 1854 » d’une écriture gracieuse. La symphonie de couleur donnait une impression gaie, que cela soit sur les menus, ou bien les murs décorés de millions de couleurs et de dessins. Bear avait d’autant plus l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il se fait petit et essaie de ne pas déranger les autres survivants du déluge. Il entend des râles, des pleurs et des cris d’enfants. Bear pouvait comprendre, lui aussi n’aimerait pas être ainsi coincé comme des sardines alors qu’on était si petit. Il décida de s’approcher, pour voir s’il peut aider surtout. Il sait que la plupart des mères refuseraient qu’un monstre de deux mètres et de 100 kilos touche à leur progéniture, mais il pourrait proposer d’être un rempart ou un mur. Il s’approche et s’étonne.

- Violette ? héla-t-il avant de s’excuser pour se rapprocher encore et faire exactement ce qu’il avait pensé (faire un mur), comment vas-tu ? Tu n’as besoin de rien ?

Si pour des inconnus, Bear était prêt à tout, pour des amis, Bear était prêt à plus encore. Il sourit de cette manière rassurante. Si Violette veut partir, il pourrait aussi lui servir de parapluie, ça sert à ça d’être imposant, même la pluie ou l’orage ne peut pas avoir raison de lui !

La mer et les poissons

Violette & Bear

Et un petit ourson à la guimauve, un !

- Je vais très bien. J’ai plein de bonne nouvelle alors, il n’y a pas de raison de manquer de sourire !

Avoir un bébé… En réalité, ça lui plairait, se disait-il alors qu’il regardait la toute petite chose coincé contre les bras de sa mère… mais combien de personne se mettront à s’inquiéter pour l’enfant en le regardant ? Combien de personne s’était inquiéter pour Cole et Léo, après leur adoption, en disant qu’il n’était pas normalement qu’une armoire à glace noir veuille adopter des enfants « pour rien ». C’était étrange, mais de toutes les insultes qu’il avait reçu dans sa vie, celle qui voulait le faire passer pour un père malsain était la pire. Le terme « nègre » le met en colère et il n’apprécie pas, mais il sait passer outre. Quand on le traite de monstre, de montagne, ou qu’on lui dise qu’il avait tout dans les muscles et rien dans la cervelle, ça lui passait au-dessus… mais l’idée qu’on puisse penser qu’il veuille des enfants pour leur faire du mal, ça l’atteint dans une zone de son cœur déjà meurtrie par le temps qui passe. Il était célibataire et sans enfant, et il donnerait tout pour avoir le bonheur d’être père. Cependant, il ne couchait avec personne depuis trois ans (depuis son ex) et il n’avait pas envie de s’y mettre dans l’espoir d’un accident. Et il ne supporterait pas les commentaires qui en découleront. Alors, il ne disait rien, étouffé ses pensée dans les méandres de son esprit pour ne pas avoir à souffrir de ce manque et des mots qui découlent des adoptions de ses fils. De sa grande main, il fit ce que la jeune femme lui demandait en l’aidant à trouver un minuscule body pour le bambin qu’elle avait dans les bras. Ouais, il n’aurait jamais le bonheur d’avoir un bébé, mais il pouvait donner tout ce qu’il avait pour protéger les bébés des autres du moindre risque.

Ainsi, après avoir donné le body d’un « et voilà pour la princesse » souriant et sincère, il s’était déplacé pour faire un mur entre la princesse et le reste des gens qui s’agglutine. Même si un train venait à le pousser, il ne se déplacerait pas d’un iota pour ne pas risquer la jeune femme en face de lui. Et son sourire adorable le prouvait. Personne ne risquerait de donner un coup à la mère ou à l’enfant avec lui au milieu. Et si coups il se prend, il ne bougera pas. Il continua d’étirer ses lèvres d’un regard doux.

- Je ne sais pas si tu te souviens des deux gamins que j’aide, qui venait d’un foyer ? Depuis quelques temps, ils sont officiellement mes fils !

Quiconque connaissait Bear avait déjà dû croiser Léo et Cole au moins une fois. Les deux gamins de seize ans, maintenant, le suivait depuis leur douze ans et avait fait toutes les sorties possibles avec Bear, jusqu’à venir l’aider à la salle de boxe pour des cours parfois ! C’était la première joie, la seconde était que, comme sa deuxième entreprise fonctionne très bien, il allait pouvoir en ouvrir une troisième. Si le monde n’était pas merveilleux, avec ou sans enfant, se dit-il en posant un nouveau regard attendrit vers la petite chose toute mignonne qui était maintenant au sec.

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Violette & Bear

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Bear entends les nouvelles et son sourire s’élargit comme toujours dans ce genre de cas. Les enfants ont le don de lui ramollir le cœur. Si Nadeem vient un jour à lui confier ses filles, nul doute que Bear serait incapable de leur dire non. Si elles veulent un poney, elles auront un poney. Si elles veulent un écureuil qui casse des noix comme dans Charlie et la chocolaterie, il trouvera bien un robot qui fait pareil avec une tête plus mignonne encore ! Non, vraiment, Bear est le genre à adorer les enfants et à leur faire tout leur caprice. Alors il ne pouvait que remarquer l’adorable enfant dans les mains de Violette, en plus d’avoir dû fouiller pour lui trouver un body, s’entends.

- Je vois et elle est parfaite, fit-il remarquer en faisant une grimace mignonne pour faire rire l’enfant et lui faire oublier la tempête dehors. Enchanté Ambre, je suis Tonton Bear. Si tu as besoin de quelque chose que maman ne veut pas t’acheter, c’est à moi qu’il faut demander.

Il ne dit pas à tout le monde qu’il est riche. Ni ses amis les plus proches, ni la plupart de ses collaborateurs. Nadeem l’a appris que récemment.  Et tout le monde sait qu’il y a plusieurs entreprises… mais peu savent qu’il n’a pas besoin de les gérer ou de gagner de l’argent pour être tranquille… Et qu’il pouvait donc pourrir gâter des enfants d’amis sans le moindre scrupule. Il en était à ce niveau là. Et encore, on parlait que de la face émergée de l’iceberg comme on dit. Il regardait les mains expertes de Violette pour nettoyer et changer un enfant. Avec ses grosses paluches à lui, il lui faudrait plus de temps que ça.

- J’espère qu’ils le sont, oui. Et en effet. Le plus gros problème, c’est que l’un est amoureux d’une fille qui est amoureuse de l’autre, et moi on me demande des conseils que je ne peux disposer.

Il en rit. Le fait que la petite des Garden, les personnes qui gèrent son manoir, soit amoureuse de Léo alors que Cole soit amoureux était mieux qu’une télénovela. Bear ne s’en mêle pas, les laissant dans leur apprentissage de l’amour… mais ça reste drôle. Il observait le temps au loin et cherchait une solution.

- On peut demander d’aller en cuisine peut-être ? Pour la tranquillité des gens et la notre aussi. S’ils continuent à en vouloir à cet amour, il va falloir que je fasse un cours tout de suite.

Bien évidemment, il rigolait. Mais l’homme qui lançait un regard noir blêmit et regarda ailleurs, ce qui suffit à Bear pour se sentir heureux. Comme disait un autre ours connue « il en faut peu pour être heureux ».

- Et j’ai toujours le temps. De ma salle de boxe et de ma salle de défouloir aussi que j’ai ouverte dans le Leith. Mes fils adorent travailler avec moi, et on est même en train de montrer un nouveau projet encore, donc tout va pour le mieux.

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Violette & Bear

Et un petit ourson à la guimauve, un !

Bear sourit de toutes ses dents. Il est vrai qu’elle serait un peu moins parfaite avec des cris à trois heures du matin… quoi que. Non. Les enfants seront toujours des petits bouts d’étoile tombés sur le sol et attendant qu’on les protège et les garde dans son cœur. Ses fils, bien que plus vieux, avaient leur lot de réveillage à trois heures du matin. Une fois, c’est Léo qui est rentré à cette heure là, après une rencontre malheureuse avec le poing d’un autre. Il rit en observant le bébé toujours. Il ne peut pas quitter son sourire de son visage en regardant cet adorable poupon.

- En effet. J’adore observer cette histoire, même si je me doute de comment ça va finir.

Jennifer est pour le moment sous le charme de Léo… mais Léo ne serait pas l’homme de sa vie. Ils n’iront pas bien ensemble. Léo ne sera jamais assez mature, et Jennifer n’attendrait pas. Pour le moment, elle est attiré par le bad boy et l’air qu’il dégage… mais une fois qu’elle comprendra que Cole est amoureux et en plus stable, et lui donne un sentiment de sécurité, Bear peut parier que son petit cœur va chavirer. Surtout que Léo ne ressent absolument rien pour elle. Il est même encore à des années lumières de ce genre de relation avec elle. Il laisse la jeune femme demander pour la cuisine, mais il voit bien qu’elle est gênée par tout ça. Si seulement il pouvait prendre tout le poids du regard sur lui, pour la protéger, elle, des critiques.

- Bien sur que je vais t’aider, qu’il accepte tout de suite en prenant les affaires et en les portant comme si ça ne peser rien.

Vue ses statistiques à la salle, très clairement il n’avait trop rien à craindre du poids. Une fois tranquillement dans la cuisine, ils peuvent souffler. Il y a beaucoup moins de monde et ça fait un bien fou. Il se retrouve à pouvoir déplier ses muscles et prendre un peu plus de place. Il peut respirer de manière plus adéquate. Quand la jeune femme lui demande ce qu’était son nouveau projet, il se bloque un instant et tourne la tête. Il finit par se mettre accroupi devant elle, un petit tabouret a été donné à la jeune femme. Il réfléchit à ses mots.

- J’aimerais, avant que je te parle de mon nouveau projet, que tu refasses une liste de ce que tu sais de moi. Je ne suis pas un homme pervers, ou qui aime utiliser la souffrance. C’est important de le dire, parce que plusieurs fois j’ai expliqué mon projet et il a été… très mal pris.

Il pense surtout à Mia qui a clairement fui, et à Porter, qui a décidé que c’était un projet bien stupide… Et toutes les personnes qui ont d’abord froncé les sourcils avant de les délier sous le cou de la surprise.

- Je vais ouvrir un cabaret, sous des chambres d’employé. Je vais aller chercher les femmes et les hommes dans la rue et les aider à faire un tremplin avec mon entreprise. Ils travailleront pour moi, feront une formation en parallèle et ainsi de suite pour tout le monde. Le but sera d’aider les personnes dans le besoin et qui ont besoin que d’une main tendue. Je ne compte pas devenir un proxénète, précise-t-il avant de rougir.

Le fait que plusieurs ont pensé ça de lui l’ont profondément vexé. Il ne veut pas faire du mal à ses femmes qui donnent leur corps sans le vouloir, ni montrer leur médiocrité à ces vétérans qui vivent dans des cartons. Il veut les aider. Bear est comme ça, il a un grand cœur qu’il essaie de partager à tout le monde… mais parfois, ses intentions sont prises pour ce qu’elles ne sont pas.

La mer et les poissons

Violette & Bear

Et un petit ourson à la guimauve, un !

Bear sourit doucement. Il adore voir la véritable télénovela espagnole qui se déroule sous son toit. Le fait est que Monsieur Garden, le père de Jennifer, est parfaitement le cliché du père autoritaire qui ne laissera sa fille que si le prétendant montre une très grande noblesse de chevalier. Tout cela l’amuse beaucoup. Et pour le moment, tout cela reste dans un cadre assez sain. Il n’y a pas de combat ou de complot. Madame Garden, Bear le sait pour l’avoir déjà vue observer les jeunes elle aussi, trouve tout cela parfaitement rafraichissant. Bear réfléchit alors à la question.

- Je pense que Jennifer finira par tomber éperdument amoureuse de Cole et qu’ils feront un bout de chemin ensemble. Savoir si ça sera leur « endgame » je ne peux le dire. J’imagine que ça dépendra de l’évolution de leur maturité.

Il ne peut rien dire de plus, ça pourra être son tout ou son contraire. Peut-être que Jennifer ne grandira pas, ou trop lentement, peut-être qu’une autre personne apparaîtra. Qu’importe, ils savent que l’un et l’autre pourront toujours compter sur l’autre pour se soutenir. Comme une famille. Bear a parfois trop foi aux gens. D’ailleurs, il rougit quand la jeune femme le présente en des termes qui lui plaisent. Au moins, elle n’allait pas tout de suite penser le pire de lui sur son projet. Quand elle le paraphrase pour définir son projet autrement, il fait un subtil et léger mouvement de tête pour lui dire qu’elle a bien compris. Bear pince les lèvres. Il réfléchit à tout ce qui a été mal pris dans son projet depuis le début de son existence.

- Parce que c’est trop… bizarre ? Je suis à la fois leur propriétaire et leur employeur, d’autres parlent du fait que je prenne des gens dangereux, ou que je me frotte à des gens peu recommandable. Ou que je suis, donc, en train de devenir un proxénète.

C’est le commentaire qui lui fait le plus mal. Mia ne voulait pas être méchante, mais c’est trop tard pour le petit cœur, la blessure est déjà vivace dans son cœur. Il n’a pas envie d’être perçu comme un homme pervers et apte à faire du mal. C’est tout l’inverse. Il réfléchit à la question de son amie sur l’opinion des autres.

- Tu sais, malgré tous ces muscles que tu vois, je suis fait de mousse. Je peux ne pas jouer à l’éponge quand on me parle de ses problèmes, parce que j’ai appris à le faire… mais quand il s’agit de quelque chose qui me tient à cœur, ça… découpe la mousse ? Bon l’analogie n’est pas très bonne, mais ça m’atteint, plus que ce que je ne le devrais.

On pense souvent qu’un gros grand black musclé ne peut pas avoir de sentiment tendre ou subtil. On pense qu’il ne peut pas être triste ou simplement affecté par des paroles. On pense que son physique colle forcément à son caractère et à sa force… mais comme il le dira plus tard à Mia, lui aussi a peu de confiance en lui. C’est pour ça que la validation par les autres lui importante, pour être sûr de ne plus faire d’erreur. Pas comme avec Zoé.